Le fonds ancien de la bibliothèque de la faculté
de médecine de Nancy
G. PERCEBOIS
Texte paru
dans le Bulletin de l’Académie et Société lorraines des Sciences (1998)
Le fonds
ancien de la bibliothèque de la faculté de médecine de Nancy, sans être des plus prestigieux, mérite cependant de sortir
de l'ombre. Examinant chaque livre, d'un rayon à l'autre, nous en avons dressé une liste détaillée. Par un commentaire nécessairement restreint
et quelques illustrations, nous tenterons d'esquisser
la nature et l'importance de ce fonds et d'évoquer ainsi l'évolution de
la médecine et de l'édition du livre médical de 1502 à 1850 environ.
Les origines
Les origines de ce
fonds ancien ne peuvent être que partiellement déterminées. Le transfèrement de la faculté de Strasbourg à Nancy en 1872 n'intervint qu'en suscitant des dons rendus nécessaires pour constituer une bibliothèque que les Strasbourgeois
n'avaient pu amener et qui n'existait qu'à l'état d'embryon à l'Ecole
secondaire de médecine créée à Nancy, officiellement, cinquante ans plus
tôt ; de même le Collège
de médecine (1752) et le Collège de
chirurgie (1770) ne semblent pas avoir eu un rôle direct
dans sa formation.
Une liste d'ouvrages légués à la faculté de médecine de Pont-à-Mousson, aïeule lointaine
de notre
faculté (1592), par Marc BAROT
en 1678, liste rapportée par P. PILLEMENT dans la Revue médicale
de l'Est (1909, 41) présente
bien quelques ouvrages identiques
à ceux que nous conservons sur nos rayonnages
mais une filiation n'en ressort
pas pour autant.
Des dons contribuèrent à sa formation
; certains figurent dans les registres de la faculté et
furent évoqués lors de discours
prononcés à l'occasion des rentrées universitaires ; ainsi, le
doyen STOLTZ rapporte que
le doyen honoraire de la faculté
des sciences, le Docteur GODRON
a donné sa bibliothèque médicale, le
Professeur TOURDES « des ouvrages anciens »,
la famille SIMONIN à la
mort de l'ancien directeur de l'Ecole de
médecine, 2000 volumes
dont « un grand nombre
d'anciens » etc...
Seuls les ouvrages portant un ex-dono permettent d'apprécier l'importance de certains apports.
Ainsi, en 1877, le colonel
BOULLIGNY fit don d'ouvrages provenant de la bibliothèque du Docteur Victor COLIN
BOULLIGNY (4 ouvrages du XVIIIe siècle et d'autres du XIXe) l'ex-dono de la famille CHAMPION-NEVE, de Bar-le-Duc, figure sur 4 volumes du XVIe, 40 volumes
du XVIIe, 184 volumes du XVIIIe
siècle, etc... (le Docteur
CHAMPION fut médecin et chirurgien chef de l'hôpital de Bar-le-Duc en 1819 ; le Docteur
NEVE, qui mourut en 1874, était son
neveu). Le don de la famille du Professeur J.B. SIMONIN, ancien directeur de l'Ecole de
médecine, est le plus conséquent : 16
volumes du XVIe, 44 du XVIIe, 355 du XVIIIe
siècle, etc...
L'étude attentive des ex-libris,
gravés et manuscrits, qui ornent
beaucoup de ces ouvrages, n'apporte que quelques
indices supplémentaires sur la constitution
de ce
fonds.
Les
éditions du XVIe siècle
Les livres les
plus anciens de ce fonds sont deux
in-folio,
l'un édité en 1502, à Venise l'autre, une réimpression du précédent faite à Lyon, en 1515, par
Etienne BALAND.
Les deux
ont le même titre, à quelques
variantes près : Mesue cum ex-positione Mondini, super canones universales... ;
ils sont en latin, en caractères gothiques sur deux colonnes. Le
plus ancien présente, à côté de majuscules ornées, des lettres d'attente ; la page de titre est
discrète, origine et date d'impression de l'ouvrage se trouvant
au colophon,
en dernière page. A noter un ex-libris manuscrit : De CHAZELLES, Président à
mortier du Parlement de Metz.
1761.
Le second ouvrage s'ouvre sur une belle page de titre, aux caractères gothiques rouges et noirs, encadrés
de bandeaux à motifs floraux, ornée d'un bois gravé En fin d'ouvrage, le colophon est accompagné
de la
marque de E. BALAND,
un bois gravé « à l'ange ».
MESUE, classique
pendant tout le Moyen-âge, fut édité et commenté jusqu'au XVIIe
siècle. Nous conservons un exemplaire
de la
dernière édition faite à Venise en 1623.
Ces éditions sont enrichies d'additions : celles du XIIIe
siècle de Pierre d'ABANO et de François
de PIEMONT, l’antidotarium de Nicolas de
SALERNE, le liber servitoris d'ABULCASIS, le Compendium aromatorium de SALADIN
d'ASCOLI, etc...
Un peu plus tardive, une édition de
la Practica de Joannes SERAPION (Lyon, Jacob Myt, 1525) présente une page de titre plus ornée dont
l'illustration se veut un
résumé du contenu de
l'ouvrage des figurines évoquent
SERAPION, PLATEARIUS, et PETRUS
HISPANUS, dont les écrits voisinent avec un livre de
GALIEN. Quatre bandeaux,
entourant le titre
latin en caractères gothiques
rouges et noirs, semblent
illustrer le texte
de SERAPION dont l'exposé des vertus
des plantes et des animaux voisine
avec des histoires fabuleuses.
L'attrait exercé par GALIEN et par le galénisme
créé par
ORIBASE au IVe siècle,
développé par AETIUS, ALEXANDRE de
TRALLES, PAUL d'EGINE, puis par les auteurs arabes, se reflète dans
nos collections. Nous devons à GUINTER d'ANDERNACH (1487-1574), qui
souhaitait rendre à ALEXANDRE de TRALLES son ancienne splendeur, une édition
gréco-latine des douze livres de cet
auteur du VIe siècle (Bâle, 1556) avec les
corrections de Jacques GOUPYL, ainsi qu'une
édition latine de PAUL d'EGINE (VIIe siècle) De Re Medica due aux
soins de Simon de COLINES dont la
marque : le Temps maniant sa faux, orne la page de titre.
Guillaume ROUILLE
édita (Lyon, 1567) les œuvres
de PAUL annotées par GUINTER mais aussi par CORNARIUS,
J. GOUPYL et J. DALECHAMPS. Luthérien, GUINTER, bien que protégé par François 1er, dut fuir Paris il se réfugia à Metz,
puis à Strasbourg.
La « bible » des médecins
arabes et de nos scolastiques fut longtemps
le Canon d'AVICENNE. Nous conservons
une édition bâloise de 1556 dont la traduction
latine de Gérard de CREMONE fut revue et complétée par André ALPAGO.
De GALIEN, CRATANDER
donna à Bâle en 1529, en
un fort in-folio, des traductions
latines commentées par ERASME, LINACRE, COPP, LAURENTIUS,
LEONICENE, etc… En 1543, Christian WECHEL édite De paratu facilibus, interprété
par GUINTER d'ANDERNACH et par Jacques
HOULLIER. Trois ans auparavant, cet éditeur de Paris avait ajouté à son
imprimerie « à l'écu de Bâle » une
autre maison à l'enseigne du Pégase ; aussi trouve-t-on sur la page de
titre de cet ouvrage deux mains soutenant un caducée, deux cornes
d'abondance et, surmontant le tout, le cheval ailé (fig. 1).
Fig. 1
La marque de Wechel
Mais surtout, de
ses éditions de GALIEN, il
faut citer la très belle traduction latine donnée par la célèbre maison vénitienne JUNTE ; nous possédons la 5ème édition, celle de 1576 ; chaque
livre est orné d'une même page de titre très riche en images. On y voit
GALIEN au chevet de l'empereur ANTONIN, GALIEN
disséquant une truie devant une assistance où figure ALEXANDRE de TRALLES ; trois vignettes illustrent l'épistaxis, la prise du pouls, la
saignée ; trois autres montrent ESCULAPE inspirant le père de
GALIEN, origine de sa vocation, GALIEN et ses confrères, GALIEN palpant un hépatique (fig. 2).
Fig. 2
La page de titre
des livres de Galien (Junte, 1576)
Les humanistes n'acceptent plus de recevoir la médecine hippocratico-galénique
et byzantine au travers des traductions latines d'ouvrages arabes,
eux-mêmes venus du grec par l'intermédiaire du syriaque, de l'hébreu ou du persan. L'accès direct aux sources de l'Antiquité est devenu indispensable.
C'est peut-être ce qui explique le
succès de CELSE (le s.) compilateur romain
de la médecine grecque qui résume en huit livres l'art de guérir de
l'Antiquité. Christian WECHEL donne à Paris, en 1529, une édition ornée
d'un frontispice où figurent DIONYSOS et surtout
CLEOPATRE (De Re Medica).
Certains éditeurs sentent la nécessité de réunir en un même ouvrage des œuvres de médecins et chirurgiens
de l'Antiquité, comme les ALDE (MANUCE),
dont la marque bien connue :
un dauphin enroulé sur une ancre
(fig. 3), orne la page de
titre d'un bel in-folio : medici antiqui omnes... paru
à Venise, en 1547 qui rassemble
des textes de CELSE, SERENUS, TROTULA, MARCELLUS EMPIRICUS, SCRIBONIUS LARGUS, SORANOS d'EPHESE,
PLINE, etc... Un autre ouvrage édité à Bâle, en 1581,
à l'initiative de GRASSI, réunit des traductions
latines d'auteurs de la Grèce antique :
medici antiqui graeci.
Fig. 3
La Marque des
Alde (Manuce)
Henri ESTIENNE édita à Genève, en 1567, en deux volumes in-folio,
des écrits grecs et latins de
médecins postérieurs à HIPPOCRATE et
GALIEN. Et GESSNER, à Zurich, fit paraître en 1555, en un même volume des œuvres de chirurgiens réputés où
il se plut à faire voisiner des antiques tels GALIEN
ou ORIBASE dont le De rachinamentis traduit en latin par GUIDO GUIDI est illustré, avec des « modernes » comme Jacques HOULLIER, Jean TAGAULT, MAGGI,
FERRI, etc...
(chirurgia).
MANARDI (1462-1536), médecin à Ferrare, avait publié en 1525 des lettres sur divers sujets médicaux
de l'Antiquité ; RABELAIS les
fit éditer chez Sébastien GRYPHE (Lyon,
1532). Nous conservons ces
epistolarium medicinalium dans leur édition
de 1535 parue à Bâle chez Jean BEBEL.
Autre aspect de la vénération qu'inspire la Grèce,
l'ouvrage de HIERONYME MERCURIALI : De Arte Gymnastica, dont nous
avons la seconde édition (Venise, Junte, 1573) ornée de très beaux bois gravés illustrant les exercices auxquels se livraient les
athlètes grecs antiques (fig. 4). La page
de titre arbore le
lys des JUNTE flanqué des
lettres L.A., initiales du fondateur
de la
dynastie : Luc, Antoine.
Fig.4
De Arts gymnastica (H. Mercuriali)
Les écrits
d'HIPPOCRATE sont également l'objet de commentaires
et interprétations
en particulier par Jacques HOULLIER et
l'éditeur JACOT, ouvrage que
le lyonnais G. ROUILLE fait paraître en 1576 ; mais, surtout, l'une des meilleures manifestations
de l'attachement des érudits de la Renaissance à l'étude directe des œuvres de l'Antiquité est réalisée par
le messin Anuce FOES qui consacra quarante années
à l'étude des écrits d'HIPPOCRATE (fig. 5).
Fig 5
Effigie de A. Foes
Né à Metz
en 1528, FOES alla étudier à Paris où sa parfaite connaissance des langues anciennes lui valut l'estime de HOULLIER
et de GOUPYL. Ils obtinrent
pour lui, de FERNEL, qu'il put recopier trois très anciens manuscrits d'HIPPOCRATE
conservés à la bibliothèque de Fontainebleau et lui procurèrent une copie du manuscrit du Vatican. Sans fortune,
il ne put rester à Paris après
obtention de son diplôme de bachelier. De retour à Metz, il fut médecin de la
ville, emploi qu'avaient occupé avant lui GUINTER d'ANDERNACH et
A. LACUNA.
Jamais il n'abandonna l'étude critique d'HIPPOCRATE. En 1560, il fit paraître à Bâle Hippocrates Coi
liber Secundus qu'il dédia, sur les conseils de LE POIS, au duc de Lorraine. L'année
suivante, il publia sa Pharmacopoeia
précédée d'une épître à Charles III,
duc de Lorraine, et d'une adresse au Sénat et au peuple de Metz ; en 1588, il
donna un lexique médico-philosophique
qui fut longtemps utilisé : Oeconomia Hippocratis alphabeti Série distincta... (Francfort, héritiers d’A. WECHEL)
dans lequel il confronte termes obscurs ou équivoques de l'œuvre d'HIPPOCRATE
aux manuscrits et aux auteurs de l'ancienne Grèce. Enfin, en 1595, année de sa
mort, paraît à Francfort la très
célèbre édition gréco-latine de l'œuvre d'HIPPOCRATE
monument d'érudition souvent réédité.
A côté d'ouvrages rédigés en
latin ou plus rarement en grec, commencent
à paraître des livres écrits en français. Suivant l'exemple de l'Italie, quoiqu’avec un grand
retard sur DANTE et PETRARQUE,
les réactions en faveur de la langue nationale
naissent dans tous les domaines ; rappelons le manifeste du Champfleury de Geoffroy
TORY (1529), l'ordonnance royale de Villers-Cotterêts (10 août
1539) : François 1er stipulant que les actes
et opérations de justice se feront
dès lors en français (art.
110-111), la campagne de
la Pléiade (défense et illustration
de la langue française, Du BELLAY, 1549). Le
même mouvement créé en médecine s'observe dans nos collections. Nous conservons une
édition des ateliers lyonnais de
Benoist BOUNYN, en 1525, traduction française
des œuvres
de Jean de VIGO à l'intention des chirurgiens (qui ne possédaient pas le latin) par Nicolas GODIN qui connut un grand succès comme en témoignent les
rééditions successives (fig. 6). Nous avons
aussi celle réalisée par Oudin PETIT à Paris,
en 1542, sous une présentation plus modeste et en caractères romains.
Fig. 6
De Vigo en français (1525)
Mais c'est surtout Jean CANAPPE, médecin
de François 1er, professant la chirurgie à Lyon, qui s'attacha particulièrement
à traduire en français divers auteurs dont GALIEN qu'Ambroise PARE se
félicitera d'avoir lu grâce à lui.
Nous conservons le « deuxiesme livre... intitulé l'art curatoire à Glaucon...,
le troisiesme..., le quatriesme...,
le cinquiesme..., le sixiesme...,
le tresiesme et le quatorziesme
livre de la méthode thérapeutique de Claude GALIEN », imprimés à Lyon en
1538 et 1539 par Jean BARBOU pour Guillaume de GUELQUES et traduits par CANAPPE
(signant aussi Philiatros). Notons, dans le quatrième
livre, deux dessins d'instruments chirurgicaux : le glotottomon
et le syringotome attribués à RABELAIS.
Mais les médecins de la Renaissance ne
sont pas seulement tournés vers l'Antiquité, certains aidés par les
circonstances s'appliquent à développer leur art par la pratique et
l'observation.
Ainsi, les dissections n'étant plus
considérées comme sacrilèges se développent ; les erreurs anatomiques commises
par les Anciens, GALIEN en particulier, sont dénoncées.
L'apparition des armes à feu, au XVe
siècle, entraînant des blessures nouvelles amène à revoir les traitements
chirurgicaux.
La faculté de Nancy ne possède guère
d'ouvrages d'anatomie édités au XVIe siècle, mais l'Alphabet anatomie de Barthelemy CABROL, premier titulaire de
l'emploi de démonstrateur à Montpellier, mérite d'être cité (TOURNON, 1594).
Depuis le Moyen-âge, les chirurgiens
n'avaient qu'un seul guide ou guidon :
Guy de CHAULIAC (1300 ? - 1368). Jean CANAPPE traduit en français, en 1538, le guidon ... pour les barbiers et
chirurgiens dont nous avons une réédition de 1571 (Paris - Jean RUELLE) et
Estienne MICHEL fait paraître, en 1580 et 1584, une édition interprétée et
annotée par Laurent JOUBERT et son fils Isaac de la Grande chirurgie qui présente des instruments empruntés à Ambroise
PARE mais la Practica
de Jean de VIGO (1460-1525) éditée à Rome en 1514 connut un succès considérable
nous conservons une édition latine de 1582 outre les traductions françaises.
Pierre FRANCO (1506? - 1579?) est alors l'égal des plus grands en ce qui concerne le
traitement des hernies et de la cataracte ou l'extraction de la pierre ;
nous conservons une réédition d'un ouvrage paru en 1556 (Lyon, Thibauld PAYAN, 1561) illustré d'instruments.
Le traitement des plaies d'arquebusades
donne lieu à controverses. La manière de Laurent JOUBERT (1529-1583) est
critiquée par DU CHESNE, par VAYRAS ; elle est défendue par Tannequin GUILLAUMET. Nous conservons, de Joseph DU CHESNE,
le traité de la cure des arcbusades (sic), paru à Lyon chez Jean LERTOUT, en 1576 ; il est relié avec la réplique
faite à « maistre Jacques VAIRAS » par Tannequin GUILLAUMET (Lyon, Jean POYET, 1590). Le traitement
des plaies est aussi le sujet d'un ouvrage groupant les écrits de Bartholomeo MAGGI, J.F. ROTA, Alphonse FERRI (inventeur
d'un tire-balle : l'alphonsin), Léonard
BOTAL : De Sclopettorum...
(Venise, 1566).
Du grand Ambroise PARE (1509? - 1590),
rénovateur de la chirurgie, nous avons des éditions du XVIIe siècle, mais du
XVIe nous ne conservons qu'un in-folio illustré (Francfort, 1594)
traduit en latin (que PARE ignorait) par GUILLEMEAU si l'on se réfère au titre
(en fait par Jean HAUTIN). PARE y figure, la barbe en pointe, une collerette à
godrons, le manteau sur l'épaule gauche (fig. 7). De son élève et ami Pierre
PIGRAY nous gardons la chirurgie... en
douze livres (Paris, JAMET et Pierre METTAIER, 1600).
Fig.7
Effigie de A. Paré
Ancien doyen de la faculté de Paris,
Jean TAGAULT candidat à la chaire de chirurgie que François 1er venait de
fonder au Collège royal rédigea en hâte un traité de
chirurgie, en latin,
qui parut chez Ch. WECHEL (1543)
mais trop tard, l'emploi ayant été attribué
à Guido GUIDI. La faculté
de Nancy possède un exemplaire de la version française
de cet ouvrage. L'illustration de ces Institutions chirurgiques... (Lyon, G. ROUILLE, 1549)
est, en partie, inspirée du
Feldbuch der Wundartzney de GERSDORF, de 1517; on y voit (p. 240) une gravure, peu modifiée, intitulée : « comment il fault tirer une plombée... » (fig. 7) ; on la retrouve, plus proche du modèle, dans le
texte de TAGAULT que publie GESSNER en 1555 (p. 55) (fig. 8) ; elle voisine avec « l'homme aux multiples blessures », autre emprunt à GERSDORF.
Fig. 8
Fig. 9
Extraction de
projectiles (Tagault)
La scène d'extraction de projectile fut aussi utilisée par Andrea della CROCE dans son ouvrage Cirurgia universale e perfetta (Venise, Ziletti,
1573) (fig. 10) ; ce traité fut plusieurs fois édité jusqu'à la fin du XVIIe siècle. Nous avons l'édition de 1583 illustrée de gravures
sur bois, en particulier de scènes de trépanation où l'artiste s'est plu à mêler quelques détails familiers contrastant avec la gravité des situations (fig. 11).
Fig. 10
Extraction de
flèche (A. della Croce)
Fig.11
Cirurgia universale
e perfetta
Trépanation (A. della Croce)
L'un des premiers traités de chirurgie
plastique est dû au célèbre chirurgien de Bologne, TAGLIACOZZI (1545-1599).
Nous possédons deux exemplaires de sa cheirurgia nova... de narium, aurium, labium rumque defectu, per insitionem cutis ex humero...
parue à Francfort, en 1598, réédition in-octavo
d'un très bel in-folio publié l'année précédente chez G. BINDONI à Venise.
Vingt-deux bois gravés indiquent les instruments et la technique des
autogreffes à partir de la peau du bras maintenue au contact du nez, de l'oreille ou de la lèvre à restaurer (fig. 12).
Fig.12
Chirurgie nova (Tagliacozzi)
Autre préoccupation
des médecins de l'époque,
le mal napolitain ou mal français
apparu au siècle précédent, nommé Syphilis depuis un poème de
FRACASTOR (1530), est rappelé
dans De Sclopettorum... CAPIVACCIUS de Padoue, en le traitant devint
riche et célèbre ; nous conservons sa practica medicina
publiée par les soins de
J.H. BEYER (Francfort, 1594). CHAUMETTE
fit imprimer à Lyon, chez Loys CLOQUEMIN (1571) son Enchiridion destiné aux chirurgiens
pour les aider à pratiquer leur art et soigner (sinon
guérir) la vérole. Dans
un même but, Jean BEBEL
édita en 1536, à Bâle,
un ouvrage réunissant les
écrits de P.A. MATTHIOLE, J. ALMENAR,
N. MASSA, N. POLL, VITTORI.
L'obstétrique bénéficie alors d'une
meilleure connaissance anatomique.
Parmi les ouvrages de cette époque, celui
de Jacob RUEFF ein schoen lustig Trostbuchle... (fig. 13 et 14) paru
à Zurich en 1553, dont nous avons l'édition sortie des
presses de Christoffel FROSCHOVER l'année suivante, présente d'attachantes gravures sur
bois. A côté de fœtus, de monstres et d'instruments, on découvre des scènes charmantes. Ici, devant
la parturiente
assise, soutenue par deux femmes, une matrone s'active là, l'accouchée repose dans un lit à baldaquin, un enfant joue près du berceau,
tandis qu'on baigne le nouveau-né.
Fig. 13
Fig. 14
ein schoen lustig Trostbuchle... (J.
Rueff)
Les
ressources de la nature et
leur utilisation à des fins thérapeutiques
sont aussi mieux connues. La pharmacologie de DIOSCORIDE, parue au 1er
siècle, classique pendant tout le Moyen-âge, sera réimprimée, commentée et enrichie
et deviendra l'encyclopédie
pharmacologique de la Renaissance.
Plusieurs centaines de gravures sur bois de plantes et d'animaux illustrent l'édition que donna,
en 1579, G. ROUILLE
à Lyon, des six livres
de la matière médecinale de DIOSCORIDE commentés par MATTHIOLE, traduits
du latin en français par
Jean DESMOULINS, qui s'ouvre
sur une page de titre au décor foisonnant, dans lequel se cache la
marque de l'éditeur : l'aigle aux ailes déployées surmontant deux serpents. Près de vingt ans
plus tard, le lyonnais
Jean Antoine SARRASIN donna une édition gréco-latine
de DIOSCORIDE, parue l'année de sa mort
(1598), à Francfort, chez les héritiers
d’A. WECHEL.
Médecin et botaniste attaché au Consul de Venise, Prospero ALPINI séjourna
au Caire de 1580 à 1583,
il y fit d'utiles observations sur les usages, la médecine
et l'histoire naturelle de l'Egypte.
Professeur à Padoue, après avoir
été médecin de la flotte d'Espagne, il rédigea de Medicina Aegyptorum paru à Venise
en 1591.
Sollicité par son ami l'imprimeur van der LOE qui avait
acquis des planches de botanique
de Leonart FUCHS,
le hollandais Rembert DODOENS y
adjoignit un texte. Ce fut la base d'un
herbier publié en 1553. Plus tard, DODOENS se lia avec PLANTIN,
aux vues plus larges, qui ajoutant des
planches empruntées à de l'ECLUSE, à LOBEZ
de Lille, obtint un ouvrage
plus conséquent, le Stirpium historiae dont nous
possédons l'édition de 1583.
Un bel in-folio se différencie de ceux de nos collections
par sa page de titre où s'étale une large gravure sur bois représentant un
malade, ses médecins, un jardin
de plantes médicinales, un apothicaire s'activant
devant une série de cornues.
Le titre Ein neu Artzney Buch... est en beaux caractères gothiques
noirs et rouges. Œuvre de WIRSUNG, cet ouvrage a été imprimé à Neustatt an der Hardt en 1588.
D'autres titres pourraient être rapportés tels le Conti.nens omnia
nomina herbarum de
Otto BRUNFELS paru
chez Jean SCHOTT à Strasbourg en 1534,
ou, de Marsile FICIN (1433-1499),
célèbre platonicien florentin, deux exemplaires intitulés de vites librii tres ;
l'un édité par Vivant GAULTEROT,
à Paris en 1547, l'autre, par Guillaume
ROUILLE à Lyon en 1560, qui a la particularité
de porter l'ex-libris des petits
carmes déchaussés de Metz.
Le de venenis de Sante ARDOINI
religieux et médecin vénitien du siècle précédent,
réunissant des histoires
médicales et populaires de poisons,
dont nous gardons l'édition de Bâle, 1562,
mérite aussi notre attention.
De même, les
medicinalium observationum librii tres de Josse van LOMM,
élève et ami de FERNEL,
réédité une douzaine de fois dont nous
avons l'édition de 1560 portant
la marque de Christophe PLANTIN, le
compas à la pointe fixe et l'autre mobile et sa devise « labore
et constantia ».
Les
livres édités au XVIIe siècle
Les écrits
des auteurs de l'Antiquité, surtout d'HIPPOCRATE, de GALIEN et des
arabes, sont encore traduits et commentés.
Parfois il ne s'agit que de rééditions d'ouvrages du siècle
précédent.
Ainsi, nous avons une réédition
(1616) de l'animalium natura... d'ELIEN donnée à Zurich, en 1556, par
Pierre GILLES et Conrad
GESNER dans une version
gréco-latine ; et de Georges HENISCH, une traduction
commentée d'ARETEE de Cappadoce publiée en 1603 à Augsbourg.
Le Régime de Santé de l'Ecole de Salerne
par Michel LELONG est réédité pour la
quatrième fois en 1649 (Paris) ;
cette école réputée est le sujet des
réflexions de René MOREAU (Paris, 1672).
Juif, le portugais AMATO dû se réfugier en Italie. Nous avons de lui une édition
bordelaise de 1620 d'un livre paru à
Florence en 1551 : curationum medicinalium
qui témoigne d'une grande connaissance d'HIPPOCRATE, de GALIEN et des arabes,
en même temps que de l'art de son temps.
Guido GUIDI
(1500-1569) publia en 1554 chirurgia e graeco in latinum
conversa que François LEFEVRE traduisit : les anciens et renommés
autheurs... paru chez G. ROUILLE à Lyon en 1555. Nous conservons une
édition parisienne de 1634 de cette traduction d'HIPPOCRATE, GALIEN et ORIBASE.
Jean BRECHE fit paraître, en 1550, les
Aphorismes d'HIPPOCRATE et un commentaire de GALIEN ; ce livre figure sur nos
rayons dans l'édition de Paris, 1627.
On doit à la maison vénitienne JUNTE,
des rééditions annotées par Jean COSTEO
(mort en 1603) du Canon d'AVICENNE dans sa traduction latine due à Gérard de
CREMONE revue par André ALPAGO et Benoit RICCIO (1608),
ainsi que des écrits commentés de MESUE.
GALIEN, vu par Santorio SANCTORIUS,
reparaît à Lyon en 1632. Andrès de LAGUNA,
apprécié des messins lors de son séjour dans
leur ville, donna à Venise en
1548 un Epitome de GALIEN réédité
à Strasbourg par Lazare ZETZNER (1604).
HIPPOCRATE fait
l'objet, dans nos collections,
d'une douzaine d'ouvrages dont celui du champenois LE MAISTRE (1613),
médecin de Gaston d'ORLÉANS qu'il accompagna en Lorraine, celui de PORZIO,
dédié à Christine de Suède (Rome, 1681), l'édition posthume de MERCURIALI
(1621), celle de TOZZI (1693) qui s'ouvre
sur un frontispice allégorique de F. MIOTTE où Naples s'étire au
fond de sa baie, et surtout, l'œuvre inégalée du messin Anuce FOES, rééditée à Genève chez S.
CHOUET, en 1657 et 1662 (pour son Oeconomia).
Il faudrait encore citer l'édition
gréco-latine complète des œuvres
d'HIPPOCRATE et de GALIEN que René
CHARTIER (1572-1654) eut le courage d'entreprendre, qu'il ne put achever
car elle l'avait ruiné et dont les treize tomes sont réunis en neuf volumes in-folio qui s'ouvrent sur un frontispice de A.
ROUSSELET où figurent Louis XIII, Richelieu et le Dauphin (Paris, 1638, 1639, 1679, 1689) (fig. 15).
Fig. 15
Frontispice R. Chartier : Hippocrate, Galien
Toute (ou presque) la botanique médicale
connue au XVIe siècle est résumée dans les six livres de DIOSCORIDE sur la
matière médicale commentés par P.A. MATTHIOLE
(1501-1577) l'édition de Lyon, 1680, est traduite par Antoine DU PINET.
L'Alphabet
anatomic de CABROL
continue à être édité (Lyon,
1624) malgré le succès de la semaine ou pratique
anatomique de Nicolas HABICOT (mort
en 1624) divisée en seize leçons dont
deux devaient être faites chaque jour, ce qui permettait de démontrer presque toute l'anatomie sur un seul
cadavre ; nous avons l'édition
de Paris, 1660, de cet ouvrage paru
en 1610.
Les œuvres
de André
DU LAURENS (mort en 1609), recueillies et traduites par Théophile GELEE, font l'objet d'un très bel in-folio
sorti des presses rouennaises de R. du Petit-Val, en 1621 ; s'ouvrant
sur un frontispice dû à C.D. MALLERI, orné d'un portrait de l'auteur (à
39 ans), l'ouvrage à la très belle typographie, est enrichi de lettres ornées
et de vingt-six magnifiques planches inspirées de VESALE à travers GUILLEMEAU ; elles furent regravées,
deux sont signées J. de WEERT.
De VESALE, on peut regretter de n'avoir pas l'édition princeps
de sa Fabrica
publiée en 1543 même si nous conservons une édition vénitienne de 1604, bel in-folio où l'on retrouve le frontispice
bien connu gravé par F. VALEGI, le portrait
de l'auteur et les célèbres planches anatomiques.
Les chirurgiens lisent encore Guy de
CHAULIAC (XIVe siècle) sa grande chirurgie « restituée »
par Laurent JOUBERT est de nouveau
imprimée (Lyon, 1641) ; les « remarques » qu'il inspira à Jean FAUCON (mort en 1532) eurent une
édition posthume en français (Lyon, 1649) ; il est commenté par François RANCHIN (Rouen, 1628), par
Simon MINGELOUSAULX (Bordeaux 1672).
De
même, la chirurgie française... de
Jacques DALECHAMPS, de 1569, traduction d'écrits de Paul d'EGINE enrichie de notes puisées dans CELSE, HIPPOCRATE, GALIEN, ABULCASIS, AVICENNE,
AETIUS, etc...
est rééditée chez Olivier de VARENNES par Jean GIRAULT (1610).
La chirurgie de PARACELSE
(1493-1541) traduite en français
par Claude DARIOT, de Beaune (mort en 1594), éditée
d'abord à Lyon, en 1593, est
rééditée à Montbéliard, en 1608.
Nous conservons plusieurs éditions posthumes, tardives, des œuvres d'Ambroise (mort en 1590) : la sixième, due à Nicolas BUON
(Paris, 1607), la septième avec son portrait par A. VALLEE
(1585), sortie des ateliers de Barthelemy MACE (Paris, 1614), la huitième enrichie du traité des fièvres (œuvre médicale
que GOURMELEN reprochera au chirurgien) où son portrait par
G. HORBECK (1584) (fig. 16) diffère du précédent
par quelques détails (ces
deux cuivres étant
de meilleure facture que la méchante
gravure sur bois
évoquée dans les éditions du XVIe siècle) (Paris, N.
BUON, 1628), la douzième (Lyon,
J. GREGOIRE, 1664) et, enfin,
un exemplaire où manque
la page de titre ; PARE rapporte la
manière de réduire la luxation
de l'épaule qu'il tient de « l'astuce et invention du chirurgien de Monseigneur
le duc de Lorraine, nommé Nicolas PICART » (p. 564, sauf édition de 1664 : p. 365) ;
il relate son voyage à Metz
(page 1205 et s. ; édition
de 1664 : p. 786 et s.).
Fig. 16
Portrait de A. Paré
De
GOURMELEN, qui se voulut l'ennemi juré de PARE dont les écrits avaient ruiné sa
synopsis chirurgiae traduite en français par André MALEZIEU (1571), nous gardons les œuvres posthumes transmises par
Germain COURTIN, publiées par G. METURAS (Paris, 1647).
On trouve sur nos rayons, de Pierre PIGRAY disciple et
émule de PARE, premier chirurgien de Henri IV
et Louis XIII, mort en 1613, deux exemplaires de son Epitome des préceptes de
médecine et chirurgie..., l'un de Rouen (1634), l'autre de Lyon (1673)
ainsi qu'une édition (Paris, 1600) de la chirurgie
mise en théorique et pratique... portant ces inscriptions
émouvantes : « je commance à faire mon
apprentissage le 21 may 1696,
faite par moy
Jean didier
à Vassy » - « apprenty chez Mtre HUTIN, Mtre Chirurgien à WASSY ».
Félix WURTZ (ou WIRTZ) (1518-1574), chirurgien suisse, servit
comme A. PARE au cours de nombreuses guerres. Rudolf, son fils, chirurgien à Strasbourg, fit paraître
sa chirurgie que SAUVIN
traduisit en français (Paris, 1672).
De Germain
COURTIN, qui forma les meilleurs
chirurgiens de son temps,
nous avons les leçons faites de
1578 à 1587, recueillies par Etienne
BINET, publiées en 1612 ; d'autres ont
été jointes aux œuvres de
chirurgie de Jacques GUILLEMEAU
(Rouen, 1649).
L'un des plus célèbres médecins du XVIe
siècle, le GALIEN moderne, Jean FERNEL, (mort en 1558) est l'auteur de Universa medicina qui
supplanta le Canon d'AVICENNE et devint peu à peu le manuel d'enseignement,
par excellence, jusqu'au XVIIIe siècle. Nous avons plusieurs éditions, toutes
posthumes, enrichies d'annotations et d'une relation de la vie de FERNEL par
Guillaume PLANCY qui épousa la nièce du maître et vécut dix ans avec lui
(Genève, 1637) ; d'autres, plus tardives ont été complétées par les
commentaires de Jean et Otton de HEURN (Utrecht, 1656) (Genève, 1679) ;
l'édition de 1656 possède un frontispice (J. van ULFT, pinx.
Th. Matham, sc.) où FERNEL
est figuré entouré de ces deux professeurs réputés de Leyde (fig. 17)
.
Fig. 17
Frontispice :
Fernel entouré de J. et O. de Heurn
Les observationum medicarum rariorum
de Jean SCHENCK, de Grafenberg (1530-1598) sont
rééditées à Lyon chez J.A. HUGUETAN en 1643. Dans la même ville, chez P. RAVAUD,
parait en 1628 une édition de la medicina practica de Martin RULAND (mort en 1602) qui avait déjà
été publiée en 1567 à Strasbourg, chez Josias RIHELIUS.
Thierry de HERY, ami d'enfance de PARE,
et compagnon de François 1er lors des expéditions d'Italie, est l'auteur du
premier livre écrit en français sur la syphilis (1552) qu'il traite par
frictions mercurielles sa méthode curatoire de la maladie vénérienne
vulgairement appelée grosse verolle... est
rééditée à Paris, en 1660.
Le premier livre classique consacré à la
césarienne est dû à François ROUSSET son hystero tomotokie ou enfantement césarien parut,
à Paris, en 1581 ; il fut traduit en latin par Gaspar BAUHIN l'année
suivante puis eut plusieurs rééditions, dont une à Francfort, en 1601.
Pour terminer cette évocation de
rééditions d'auteurs du siècle précédent, citons, car il le mérite bien,
l'ouvrage au style rabelaisien de Laurent JOUBERT intitulé la première et seconde partie des erreurs populaires touchant la
médecine... dédié, en dépit de propos jugés « trop sales et
charnels » du 1er jour de l'an 1578 « à la très haute, très
excellente et studieuse princesse Marguerite de France, très illustre Royne de Navarre, fille, soeur et
femme de Roy ». Cette dédicace de l'édition de Rouen, 1601, objet de
controverses, disparut des rééditions rendues nécessaires par le grand succès
que connut ce livre.
Au XVIIe
siècle, des médecins ont les travers ridiculisés par MOLIERE, mais d'autres commencent à percer les
mystères de la machine humaine ASELLI, HARVEY, PECQUET sont
de ceux-là.
A Pavie,
le 23 juillet 1622, ASELLI est prié de disséquer un chien par quelques amis qui souhaitent voir les nerfs
récurrents. L'animal sacrifié venait de
manger, son mésentère était parcouru par de nombreux filaments blancs qui, coupés,
laissèrent sourdre un liquide
laiteux ; les chylifères étaient découverts. L'événement fut publié à Milan,
en 1627, un an après la mort d'ASELLI, dans un in-quarto
illustré de quatre planches en couleurs. L'édition que nous conservons (Leyde, 1640) a les
mêmes figures mais plus petites et
en noir (fig. 18).
Fig. 18
Fig. 19
Une planche de Aselli La circulation démontrée par Harvey
Cette publication
de
lactibus sive lacteis venis... est reliée à la suite d'un livre de William HARVEY : de motu cordis et sanguinis...
réédition
à Leyde, en 1639,
de la relation de sa découverte de
la circulation faite en 1613 et
diffusée quinze ans plus
tard, publication illustrée de deux gravures
démontrant la circulation (fig.
197). L'éditeur, Jean MAIRE,
y a joint les réfutations de deux adversaires de HARVEY James PRIMEROSE et
Emilio PARISANI (qui
n'avaient jamais disséqué). Du même HARVEY, nous avons
le second livre important : de generatione animalium
paru, en 1651, à la fois à Londres
et Amsterdam. C'est, en quelque sorte,
le fondement de l'embryologie moderne.
Un ouvrage, d'apparence
modeste, est pourtant l'un des plus importants de ce siècle. Il
s'agit de la relation par
Jean PECQUET (1622-1674) de sa découverte
faite en 1647 du canal thoracique, de la citerne qui porte son nom et pour
tout dire de l'aboutissement
des chylifères, non dans le foie
comme le pensait ASELLI, mais dans la veine sous-clavière gauche ; cette
découverte fut publiée en même temps
à Paris et à Hardeweck en 1651. Elle
est illustrée d'une planche gravée
montrant un chien au thorax
ouvert (fig. 20). PECQUET venait
d'être attaché à la maison du surintendant FOUQUET ; il lui restera fidèle dans sa disgrâce et le suivra jusqu'en sa geôle.
Fig. 20
La démonstration de J. Pecquet
Ces ouvrages fondamentaux ne doivent pas nous faire négliger d'autres publications moins originales.
Et tout d'abord, les nombreux livres d'anatomie, illustrés pour la
plupart d'un frontispice représentant une scène de
dissection.
Jules CASSERIUS, à
Padoue, fit dessiner des planches anatomiques
par FIALETTI, que grava Francesco VALESIO ; elles étaient destinées à un ouvrage Theatrum anatomicum qui ne fut
pas réalisé par suite de la disparition de son auteur ; son successeur,
Adrian van der SPIEGHEL, s'éteignit lui aussi avant d'avoir
pu faire
éditer son ouvrage de corporis humani fabrica. Par testament, il avait chargé un
médecin allemand, RINDFLEISCH, dit
BUCRETIUS, de cette tâche. Ce dernier
sut associer les deux œuvres ébauchées. Des héritiers de CASSERIUS, il obtint 78 planches ; il
en ajouta 20 dont 15 empruntées
à VESALE (certaines regravées à l'envers par VALESIO). Ainsi parurent
à Venise, en 1627 : De Humani corporis fabrica libri decem, tabulis XCIIX... opus posthumum Daniel BUCRETIUS... et Julii CASSERI... tabulae anatomica
LXXIIX ... Daniel BUCRETIUS XX quae deerant supplevit et omnium explicationes
additit. Nous conservons
l'édition de Francfort, 1632 ; les deux
traités ont le même frontispice : trois figures
allégoriques « diligentia, anatomia, ingenium » jointes au
squelette à la bêche de
Vésale et à la première planche des muscles de la « fabrica » avec en bas, les
instruments de l'anatomiste
voisinant avec un singe et un porc (fig. 21).
Fig. 21
Frontispice de
l’ouvrage de Casserius complété par Brucretius
De GODFRIED BIDLOO, nous
conservons un très bel in-folio,
haut de 53 cm : l'anatomia humani corporis illustré de
105 planches plus artistiques
que véritablement anatomiques, dessinées par Gérard
de LAIRESSE, gravées par A.
BLOOTELING et les frères Van
GUNST, publié à Amsterdam, en 1685 (fig. 22). Cet ouvrage qui s'ouvre sur un frontispice représentant le Temps armé de sa
faux est si beau
que COWPER va le plagier (fig. 23).
Fig. 22
Fig. 23
G. Bidloo : anatomia humani corporis
planche
frontispice
Isbrand de DIEMERBROECK
donne, à Utrecht en 1672, un ouvrage :
Anatome corporis
humani...,
qui s'avère être le meilleur
de son temps et qui sera
réédité ; nous avons l'édition lyonnaise (J. H. HUGUETAN, 1683) dont le frontispice dû à OGIER
représente André VESALE
et Adrian SPIEGHEL, un cadavre repose devant des niches contenant un squelette et des corps (fig. 24) ; nous avons
aussi une traduction française par J. PROST
de ce
livre (Lyon, 1695) ainsi que les
opera medico-practica... publiés à Genève,
chez Samuel de TOURNES (1687)
par les soins du fils de l'auteur,
Timan.
Fig. 24
Fig. 25
I. de Diemerbroeck : frontispice J. Riolan :
frontispice (œuvres anatomiques)
Jean RIOLAN le fils, figure dans le frontispice de ses œuvres
anatomiques (Paris, Deny MOREAU, 1628/29) ; Crispin de PASSE l’a représenté
coiffé d'une calotte, la barbiche en
pointe, en robe noire,
un doigt
pointé vers le cadavre
objet de la dissection,
entouré de ses auditeurs en
costumes Louis XIII
(fig. 25).
Parent de Sébastien LECLERC, Daniel LECLERC est l'auteur avec J.J. MANGET d'une Bibliotheca anatomica parue
en 1688, dont nous avons la
seconde édition (Genève, 1699),
deux forts volumes in-folio.
L'anatomie du cerveau
et des
nerfs due à Thomas WILLIS,
figure ici dans une édition
posthume (Amsterdam, 1676), illustrée.
On ne peut omettre les très
curieuses préparations anatomiques
qui illustrent l'ouvrage de Frédéric RUYSCH Observationum anatomico-chirurgicarum ... (Amsterdam
1691) dont nous avons quatre exemplaires.
Théophile BONET, a réalisé un
monument anatomo-pathologique, le Sepulchretum dont nous possédons une édition posthume (Genève,
CRAMER et PERACHON,
1700) commentée par J.J. MANGET. Devenu sourd à 50 ans, BONET
abandonna la pratique médicale et réalisa une œuvre
considérable de compilateur. La bibliothèque
conserve de lui : Medicina septentrionalis (Genève, 1686/87), Polyalthes sive Thesaurus... (Genève,
1691/94) ; tous ces ouvrages
sont de beaux in-folio qui s'ouvrent sur une représentation gravée de l'auteur
achevant d'écrire sa chirurgia universalis (fig. 26) ; ses œuvres sont empilées à
côté de lui ; au fond de sa bibliothèque tapissée de livres, une porte ouverte sur la campagne
laisse voir la Mort armée
de sa faux.
Fig. 26
Portrait de
Théophile Bonet
Marcello MALPIGHI (1628-1694), élève de BORELLI,
est le premier à confirmer, par l'examen microscopique du poumon, l'existence de capillaires
soupçonnés par HARVEY. Les livres
que nous possédons de cet auteur sont illustrés de frontispices
allégoriques. Ainsi les opera omnia... (Leyde, 1687)
ont un frontispice dû à Ad. SCHONEBEEK ; celui de l'édition
de Londres (1686/87) a été gravé par R.
WHITE : des angelots couronnent
de fleurs trois fauves qui semblent agacés (fig. 27 et 28) ; ailleurs, on les trouve endormis au pied d'un arbre ; c'est le cas dans l'édition posthume (Amsterdam, 1700) (Londres,
1697) où le portrait de l'auteur a été gravé
par I. KIP.
Fig. 27
Fig. 28
Frontispice des œuvres de Malpighi
Les nouvelles découvertes ont besoin
d'être défendues. L'un des premiers à soutenir HARVEY à propos de la
circulation est DELEBOE (« Sylvius » en latin) ; son portrait est dans les œuvres posthumes que nous avons : l'un est de C. van DALEN
Junior (édition Amsterdam, Daniel.
ELZEVIR, 1679), l'autre a été gravé par I.L. DURANT (Genève, Samuel de
TOURNES, 1681).
Le chirurgien de la reine sous Louis
XIV, DIONIS, avait bénéficié de la création d'une chaire d'anatomie et de chirurgie au Jardin du Roi (1673)
avec ordre d'y enseigner la
circulation et les dernières découvertes. Il fit paraître en 1690, des
démonstrations d'anatomie faites dans cet esprit ;
bien accueilli, son livre eut plusieurs rééditions. Nous avons la
troisième (Paris, 1698). Dix-neuf planches illustrent chacune une leçon, un
frontispice représente l'amphithéâtre de Saint Cosme, l'auteur a son portrait peint par BOULOGNE (en 1689) ; toutes
ces illustrations furent gravées par THOMASSIN.
Paul BARBETTE est l'auteur des œuvres chirurgiques
et anatomiques... appropriées à la circulation du sang et autres découvertes
des modernes parues à Genève chez François MIEGE (1675) (avec un frontispice
de P.L. DURANT) (1674) (fig. 29).
Fig. 29
Frontispice
des œuvres
chirurgiques et anatomiques… de Barbette
Le médecin le plus
célèbre de son siècle, Thomas
BARTHOLIN complète la connaissance des vaisseaux
lymphatiques entrevus par ASELLI ; il est un des premiers à
défendre la circulation du sang découverte par
HARVEY. Son portrait, gravé par Jonas SVIDERHOEF d'après une peinture de
Carl van MANDER, est dans l'édition
de 1666 de l’Anatomica
reformata qui s'ouvre sur un curieux frontispice : la dépouille étalée d'un homme (fig. 30). En admirateur inconditionnel, son élève
Martin BOGDAN fait paraître
à Copenhague, en 1654, un
petit ouvrage où il prétend que
RUDBECK s'attribue à tort la
découverte des lymphatiques, faite par
son maître.
Fig. 30
Frontispice
de l’Anatomica reformata
Outre les
travaux fondamentaux d’ASELLI,
HARVEY et PECQUET, la
physiologie est encore illustrée par quelques ouvrages.
Fabrice
d'ACQUAPENDENTE (1533-1619) qui fit aménager
à ses frais l'amphithéâtre de Padoue
resté célèbre, est à la charnière
des XVIe et XVIIe siècles.
Nous avons de lui
deux éditions lyonnaises (1649, 1674) des œuvres chirurgicales, traduction française de opera chirurgica
paru à Padoue, en 1617, et du Pentateuchus
(Francfort, 1592), décrivant de la tête
aux pieds toutes les affections chirurgicales, mais surtout nous voulons parler ici de son de visione, voce, auditu (Venise, 1600) qui s'ouvre
sur un frontispice dû à Jacobus VALEGIUS où des angelots dissèquent qui un
œil, qui un larynx.
Jean Alphonse
BORELLI (1608-1679) tente d'expliquer l'action des muscles par la mécanique ;
il fonde l'école iatromathématique. Nous avons son
œuvre posthume, publiée telle qu'elle fut trouvée après son décès : de motu animalium... (Leyde, 1685).
De Robert BOYLE qui
étudie les effets de
l'élasticité de l'air, nous avons une édition latine, posthume (Rotterdam, 1669) de son nova experimenta physico-mechanica
de vi
aëris Elastica.
Régnier de GRAAF mort à 32 ans (1673) connut
la célébrité par ses travaux sur le
pancréas et les organes génitaux. Un ouvrage où manque la
page de titre, édité en
1679, illustré de 41 planches
en taille douce et
les opera omnia
(Leyde, 1677) où figure le portrait de l'auteur et un frontispice allégorique où l'on peut voir un chien porteur d'une fistule pancréatique sont les deux livres que nous possédons (fig. 31). Ses
travaux ainsi que ceux de van HORN,
de VESLING sont rapportés dans les nouvelles découvertes sur les
organes des hommes servans à la génération de Louys BARLES (Lyon, 1675).
Fig. 31
R. de Graaf : la fistule pancréatique
En chirurgie, Jacques de MARQUE condense Ambroise PARE, TAGAULT, etc... dans sa méthodique
introduction ... (Paris, 1603) ; mais il est aussi l'auteur d'un traité
des bandages (Paris,
1631) très estimé en son temps,
orné d'un frontispice à colonnade, et
de son portrait (Ferdinand pinx. I. Matheus, sc.) ;
ses œuvres
seront encore éditées quarante ans après sa mort.
UFFENBACH, dans son Thesaurus chirurgiae (Francfort,
1610) réunit, lui aussi,
les classiques de chirurgie :
A. PARE;
(dont il donne le portrait
à 68 ans), TAGAULT, HOULLIER,
BIONDO, FERRI, DONDI, Fabrice de HILDEN, etc...
Guillaume FABRICE
(né à Hilden en 1560) fut un excellent chirurgien qui
illustra ses observationum & curationum
chirurgicarum (Lyon, 1641) de gravures sur bois d'instruments chirurgicaux de
son temps que l'on retrouve, sur cuivre, dans la traduction française qu'en
donne BONET (Genève, 1679). Du même FABRICE, nous avons le De gangraena et sphacelo... (1617) orné
de son portrait ainsi que les opera observationum
& curationum... (Francfort, 1682) au frontispice gravé par Sébastien FURCK où le portrait de l'auteur (à 73 ans, en 1633),
sous le signe de Yahvé, voisine
avec HIPPOCRATE et DIOSCORIDE
en pied ; on y rencontre encore le coq
et le serpent : symboles de la médecine, un squelette tenant une
clé et une bêche, assis sur une ruche,
évocation des abeilles du tombeau d'HIPPOCRATE,
et trois vignettes les instruments chirurgicaux, un médecin au chevet de
son malade ; deux médecins se saluant
(fig. 32).
Fig. 32
Fabrice de Hilden : frontispice
L'Armamentarium chirurgicum (Ulm, 1655) de Jean SCULTET présente en 43 gravures les
opérations et l'arsenal du
chirurgien de ce temps. C'est d'ailleurs sous ce vocable que se présente
l'édition française, traduction due à
François DEBOZE (Lyon, 1675) avec un additif, la description d'un monstre exhibé à Lyon le 5 mars 1672. Le frontispice
signé TIXETRANT, représente la
dissection d'un corps maintenu par trois jeunes aides, dont l'un
détourne le regard ; au mur, des
instruments (fig. 33).
Fig. 33
Frontispice de l’Arcenal de
chirurgie de Scultet
Pour clore cette liste déjà longue des
traités de chirurgie, citons la chirurgia curiosa de PURMANN, éditée à la fin du siècle (1699), en
allemand, à la fois à Francfort et à
Leipzig ; une riche illustration
mêlent lésions et tumeurs diverses ainsi que des scènes d'amputations, de
réductions de luxation de l'épaule, etc...
L'obstétrique va s'ouvrir aux hommes de l'art après Louise BOURGEOIS, dite BOURCIER, qui
assista Marie de Médicis dans toutes
ses couches. Nous avons d'elle un petit traité sur les maladies des femmes
(Paris, 1609) ainsi qu'une Apologie...
contre le rapport des médecins (Paris, 1627) et une requête
à la reine qu'elle se sentit obligé
de rédiger à la suite de la mort de la duchesse
de Montpensier quelques jours après son accouchement.
Charles GUILLEMEAU, accusateur de Louise
BOURGEOIS, édite un ouvrage de son père Jacques
GUILLEMEAU (1550-1613) : de la grossesse et accouchement
des femmes... (Paris, 1621)
illustré d'un frontispice de
F.BRIOT et de deux scènes : l'accouchée et
la relevée, peintes par
E. JEAURAT.
Le plus célèbre
accoucheur est, sans doute alors,
François MAURICEAU (1637-1709) ; ses observations... sur la grossesse
et l'accouchement (1693) (1694) sont illustrées de son portrait. Une polémique s'engagea entre lui
et Philippe PEU, qui avait
critiqué son tire-tête. Le portrait de
ce dernier par S. THOMASSIN, figure dans sa Pratique des accouchemens... (Paris,
1694) et leur querelle fait l'objet
de plusieurs publications.
Cosme VIARDEL, méprisé par
MAURICEAU, publie peu après lui des observations sur la pratique des acouchemens...
dont nous avons la seconde édition
(Paris, 1674) illustrée d'un portrait
de l'auteur par DUGUERNIE gravé par FROSNE
(1671) et de curieuses
gravures (fig. 34).
Fig. 34
Portrait de
Cosme Viardel
Les monstres ont, depuis le siècle
précédent, un certain
attrait. On en trouve beaucoup dans les
œuvres d'A. PARE. Gérard BLAES réédite un ouvrage de Fortunio LICETI de 1616, de monstris (Amsterdam, 1665), qui s'ouvre sur un curieux frontispice dû à H. BARI :
une femme aux seins multiples
entourée de monstres ; il est
lui-même l'auteur de observationes medicae rariores accedit monstri triplicis historia (Amsterdam, 1677) (fig. 35),
ouvrage relié avec celui de HEILAND historia infantis monstrosi... (1676)
rapporté aussi par F. DEBOZE à la
suite de sa traduction de l'Arcenal de SCULTET (fig. 35).
Fig. 35
Frontispice des observationes…
On peut rapprocher de ces relations
d'êtres
curieux, les planches
gravées éditées avec un texte court
par F.W. SCHMUCK à Strasbourg
de 1679 à 1683 dont certaines,
de belle facture, sont captivantes (fig. 36).
Fig. 36
Une planche de F.W. Schmuck
De nouveaux systèmes se développent et sapent le galénisme.
J.B. van HELMONT fonde l'école iatrochimique inaugurée par PARACELSE ;
il expose dans ortus medicinae la théorie des « archées » (terme
créé au XVe siècle par Basile
VALENTIN) : le corps
étant formé de l'archée, ou architecte, et de la matière.
Son fils réédite son œuvre
dont nous conservons les
éditions de 1648, 1652, 1667 où un frontispice
de N.
AUROUX immortalise les
visages du père et
du fils parmi une série de blasons (fig. 37)
.
Fig. 37
Frontispice avec les effigies des van Helmont,
père et fils
Laurent BELLINI, dont nous avons
la seconde édition de son de urinis et pulsibus... (Francfort et Leipzig,
1698), développe les conceptions de son maître BORELLI,
fondateur de l'école iatromathématique dont le précurseur fut SANCTORIUS. Ces idées seront traduites et diffusées
en Ecosse par PITCAIRN.
Signalons encore le Traité des maladies des femmes guéries par les
eaux de Pougues
publié par Augustin COURRADE, à
Nevers (1634), de Samuel
COTTEREAU DU CLOS les
observations sur les eaux
minérales de plusieurs provinces de France faites à l'Académie Royale des Sciences en l'année 1670 et 1671, édité par l'imprimerie royale (1675).
De EDME BAUGIER le Traité des eaux minérales d'Attancourt en Champagne avec quelques observations sur les eaux minérales
de Sermaise
(Chalons, 1696).
En médecine légale, l'un des premiers à écrire sur ce sujet fut le
sicilien Fortune FIDELIS ; son
ouvrage de relationibus medicorum libri quatuor... parut à Palerme,
en 1602. Nous avons une édition
posthume (Leipzig, 1674)
illustrée d'un beau frontispice
dû à N. HAUBELIN.
Paolo ZACCHIAS, médecin du pape Innocent X rédigea un ouvrage devenu classique Quaestionum medic olegalium... dont Jean Daniel HORST assura une réédition posthume (Francfort, 1666).
Un curieux
personnage, Nicolas de BLEGNY, eut l'idée d'un journal qui diffuserait les dernières découvertes ; cette publication n'eut
qu'une existence fugace ; N. de BLEGNY s'en servant pour attaquer la faculté, il fut bientôt interdit. Théophile
BONET en donna une édition en latin intitulée Zodiacus medico-gallicus
illustrée d'un frontispice où sont
représentés les signes du zodiaque ainsi qu'une vue du Louvre au bord de la Seine (Genève, CHOUET, 1680/1686).
Parmi les
multiples sujets exposés, figure l'arbre à quinquina dont TALBOT venait de vendre le « secret »
au roi ; signalons à ce propos l'histoire,
avec illustration, de l'écorce de quinquina dans
historiarum anatomicorum de Th. BARTHOLIN
(1654/57).
Nous ne voudrions pas clore cette énumération des éditions du XVIIe siècle, qui est loin
d'être complète, sans citer quelques
ouvrages et auteurs ayant des rapports
avec notre région.
Christophe CACHET, de Neufchâteau,
établi à Toul puis appelé à Nancy par
le duc de Lorraine, publie chez Sébastien PHILIPPE (Toul, 1612)
des Controversiae... in primum Aphorismorum Hippocratis et, en
1617, vray et asseure
préservatif de petite vérole
et rougeole... le tout en faveur des Dames
et de leurs chers poupons,
ouvrage qui sera réédité à Nancy, en 1623.
Jean FORGET, d'Essey,
premier médecin de Charles IV de Lorraine,
suivit le duc dans toutes ses expéditions
militaires. Nous avons de lui Artis signatae designata fallacia sive de vanitate signaturarum plantarum (Nancy, Ant. Charlot.
1633) où il réfute le système de
J.B. PORTA, médecin napolitain et se
montre dégagé des notions superstitieuses
de son temps.
De Charles LEPOIS, doyen de la Faculté
de Pont-à-Mousson, médecin d’Henri II, nous conservons le medicinalium observationum & consiliorum
(Paris, 1633) (132474).
Il est pénible de terminer sur le Traité du Cancer... (Paris, 1698) de
Jean-Baptiste ALLIOT, monument de charlatanisme. Rappelons que Anne d'Autriche,
atteinte d'un cancer au sein découvert au cours de l'été 1664, refusant l'amputation
que lui conseillait HELVETIUS, fit appel à Pierre ALLIOT, médecin du duc de
Lorraine Charles IV ; il prétendait
guérir ces néoplasies sans l'aide du cautère et sans bistouri. Son procédé, une
poudre arsenicale qu'il appliquera à sa royale patiente en mai 1665, aboutit à
une catastrophe ; la reine mourut le 20 janvier 1666. Cet échec n'empêcha
nullement Jean-Baptiste ALLIOT, fils aîné de Pierre, héritier du
« secret », devenu médecin de Louis XIV et de Elisabeth Charlotte
d'Orléans de publier ce traité du cancer où il critique HELVETIUS.
Aperçu
sur les ouvrages édités au XVIIIe siècle
On s'intéresse
encore, au XVIIIe siècle, aux classiques de l'antiquité et du Moyen-âge.
On relève plusieurs
commentaires des écrits
d'HIPPOCRATE, signés de DURET, de HECQUET,
de LEFEBVRE, de FOES (Bâle, 1748), etc...
Hermann BOERHAAVE
donne à Leyde, en 1735, une version d'ARETEE de Cappadoce, qui s'appuie sur
l'édition gréco-latine d'Oxford de J. WIGAN (1723) enrichie des commentaires de P. PETIT. J.C. AMMAN fait éditer à Amsterdam, en 1722, de morbis acutis
et chronicis de Coelius
AURELIANUS qui s'ouvre sur un beau frontispice.
La chirurgie
d'ABULCASIS reparaît, en 1778, en arabe et latin, par les soins de
J. CHANNING et GRUNER, à Iéna, publie des auteurs arabes et redécouvre CONSTANTIN l'Africain à propos de la variole et de la rougeole.
B.L.M. (BRUZEN de la
MARTINIERE) nous donne, en vers français, l'art de conserver la santé de l'Ecole de Salerne (Paris, 1749). Un Epito
me de curatione morborum de NONNUS est réimprimé en grec et latin, en
1794 ; les huit livres de médecine de CELSE sont réédités
à Leyde (1785) et les commentaires qu'en fit J. van LOMM (au XVIe siècle)
sont redonnés en 1794.
A Florence, en 1754,
A. COCCHIO réunit en un bel in-folio des chirurgiens
antiques : SORANOS, ORIBASE etc...
Un abrégé de la
chirurgie de Guy de CHAULIAC (XIVe siècle) par VERDUC est édité en 1704 ainsi qu'en 1735.
En 1725, à Leyde
paraît, à l'initiative d'ALBINUS, en un bel in-folio, la Fabrica de VESALE
; après un frontispice inspiré de celui de l'édition de 1543 : la leçon publique d'anatomie, Jean WANDELAAR illustre l'ouvrage de cuivres à partir des bois originaux. Suit la chirurgia magna que BORGARUCCI avait retrouvée et publiée à Venise en 1569.
De FRACASTOR, le
poème Syphilis de 1530 est donné en français en 1752 (Paris, Quillau)
et l'on découvre le portrait de Prospero
ALPINI dans l'une de ses œuvres préfacée par Hermann BOERHAAVE (Venise, 1751).
Les opera chirurgica et
pentateuchus
de FABRICE d'AQUAPENDENTE sont réimprimés à Leyde en 1723
et ses œuvres complètes, anatomiques et physiologiques,
sont données, préfacées par ALBINUS en 1737 avec un
portrait.
Mais l'événement anatomique de ce siècle
fut, peut-être, la découverte et la publication
de planches dessinées par EUSTACHI aidé de P.M. PINI et gravées sur
cuivre par Giuliu de MUSI au XVIe siècle ; 8 parurent à cette époque, les
autres ne furent trouvées qu'en 1714. Giovanni
Maria LANCISI, médecin du
pape CLEMENT XI les édita
avec un court commentaire.
Nous avons ces tabulae anatomicae joints au
Theatrum anatomicum de J.J. MANGET
(Genève, 1716) ainsi
que l'édition romaine de 1728
et la
très estimée édition « expliquée »
par ALBINUS (Leyde, 1744).
De nombreux
écrits du siècle précédent figurent dans nos collections en rééditions du XVIIIe siècle. Les deux livres fondamentaux de William
HARVEY paraissent à Leyde chez J. van
KERCKHEM de generatione et de motu cordis et sanguinis
avec une réédition des exercitationes duae anatomicae de circulatione sanguinis ad Joannem Riolanum filium parus d'abord à Leyde en 1649 ; HARVEY y
répond à ses détracteurs en
s'adressant à RIOLAN fils et par lui, à la faculté de Paris.
En 1668, François
TORTEBAT fit paraître un abrégé
d'anatomie accommodé aux arts de peinture et de sculpture, illustré de
cuivres dont des squelettes empruntés à VESALE, qui eut un grand succès ;
nous en
avons une édition de 1760 (fig. 38).
Fig. 38
Page de titre de
l’abrégé
d'anatomie de Tortebat
Le personnage
central de la leçon d'anatomie de
REMBRAND, Nicolas TULP, publia en 1652 des observationes medicae ; nous avons la 5ème
édition (Leyde, 1716) de cet ouvrage pour lequel L. VISSCHER
grava le portrait de l'auteur et un beau frontispice où l'on peut voir un singe anthropomorphe, rappelant que TULP fit
l'anatomie de cet animal (fig. 39).
Fig. 39
Frontispice des observationes medicae de
Tulp
Frédéric RUYSCH
réalisa d'étranges préparations anatomiques qui séduisirent PIERRE le GRAND ; nous trouvons dans les thesaurus anatomaicus (1725 à 1737) réunis à l'opera omnia
éditée à Amsterdam, des ensembles
faits de squelettes entremêlés, d'animaux divers : poissons, crustacés, batraciens et même un tatou,
gravés par C.
HUYBERTS (fig. 40) ; le frontispice allégorique présente, en arrière-plan,
le cabinet du maître, une
armoire entr’ouverte qui laisse voir des bocaux, des pièces
naturalisées (fig. 41). Le portrait
de RUYSCH à 86 ans (en 1723)
a été dessiné par J. WANDELAAR.
Fig. 40 Fig. 41
Frontispice et planche des œuvres de
F. Ruysch
Le traité de François MAURICEAU (mort en 1709), des maladies des femmes grosses et
de celles qui sont accouchées est édité pour la 7ème fois (Paris, 1740).
La physiologie expérimentale est bien illustrée par l'ouvrage de SANTORIUS : la médecine
statique traduite
par LE BRETON (Paris, 1722)
dont le frontispice représente la balance sur laquelle l'auteur s'est installé pour
mesurer les variations
de poids dues aux secrétions ; l'ouvrage fut réédité
en 1735 ; de medicina statiqua (de
1614) fut encore imprimé à Paris, en 1770, interprété par A.C. LORRY.
Les quaestiones medico-legales
du romain Paolo ZACCHIA (1584-1659) sont rééditées dans la version de Jean Daniel HORST
(Venise, 1751).
Les systèmes du siècle précédent persistent : de Joseph COUILLARD, les observations iatrochimiques
sont rééditées par J.F.
THOMASSIN à Strasbourg chez F.G.
LEVRAULT encore en 1791 (1ère édition
1639) et en 1714 paraît, à Lyon, une 8ème édition des œuvres iatromécaniques de Giorgio BAGLIVI (1669-1707) avec son portrait.
Clinicien avant tout, Thomas SYDENHAM (1624-1689)
se riait des théories ; ses œuvres,
appréciées, furent souvent rééditées ; nous avons son portrait par R. BLOCKH
dans opera universa
(Leyde, 1726), par J.G.
SEILLER dans opera medica (Genève, 1749).
L'opera medica theoretico-practica de Michel ETTMULLER
(1644-1683) édité à Francfort en 1708 s'ouvre sur un frontispice aux nombreuses
figurines symboliques.
Benardino RAMAZZINI (1633-1717) est l'auteur du premier
traité de médecine du travail ; dans l'essai sur
les maladies des artisans, traduit par
FOURCROY (Paris, 1777), il recherche les causes possibles d'altération de la santé dans 42 métiers.
Le chirurgien d'hôpital de BELLOSTE
est édité
pour la 5ème fois,
à Amsterdam en 1708 ;
les œuvres complètes de BARBETTE sont éditées par les
soins de J.J. MANGET (Genève, 1704).
Les de abscessuum recondita natura libri VIII
de Marc Aurèle SEVERIN (1580-1656)
sont encore réédités en 1724, à Leyde, illustrés d'une belle vignette, en page de titre, d'un beau frontispice et du portrait de
l'auteur gravés par Jak HOUBRAKEN.
William COWPER
illustre un grand in-folio the anatomy of human bodies (Oxford, 1698) avec les planches,
rachetées, de BIDLOO plus
9 nouvelles. Nous avons des rééditions
de cette anatomia corporum humanorum (Leyde, 1739), (Utrecht,
1750) parues avec le frontispice « réadapté » de BIDLOO.
De SCULTET, on réédite
en 1741, à Amsterdam, l'armamentarium
avec un frontispice ou un patient
affligé d'une énorme loupe est sur le point
d'être opéré (fig. 42) ; l'arsenal
de chirurgie est aussi réédité ; nous avons l'édition lyonnaise (Léonard de la ROCHE,
1712) illustrée de 50 figures
en taille douce dont le frontispice diffère de celui de
l'édition de 1675 par les
vêtements, actualisés, des personnages
du premier plan.
Fig. 42
Frontispice de l'armamentarium de
Scultet
Au XVIIIe siècle, le centre médical de l'Europe est Leyde, cela grâce à Hermann BOERHAAVE (1668-1738), et à Bernard Siegfried ALBINUS et aux élèves de BOERHAAVE
G. van SWIETEN Alexandre MONRO (1697-1767), Albrecht von HALLER (1708-1777), etc...
BOERHAAVE nous apparaît, à 70 ans,
dessiné par J. WANDELAAR, gravé par J.B. SCOTIN, dans les Institutions
de médecine traduites du latin par
La METTRIE (Paris, 1740) ; en outre, nous avons divers traités, des maladies des yeux, (Paris, 1749), des maladies vénériennes, (Paris, 1753),
de la matière médicale (Paris, 1756)
ainsi que les commentaires de van SWIETEN sur les Aphorismes de son
maître : traité de la pleurésie (Paris,
1763), de la peripneumonie
(Paris, 1760), aphorismes de chirurgie
(Paris, 1753), cinq volumes in-octavo
et autres commentaires (Paris, 1746/1773), cinq volumes in-quarto,
etc... : abondance
d'ouvrages qui traduit bien
l'influence persistante de cette école.
ALBINUS publie en
1734 une historia musculorum
hominis dans laquelle sont 4 planches dues au talent de J. WANDELAAR ; une main, doublée d'une planche au trait, y
figure en grandeur naturelle ; nous avons une réédition de 1796 de ce bel
ouvrage. Elève de Gérard de LAIRESSE, WANDELAAR est aussi l'auteur des planches
magnifiques qui illustrent les tabulae ossium humanorum (Leyde, 1753) (fig. 43), ainsi que les academicarum annotationum
de 1754.
Fig. 43
Albinus - J. Wandelaar - tabulae ossium humanorum
Parmi la demi-douzaine de livres que
nous conservons d'Alexander MONRO, il en est un qui eut un développement
particulier. En 1726, MONRO publia, sans illustration, une osteology ; Jean Joseph SUE
la fit traduire et illustrer de 31 planches en taille douce (J.M.B. Pierre del. ; N. DUPUIS sculp.). Ce traité d'ostéologie (Paris,
Guillaume CAVELIER, 1759) est
un grand in-folio
en deux parties où
des amours, dans le goût de
l'époque, volètent dans le frontispice, entourent une urne funéraire dans la vignette de la page de titre
et, sur un bandeau, élèvent une pyramide aux savants.
De WINSLOW, l'exposition
anatomique de la structure du corps humain, publiée en 1732, connut le succès
et eut plusieurs éditions nous
avons celle de Paris, 1776, en 4
volumes avec un portrait de l'auteur par GARAND.
Le Hollandais Pierre CAMPER, anatomiste mais aussi artiste peintre et dessinateur (voir
sa collaboration artistique à l'œuvre de SMELLIE) illustre ses demonstrationum anatomico-pathologicarum (Amsterdam, 1760/62) de planches que
grava SCHLEY.
SCARPA, également
anatomiste et dessinateur, réalise les 7 magnifiques planches de ses tabulae nevrologicae
(Pavie, 1794) gravées par l'incomparable Faustino
ANDERLONI ; l'illustration de son anatomicae disquisitiones de auditu & olfacti (Milan, 1795)
et deux planches du liber primus : de l'anatomicarum
annotationum : de nervosum
gangliis & plexubus
(1792) sont du même graveur.
A Padoue, pendant
50 ans Giovanni Battista MORGAGNI dispensa un
enseignement recherché ; il publia, en 1761, un chef d'œuvre de la
littérature médicale : de sedibus et causis
morborum dont nous avons une réédition posthume (Yverdon, 1779) ;
il y décrit 500 autopsies qu'il confronte aux signes cliniques, allant plus loin que le sepulchretum de Ph. BONET,
dans le développement de l'anatomie pathologique.
Plus modestes sont
les observations anatomiques tirées des ouvertures d'un grand nombre de cadavres
de Pierre
BARRERE (Perpignan, 1753) illustrées d'un lumineux frontispice (une
dissection) dessiné par VERGES, gravé par PASQUIER (fig. 44).
Fig. 44
P. Barrere : observations anatomiques
Successeur
d'ALBINUS, SANDIFORT
illustra ses tabulae intestini duodeni (Leyde, 1780) de belles planches gravées, ainsi que de reproductions
de crânes
de divers peuples son museum anatomicum academiae lugduno-batavae (Leyde, 1783-1835).
Un grand in-folio de Paul
MASCAGNI : vasorum lymphaticorum corporis humani (Sienne,
1787) est illustré de 27 planches dues à Cyrus SANCTI.
En Angleterre, William HUNTER (1718-1783) l'accoucheur le plus
réputé de Londres publie en latin et
en anglais anatomia uteri humani gravidi, bel in-folio illustré de
34 planches dues à RYMSDYK,
gravées par plusieurs
artistes dont le célèbre Robert STRANGE. De
son frère John, nous avons une édition en latin et néerlandais de l'historia naturalis
dentium humanorum (Dordrecht, 1773) illustrée de nombreuses planches. Dans ce domaine, il faut citer le chirurgien dentiste ou traité des maladies des dents, des alvéoles et des gencives de FAUCHARD, deux volumes illustrés de 41 planches
dessinées par P. BELHOMME et d'un
portrait de l'auteur peint par J. LE BEL, le
tout gravé par J.B.
SCOTIN ; le traité des maladies et des opérations
réellement chirurgicales de la bouche de JOURDAIN (Paris, 1778)
comprend également deux volumes illustrés.
La couleur s'avéra
bientôt indispensable. Le graveur Jacques GAUTIER, s'associant à
DUVERNEY, réalisa l'anatomie de la tête
en tableaux imprimés (Paris, 1748)
dont les huit grandes planches en
couleurs évoquent la peinture à l'huile. Son second fils, Arnauld-Eloy GAUTIER
d'AGOTY perfectionna la méthode et
avec Nicolas Joseph JADELOT, professeur
d'anatomie à Nancy, projeta l'édition d'un cours complet d'anatomie en couleurs.
Seule parut la myologie (Nancy, J.B.
Hyacinthe LECLERC, 1773) illustrée de
15 planches in-folio dont
deux, une femme et un homme en pied,
sont de Jean GIRARDET, premier peintre de
Stanislas (nous avons deux exemplaires de cet ouvrage dont l'un a été « privé » de la représentation de
l'homme).
Couleurs aussi pour
le traité d'anatomie et de physiologie de VICQ d'AZYR (Paris, Didot, 1786) illustré par BRICEAU qui, dans le frontispice montrant la Médecine conduite par
l'Etude à de nouvelles observations anatomiques fait tendre
par deux amours le portrait de Louis XVI à une déesse (fig.
45).
Fig. 45
la Médecine conduite par l'Etude…
Les ouvrages de
chirurgie, comme ceux d'anatomie, gagnent à être illustrés.
DIONIS en était
conscient qui fit éditer en 1707 un cours
d'opérations de chirurgie démontrées au Jardin royal ; le succès en
fut durable. Nous avons une édition posthume, la 8ème (Paris, Vve
d'HOURY, 1777) enrichie de figures nouvelles par G. de la FAYE ; venant
s'ajouter aux planches déjà existantes, chaque opération est accompagnée de la
présentation des instruments qui lui sont nécessaires. L'auteur figure en tête de l'ouvrage, et une vue du Jardin royal précède
une scène de dissection dans l'amphithéâtre Saint-Côme).
Lorenz HEISTER,
représenté peint par I. KENCKEL, gravé par HEUMANN, en tête de son compendium anatomicum (1719) est également l'auteur d'un
ouvrage édité en allemand en
1718, puis traduit du latin par
PAUL : les institutions
chirurgiques (Avignon, Niel, 1770/73) dans
lequel 40 planches nous font assister
à des opérations par des
chirurgiens en costume d'époque.
On trouve aussi de nombreuses et belles gravures, pour la
plupart d'instruments
chirurgicaux, dans le livre de
Benjamin BELL, a system of
surgery dont nous avons la 3ème édition (Edinburgh,
1787/88), six volumes in-octavo ou dans
la traduction qu'en donna BOSQUILLON (Paris, 1796).
CROISSANT de GARENGEOT nous a
laissé un ouvrage de grand intérêt documentaire : son nouveau traité des instruments de chirurgie les
plus utiles (La Haye, 1725)
dont nous avons une réédition (Paris, 1789) ; intéressant aussi par ses planches,
son traité des opérations de chirurgie en 3
volumes dont nous avons la seconde édition (Paris, 1740).
On trouve aussi
une riche documentation dans le Traité des maladies des os (Paris, 1758)
et surtout dans le Traité des
maladies chirurgicales et des opérations
qui leur
conviennent (90 planches) de J.L. PETIT,
édition posthume (Paris, 1783)
mise à jour par
LESNE.
L'opération de la taille revêt alors une
grande importance. CROISSANT de GARENGEOT
lui consacre un livre (Paris,
1730) ; Jean BASEILHAC, ou plutôt le frère
COSME, habile opérateur, vante les mérites de son lithotome
dans un recueil de pièces importantes sur l'opération de la taille
avec le lithotome caché (Paris, d'HOURY,
1751), une addition à la suite du recueil... au sujet du
lithotome caché,
illustrée, est reliée au précédent
ouvrage. L'année suivante, le même
éditeur publie, de
H.J. MACQUART une dissertation sur la taille latérale ; le lithotome est
représenté réduit de moitié. Enfin, en 1779, paraît toujours chez d'HOURY, une nouvelle méthode
d'extraire la pierre de
la vessie urinaire par dessus le pubis... illustrée de 5 planches d'instruments
dont le lithotome de BASEILHAC.
Le traitement des hernies
est aussi très étudié. Jean JUVILLE
fait paraître un Traité des bandages
herniaires (Paris,
Belin, 1796) illustré
de 14 planches dont 13 sont en couleurs et LE BLANC fait
appel à LEGRAND, pour graver
les planches d'instruments qui
illustrent sa nouvelle méthode d'opérer les hernies (Paris,
1768) ; on y
voit aussi, dessinée par GRAVELOT une vignette où un amour ailé remet un bistouri à une déesse
tenant un sceptre surmonté d'une main au
creux de laquelle est
un œil symbole de la chirurgie.
En obstétrique, une descendante
de Louise BOURGEOIS dite BOURSIER, Angélique DU COUDRAY continue la
tradition ; elle fait paraître
un abrégé de l'art
des accouchements, dont
nous avons l'édition de Paris, 1777,
illustré de planches peintes par P. CHAPPARE et gravées en couleurs par J. ROBERT mais ce sont les hommes surtout
qui s'illustrent dans cette
discipline. DIONIS donne un traité général
des accouchemens en 1718 et Pierre AMAND invente un tire-teste pour tirer promptement et surement la tête
de l'enfant séparée de son
corps et restée seule dans la matrice...(1715).
Pour des suites
moins dramatiques, le forceps,
inventé à la fin du
XVIIe siècle par les
CHAMBERLEN qui s'efforcèrent
de le tenir secret, se perfectionne.
André LEVRET, accoucheur de la Dauphine,
mère de Louis XVI,
en introduit l'usage en France, fait subir une seconde
courbure aux cuillers et en donne une illustration dans ses observations sur les causes et les accidens de plusieurs accouchemens laborieux (Paris, 1747). Son portrait, peint par CHARDIN, gravé par Louis LEGRAND, orne
son livre l'art des accouchemens
(Paris, 1761). Le forceps devait encore être amélioré en particulier par
SMELLIE dont le traité des accouchemens (Paris, 1754) comporte de nombreuses et
belles planches dessinées par lui-même, par CAMPER, par RYMODYKE et gravées par
GRIGNION.
Parmi les bons
ouvrages médicaux de l'époque, il faut signaler le traité de la structure du cœur, de son action et de ses maladies de
Jean Baptiste SENAC (Paris, 1749). Premier bon traité de
cardiologie édité en France, il est illustré de 17 planches
de J. POTIER, gravées par J. ROBERT ; nous en avons
aussi la seconde édition (Paris, 1778). Intéressant
aussi, le traité de John TAYLOR sur les
maladies de l'organe immédiat de la vue (Paris, 1735). Les
fièvres et leur traitement sont le sujet de nombreux ouvrages ; citons celui de Francesco TORTI : Therapeutice specialis ad febres periodicas
perniciosus
(Francfort-Leipzig, 1756) où figure une planche représentant « l'arbre des
fièvres », classement original des manifestations fébriles.
L'orthopédie est
le sujet d'un ouvrage de LEVACHER de la FEUTRIE : Traité du rakitis ou l'art de redresser les enfants
contrefaits (Paris, 1772) ; des gravures de BEYSSENT montrent comment un corset, une machine maintiennent, mais combien peu élégamment, des jeunes filles. Beaucoup plus attrayant est l'ouvrage de Nicolas ANDRY : l'orthopédie ou l'art de prévenir et corriger dans les enfans, les difformités
du corps (Bruxelles, 1743), deux volumes illustrés
de nombreuses petites scènes
familières (fig. 46).
Fig. 46
N. Andry : l'orthopédie
Les théoriciens défendent leur opinion et parfois, font montre
d'intransigeance. Georg Ernst STAHL (1660-1734)
intitule l'un de
ses ouvrages Theoria medica vera !
Nous en avons une édition posthume
(Halle, 1737). Il croit en une force motrice issue
de l'âme et à l'opposé, Frédéric HOFFMANN (1660-1742), lie cette
force à la matière,
le cerveau produisant « l'éther
nerveux ». Ses œuvres sont
réunies par les
frères de TOURNES, de Genève, de 1741 à 1761, en 6 tomes
formant 4 volumes sous le titre opera omnia physico-medica,
illustré d'une vignette de DELAMONCE, gravée par D. SORNIQUE ; un portrait de l'auteur
gravé par PETIT (en 1739) complète une relation de
sa vie.
Dans la lignée du vitalisme inspiré
de STAHL, nous avons quelques
ouvrages : un traité de médecine de Théophile de BORDEU, (Paris, 1774), surtout,
la nouvelle mécanique des mouvements de l'homme et
des animaux de BARTHEZ
(Carcassonne, 1798).
Les idées d'HOFFMANN sont diffusées en Ecosse par W. CULLEN ; nous avons,
traduites par BOSQUILLON, la physiologie (Paris, 1785) et le traité de
matière médicale (Paris, 1789). John
BROWN, élève du précédent, préconise stimulants et sédatifs,
sa doctrine
est traduite (Paris, 1798) et R.A.
SCHIPERLI en donne une analyse (Paris, 1798).
On doit à BOISSIER de
SAUVAGE, qui se réclame
du vitalisme, la fondation
de la taxinomie médicale ;
s'appuyant sur SYDENHAM et les botanistes, il envisage 10 classes de maladies. Nous
conservons de lui une Nosologie
méthodique en 3 volumes in-octavo (Paris,
1775).
A côté de ces
inventeurs de systèmes, Albrecht von HALLER élabore une
physiologie scientifique. Tout d'abord, avec les primae linae physiologiae
parues en 1747 dont nous avons une réédition de
Lausanne, 1771, puis avec les 8 volumes in-quarto des elementa physiologiae corporis humani (Lausanne, Marc-Michel BOUSQUET, 1757/1766), très belle collection ouvrant sur son portrait peint par E.J. HANDMANN gravé par P.F. TARDIEU. En page de titre, une vignette de C. EISEN représente un amour examinant un cœur, un
autre tient la représentation graphique du développement du poulet (fig.
47).
Fig. 47
Amours en page
de titre : A. v. Haller elementa physiologiae
Un petit ouvrage
rassemblant deux mémoires sur le
mouvement du sang... (Lausanne, BOUSQUET, 1756) est illustré d'un
frontispice de PASQUIER, gravé par JOUBERT où deux personnages tentent ligature
et injection sur un corps étendu sur des tréteaux.
On assiste à une
soutenance de thèse devant HALLER en perruque et longue robe en ouvrant les disputationes chirurgicae
selectae (Lausanne, BOUSQUET, 1755/56). Ce très beau frontispice de EISEN, gravé par TARDIEU présente, comme il se doit alors, des angelots
multiples ;
certains dissèquent, d'autres ligaturent
d'autres présentent un caducée et la médaille de l'Académie Royale de chirurgie
(fig. 48).
Fig. 48
Haller : disputationes chirurgicae selectae - frontispice
A Vienne,
AUENBRUGGER invente l'exploration thoracique par la
percussion, méthode qu'il fait connaître en 1761.
ROZIERE de la CHASSAGNE en donne une traduction : le manuel des pulmoniques (Paris, 1770).
L'abbé SPALLANZANI réalise ses expériences bien connues ; nous possédons, traduites par J. SENETIER,
ses expériences
sur la digestion (Genève, 1783)
et surtout les célèbres opuscules de physique animale et végétale (Pavie, 1787), 3 volumes in-octavo
illustrés.
JENNER fait connaître en 1798 sa
découverte de vaccination contre la
variole. Nous possédons une édition allemande : untersuchungen liber die
Ursache und Wirkungen der Kuhpocken (Hanovre,
1799) où sur une planche hors texte en couleur sont représentés trois
aspects de l'inoculation sur le bras.
Les livres de médecine populaire
méritent que nous en citions quelques-uns. A une époque où les médecins sont
absents ou rares dans les campagnes, ces livres sont très utiles à tous les chirurgiens, curés, chefs de famille, fermiers, etc... comme il est
indiqué dans le titre d'un petit ouvrage réunissant des Secrets utiles et
éprouvés dans la pratique de la médecine et de la chirurgie... avec un
appendice sur les maladies des chevaux et autres quadrupèdes (Paris, 1767).
WESLEY est l'auteur de rudiments parus
en 1747, qui eurent un grand succès. A Lyon, J.M. BRUYSET en donna une
traduction française en 1772. Madame FOUQUET (Marie de MAUPEOU) écrivit un
recueil de remèdes faciles et domestiques dont une 5ème édition fut faite à
Dijon en 1714.
Nous avons la 5ème édition (Paris, 1765)
du manuel des dames de charité que
l'auteur ARNAULT de NOBLEVILLE dédie à sa sœur Angélique ; lui est annexé un traité abrégé de la saignée, ce qui nous
vaut le plaisir d'un frontispice de DEFFRICHES gravé par J.B. TILLIARD : deux femmes pratiquant une saignée dans une
pharmacie alors qu'une troisième accueille un pauvre hère à la jambe de bois
(fig. 49).
Fig. 49
La
saignée : Frontispice du manuel des
dames de charité
Des charlatans
deviennent célèbres, bernant les plus avisés ; ils sont l'objet de controverses. Ainsi, Joanna STEPHEN, qui vendait très cher son remède pour
dissoudre les calculs urinaires, trompa le grand CHESELDEN
et bien d'autres et retint l'attention des médecins.
Il faudrait conclure
cet exposé déjà trop long, mais peut-on ne pas citer des auteurs qui, à un
moment où l'autre de leur vie, œuvrèrent dans notre région ? Evoquons donc les livres de quelques-uns de ces
personnages.
On doit à H.
BOERHAAVE d'avoir édité à Amsterdam (1768), de Charles LEPOIS, selectiorum observationum et consiliorum.
De Nicolas JADELOT
nous avons déjà parlé à propos de sa collaboration avec GRUTIER d'AGOTY, mais nous avons aussi : oratio inaugurales de
varies medicinae fatis à Pont-à-Mousson
le 27 janvier 1766 (Seb. BACHOT), physica hominis sani (Nancy, S. BACHOT,
1778), et la description anatomique d'une tête humaine
extraordinaire suivie d'un essai sur l'origine des nerfs (Paris, 1799).
DIDELOT nous a
laissé : avis aux gens de la campagne ou traité des
maladies les plus communes (Nancy, 1772), examen
sur les eaux minérales de la fontaine de Bussang (Epinal,
VAUTRIN, 1777), instructions pour les sages-femmes (Nancy,
1770)
De GANDOGER de FOIGNY, le traité pratique de l'inoculation (Nancy, J.B.H.
LECLERC, 1768) et de François
DEZOTEUX et Louis VALENTIN, le traité
historique et pratique de
l'inoculation (Paris
au VIII) rappellent
que la lutte contre la variole
tint une grand place dans notre province.
De MARQUET qui fut doyen du Collège royal de Médecine
de Nancy, nous avons
le traité pratique de l'hydropisie et de la jaunisse (Paris, 1770).
De READ, on ne peut passer sous silence son traité du seigle ergoté
(Strasbourg, 1771) (Metz, 1774),
l'histoire
de l'esquinancie
gangréneuse pétéchiale qui a régné
dans le village de Moivron, au mois de
novembre 1777 (Metz, J.B. COLLIGNON, 1777), une lettre
à l'auteur des réflexions sur un projet de
géographie médicale à l'usage des
troupes (Metz, Vve ANTOINE et fils, 1787).
Des nombreux livres de J.F. COSTE, nous ne citerons que l'ouvrage écrit
avec WILLEMET, Matière médicale indigène ou traité
des plantes
nationales (Nancy, Vve LECLERC, 1792) et nous terminerons avec l'idée et le triomphe de
la vraie médecine de François
Joseph CALLOT (Commercy, Henry
THOMAS, 1742) dédié à Charlotte de Lorraine, abbesse de Remiremont.
Coup d’œil sur les éditions de la première moitié du XIXe siècle
Plus encore que pour le siècle précédent, il nous faut faire un choix dans
cette présentation, le nombre
d'ouvrages étant très grand.
Il y a des œuvres du XVIIIe siècle, éditées au XIXe.
Ainsi, nous aurions pu parler
au chapitre précédent des livres de Samuel Thomas SOEMMERING ; les ouvrages que nous gardons de lui ont
été édités à l'extrême limite du XVIIIe siècle comme ses Icones embryonum humanorum (Francfort, 1799) ou à cheval sur les
deux siècles comme de corporis humani fabrica, six volumes édités de 1794 à 1801 ; mais plusieurs furent imprimés au début du siècle : les icones organorum humanorum sont de
1806 pour auditu ; 1808, pour gustus et vocis ; 1810, pour
olfactus. Christian KOECK est son principal illustrateur ; ses planches ont la précision
scientifique qui s'impose tout en étant parmi les plus belles.
De Pierre ROUSSEL, le système physique
et moral de la femme suivi du système physique
et moral de l'homme, est de 1775 mais nous avons
l'édition de Paris, 1813 ; un frontispice, gravé par LACOUR
représente l'auteur en médaillon
que couronnent deux déesses ;
il complète l'éloge qu'a rédigé J.L. ALIBERT.
Deux cuivres gravés par L'EPINE représentent l'un une
femme, l'autre un homme, nés
du talent de GIRARDET (fig. 50).
Fig. 50
Frontispice du système physique et moral… de P. Roussel
Les œuvres de VIC d'AZYR (mort
en 1794) recueillies et publiées avec des notes et
un discours sur sa vie et
ses ouvrages par Jacques L. MOREAU (de la Sarthe)
forment 6 volumes (Paris, DUPRAT-DUVERGER,
1805). Le frontispice de GIRODET,
gravé par Robert de LAUNAY, reprend le thème de la Médecine
conduite par l'Etude... de la 1ère édition, dessiné par BRICEAU, mais ici avec plus d'emphase et
de raideur (fig. 51). On les retrouve
dans un recueil de planches pour
le traité de l'anatomie du cerveau (Paris, même éditeur, 1813).
Fig. 51
la Médecine conduite par l'Etude
James F. PALMER
fait paraître the works of John Hunter (Londres,
1837) avec un portrait peint par REYNOLDS et gravé (1788) par
SHARP. Les œuvres complètes
de John Hunter traduites
de l'anglais sur l'édition de PALMER par
G. RICHELOT (Paris, 1839)
paraissent avec un portrait
(inversé) lithographié par
Emile BEAU. Les illustrations du premier ouvrage sont des gravures (dessins de BELL, de
J. STUART, gravés par BASIRE, par J. ROBERTS), celles
du second
sont des lithographies (E. BEAU, FOURQUEMIN).
Les ouvrages les plus attrayants de ce début du
XIXe siècle restent, probablement, les
grands traités illustrés d'anatomie. Ils
sont nombreux.
Les iconum anatomicarum explicatio que réalisa
Léopold Marc Antoine CALDANI avec son neveu Florian (5 volumes)
(Venise 1802/1814) et les icones
anatomicae ex optimis neotericorum operibus (4 volumes
grand format) (Venise, Joseph PICOTTI, 1804-1810)
reprennent en taille douce les meilleures
planches de ALBINUS,
HALLER, HUNTER, SCARPA, SOEMMERING, etc...
Le frontispice place curieusement une scène de dissection
en pleine nature, à l'entrée d'une grotte.
Plus original est l'ouvrage de
Jules CLOQUET : anatomie de
l'homme ou description et figures lithographiées de toutes les
parties du corps humain (Paris, de LASTEYRIE, 1821/31), 4 volumes in-folio
réunissant 300 planches, dessins de FEILLET, DUBOUYAL, HAINCELIN traités par le procédé nouveau
qu'est la lithographie.
Le plus bel ouvrage
est peut être représenté par les 8 volumes in-folio du traité complet de l'anatomie de l'homme comprenant la médecine opératoire de Jean Marc BOURGERY, illustré par N.H. JACOB
utilisant la lithographie (C. DELAUNAY,
Paris, 1831/39). Le frontispice : un couple
avec un enfant entre un
vieillard au premier
plan et des pièces anatomiques au
fond, est un peu trop pompeux,
mais les planches, environ 700, par leur beauté et leur qualité,
rachètent ce petit défaut. C'est aussi
à N.H. JACOB que Ph. Fred. BLANDIN a demandé de dessiner l'illustration de son traité d'anatomie topographique ou anatomie
des régions du corps humain dont nous avons la seconde édition (Paris, 1834)
lithographiée par Ed. ROBERT.
L'ouvrage le plus volumineux, à peine maniable, est un grand
in-plano
(970 x 700) réunissant les planches de l'Anatomia Universa de Paolo MASCAGNI. Ces anatomiae universae P. Mascagni Icones sont 88, gravées sur cuivre (44 planches d'anatomie
doublée chacune de sa planche
au trait) ; plusieurs sont signées Ant.
SERANTONI delineavit, une porte en
plus CANACCI. Elles furent préparées du
vivant de MASCAGNI (mort en 1815) mais
l'édition est posthume (Pise, Nicolas CAPURRO, 1823).
L'anatomie pathologique utilisera aussi la
lithographie. Un ouvrage admirable en ce domaine est, de Jean CRUVEILHIER, anatomie pathologique du corps humain
ou description avec figures
lithographiées des diverses
altérations morbides dont le corps humain est susceptible (Paris, J.B. BAILLIERE). Ses 200 lithographies,
certaines en couleurs, sont dues à A. CHAZAL
et J.G. MARTIN, elles forment deux in-folio et parurent de 1829 à 1835 pour les livraisons I
à XX du 1er volume et de 1835
à 1842 pour les livraisons XXI à XL du 2ème
volume.
Ce sont également des lithographies en couleurs de C.A. MEYER, de TEREBENIEFF, qui illustrent
l'anatomie
pathologique du cholera-morbus de
Nicolai
PIROGOFF (Saint-Pétersbourg,
1849.
Les ouvrages chirurgicaux sont illustrés de gravures
mais plus encore de lithographies
- procédé plus économique.
A.J. JOBERT illustre de 18 planches gravées sur cuivre
et coloriées, son traité de
chirurgie plastique (Paris, 1849).
Le traité complet d'anatomie
chirurgicale générale et topographique du corps humain de VELPEAU, dont nous avons la 3ème édition (Paris, 1837) est
accompagné d'un atlas de 17 planches dessinées par CHAZAL et gravées par
CORBIE (130487). C'est encore à CHAZAL, mais cette fois gravé
par Ambroise TARDIEU que VELPEAU fera appel pour ses nouveaux éléments de médecine opératoire (Paris, 1839) dont nous avons
la seconde édition, mais pour son embryologie ou ovologie humaine (Paris,
1833) les 15 planches in-folio avaient été
dessinées par CHAZAL et lithographiées.
Lithographies aussi
pour illustrer par DELAHAYE et BECQUET le traité
des fractures et des luxations de MALGAIGNE (Paris, 1855).
Et dans le traité théorique et pratique de la ligature des artères de P.J. MANEC (Paris, 2ème édit., 1836) les dessins de N.H. JACOB sont
lithographiés par KAEPPELIN.
L'illustration du traité des bandages et appareil de pansement
de Pierre Nicolas GERDY (Paris, 1824) réunit en un atlas
des planches où hommes et femmes, plus ou moins dévêtus, montrent l'une ou l'autre partie de leur corps savamment bandée, un atlas est colorié ; l'autre, non.
Parmi les
ouvrages de gynécologie et d'obstétrique qu'il
suffise d'en citer deux : celui de
Mme BOIVIN et A. DUGES :
Traité pratique
des maladies de l'Utérus et de ses annexes illustré de dessins de
Mme BOIVIN (Paris, 1833)
et, dans un registre
tout autre, le traité
pratique des accouchemens de F.J. MOREAU complété par un
atlas de lithographies par Emile BEAU et FOURQUEMIN (Paris, 1837).
La Dermatologie exige autant que l'anatomie
d'être illustrée, J.L. ALIBERT
en était
persuadé ; il fit appel aux
peintres VALVILE et MAURICE
pour des planches gravées en couleurs
par COUCHE. Nous conservons trois in-folio qu'on a plaisir à feuilleter. C'est, par
ordre chronologique, une description des maladies de la peau
observées à l'hôpital Saint-Louis (Paris,
J.M. AILLAUD, 1825), non
relié mais illustré en couleurs
puis la clinique de l'hôpital
Saint-Louis ou traité complet des maladies de la peau (Paris, B. CORMON et BLANC, 1832) et enfin,
une réédition par la même maison, en 1833, où parmi
les nombreux cas pathologiques (fig. 52), on découvre « l'arbre
aux dermatoses » inspiré de « l'arbre des fièvres » de TORTI
(fig. 53).
Fig. 52
J.L. Alibert : planche du traité des maladies de la peau
Fig. 53
J.L. Alibert : l’arbre aux dermatoses
Le traité des maladies de
la peau (Paris, 1835) de P. RAYER, malgré le talent
d'Ambroise TARDIEU, n'a pas
les mêmes ambitions.
OUDET signe les gravures de nombreux ouvrages. Ainsi, de la physiologie pathologique de H. LEBERT
(Paris, 1845), il grave les
dessins de LEBERT et de LACKERBAUER. Il illustre
le livre de Félix Archimède POUCHET
théorie
positive de l'ovulation
spontanée et de la fécondation
(Paris, 1847) où les démonstrations de SPALLANZANI semblent
avoir été inutiles ; il illustre le traité des maladies du
rein de RAYER (1837), il grave les 32 planches dessinées par H. FORMANT de l'anatomie comparée
du système nerveux considérée dans ses rapports avec l'intelligence
de Fr. LEURET et P. GRATIOLET (Paris, 1839-1857) etc...
DELPECH illustre, à la fois par des
gravures de vertèbres, réalisées par ADAM et
par des lithographies demandées à E. MORQUIN de Montpellier, à partir de
dessins dont certains sont signés LEBLANC, son atlas de l'orthomorphie par rapport à
l'espèce humaine ; ou recherches
anatomo-pathologiques sur les causes,
les moyens de prévenir, ceux de guérir les principales difformités, et
sur les véritables fondemens de l'art appelé orthopédique
(Paris, Gabon, 1828) où de charmantes jeunes filles tentent de corriger leurs
mauvaises attitudes (fig. 54).
Fig. 54
Delpech : de l'orthomorphie…
Cinq planches de
LEMERCIER illustrent parfaitement le mémoire sur le goitre et le crétinisme de G. FERRUS
(Paris, 1851).
La couleur est utilisée pour sa note
esthétique mais aussi pour le supplément d'information qu'elle apporte. Ainsi
les planches dessinées et gravées par
HOCQUART pour la phytographie
médicale, ornée de figures
coloriées de grandeur naturelle, où l'on expose l'histoire des poisons tirés du
règne végétal de Joseph ROQUES (Paris, 1821) satisfait botanistes et amateurs d'art. Les planches qui illustrent le traité
de la gravelle de William PROUT (Paris, 1823), par leur coloration,
permettent de mieux cerner la réalité.
Un ouvrage
impressionnant est celui par lequel ADDISON décrit la maladie qui porte
son nom : on the constitutional and local effects of disease of the suprarenal
capsules (London, S. Highley, 1855) ; les 11 planches
de W. HURST, lithographies en couleurs,
de valeur documentaire certaine, sont
également très esthétiques.
Voisinant avec des livres comme celui de BOYVEAU –
LAFFECTEUR : Traité des maladies vénériennes anciennes, récentes,
occultes et dégénérées et méthode de leur
guérison par le Rob antisyphilitique... (Paris, 1807), reflet de la médecine
d'avant l'ère scientifique, on découvre non
sans émotion l'ouvrage de R.T.H. LAENNEC : de l'auscultation
médiate ou traité du diagnostic des maladies du poumon et du cœur fondé principalement sur ce nouveau moyen d'exploration (Paris, J.A. BROSSON
et J.S. CHAUDE, 1819), deux volumes qu'illustrent quatre planches
où l'on découvre le tubercule et surtout le stéthoscope.
Une ère nouvelle est née, les
découvertes en physiologie, en physique
et en chimie médicales, les progrès dans les techniques chirurgicales transforment cette première moitié du
siècle. Puis ce sera l'application
de l'anesthésie et le règne de la
bactériologie au cours de la seconde moitié. Néanmoins, les classiques sont encore lus : CELSE de medicina libri octo est imprimé à Paris en 1821 ; les éditions
commentées d'HIPPOCRATE sont multiples parmi lesquelles émergera celle des oeuvres complètes avec le texte grec en regard de la traduction qu'en donne Emile
LITTRE de 1839 à 1861 mais pour nous, la traduction latine du messin Anuce FOES, mise en français par J.B. GARDEIL et du CORAY
(Paris, 1838) reste la plus émouvante.