FRANÇOIS-CLEMENT MAILLOT
(1804-1894)
UN ILLUSTRE INCONNU
François HELLER
Briey. Entreprendre de tracer, à
grands traits s’entend, la silhouette de François-Clément Maillot, c’est
évoquer … un illustre inconnu!
Illustre ? Certainement.
François-Clément Maillot a été déclaré “Bienfaiteur de l’Humanité”. Le
gouvernement français l’a élevé au grade de Grand Croix de la Légion d’honneur
et l’a promu président du Conseil de Santé des Armées. Son nom a été donné à
des hôpitaux, à des places et des rues, à une porte d’entrée de la Capitale.
Des bustes et une statue ont conservé ses traits. Un village de Kabylie a porté
son nom. A Alger, l’hôpital du Dey est devenu l’hôpital Maillot …
Inconnu ? Certainement. Peu de
Français savent encore qui a été François-Clément Maillot; ils ignorent le plus
souvent pourquoi il a connu une telle renommée ! Eh bien rappelons le tout de
suite aux mémoires défaillantes. Le médecin militaire Maillot a sauvé, à son
époque, des milliers de vies humaines en préconisant, et en mettant en application
le traitement du paludisme par la quinine administrée à haute dose.
La Lorraine, Briey et Metz
La Lorraine et plus spécialement
Briey et Metz sont en droit de se glorifier des honneurs qui ont couronné
François-Clément Maillot. En effet l’homme a vu le jour à Briey, à la ville haute,
un 13 février 1804. Sa ville natale, après avoir été chatellenie, prévoté,
bailliage et district, a été érigée quatre ans auparavant en sous-préfecture
par Napoléon Bonaparte. Elle est devenue le chef-lieu du premier arrondissement
du département de la Moselle. Elle le restera jusqu’à l’annexion de
l’Alsace-Lorraine (1871).
C’est tout naturellement que
François-Clément Maillot va faire ses études secondaires à Metz, sanctionnées
par le baccalauréat signé Cuvier en 1820, au collège impérial rebaptisé royal à
la Restauration. Faute de pouvoir aller étudier à Paris en raison de la
modicité des ressources de sa mère, son père est mort en 1811, François-Clément
Maillot va suivre des études médicales à l’hôpital d’instruction militaire de
Metz.
Une thèse sur la péritonite
aiguë
C’est un élève brillant qui
deviendra un érudit. Il lit le latin dans le texte. Il traduit les oeuvres de
Galien. “C’est Maillot qui découvrit que le médecin grec avait distingué des
sensitifs et des nerfs moteurs” écrira en 1894, dans le bulletin médical de
l’Algérie, le docteur Trolard. Il fait honneur à l’hôpital militaire
d’instruction de Metz qui est “le plus bel établissement de ce genre en France”
constate Véronnais dans ses célèbres annuaires du XIXe siècle. De son côté, le
secrétaire général de la Préfecture de la Moselle, Viville, écrit dans son
dictionnaire du département que l’hôpital militaire d’instruction “n’est
surpassé par aucun autre en Europe”.
Deux ans après Sidi Férruch
C’est à Paris cependant que “le
chirurgien aide-major” Maillot passera sa thèse le 22 février 1828. Elle n’a
aucun lien avec le paludisme. Maillot présente une “dissertation sur la péritonite
aiguë“ imprimée chez Didot le Jeune. La thèse est dédiée à ses parents, à Monsieur
Rampont, médecin en chef et premier professeur à l’hôpital militaire
d’instruction de Metz, un personnage, un savant. Maillot entre donc dans la
carrière. Affecté à l’Armée du Nord, il est rapidement nommé à Ajaccio. C’est
là qu’il met à l’étude les fièvres des Pays chauds. Nommé médecin ordinaire à
Alger le 20 Août 1832, deux ans après le débarquement de Sidi Férruch, il est
confronté de plein exercice avec le paludisme qui tue plus de soldats français
que les Arabes et les Turcs.
La hargne de Broussais
François-Clément Maillot
applique le traitement qu’il a imaginé, notamment à Bône. Son succès est
rapidement connu. Des fièvreux refusent les traitements classiques et exigent
d’être admis dans le service du Docteur Maillot. Mais le médecin briotin se
heurte aux critiques virulentes des “mandarins“ conduits par
François-Victor-Joseph Broussais. Le Professeur Chazal n’hésitera pas à écrire
de cette ignoble campagne dont fut victime Maillot, que “s’il n’est pas traité
expressément d’assassin, du moins s’en manquait-il de peu!”
Mais le gouvernement reconnaîtra
vite les mérites de Maillot qui revient à l’hôpital militaire d’instruction de
Metz comme professeur d’Hygiène et de Médecine légale pour 7 ans. Ce sont
ensuite Lille, puis le Val-de-Grâce, le Conseil de Santé des Armées et sa
présidence en1864, la retraite enfin en 1868. Maillot est décédé à Paris en
1894. Il a été inhumé au cimetière de Montparnasse.