1962-2022
ELOGE
Une femme, engagée à aider les couples atteints
de trouble de la fertilité à fonder une famille, nous a quittés ce 2 septembre
2022. Patricia MONNIER a fait ses études médicales à l’Université de
Nancy-France. Ayant choisi la spécialité de gynécologie-obstétrique, elle s’est
ensuite surspécialisée en infertilité. Elle a également complété un doctorat de
sciences en immunologie et de nombreuses formations complémentaires afin de
devenir une véritable experte dans son domaine. L’ensemble de ce travail a été
reconnu par un poste de direction d’une unité d’infertilité publique, ainsi que
par la nomination au titre de Professeur titulaire en gynécologie-obstétrique
de l’Université de Nancy en 1998. A cette époque, elle était alors la deuxième
femme à bénéficier de ce statut de professeur dans sa spécialité.
Sa vie personnelle a conduit P. MONNIER à
s’installer au Québec en 2006. Sa curiosité scientifique et son expertise l’ont
alors amenée à participer à la recherche sur l’influence des perturbateurs
endocriniens (ex: plastifiants comme les phtalates,
retardateurs de flamme bromés) sur la grossesse et le développement sexuel des
enfants. Elle a ainsi contribué à éclairer l’impact de ces polluants issus de
l’activité humaine sur la reproduction.
En 2010, P. MONNIER a rejoint la seule équipe
médicale en infertilité dans le secteur public. Cela lui a permis d’exercer son
activité médicale auprès des personnes infertiles avec l’humanité et la douceur
qui la caractérisaient.
En 2020-2021, les vagues de Covid
se succèdent, laissant en arrière-plan certains domaines tels que
l’infertilité. Alors qu’une maladie neuro-dégénérative
progressait lentement, elle continue son engagement en poursuivant ses
consultations par télémédecine par vidéo de son domicile. C’est dans cette même
période qu’elle est amenée à proposer un mémoire et à discuter devant
l’assemblée nationale des dispositions en matière de procréation assistée
(projet de loi 73). Les 3 points qu’elle soulève alors comprennent :
- La nécessité d’un suivi de l’ovulation pour
toute prescription de traitement hormonal stimulant, afin de limiter le risque
de grossesse de plus de 3 fétus qui sont à risque pour la santé des mamans et
des bébés.
- Veiller à ne pas décourager la possibilité de
stérilisation volontaire des hommes, car cette procédure comporte moins de
risque que chez les femmes, y compris si l’homme émet un nouveau désir d’enfant
par la suite.
- Inclure l’âge des hommes dans l’évaluation de
l’accès à la procréation assistée, en proposant que la somme de l’âge des 2
membres du couple soit de moins de 100 ans. Cette dernière proposition était
basée sur le lien entre l’âge paternel avancé et le risque de fausse couche, et
d’anomalies génétiques et de maladies chez l’enfant à naître (autisme, schizophrénie,
TDAH …). A ses yeux, cette mesure prendrait en compte le souci d’égalité pour
les 2 sexes, l’âge de prise en charge des femmes étant déjà un critère
actuellement.
Les derniers mois de téléconsultation de P. MONNIER
s’accompagnaient de journées entières à rédiger à l’ordinateur ses notes
médicales et prescriptions, afin de continuer à offrir aux couples qu’elle
rencontrait une prise en charge optimale malgré son état de santé en déclin.
Nous nous souvenons d’une belle personne,
engagée, vive, déterminée et combien attentive aux autres.
Que le soleil qui l’animait éclaire nos vies.
P. JOUVET (mari) et A. BARBARINO (fils)
Montréal
Compléments BL :
P. MONNIER détient un doctorat en biologie cellulaire et en immunologie. A son arrivée au Canada, elle s'est jointe à l'Université de Montréal en tant que professeure invitée au Département d'obstétrique et de gynécologie et a été nommée professeure clinique titulaire en novembre 2008. Elle a participé à d'importantes subventions financées par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), le MSSS et Santé Canada. Elle s'est jointe à l'Université McGill en septembre 2010.