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Le fonds ancien de la bibliothèque de la faculté de médecine de Nancy

 

G. PERCEBOIS

 

Texte paru dans le Bulletin de l’Académie et Société lorraines des Sciences (1998)

 

Le fonds ancien de la bibliothèque de la faculté de médecine de Nancy, sans être des plus prestigieux, mérite cependant de sortir de l'ombre. Examinant chaque livre, d'un rayon à l'autre, nous en avons dressé une liste détaillée. Par un commentaire nécessairement restreint et quelques illustrations, nous tenterons d'esquisser la nature et l'importance de ce fonds et d'évoquer ainsi l'évolution de la médecine et de l'édition du livre médical de 1502 à 1850 environ.

 

Les origines

 

Les origines de ce fonds ancien ne peuvent être que partiellement déterminées. Le transfèrement de la faculté de Strasbourg à Nancy en 1872 n'intervint qu'en suscitant des dons rendus nécessaires pour constituer une bibliothèque que les Strasbourgeois n'avaient pu amener et qui n'existait qu'à l'état d'embryon à l'Ecole secondaire de médecine créée à Nancy, officiellement, cinquante ans plus tôt ; de même le Collège de médecine (1752) et le Collège de chirurgie (1770) ne semblent pas avoir eu un rôle direct dans sa formation.

Une liste d'ouvrages légués à la faculté de médecine de Pont-à-Mousson, aïeule lointaine de notre faculté (1592), par Marc BAROT en 1678, liste rapportée par P. PILLEMENT dans la Revue médicale de l'Est (1909, 41) présente bien quelques ouvrages identiques à ceux que nous conservons sur nos rayonnages mais une filiation n'en ressort pas pour autant.

Des dons contribuèrent à sa formation ; certains figurent dans les registres de la faculté et furent évoqués lors de discours prononcés à l'occasion des rentrées universitaires ; ainsi, le doyen STOLTZ rapporte que le doyen honoraire de la faculté des sciences, le Docteur GODRON a donné sa bibliothèque médicale, le Professeur TOURDES « des ouvrages anciens », la famille SIMONIN à la mort de l'ancien directeur de l'Ecole de médecine, 2000 volumes dont « un grand nombre d'anciens » etc...

Seuls les ouvrages portant un ex-dono permettent d'apprécier l'importance de certains apports. Ainsi, en 1877, le colonel BOULLIGNY fit don d'ouvrages provenant de la bibliothèque du Docteur Victor COLIN BOULLIGNY (4 ouvrages du XVIIIe siècle et d'autres du XIXe) l'ex-dono de la famille CHAMPION-NEVE, de Bar-le-Duc, figure sur 4 volumes du XVIe, 40 volumes du XVIIe, 184 volumes du XVIIIe siècle, etc... (le Docteur CHAMPION fut médecin et chirurgien chef de l'hôpital de Bar-le-Duc en 1819 ; le Docteur NEVE, qui mourut en 1874, était son neveu). Le don de la famille du Professeur J.B. SIMONIN, ancien directeur de l'Ecole de médecine, est le plus conséquent : 16 volumes du XVIe, 44 du XVIIe, 355 du XVIIIe siècle, etc...

L'étude attentive des ex-libris, gravés et manuscrits, qui ornent beaucoup de ces ouvrages, n'apporte que quelques indices supplémentaires sur la constitution de ce fonds.

 

Les éditions du XVIe siècle

 

Les livres les plus anciens de ce fonds sont deux in-folio, l'un édité en 1502, à Venise l'autre, une réimpression du précédent faite à Lyon, en 1515, par Etienne BALAND.   

Les deux ont le même titre, à quelques variantes près : Mesue cum ex-positione Mondini, super canones universales... ; ils sont en latin, en caractères gothiques sur deux colonnes. Le plus ancien présente, à côté de majuscules ornées, des lettres d'attente ; la page de titre est discrète, origine et date d'impression de l'ouvrage se trouvant au colophon, en dernière page. A noter un ex-libris  manuscrit : De CHAZELLES, Président à mortier du Parlement de Metz. 1761.

Le second ouvrage s'ouvre sur une belle page de titre, aux caractères gothiques rouges et noirs, encadrés de bandeaux à motifs floraux, ornée d'un bois gravé En fin d'ouvrage, le colophon est accompagné de la marque de E. BALAND, un bois gravé « à l'ange ».

MESUE, classique pendant tout le Moyen-âge, fut édité et commenté jusqu'au XVIIe siècle. Nous conservons un exemplaire de la dernière édition faite à Venise en 1623.

Ces éditions sont enrichies d'additions : celles du XIIIe siècle de Pierre d'ABANO et de François de PIEMONT, l’antidotarium de Nicolas de SALERNE, le liber servitoris  d'ABULCASIS, le Compendium aromatorium  de SALADIN d'ASCOLI, etc...

Un peu plus tardive, une édition de la Practica de Joannes SERAPION (Lyon, Jacob Myt, 1525) présente une page de titre plus ornée dont l'illustration se veut un résumé du contenu de l'ouvrage des figurines évoquent SERAPION, PLATEARIUS, et PETRUS HISPANUS, dont les écrits voisinent avec un livre de GALIEN. Quatre bandeaux, entourant le titre latin en caractères gothiques rouges et noirs, semblent illustrer le texte de SERAPION dont l'exposé des vertus des plantes et des animaux voisine avec des histoires fabuleuses.

L'attrait exercé par GALIEN et par le galénisme créé par ORIBASE au IVe siècle, développé par AETIUS, ALEXANDRE de TRALLES, PAUL d'EGINE, puis par les auteurs arabes, se reflète dans nos collections. Nous devons à GUINTER d'ANDERNACH (1487-1574), qui souhaitait rendre à ALEXANDRE de TRALLES son ancienne splendeur, une édition gréco-latine des douze livres de cet auteur du VIe siècle (Bâle, 1556) avec les corrections de Jacques GOUPYL, ainsi qu'une édition latine de PAUL d'EGINE (VIIe siècle) De Re Medica due aux soins de Simon de COLINES dont la marque : le Temps maniant sa faux, orne la page de titre.

Guillaume ROUILLE édita (Lyon, 1567) les œuvres de PAUL annotées par GUINTER mais aussi par CORNARIUS, J. GOUPYL et J. DALECHAMPS. Luthérien, GUINTER, bien que protégé par François 1er, dut fuir Paris il se réfugia à Metz, puis à Strasbourg.

La « bible » des médecins arabes et de nos scolastiques fut longtemps le Canon d'AVICENNE. Nous conservons une édition bâloise de 1556 dont la traduction latine de Gérard de CREMONE fut revue et complétée par André ALPAGO.

De GALIEN, CRATANDER donna à Bâle en 1529, en un fort in-folio, des traductions latines commentées par ERASME, LINACRE, COPP, LAURENTIUS, LEONICENE, etc En 1543, Christian WECHEL édite De paratu facilibus, interprété par GUINTER d'ANDERNACH et par Jacques HOULLIER. Trois ans auparavant, cet éditeur de Paris avait ajouté à son imprimerie « à l'écu de Bâle » une autre maison à l'enseigne du Pégase ; aussi trouve-t-on sur la page de titre de cet ouvrage deux mains soutenant un caducée, deux cornes d'abondance et, surmontant le tout, le cheval ailé (fig. 1).

 

Fig. 1

La marque de Wechel

 

Mais surtout, de ses éditions de GALIEN, il faut citer la très belle traduction latine donnée par la célèbre maison vénitienne JUNTE ; nous possédons la 5ème édition, celle de 1576 ; chaque livre est orné d'une même page de titre très riche en images. On y voit GALIEN au chevet de l'empereur ANTONIN, GALIEN disséquant une truie devant une assistance où figure ALEXANDRE de TRALLES ; trois vignettes illustrent l'épistaxis, la prise du pouls, la saignée ; trois autres montrent ESCULAPE inspirant le père de GALIEN, origine de sa vocation, GALIEN et ses confrères, GALIEN palpant un hépatique (fig. 2).

 

Fig. 2

La page de titre des livres de Galien (Junte, 1576)

 

Les humanistes n'acceptent plus de recevoir la médecine hippocratico-galénique et byzantine au travers des traductions latines d'ouvrages arabes, eux-mêmes venus du grec par l'intermédiaire du syriaque, de l'hébreu ou du persan. L'accès direct aux sources de l'Antiquité est devenu indispensable.

C'est peut-être ce qui explique le succès de CELSE (le s.) compilateur romain de la médecine grecque qui résume en huit livres l'art de guérir de l'Antiquité. Christian WECHEL donne à Paris, en 1529, une édition ornée d'un frontispice figurent DIONYSOS et surtout CLEOPATRE (De Re Medica).

Certains éditeurs sentent la nécessité de réunir en un même ouvrage des œuvres de médecins et chirurgiens de l'Antiquité, comme les ALDE (MANUCE), dont la marque bien connue : un dauphin enroulé sur une ancre (fig. 3), orne la page de titre d'un bel in-folio :  medici antiqui omnes... paru à Venise, en 1547 qui rassemble des textes de CELSE, SERENUS, TROTULA, MARCELLUS EMPIRICUS, SCRIBONIUS LARGUS, SORANOS d'EPHESE, PLINE, etc... Un autre ouvrage édité à Bâle, en 1581, à l'initiative de GRASSI, réunit des traductions latines d'auteurs de la Grèce antique : medici antiqui graeci.

 

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Fig. 3

La Marque des Alde (Manuce)

 

Henri ESTIENNE édita à Genève, en 1567, en deux volumes in-folio, des écrits grecs et latins de médecins postérieurs à HIPPOCRATE et GALIEN. Et GESSNER, à Zurich, fit paraître en 1555, en un même volume des œuvres de chirurgiens réputés il se plut à faire voisiner des antiques tels GALIEN ou ORIBASE dont le De rachinamentis traduit en latin par GUIDO GUIDI est illustré, avec des « modernes » comme Jacques HOULLIER, Jean TAGAULT, MAGGI, FERRI, etc... (chirurgia).

MANARDI (1462-1536), médecin à Ferrare, avait publié en 1525 des lettres sur divers sujets médicaux de l'Antiquité ; RABELAIS les fit éditer chez Sébastien GRYPHE (Lyon, 1532). Nous conservons ces epistolarium medicinalium dans leur édition de 1535 parue à Bâle chez Jean BEBEL.

Autre aspect de la vénération qu'inspire la Grèce, l'ouvrage de HIERONYME MERCURIALI : De Arte Gymnastica, dont nous avons la seconde édition (Venise, Junte, 1573) ornée de très beaux bois gravés illustrant les exercices auxquels se livraient les athlètes grecs antiques (fig. 4). La page de titre arbore le lys des JUNTE flanqué des lettres L.A., initiales du fondateur de la dynastie : Luc, Antoine.

 

Fig.4

De Arts gymnastica (H. Mercuriali)

 

Les écrits d'HIPPOCRATE sont également l'objet de commentaires et interprétations en particulier par Jacques HOULLIER et l'éditeur JACOT, ouvrage que le lyonnais G. ROUILLE fait paraître en 1576 ; mais, surtout, l'une des meilleures manifestations de l'attachement des érudits de la Renaissance à l'étude directe des œuvres de l'Antiquité est réalisée par le messin Anuce FOES qui consacra quarante années à l'étude des écrits d'HIPPOCRATE (fig. 5).

 

Fig 5

Effigie de A. Foes

 

Né à Metz en 1528, FOES alla étudier à Paris où sa parfaite connaissance des langues anciennes lui valut l'estime de HOULLIER et de GOUPYL. Ils obtinrent pour lui, de FERNEL, qu'il put recopier trois très anciens manuscrits d'HIPPOCRATE conservés à la bibliothèque de Fontainebleau et lui procurèrent une copie du manuscrit du Vatican. Sans fortune, il ne put rester à Paris après obtention de son diplôme de bachelier. De retour à Metz, il fut médecin de la ville, emploi qu'avaient occupé avant lui GUINTER d'ANDERNACH et A. LACUNA.

Jamais il n'abandonna l'étude critique d'HIPPOCRATE. En 1560, il fit paraître à Bâle Hippocrates Coi liber Secundus qu'il dédia, sur les conseils de LE POIS, au duc de Lorraine. L'année suivante, il publia sa Pharmacopoeia précédée d'une épître à Charles III, duc de Lorraine, et d'une adresse au Sénat et au peuple de Metz ; en 1588, il donna un lexique médico-philosophique qui fut longtemps utilisé : Oeconomia Hippocratis alphabeti Série distincta... (Francfort, héritiers d’A. WECHEL) dans lequel il confronte termes obscurs ou équivoques de l'œuvre d'HIPPOCRATE aux manuscrits et aux auteurs de l'ancienne Grèce. Enfin, en 1595, année de sa mort, paraît à Francfort la très célèbre édition gréco-latine de l'œuvre d'HIPPOCRATE monument d'érudition souvent réédité.

 

A côté d'ouvrages rédigés en latin ou plus rarement en grec, commencent à paraître des livres écrits en français. Suivant l'exemple de l'Italie, quoiqu’avec un grand retard sur DANTE et PETRARQUE, les réactions en faveur de la langue nationale naissent dans tous les domaines ; rappelons le manifeste du Champfleury de Geoffroy TORY (1529), l'ordonnance royale de Villers-Cotterêts (10 août 1539) : François 1er stipulant que les actes et opérations de justice se feront dès lors en français (art. 110-111), la campagne de la Pléiade (défense et illustration de la langue française, Du BELLAY, 1549). Le même mouvement créé en médecine s'observe dans nos collections. Nous conservons une édition des ateliers lyonnais de Benoist BOUNYN, en 1525, traduction française des œuvres de Jean de VIGO à l'intention des chirurgiens (qui ne possédaient pas le latin) par Nicolas GODIN qui connut un grand succès comme en témoignent les rééditions successives (fig. 6). Nous avons aussi celle réalisée par Oudin PETIT à Paris, en 1542, sous une présentation plus modeste et en caractères romains.

 

Fig. 6

De Vigo en français (1525)

 

Mais c'est surtout Jean CANAPPE, médecin de François 1er, professant la chirurgie à Lyon, qui s'attacha particulièrement à traduire en français divers auteurs dont GALIEN qu'Ambroise PARE se félicitera d'avoir lu grâce à lui.

Nous conservons le « deuxiesme livre... intitulé l'art curatoire à Glaucon..., le troisiesme..., le quatriesme..., le cinquiesme..., le sixiesme..., le tresiesme et le quatorziesme livre de la méthode thérapeutique de Claude GALIEN », imprimés à Lyon en 1538 et 1539 par Jean BARBOU pour Guillaume de GUELQUES et traduits par CANAPPE (signant aussi Philiatros). Notons, dans le quatrième livre, deux dessins d'instruments chirurgicaux : le glotottomon et le syringotome attribués à RABELAIS.

 

Mais les médecins de la Renaissance ne sont pas seulement tournés vers l'Antiquité, certains aidés par les circonstances s'appliquent à développer leur art par la pratique et l'observation.

Ainsi, les dissections n'étant plus considérées comme sacrilèges se développent ; les erreurs anatomiques commises par les Anciens, GALIEN en particulier, sont dénoncées.

L'apparition des armes à feu, au XVe siècle, entraînant des blessures nouvelles amène à revoir les traitements chirurgicaux.

La faculté de Nancy ne possède guère d'ouvrages d'anatomie édités au XVIe siècle, mais l'Alphabet anatomie de Barthelemy CABROL, premier titulaire de l'emploi de démonstrateur à Montpellier, mérite d'être cité (TOURNON, 1594).

Depuis le Moyen-âge, les chirurgiens n'avaient qu'un seul guide ou guidon : Guy de CHAULIAC (1300 ? - 1368). Jean CANAPPE traduit en français, en 1538, le guidon ... pour les barbiers et chirurgiens dont nous avons une réédition de 1571 (Paris - Jean RUELLE) et Estienne MICHEL fait paraître, en 1580 et 1584, une édition interprétée et annotée par Laurent JOUBERT et son fils Isaac de la Grande chirurgie qui présente des instruments empruntés à Ambroise PARE mais la Practica de Jean de VIGO (1460-1525) éditée à Rome en 1514 connut un succès considérable nous conservons une édition latine de 1582 outre les traductions françaises.

Pierre FRANCO (1506? - 1579?) est alors l'égal des plus grands en ce qui concerne le traitement des hernies et de la cataracte ou l'extraction de la pierre ; nous conservons une réédition d'un ouvrage paru en 1556 (Lyon, Thibauld PAYAN, 1561) illustré d'instruments.

Le traitement des plaies d'arquebusades donne lieu à controverses. La manière de Laurent JOUBERT (1529-1583) est critiquée par DU CHESNE, par VAYRAS ; elle est défendue par Tannequin GUILLAUMET. Nous conservons, de Joseph DU CHESNE, le traité de la cure des arcbusades (sic), paru à Lyon chez Jean LERTOUT,  en 1576 ; il est relié avec la réplique faite à « maistre Jacques VAIRAS » par Tannequin GUILLAUMET (Lyon, Jean POYET, 1590). Le traitement des plaies est aussi le sujet d'un ouvrage groupant les écrits de Bartholomeo MAGGI, J.F. ROTA, Alphonse FERRI (inventeur d'un tire-balle : l'alphonsin), Léonard BOTAL : De Sclopettorum... (Venise, 1566).

Du grand Ambroise PARE (1509? - 1590), rénovateur de la chirurgie, nous avons des éditions du XVIIe siècle, mais du XVIe nous ne conservons qu'un in-folio illustré (Francfort, 1594) traduit en latin (que PARE ignorait) par GUILLEMEAU si l'on se réfère au titre (en fait par Jean HAUTIN). PARE y figure, la barbe en pointe, une collerette à godrons, le manteau sur l'épaule gauche (fig. 7). De son élève et ami Pierre PIGRAY nous gardons la chirurgie... en douze livres (Paris, JAMET et Pierre METTAIER, 1600).

 

Fig.7

Effigie de A. Paré

 

Ancien doyen de la faculté de Paris, Jean TAGAULT candidat à la chaire de chirurgie que François 1er venait de fonder au Collège royal rédigea en hâte un traité de chirurgie, en latin, qui parut chez Ch. WECHEL (1543) mais trop tard, l'emploi ayant été attribué à Guido GUIDI. La faculté de Nancy possède un exemplaire de la version française de cet ouvrage. L'illustration de ces Institutions chirurgiques... (Lyon, G. ROUILLE, 1549) est, en partie, inspirée du Feldbuch der Wundartzney de GERSDORF, de 1517; on y voit (p. 240) une gravure, peu modifiée, intitulée : « comment il fault tirer une plombée... » (fig. 7) ; on la retrouve, plus proche du modèle, dans le texte de TAGAULT que publie GESSNER en 1555 (p. 55) (fig. 8) ; elle voisine avec « l'homme aux multiples blessures », autre emprunt à GERSDORF.

 

            

Fig. 8                                                                     Fig. 9

Extraction de projectiles (Tagault)

 

La scène d'extraction de projectile fut aussi utilisée par Andrea della CROCE dans son ouvrage Cirurgia universale e perfetta (Venise, Ziletti, 1573) (fig. 10) ; ce traité fut plusieurs fois édité jusqu'à la fin du XVIIe siècle. Nous avons l'édition de 1583 illustrée de gravures sur bois, en particulier de scènes de trépanation où l'artiste s'est plu à mêler quelques détails familiers contrastant avec la gravité des situations (fig. 11).

Fig. 10

Extraction de flèche (A. della Croce)

 

Fig.11

Cirurgia universale e perfetta

Trépanation (A. della Croce)

 

L'un des premiers traités de chirurgie plastique est dû au célèbre chirurgien de Bologne, TAGLIACOZZI (1545-1599). Nous possédons deux exemplaires de sa cheirurgia nova... de narium, aurium, labium rumque defectu, per insitionem cutis ex humero... parue à Francfort, en 1598, réédition in-octavo d'un très bel in-folio publié l'année précédente chez G. BINDONI à Venise. Vingt-deux bois gravés indiquent les instruments et la technique des autogreffes à partir de la peau du bras maintenue au contact du nez, de l'oreille ou de la lèvre à restaurer (fig. 12).

 

Fig.12

Chirurgie nova (Tagliacozzi)

 

Autre préoccupation des médecins de l'époque, le mal napolitain ou mal français apparu au siècle précédent, nommé Syphilis depuis un poème de FRACASTOR (1530), est rappelé dans De Sclopettorum... CAPIVACCIUS de Padoue, en le traitant devint riche et célèbre ; nous conservons sa practica medicina publiée par les soins de J.H. BEYER (Francfort, 1594). CHAUMETTE fit imprimer à Lyon, chez Loys CLOQUEMIN (1571) son Enchiridion destiné aux chirurgiens pour les aider à pratiquer leur art et soigner (sinon guérir) la vérole. Dans un même but, Jean BEBEL édita en 1536, à Bâle, un ouvrage réunissant les écrits de P.A. MATTHIOLE, J. ALMENAR, N. MASSA, N. POLL, VITTORI.

 

L'obstétrique bénéficie alors d'une meilleure connaissance anatomique. Parmi les ouvrages de cette époque, celui de Jacob RUEFF ein schoen lustig Trostbuchle... (fig. 13 et 14) paru à Zurich en 1553, dont nous avons l'édition sortie des presses de Christoffel FROSCHOVER l'année suivante, présente d'attachantes gravures sur bois. A côté de fœtus, de monstres et d'instruments, on découvre des scènes charmantes. Ici, devant la parturiente assise, soutenue par deux femmes, une matrone s'active là, l'accouchée repose dans un lit à baldaquin, un enfant joue près du berceau, tandis qu'on baigne le nouveau-né.

 

     

Fig. 13                                                                   Fig. 14

ein schoen lustig Trostbuchle... (J. Rueff)

Les ressources de la nature et leur utilisation à des fins thérapeutiques sont aussi mieux connues. La pharmacologie de DIOSCORIDE, parue au 1er siècle, classique pendant tout le Moyen-âge, sera réimprimée, commentée et enrichie et deviendra l'encyclopédie pharmacologique de la Renaissance. Plusieurs centaines de gravures sur bois de plantes et d'animaux illustrent l'édition que donna, en 1579, G. ROUILLE à Lyon, des six livres de la matière médecinale de DIOSCORIDE commentés par MATTHIOLE, traduits du latin en français par Jean DESMOULINS, qui s'ouvre sur une page de titre au décor foisonnant, dans lequel se cache la marque de l'éditeur : l'aigle aux ailes déployées surmontant deux serpents. Près de vingt ans plus tard, le lyonnais Jean Antoine SARRASIN donna une édition gréco-latine de DIOSCORIDE, parue l'année de sa mort (1598), à Francfort, chez les héritiers d’A. WECHEL.

Médecin et botaniste attaché au Consul de Venise, Prospero ALPINI séjourna au Caire de 1580 à 1583, il y fit d'utiles observations sur les usages, la médecine et l'histoire naturelle de l'Egypte. Professeur à Padoue, après avoir été médecin de la flotte d'Espagne, il rédigea de Medicina Aegyptorum paru à Venise en 1591.

Sollicité par son ami l'imprimeur van der LOE qui avait acquis des planches de botanique de Leonart FUCHS, le hollandais Rembert DODOENS y adjoignit un texte. Ce fut la base d'un herbier publié en 1553. Plus tard, DODOENS se lia avec PLANTIN, aux vues plus larges, qui ajoutant des planches empruntées à de l'ECLUSE, à LOBEZ de Lille, obtint un ouvrage plus conséquent, le Stirpium historiae dont nous possédons l'édition de 1583.

Un bel in-folio se différencie de ceux de nos collections par sa page de titre s'étale une large gravure sur bois représentant un malade, ses médecins, un jardin de plantes médicinales, un apothicaire s'activant devant une série de cornues. Le titre Ein neu Artzney Buch... est en beaux caractères gothiques noirs et rouges. Œuvre de WIRSUNG, cet ouvrage a été imprimé à Neustatt an der Hardt en 1588.

D'autres titres pourraient être rapportés tels le Conti.nens omnia nomina herbarum de Otto BRUNFELS paru chez Jean SCHOTT à Strasbourg en 1534, ou, de Marsile FICIN (1433-1499), célèbre platonicien florentin, deux exemplaires intitulés de vites librii tres ; l'un édité par Vivant GAULTEROT, à Paris en 1547, l'autre, par Guillaume ROUILLE à Lyon en 1560, qui a la particularité de porter l'ex-libris des petits carmes déchaussés de Metz.

Le de venenis de Sante ARDOINI religieux et médecin vénitien du siècle précédent, réunissant des histoires médicales et populaires de poisons, dont nous gardons l'édition de Bâle, 1562, mérite aussi notre attention.

De même, les medicinalium observationum librii tres de Josse van LOMM, élève et ami de FERNEL, réédité une douzaine de fois dont nous avons l'édition de 1560 portant la marque de Christophe PLANTIN, le compas à la pointe fixe et l'autre mobile et sa devise « labore et constantia ».

 

Les livres édités au XVIIe siècle

 

Les écrits des auteurs de l'Antiquité, surtout d'HIPPOCRATE, de GALIEN et des arabes, sont encore traduits et commentés. Parfois il ne s'agit que de rééditions d'ouvrages du siècle précédent.

Ainsi, nous avons une réédition (1616) de l'animalium natura... d'ELIEN donnée à Zurich, en 1556, par Pierre GILLES et Conrad GESNER dans une version gréco-latine ; et de Georges HENISCH, une traduction commentée d'ARETEE de Cappadoce publiée en 1603 à Augsbourg.

Le Régime de Santé de l'Ecole de Salerne par Michel LELONG est réédité pour la quatrième fois en 1649 (Paris) ; cette école réputée est le sujet des réflexions de René MOREAU (Paris, 1672).

Juif, le portugais AMATO dû se réfugier en Italie. Nous avons de lui une édition bordelaise de 1620 d'un livre paru à Florence en 1551 : curationum medicinalium qui témoigne d'une grande connaissance d'HIPPOCRATE, de GALIEN et des arabes, en même temps que de l'art de son temps.

Guido GUIDI (1500-1569) publia en 1554 chirurgia e graeco in latinum conversa que François LEFEVRE traduisit : les anciens et renommés autheurs... paru chez G. ROUILLE à Lyon en 1555. Nous conservons une édition parisienne de 1634 de cette traduction d'HIPPOCRATE, GALIEN et ORIBASE.

Jean BRECHE fit paraître, en 1550, les Aphorismes d'HIPPOCRATE et un commentaire de GALIEN ; ce livre figure sur nos rayons dans l'édition de Paris, 1627.

On doit à la maison vénitienne JUNTE, des rééditions annotées par Jean COSTEO (mort en 1603) du Canon d'AVICENNE dans sa traduction latine due à Gérard de CREMONE revue par André ALPAGO et Benoit RICCIO (1608), ainsi que des écrits commentés de MESUE.

GALIEN, vu par Santorio SANCTORIUS, reparaît à Lyon en 1632. Andrès de LAGUNA, apprécié des messins lors de son séjour dans leur ville, donna à Venise en 1548 un Epitome de GALIEN réédité à Strasbourg par Lazare ZETZNER (1604).

HIPPOCRATE fait l'objet, dans nos collections, d'une douzaine d'ouvrages dont celui du champenois LE MAISTRE (1613), médecin de Gaston d'ORLÉANS qu'il accompagna en Lorraine, celui de PORZIO, dédié à Christine de Suède (Rome, 1681), l'édition posthume de MERCURIALI (1621), celle de TOZZI (1693) qui s'ouvre sur un frontispice allégorique de F. MIOTTE où Naples s'étire au fond de sa baie, et surtout, l'œuvre inégalée du messin Anuce FOES, rééditée à Genève chez S. CHOUET, en 1657 et 1662 (pour son Oeconomia).

Il faudrait encore citer l'édition gréco-latine complète des œuvres d'HIPPOCRATE et de GALIEN que René CHARTIER (1572-1654) eut le courage d'entreprendre, qu'il ne put achever car elle l'avait ruiné et dont les treize tomes sont réunis en neuf volumes in-folio qui s'ouvrent sur un frontispice de A. ROUSSELET où figurent Louis XIII, Richelieu et le Dauphin (Paris, 1638, 1639, 1679, 1689) (fig. 15).

 

Fig. 15

Frontispice R. Chartier : Hippocrate, Galien

 

Toute (ou presque) la botanique médicale connue au XVIe siècle est résumée dans les six livres de DIOSCORIDE sur la matière médicale commentés par P.A. MATTHIOLE (1501-1577) l'édition de Lyon, 1680, est traduite par Antoine DU PINET.

L'Alphabet anatomic de CABROL continue à être édité (Lyon, 1624) malgré le succès de la semaine ou pratique anatomique de Nicolas HABICOT (mort en 1624) divisée en seize leçons dont deux devaient être faites chaque jour, ce qui permettait de démontrer presque toute l'anatomie sur un seul cadavre ; nous avons l'édition de Paris, 1660, de cet ouvrage paru en 1610.

Les œuvres de André DU LAURENS (mort en 1609), recueillies et traduites par Théophile GELEE, font l'objet d'un très bel in-folio sorti des presses rouennaises de R. du Petit-Val, en 1621 ; s'ouvrant sur un frontispice dû à C.D. MALLERI, orné d'un portrait de l'auteur (à 39 ans), l'ouvrage à la très belle typographie, est enrichi de lettres ornées et de vingt-six magnifiques planches inspirées de VESALE à travers GUILLEMEAU ; elles furent regravées, deux sont signées J. de WEERT.

De VESALE, on peut regretter de n'avoir pas l'édition princeps de sa Fabrica publiée en 1543 même si nous conservons une édition vénitienne de 1604, bel in-folio où l'on retrouve le frontispice bien connu gravé par F. VALEGI, le portrait de l'auteur et les célèbres planches anatomiques.

Les chirurgiens lisent encore Guy de CHAULIAC (XIVe siècle) sa grande chirurgie « restituée » par Laurent JOUBERT est de nouveau imprimée (Lyon, 1641) ; les « remarques » qu'il inspira à Jean FAUCON (mort en 1532) eurent une édition posthume en français (Lyon, 1649) ; il est commenté par François RANCHIN (Rouen, 1628), par Simon MINGELOUSAULX (Bordeaux 1672).

De même, la chirurgie française... de Jacques DALECHAMPS, de 1569, traduction d'écrits de Paul d'EGINE enrichie de notes puisées dans CELSE, HIPPOCRATE, GALIEN, ABULCASIS, AVICENNE, AETIUS, etc...  est rééditée chez Olivier de VARENNES par Jean GIRAULT (1610).

 La chirurgie de PARACELSE (1493-1541) traduite en français par Claude DARIOT, de Beaune (mort en 1594), éditée d'abord à Lyon, en 1593, est rééditée à Montbéliard, en 1608.

Nous conservons plusieurs éditions posthumes, tardives, des œuvres d'Ambroise  (mort en 1590) : la sixième, due à Nicolas BUON (Paris, 1607), la septième avec son portrait par A. VALLEE (1585), sortie des ateliers de Barthelemy MACE (Paris, 1614), la huitième enrichie du traité des fièvres (œuvre médicale que GOURMELEN reprochera au chirurgien) son portrait par G. HORBECK (1584) (fig. 16) diffère du précédent par quelques détails (ces deux cuivres étant de meilleure facture que la méchante gravure sur bois évoquée dans les éditions du XVIe siècle) (Paris, N. BUON, 1628), la douzième (Lyon, J. GREGOIRE, 1664) et, enfin, un exemplaire manque la page de titre ; PARE rapporte la manière de réduire la luxation de l'épaule qu'il tient de « l'astuce et invention du chirurgien de Monseigneur le duc de Lorraine, nommé Nicolas PICART » (p. 564, sauf édition de 1664 : p. 365) ; il relate son voyage à Metz (page 1205 et s. ; édition de 1664 : p. 786 et s.).

Fig. 16

Portrait de A. Paré

 

De GOURMELEN, qui se voulut l'ennemi juré de PARE dont les écrits avaient ruiné sa synopsis chirurgiae traduite en français par André MALEZIEU (1571), nous gardons les œuvres posthumes transmises par Germain COURTIN, publiées par G. METURAS (Paris, 1647).

On trouve sur nos rayons, de Pierre PIGRAY disciple et émule de PARE, premier chirurgien de Henri IV et Louis XIII, mort en 1613, deux exemplaires de son Epitome des préceptes de médecine et chirurgie..., l'un de Rouen (1634), l'autre de Lyon (1673) ainsi qu'une édition (Paris, 1600) de la chirurgie mise en théorique et pratique... portant ces inscriptions émouvantes : « je commance à faire mon apprentissage le 21 may 1696, faite par moy Jean didier à Vassy » - « apprenty chez Mtre HUTIN, Mtre Chirurgien à WASSY ».

Félix WURTZ (ou WIRTZ) (1518-1574), chirurgien suisse, servit comme A. PARE au cours de nombreuses guerres. Rudolf, son fils, chirurgien à Strasbourg, fit paraître sa chirurgie que SAUVIN traduisit en français (Paris, 1672).

De Germain COURTIN, qui forma les meilleurs chirurgiens de son temps, nous avons les leçons faites de 1578 à 1587, recueillies par Etienne BINET, publiées en 1612 ; d'autres ont été jointes aux œuvres de chirurgie de Jacques GUILLEMEAU (Rouen, 1649).

L'un des plus célèbres médecins du XVIe siècle, le GALIEN moderne, Jean FERNEL, (mort en 1558) est l'auteur de Universa medicina qui supplanta le Canon d'AVICENNE et devint peu à peu le manuel d'enseignement, par excellence, jusqu'au XVIIIe siècle. Nous avons plusieurs éditions, toutes posthumes, enrichies d'annotations et d'une relation de la vie de FERNEL par Guillaume PLANCY qui épousa la nièce du maître et vécut dix ans avec lui (Genève, 1637) ; d'autres, plus tardives ont été complétées par les commentaires de Jean et Otton de HEURN (Utrecht, 1656) (Genève, 1679) ; l'édition de 1656 possède un frontispice (J. van ULFT, pinx. Th. Matham, sc.) FERNEL est figuré entouré de ces deux professeurs réputés de Leyde (fig.  17)

 

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Fig. 17

Frontispice : Fernel entouré de J. et O. de Heurn

 

Les observationum medicarum rariorum de Jean SCHENCK, de Grafenberg (1530-1598) sont rééditées à Lyon chez J.A. HUGUETAN en 1643. Dans la même ville, chez P. RAVAUD, parait en 1628 une édition de la medicina practica de Martin RULAND (mort en 1602) qui avait déjà été publiée en 1567 à Strasbourg, chez Josias RIHELIUS.

Thierry de HERY, ami d'enfance de PARE, et compagnon de François 1er lors des expéditions d'Italie, est l'auteur du premier livre écrit en français sur la syphilis (1552) qu'il traite par frictions mercurielles sa méthode curatoire de la maladie vénérienne vulgairement appelée grosse verolle... est rééditée à Paris, en 1660.

Le premier livre classique consacré à la césarienne est dû à François ROUSSET son hystero tomotokie ou enfantement césarien parut, à Paris, en 1581 ; il fut traduit en latin par Gaspar BAUHIN l'année suivante puis eut plusieurs rééditions, dont une à Francfort, en 1601.

Pour terminer cette évocation de rééditions d'auteurs du siècle précédent, citons, car il le mérite bien, l'ouvrage au style rabelaisien de Laurent JOUBERT intitulé la première et seconde partie des erreurs populaires touchant la médecine... dédié, en dépit de propos jugés « trop sales et charnels » du 1er jour de l'an 1578 « à la très haute, très excellente et studieuse princesse Marguerite de France, très illustre Royne de Navarre, fille, soeur et femme de Roy ». Cette dédicace de l'édition de Rouen, 1601, objet de controverses, disparut des rééditions rendues nécessaires par le grand succès que connut ce livre.

Au XVIIe siècle, des médecins ont les travers ridiculisés par MOLIERE, mais d'autres commencent à percer les mystères de la machine humaine ASELLI, HARVEY, PECQUET sont de ceux-là.

A Pavie, le 23 juillet 1622, ASELLI est prié de disséquer un chien par quelques amis qui souhaitent voir les nerfs récurrents. L'animal sacrifié venait de manger, son mésentère était parcouru par de nombreux filaments blancs qui, coupés, laissèrent sourdre un liquide laiteux ; les chylifères étaient découverts. L'événement fut publié à Milan, en 1627, un an après la mort d'ASELLI, dans un in-quarto illustré de quatre planches en couleurs. L'édition que nous conservons (Leyde, 1640) a les mêmes figures mais plus petites et en noir (fig. 18).

 

          

Fig. 18                                                                           Fig. 19

Une planche de Aselli                            La circulation démontrée par Harvey

 

Cette publication de lactibus sive lacteis venis...  est reliée à la suite d'un livre de William HARVEY : de motu cordis et sanguinis... réédition à Leyde, en 1639, de la relation de sa découverte de la circulation faite en 1613 et diffusée quinze ans plus tard, publication illustrée de deux gravures démontrant la circulation (fig. 197). L'éditeur, Jean MAIRE, y a joint les réfutations de deux adversaires de HARVEY James PRIMEROSE et Emilio PARISANI (qui n'avaient jamais disséqué). Du même HARVEY, nous avons le second livre important : de generatione animalium paru, en 1651, à la fois à Londres et Amsterdam. C'est, en quelque sorte, le fondement de l'embryologie moderne.

Un ouvrage, d'apparence modeste, est pourtant l'un des plus importants de ce siècle. Il s'agit de la relation par Jean PECQUET (1622-1674) de sa découverte faite en 1647 du canal thoracique, de la citerne qui porte son nom et pour tout dire de l'aboutissement des chylifères, non dans le foie comme le pensait ASELLI, mais dans la veine sous-clavière gauche ; cette découverte fut publiée en même temps à Paris et à Hardeweck en 1651. Elle est illustrée d'une planche gravée montrant un chien au thorax ouvert (fig. 20). PECQUET venait d'être attaché à la maison du surintendant FOUQUET ; il lui restera fidèle dans sa disgrâce et le suivra jusqu'en sa geôle.

 

Fig. 20

La démonstration de J. Pecquet

 

Ces ouvrages fondamentaux ne doivent pas nous faire négliger d'autres publications moins originales.

Et tout d'abord, les nombreux livres d'anatomie, illustrés pour la plupart d'un frontispice représentant une scène de dissection.

Jules CASSERIUS, à Padoue, fit dessiner des planches anatomiques par FIALETTI, que grava Francesco VALESIO ; elles étaient destinées à un ouvrage      Theatrum anatomicum qui ne fut pas réalisé par suite de la disparition de son auteur ; son successeur, Adrian van der SPIEGHEL, s'éteignit lui aussi avant d'avoir pu faire éditer son ouvrage de corporis humani fabrica. Par testament, il avait chargé un médecin allemand, RINDFLEISCH, dit BUCRETIUS, de cette tâche. Ce dernier sut associer les deux œuvres ébauchées. Des héritiers de CASSERIUS, il obtint 78 planches ; il en ajouta 20 dont 15 empruntées à VESALE (certaines regravées à l'envers par VALESIO). Ainsi parurent à Venise, en 1627 : De Humani corporis fabrica libri decem, tabulis XCIIX... opus posthumum Daniel BUCRETIUS... et Julii CASSERI... tabulae anatomica LXXIIX ... Daniel BUCRETIUS XX quae deerant supplevit et omnium explicationes additit. Nous conservons l'édition de Francfort, 1632 ; les deux traités ont le même frontispice : trois figures allégoriques « diligentia, anatomia, ingenium » jointes au squelette à la bêche de Vésale et à la première planche des muscles de la « fabrica » avec en bas, les instruments de l'anatomiste voisinant avec un singe et un porc (fig. 21).

 

Fig. 21

Frontispice de l’ouvrage de Casserius complété par Brucretius

 

De GODFRIED BIDLOO, nous conservons un très bel in-folio, haut de 53 cm : l'anatomia humani corporis illustré de 105 planches plus artistiques que véritablement anatomiques, dessinées par Gérard de LAIRESSE, gravées par A. BLOOTELING et les frères Van GUNST, publié à Amsterdam, en 1685 (fig. 22). Cet ouvrage qui s'ouvre sur un frontispice représentant le Temps armé de sa faux est si beau que COWPER va le plagier (fig. 23).

 

    

Fig. 22                                                             Fig. 23

G. Bidloo : anatomia humani corporis

planche                                                    frontispice

 

Isbrand de DIEMERBROECK donne, à Utrecht en 1672, un ouvrage : Anatome corporis humani..., qui s'avère être le meilleur de son temps et qui sera réédité ; nous avons l'édition lyonnaise (J. H. HUGUETAN, 1683) dont le frontispice à OGIER représente André VESALE et Adrian SPIEGHEL, un cadavre repose devant des niches contenant un squelette et des corps (fig. 24) ; nous avons aussi une traduction française par J. PROST de ce livre (Lyon, 1695) ainsi que les opera medico-practica... publiés à Genève, chez Samuel de TOURNES (1687) par les soins du fils de l'auteur, Timan.

 

         

Fig. 24                                                                     Fig. 25

I. de Diemerbroeck : frontispice                   J. Riolan : frontispice (œuvres anatomiques)

 

Jean RIOLAN le fils, figure dans le frontispice de ses œuvres anatomiques (Paris, Deny MOREAU, 1628/29) ; Crispin de PASSE l’a représenté coiffé d'une calotte, la barbiche en pointe, en robe noire, un doigt pointé vers le cadavre objet de la dissection, entouré de ses auditeurs en costumes Louis XIII (fig. 25).

Parent de Sébastien LECLERC, Daniel LECLERC est l'auteur avec J.J. MANGET d'une Bibliotheca anatomica parue en 1688, dont nous avons la seconde édition (Genève, 1699), deux forts volumes in-folio.

L'anatomie du cerveau et des nerfs due à Thomas WILLIS, figure ici dans une édition posthume (Amsterdam, 1676), illustrée.

On ne peut omettre les très curieuses préparations anatomiques qui illustrent l'ouvrage de Frédéric RUYSCH Observationum anatomico-chirurgicarum ... (Amsterdam 1691) dont nous avons quatre exemplaires.

Théophile BONET, a réalisé un monument anatomo-pathologique, le Sepulchretum dont nous possédons une édition posthume (Genève, CRAMER et PERACHON, 1700) commentée par J.J. MANGET. Devenu sourd à 50 ans, BONET abandonna la pratique médicale et réalisa une œuvre considérable de compilateur. La bibliothèque conserve de lui : Medicina septentrionalis (Genève, 1686/87), Polyalthes sive Thesaurus... (Genève, 1691/94) ; tous ces ouvrages sont de beaux in-folio qui s'ouvrent sur une représentation gravée de l'auteur achevant d'écrire sa chirurgia universalis  (fig. 26) ; ses œuvres sont empilées à côté de lui ; au fond de sa bibliothèque tapissée de livres, une porte ouverte sur la campagne laisse voir la Mort armée de sa faux.

 

Fig. 26

Portrait de Théophile Bonet

 

Marcello MALPIGHI (1628-1694), élève de BORELLI, est le premier à confirmer, par l'examen microscopique du poumon, l'existence de capillaires soupçonnés par HARVEY. Les livres que nous possédons de cet auteur sont illustrés de frontispices allégoriques. Ainsi les opera omnia... (Leyde, 1687) ont un frontispice à Ad. SCHONEBEEK ; celui de l'édition de Londres (1686/87) a été gravé par R. WHITE : des angelots couronnent de fleurs  trois fauves qui semblent agacés  (fig. 27 et 28) ; ailleurs, on les trouve endormis au pied d'un arbre ; c'est le cas dans l'édition posthume (Amsterdam, 1700) (Londres, 1697) où le portrait de l'auteur a été gravé par I. KIP.

 

   

Fig. 27                                                                     Fig. 28

Frontispice des œuvres de Malpighi

 

Les nouvelles découvertes ont besoin d'être défendues. L'un des premiers à soutenir HARVEY à propos de la circulation est DELEBOE (« Sylvius » en latin) ; son portrait est dans les œuvres posthumes que nous avons : l'un est de C. van DALEN Junior (édition Amsterdam, Daniel. ELZEVIR, 1679), l'autre a été gravé par I.L. DURANT (Genève, Samuel de TOURNES, 1681).

Le chirurgien de la reine sous Louis XIV, DIONIS, avait bénéficié de la création d'une chaire d'anatomie et de chirurgie au Jardin du Roi (1673) avec ordre d'y enseigner la circulation et les dernières découvertes. Il fit paraître en 1690, des démonstrations d'anatomie faites dans cet esprit ; bien accueilli, son livre eut plusieurs rééditions. Nous avons la troisième (Paris, 1698). Dix-neuf planches illustrent chacune une leçon, un frontispice représente l'amphithéâtre de Saint Cosme, l'auteur a son portrait peint par BOULOGNE (en 1689) ; toutes ces illustrations furent gravées par THOMASSIN.

Paul BARBETTE est l'auteur des œuvres chirurgiques et anatomiques... appropriées à la circulation du sang et autres découvertes des modernes parues à Genève chez François MIEGE (1675) (avec un frontispice de P.L. DURANT) (1674) (fig. 29).

 

Fig. 29

Frontispice des  œuvres chirurgiques et anatomiques… de Barbette

 

Le médecin le plus célèbre de son siècle, Thomas BARTHOLIN complète la connaissance des vaisseaux lymphatiques entrevus par ASELLI ; il est un des premiers à défendre la circulation du sang découverte par HARVEY. Son portrait, gravé par Jonas SVIDERHOEF d'après une peinture de Carl van MANDER, est dans l'édition de 1666 de lAnatomica reformata qui s'ouvre sur un curieux frontispice : la dépouille étalée d'un homme (fig. 30). En admirateur inconditionnel, son élève Martin BOGDAN fait paraître à Copenhague, en 1654, un petit ouvrage où il prétend que RUDBECK s'attribue à tort la découverte des lymphatiques, faite par son maître.

 

Fig. 30

Frontispice de  lAnatomica reformata

 

Outre les travaux fondamentaux d’ASELLI, HARVEY et PECQUET, la physiologie est encore illustrée par quelques ouvrages.

Fabrice d'ACQUAPENDENTE (1533-1619) qui fit aménager à ses frais l'amphithéâtre de Padoue resté célèbre, est à la charnière des XVIe et XVIIe siècles.

Nous avons de lui deux éditions lyonnaises (1649, 1674) des œuvres chirurgicales, traduction française de opera chirurgica paru à Padoue, en 1617, et du Pentateuchus (Francfort, 1592), décrivant de la tête aux pieds toutes les affections chirurgicales, mais surtout nous voulons parler ici de son de visione, voce, auditu (Venise, 1600) qui s'ouvre sur un frontispice dû à Jacobus VALEGIUS où des angelots dissèquent qui un œil, qui un larynx.

Jean Alphonse BORELLI (1608-1679) tente d'expliquer l'action des muscles par la mécanique ; il fonde l'école iatromathématique. Nous avons son œuvre posthume, publiée telle qu'elle fut trouvée après son décès : de motu animalium... (Leyde, 1685).

De Robert BOYLE qui étudie les effets de l'élasticité de l'air, nous avons une édition latine, posthume (Rotterdam, 1669) de son nova experimenta physico-mechanica de vi aëris Elastica.

Régnier de GRAAF mort à 32 ans (1673) connut la célébrité par ses travaux sur le pancréas et les organes génitaux. Un ouvrage manque la page de titre, édité en 1679, illustré de 41 planches en taille douce et les opera omnia (Leyde, 1677) où figure le portrait de l'auteur et un frontispice allégorique l'on peut voir un chien porteur d'une fistule pancréatique sont les deux livres que nous possédons (fig. 31). Ses travaux ainsi que ceux de van HORN, de VESLING sont rapportés dans les nouvelles découvertes sur les organes des hommes servans à la génération de Louys BARLES (Lyon, 1675).

 

Fig. 31

R. de Graaf : la fistule pancréatique

 

En chirurgie, Jacques de MARQUE condense Ambroise PARE, TAGAULT, etc... dans sa méthodique introduction ... (Paris, 1603) ; mais il est aussi l'auteur d'un traité des bandages (Paris, 1631) très estimé en son temps, orné d'un frontispice à colonnade, et de son portrait (Ferdinand pinx. I. Matheus, sc.) ; ses œuvres seront encore éditées quarante ans après sa mort.

UFFENBACH, dans son Thesaurus chirurgiae (Francfort, 1610) réunit, lui aussi, les classiques de chirurgie : A. PARE; (dont il donne le portrait à 68 ans), TAGAULT, HOULLIER, BIONDO, FERRI, DONDI, Fabrice de HILDEN, etc...

Guillaume FABRICE (né à Hilden en 1560) fut un excellent chirurgien qui illustra ses observationum & curationum chirurgicarum (Lyon, 1641) de gravures sur bois d'instruments chirurgicaux de son temps que l'on retrouve, sur cuivre, dans la traduction française qu'en donne BONET (Genève, 1679). Du même FABRICE, nous avons le De gangraena et sphacelo... (1617) orné de son portrait ainsi que les opera observationum & curationum... (Francfort, 1682) au frontispice gravé par Sébastien FURCK le portrait de l'auteur 73 ans, en 1633), sous le signe de Yahvé, voisine avec HIPPOCRATE et DIOSCORIDE en pied ; on y rencontre encore le coq et le serpent : symboles de la médecine, un squelette tenant une clé et une bêche, assis sur une ruche, évocation des abeilles du tombeau d'HIPPOCRATE, et trois vignettes les instruments chirurgicaux, un médecin au chevet de son malade ; deux médecins se saluant (fig. 32).

 

Fig. 32

Fabrice de Hilden : frontispice

 

L'Armamentarium chirurgicum (Ulm, 1655) de Jean SCULTET présente en 43 gravures les opérations et l'arsenal du chirurgien de ce temps. C'est d'ailleurs sous ce vocable que se présente l'édition française, traduction due à François DEBOZE (Lyon, 1675) avec un additif, la description d'un monstre exhibé à Lyon le 5 mars 1672. Le frontispice signé TIXETRANT, représente la dissection d'un corps maintenu par trois jeunes aides, dont l'un détourne le regard ; au mur, des instruments (fig. 33).

 

Fig. 33

Frontispice de l’Arcenal de chirurgie de Scultet

 

Pour clore cette liste déjà longue des traités de chirurgie, citons la chirurgia curiosa de PURMANN, éditée à la fin du siècle (1699), en allemand, à la fois à Francfort et à Leipzig ; une riche illustration mêlent lésions et tumeurs diverses ainsi que des scènes d'amputations, de réductions de luxation de l'épaule, etc...

 

L'obstétrique va s'ouvrir aux hommes de l'art après Louise BOURGEOIS, dite BOURCIER, qui assista Marie de Médicis dans toutes ses couches. Nous avons d'elle un petit traité sur les maladies des femmes (Paris, 1609) ainsi qu'une Apologie... contre le rapport des médecins (Paris, 1627) et une requête à la reine qu'elle se sentit obligé de rédiger à la suite de la mort de la duchesse de Montpensier quelques jours après son accouchement.

Charles GUILLEMEAU, accusateur de Louise BOURGEOIS, édite un ouvrage de son père Jacques GUILLEMEAU (1550-1613) : de la grossesse et accouchement des femmes... (Paris, 1621) illustré d'un frontispice de F.BRIOT et de deux scènes : l'accouchée et la relevée, peintes par E. JEAURAT.

Le plus célèbre accoucheur est, sans doute alors, François MAURICEAU (1637-1709) ; ses observations... sur la grossesse et l'accouchement (1693) (1694) sont illustrées de son portrait. Une polémique s'engagea entre lui et Philippe PEU, qui avait critiqué son tire-tête. Le portrait de ce dernier par S. THOMASSIN, figure dans sa Pratique des accouchemens... (Paris, 1694) et leur querelle fait l'objet de plusieurs publications.

Cosme VIARDEL, méprisé par MAURICEAU, publie peu après lui des observations sur la pratique des acouchemens... dont nous avons la seconde édition (Paris, 1674) illustrée d'un portrait de l'auteur par DUGUERNIE gravé par FROSNE (1671) et de curieuses gravures (fig. 34).

 

Fig. 34

Portrait de Cosme Viardel

 

Les monstres ont, depuis le siècle précédent, un certain attrait. On en trouve beaucoup dans les œuvres d'A. PARE. Gérard BLAES réédite un ouvrage de Fortunio LICETI de 1616, de monstris  (Amsterdam, 1665), qui s'ouvre sur un curieux frontispice à H. BARI : une femme aux seins multiples entourée de monstres ;  il est lui-même l'auteur de observationes medicae rariores accedit monstri triplicis historia (Amsterdam, 1677) (fig. 35), ouvrage relié avec celui de HEILAND historia infantis monstrosi... (1676) rapporté aussi par F. DEBOZE à la suite de sa traduction de l'Arcenal de SCULTET (fig. 35).

 

Fig. 35

Frontispice des observationes

 

On peut rapprocher de ces relations d'êtres curieux, les planches gravées éditées avec un texte court par F.W. SCHMUCK à Strasbourg de 1679 à 1683 dont certaines, de belle facture, sont captivantes (fig. 36).

 

Fig. 36

Une planche de F.W. Schmuck

 

De nouveaux systèmes se développent et sapent le galénisme. J.B. van HELMONT fonde l'école iatrochimique inaugurée par PARACELSE ; il expose dans ortus medicinae la théorie des « archées » (terme créé au XVe siècle par Basile VALENTIN) : le corps étant formé de l'archée, ou architecte, et de la matière. Son fils réédite son œuvre dont nous conservons les éditions de 1648, 1652, 1667 un frontispice de N. AUROUX immortalise les visages du père et du fils parmi une série de blasons (fig. 37)

 

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Fig. 37

Frontispice avec les effigies des van Helmont, père et fils

 

Laurent BELLINI, dont nous avons la seconde édition de son de urinis et pulsibus... (Francfort et Leipzig, 1698), développe les conceptions de son maître BORELLI, fondateur de l'école iatromathématique dont le précurseur fut SANCTORIUS. Ces idées seront traduites et diffusées en Ecosse par PITCAIRN.

Signalons encore le Traité des maladies des femmes guéries par les eaux de Pougues publié par Augustin COURRADE, à Nevers (1634), de Samuel COTTEREAU DU CLOS les observations sur les eaux minérales de plusieurs provinces de France faites à l'Académie Royale des Sciences en l'année 1670 et 1671, édité par l'imprimerie royale (1675).

De EDME BAUGIER le Traité des eaux minérales d'Attancourt en Champagne avec quelques observations sur les eaux minérales de Sermaise (Chalons, 1696).

 

En médecine légale, l'un des premiers à écrire sur ce sujet fut le sicilien Fortune FIDELIS ; son ouvrage de relationibus medicorum libri quatuor... parut à Palerme, en 1602. Nous avons une édition posthume (Leipzig, 1674) illustrée d'un beau frontispice à N. HAUBELIN.

Paolo ZACCHIAS, médecin du pape Innocent X rédigea un ouvrage devenu classique Quaestionum medic olegalium... dont Jean Daniel HORST assura une réédition posthume (Francfort, 1666).

 

Un curieux personnage, Nicolas de BLEGNY, eut l'idée d'un journal qui diffuserait les dernières découvertes ; cette publication n'eut qu'une existence fugace ; N. de BLEGNY s'en servant pour attaquer la faculté, il fut bientôt interdit. Théophile BONET en donna une édition en latin intitulée Zodiacus medico-gallicus illustrée d'un frontispice où sont représentés les signes du zodiaque ainsi qu'une vue du Louvre au bord de la Seine (Genève, CHOUET, 1680/1686).

Parmi les multiples sujets exposés, figure l'arbre à quinquina dont TALBOT venait de vendre le « secret » au roi ; signalons à ce propos l'histoire, avec illustration, de l'écorce de quinquina dans historiarum anatomicorum de Th. BARTHOLIN (1654/57).

 

Nous ne voudrions pas clore cette énumération des éditions du XVIIe siècle, qui est loin d'être complète, sans citer quelques ouvrages et auteurs ayant des rapports avec notre région.

Christophe CACHET, de Neufchâteau, établi à Toul puis appelé à Nancy par le duc de Lorraine, publie chez Sébastien PHILIPPE (Toul, 1612) des Controversiae... in primum Aphorismorum Hippocratis et, en 1617, vray et asseure préservatif de petite vérole et rougeole... le tout en faveur des Dames et de leurs chers poupons, ouvrage qui sera réédité à Nancy, en 1623.

Jean FORGET, d'Essey, premier médecin de Charles IV de Lorraine, suivit le duc dans toutes ses expéditions militaires. Nous avons de lui Artis signatae designata fallacia sive de vanitate signaturarum plantarum (Nancy, Ant. Charlot. 1633) où il réfute le système de J.B. PORTA, médecin napolitain et se montre dégagé des notions superstitieuses de son temps.

De Charles LEPOIS, doyen de la Faculté de Pont-à-Mousson, médecin d’Henri II, nous conservons le medicinalium observationum & consiliorum (Paris, 1633) (132474).

Il est pénible de terminer sur le Traité du Cancer... (Paris, 1698) de Jean-Baptiste ALLIOT, monument de charlatanisme. Rappelons que Anne d'Autriche, atteinte d'un cancer au sein découvert au cours de l'été 1664, refusant l'amputation que lui conseillait HELVETIUS, fit appel à Pierre ALLIOT, médecin du duc de Lorraine Charles IV ; il  prétendait guérir ces néoplasies sans l'aide du cautère et sans bistouri. Son procédé, une poudre arsenicale qu'il appliquera à sa royale patiente en mai 1665, aboutit à une catastrophe ; la reine mourut le 20 janvier 1666. Cet échec n'empêcha nullement Jean-Baptiste ALLIOT, fils aîné de Pierre, héritier du « secret », devenu médecin de Louis XIV et de Elisabeth Charlotte d'Orléans de publier ce traité du cancer où il critique HELVETIUS.

 

Aperçu sur les ouvrages édités au XVIIIe siècle

 

On s'intéresse encore, au XVIIIe siècle, aux classiques de l'antiquité et du Moyen-âge.

On relève plusieurs commentaires des écrits d'HIPPOCRATE, signés de DURET, de HECQUET, de LEFEBVRE, de FOES (Bâle, 1748), etc...

Hermann BOERHAAVE donne à Leyde, en 1735, une version d'ARETEE de Cappadoce, qui s'appuie sur l'édition gréco-latine d'Oxford de J. WIGAN (1723) enrichie des commentaires de P. PETIT. J.C. AMMAN fait éditer à Amsterdam, en 1722, de morbis acutis et chronicis de Coelius AURELIANUS qui s'ouvre sur un beau frontispice.

La chirurgie d'ABULCASIS reparaît, en 1778, en arabe et latin, par les soins de J. CHANNING et GRUNER, à Iéna, publie des auteurs arabes et redécouvre CONSTANTIN l'Africain à propos de la variole et de la rougeole.

B.L.M. (BRUZEN de la MARTINIERE) nous donne, en vers français, l'art de conserver la santé de l'Ecole de Salerne (Paris, 1749). Un Epito me de curatione morborum de NONNUS est réimprimé en grec et latin, en 1794 ; les huit livres de médecine de CELSE sont réédités à Leyde (1785) et les commentaires qu'en fit J. van LOMM (au XVIe siècle) sont redonnés en 1794.

A Florence, en 1754, A. COCCHIO réunit en un bel in-folio des chirurgiens antiques : SORANOS, ORIBASE etc...

 

Un abrégé de la chirurgie de Guy de CHAULIAC (XIVe siècle) par VERDUC est édité en 1704 ainsi qu'en 1735.

En 1725, à Leyde paraît, à l'initiative d'ALBINUS, en un bel in-folio, la Fabrica de VESALE ; après un frontispice inspiré de celui de l'édition de 1543 : la leçon publique d'anatomie, Jean WANDELAAR illustre l'ouvrage de cuivres à partir des bois originaux. Suit la chirurgia magna que BORGARUCCI avait retrouvée et publiée à Venise en 1569.

De FRACASTOR, le poème Syphilis de 1530 est donné en français en 1752 (Paris, Quillau) et l'on découvre le portrait de Prospero ALPINI dans l'une de ses œuvres préfacée par Hermann BOERHAAVE (Venise, 1751).

Les opera chirurgica et pentateuchus de FABRICE d'AQUAPENDENTE sont réimprimés à Leyde en 1723 et ses œuvres complètes, anatomiques et physiologiques, sont données, préfacées par ALBINUS en 1737 avec un portrait.

Mais l'événement anatomique de ce siècle fut, peut-être, la découverte et la publication de planches dessinées par EUSTACHI aidé de P.M. PINI et gravées sur cuivre par Giuliu de MUSI au XVIe siècle ; 8 parurent à cette époque, les autres ne furent trouvées qu'en 1714. Giovanni Maria LANCISI, médecin du pape CLEMENT XI les édita avec un court commentaire. Nous avons ces tabulae anatomicae joints au Theatrum anatomicum de J.J. MANGET (Genève, 1716) ainsi que l'édition romaine de 1728 et la très estimée édition « expliquée » par ALBINUS (Leyde, 1744).

 

De nombreux écrits du siècle précédent figurent dans nos collections en rééditions du XVIIIe siècle. Les deux livres fondamentaux de William HARVEY paraissent à Leyde chez J. van KERCKHEM de generatione et de motu cordis et sanguinis avec une réédition des exercitationes duae anatomicae de circulatione sanguinis ad Joannem Riolanum filium parus d'abord à Leyde en 1649 ; HARVEY y répond à ses détracteurs en s'adressant à RIOLAN fils et par lui, à la faculté de Paris.

En 1668, François TORTEBAT fit paraître un abrégé d'anatomie accommodé aux arts de peinture et de sculpture, illustré de cuivres dont des squelettes empruntés à VESALE, qui eut un grand succès ; nous en avons une édition de 1760 (fig. 38).

 

Fig. 38

Page de titre de l’abrégé d'anatomie de Tortebat

 

Le personnage central de la leçon d'anatomie de REMBRAND, Nicolas TULP, publia en 1652 des observationes medicae ; nous avons la 5ème édition (Leyde, 1716) de cet ouvrage pour lequel L. VISSCHER grava le portrait de l'auteur et un beau frontispice où l'on peut voir un singe anthropomorphe, rappelant que TULP fit l'anatomie de cet animal (fig. 39).

 

Fig. 39

Frontispice des observationes medicae de Tulp

 

Frédéric RUYSCH réalisa d'étranges préparations anatomiques qui séduisirent PIERRE le GRAND ; nous trouvons dans les thesaurus anatomaicus (1725 à 1737) réunis à l'opera omnia éditée à Amsterdam, des ensembles faits de squelettes entremêlés, d'animaux divers : poissons, crustacés, batraciens et même un tatou, gravés par C. HUYBERTS (fig. 40)            ; le frontispice allégorique présente, en arrière-plan, le cabinet du maître, une armoire entr’ouverte qui laisse voir des bocaux, des pièces naturalisées (fig. 41). Le portrait de RUYSCH à 86 ans (en 1723) a été dessiné par J. WANDELAAR.

 

   

Fig. 40                                                                    Fig. 41

Frontispice et planche des œuvres de F. Ruysch

 

Le traité de François MAURICEAU (mort en 1709), des maladies des femmes grosses et de celles qui sont accouchées est édité pour la 7ème fois (Paris, 1740).

La physiologie expérimentale est bien illustrée par l'ouvrage de SANTORIUS : la médecine statique traduite par LE BRETON (Paris, 1722) dont le frontispice représente la balance sur laquelle l'auteur s'est installé pour mesurer les variations de poids dues aux secrétions ; l'ouvrage fut réédité en 1735 ; de medicina statiqua (de 1614) fut encore imprimé à Paris, en 1770, interprété par A.C. LORRY.

Les quaestiones medico-legales du romain Paolo ZACCHIA (1584-1659) sont rééditées dans la version de Jean Daniel HORST (Venise, 1751).

Les systèmes du siècle précédent persistent : de Joseph COUILLARD, les observations iatrochimiques sont rééditées par J.F. THOMASSIN à Strasbourg chez F.G. LEVRAULT encore en 1791 (1ère édition 1639) et en 1714 paraît, à Lyon, une 8ème édition des œuvres iatromécaniques de Giorgio BAGLIVI (1669-1707) avec son portrait.

Clinicien avant tout, Thomas SYDENHAM (1624-1689) se riait des théories ; ses œuvres, appréciées, furent souvent rééditées ; nous avons son portrait par R. BLOCKH dans opera universa (Leyde, 1726), par J.G. SEILLER dans opera medica (Genève, 1749).

L'opera medica theoretico-practica de Michel ETTMULLER (1644-1683) édité à Francfort en 1708 s'ouvre sur un frontispice aux nombreuses figurines symboliques.

Benardino RAMAZZINI (1633-1717) est l'auteur du premier traité de médecine du travail ; dans l'essai sur les maladies des artisans, traduit par FOURCROY (Paris, 1777), il recherche les causes possibles d'altération de la santé dans 42 métiers.

Le chirurgien d'hôpital de BELLOSTE est édité pour la 5ème fois, à Amsterdam en 1708 ; les œuvres complètes de BARBETTE sont éditées par les soins de J.J. MANGET (Genève, 1704).

Les de abscessuum recondita natura libri VIII de Marc Aurèle SEVERIN (1580-1656) sont encore réédités en 1724, à Leyde, illustrés d'une belle vignette, en page de titre, d'un beau frontispice et du portrait de l'auteur gravés par Jak HOUBRAKEN.

William COWPER illustre un grand in-folio the anatomy of human bodies (Oxford, 1698) avec les planches, rachetées, de BIDLOO plus 9 nouvelles. Nous avons des rééditions de cette anatomia corporum humanorum (Leyde, 1739), (Utrecht, 1750) parues avec le frontispice « réadapté » de BIDLOO.

De SCULTET, on réédite en 1741, à Amsterdam, l'armamentarium avec un frontispice ou un patient affligé d'une énorme loupe est sur le point d'être opéré  (fig. 42) ; l'arsenal de chirurgie est aussi réédité ; nous avons l'édition lyonnaise (Léonard de la ROCHE, 1712) illustrée de 50 figures en taille douce dont le frontispice diffère de celui de l'édition de 1675 par les vêtements, actualisés, des personnages du premier plan.

 

Fig. 42

Frontispice de l'armamentarium de Scultet

 

Au XVIIIe siècle, le centre médical de l'Europe est Leyde, cela grâce à Hermann BOERHAAVE (1668-1738), et à Bernard Siegfried ALBINUS et aux élèves de BOERHAAVE G. van SWIETEN Alexandre MONRO (1697-1767), Albrecht von HALLER (1708-1777), etc...

BOERHAAVE nous apparaît, à 70 ans, dessiné par J. WANDELAAR, gravé par J.B. SCOTIN, dans les Institutions de médecine traduites du latin par La METTRIE (Paris, 1740) ; en outre, nous avons divers traités, des maladies des yeux, (Paris, 1749), des maladies vénériennes, (Paris, 1753), de la matière médicale (Paris, 1756) ainsi que les commentaires de van SWIETEN sur les Aphorismes de son maître : traité de la pleurésie (Paris, 1763), de la peripneumonie (Paris, 1760), aphorismes de chirurgie (Paris, 1753), cinq volumes in-octavo et autres commentaires (Paris, 1746/1773), cinq volumes in-quarto, etc... : abondance d'ouvrages qui traduit bien l'influence persistante de cette école.

ALBINUS publie en 1734 une historia musculorum hominis dans laquelle sont 4 planches dues au talent de J. WANDELAAR ; une main, doublée d'une planche au trait, y figure en grandeur naturelle ; nous avons une réédition de 1796 de ce bel ouvrage. Elève de Gérard de LAIRESSE, WANDELAAR est aussi l'auteur des planches magnifiques qui illustrent les tabulae ossium humanorum (Leyde, 1753) (fig. 43), ainsi que les academicarum annotationum de 1754.

 

Fig. 43

Albinus - J. Wandelaar - tabulae ossium humanorum

 

Parmi la demi-douzaine de livres que nous conservons d'Alexander MONRO, il en est un qui eut un développement particulier. En 1726, MONRO publia, sans illustration, une osteology ; Jean Joseph SUE la fit traduire et illustrer de 31 planches en taille douce (J.M.B. Pierre del. ; N. DUPUIS sculp.). Ce traité d'ostéologie (Paris, Guillaume CAVELIER, 1759) est un grand in-folio en deux parties où des amours, dans le goût de l'époque, volètent dans le frontispice, entourent une urne funéraire dans la vignette de la page de titre et, sur un bandeau, élèvent une pyramide aux savants.

De WINSLOW, l'exposition anatomique de la structure du corps humain, publiée en 1732, connut le succès et eut plusieurs éditions nous avons celle de Paris, 1776, en 4 volumes avec un portrait de l'auteur par GARAND.

Le Hollandais Pierre CAMPER, anatomiste mais aussi artiste peintre et dessinateur (voir sa collaboration artistique à l'œuvre de SMELLIE) illustre ses demonstrationum anatomico-pathologicarum (Amsterdam, 1760/62) de planches que grava SCHLEY.

SCARPA, également anatomiste et dessinateur, réalise les 7 magnifiques planches de ses tabulae nevrologicae (Pavie, 1794) gravées par l'incomparable Faustino ANDERLONI ; l'illustration de son anatomicae disquisitiones de auditu & olfacti (Milan, 1795) et deux planches du liber primus : de l'anatomicarum annotationum : de nervosum gangliis & plexubus (1792) sont du même graveur.

A Padoue, pendant 50 ans Giovanni Battista MORGAGNI dispensa un enseignement recherché ; il publia, en 1761, un chef d'œuvre de la littérature médicale : de sedibus et causis morborum dont nous avons une réédition posthume (Yverdon, 1779) ; il y décrit 500 autopsies qu'il confronte aux signes cliniques, allant plus loin que le sepulchretum de Ph. BONET, dans le développement de l'anatomie pathologique.

Plus modestes sont les observations anatomiques tirées des ouvertures d'un grand nombre de cadavres de Pierre BARRERE (Perpignan, 1753) illustrées d'un lumineux frontispice (une dissection) dessiné par VERGES, gravé par PASQUIER (fig. 44).

 

Fig. 44

P. Barrere : observations anatomiques

 

Successeur d'ALBINUS, SANDIFORT illustra ses tabulae intestini duodeni (Leyde, 1780) de belles planches gravées, ainsi que de reproductions de crânes de divers peuples son museum anatomicum academiae lugduno-batavae (Leyde, 1783-1835).

Un grand in-folio de Paul MASCAGNI : vasorum lymphaticorum corporis humani (Sienne, 1787) est illustré de 27 planches dues à Cyrus SANCTI.

En Angleterre, William HUNTER (1718-1783) l'accoucheur le plus réputé de Londres publie en latin et en anglais anatomia uteri humani gravidi, bel in-folio illustré de 34 planches dues à RYMSDYK, gravées par plusieurs artistes dont le célèbre Robert STRANGE. De son frère John, nous avons une édition en latin et néerlandais de l'historia naturalis dentium humanorum (Dordrecht, 1773) illustrée de nombreuses planches. Dans ce domaine, il faut citer le chirurgien dentiste ou traité des maladies des dents, des alvéoles et des gencives de FAUCHARD, deux volumes illustrés de 41 planches dessinées par P. BELHOMME et d'un portrait de l'auteur peint par J. LE BEL, le tout gravé par J.B. SCOTIN ;  le traité des maladies et des opérations réellement chirurgicales de la bouche de JOURDAIN (Paris, 1778) comprend également deux volumes illustrés.

La couleur s'avéra bientôt indispensable. Le graveur Jacques GAUTIER, s'associant à DUVERNEY, réalisa l'anatomie de la tête en tableaux imprimés (Paris, 1748) dont les huit grandes planches en couleurs évoquent la peinture à l'huile. Son second fils, Arnauld-Eloy GAUTIER d'AGOTY perfectionna la méthode et avec Nicolas Joseph JADELOT, professeur d'anatomie à Nancy, projeta l'édition d'un cours complet d'anatomie en couleurs. Seule parut la myologie (Nancy, J.B. Hyacinthe LECLERC, 1773) illustrée de 15 planches in-folio dont deux, une femme et un homme en pied, sont de Jean GIRARDET, premier peintre de Stanislas (nous avons deux exemplaires de cet ouvrage dont l'un a été « privé » de la représentation de l'homme).

Couleurs aussi pour le traité d'anatomie et de physiologie de VICQ d'AZYR (Paris, Didot, 1786) illustré par BRICEAU qui, dans le frontispice montrant la Médecine conduite par l'Etude à de nouvelles observations anatomiques  fait tendre par deux amours le portrait de Louis XVI à une déesse (fig. 45).

 

Fig. 45

la Médecine conduite par l'Etude…

 

 

Les ouvrages de chirurgie, comme ceux d'anatomie, gagnent à être illustrés.

DIONIS en était conscient qui fit éditer en 1707 un cours d'opérations de chirurgie démontrées au Jardin royal ; le succès en fut durable. Nous avons une édition posthume, la 8ème (Paris, Vve d'HOURY, 1777) enrichie de figures nouvelles par G. de la FAYE ; venant s'ajouter aux planches déjà existantes, chaque opération est accompagnée de la présentation des instruments qui lui sont nécessaires. L'auteur figure en tête de l'ouvrage, et une vue du Jardin royal précède une scène de dissection dans l'amphithéâtre Saint-Côme).

Lorenz HEISTER, représenté peint par I. KENCKEL, gravé par HEUMANN, en tête de son compendium anatomicum (1719) est également l'auteur d'un ouvrage édité en allemand en 1718, puis traduit du latin par PAUL : les institutions chirurgiques (Avignon, Niel, 1770/73) dans lequel 40 planches nous font assister à des opérations par des chirurgiens en costume d'époque.

On trouve aussi de nombreuses et belles gravures, pour la plupart d'instruments chirurgicaux, dans le livre de Benjamin BELL, a system of surgery dont nous avons la 3ème édition (Edinburgh, 1787/88), six volumes in-octavo ou dans la traduction qu'en donna BOSQUILLON (Paris, 1796).

CROISSANT de GARENGEOT nous a laissé un ouvrage de grand intérêt documentaire : son nouveau traité des instruments de chirurgie les plus utiles (La Haye, 1725) dont nous avons une réédition (Paris, 1789) ; intéressant aussi par ses planches, son traité des opérations de chirurgie en 3 volumes dont nous avons la seconde édition (Paris, 1740).

On trouve aussi une riche documentation dans le Traité des maladies des os (Paris, 1758) et surtout dans le Traité des maladies chirurgicales et des opérations qui leur conviennent (90 planches) de J.L. PETIT, édition posthume (Paris, 1783) mise à jour par LESNE.

L'opération de la taille revêt alors une grande importance. CROISSANT de GARENGEOT lui consacre un livre (Paris, 1730) ; Jean BASEILHAC, ou plutôt le frère COSME, habile opérateur, vante les mérites de son lithotome dans un recueil de pièces importantes sur l'opération de la taille avec le lithotome caché (Paris, d'HOURY, 1751), une addition à la suite du recueil... au sujet du lithotome caché, illustrée, est reliée au précédent ouvrage. L'année suivante, le même éditeur publie, de H.J. MACQUART une dissertation sur la taille latérale ; le lithotome est représenté réduit de moitié. Enfin, en 1779, paraît toujours chez d'HOURY, une nouvelle méthode d'extraire la pierre de la vessie urinaire par dessus le pubis... illustrée de planches d'instruments dont le lithotome de BASEILHAC.

Le traitement des hernies est aussi très étudié. Jean JUVILLE fait paraître un Traité des bandages herniaires (Paris, Belin, 1796) illustré de 14 planches dont 13 sont en couleurs et LE BLANC fait appel à LEGRAND, pour graver les planches d'instruments qui illustrent sa nouvelle méthode d'opérer les hernies (Paris, 1768) ; on y voit aussi, dessinée par GRAVELOT une vignette un amour ailé remet un bistouri à une déesse tenant un sceptre surmonté d'une main au creux de laquelle est un œil symbole de la chirurgie.

En obstétrique, une descendante de Louise BOURGEOIS dite BOURSIER, Angélique DU COUDRAY continue la tradition ; elle fait paraître un abrégé de l'art des accouchements, dont nous avons l'édition de Paris, 1777, illustré de planches peintes par P. CHAPPARE et gravées en couleurs par J. ROBERT mais ce sont les hommes surtout qui s'illustrent dans cette discipline. DIONIS donne un traité général des accouchemens en 1718 et Pierre AMAND invente un tire-teste pour tirer promptement et surement la tête de l'enfant séparée de son corps et restée seule dans la matrice...(1715).

Pour des suites moins dramatiques, le forceps, inventé à la fin du XVIIe siècle par les CHAMBERLEN qui s'efforcèrent de le tenir secret, se perfectionne. André LEVRET, accoucheur de la Dauphine, mère de Louis XVI, en introduit l'usage en France, fait subir une seconde courbure aux cuillers et en donne une illustration dans ses observations sur les causes et les accidens de plusieurs accouchemens laborieux (Paris, 1747). Son portrait, peint par CHARDIN, gravé par Louis LEGRAND, orne son livre l'art des accouchemens (Paris, 1761). Le forceps devait encore être amélioré en particulier par SMELLIE dont le traité des accouchemens (Paris, 1754) comporte de nombreuses et belles planches dessinées par lui-même, par CAMPER, par RYMODYKE et gravées par GRIGNION.

Parmi les bons ouvrages médicaux de l'époque, il faut signaler le traité de la structure du cœur, de son action et de ses maladies de Jean Baptiste SENAC (Paris, 1749). Premier bon traité de cardiologie édité en France, il est illustré de 17 planches de J. POTIER, gravées par J. ROBERT ; nous en avons aussi la seconde édition (Paris, 1778). Intéressant aussi, le traité de John TAYLOR sur les maladies de l'organe immédiat de la vue (Paris, 1735). Les fièvres et leur traitement sont le sujet de nombreux ouvrages ; citons celui de Francesco TORTI : Therapeutice specialis ad febres periodicas perniciosus (Francfort-Leipzig, 1756) où figure une planche représentant « l'arbre des fièvres », classement original des manifestations fébriles.

L'orthopédie est le sujet d'un ouvrage de LEVACHER de la FEUTRIE : Traité du rakitis ou l'art de redresser les enfants contrefaits (Paris, 1772) ; des gravures de BEYSSENT montrent comment un corset, une machine maintiennent, mais combien peu élégamment, des jeunes filles. Beaucoup plus attrayant est l'ouvrage de Nicolas ANDRY : l'orthopédie ou l'art de prévenir et corriger dans les enfans, les difformités du corps (Bruxelles, 1743), deux volumes illustrés de nombreuses petites scènes familières (fig. 46).

 

Fig. 46

N. Andry : l'orthopédie

 

Les théoriciens défendent leur opinion et parfois, font montre d'intransigeance. Georg Ernst STAHL (1660-1734) intitule l'un de ses ouvrages Theoria medica vera ! Nous en avons une édition posthume (Halle, 1737). Il croit en une force motrice issue de l'âme et à l'opposé, Frédéric HOFFMANN (1660-1742), lie cette force à la matière, le cerveau produisant « l'éther nerveux ». Ses œuvres sont réunies par les frères de TOURNES, de Genève, de 1741 à 1761, en 6 tomes formant 4 volumes sous le titre opera omnia physico-medica, illustré d'une vignette de DELAMONCE, gravée par D. SORNIQUE ; un portrait de l'auteur gravé par PETIT (en 1739) complète une relation de sa vie.

Dans la lignée du vitalisme inspiré de STAHL, nous avons quelques ouvrages : un traité de médecine de Théophile de BORDEU, (Paris, 1774), surtout, la nouvelle mécanique des mouvements de l'homme et des animaux de BARTHEZ (Carcassonne, 1798).

Les idées d'HOFFMANN sont diffusées en Ecosse par W. CULLEN ; nous avons, traduites par BOSQUILLON, la physiologie (Paris, 1785) et le traité de matière médicale (Paris, 1789). John BROWN, élève du précédent, préconise stimulants et sédatifs, sa doctrine est traduite (Paris, 1798) et R.A. SCHIPERLI en donne une analyse (Paris, 1798).

On doit à BOISSIER de SAUVAGE, qui se clame du vitalisme, la fondation de la taxinomie médicale ; s'appuyant sur SYDENHAM et les botanistes, il envisage 10 classes de maladies. Nous conservons de lui une Nosologie méthodique en 3 volumes in-octavo (Paris, 1775).

A côté de ces inventeurs de systèmes, Albrecht von HALLER élabore une physiologie scientifique. Tout d'abord, avec les primae linae physiologiae parues en 1747 dont nous avons une réédition de Lausanne, 1771, puis avec les 8 volumes in-quarto des elementa physiologiae corporis humani (Lausanne, Marc-Michel BOUSQUET, 1757/1766), très belle collection ouvrant sur son portrait peint par E.J. HANDMANN gravé par P.F. TARDIEU. En page de titre, une vignette de C. EISEN représente un amour examinant un cœur, un autre tient la représentation graphique du développement du poulet (fig. 47).

 

Fig. 47

Amours en page de titre : A. v. Haller elementa physiologiae

 

Un petit ouvrage rassemblant deux mémoires sur le mouvement du sang... (Lausanne, BOUSQUET, 1756) est illustré d'un frontispice de PASQUIER, gravé par JOUBERT où deux personnages tentent ligature et injection sur un corps étendu sur des tréteaux.

On assiste à une soutenance de thèse devant HALLER en perruque et longue robe en ouvrant les disputationes chirurgicae selectae (Lausanne, BOUSQUET, 1755/56). Ce très beau frontispice de EISEN, gravé par TARDIEU présente, comme il se doit alors, des angelots multiples ; certains dissèquent, d'autres ligaturent d'autres présentent un caducée et la médaille de l'Académie Royale de chirurgie (fig. 48).

 

Fig. 48

Haller : disputationes chirurgicae selectae - frontispice

 

A Vienne, AUENBRUGGER invente l'exploration thoracique par la percussion, méthode qu'il fait connaître en 1761. ROZIERE de la CHASSAGNE en donne une traduction : le manuel des pulmoniques  (Paris, 1770).

L'abbé SPALLANZANI réalise ses expériences bien connues ; nous possédons, traduites par J. SENETIER, ses expériences sur la digestion (Genève, 1783) et surtout les célèbres opuscules de physique animale et végétale (Pavie, 1787), 3 volumes in-octavo illustrés.

JENNER fait connaître en 1798 sa découverte de vaccination contre la variole. Nous possédons une édition allemande : untersuchungen liber die Ursache und Wirkungen der Kuhpocken (Hanovre, 1799) sur une planche hors texte en couleur sont représentés trois aspects de l'inoculation sur le bras.

 

Les livres de médecine populaire méritent que nous en citions quelques-uns. A une époque où les médecins sont absents ou rares dans les campagnes, ces livres sont très utiles à tous les chirurgiens, curés, chefs de famille, fermiers, etc...  comme il est indiqué dans le titre d'un petit ouvrage réunissant des Secrets utiles et éprouvés dans la pratique de la médecine et de la chirurgie... avec un appendice sur les maladies des chevaux et autres quadrupèdes (Paris, 1767).

WESLEY est l'auteur de rudiments parus en 1747, qui eurent un grand succès. A Lyon, J.M. BRUYSET en donna une traduction française en 1772. Madame FOUQUET (Marie de MAUPEOU) écrivit un recueil de remèdes faciles et domestiques dont une 5ème édition fut faite à Dijon en 1714.

Nous avons la 5ème édition (Paris, 1765) du manuel des dames de charité que l'auteur ARNAULT de NOBLEVILLE dédie à sa sœur Angélique ; lui est annexé un traité abrégé de la saignée, ce qui nous vaut le plaisir d'un frontispice de DEFFRICHES gravé par J.B. TILLIARD :     deux femmes pratiquant une saignée dans une pharmacie alors qu'une troisième accueille un pauvre hère à la jambe de bois (fig. 49).

 

Fig. 49

La saignée : Frontispice du manuel des dames de charité

 

Des charlatans deviennent célèbres, bernant les plus avisés ; ils sont l'objet de controverses. Ainsi, Joanna STEPHEN, qui vendait très cher son remède pour dissoudre les calculs urinaires, trompa le grand CHESELDEN et bien d'autres et retint l'attention des médecins.

 

Il faudrait conclure cet exposé déjà trop long, mais peut-on ne pas citer des auteurs qui, à un moment où l'autre de leur vie, œuvrèrent dans notre région ? Evoquons donc les livres de quelques-uns de ces personnages.

On doit à H. BOERHAAVE d'avoir édité à Amsterdam (1768), de Charles LEPOIS, selectiorum observationum et consiliorum.

De Nicolas JADELOT nous avons déjà parlé à propos de sa collaboration avec GRUTIER d'AGOTY, mais nous avons aussi : oratio inaugurales de varies medicinae fatis à Pont-à-Mousson le 27 janvier 1766 (Seb. BACHOT), physica hominis sani (Nancy, S. BACHOT, 1778), et la description anatomique d'une tête humaine extraordinaire suivie d'un essai sur l'origine des nerfs (Paris, 1799).

DIDELOT nous a laissé : avis aux gens de la campagne ou traité des maladies les plus communes (Nancy, 1772), examen sur les eaux minérales de la fontaine de Bussang (Epinal, VAUTRIN, 1777), instructions pour les sages-femmes (Nancy, 1770)

De GANDOGER de FOIGNY, le traité pratique de l'inoculation (Nancy, J.B.H. LECLERC, 1768) et de François DEZOTEUX et Louis VALENTIN, le traité historique et pratique de l'inoculation (Paris au VIII) rappellent que la lutte contre la variole tint une grand place dans notre province.

De MARQUET qui fut doyen du Collège royal de Médecine de Nancy, nous avons le traité pratique de l'hydropisie et de la jaunisse (Paris, 1770).

De READ, on ne peut passer sous silence son traité du seigle ergoté (Strasbourg, 1771) (Metz, 1774), l'histoire de l'esquinancie gangréneuse pétéchiale qui a régné dans le village de Moivron, au mois de novembre 1777 (Metz, J.B. COLLIGNON, 1777), une lettre à l'auteur des réflexions sur un projet de géographie médicale à l'usage des troupes (Metz, Vve ANTOINE et fils, 1787).

Des nombreux livres de J.F. COSTE, nous ne citerons que l'ouvrage écrit avec WILLEMET, Matière médicale indigène ou traité des plantes nationales (Nancy, Vve LECLERC, 1792) et nous terminerons avec l'idée et le triomphe de la vraie médecine de François Joseph CALLOT (Commercy, Henry THOMAS, 1742) dédié à Charlotte de Lorraine, abbesse de Remiremont.

 

Coup d’œil sur les éditions de la première moitié du XIXe siècle

 

Plus encore que pour le siècle précédent, il nous faut faire un choix dans cette présentation, le nombre d'ouvrages étant très grand.

Il y a des œuvres du XVIIIe siècle, éditées au XIXe.

Ainsi, nous aurions pu parler au chapitre précédent des livres de Samuel Thomas SOEMMERING ; les ouvrages que nous gardons de lui ont été édités à l'extrême limite du XVIIIe siècle comme ses Icones embryonum humanorum (Francfort, 1799) ou à cheval sur les deux siècles comme de corporis humani fabrica, six volumes édités de 1794 à 1801 ; mais plusieurs furent imprimés au début du siècle : les icones organorum humanorum sont de 1806 pour auditu ; 1808, pour gustus et vocis ; 1810, pour olfactus. Christian KOECK est son principal illustrateur ; ses planches ont la précision scientifique qui s'impose tout en étant parmi les plus belles.

De Pierre ROUSSEL, le système physique et moral de la femme suivi du système physique et moral de l'homme, est de 1775 mais nous avons l'édition de Paris, 1813 ; un frontispice, gravé par LACOUR représente l'auteur en médaillon que couronnent deux déesses ; il complète l'éloge qu'a rédigé J.L. ALIBERT. Deux cuivres gravés par L'EPINE représentent l'un une femme, l'autre un homme, nés du talent de GIRARDET (fig. 50).

 

Fig. 50

Frontispice du système physique et moral… de P. Roussel

 

Les œuvres de VIC d'AZYR (mort en 1794) recueillies et publiées avec des notes et un discours sur sa vie et ses ouvrages par Jacques L. MOREAU (de la Sarthe) forment 6 volumes (Paris, DUPRAT-DUVERGER, 1805). Le frontispice de GIRODET, gravé par Robert de LAUNAY, reprend le thème de la Médecine conduite par l'Etude... de la 1ère édition, dessiné par BRICEAU, mais ici avec plus d'emphase et de raideur (fig. 51). On les retrouve dans un recueil de planches pour le traité de l'anatomie du cerveau (Paris, même éditeur, 1813).

 

Fig. 51

la Médecine conduite par l'Etude

 

James F. PALMER fait paraître the works of John Hunter (Londres, 1837) avec un portrait peint par REYNOLDS et gravé (1788) par SHARP. Les œuvres complètes de John Hunter traduites de l'anglais sur l'édition de PALMER par G. RICHELOT (Paris, 1839) paraissent avec un portrait (inversé) lithographié par Emile BEAU. Les illustrations du premier ouvrage sont des gravures (dessins de BELL, de J. STUART, gravés par BASIRE, par J. ROBERTS), celles du second sont des lithographies (E. BEAU, FOURQUEMIN).

 

Les ouvrages les plus attrayants de ce début du XIXe siècle restent, probablement, les grands traités illustrés d'anatomie. Ils sont nombreux.

Les iconum anatomicarum explicatio que réalisa Léopold Marc Antoine CALDANI avec son neveu Florian (5 volumes) (Venise 1802/1814) et les icones anatomicae ex optimis neotericorum operibus (4 volumes grand format) (Venise, Joseph PICOTTI, 1804-1810) reprennent en taille douce les meilleures planches de ALBINUS, HALLER, HUNTER, SCARPA, SOEMMERING, etc...

Le frontispice place curieusement une scène de dissection en pleine nature, à l'entrée d'une grotte.

Plus original est l'ouvrage de Jules CLOQUET :      anatomie de l'homme ou description et figures lithographiées de toutes les parties du corps humain (Paris, de LASTEYRIE, 1821/31), 4 volumes in-folio réunissant 300 planches, dessins de FEILLET, DUBOUYAL, HAINCELIN traités par le procédé nouveau qu'est la lithographie.

Le plus bel ouvrage est peut être représenté par les 8 volumes in-folio du traité complet de l'anatomie de l'homme comprenant la médecine opératoire de Jean Marc BOURGERY, illustré par N.H. JACOB utilisant la lithographie (C. DELAUNAY, Paris, 1831/39). Le frontispice : un couple avec un enfant entre un vieillard au premier plan et des pièces anatomiques au fond, est un peu trop pompeux, mais les planches, environ 700, par leur beauté et leur qualité, rachètent ce petit défaut. C'est aussi à N.H. JACOB que Ph. Fred. BLANDIN a demandé de dessiner l'illustration de son traité d'anatomie topographique ou anatomie des régions du corps humain dont nous avons la seconde édition (Paris, 1834) lithographiée par Ed. ROBERT.

L'ouvrage le plus volumineux, à peine maniable, est un grand in-plano (970 x 700) réunissant les planches de l'Anatomia Universa de Paolo MASCAGNI. Ces anatomiae universae P. Mascagni Icones sont 88, gravées sur cuivre (44 planches d'anatomie doublée chacune de sa planche au trait) ; plusieurs sont signées Ant. SERANTONI delineavit, une porte en plus CANACCI. Elles furent préparées du vivant de MASCAGNI (mort en 1815) mais l'édition est posthume (Pise, Nicolas CAPURRO, 1823).

L'anatomie pathologique utilisera aussi la lithographie. Un ouvrage admirable en ce domaine est, de Jean CRUVEILHIER, anatomie pathologique du corps humain ou description avec figures lithographiées des diverses altérations morbides dont le corps humain est susceptible (Paris, J.B. BAILLIERE). Ses 200 lithographies, certaines en couleurs, sont dues à A. CHAZAL et J.G. MARTIN, elles forment deux in-folio et parurent de 1829 à 1835 pour les livraisons I à XX du 1er volume et de 1835 à 1842 pour les livraisons XXI à XL du 2ème volume.

Ce sont également des lithographies en couleurs de C.A. MEYER, de TEREBENIEFF, qui illustrent l'anatomie pathologique du cholera-morbus de Nicolai PIROGOFF (Saint-Pétersbourg, 1849.

 

Les ouvrages chirurgicaux sont illustrés de gravures mais plus encore de lithographies - procédé plus économique.

A.J. JOBERT illustre de 18 planches gravées sur cuivre et coloriées, son traité de chirurgie plastique (Paris, 1849).

Le traité complet d'anatomie chirurgicale générale et topographique du corps humain de VELPEAU, dont nous avons la 3ème édition (Paris, 1837) est accompagné d'un atlas de 17 planches dessinées par CHAZAL et gravées par CORBIE (130487). C'est encore à CHAZAL, mais cette fois gravé par Ambroise TARDIEU que VELPEAU fera appel pour ses nouveaux éléments de médecine opératoire (Paris, 1839) dont nous avons la seconde édition, mais pour son embryologie ou ovologie humaine (Paris, 1833) les 15 planches in-folio avaient été dessinées par CHAZAL et lithographiées.

Lithographies aussi pour illustrer par DELAHAYE et BECQUET le traité des fractures et des luxations de MALGAIGNE (Paris, 1855).

Et dans le traité théorique et pratique de la ligature des artères de P.J. MANEC (Paris, 2ème édit., 1836) les dessins de N.H. JACOB sont lithographiés par KAEPPELIN.

L'illustration du traité des bandages et appareil de pansement de Pierre Nicolas GERDY (Paris, 1824) réunit en un atlas des planches où hommes et femmes, plus ou moins dévêtus, montrent l'une ou l'autre partie de leur corps savamment bandée, un atlas est colorié ; l'autre, non.

 

Parmi les ouvrages de gynécologie et d'obstétrique qu'il suffise d'en citer deux : celui de Mme BOIVIN et A. DUGES : Traité pratique des maladies de l'Utérus et de ses annexes illustré de dessins de Mme BOIVIN (Paris, 1833) et, dans un registre tout autre, le traité pratique des accouchemens de F.J. MOREAU complété par un atlas de lithographies par Emile BEAU et FOURQUEMIN (Paris, 1837).

 

La Dermatologie exige autant que l'anatomie d'être illustrée, J.L. ALIBERT en était persuadé ; il fit appel aux peintres VALVILE et MAURICE pour des planches gravées en couleurs par COUCHE. Nous conservons trois in-folio qu'on a plaisir à feuilleter. C'est, par ordre chronologique, une description des maladies de la peau observées à l'hôpital Saint-Louis (Paris, J.M. AILLAUD, 1825), non relié mais illustré en couleurs puis la clinique de l'hôpital Saint-Louis ou traité complet des maladies de la peau (Paris, B. CORMON et BLANC, 1832) et enfin, une réédition par la même maison, en 1833, parmi les nombreux cas pathologiques (fig. 52), on découvre « l'arbre aux dermatoses » inspiré de « l'arbre des fièvres » de TORTI (fig. 53).

 

      

Fig. 52

J.L. Alibert : planche du traité des maladies de la peau

 

 

Fig. 53

J.L. Alibert : l’arbre aux dermatoses

 

Le traité des maladies de la peau (Paris, 1835) de P. RAYER, malgré le talent d'Ambroise TARDIEU, n'a pas les mêmes ambitions.

OUDET signe les gravures de nombreux ouvrages. Ainsi, de la physiologie pathologique de H. LEBERT (Paris, 1845), il grave les dessins de LEBERT et de LACKERBAUER. Il illustre le livre de Félix Archimède POUCHET théorie positive de l'ovulation spontanée et de la fécondation (Paris, 1847) les démonstrations de SPALLANZANI semblent avoir été inutiles ; il illustre le traité des maladies du rein de RAYER (1837), il grave les 32 planches dessinées par H. FORMANT de l'anatomie comparée du système nerveux considérée dans ses rapports avec l'intelligence de Fr. LEURET et P. GRATIOLET (Paris, 1839-1857) etc...

DELPECH illustre, à la fois par des gravures de vertèbres, réalisées par ADAM et par des lithographies demandées à E. MORQUIN de Montpellier, à partir de dessins dont certains sont signés LEBLANC, son atlas de l'orthomorphie par rapport à l'espèce humaine ; ou recherches anatomo-pathologiques sur les causes, les moyens de prévenir, ceux de guérir les principales difformités, et sur les véritables fondemens de l'art appelé orthopédique (Paris, Gabon, 1828) où de charmantes jeunes filles tentent de corriger leurs mauvaises attitudes (fig. 54).

 

Fig. 54

Delpech : de l'orthomorphie

 

Cinq planches de LEMERCIER illustrent parfaitement le mémoire sur le goitre et le crétinisme de G. FERRUS (Paris, 1851).

La couleur est utilisée pour sa note esthétique mais aussi pour le supplément d'information qu'elle apporte. Ainsi les planches dessinées et gravées par HOCQUART pour la phytographie médicale, ornée de figures coloriées de grandeur naturelle, où l'on expose l'histoire des poisons tirés du règne végétal de Joseph ROQUES (Paris, 1821) satisfait botanistes et amateurs d'art. Les planches qui illustrent le traité de la gravelle de William PROUT (Paris, 1823), par leur coloration, permettent de mieux cerner la réalité.

Un ouvrage impressionnant est celui par lequel ADDISON décrit la maladie qui porte son nom : on the constitutional and local effects of disease of the suprarenal capsules (London, S. Highley, 1855) ; les 11 planches de W. HURST, lithographies en couleurs, de valeur documentaire certaine, sont également très esthétiques.

 

Voisinant avec des livres comme celui de BOYVEAU – LAFFECTEUR : Traité des maladies vénériennes anciennes, récentes, occultes et dégénérées et méthode de leur guérison par le Rob antisyphilitique... (Paris, 1807), reflet de la médecine d'avant l'ère scientifique, on découvre non sans émotion l'ouvrage de R.T.H. LAENNEC : de l'auscultation médiate ou traité du diagnostic des maladies du poumon et du cœur fondé principalement sur ce nouveau moyen d'exploration (Paris, J.A. BROSSON et J.S. CHAUDE, 1819), deux volumes qu'illustrent quatre planches l'on découvre le tubercule et surtout le stéthoscope.

 

Une ère nouvelle est née, les découvertes en physiologie, en physique et en chimie médicales, les progrès dans les techniques chirurgicales transforment cette première moitié du siècle. Puis ce sera l'application de l'anesthésie et le règne de la bactériologie au cours de la seconde moitié. Néanmoins, les classiques sont encore lus : CELSE de medicina libri octo est imprimé à Paris en 1821 ; les éditions commentées d'HIPPOCRATE sont multiples parmi lesquelles émergera celle des oeuvres complètes avec le texte grec en regard de la traduction qu'en donne Emile LITTRE de 1839 à 1861 mais pour nous, la traduction latine du messin Anuce FOES, mise en français par J.B. GARDEIL et du CORAY (Paris, 1838) reste la plus émouvante.