HOFFMAN Maurice

 

1937-2014

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` sommaire

 

ELOGE

 

Né le 15 mars 1937 à Morhange, le Pr. Maurice André Hoffman est décédé le 10 décembre 2014 à Nancy. De 1959, année où il est devenu interne en pharmacie des Hôpitaux de Nancy, jusqu'à 2001, année de son départ du CHU et de la Faculté de pharmacie, soit pendant plus de quatre décennies, il a participé de manière très active au fonctionnement du service pharmaceutique des hôpitaux, qu'il a longtemps dirigé, et à l'enseignement de la pharmacie galénique puis clinique aux étudiants en pharmacie.

Pendant toutes ces années, Maurice Hoffman s'est en permanence investi dans la formation des internes en pharmacie, tant au sein du service pharmaceutique qu'au niveau de l'enseignement théorique, dans le cadre du DU et du DES de pharmacie spécialisée qu'il  a créé. Il est le responsable régional et la coordonnateur interrégional du DES de pharmacie hospitalière. Beaucoup internes ont été admis au concours du pharmacopat des hôpitaux et exercent en tant que praticiens au sein d'un grand nombre d'hôpitaux de notre pays. 

Maurice Hoffman obtient son baccalauréat « Mathématiques élémentaires » en 55, puis il effectue son stage en pharmacie à Metz et passe son examen de validation à Strasbourg en 56. Le département de Moselle dépend en effet alors de l'académie de Strasbourg. Mais Morhange étant plus près de Nancy, il y fait transférer son dossier et il y effectue sa scolarité pharmaceutique, de 56 à 60 où il est diplômé dans une promotion nombreuse où figuraient entre autres Mme Riedweg, qui œuvrera à la Clinique de Traumatologie, et Mme Watelet qui appartiendra au Centre régional de lutte contre le cancer. Au cours de sa scolarité, il a obtenu une mention au prix de chimie en seconde année et une au prix de pharmacie chimique en 4ème année.

A l'issue de sa scolarité, il passe avec succès les examens de plusieurs certificats d'études supérieures, spéciales et techniques et obtient une équivalence en Biologie humaine en 71. Il soutient sa thèse de doctorat d'Etat en pharmacie en 74, devant un jury présidé par le Pr André Meunier. Le travail porte sur l'étude in vitro de la libération et de l'absorption de principes actifs, et à leur application aux formes médicamenteuses orales. Il lui vaut le prix Cooper de la Faculté en 75.

Maurice Hoffman se présente au concours de l'Internat où il est reçu dans la promotion 1959 qui comporte quatre nouveaux internes, dont Mme Watelet. Il est le lauréat du prix de l'Internat et il intègre alors les Hôpitaux de Nancy où il effectuera toute sa carrière hospitalière. Celle-ci commence par ses deux années d'interne en pharmacie, de 59 à 61, la 1ère année à la pharmacie dirigée par le Pr Meunier, et la 2ème au laboratoire du service de chirurgie B sous la responsabilité du Dr Colson. Parallèlement, de 61 à 64, il est moniteur au laboratoire de biophysique du Pr Burg à la Faculté de médecine et il est formé au maniement des radioéléments.

Après son internat, Hoffman entre à la pharmacie de l'Hôpital central en qualité de pharmacien intérimaire en 62 et il est nommé pharmacien des hôpitaux stagiaire en 64. Titularisé un an plus tard, il y exerce sous la responsabilité du Pr Meunier, pharmacien-chef, jusqu'au départ à la retraite de ce dernier, auquel il succède en 69. Mme Hoffman, pharmacien de la promotion nancéienne de 62 - qui compte aussi Mme Weber, du laboratoire central de bactériologie -, et interne de la promotion 1962, suit la même voie. A l'ouverture de l'Hôpital de Brabois « adulte » au CHU en 73, elle prend la responsabilité de sa pharmacie. M. Hoffman prend sa retraite hospitalière en 2001. Il continue cependant, pendant plusieurs années, à participer aux activités du Comité consultatif de protection des personnes dans la recherche biomédicale (CCPPRB).

 

Beaucoup d'activités et de réalisations marquent les années de la chefferie de service de M. Hoffman au CHU. Il a conduit la transformation d'une pharmacie traditionnelle avec préparation de tisanes, de boissons à partir des extraits Noirot, de préparations à l'unité, etc., à la pharmacie actuelle du CHU avec ses multiples facettes :

1. En pharmacotechnie, on est passé à des préparations en série et à des préparations à doses adaptées réalisées selon les posologies pour chaque patient. Les principales évolutions conduites dans ce domaine sont :

- la mise au point et la réalisation pendant plusieurs années des solutés de dialyse dans l'attente de leur commercialisation par l'industrie pharmaceutique ;

- la préparation dès 76, en zone à atmosphère contrôlée (ZAC) de poches pour nutrition parentérale, de formule standard pour les adultes, puis de formules personnalisées selon les prescriptions pour les enfants, et de poches de doses adaptées d'antibiotiques ;

- la réalisation en ZAC, à partir de 79, de poches d'anticancéreux injectables, simultanément à l'Institut Gustave-Roussy de Villejuif ;

- la réalisation de doses individuelles de gouttes buvables, celle de préparations spécifiques au profit du service de dermatologie, et la mise au point de seringues injectables de morphine dans le cadre de la lutte contre la douleur aigue.

Ces préparations ont toujours été confectionnées en vue de faciliter la prise en charge des patients, à la suite de demandes médicales, précédant la commercialisation par l'industrie pour les formules standard (dialyse, nutrition parentérale). Elles étaient contrôlées au niveau analytique, biologique et quant à leur stabilité au laboratoire de contrôle existant à la pharmacie.

2. Le Centre d'information sur le médicament a été créé en 71 avec pour objectif de rassembler la documentation permettant de répondre efficacement aux questions émanant des services hospitaliers, de diffuser des documents sur les médicaments - tels que des listes de contre-indications et de bon usage, ou le livret thérapeutique des médicaments disponibles au CHU -, de participer avec le Pr Royer à l'élaboration régulière du bulletin CHU Médicament. Dans le même esprit, le conseil pharmaceutique s'est développé, en particulier à destination des patients ambulatoires (pour les médicaments à dispensation réservée aux hôpitaux, ou spécifiques à la recherche clinique, etc.).

3. Des activités pharmaceutiques nouvelles sont apparues :

- l'application en 88 de la loi Huriet-Sérusclat relative à la gestion et à la dispensation de l'ensemble des médicaments destinés aux recherches médicales, qui a nécessité la création d'un logiciel spécifique permettant leur suivi complet, depuis la réception du lot jusqu'à la dispensation nominative aux patients ;

- la prise en compte en 95 de la loi sur la sécurité transfusionnelle transférant au service Pharmacie la gestion complète et la dispensation des médicaments dérivés du sang avec le suivi de leur traçabilité ;

- la dispensation, en 94, de la méthadone aux patients suivis par le Centre méthadone créé au CHU ;

- l'organisation de la dispensation aux patients démunis, mise à la charge des hôpitaux par la loi de juillet 98.

4. Dans le domaine des dispositifs médicaux (DM), une évolution majeure se produit au moment de l'ouverture de l'hôpital de Brabois, dans un but de sécurité, avec le passage à l'usage unique pour les aiguilles, les gants chirurgicaux, les compresses, etc., évolution qui s'est étendue progressivement ensuite à d'autres dispositifs. En parallèle, un recensement des défauts de qualité des dispositifs médicaux a été mis en place par M. Hoffman au sein des services. Ce recueil était adressé mensuellement au réseau national Pharmat. Cette activité a permis la création ultérieure de la matériovigilance.

5. C'est aussi sous l'impulsion de M. Hoffman que les médicaments génériques sont introduits dans l'hôpital dès leur mise sur le marché, et que l'informatisation de domaines comme la gestion des commandes, la mise en concurrence des molécules, les protocoles de préparation des anticancéreux et solutés nutritifs, etc., est réalisée.    

 

Toutes ces activités n'ont été rendues possibles qu'en raison de l'extension et de la création de nouveaux locaux à usage pharmaceutique : construction à l'Hôpital central d'un second bâtiment regroupant les structures mises en conformité (pièce stérile, secteur des fabrications, stérilisation à l'oxyde d'éthylène, secteur des dispositifs médicaux, etc.), et ouverture de nouvelles pharmacies : à l'hôpital Jeanne d'Arc à Dommartin-les-Toul en 72, à l'hôpital de Brabois adulte en 73 et à celui de Brabois enfants en 83.     

Parallèlement à son activité hospitalière, M. Hoffman poursuit une carrière universitaire à la Faculté de pharmacie, située rue Albert-Lebrun, tout près de l'Hôpital central. Nommé assistant délégué de pharmacie galénique en 64, année de la mise en place de l'importante réforme des études pharmaceutiques instituée par le décret de novembre 62, il est titularisé dans cette fonction en 68. Chef des travaux pratiques de pharmacie galénique, promu au grade de maître-assistant en 70, il est reçu au concours d'agrégation et nommé maître de conférences agrégé stagiaire de pharmacie galénique en octobre 75. Titularisé en 78, il est intégré dans le nouveau corps des professeurs des Universités en 80. Il est expert analyste agréé de 77 à 86. Les recherches menées au laboratoire de pharmacie galénique de la Faculté sont en relation avec les besoins hospitaliers, comme les études de stabilité des antibiotiques, des anticancéreux après conservation par congélation des poches ; elles concernent aussi la mise au point de nouvelles formes pharmaceutiques : vecteurs colloïdaux, liposomes, microsphères, nanocapsules.

 

En 1987, au moment de la création de la discipline « Pharmacie clinique et biotechnique », M. Hoffman demande son transfert dans la sous-section correspondante, et il assure ces enseignements jusqu'à son départ de la Faculté en 2001. Il devient alors professeur émérite et il le reste jusqu'en 2005. Il a été nommé chevalier des Palmes académiques en 1993.

 

Michèle et Pr. Pierre LABRUDE