Masse
d’appariteur du Collège royal de médecine
- Extrémité supérieure
Le bureau du doyen de la Faculté héberge une pièce d’orfèvrerie dont l’origine est à rechercher à la période du Roi Stanislas. Il s’agit de la masse que portait l’appariteur lors des séances solennelles du Collège royal de Nancy. Transmise ensuite à toutes les structures d’enseignement de notre région, elle n’a connu qu’une période d’oubli lors du transfèrement de la Faculté de Strasbourg, en 1872. C’est en effet la masse de cette ville qui fut utilisée jusqu’à ce qu’elle soit restituée à nos collègues strasbourgeois, après la guerre de 1914-1913, par le doyen Meyer à la tête d’une délégation de la Faculté nancéienne.
Le professeur Gaston MICHEL a consacré un article à cette œuvre d’art qui vient d’être inscrite au patrimoine mobilier du département. Ce sont les descendants d’un des anciens directeurs de l’Ecole de médecine qui ont généreusement offerts cette œuvre qui a ainsi retrouvé sa place naturelle au sein de notre Faculté.
La description de la masse nous renseigne sur son origine et sa destination. De 94 cm de longueur totale, elle comporte un manche octogonal en bois terminé à son extrémité inférieure par un pommeau, alors que son extrémité supérieure est occupée par une tête prismatique, en argent gravé, à trois faces, de dix cm de hauteur. Plus exactement, cette tête est un prisme à six faces. Trois d’entre elles sont étroites et séparent les trois autres, plus larges, et qui sont le siège de gravures. Cette tête est surmontée par une couronne ; celle-ci, à partir d’une base annulaire, comporte huit demi-arcs qui se réunissent à la partie supérieure pour soutenir et entourer partiellement une petite sphère. Sur un bord de la tête, un serpent rappelle le caducée médical.
L’une des faces gravées, rectangulaire, montre les armes du roi Stanislas que Chautard rattache au roi Lecchus, fondateur du royaume de Pologne. On y trouve des symboles qui allient les armes de la Pologne, de la Lituanie et des Leszczynski : « Ecartelé en 1 et au 4 de gueules, à une aigle d’argent becquée, membrée et couronnée d’or, aux ailerons de même qui est de Pologne, aux 2 et 3 , de gueules au chevalier d’argent, tenant de la main droite une épée haute de même et de la gauche un écu d’azur, chargé d’une croix patriarcale qui est de Lituanie ; sur le tout de gueules à une tête de buffle de sable , mise en pal de front, accornée et bouclée d’or qui est de Leszczynski ».
La seconde face porte les armes de Charles BAGARD, premier président (et fondateur) du Collège : « D’azur à trois anneaux cordelés d’or et flamboyant de gueules, posés deux et un au chef cousu d’or, chargé d’un lion léopardé de gueules. Dans un écu orné de rocailles, timbré d’une couronne à neuf perles et entouré du collier de l’ordre de Saint-Michel. Le lion est sur fond de sinople».
La troisième face nous donne la clé des deux précédentes. Elle porte l’inscription suivante en latin :
« CLAVA APARITORIS COLLEGII REGALIS MEDICORUM NANCEII DONO DEDIT D.CAROL(us )BAGARD PRIMUS COLLEGII PRAESES ANNO 1758 : Masse d’appariteur du Collège royal des médecins de Nancy. Don du Seigneur Charles Bagard, premier président du Collège, en l’an 1758.
C’est donc à une donation du premier président que nous devons cet objet de qualité. Elle précédait le président lors des cérémonies officielles qui réunissaient la Faculté de Pont-à-Mousson et le Collège puisqu’à cette date l’association des deux structures était intervenue. Or, les conflits de préséance ont émaillé leurs relations. Charles Bagard marquait ainsi sa différence, car à notre connaissance, la Faculté ne possédait pas l’équivalent.
Nous savons que la masse fut encore utilisée pendant la période révolutionnaire avant qu’elle ne soit détenue par une famille nancéienne. Elle est encore utilisée dans les grandes circonstances de la vie facultaire, ce fut le cas lors des cérémonies du quatrième centenaire de la Faculté.