Préface par le Professeur Christian RABAUD
Président de
la CME
S’il est deux choses qui semblent impossibles à
arrêter, c’est bien le temps qui passe et Bernard LEGRAS !!!
Le temps qui passe nous arrache inexorablement,
un à un, NOS ANCIENS tandis que Bernard, édition après édition, s’attache à
pérenniser leur trace.
Dans cette quatrième édition, Bernard poursuit ce
devoir de mémoire Ô combien important, qui nous permet, à nous, mais aussi à
nos nouvelles et nouveaux jeunes collègues, de disposer de repères historiques,
de l’empreinte de tous les professeurs qui auront fait Notre Faculté de
Médecine de 1872 à 2019.
La Mémoire est indispensable à toute communauté
qui souhaite progresser harmonieusement. Sans Présent, il n'y a pas de Futur.
Et sans Passé, il n'y a pas de Présent. Et cette connaissance du passé doit
nous permettre de limiter les errements ou la reproduction de certaines
erreurs.
Or notre histoire est désormais longue de sens et
d’enseignements puisqu’elle remonte, sur le plan universitaire, à 1572, date de
la création de la première université en Lorraine, à Pont-à-Mousson. L'enseignement de la Médecine y commença en 1592. Notre
faculté fut rapidement confrontée à une situation sanitaire
particulièrement difficile, avec de terribles épidémies de peste ; son premier Professeur et premier Doyen, Charles LEPOIS
nommé en 1598, en mourut en 1635. Ce sont ensuite les
combats de la guerre de 30 ans qui conduisirent à une fermeture de l'Université
qui ouvrit à nouveau en 1641. L’époque nancéienne débuta en 1768, lorsque Louis XV fit transférer l’Université de
Pont-à-Mousson à Nancy dans les locaux du Collège Royal de Médecine, créé en
1752 par le roi Stanislas. Un Collège de Chirurgie les rejoignit en 1770.
Nancy possédait alors trois établissements
d'enseignement médical et jouissait d’une excellente réputation. Mais
comme toutes les autres, notre faculté disparut sous la révolution. Des
praticiens passionnés permirent toutefois de rétablir un enseignement, d'abord
libre, puis sous forme d'écoles secondaire (1822) puis préparatoire de médecine
(1843). Nancy était prête à retrouver sa Faculté de médecine. Et c'est un
revers de l'histoire qui lui en donna l'occasion : la guerre de 1870
perdue par la France, le traité de Frankfort, l'annexion de l'Alsace et de la
Moselle par l'Allemagne, conduisirent au « transfèrement » de la Faculté
de Strasbourg à Nancy le 19 mars 1872.
Sur le plan « hospitalier », notre
histoire est plus ancienne encore. Le premier
« hôpital » à Nancy, en aval des premières maisons hospitalières,
sortes d’hôtels qui accueillaient les mendiants et les voyageurs, fut l’Hôpital
Notre Dame dirigé par les sœurs grises de Sainte Elisabeth en 1158. C’est en
1336 que fut érigé le premier Hospice Saint Julien, qui tomba en ruine à la fin
du XIVème siècle et fut reconstruit entre 1587 et 1589. A la fin du
XIXème siècle, son encombrement et la vétusté de ses bâtiments conduisirent à
envisager sa reconstruction. Un troisième et dernier établissement portant le
nom d'Hospice Saint Julien ouvrit ses portes le 1er octobre 1900 sur son emplacement actuel. C’est ensuite en aval du «
transfèrement » de la Faculté de Strasbourg à Nancy le 19 mars 1872 que fut
construit l’Hôpital Central entre 1879 et 1883, qui
s’appelait d’abord Hospices Civils de Nancy jusqu’en 1931. Au
lendemain de la libération, l’Hôpital Central
fut transformé en Centre Hospitalier Régional. Ensuite, en 1973, s’ouvrit
l'Hôpital de Brabois et en 1982, l'Hôpital d'Enfants.
Cet ensemble a été complété en 2012 par la fusion avec la Maternité Adolphe
Pinard qui avait ouvert ses portes en 1929 et plus
récemment encore avec l’absorption de la « Clinique de
traumatologie » ou « SINCAL » ou « Clinique Emile
Gallé ».
Ces deux ensembles facultaires et hospitaliers sont intimement liés depuis l’Ordonnance du 30 décembre 1958, qui a conduit à la création des centres hospitaliers régionaux et universitaires (CHRU). La gouvernance hospitalière a évolué parallèlement. Historiquement, la commission administrative gérait les hôpitaux et en son sein la communauté médicale n’avait aucune place réelle. En 1943, apparut la commission médicale consultative qui devint commission médicale d’établissement (CME) en 1987, afin d’acter que cette commission n'était pas seulement consultative, mais pouvait disposer de compétences attributives comme les choix médicaux.
Dans les CHU, la CME
est statutairement présidée par un Professeur. Qu’il me soit donné l’occasion
ici de rendre hommage à mes prédécesseurs : le Professeur
Jean-Marie GILGENKRANTZ, cardiologue, 1987-1991, le Professeur Adrien
DUPREZ 1991-1994, anatomo-pathologiste, le Professeur Michel SCHMITT 1994-2004,
chirurgien pédiatre viscéral, le Professeur Jean-Luc SCHMUTZ 2004 - 2012,
dermatologue, et le Professeur Michel CLAUDON, 2012-2018, radiologue et qui
présida aussi la conférence nationale des présidents de CME de CHU. Deux
d’entre eux sont malheureusement disparus
et présents dans les pages de cet ouvrage.
Puisse cette quatrième édition rester une source
d'inspiration pour les générations futures de Professeures et de Professeurs de
notre Faculté de Médecine...