1922-2010
ELOGE FUNEBRE
Pierre (Julien, Jean) Schoumacher est né à Metz le 16 février 1922. Il fit ses études secondaires au Lycée Fabert. A la suite de la débâcle de 1940 et de l’annexion de la Moselle, il passa son baccalauréat à Clermont-Ferrand. A 18 ans, il s’est installé à Nancy pour entreprendre le curriculum des études de médecine. Il réussit le concours d’externat des hôpitaux en 1943, puis celui d’internat des hôpitaux en 1947. Il a passé sa thèse le 2 avril 1954 sur le thème « De l’utilisation des radiations dans le diagnostic des tumeurs du sein », un sujet très novateur à l’époque et dans la ligne du diagnostic précoce ouverte par le Pr. Gros de Strasbourg.
La famille a trouvé après la mort du Dr. Schoumacher un document manuscrit personnel dans lequel sont relatés, de manière précise mais bien imagée aussi, des souvenirs d’études médicales et de stages hospitaliers au long des années de guerre et de celles qui suivirent immédiatement : ils donnent un bon témoignage de cette rude époque avec des repères historiques par spécialité. Ils attestent de la pauvreté de la médecine pendant la guerre et permettent de mesurer l’évolution foudroyante des moyens médicaux depuis lors. Ce document est fort intéressant et sera lu avec intérêt.
Le Docteur Schoumacher avait acquit en fin d’internat plusieurs certificats de médecine industrielle et de travail, de médecine légale, de biologie des sports, de génétique. Dix années de pérégrinations hospitalières et d’études diverses lui valurent l’acquisition d’une culture médicale très étendue avant son engagement en 1952 dans la spécialité d’électroradiologie et avant sa dévotion entière au Centre Régional de Radiothérapie qui devint en 1974 le Centre Alexis Vautrin du nom de son fondateur en 1924 (Centre Régional de Lutte contre le Cancer de Lorraine). Il y exercera successivement les fonctions d’interne, d’assistant, de chef de consultation, puis de chef du service de radiothérapie à partir de 1971, parallèlement à la chefferie de curiethérapie assurée par le Docteur Monique Pernot.
Le Docteur Schoumacher était de tempérament fort discret, ne s’imposant que par ses qualités car on ne pouvait pas ne pas remarquer ses connaissances étendues, son jugement clinique et sa réflexion scientifique. Elles furent bien utiles pour initier et accompagner le fabuleux développement de la spécialité radiologique à partir de 1955 tant en imagerie qu’en radiothérapie des cancers.
Le docteur Schoumacher s’imposait aussi pour l’enseignement : Chef de Laboratoire (de 1960 à 1969), Maître de Conférence (de 1969 à 1972), Chargé de Cours Complémentaires jusqu’à ce qu’une législation de limite d’âge lui interdise inopinément de passer le concours d’agrégation pour le poste que lui destinait le Doyen Beau en électroradiologie. Il poursuivit alors sa carrière universitaire comme Professeur Associé en assurant d’innombrables enseignements aux futurs médecins et spécialistes en cancérologie et en radiothérapie. Il contribua largement à la formation de jeunes radiothérapeutes qui essaimèrent plus tard leur compétence dans la région lorraine et au-delà, tel le Pr. Pierre Bey qui fut plus tard directeur du Centre Alexis Vautrin à Nancy, puis de la section clinique de l’Institut Curie à Paris.
On relève prés de 150 publications ou présentations scientifiques dont le Docteur Schoumacher assuma lui-même l’essentiel du travail. 89 d’entre elles sont répertoriées sur le site PubMed. Elles concernent les irradiations des cancers aéro-digestifs supérieurs, ceux du col utérin, du sein, et d’autres localisations plus rares dont il fallait alors évaluer de manière précise la radiosensibilité. Plusieurs concernent les irradiations avec l’accélérateur linéaire de 4 Mev qui fut installé, premier en France, à Nancy. On relève aussi plusieurs participations à des livres ou traités de radiothérapie entre 1953 et 1963.
Pierre Schoumacher partit en retraite en 1987 ; ce fut une retraite paisible consacrée à son épouse, à ses 4 enfants Christine, Jacques, Sylvie et Gilles et ses 8 petits enfants. Il est mort le 12 avril 2010 et fut enterré à Bar-le-Duc après des obsèques à l’église St. Jean. Tous ceux qui l’ont connu, consulté ou qui ont travaillé aves lui, gardent le souvenir de sa compétence, de sa rigueur scientifique, de sa disponibilité et de son humanité.
Professeur C. CHARDOT