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LE TRANSFERT DE LA FACULTE DE MEDECINE DE STRASBOURG A NANCY EN 1872

 

Georges GRIGNON

 

Le “transfèrement” de la Faculté de Médecine de Strasbourg eut certes une influence considérable sur l’évolution de l’enseignement médical à Nancy dont l’École secondaire de Médecine s’est trouvée remplacée par une faculté ; mais, il a aussi contribué à accélérer en France des réformes dont la conception, parfois déjà ancienne, avait jusqu’alors cheminé lentement au gré des concepts politiques ou même des intérêts corporatistes. Au-delà du récit purement évènementiel se dessinent donc les grandes lignes de changements à venir dans un délai relativement court. Il convient d’ajouter que la décision de choisir Nancy pour y transporter la Faculté de Strasbourg ne fut prise qu’après bien des péripéties que nous évoquerons brièvement.

De l’autre côté du Rhin, l’annexion de l’Alsace avait créé une situation politique qui suscitait des analyses et des opinions différentes, notamment quant à la création d’une Université allemande nouvelle. Là aussi la décision en fut lente à venir et on assiste dans l’un et l’autre pays à la naissance, pratiquement simultanée et face à face, de deux Facultés de Médecine aux vocations à la fois comparables et symétriques.

Avant 1870

En 1870, la France compte trois Facultés, Paris, Montpellier et Strasbourg et vingt deux écoles de Médecine dont celle de Nancy créée en 1822, devenue école préparatoire en 1843. La répartition des étudiants est très inégale : 71% à Paris, 7% à Montpellier, 11% à Strasbourg et 11% dans les écoles.

L’école de Nancy, située dans le palais de l’Académie (sur l’actuelle place Carnot), a un nombre d’étudiants modeste (45 en 1868, 70 en 1869). Huit professeurs titulaires et 3 professeurs adjoints, forment le corps enseignant. Depuis 1850, son directeur est Jean-Baptiste Edmond Simonin, chirurgien, connu pour ses travaux sur l’anesthésie alors à ses débuts.

La Faculté de Strasbourg est une des trois facultés créées en 1803. Elle enseigne en outre depuis 1856 les élèves de l’École de Santé Militaire. Elle compte 16 professeurs et 16 agrégés, son doyen est Joseph Alexis Stoltz, obstétricien de renom et homme de caractère. On a pu écrire à son sujet : “La Faculté de Strasbourg avait pour mission spéciale d’opérer la fusion entre le génie de la science allemande et celui de la science française et d’établir un double courant scientifique entre ces deux grandes nations. Elle y réussissait «à merveille”.

Les relations entre Nancy et Strasbourg sont mitigées. Nancy se plaint de voir ses étudiants potentiels partir d’emblée vers Strasbourg où ils pourront accomplir la totalité de leur cursus, ce qui n’est pas possible dans une école préparatoire. Strasbourg accuse Nancy de chercher à la “dépouiller” (le mot est de J.A. Stoltz) en tentant d’obtenir, dès 1866, la transformation de son école en faculté. Le Doyen Stoltz, par ailleurs, manifeste quelque condescendance vis-à-vis de J.B.E. Simonin qu’il croit «plein d’orgueil». Ajoutons que la faculté de Strasbourg consultée sur une éventuelle réforme des études médicales se prononce pour la suppression des écoles préparatoires et pour la création de deux ou trois facultés nouvelles dans de grandes villes raisonnablement espacées les unes des autres, ce qui, à l’évidence, excluait Nancy.

L’invasion allemande, l’occupation de Strasbourg et les prémices de la Kaiser Wilhelm Universität (K.W.U.)

Après un siège d’une quinzaine de jours, les troupes allemandes entrent dans Strasbourg le 28 septembre 1870. Le Gouverneur Général Bismark-Bolhen déclare sans délai “Strasbourg est et restera une ville allemande”, formule lapidaire qui fait écho aux manifestes de W. Maurenbrecher et H. von Trelschke parus dès la fin août 1870, soit avant la chute de Strasbourg, au lendemain des premiers succès militaires et qui demandent (déjà) l’annexion de l’Alsace-Lorraine et la création d’une grande Université allemande diffusant une culture nationale et populaire et assurant par là-même une ultragermanisation de l’Alsace.

Ces manifestes trouvent cependant peu d’écho auprès du Chancelier Bismark qui traite les propositions de leurs auteurs de “Professorenideen”. Il est vrai qu’il a bien d’autres soucis : l’achèvement de l’unité allemande, la négociation de la paix avec la France. La création d’une Université à Strasbourg peut attendre.

L’étape de Reichtag

Quelques mois s’écoulent. La Faculté toujours française, n’a pratiquement pas repris l’enseignement. En mai, le Reichstag, institué le 30 mars 1871, doit délibérer sur la ratification de la constitution impériale et sur l’organisation de l’Empire. La création d’une Université à Strasbourg est à l’ordre du jour. Fidèle à lui-même H. von Treischie réclame pour l’Alsace une université typiquement allemande qui dépende directement du chancelier et impose cette idée face à des députés modérés qui estiment plus politique de faire des concessions à la population et de tenir compte des structures locales.

La décision du chancelier et la création de la K.W.U.

A nouveau Bismarck observe le silence, mais une information venue de France va, bien involontairement, précipiter sa décision. En effet la Gazette Médicale de Strasbourg fait état du projet de transfert de la Faculté de Médecine de Strasbourg à Nancy déposé par le député Varroy sur le bureau de l’Assemblée Nationale et fait l’éloge de l’attitude de Nancy qui se dit prête à l’accueillir. Le gouverneur allemand Bismarck-Bolhen s’affole, Bismarck hésite puis désigne Franz von Roggenhach pour organiser la Kaiser Wilhelm Universität à Strasbourg. Il est important, en effet, de ne pas se laisser prendre de vitesse par les Francais et, qui plus est, par Nancy qui pourrait devenir un pôle d’attraction pour la population d’Alsace-Lorraine proche et, par là-même, un concurrent sérieux. La K.W.U. sera créée mais pas dans l’euphorie romantique des ultragermanistes qui écrivaient notamment : “L’Université allemande de Strasbourg doit devenir le point central d’où la science et l’éducation allemandes, la civilisation, les opinions allemandes se répandront sur l’Alsace ...”.

En particulier, les Universités voisines, notamment celle de Heidelberg s’insurgent contre le protectionisme dont pourrait bénéficier Strasbourg. La K.W.U. est créée, soit, elle dépend du chancelier, certes, “mais ses moyens sont revus à la baisse”. Il n’en reste pas moins qu’elle constituera une “vitrine” de la science allemande.

Les voeux des Strasbourgeois.

Dans les premiers mois qui suivent la défaite, les Strasbourgeois, désemparés, dispersés, attendent ce que le gouvernement français va décider «... Nous nous mettons à la disposition de nos supérieurs, nous voudrions savoir ce que le gouvernement compte faire» écrit le Doyen Stoltz en mars 1871. Or, le gouvernement, qui a beaucoup d’autres graves soucis, ne se manifeste pas, l’Université n’est pas apparemment une question urgente. En juillet 1871, cependant, Stoltz se décide à aller à Paris, sur les conseils de C.A. Wurtz, Doyen de la Faculté de Médecine de Paris, ancien Strasbourgeois, qui lui avait écrit “... votre présence à Paris serait très utile en ce moment, votre autorité, votre influence ne seraient pas de trop pour ... donner une solution conforme aux intentions de votre Faculté et de la science“.

Stoltz fait part au Ministre J. Simon puis à A. Thiers des voeux des Strasbourgeois : ils souhaitent rester groupés et être transférés dans une grande ville, de préférence Lyon qui leur emble offrir des moyens bien supérieurs à ceux d’autres villes.

 

LE “TRIANGLE STRASBOURG-NANCY-LYON”

Ecole de Médecine, Ville de Nancy et parlementaires parlent d’une même voix

Dès le 16 mars 1871, J.B. Edmond Simonin, directeur de l’Ecole de Médecine, présente à la Municipalité, au nom d’une commission composée de professeurs de l’Ecole et de conseillers municipaux, un “document relatif à l’établissement à Nancy d’une Faculté de Médecine et d’une Ecole Supérieure de Pharmacie” où est affirmé “le voeu patriotique de donner l’hospitalité aux institutions scientifiques et littéraires des cités voisines arrachées à la France... Il est indispensable que l’expression de la civilisation française, loin de s’affaiblir près de nouvelles frontières, y brille de son plus vif éclat : il faut que les foyers d’instruction projettent leurs rayons sur les parties de l’ancien territoire français, de telle sorte que la persistance de l’union dans les idées puisse, dans nos revers, être la consolation des exilés et soutenir en eux l’espoir dans l’avenir”.

L’argument politique, véritable image en miroir des préoccupations d’outre Rhin est clair : il convient d’une part de maintenir une influence française sur le territoire perdu, et d’autre part de soutenir la rivalité scientifique vis-à-vis des institutions allemandes.

Une délégation nancéienne est reçue le 6 avril 1871 par le Ministre Jules Simon qui laisse quelque espoir malgré les réticences qu’il avait exprimées quelques jours auparavant.

Le député Varroy dépose le 30 mai 1871 sur le bureau de l’Assemblée Nationale, une proposition de loi sur le transfert des Facultés de Strasbourg à Nancy. “Cette réunion (des Facultés de Strasbourg aux trois Facultés de Nancy) permettrait de constituer un centre scientifique, une véritable université faisant face, sur notre frontière, aux universités allemandes, à la célèbre université d’Heidelberg, à l’université que l’habile chancelier de l’empire germanique projette de créer à Strasbourg même”.

Le 9 juin 1871, le Conseil Municipal de Nancy adopte une délibération de haute tenue qui reprend les arguments déjà évoqués et se termine par un engagement de la ville à fournir les efforts nécessaires pour accueillir la Faculté de Médecine de Strasbourg et en particulier de fournir une capacité hospitalière de qualité.

Quelques jours plus tard (21 juin 1871), une délégation du Conseil Municipal et de députés de l’Est est reçue par A. Thiers. Le Maire de Nancy, Welsche, reprend les arguments déjà évoqués : établissement d’un grand centre intellectuel et scientifique face à Strasbourg, maintien d’une influence culturelle francaise sur la population des territoires annexés. A. Thiers, impressionné, se dit favorable à Nancy mais ne promet rien. Il faut attendre.

A Lyon l’École est prête à devenir Faculté

Tout avait bien commencé : en mars 1871, Pierre Marduel, chirurgien et accoucheur à l’Hôpital de la Croix-Rousse à Lyon, signe dans Lyon Médical un article “les Facultés de Médecine”. Il analyse la situation française, plaide pour la création de plusieurs facultés et, bien sûr, pour que l’une d’entre-elles soit à Lyon : Paris centralisatrice est débordée ... Montpellier est en pleine décadence ... Strasbourg n’existe plus... Lyon est active et possède une école qui peut être du jour au lendemain transformée en faculté. Cependant élargissant le débat il déclare : “au lieu de trois Facultés, créez-en dix et vous aurez dix foyers scientifiques”ou encore “Il faut en France dix ou douze universités complètes ...”. Le 23 mai, le Conseil Municipal avait engagé les crédits nécessaires à la construction d’une Faculté.

Depuis Paris, Dechambre soutient fermement le projet du transfert à Lyon. Il écrit notamment : “Entre ces deux villes (Nancy et Lyon) nous n’hésitons pas un seul instant. Nous supporterions en silence le choix de Nancy, si le lieu était préféré et demandé par ceux-là mêmes que la nouvelle création doit rendre au pays : le courage nous manquerait pour les contrarier” et un peu plus tard : “Quant à nous, si nous avions ... l’honneur de siéger à l’Assemblée Nationale, nous y prendrions ... des accents de Caton l’Ancien, et nous demanderions la parole sur toutes les questions même les plus menues, pour avoir l’occasion de terminer tous nos discours par cette conclusion” “Et transferenda lugduno straburgensis Facultas”.

Par ailleurs, autre soutien de poids, I’inspecteur général Denonvillers, avait déclaré : “... Là (Nancy) tout est correct mais étroit et petit ; ici (Lyon) tout est large et grand... Lyon a tout ce qu’il faut pour l’établissement d’une Faculté ... Nulle ville en France, sauf Paris, ne dispose d’autant d’éléments et d’excellents éléments d’étude”.

Montpellier, un voisin encombrant

Plus préoccupée de l’éventuel transfert de la Faculté de Médecine de Strasbourg à Lyon que du transfert lui-même, la Faculté de Médecine de Montpellier avait adopté le 20 mai 1871 les conclusions d’une commission locale : deux facultés sont suffisantes en France (Paris et Montpellier) ; de toute manière le nombre d’étudiants de Strasbourg est faible et, depuis un an, seule la Faculté de Montpellier a fonctionné normalement, les professeurs de Strasbourg souhaitent rester à Strasbourg (ce qui était faux) et pour ceux, peu nombreux, qui veulent quitter Strasbourg, on peut les répartir entre Paris et Montpellier ; Lyon ne peut pas être le siège d’une faculté, elle est trop proche de Montpellier, son climat est très défavorable ; “à Lyon, outre les entraînements de tous les instants ... outre tous les inconvénients de Paris, il existe un danger de plus, la passion politique”. On peut difficilement être plus clair.

Lyon : oui à la Faculté, non aux Strasbourgeois

Oublions vite cette démarche peu glorieuse, la situation apparaît simple : la Faculté de Strasbourg doit être transférée, Nancy et Lyon, que préfèrent les Strasbourgeois, sont prêtes à l’accueillir. Mais transférer signifie-t-il transporter dans l’une ou l’autre ville la Faculté de Strasbourg, en quelque sorte, transplantée avec son propre personnel ou bien signifie-t-il transformer l’École existante qui devient Faculté avec son propre personnel ? Mais, alors, que deviennent les Strasbourgeois ?

La réponse de l’Ecole de Médecine de Lyon est donnée en mai 1871 par P. Marduel qui écrit, après avoir à nouveau plaidé pour la création de plusieurs facultés nouvelles en France : “Pour ce qui est spécialement de la translation de la Faculté de Médecine de Strasbourg, il me semble qu’elle serait mieux placée à Nancy qu’à Lyon, à condition, bien entendu, que Lyon eût aussi la sienne”. Son collègue P. Aubert dit en d’autres termes la même chose : “... si pour la création d’une faculté Nancy est, par sa position, un lieu de nécessité, Lyon est, par ses immenses ressources, un lieu d’élection”.

Une querelle éclate alors au grand jour entre la ville de Lyon et son École de Médecine. Le 23 juillet 1871, Antoine Gailleton, chirurgien et conseiller municipal, écrit un véritable réquisitoire contre l’École dont les professeurs ont fait obstacle à l’arrivée des Strasbourgeois pour conserver leurs postes alors qu’il convenait de supprimer l’École et d’installer à la place la Faculté de Strasbourg, affirmation que réfute, sans convaincre, le directeur de l’École Alexandre Glénard.

La désillusion des Strasbourgeois

Les Strasbourgeois sont, bien sûr, étonnés puis indignés de l’attitude des Lyonnais. A. Blum écrit le ler juillet 1871 dans la Gazette Médicale de Strasbourg : “Lyon par sa situation, sa nombreuse population, ses Hôpitaux, ses antécédents scientifiques semble être la ville désignée à recueillir l’héritage de Strasbourg … Quelle n’a pas été notre surprise de voir Lyon profiter de l’occasion pour demander la création d’une Faculté, c’est-à-dire la transformation de son École Secondaire en Faculté de Médecine. Singulière manière de comprendre les intérêts de son pays. On fera à Lyon une Faculté où il n’y aura que des Lyonnais … Autrement noble à notre égard la conduite de la ville de Nancy. Son Conseil Municipal abandonnant tout sentiment égoïste, n’a songé qu’à l’intérêt général”.

LA PHASE LÉGISLATIVE

Le député Varroy avait déposé, comme nous l’avons vu plus haut, son projet de loi, qui dormait depuis mars 1871. Le rapporteur de la commission chargée d’examiner la question du transfert de Strasbourg à Nancy, qui, ô hasard, est aussi Doyen de la Faculté de Médecine de Montpellier, argumente le 19 août 1871 devant l’Assemblée Nationale : “il convient de ne pas envisager le transfert à Nancy avant d’avoir mis en route une réforme plus vaste des établissements universitaires ; Nancy, de toute façon, tout comme Strasbourg d’ailleurs, aurait peu d’étudiants ; Lyon est malsain; il serait enfin beaucoup moins coûteux de disperser les Strasbourgeois dans plusieurs villes que de créer une Faculté destinée à les recevoir, fût-ce par transformation d’une Ecole existante...”.

Pour ajouter à la confusion, le Comte de Jaubert et le Duc de Broglie avaient déposé, en juillet, des propositions de loi respectivement sur la liberté de l’enseignement supérieur et sur une réforme des conseils académiques, démarches propres à retarder une décision quant à la question plus ponctuelle du devenir de la Faculté de Médecine de Strasbourg.

L’Assemblée Nationale termine sa session le 16 septembre : la rentrée parlementaire aura lieu le 4 décembre. Varroy reprend son plaidoyer ; Jules Simon, Ministre de l’Instruction Publique, est maintenant favorable à cette idée. La commission du budget avait émis le vœu que “... Nancy obtienne les préférences du gouvernement, des considérations patriotiques devant lesquelles s’effacent les arguments secondaires, semblant exiger, que la France continue d’exercer sur les populations, que les malheurs de la guerre lui ont ravies, son influence morale et intellectuelle”.

ENFIN LE DÉNOUEMENT

Cependant la décision tarde à venir, mais on va assister à un phénomène semblable à celui qui avait précipité la création de la K.W.U. à Strasbourg.

Le 9 mars 1872, le secrétaire de la Faculté de Médecine de Strasbourg adresse à Paris le programme de la K.W.U. dont l’ouverture est, dit-il, imminente. Le 19 mars, l’Assemblée est invitée à approuver la proposition du gouvernement “de reformer dans l’Est un foyer intellectuel qui rappelle celui de Strasbourg. L’ancienne capitale de la Lorraine est digne de ce choix...”

Le Conseil Municipal de Nancy se félicite du vote de l’Assemblée. Le doyen J.A. Stoltz est invité à se mettre en rapport sans délai avec les autorités locales pour arrêter au plus vite les modalités du transfert.

Il est évident que l’arrivée du corps professoral de Strasbourg posait problème. Après des discussions parfois vives, déjà ébauchées l’année précédente, on aboutit sans trop de mal à un compromis : les professeurs de Strasbourg conservent leurs chaires, trois des professeurs nancéiens deviennent professeurs titulaires de la Faculté, tous les autres sont nommés professeurs adjoints (1). Cette disposition a été arrêtée le 25 septembre 1872, et c’est le ler octobre que A. Thiers signait (enfin) le décret de transfèrement de la Faculté de Médecine de Strasbourg à Nancy.

Le 9 novembre 1872, la Faculté de Médecine de Nancy est installée solennellement et la rentrée aura lieu le lendemain.

LE DÉBUT D’UNE ERE NOUVELLE

Ce transfert a eu des répercussions considérables à Nancy où l’installation de la nouvelle Faculté a exigé la construction d’un hôpital moderne et de locaux universitaires. Il est clair aussi que l’arrivée des Maîtres Strasbourgeois a largement contribué à l’essor de la Faculté de Nancy, même si certains professeurs de l’Ecole avaient déjà acquis ou étaient en passe d’acquérir une flatteuse renommée. Ces conséquences locales cependant sont parfaitement logiques et n’étonneront personne.

Mais le transfert a aussi contribué à réactiver le souci d’une réforme générale de l’enseignement médical et de la distribution des établissements d’enseignement sur le territoire français, réforme déjà ébauchée par Fourcroy et avant lui Vicq d’Azyr, réforme sérieusement envisagée par Duruy. La première manifestation de ce mouvement a été la création en 1873 de la commission Paul Bert chargée d’étudier sur des bases objectives l’opportunité de créer de nouvelles facultés, ce qui aboutit, dans un premier temps, à la proposition de création de deux facultés : Lyon et Bordeaux, et deux Écoles de plein exercice : Nantes et Lille.

 

 

(1) Au total la Faculté comptait 17 professeurs titulaires (14 Strasbourgeois et 3 Nancéiens), 8 agrégés (venus de Strasbourg) et 9 professeurs adjoints.