Décès du plus ancien hospitalisé de France
Fernand Neault,
originaire de Bonnevaux dans le Doubs a passé 50 ans alité
au CHU de Nancy. Il fut à l'origine de notre campagne « Noël pour
tous ».
Quand il a enfin quitté le service des maladies infectieuses du CHU de Brabois, pour rejoindre l'Apagh, en 2006, établissement pour personnes âgées, médecins et personnel soignant n'ont pu cacher leur émotion. Fernand était de la famille, puisqu'i1s le côtoyaient depuis des décennies. Il fut en effet hospitalise en 1960 à l’âge de 7 ans, terrassé par l'épidémie de polio qui frappait la France. Il devait y rester 50 ans, avec un poumon d'acier, appareillage lourd qui rendait les déplacements difficiles.
Personnage légendaire
Emotion parce que si pour Fernand Neault, c:'etait une amélioration de sa condition que de s’installer dans un « lieu ouvert plus proche de réalité du monde » il avait marqué la vie de l'hôpital, où ce bon vivant, passionne, faisait preuve d’une volonté qui forçait l’admiration et où il ne comptait que des amis.
On dira désormais, alors qu’il est décédé à quelques jours de son 60e anniversaire, que ce fut un personnage exemplaire, sinon légendaire.
Une légende, que, quasiment totalement paralysé, il a commencé à écrire... avec ses pieds à l'âge de 10 ans, par une lettre à saint Nicolas depuis l’hôpital Maringer, qui dit : « Cher saint Nicolas, je t'écris avec mes pieds, je voudrais une télévision pour moi, une grue pour Toto, un cheval pour Titi, un camion pour Popol ». L'Est Républicain en prend connaissance, le journaliste qui le visite revient bouleversé. Il y a vu 23 enfants « Vous ne pourrez plus passer devant une vitrine de jouets sans penser à ces petits po1ios, allongés pour certains depuis 5 ans, sans autre horizon que celui de leurs lits ››. Est alors lancée la campagne « Pour les polios » (l’appel de Fernand suscite des élans de générosité de toute la zone de diffusion de notre journal qui deviendra le « Noël des enfants sans joie » puis « Noël pour tous ». Il y eut aussi les « Voyages de l'Espoir » à Lourdes.
Fernand qui fut un exemple pour tous les polios, fit par la preuve d'une admirable volonté, passant un CAP de comptable, tapant à la machine avec ses pieds, devenant féru d'informatique. Il revenait régulièrement dans sa famille pour la fête des mères, puis durant les vacances pour des périodes de 2 mois. Une expédition : la population de Bonnevaux, dont, son frère est devenu le maire, se mobilisait pour aider la famille.
A sa maman aujourd'hui nonagénaire, à ses frères et sœurs notre journal présente ses condoléances.
Pierre DORNIER