LE MUSEE DU SERVICE DE
SANTE DES ARMEES AU VAL-DE-GRACE A PARIS
Eric SALF
Dès 1850,1’Ecole d’Application
de la Médecine Militaire du Val-de-Grâce se dotait
d’un musée scientifique dont la mission était l’enseignement des élèves.
En 1856, le Médecin Inspecteur Dujardin-Baumetz créait le musée historique en réunissant
des collections de tableaux, bustes, portraits, souvenirs et autres reliques.
En 1916, le sous-secrétaire
d’Etat au Service de Santé, Justin Godard, institua «les documents et archives
de guerre», établissement destiné à centraliser les documents de toute nature
relatifs à l’oeuvre des services de santé pendant la Grande Guerre.
Par décret du 29 avril 1918,
cette dénomination fût remplacée par celle de Musée du Val-de-Grâce.
Ainsi créé et rattaché à l’Ecole
d’Application du Service de Santé, le musée servait à l’instruction de ses
futurs officiers. Il contenait près de 10.000 objets. Une quantité importante d’oeuvres
d’art datant de l’époque de 1914-1918 fut réalisée par de nombreux jeunes artistes
de talent pour la plupart «prix de Rome» ou ayant exposé dans des salons.
Le musée de 1918 était divisé
en 5 sections :
1. la section des archives conservait des documents précieux sur les actions du
service de santé en temps de guerre depuis la fin de l’ancien régime jusqu’à
nos jours. Les fiches biographiques et les notes concernant des médecins
militaires illustres faisaient partie de la documentation particulièrement
riche sur la Grande Guerre.
2. la section anatomique exposait des documents graphiques, des moulages et des pièces
anatomiques se rapportant aux blessures, aux maladies observées pendant les
hostilités de 1914-1918, décrivant les lésions, leurs évolutions cliniques et
leurs traitements.
3. la section du matériel
sanitaire présentait en trois dimensions
des instruments chirurgicaux réglementaires ou improvisés. Des maquettes
illustraient les conditions d’hygiène et les moyens d’évacuation de l’époque.
4. la section historique enfin, offrait une collection de sculptures, peintures,
dessins, gravures, autographes et instruments se rapportant à l’histoire du
service de santé militaire depuis ses origines.
5. la bibliothèque centrale
du service de santé des Armées est, elle,
actuellement autonome.
Véritable conservatoire de la
pathologie de guerre, ce musée a bénéficié de son prestige jusqu’à la Seconde
Guerre mondiale. Les dernières décennies ont vu apparaître son déclin jusqu’à
sa fermeture en 1985. Sans budget, sans moyens en personnel et en matériel,
subissant une amputation régulière de ses locaux, ses collections étaient
entreposées sans respect. Afin de sauvegarder le patrimoine du service, la
Direction Centrale du Service de Santé des Armées, décidait en 1989 la
rénovation et la restructuration totale du musée dans l’ensemble conventuel restauré.
Dès l’année 1993, à l’occasion
de la célébration du bicentenaire du Service de Santé au Val-de-Grâce,
avec l’achèvement de la majeure partie des travaux de restauration de
l’ensemble conventuel, le musée a pu inaugurer les nouvelles salles d’expositions
temporaires avec le thème “le Val-de-Grâce : deux
siècles de médecine militaire”.
Les grands thèmes d’exposition
retenus sont à la fois les personnels du service et le soutien sanitaire des
forces avec des exemples concrets lors des conflits de la Révolution et de l’Empire
ou lors de la Grande Guerre. L’hygiène et la prévention sont un second thème
retenu, le troisième thème expose la recherche en chirurgie de guerre, en
médecine subaquatique et aérospatiale, la psychiatrie de guerre, les recherches
en sciences naturelles et en sciences humaines. Le quatrième grand thème montre
l’ouverture du service de santé au monde civil dans les pays d’Afrique au 19e
siècle et pour les actions humanitaires actuelles. Ces programmes scientifiques
aboutissent à des salles d’expositions permanentes. Depuis 1996, le musée est ouvert
au public.
Dès l’accueil au
rez-de-chaussée, le visiteur peut se rendre vers la salle de consultation des
archives et des documents iconographiques ou vers la crypte de la chapelle,
lieu de recueillement et de commémoration du souvenir des anciens, puis vers la
salle capitulaire, réservée aux réceptions officielles, et enfin aux galeries
du musée.
Dans le corridor reliant la
salle capitulaire et le musée, le visiteur est informé sur l’architecture et
l’histoire du monument depuis sa création jusqu’à l’inauguration du nouvel hôpital
du Val-de-Grâce en 1979.
Le magnifique escalier donne
accès au premier étage du cloître, où on peut découvrir les salles
d’expositions réparties sur un seul niveau. A gauche, le grand vestibule voûté
et ses salles attenantes permettent les expositions temporaires sur une surface
de 200 m2. Ces espaces communiquent avec les locaux de la conservation. A
droite, on accède directement à la galerie du cloître, lieu de référence du
parcours, autour duquel s’ordonnent les grandes salles d’expositions
permanentes sur 1100 m2. La diversité et l’importance des collections rythment la
visite au gré de l’architecture, l’intérêt étant maintenu en éveil par
l’éclairage et la conception de chaque espace.
Trois réserves spécifiques
assurent une bonne conservation du patrimoine et satisfont au principe
dynamique de la muséologie moderne avec des oeuvres sélectionnées en fonction
d’un thème renouvelé. La première pour les archives et l’iconothèque, la
seconde pour les moyens et les gros objets, la troisième, trace volontaire de
l’ancien musée d’instruction de 1918, est ouverte à un public particulièrement
averti et conserve les objets anatomocliniques.
La visite de l’exposition
permanente débute par l’histoire de l’évolution du service de santé, la tenue
des personnels est évoquée à travers différents uniformes. Afin de permettre au
public de comprendre l’identité du musée, de découvrir les vocations multiples
de la médecine militaire et l’élargissement de son champ d’action, des exemples
concrets illustrent le soutien sanitaire des forces, passé et présent,
notamment, le principe de fonctionnement des formations sanitaires et des
évacuations qui se sont distinguées lors des conflits sous la Révolution,
l’Empire, la Grande Guerre. Le Service de Santé maintient une longue tradition
de recherche médicale, clinique, scientifique, toujours orientée vers le bien
public. On retrouvera dans cet espace la chirurgie de guerre, la recherche en
médecine sub-aquatique et aérospatiale, la psychiatrie de guerre, les
recherches en sciences naturelles et sciences humaines.
Le Service de Santé a grandement
contribué à la connaissance de l’Homme et de son environnement au travers de sa
recherche, de son enseignement et de son ouverture au monde civil, par ses
actions, et ses missions humanitaires.
Le musée par ailleurs conserve
la donation Debat constituée d’un ensemble unique de pots
pharmaceutiques de la Renaissance.