Axel KAHN

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Axel Kahn, né le 5 septembre 1944 au Petit-Pressigny en Indre-et-Loire, est un scientifique, médecin généticien, et essayiste français, fils du philosophe Jean Kahn-Dessertenne, et frère du journaliste Jean-François Kahn et du chimiste Olivier Kahn. Directeur de recherche à l'INSERM, et ancien directeur de l'Institut Cochin, il est depuis le 20 décembre 2007 le président de l'Université Paris Descartes. Axel Kahn est surtout connu du grand public pour la vulgarisation scientifique qu'il fait depuis de nombreuses années et ses prises de positions sur certaines questions éthiques et philosophiques ayant trait à la médecine et aux biotechnologies,en particulier au clonage ou aux OGM, notamment en raison de son travail au sein du Comité consultatif national d'éthique de 1992 à 2004.

Parcours scientifique

Axel Kahn est docteur en médecine avec une spécialité en hématologie et docteur ès sciences. Ancien interne des Hôpitaux de Paris, Axel Kahn devient chercheur à l'INSERM avec une spécialisation en biochimie. Il intègre, en 1972, le groupe de Jean-Claude Dreyfus au sein de l'Institut de Pathologie moléculaire de l'hôpital Cochin créé (1969) et dirigé par Georges Schapira, qui deviendra le futur Institut Cochin.

Ses travaux portent sur les maladies génétiques, la thérapie génique, les cancers, la régulation de l'expression des gènes par les sucres, et plus récemment le foie et le métabolisme du fer. À la fin des années 1980, il se fait le porte-parole en France de la thérapie génique, mais il admettra plus tard que les perspectives de cette technologie ont été surévaluées. Il a présidé la Commission du génie biomoléculaire de 1988 à 1997. Il est nommé directeur scientifique adjoint pour les sciences de la vie de la société Rhône-Poulenc de 1997 à 1999, ce qui provoqua quelques polémiques car cette compagnie développait des OGM et qu'Axel Kahn venait de rendre un avis favorable à leur culture en France. Il a été membre du Comité consultatif national d'éthique (CCNE) de 1992 à 2004. Il s'est notamment déclaré hostile au clonage thérapeutique, au motif qu'il « attenterait à la dignité humaine ». Directeur d'une unité de recherche Inserm depuis 1984, il a été directeur de l'Institut Cochin et de l'Institut fédératif de recherche Alfred Jost de 2001 à 2008.

Au niveau de la Commission européenne, il a été nommé président du Groupe d'experts de haut niveau pour les Sciences de la Vie (un organe de conseil sur les biosciences et les biotechnologies) de 2000 à 2002 par le commissaire européen chargé de la recherche, Philippe Busquin.

Axel Kahn est également auteur de très nombreux livres de vulgarisation et de réflexion, notamment philosophique et éthique. Il a été le fondateur et le rédacteur en chef, de 1986 à 1998, de la revue franco-québécoise Médecine/sciences.

Parcours universitaire

Axel Kahn s'est porté candidat à la présidence de l'Université Paris Descartes avec un programme en trois propositions. Il a été élu le 20 décembre 2007 par le Conseil d'administration. Il a précisé ses objectifs et sa vision de la loi Pécresse sur l'autonomie des universités dans un entretien au journal Le Point. Il a néanmoins apporté son soutien à l'Academic Pride. Le 18 décembre 2008, il a été élu président de la commission recherche de la Conférence des présidents d'université (CPU).

Parcours politique

Axel Kahn se décrit comme humaniste. Membre du Parti communiste français jusqu'en 1977, Axel Kahn adhère au Parti socialiste après l'élection de François Mitterrand à la présidence de la République en 1981. Depuis 2003, il est vice-président de l'association des amis de l'Humanité. Tandis que ses responsabilités au sein de l'INSERM s'accroissent (président d'une commission scientifique spécialisée en 1983, puis membre du collège de Direction), il est nommé membre du Comité consultatif national d'éthique en 1992. Il était Président de la Commission du génie biomoléculaire auprès du ministère de l’Agriculture et de la Pêche depuis 1987. Il est membre du comité de parrainage de la Coordination française pour la Décennie de la culture de non-violence et de paix et appartient au conseil scientifique de l'Office Parlementaire des Choix Scientifiques et Technologiques depuis 1998. Président du groupe de réflexion sur l'éthique de la La Ligue nationale contre le cancer depuis 2004, il a pris la présidence de la Fondation internationale du handicap en 2007. Axel Kahn a été nommé, en Conseil des ministres en mars 2008, membre de la commission présidée par Simone Veil, pour la révision du préambule de la Constitution française de 1958.

Depuis 1990, Axel Kahn s'est engagé dans plusieurs débats médiatiques. En 1991, il lance avec d'autres une pétition contre l'utilisation des tests génétiques pour détecter des fraudes chez les athlètes féminines. Depuis 1992, il milite contre la brevetabilité des gènes, par les États-Unis et par l'Europe. Il protestera également contre l'exhumation d'Yves Montand afin de pratiquer, sur sa dépouille, des tests de paternité.

En 2000, Axel Kahn s'est opposé non seulement au clonage reproductif, mais aussi au principe du clonage thérapeutique, dénonçant la réification de l'embryon humain. Mettant en question les possibilités thérapeutiques de cette méthode, il la contestait pour des raisons morales. Il a dénoncé le discours des médecins et des scientifiques la présentant comme porteuse d'exceptionnelles promesses médicales. Pour lui, il s'agissait là plus d'un lobbying que d'une réelle information du public. En 2005 et 2006, il a insisté pour que, même si le Parlement finissait par autoriser cette recherche, ce soit pour des raisons scientifiques explicites, et non en arguant des perspectives thérapeutiques alors difficilement réalisables au moins à court et moyen terme. Certains ont interprété cette analyse comme le signe d'un léger infléchissement de sa position ces dernières années.

Chargé par le Comité consultatif national d'éthique d'instruire la saisine ministérielle sur le sujet, Axel Kahn s'opposera vivement à la jurisprudence de la Cour de cassation sur l'affaire Perruche. Cette jurisprudence indiquait que des praticiens ayant commis une erreur de diagnostic prénatal devaient indemniser non seulement les parents, mais aussi, toute leur vie durant, les enfants handicapés.

En 2004, comme quelques personnalités de l'Institut Cochin, il soutient très activement le mouvement des chercheurs Sauvons la recherche.

En 2006, il est parrain du projet culturel et éducatif la Cité des Savoirs du XXIe siècle pour l'île Seguin avec d'autres personnalités telles que Régis Debray, Albert Jacquard ou Philippe Meirieu.

Toujours dans le cadre de son combat contre le réductionnisme génétique, il répond en 2007 à Nicolas Sarkozy, candidat à la présidence de la République. Ce dernier dans un entretien avec Michel Onfray avait fait part de sa conviction d'une origine génétique de la pédophilie et des tendances suicidaires chez les jeunes. En septembre 2007, avec Didier Sicard président du Comité consultatif national d'éthique, il s'oppose vivement, à l'amendement présenté par le député Thierry Mariani portant sur l'utilisation des tests génétiques dans le cadre du regroupement familial, qu'il déclare «immorale» et «illégitime».

Lors des élections législatives françaises de 2007, Axel Kahn co-préside avec Albert Jacquard le comité de soutien d'André Aschieri dans la neuvième circonscription des Alpes-Maritimes. À l'occasion des élections municipales françaises de 2008, il est membre des comités de soutien de Bertrand Delanoë, à Paris, et de Pierre Cohen, à Toulouse; il est intervenu dans les derniers meeting des candidats.

Une personnalité controversée

Présenté parfois par les médias comme le « généticien français le plus renommé en Europe », Axel Kahn ne figure cependant pas dans la liste des 137 scientifiques français les plus cités, établie par l’Institute for Scientific Information. Cette liste comporte une bonne dizaine de généticiens français, parmi lesquels Pierre Chambon, Daniel Cohen, Jean-Louis Mandel, Marie-Geneviève Mattéï et Jean Weissenbach. Il a néanmoins publié plus de 500 articles dans des revues internationales.

Son travail scientifique durant des années a porté principalement sur la régulation des gènes par le sucre dans le foie. Le groupe d'Axel Kahn a tenté d’inactiver chez la souris les gènes responsables de cette régulation. Une des nombreuses équipes de son laboratoire ayant obtenu un phénotype inattendu après l’inactivation d’un de ces gènes, il s’est avéré que par hasard, un autre gène avait été inactivé, le gène de l’hepcidine. Un des membres de cette équipe provenant d’un laboratoire travaillant sur le métabolisme du fer, le phénotype observé a été rattaché à une pathologie courante l'hémochromatose, et le rôle de l’hepcidine, un peptide anti-microbien dont la réponse au fer avait été découverte par une équipe rennaise, a pu être totalement démontré par l'équipe de Sophie Vaulont et d'Axel Kahn. Alors que les études ultérieures des membres de son équipe aient été essentielles pour la compréhension de l'ensemble du mécanisme d'action de l'hepcidine, il est reproché par certains à Axel Kahn de s’être employé à minimiser le rôle des codécouvreurs.

Distinctions

Axel Kahn a reçu de nombreuses distinctions et récompenses honorifiques :

Il s'est de plus vu décerner un doctorat honoris causa par les universités suivantes :

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Parrain des P2 - décembre 2008

Axel Kahn, le médecin-chercheur-écrivain, actuel Président de l'Université Descartes à Paris, était le parrain de promotion cette année, pour une cérémonie un peu bousculée en raison de sa participation en début d'après midi à la Journée de la Recherche, le 19 Décembre 2008.
L'amphithéâtre Maurice Lucien ne s'est pourtant pratiquement pas vidé à la fin du dernier cours de ce vendredi de vacances, tant les étudiants étaient motivés pour cette fête, "leur" fête. Après une petite heure d'attente bon enfant, les filleuls se sont tous levés pour une Standing Ovation à l'arrivée du Doyen et du prestigieux visiteur, pendant leur descente des escaliers de l'amphithéâtre.
Le doyen a présenté son hôte et lui a rapidement cédé le micro, pour près de 45 minutes d'un récit animé de la carrière de ce médecin-chirurgien-réanimateur-hématologiste-généticien. Les étudiants étaient tout ouïe pour entendre le récit de la vie de ce troisième fils d'un philosophe, ayant choisi médecine "par défaut", empêché par les choix paternel et de ses frères d'embrasser la philosophie, l'histoire ou les sciences dures.
Beaucoup de médecine, beaucoup de chirurgie pendant un service militaire réalisé en coopération, le choix de la recherche plutôt que d'une carrière hospitalo-universitaire, l'Inserm, les "ménages" en gardes de réanimation,les années de soins à Malakoff, les écrits, l'aventure récente et inattendue de la présidence de l'Université... : les étapes de cette carrière ont été racontées avec beaucoup de présence et de chaleur. Côté recherche, Axel Kahn avait choisi de raconter trois découvertes, mais surtout celle de l'hepcidine, dans son équipe,presque "par accident", dans un récit rapportant bien comment les étapes des expérimentations orientent parfois le chercheur curieux vers des voies qu'il n'avait pas prévues. Conscient qu'un parrain doit transmettre un message à ses filleuls, il avait tiré de ses tablettes en guise de conclusion, l'encourageant "Oser vouloir".
Cinq questions préparées par la promotion et une spontanée ont ensuite permis d'aborder un aspect moins personnel et les thèmes de la crise, de l'éthique, du clonage, du déterminisme génétique, de la place de la génétique dans la
médecine. Les filleuls enthousiasmés ont longuement applaudi leur parrain, très ému de voir quatre sémillantes étudiantes lui apporter les cadeaux de la promotion "pour lui rappeler la lorraine" : image d'Epinal, livre, douceurs du terroir.
Exceptionnellement, le doyen avait sorti du champagne que les nouveaux carabins ont toutefois consommé avec modération, et en faisant honneur aux petits fours, moelleux au chocolat et autres brochettes de fruits.
Les douze étudiants qui dînaient ensuite avec Axel Kahn et les autres invités du doyen ont pu enfin apprendre que la promotion, comme l'an passé, était invitée à venir visiter son parrain à Paris au printemps !
Merci, Monsieur Kahn!"