Article de présentation : Revue "binome" de la Faculté de médecine de Nancy
Les Professeurs de Médecine de Nancy 1872 – 2010 : Ceux qui nous ont quittés
Ce livre est une réédition de l'ouvrage paru en 2006 (primé par la Société Française d'Histoire de la Médecine), complété par les professeurs décédés au cours des cinq dernières années (17 dont des personnalités majeures : Herbeuval , Faivre ,..).
Editions Euryuniverse - 550 p - 2010
Extrait : premières pages du livre.
Nous avons reçu des aides nombreuses
pour constituer la base informatisée des Professeurs et c’est un plaisir pour
nous de remercier :
- L’Association
des chefs de service du CHU de Nancy
- Le Club des Professeurs Honoraires de la Faculté de Médecine de Nancy
- L’Association des Amis du Musée de la
Faculté de Médecine de Nancy
Sommaire
INDEX DES PROFESSEURS page 3
PREFACE
par le Professeur A. LARCAN page 6
AVANT-PROPOS page 9
DOCUMENTS PAR PROFESSEUR
dans l’ordre alphabétique - de ABEL à ZILGIEN page 11
ANNEXES
1 - PROFESSEURS PAR ANNEE DE DECES page 458
2 - PROFESSEURS PAR SPECIALITE page 461
3 – PROFESSEURS VENUS DE
STRASBOURG EN 1972 page 464
4 - PROFESSEURS DE PASSAGE - ENSEIGNANTS NON AGREGES page 465
5 - INTERNES (1872-1970) page 469
INDEX
DES PROFESSEURS
Nom
Prénom Né Décès Car.
[1]
Page
ABEL EMILE 1885
1964 11
ALGAN BERNARD 1919
1985 *
16
ANCEL PAUL 1873
1961 *
17
ANDRE PAUL 1869
1950 20
ANDRE PIERRE 1904
1971 22
ARNOULD GEORGES 1918
1979 24
ARNOULD PIERRE 1921
2002 27
BACH MARIE-JOSEPH 1809 1886 * 33
BAGNERIS EUGENE 1853
1925 *
34
BARABAN LEON 1850
1905 35
BARTHELEMY MARC 1881
1967 38
BEAU ANTOINE 1909
1996 39
BEAUNIS HENRI 1830
1921 *
42
BENICHOUX ROGER 1919
2003 *
46
BERNADAC PIERRE 1929
2003 47
BERNHEIM HIPPOLYTE 1840
1919 *
48
BERTRAND PIERRE 1902
1998 54
BESSOT MICHEL 1930 1973
55
BEUREY
JEAN
1921 2010 58
BINET ANDRE 1883
1966 60
BLONDLOT NICOLAS 1808
1877 64
BODART ANDRE 1898
1989 65
BOUIN POL 1870
1962 *
69
BOURA MICHEL 1924
1996 72
BOUVEROT PIERRE 1924
1998 *
75
BURG CONSTANT 1924
1998 *
76
CANTON
PHILIPPE 1935
2007 79
CAUSSADE LOUIS 1885
1965 81
CAYOTTE JACQUES 1915
1992 87
CHAILLEY-BERT PAUL 1890
1973 89
CHALNOT PIERRE 1903
1982 90
CHARPENTIER AUGUSTE 1852
1916 92
CHRETIEN HENRI 1845
1923 93
COLLIN REMY 1880
1957 94
CORDIER JACQUES 1912
1990 101
CORNIL LUCIEN 1888
1952 * 103
COZE LEON 1819
1896 * 105
CUNY GERARD 1925
1996
107
DE LAVERGNE PAULIN 1884
1957 111
DE
REN GERARD 1921 1996 116
DEMANGE CHARLES 1815
1890 119
DEMANGE EMILE 1846
1904 121
DOLLANDER ALEXIS 1917
1990 124
DROUET PAUL-LOUIS 1892
1955 129
DROUIN PIERRE 1939
2002 132
DUFOUR MARCEL 1868
1946 * 134
ENGEL LOUIS 1821
1880 * 135
ETIENNE GEORGES 1866
1935 136
FAIVRE
GABRIEL
1915 2009 139
FELTZ VICTOR 1835
1893 * 141
FLORENTIN PIERRE 1900
1987 144
FOLIGUET JEAN-MARIE
1918 2008 148
FORTIER BERNARD
1946
2008 * 150
FRANCK CLAUDE 1910
1996 * 151
FROELICH RENE 1867
1945 156
FRUHINSHOLZ ALBERT 1876
1963 158
GARNIER LEON 1855
1939 161
GIRARD JEAN 1903
1955 163
GOSSEREZ MAURICE 1912
1985 166
GRANDPIERRE ROBERT 1903
1984 * 170
GRIGNON
GEORGES 1927 2005 173
GRILLIAT JEAN-PIERRE 1924 2007 176
GRIMAUD RENE 1902
1978 178
GROSDIDIER JEAN 1926
2000 181
GROSS ANDRE 1921
1980 * 183
GROSS FREDERIC 1844
1927 * 188
GROSS GEORGES 1875
1950 192
GUILLEMIN ANDRE
1923 2007
193
GUILLEMIN PAUL
1923 2007
196
GUILLOZ THEODORE 1868
1916 198
HAMANT AIME 1884
1973 200
HARTEMANN JEAN 1898
1986 210
HAUSHALTER PAUL 1860
1925 214
HECHT LOUIS-EMILE 1830
1906 * 218
HELLUY JOSEPH 1911
1976 221
HEPNER HENRI 1934
2003 226
HERBEUVAL
RENE 1912
2007 228
HERRGOTT ALPHONSE 1849
1927 230
HERRGOTT FRANCOIS-JOSEPH 1814 1907 * 234
HEULLY FRANCOIS 1912
1976 239
HEYDENREICH ALBERT 1849
1898 246
HIRTZ MATTHIEU 1809
1878 * 249
HOCHE LEON 1869
1941 251
HOEFFEL JEAN-CLAUDE 1933
2003 252
HOUPERT LOUIS 1902
1973 * 253
JACQUES PAUL 1869
1965 254
JEANDELIZE PAUL 1872
1969 256
JOB LOUIS 1878
1957 260
KISSEL PIERRE 1906
1978 263
LALLEMENT EDMOND 1838
1889 267
LAMARCHE MAURICE 1924
1980 269
LAMBERT MAYER 1870
1943 272
LAMY GEORGES 1880
1949 273
LAMY
PIERRE
1924 2006 274
LEGAIT ETIENNE 1911
2005 276
LEPOIRE JEAN 1923
1997 278
LOCHARD
JEAN
1918 2008 281
LOUYOT PIERRE 1902
1985 283
LUCIEN MAURICE 1880
1968 285
MACE EUGENE 1856
1938 289
MARTIN JEAN 1926
1986 292
MELNOTTE PIERRE 1891
1979 295
MERKLEN LOUIS 1896
1964 299
MEYER EDOUARD 1860
1924 304
MICHEL EUGENE 1819
1883 * 305
MICHEL GASTON 1874
1937 306
MICHON JACQUES 1921
1989 308
MICHON PAUL 1897
1964 312
MIDON JACQUES 1913
1965 316
MONOYER CHARLES 1836
1912 * 318
MONTAUT JACQUES 1929
1985 320
MOREL CHARLES 1822
1884 * 325
MUTEL MAURICE 1886
1977 327
NABET FRANCINE 1935 2007
328
NEIMANN NATHAN 1906
1992 329
NICOLAS ADOLPHE 1861
1939 * 333
PARISOT JACQUES 1882
1967 335
PARISOT PIERRE 1859
1938 339
PARISOT VICTOR 1811
1895 343
PERNOT CLAUDE 1926
1989 344
PERRIN MAURICE 1875
1956 347
PICARD JEAN-MARIE 1925
1992 348
PIERQUIN
LOUIS
1910 2006 350
POINCARE EMILE 1828
1892 353
PRENANT AUGUSTE 1861
1927 * 356
RAMEAUX JEAN-FRANCOIS
1805 1878 358
RAUBER
GUY
1923
2008 359
REMIGY EMILE 1925
1961 361
REMY SEBASTIEN 1854
1944 363
RENY ANDRE 1933
1982 364
RIBON MARCEL 1921
2006 367
RICHON JEAN 1909
1987 368
RICHON LOUIS 1874
1958 373
RIGAUD PHILIPPE 1805
1881 * 376
RITTER EUGENE 1837
1884 * 379
ROBERT HENRI 1875
1952 380
ROHMER JOSEPH 1856
1921 381
ROUSSEAUX RENE 1902
1955 383
ROUSSEL JEAN 1909
1976 386
SANTENOISE DANIEL 1897
1970 * 390
SCHMITT JEAN 1929
1999 392
SCHMITT JOSEPH 1855
1912 395
SCHUHL EMILE 1861
1913 401
SENAULT
RAOUL 1918
2008 402
SENCERT LOUIS 1878
1924 * 406
SIMON PAUL 1857
1939 408
SIMONIN EDMOND 1812
1884 409
SIMONIN JACQUES 1919
1952 411
SIMONIN PIERRE 1890
1970 413
SPILLMANN LOUIS 1875
1940 416
SPILLMANN PAUL 1844
1914 418
STOLTZ JOSEPH 1803
1896 * 420
STREIFF FRANCOIS 1929
2002 422
THIRY GEORGES 1870
1936 424
THOMAS CHARLES 1906
1987 425
TOURDES GABRIEL 1810
1900 * 428
TRIDON
PIERRE
1926 2007 433
VAUTRIN ALEXIS 1859
1927 435
VERMELIN HENRI 1891
1968 439
VUILLEMIN JEAN-PAUL 1861
1932 444
WATRIN JULES 1887
1955 447
WEBER MAX 1934
2001 449
WEISS THEODORE 1852
1942 451
WOLFF RENE 1899
1982 453
ZILGIEN HENRY 1865 1914 456
PREFACE
Professeur Alain LARCAN
Membre et ancien Président
de l’Académie Nationale de Médecine
Les traditions médicales lorraines et plus spécialement nancéiennes sont importantes et ceci dès le XVIème siècle, même si Paris et Montpellier ont sur ce plan une histoire plus riche et plus longue. La création d’une Faculté de Médecine à Pont-à-Mousson en 1572, puis celle des collèges royaux de médecine et de chirurgie, leurs longues rivalités, puis leur rapprochement à la veille de la Révolution précédant de peu leur suppression, jalonnent les débuts de la médecine hospitalo-universitaire en Lorraine.
Le décret Fourcroy du 14 frimaire en III (1794) ne
retint cependant que trois facultés : Paris, Montpellier et Strasbourg,
auxquelles vinrent s’adjoindre les hôpitaux militaires d’instruction (hôpitaux
- amphithéâtres), puis des écoles secondaires dont celle de Nancy dès 1822,
transformée en école préparatoire en 1840. Parmi les maîtres anciens de la
Faculté de Pont à Mousson, il convient de retenir surtout Charles LEPOIS, mort
victime du devoir en soignant les nancéiens lors de l’épidémie de peste et qui
affirma l’origine nerveuse de l’hystérie, ainsi que l’anatomiste JADELOT.
Au collège de médecine, nous retiendrons Charles
BAGARD qui s’intéressa à l’hydrologie (les eaux de Plombières) et dont on a pu
dire que son nom était le reflet de sa personnalité… et Dominique-Benoît
HARMANT, médecin stipendié du roi de Pologne, à qui on doit une bonne étude de l’intoxication
oxycarbonée due aux méfaits des « feux allumés », avant la découverte
du gaz toxique lui-même.
L’histoire de l’école professionnelle ne dégage pas
de très grands noms, si ce n’est celui d’Edmond SIMONIN, Directeur de l’Ecole,
chirurgien et qui parmi les premiers s’intéressa à l’anesthésie, les quatre tomes consacrés au chloroforme et à l’éther paraissant le
premier en 1849, et le dernier en 1879.
Le renom et même la gloire ne viendront qu’après le
« tranfèrement » en 1872 de la Faculté de Strasbourg à Nancy et non à
Lyon, ville également candidate, seule conséquence heureuse du calamiteux
traité de Francfort. La Faculté et le Centre Hospitalier de Nancy qui va
parallèlement se développer vont vivre dès lors en étroite symbiose
hospitalo-universitaire, la Faculté étant très proche et comme déjà intégrée à
l’Hôpital Central qui se construit en 1884. Le nombre des chaires magistrales
resta longtemps réduit, si on le compare à celui d’aujourd’hui. Nombreux sont
les internes et chefs de clinique, riches de promesses et de découvertes (je
pense à Charles GARNIER, découvreur de l’ergastoplasme…) qui ne deviendront
jamais Professeurs. Tous ont enseigné, cherché, soigné, avec compétence et
dévouement, plus spécialement lors du premier conflit mondial où la Faculté
très réduite en effectifs, jouera son rôle d’enseignement de guerre et méritera
sa citation à l’ordre de la nation.
Il est difficile et pourtant utile de faire une
présentation sélective et de dégager les figures de proue, ne serait-ce que
pour sacrifier au nécessaire devoir de mémoire, en réactivant et en commentant,
à l’attention des autorités comme des étudiants, l’action de personnalités dont
beaucoup devraient être honorées par le rappel de leurs noms dans la ville et
le Centre Hospitalier.
Nous distinguons un peu systématiquement les écoles
consacrées à une discipline, ou à un groupe de disciplines proches et
complémentaires, qui ont marqué à Nancy et qui furent largement reconnues à
l’échelon national et même international. Elles ont en général un fondateur ou
un chef de file prépondérant et se marquent par une filiation durable ou une
efflorescence et un rayonnement particulièrement éclatant à certaines périodes.
La plus connue, seule
dénommée « école de Nancy », à tel point qu’elle est parfois
confondue avec l’école artistique de Nancy… est l’école hypnologique
de Nancy créée par le Professeur de Clinique Médicale Hippolyte BERNHEIM, qui
rendit d’ailleurs hommage à un médecin praticien de Nancy, le Docteur LIEBAULT. S’élevant contre les conceptions de l’école
de la Salpétrière de Charcot, persuadé que l’hystérie n’est que de culture, de
suggestion et d’imitation, BERNHEIM qui était par ailleurs un excellent médecin
interniste en particulier dans les domaines actuels de la cardiologie et de la
neurologie est vraiment le maître de la psychosomatique, de l’hypnose et de la
suggestion. Il groupe autour de lui des disciples parfois encombrants
(Liegeois), des collègues (le physiologiste Henri BEAUNIS, auteur du somnambulisme
provoqué), des médecins venus d’ailleurs (Baudoin) et reçoit la visite de
Freud encore inconnu. C’est Hippolyte BERNHEIM qui attire l’attention sur Nancy
et sa « Faculté de village » (selon l’expression insultante de
Babinski). La seconde école de Nancy animée par le pharmacien COUE n’aura pas
le même rayonnement scientifique, mais le nom de sa méthode restera dans la
mémoire de chacun plus longtemps que celui de BERNHEIM.
Une autre école est l’école
morphologique qui associe anatomistes et histologistes sous l’impulsion
initiale de Charles MOREL. Elle regroupe en anatomie Adolphe NICOLAS, Paul
ANCEL, Maurice LUCIEN et en histologie Auguste PRENANT, Pol BOUIN, Remy COLLIN. Leurs recherches ont
porté sur les glandes endocrines : parathyroïdes, hypophyse, glandes
sexuelles (corps jaune de l’ovaire, glande interstitielle du testicule), le
système nerveux, l’appareil pulmonaire. Ce sont eux qui ont créé l’association
des anatomistes et la fédération internationale des anatomistes à Nancy à
partir de 1899.
Elle sera complétée et enrichie par l’école
endocrinologique clinique qui regroupe, outre les morphologistes
déjà nommés, les physiologistes, JEANDELIZE, futur ophtalmologiste, auteur
d’une mémorable thèse sur l’insuffisance parathyroïdienne, puis Daniel
SANTENOISE et les cliniciens Jacques PARISOT, RICHARD et Paul-Louis DROUET.
L’école obstétricale de Nancy, héritière de la
tradition strasbourgeoise (STOLTZ et les deux HERRGOTT) va s’affirmer sous la
direction d’Albert FRUHINSHOLZ qui créera la Maternité Adolphe Pinard la plus
moderne d’Europe, à l’époque, en 1929. Il réalisera une œuvre obstétricale
(décalage thermique de la grossesse, spasmes vasculaires de la grossesse,
pyélite gravido-toxique…) et sociale que continueront ses élèves VERMELIN,
HARTEMANN, RICHON. Il fut membre titulaire de l’Académie Nationale de Médecine.
Les écoles chirurgicales de Nancy furent marquées
par des personnalités puissantes : Albert HEYDENREICH, observateur d’un
des premiers cas de maladie de Buerger et mort d’une piqûre anatomique,
Théodore WEISS et Aimé HAMANT, auteurs de mémorables travaux sur la plaie de
guerre, le Doyen Frédéric GROSS et Louis SENCERT, ce dernier pionnier de la
chirurgie gastro-oesophagienne et vasculaire, Gaston MICHEL intéressé par les
traumatismes du rachis, Alexis VAUTRIN orienté surtout vers la chirurgie
gynécologique et précurseur de la lutte anti-cancéreuse, Paul ANDRE créateur de
la spécialité d’urologie à Nancy, René FROELICH et Paul BODART pour la
chirurgie infantile. Mais il faut surtout retenir les maîtres plus récents :
René ROUSSEAUX et son élève Jean LEPOIRE, créateurs de la discipline
neurochirurgicale, Pierre CHALNOT créateur à Nancy de la chirurgie thoracique
et cardiaque, Jacques MICHON qui autonomisera la chirurgie de la main, Maurice
GOSSEREZ fondateur de l’école chirurgie maxillo-faciale.
Une autre école est celle de
la médecine sociale. Parmi ces précurseurs, on retrouve Emile
POINCARE (père d’Henri Poincaré) qui s’intéressa parmi les premiers à la
médecine professionnelle industrielle, Eugène MACE grand bactériologiste, Paul
SPILLMANN spécialiste de la tuberculose pulmonaire mais surtout Jacques PARISOT
futur représentant de la France à la Société des Nations et à l’Organisation
Mondiale de la Santé qui groupera autour de l’Office d’Hygiène Sociale Louis SPILLMANN
(dermato-vénérologie), Pierre SIMONIN (tuberculose), Louis CAUSSADE
(pédiatrie),… dans le sillage médico-social de Léon Bernard.
L’école pédiatrique de Nancy fondée par Paul
HAUSHALTER qui décrivit l’acrodynie, se poursuivit par les travaux de Louis
CAUSSADE et surtout de Nathan NEIMANN, véritable animateur de l’école
pédiatrique moderne au sein de laquelle s’individualiseront toutes les
spécialités pédiatriques.
Il faut encore évoquer dans
les sciences
fondamentales le souvenir d’Augustin CHARPENTIER en physique, inventeur
de plusieurs appareils d’ophtalmologie,
d’Eugène RITTER et de René WOLFF (travaux sur la vitamine B12 et le
facteur intrinsèque) en chimie… l’école de physiologie du sport et de physiologie
aéronautique de Louis MERKLEN, René GRANDPIERRE et Claude FRANCK ; les
noms de Victor FELTZ associé souvent au chimiste RITTER, en anatomo-pathologie,
auteur de mémorables recherches sur les embolies capillaires et l’urémie
expérimentale ; et surtout celui de Jean-Paul VUILLEMIN, exceptionnel
spécialiste d’histoire naturelle et de botanique, auteur d’une nomenclature
cryptogamique, de recherches en mycologie et père du mot
« antibiose ».
En médecine, il existe bien entendu au
sein des cliniques médicales, ainsi que dans différents Services (maladies des
vieillards à la Maison de secours) des cliniciens avertis comme Charles DEMANGE
(gériatrie), Georges ETIENNE et ses élèves Paul-Louis DROUET et Louis MATHIEU
dans différents domaines de la médecine, de Paul MICHON initiateur de
l’hématologie et surtout de la transfusion, de Lucien CORNIL et de Pierre
KISSEL en neurologie, de Paulin DE LAVERGNE pour les maladies
infectieuses. Il existait d’ailleurs une tradition de maladies infectieuses et
de bactériologie avec COZE et FELTZ, MACE et l’épidémiologie sera continuée par
Pierre MELNOTTE. Louis MATHIEU sera le premier cardiologue nancéien, François
HEULLY le créateur de la gastro-entérologie et Pierre LOUYOT celui de la
rhumatologie.
Enfin, parmi les spécialités
parachirurgicales, il convient de rappeler Paul JACQUES de formation
anatomique et créateur de la discipline oto-rhino-laryngogique à Nancy et
Charles THOMAS qui dans la tradition de ROHMER et de JEANDELIZE sera le père de
l’ophtalmologie moderne à Nancy
[2]
.
Nous souhaitons que la publication de ce travail due
à la diligence et aux recherches du Professeur LEGRAS permettent aux autorités
municipales et hospitalières de prendre conscience de ce devoir de mémoire et
surtout de reconnaissance à de grands anciens, à qui nous devons beaucoup,
sinon parfois tout
[3]
.
AVANT-PROPOS
Au lendemain de la guerre de 1870, Strasbourg n'est
plus en territoire français. Sa Faculté de Médecine est transférée à Nancy avec
une grande partie de son corps professoral. La nouvelle Faculté est inaugurée
en novembre 1872.
Depuis cette date, près de quatre cent
professeurs
[4]
exercent ou ont exercé. Certains ont connu une carrière exceptionnelle ; parmi
ceux qui firent toute leur carrière à Nancy, citons notamment PARISOT, COLLIN, DE
LAVERGNE et plus près de nous NEIMANN, KISSEL, CHALNOT, HERBEUVAL.
Les documents (textes, photos,..) étaient nombreux
mais dispersés : dans les Annales Médicales de Nancy, le Musée de
la Faculté, le Musée de l’Internat, etc. Nous les avons regroupées, numérisées,
stockées dans une base de données informatisée. Une partie de ces données peut
être consultée sur le site Internet créé par l’auteur
[5]
.
Dans cet ouvrage, nous nous sommes limités aux
seuls professeurs décédés
[6]
avec, en général, pour chacun, deux photos
[7]
et un texte
[8]
.
Le
texte est constitué, soit par un éloge funèbre quand il existe, soit par un
extrait d’un article de synthèse. Les articles de
synthèse qui proviennent en général du numéro spécial du centenaire, 1874-1974, des Annales Médicales de Nancy sont
habituellement beaucoup plus brefs que les éloges
[9]
.
Cet ouvrage est une réédition allégée
[10]
du livre : « Les Professeurs de la Faculté de
Médecine de Nancy 1872 – 2005 : Ceux qui nous ont quittés »
[11]
. Il est complété par la présentation des dix sept professeurs décédés
de 2006 à 2010.
Tous ces textes présentent
aussi une vision de l’évolution de la médecine, au cours d’un siècle et demi
environ.
Enfin,
redisons notre admiration pour tous ceux vivants ou disparus qui ont rédigé les
éloges, souvent remarquables, ainsi qu’aux auteurs des textes de synthèse du
numéro spécial du centenaire des Annales Médicales de Nancy. Tous ces
écrits ont contribué largement à la décision de l’auteur d’entreprendre cette
tâche en janvier 2004.
1885-1964
ELOGE par le Professeur F. HEULLY
Rendre hommage à mon Maître disparu est pour moi un douloureux
devoir.
Mais ce sera également pour moi l'occasion d'apporter publiquement
le tribut de ma reconnaissance à celui à qui je dois tant.
A ses élèves il n'a pas mesuré le don de son enseignement, le
soutien dans les efforts, le réconfort dans les difficultés, le témoignage de
sa satisfaction dans les réussites.
Que mes paroles puissent faire revivre devant ceux qui l'ont
connu, et faire, connaître à ceux qui n'ont pas eu ce privilège, la vie,
l’œuvre, et la personnalité du Professeur ABEL.
Emile ABEL naquit à Bourbonne-les-Bains, le 5 juin 1885.
Contrairement à ce que pouvait faire penser son accent, il n'était
pas d'origine franc-comtoise. Sa famille, de souche terrienne était originaire
de Dieuze, en Lorraine française ; son père, fuyant l'annexion, s'était fixé à
Bourbonne.
Très jeune, il vint faire au lycée de Nancy, de brillantes études
classiques qui furent récompensées par une Médaille d'or. L'influence de son
cousin Sabotier, lui-même étudiant en Médecine, détermina sa vocation. Il fit
sa première année de Médecine à la Faculté de Nancy ; reçu à l'Ecole du
Service de Santé militaire, c'est à Lyon qu'il poursuivit et termina ses études
de Médecine.
C'est au cours de son stage à l'Ecole d'Application du Val de
Grâce, qu'il connut Paulin DE LAVERGNE. Cet esprit brillant, chatoyant,
cette personnalité exceptionnelle le séduisirent ; ce fut la naissance d'une
amitié indéfectible que seule vint rompre la mort.
A sa sortie de l'Ecole, il fut affecté à Nancy, et connut alors
celle qui devait devenir la compagne fidèle de ses jours, la fille du
Professeur SIMON.
Survint la tourmente de 1914. Parti avec le 356ème Régiment
d'Infanterie, qu'il ne devait pratiquement pas quitter, il fit montre d'emblée
d'un courage et d'une compétence remarquable lui valant, dès le 19 août 1914,
dans les combats de la Woëvre, une élogieuse citation, et la Croix de la Légion
d'Honneur dès décembre 1914.
L'armistice le trouvait Médecin Commandant, Adjoint au Directeur
du Service de Santé du Corps d'Armée. Un brillant avenir militaire s'ouvrait
devant lui.
N'ayant pas trouvé cependant une oreille favorable à son désir de
faire carrière dans les Hôpitaux militaires, il prit alors la décision cruciale
de sa vie. En 1920, délaissant cette voie toute tracée, il démissionne et
s'engage dans la voie difficile d'une carrière civile, hospitalière et
universitaire.
Nommé au Concours en 1921 au poste de Chef de Clinique et de
Laboratoire des Cliniques Infantiles, il entreprend, sous la direction de son
Maître, le Professeur HAUSHALTER, dans un Laboratoire créé de toutes pièces, un
travail de chercheur obstiné et de technicien averti, tout en participant à
l'enseignement clinique.
Dès 1925, il aborde les épreuves du premier degré du Concours
d'Agrégation. Selon une formule qui préfigure la réforme actuelle, le Concours
comportait deux épreuves écrites anonymes. ABEL se classe deuxième de France,
ayant obtenu pour une épreuve 20 sur 20 (ce qui lui valut les félicitations
personnelles du Recteur de Nancy). Hélas, l'année suivante, l'administration,
que ce classement a peut-être déçue, décide que cette épreuve ne comptera pas dans
le classement définitif.
Chargé de cours de Pathologie interne en 1928, il est reçu en
1930, dans un rang brillant, au Concours d'Agrégation, et chargé de la Pathologie
interne, enseignement qu'il conservera jusqu'en 1939.
Parallèlement se poursuivait sa carrière hospitalière : Médecin
des Hôpitaux en 1926, il est affecté à un Service de Médecine complémentaire à
l'Hôpital Marin tout d'abord, puis à l'Hôpital Central, dans les locaux de
l'actuel Service de Cardiologie.
En 1936 lui est confié le Service des Maladies Tuberculeuses de
l’Hôpital Villemin. C'était la tâche difficile d'une discipline spécialisée
dont il lui faut apprendre les moyens d'exploration et les techniques
thérapeutiques. Il les assimile sans peine et acquiert rapidement une autorité
incontestée.
Cette compétence lui est reconnue à la mobilisation de 1939, et
lui vaut d'être nommé Médecin Consultant de la IXème puis de la Xème Armée.
De retour à la vie civile, il est jugé digne d'être élevé au grade
de Professeur sans Chaire en 1941. La Chaire de Thérapeutique lui est confiée
en 1942, et l'année suivante, la Chaire de Clinique médicale couronne cette
lente ascension. Il revenait alors à la Clinique médicale A, que son beau-père,
le Professeur SIMON, avait dirigée avec tant de compétence. Il ne l'avait
d'ailleurs à vrai dire jamais complètement quittée car il avait continué à
collaborer de façon suivie à l'enseignement clinique du Professeur RICHON. Dès
lors, le Professeur ABEL put faire montre de la plénitude de ses qualités de
médecin et d'enseigneur.
La période de l'après-guerre a vu le renouvellement total de la
Médecine par l'apparition de moyens d'investigation et de thérapeutique qui
pouvaient paraître inconcevables dix ans auparavant. Par un travail personnel
constant et acharné, ABEL a su se tenir au courant, guider ses collaborateurs
et ses élèves, vers les techniques les plus modernes. Pendant douze années, il
put former des générations d'étudiants, d'externes et d'internes auxquels il
avait à cœur de dispenser un enseignement clair, méthodique et complet au
courant des dernières acquisitions de la science.
Mais pour lui, la passion de l'enseignement ou de la recherche
médicale ne fit jamais oublier ce qu'il estimait être son devoir primordial, se
consacrer à ses malades. Il s'est toujours astreint à les connaître tous, les
interroger, les examiner attentivement, patiemment, paternellement.
Derrière le « beau cas clinique » il a toujours appris à ses
collaborateurs à ne jamais oublier l'homme qui souffre.
Promu à la classe exceptionnelle, ABEL est atteint par la limite
d'âge en 1955 et quitte alors la Clinique médicale A.
Mais le terme de cette carrière universitaire et hospitalière ne
signifiait pas la rupture avec sa vocation médicale. L'autorité incontestée qui
s'attachait à sa personne lui valut d'être choisi par ses pairs et porté à la
Présidence du Conseil Régional de l'Ordre des Médecins. Pendant cinq années il
se consacra à sa tâche difficile où sa droiture, son intégrité et son
expérience lui valurent l'estime de tous ses confrères.
Ressentant les premières atteintes du mal qui devait l'emporter,
il se démit alors de ses fonctions, n'acceptant plus que de garder la Présidence
d'une œuvre d'entraide et d'assistance médicale.
Au long de cette carrière médicale, son œuvre scientifique
s'échafauda patiemment. Sa thèse inaugurale soutenue à Lyon à sa sortie de
l'Ecole du Service de Santé, ne pouvait avoir qu'un objectif limité, elle
concernait l'ostéomyélite des os plats du crâne d'origine otitique. Cette étude
fait preuve déjà des qualités de méthode et de clarté que ses travaux
ultérieurs mirent pleinement en évidence.
En effet, son œuvre maîtresse s'est édifiée dans le Laboratoire
des Cliniques Infantiles. Partant des études cytologiques des méningites
aiguës, ABEL s'est particulièrement intéressé au problème alors très mal connu
des réactions méningées, des états méningés, du méningisme. Il entreprit de
classer des faits en apparence disparates, de les analyser, d'en faire une
étude critique rigoureuse pour aboutir à une synthèse rationnelle. Ces
patientes études cliniques, étayées par des recherches cytologiques et
bactériologiques attentives aboutirent à une importante monographie dans
laquelle il propose une classification rationnelle.
Ses conceptions des méningites bénignes, des méningites
cryptogénétiques faisaient de lui un novateur. Elles reçoivent leur
consécration dans les rapports du Congrès de Médecine de 1936 sur les
méningites aiguës curables. Le problème des états méningés au cours des
parasitoses intestinales retint longtemps son attention. Ses recherches
cliniques, cytologiques et bactériologiques se poursuivirent en d'autres
domaines, notamment avec la collaboration de son ami DE LAVERGNE.
Le développement de sa carrière hospitalière et universitaire le
conduisit à de nombreuses études cliniques dans des directions très diverses.
En 1936, il fut notamment chargé, avec le Professeur PERRIN, d'un
important rapport, au Congrès de Vittel, sur la thérapeutique médicale de la
goutte, sujet qui lui tenait particulièrement à cœur. Cette étude critique
particulièrement claire conserve encore tout son intérêt malgré les apports
nouveaux de la pharmacopée.
Dès son accession à la Clinique Médicale A, il sut proposer à ses
collaborateurs des sujets d'actualité et les pousser dans les voies nouvelles.
De son passage au Service de Phtisiologie, il avait gardé un goût
très vif pour les études pneumologiques. Il suscita des travaux concernant les
suppurations broncho-pulmonaires, le traitement des abcès pulmonaires par
instillation endobronchique, l'étude des cavités résiduelles d'abcès.
De nombreuses études neurologiques, hématologiques,
gastro-entérologiques furent entreprises dans son Service, et furent souvent le
point de départ de la spécialisation de ses collaborateurs.
Il ne se contentait pas de susciter des travaux, mais en suivait
de façon particulièrement attentive l'élaboration et la réalisation. Les
publications, les thèses ne recevaient son approbation que lorsque tous les
termes en avaient été soigneusement pesés, mesurés et bien souvent entièrement
remaniés de sa main.
L'introduction de techniques nouvelles d'investigation ou de
thérapeutiques récentes étaient soumises de sa part, à
une critique sévère que certains pouvaient prendre pour la manifestation d'un
esprit timoré ; en réalité, son sens aigu de la responsabilité et son souci de
l'humain étaient le frein nécessaire aux audaces juvéniles de ses
collaborateurs.
Arrivé à l'heure de la retraite, il pouvait considérer avec la
satisfaction du devoir accompli, l’œuvre scientifique dont il avait été
l'artisan et le promoteur.
Mais il ne voulut pas borner là son activité. Dégagé des tâches et
des responsabilités quotidiennes, il tint à poursuivre son enrichissement
intellectuel.
Son accession à l'Académie de Stanislas, dont il devint en 1962
Vice-président, le conduisit à approfondir ses connaissances dans des domaines
originaux. Reprenant des études climatologiques qu'il avait abordées trente ans
auparavant, il présenta à l'Académie plusieurs communications remarquées et
particulièrement originales sur la météoropathologie, la telluropathologie, les
rapports de la météoropathologie avec les explosions atomiques.
Par ailleurs, ses fonctions de Président du Conseil Régional de
l'Ordre le conduisirent à des réflexions sur l'essence même de l'art médical.
Elles trouvent leur aboutissement dans son discours de réception à l'Académie
de Stanislas. Ce « retour aux sources de la Médecine » comme il l'intitule
lui-même, lui permet de réaffirmer le principe hippocratique qui avait été le
guide de sa vie médicale : la primauté de la Clinique : « Avant tout
raisonnement et toute interprétation, interrogez, scrutez les symptômes locaux
et généraux, dépistez les symptômes précurseurs... Il importe par une
connaissance totale de l'individu, de porter un jugement général sur son destin
».
Il ne conteste pas le prodigieux essor de la Médecine moderne, les
hardiesses et l'efficacité sans cesse accrue des méthodes opératoires ou des
thérapeutiques nouvelles. Mais il redoute que cette haute technicité n'entraîne
une fragmentation excessive de la Médecine, faisant perdre de vue la
personnalité du malade.
« N'y a-t-il pas lieu de craindre, dit-il, que le jeune Médecin ne
se détourne de la Médecine traditionnelle, de tout ce quelle comporte d'esprit
d'observation personnelle et directe, de sens critique et de principes moraux.
» Comme son ami le Professeur BODART, il déplore cette « désacralisation
» de la Médecine. Dans un véritable testament intellectuel, il réaffirme la
suprématie de l'esprit clinique, la primauté des valeurs spirituelles sur les
valeurs matérielles, la nécessité d'une culture générale qui est, selon
Hippocrate, pour l'esprit de l'homme, ce que la promenade est pour le corps.
Cette œuvre est le reflet des qualités profondes de l'homme. Sa
modestie et sa courtoisie coutumières frappaient dès l'abord. Alliées à une
bonté foncière, ces qualités posaient en fait un écran protecteur au devant de
sa véritable personnalité. Un trait dominant de son caractère était en effet la ténacité et le courage. Dans sa carrière
militaire ces qualités se manifestèrent, de façon éclatante, elles lui
permirent ensuite de surmonter les difficultés de la carrière hospitalière et
universitaire. Mais cette ténacité coexistait avec une grande sensibilité qu'il
prenait soin de cacher ; il s'y mêlait un sens profond de la justice qui lui
faisait ressentir d'autant plus vivement, tout ce qui pouvait paraître à ses
yeux une injustice. Les épreuves, les difficultés, provoquaient en lui des
mouvements d'humeur certains. Une rougeur subite de la nuque pouvait parfois
les révéler à des yeux avertis. Parfois cependant une colère redoutable pouvait
en résulter.
Ces traits contradictoires lui rendaient certes la vie difficile.
De combien d'insomnies étaient payées les difficultés qu'il affrontait
apparemment avec calme !
Son foyer et ses enfants étaient sa grande joie. Il avait eu une
intense satisfaction à voir son fils François aborder la carrière médicale. Il
avait applaudi à ses succès, sa brillante conduite pendant la guerre l'avait
comblé de légitime fierté. Un sort cruel devait le ravir à son affection : il
en ressentit une peine immense, jamais cicatrisée.
Il reporta son affection sur ses autres enfants et petits-enfants,
déplorant souvent combien étaient mesurés les instants où il pouvait jouir de
la vie de famille.
Sa culture et ses goûts le portaient vers la littérature,
l'histoire la peinture. Il adorait voyager. Jeune, il aimait partir en montagne
ou dans de longues randonnées dont il gardait des souvenirs d'une précision
surprenante.
Tel était l'homme. Sa force d'âme, alliée à ses convictions
profondes le préparait à affronter les dernières épreuves qui l'attendaient.
Il m'avait un jour, d'une voix calme et méthodique, exposé les
symptômes et la nature de son mal, l'évolution qu'il savait inéluctable. La
thérapeutique parut démentir, pendant plusieurs
années, le pronostic lucide qu'il avait porté.
Il affronta avec calme la venue de l'épreuve dernière, soucieux
cependant du surcroît de peine et de fatigue qu'allait encourir son entourage.
Ce fut un adoucissement pour lui de pouvoir être soigné par une
religieuse qu'il avait particulièrement appréciée dans son Service, dernière
évocation pour lui de la Clinique Médicale A. Et maintenant, il ne nous reste
plus que le souvenir.
Puisse cette évocation être le témoignage de notre fidèle
affection, et contribuer à adoucir la peine de Mme Abel et de tous les siens.
Pour ses élèves, il demeure le guide. Ils devront s'efforcer de suivre son
exemple : être et rester un homme.
[1]
Carrière : * signifie que
seulement une partie de celle-ci a eu lieu à la Faculté de Médecine de Nancy.
[2]
A la galerie des
personnalités marquantes choisies par le Professeur LARCAN, l’auteur se permet
d’y ajouter en biophysique Constant BURG (devenu Directeur général de l’INSERM)
et son Maître Jean MARTIN, pionnier de l’informatique médicale.
[3] Cette préface a été écrite en 2005 pour la version précédente de l’ouvrage et ne tient pas compte de l’apport de certains maîtres récemment disparus, notamment Herbeuval en hématologie et Faivre en cardiologie.
[4] Sauf exception, seuls les noms propres des Professeurs ayant exercé ou exerçant à Nancy ont été mis en majuscules dans cet ouvrage.
[5] Adresse du site internet : professeurs-medecine-nancy.fr
[6]
Aucune femme ne figure dans
cette liste ! La première femme nommée professeur à Nancy est Emilie
Tréheux, Agrégée de Radiologie en 1963, ouis chef de Service.
[7]
Nous avons tenté de présenter des photos
des Professeurs à des âges fort différents. Mais
certaines photos sont extraites de groupes (d’internat par exemple) et de ce
fait peuvent être de qualité moyenne. Pour Thiry, en l’absence de photo, nous
avons présenté un croquis d’Albajean et Bicaz ; pour Charles Demange, un
médaillon.
[8] Un dossier a été consacré à Rémigy qui venait d’être admissible à l’Agrégation d’Hématologie et qui a trouvé la mort dans la catastrophe ferroviaire de Vitry-le-François en 1961. .
[9] Les éloges présentent une taille variable qui n’est pas toujours liée à la notoriété du professeur. Par ailleurs, les éloges récents sont généralement plus limités que ceux des temps anciens.
[10]
Pour
des raisons de format et de coût du livre, nous avons supprimé certains textes
(le second pour différents professeurs),
quelques annexes ainsi que les photos de service et d’internat (photos
que l’on peut retrouver dans l’ouvrage : « Les Médecins de la Faculté de Nancy - Le livre
souvenir » - Ed. Gérard Louis, ainsi que sur le site internet déjà cité).
De même, pour éviter que certaines pages de fin de texte soient quasiment vides (limitées à quelques lignes), nous nous sommes permis, dans quelques rares occasions, de menues adaptations, consistant le plus souvent à éliminer quelques mots ou phrases.
[11] Le livre a été primé par la Société Française d'Histoire de la Médecine en 2006 (premier prix).