LE DOCTEUR PIERRE-HYACINTHE BENIT
CREATEUR DU PRIX BENIT
Jean-Pierre GRILLIAT
Né en 1792 à Sauville
(Vosges), d’une famille de paysans, Pierre-Hyacinthe
Bénit fut profondément imprégné de l’idéal révolutionnaire : Liberté, Egalité,
Fraternité, puis de l’esprit d’aventure de l’épopée napoléonienne.
Dans ce contexte, sa vie de
médecin est marquée par une série d’épisodes assez extraordinaires.
Tout d’abord une aventure
politique contre le régime de la Restauration. Lors de la période parisienne de
ses études, P.H. Bénit se trouve en contact avec les
milieux révolutionnaires.
Il rencontre dans des cercles
clandestins d’autres étudiants, dont beaucoup de Lorrains qui rêvent au retour
de la République (D. Bechet, L. Turck et surtout Ph. Buchez). Après l’échec de nombreuses tentatives de
subversion, P.H. Bénit passe sa thèse de Docteur en
Médecine (le 21 juillet 1820) et vient s’installer à Nancy où il exerce, la
première fois pour notre région, la spécialité d’ophtalmologie.
A la suite, l’aventure militaire
fut vécue par le truchement de son frère, Antoine-François,
auquel il est resté très lié. C’est un militaire de carrière de l’armée de la
Restauration qui, à la suite de son frère, fait partie de sociétés secrètes
révolutionnaires (dépendant en particulier de la Charbonnerie). C’est aussi un
théoricien militaire dont les idées s’opposent aux méthodes et objectifs de
l’époque.
Il quitte l’armée, conspire, et
aux côtés du Colonel Fabvier, prend une part déterminante dans la tentative pacifi que de débauchage des soldats de l’armée royale qui
passaient la frontière pour venir en aide au roi d’Espagne réactionnaire. Au
pont de la Bidassoa (village de Béhobie), A.F. Bénit
sera tué par les troupes de l’armée royale française.
Son frère profondément marqué
par ce drame va, dans la suite, s’orienter vers un autre type d’aventure :
c’est l’aventure industrielle. Bénit, ophtalmologiste maintenant réputé, a
gagné beaucoup d’argent. Il n’a plus personne à sa charge, il cherche à placer
ses biens en profitant du développement industriel de l’époque. Il s’intéresse
alors à une société de filature qui s’installe près de l’Eglise Bon-Secours à Nancy.
Il y place son avoir et
encourage ses amis à l’imiter en donnant sa garantie personnelle à cette
opération. En six mois, la banqueroute est consommée, P.H.
Bénit est ruiné mais il prend l’engagement de rembourser, dès qu’il le pourra,
ceux qui lui ont fait confiance.
Ici commence la grande aventure.
Elle va emmener P.H. Bénit aux Etats-Unis. Il
débarque à New-York en 1829. Rapidement il s’installe
à Boston, pratiquant la médecine générale et l’ophtalmologie. Dès que le succès
initial tend à diminuer, il change de lieu d’exercice : Philadelphie, la
Nouvelle Orléans (où il restera plusieurs années), puis au delà des Etats-Unis,
Belem au Brésil, Vera-Cruz,
Mexico.
Après 10 années de cette vie
errante, le Docteur Bénit est riche ; il revient alors en France, où il
satisfait ses engagements pris vis-à-vis de ses amis créanciers.
Mais, très marqué par l’esprit
d’aventure, il repart vers les Amériques et se fixe durablement au Brésil où, à
nouveau, il fait fortune. Il reviendra à Nancy en 1860 où il vivra sa dernière
aventure, celle d’un sage, fidèle à son idéal de jeunesse, désirant faire le
bien autour de lui.
Pendant 10 années, il participe à
Nancy à toutes les activités philanthropiques. Il aide, tout spécialement, la
«Société de Bienfaisance». Par l’intermédiaire du directeur de l’Ecole de Médecine,
Edmond Simonin, il s’intéresse à la vie des
étudiants, confrontés aux problèmes médicaux de l’époque. Il se remémore ses
premières années d’étudiant à l’Ecole privée de Médecine de Nancy, ainsi que
ses stages hospitaliers au contact des blessés et typhiques des armées
impériales en retraite.
N’ayant pas de famille directe,
il rédige un testament qui partage sa fortune en deux parties :
- le capital principal est
attribué au bureau de bienfaisance,
- une somme de 4.000 Fr dont la rente sera destinée à attribuer chaque année un
prix à un étudiant de valeur, élève interne, à défaut élève externe.
P.H. Bénit mourut le 2 janvier 1870, créant ainsi le «Prix de
l’Internat» qui porte son nom.