II - L’HOPITAL CENTRAL DE 1883 A 1918
1 - L'ORGANISATION DES HOSPICES CIVILS
ENTRE 1883 ET 1914
BREF RAPPEL HISTORIQUE
Sous la Révolution, après
une période de désorganisation et de confusion, les établissements
hospitaliers français furent dotés par le Directoire d'un régime uniforme qui
confia leur administration aux municipalités. Une loi du 4 vendémiaire an IV,
attribua la haute direction des hôpitaux et des hospices au Ministère de l'Intérieur,
qui au cours du XIXe siècle devait exercer
leur tutelle par l'intermédiaire des préfets et leur contrôle par l'envoi
d'inspecteurs généraux.
En vertu de la loi du 16
vendémiaire an V (7 Octobre 1796) tous les établissements d'une même commune
furent regroupés sous la direction d'une commission municipale, dont les
membres étaient désignés par les municipalités, et formèrent un établissement
public géré selon les seuls besoins de la collectivité bénéficiaire.
A Nancy, les trois
principaux établissements destinés à l'accueil des indigents, qui jusque-là
étaient gérés séparément, furent donc regroupés, leurs biens furent mis en
commun et leur gestion fut assurée par une commission administrative commune.
Chacun d'eux avait une mission spécifique : l'Hospice Saint-Julien était réservé
à l'accueil des vieillards, l'Hospice Saint-Stanislas
à celui des enfants et l'Hôpital
Saint-Charles, auquel devait succéder l'Hôpital Civil, à celui des malades.
Lorsque l'Hôpital Civil
ouvrit ses portes en 1883, le fonctionnement des trois établissements était
régi par l'importante loi du 7 Août 1851, première charte hospitalière
française, qui devait rester en vigueur jusqu'en 1941-1943. Outre les
conditions d'admission des malades et incurables indigents, elle précisait les
pouvoirs des commissions administratives hospitalières et leurs limites.
Au niveau des Hospices
Civils de Nancy, il existait un règlement intérieur qui reprenait les
principales dispositions législatives et réglementaires régissant le fonctionnement
des établissements hospitaliers sur le plan administratif, et les complétait
par des dispositions particulières aux établissements nancéiens en matière de
fonctionnement médical, pharmaceutique, hospitalier, alimentaire, etc...
C'est l'Ordonnance du 31
Octobre 1821, qui avait rendu obligatoire l'élaboration d'un règlement
particulier proposé par la Commission Administrative et approuvé par les
Autorités de Tutelle, au niveau des différents établissements hospitaliers
publics. A l'ouverture de l'Hôpital Civil, le règlement de 1856 était encore en
vigueur aux Hospices Civils de Nancy, malgré les importants changements
survenus après l'arrivée de la Faculté de Médecine notamment. Ce n'est que le
31 juillet 1889 que la Commission Administrative adoptait un nouveau texte qui
restera lui-même longtemps en vigueur puisqu'il ne sera remplacé qu'en 1931.
LES PRINCIPAUX ORGANES
ADMINISTRATIFS
Les trois établissements,
qui composaient les Hospices Civils de Nancy avaient en commun une Commission
Administrative et un certain nombre d'agents (receveur, économe, secrétaire, etc...).
LA COMMISSION
ADMINISTRATIVE
Instituée par la loi du 16
vendémiaire an V, la Commission Administrative était] chargée, en vertu de
l'Article 7 de la Loi du 7 Août 1851 de " diriger et de surveiller le
service intérieur et extérieur des établissements hospitaliers ".
L'Article
8 précisait qu'elle réglait par ses délibérations les questions suivantes :
— Mode d'administration des
biens et revenus,
— Conditions des baux et
fermes de ces biens,
— Mode et conditions des
marchés pour fournitures et entretien,
— Travaux de toute nature
dont le montant n'excède pas un certain chiffre, etc...!
L'article 14 prévoyait
qu'elle nommait le secrétaire, l'économe, le pharmacien, les médecins et
chirurgiens, mais qu'elle ne pouvait les révoquer qu'avec l'approbation
préfectorale. Toutefois, le receveur n'était pas nommé par elle.
Les compétences de la
Commission Administrative étaient donc très étendues et elle avait à la fois un
pouvoir de décision et un rôle d'exécution. Pour en limiter les éventuels
excès, la Loi de 1851 prévoyait une double tutelle. Les délibérations par
lesquelles la Commission Administrative déterminait la politique à suivre dans
l'établissement et qui avaient pour objet les budgets, les comptes et en
général les recettes et les dépenses, devaient être soumises à l'avis du
Conseil Municipal puis recevoir l'approbation du Préfet. Les aliénations de
bien, la passation des marchés devaient, pour pouvoir être réalisées, recevoir
l'accord du Conseil Municipal.
La Loi du 5 Août 1879
fixait à six le nombre des membres renouvelables de la Commission
Administrative, non compris le maire de la ville siège des établissements, qui
était président-né de la Commission. Sur les six
membres renouvelables, deux étaient élus par le Conseil Municipal et les quatre
autres étaient désignés par le Préfet. Toutefois, le nombre des administrateurs
pouvait, en raison de l'importance des établissements, être augmenté par un
décret spécial rendu sur l'avis du Conseil d'État.
C'est ainsi qu'à Nancy, en
application du Décret du 12 Septembre 1883, la Commission des Hospices, outre
le maire, comptait huit membres dont cinq étaient nommés par le Préfet et
trois choisis par le Conseil Municipal.
Les administrateurs étaient
issus de la classe bourgeoise et se recrutaient parmi les notables de la Ville,
assez souvent retraités. En effet, être administrateur supposait une certaine
aisance financière et une assez grande disponibilité puisque les fonctions
d'administrateur n'étaient pas rétribuées et exigeaient, pour être assumées
convenablement, du temps.
A titre d'exemple, on peut
signaler qu'en 1899, la Commission était composée des personnalités suivantes :
Président : Monsieur le Maire de Nancy, Hippolyte MARINGER.
Membres : Monsieur MARGOT, propriétaire Conseiller Municipal,
Vice-Président.
Monsieur LAMBERT, ancien
avoué, Vice-Président du Conseil d'Administration de
la Caisse d'Épargne et du Mont-de-Piété de Nancy.
Monsieur BOPPE, Directeur
honoraire de l'École Forestière.
Monsieur GUINET, ancien
entrepreneur, ancien juge au Tribunal de Commerce.
Monsieur FEVRE, avocat à la
Cour.
Monsieur KRUG, industriel.
Monsieur ROYER, pharmacien,
Conseiller Municipal.
Docteur HENRION, Conseiller
Général, ancien Député.
On peut remarquer la
présence d'un médecin, le Docteur HENRION, mais ce fait n'est pas constant
puisque ce n'est réellement qu'après la première guerre mondiale que l'on
notera toujours la présence d'un médecin au sein de la Commission.
En revanche, durant cette
première période, on peut noter la présence régulière d'un spécialiste des
forêts en la personne de L. BOPPE, qui avait succédé à NANQUETTE, ancien
Directeur de l'École Forestière. La raison réside dans le fait qu'avec le legs
COLLINET-DE-LA-SALLE, les Hospices étaient devenus propriétaires d'importants
domaines forestiers.