STOLTZ Joseph

1er Doyen de la Faculté de médecine de Nancy

Doyen des deux Facultés

1803-1896

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ELOGE FUNEBRE

Au nom de la Faculté de médecine de Nancy, je viens remplir un pieux devoir en disant un suprême adieu à celui qui fut le premier doyen de cette Faculté, le dernier doyen de la Faculté de médecine française de Strasbourg.

Peu de carrières furent plus brillantes que celle de Stoltz. Agrégé à la Faculté de Strasbourg en 1829, il emporta de haute lutte, en 1834, à l'âge de 30 ans, après un brillant concours, la place de professeur d'accouchements et de clinique d'accouchements. En 1867, il était nommé doyen de la Faculté de médecine de Strasbourg.

Après la guerre de 1870, quand la vieille Faculté, dont il était une des gloires, fut transférée à Nancy, Stoltz, malgré son grand âge, n'hésita pas à aller présider aux destinées du nouvel établissement. En prenant possession de son poste, à la séance de rentrée des Facultés de Nancy, le 19 novembre 1872, il expliquait sa résolution dans les termes suivants : « C'est pour remplir un devoir sacré que le doyen a accompagné ses collègues de Strasbourg dans l'exil ; car sa carrière scientifique touche à sa fin. Il est résolu néanmoins de ne pas les quitter avant que des efforts communs aient créé, dans la ville qui nous a adoptés, un établissement qui puisse rivaliser avec celui qu'on élève sur les décombres du notre et avec nos dépouilles ». Stoltz a tenu parole, et si, en 1878, il a cru devoir se retirer pour se réfugier dans la retraite, il n'a jamais cessé de suivre avec intérêt les progrès de cette Faculté, dont il avait été le premier doyen, et il a eu la satisfaction de la voir prospère et brillante.

Dans sa longue carrière de prés d'un siècle, Stoltz a su acquérir, à la fois dans le monde scientifique et dans le public, une autorité que rien n'est jamais venu  ébranler. Ses travaux scientifiques, remarquables par la précision et la rigueur de l'observation, ont fait de lui l'un des premiers accoucheurs de son temps, peut-être même le premier. Les succès de sa pratique, son habileté reconnue dans les opérations obstétricales, ont porté au loin sa renommée et ont fait de lui l'homme providentiel qu'appelaient auprès d'elles les plus hautes personnalités.

Les honneurs ne lui ont pas manqué. Associé national de l'Académie de médecine, membre de plusieurs sociétés scientifiques étrangères, conseiller général du Bas-Rhin, conseiller municipal de Strasbourg, commandeur de la Légion d'honneur, Stoltz a tenu partout une grande place.

Cette autorité si haute, qui l'entourait comme d'une auréole, il l'a conservée jusque dans son  extrême vieillesse. Lorsque, après une vie de travail et d'honneur, il est venu chercher la retraite dans sa ville natale,  dans  son cher Andlau, il n'a pu se dérober aux manifestations de respectueuse  sympathie  qui, de tous côtés, allaient l'y chercher. Ses amis, ses collègues, ses anciens élèves, ceux (et ils étaient nombreux) qui avaient envers lui une dette de reconnaissance, étaient heureux de venir le troubler dans sa solitude.  Ses compatriotes  considéraient  avec respect et orgueil ce patriarche, dont la simplicité de vie contrastait avec la glorieuse carrière.

Stoltz, par un rare privilège, a conservé jusqu'à la fin une intelligence intacte et lucide, et une santé physique, sur laquelle les années n'ont eu que peu de prise. Il est entré dans l'éternel repos ; mais son oeuvre vivra, son nom restera gravé dans le livre de la science. Nous tous qui l'avons connu et aimé, nous garderons le souvenir de ce vieillard à la haute stature, au visage bienveillant sous son apparente froideur, qui était surtout de la timidité. Nous conserverons sous les yeux l'exemple qu'il nous a légué d'une longue vie dont le but n'a jamais varié, d'une haute intelligence servie par une forte volonté. Nous nous rappellerons que, dans les jours sombres de notre histoire, il fut patriote, que plus tard, dans nos luttes politiques, il sut sauvegarder, par sa courageuse attitude, l'indépendance du personnel dont il avait la direction. Nous nous inclinons devant cette grande figure, et nous déposons sur la tombe de Stoltz les témoignages de respect de ceux qui s'efforcent de continuer dignement son oeuvre.

Professeur A. HERRGOTT