Bernard LEGRAS
En 2012 est paru Le patrimoine artistique et historique hospitalo-universitaire de Nancy édité par Gérard Louis et cosigné par quatre professeurs de Nancy : A. Larcan, J. Floquet, P. Labrude, B. Legras.
Alain Larcan, décédé la même année fut l’âme de ce travail collectif qui lui fut dédié. Ce livre complétait ceux qu’il avait impulsés, consacrés aux hommes[1] et aux bâtiments[2] du Centre hospitalier de Nancy.
L’ouvrage sur le patrimoine comprend
cinq parties : Les objets symboliques ; Les peintures, tableaux,
tapisseries ; Les sculptures ; Les œuvres imprimées et
illustrées ; Les collections.
Le texte du nouveau livre reprend essentiellement en l’adaptant la partie consacrée aux tableaux, écrite par Jean Floquet. Parmi les modifications, outre le format un
peu réduit, la présentation a été homogénéIsée : pour chaque portrait, on découvre le tableau (ou le dessin) puis le texte
explicatif sur une (ou plusieurs) page(s) distincte(s)[3].
En annexe, figurent une liste de tous les textes
principaux parus dans Les
Lettres du musée et un index alphabétique.
Alain Larcan, Jean
Floquet, Pierre
Labrude, Bernard Legras[4]
Le patrimoine artistique et historique
hospitalo-universitaire
de Nancy
Ed. Gérard Louis,
2012
Jacques VADOT[5]
Par la peinture l’artiste essaye d’exprimer ce qu’il voit ou ce qu’il ressent dans le souci de la représentation du réel ou de l’imaginaire. D’autres modes d’expression existent comme la sculpture, la gravure ou le moulage, l’ensemble constituant les « Beaux-Arts ».
Ainsi la peinture peut s’adapter à la mode ou à l’époque. Parfois naïve ou très descriptive comme la célèbre « Leçon d’Anatomie » de Rembrandt, elle devient plus solennelle comme l’espagnole ou plus souriante et gracieuse comme la peinture italienne, où l’art religieux domine.
Mais c’est sans doute à travers l’histoire qu’elle a aussi trouvé une utilisation plus large et fréquente. Une « fresque » permet de résumer plusieurs périodes comme c’est le cas de celle réalisée par le peintre lorrain Camille Hilaire (1916-2004) pour la Faculté de médecine de la Rue Lionnois, à la demande du Doyen Beau. Un « fac-similé » partiel a été installé dans le hall d’entrée du bâtiment administratif de la Faculté de Brabois[6].
Antoine Beau (1909-1996) fut avec Gilbert Percebois (1930-2018) à l’origine du premier musée d’histoire de la médecine, situé dans l’ancienne faculté. Mais cette structure, un peu confidentielle, était en fait réservée à un public limité.
Après la disparition du Professeur Antoine Beau, « le flambeau » fut repris par le Doyen Georges Grignon (1927-2005) qui orchestra son transfert à la Faculté de médecine de Brabois, avec la participation de Christiane Pelletier, et avec le soutien sans faille du Doyen Jacques Rolland. Il en fut le « Conservateur ». Aidé par deux amis de longue date, Jean Floquet et Jacques Vadot, le « Musée » put ainsi se développer sur un mode plus «ouvert au public», avec sa galerie historique située dans la salle du conseil, de nombreux tableaux exposés dans les deux salles de thèse et d’autres salles de réunion. Des panneaux explicatifs ont été réalisés pour chaque période[7].
La Faculté de médecine de Nancy-Brabois peut ainsi s’enorgueillir de pouvoir exposer une « Histoire de l’enseignement médical en Lorraine » à travers une riche collection de peintures allant de la Faculté de Pont à Mousson à l’actuelle, en ayant traversé l’époque de Stanislas, la période révolutionnaire et une grande partie du XIXème siècle, avant d’accueillir, en 1872, les enseignants de la Faculté de Strasbourg refusant de passer sous le joug prussien.
C’est cette collection que nous voudrions mettre en valeur dans ce recueil qui commencera avec les médecins des Ducs de Lorraine avant d’être consacré uniquement à ceux qui ont « enseigné » au cours de nombreux siècles.
Une première « Association des Amis du Musée de la Faculté de
Médecine » fut créée, en 1996, pour servir de « bras armé » à
cette nouvelle structure. Elle permettait de trouver des « aides
extérieures » (dont l’Association des Chefs de services hospitaliers), de
publier « Lettres » et documents ou d’organiser divers évènements.
Elle a été présidée successivement par
moi-même puis le Professeur Jean-Luc Schmutz.
Depuis 2019 elle est devenue « Association des Amis du Musée de la
Santé de Lorraine » après l’arrivée en 2018 sur le plateau de Brabois des Facultés d’odontologie et de pharmacie,
en lien étroit avec le Centre Hospitalier Régional Universitaire,
constituant un « Pôle Santé ». Son actuel président en est le
Professeur Pierre Labrude.
En 2005, au décès de Georges Grignon, Jean Floquet avait été nommé au
poste de « conservateur »,
cette charge ayant été transmise en 2020 à Philippe Wernert. Ce dernier a
orchestré le transfert de nombreuses vitrines, provenant de la Faculté de pharmacie
de la rue Albert Lebrun à Nancy. Elles ont été installées au rez-de-chaussée du
premier bâtiment construit à l’entrée du Pôle Santé dans une grande salle mise
à notre disposition[8].
Avec la participation de quelques membres motivés du conseil d’administration
ont été rassemblés dans ces vitrines documents, petits et moyens matériels
relatifs à la médecine, l’odontologie, la pharmacie et les hôpitaux. Des objets
plus importants ont été installés dans des espaces libres.
Ainsi notre musée a pu compléter et diversifier son patrimoine
jusqu’alors surtout orienté vers les « Beaux-Arts ».
Jean FLOQUET
Pour situer les œuvres d’art dont nous allons parler dans cet ouvrage, un bref rappel historique du développement des structures de la santé est utile.
L’Université lorraine naît à Pont-à-Mousson en 1572 par la volonté du pape Grégoire XIII, sollicité par le duc de Lorraine Charles III et son cousin le cardinal Charles de Lorraine, archevêque de Reims. La bulle papale In supereminenti confie à la Compagnie de Jésus cette nouvelle institution chargée de veiller à l’orthodoxie religieuse de cette « marche » menacée par la Réforme. La médecine ne sera enseignée qu’à la fin du siècle, le premier doyen, homme éminent, étant Charles Lepois. Peu riche en enseignants, cette faculté sera toujours fragile et menacée, en particulier par sa ville voisine, Nancy, capitale administrative du duché. Avec le roi Stanislas, les médecins nancéiens obtiendront la création d’un Collège royal de médecine (1752), concurrent indiscutable de la faculté. Mais Stanislas, respectueux de la Compagnie de Jésus, contrairement à son gendre Louis XV, n’ira pas au-delà d’une association entre les deux structures (1753). Il faudra attendre la mort de Stanislas et le rattachement de la Lorraine à la France pour que - les Jésuites étant chassés de Lorraine par la France - l’Université soit transférée à Nancy. La Faculté de médecine cohabite alors avec le Collège royal beaucoup plus cordialement jusqu’à la Révolution.
Pendant
la période révolutionnaire et jusqu’en 1872, l’enseignement médical lorrain
est mis en veilleuse et ne subsiste, au
moins au début, que par la création de structures fragiles mais qui éviteront
le pire. Profitant des décrets successifs, des hommes et notamment des
chirurgiens vont créer successivement une Société
de santé, vite remplacée par une Ecole
libre dite parfois particulière de
médecine (1796), sans caractère très officiel. Un enseignement plus reconnu
se reconstitue avec des Ecoles secondaires
qui forment des officiers de santé. Celle de Nancy sera créée en 1822. Elle
deviendra finalement Ecole préparatoire
de médecine et de pharmacie en 1843.
La guerre de 1870 va modifier une dernière fois ce paysage. La Faculté de médecine et l’Ecole supérieure de pharmacie de Strasbourg devant fermer en raison de l’annexion par l’Allemagne, leur « transfèrement » a finalement lieu, et c’est Nancy qui hérite de cette faculté et de cette école de plein exercice[9]. Toutes deux perdurent depuis cette date.
La Faculté de médecine de Nancy a rassemblé un ensemble important de collections diverses et notamment les portraits d’enseignants
présentés dans cet ouvrage[10]. Le musée créé par le professeur et doyen
Antoine Beau joue un rôle essentiel dans la
gestion de ce patrimoine artistique.
[1] B. Legras : Les Professeurs de
Médecine de Nancy - Ceux qui nous ont quittés. Plusieurs versions parues : en 2006, 2010,
2013 et 2019.
[2] A. Larcan et B. Legras (sous la direction de) : Les Hôpitaux de Nancy : L'histoire, les
bâtiments, l'architecture, les hommes. Ed. Gérard Louis, 2009.
[3] L’ouvrage est réalisé en auto-édition (système KDP).
[4] A. Larcan : professeur de médecine (réanimation) ; J. Floquet :
professeur de médecine (anatomie pathologique) ; P. Labrude : professeur de pharmacie ;
B. Legras :
professeur de médecine (santé publique).
[5] Dermatologue,
président-fondateur de l’Association des Amis du Musée de la Faculté de Médecine (AMFMN).
[6] Réalisation : Service Info-Médias de la Faculté de médecine - René Guérard.
[7] Réalisation : Service Info-Médias de la Faculté de médecine - René Guérard.
[8] Le projet d’attribution d’un nouvel espace pour le « Musée » (bureau-réserves-exposition) avait été présenté et défendu par le Doyen Marc Braun que nous remercions chaleureusement.
[9] En 1870, il n’y avait que trois facultés de médecine et trois écoles supérieures de pharmacie en France : à Paris, Montpelier et Strasbourg.
[10] Nous n’avons pas fait figurer dans ce livre deux
portraits de professeurs appartenant au musée Lorrain de Nancy (on les trouve
dans l’ouvrage de référence). Il s’agit du tableau de Philippe Dupuy représentant Joseph
Jadelot (1700-1769)
dernier doyen de la Faculté de médecine à Pont-à-Mousson. Le second tableau peint par François
Senémont est celui de Dominique Laflize (1736-1793) enseignant du Collège royal de médecine.