SCIENCE ET
FOI : DES RAPPROCHEMENTS ?
Création du
monde, miracles, conscience et matière
Bernard LEGRAS et
Daniel OTH
Préfaces du
professeur Jacques Roland et de Mgr Olivier de Germay
Pierre Téqui éditeur (janvier 2021 - 149 p)
Résumé
Préface de
Monseigneur Olivier de Germay
Archevêque de
Lyon
Que l’on soit croyant ou pas, scientifique ou pas, le livre de Bernard
Legras et Daniel Oth ne laisse pas indifférent. Il rejoint en effet les
interrogations que tout homme se pose un jour ou l’autre sur l’origine du monde
et celle de sa propre vie.
Avec beaucoup de respect pour les convictions de chacun, mais aussi avec
l’autorité qu’offre la rigueur scientifique, Bernard Legras et Daniel Oth
bousculent certaines idées reçues. Non, la foi n’est pas irrationnelle ! Les
découvertes de la science montrent même que l’hypothèse d’un monde issu du
hasard est hautement improbable, on pourrait écrire "déraisonnablement" improbable !
Nul doute que cet ouvrage stimulera les scientifiques en quête de sens, les
invitant à s’interroger à partir de ce que la science permet d’expérimenter,
sans pour autant s’y enfermer. S’appuyant sur des exemples concrets, les
auteurs montrent que, loin d’être un obstacle à une démarche spirituelle, la
science peut la favoriser. Autrement dit, on peut être croyant sans renier sa
passion pour la science !
Les croyants – au moins au sens chrétien du terme – savent que les miracles
ou les conclusions de la science sur l’existence d’une intelligence supérieure,
s’ils peuvent favoriser une démarche de foi, ne conduisent pas automatiquement
à l’adhésion en un Dieu personnel. Les miracles, par exemple, sont pour nous
des signes qui, bien qu’apparemment évidents, laisse une place, même infime, au
doute et donc à la liberté. Peut-être marqués par d’anciennes polémiques entre
science et religion, les croyants se méfient aussi de ce qui pourrait
s’apparenter à un concordisme entre science et Bible. Ce livre les conduit
cependant à s’émerveiller devant l’extraordinaire cohérence entre les vérités
issues de la raison seule et celles issues de la révélation. En cherchant humblement
la vérité, raison droite et foi éclairée se rencontrent. Le temps est peut-être
venu de signer la réconciliation entre science et religion ?
Préface du Professeur
Jacques Roland
Ancien doyen
de la faculté de médecine de Nancy
Bernard
Legras et Daniel Oth sont des scientifiques aventureux… Ils font un pari plus
risqué que celui de Pascal, Dieu ou le néant. Eux tentent d’établir que le Dieu
de leur Foi existe bien, d’abord créateur de l’univers et secondairement
thaumaturge qui manifeste sa présence bénéfique dans notre société humaine, et
tout cela par une approche rationnelle.
Ils
ont pour ce faire deux instruments, leur compétence scientifique indéniable et
leur modestie, qui ne peut provenir que d’une rigoureuse objectivité. Quand ils avancent des arguments qui vont
dans le sens de leur conviction, ils les suivent aussitôt de contre
arguments ; sans perdre leurs convictions, ils montrent ainsi la limite de
leur certitude et leur respect pour ceux qui ne peuvent (ou ne veulent…) les suivre.
Dans
la première grande partie, Bernard Legras fait une synthèse historique des
relations tumultueuses entre science et religion. Il n’hésite pas à mettre en
exergue leurs différences : la croyance religieuse tire sa force de ce qui
constitue le tendon d’Achille de la science. Celle-ci a en effet un point
faible : elle ne peut explorer, tant d’un point de vue pratique
qu’épistémologique, que des matières où elle a des repères, des méthodes, des
expériences. Elle ne peut donc qu’abandonner à la religion, et à la réflexion
éthique, le domaine des valeurs. A la recherche du comment des choses, la
science ne peut y adjoindre la recherche du sens. C’est pourquoi le débat entre
science et religion ne peut être encore tranché car leurs domaines
d’exploration sont différents. Comme l’analyse Simone Manon « l’une
poursuit un idéal de connaissance de l’ordre empirique, l’autre un idéal moral
renvoyant à un ordre métaphysique ».
Nous
nous sommes certes éloignés, même s’il en reste des résistances partielles dans
les différents monothéismes, de religions triomphantes, capables d’étouffer, de
condamner des découvertes scientifiques qui les contrariaient. Les réactions
d’intolérances peuvent se trouver maintenant aussi du côté de certains
scientifiques. En fait les plus grands d’entre eux sont très partagés entre
croyants et incroyants d’après ce qu’ont montré des enquêtes chez les prix
Nobel. Comme le dit Hubert Reeves, cité dans l’introduction : « la
science et la religion ne sont pas incompatibles, mais il vaut mieux les séparer… »
C’est
bien le défi que Bernard Legras veut relever : combler le fossé apparent
qui sépare science et religion. Il utilise pour cela des arguments plus
scientifiques que religieux, faisant appel tant à la physique quantique qu’à la
théorie de la relativité. Il nous rend le "Big Bang" compatible avec
le "au commencement" de la Bible, puis nous apprend de façon très
pédagogique comment on peut concilier l’inconciliable : les six jours de
la création du monde de la genèse trouvant l’explication de leur distorsion
avec les milliards d’années calculées par les astrophysiciens, grâce à la
théorie d’Einstein de l’expansion de l’univers après le Big Bang. Il termine son argumentaire par l’origine de
l’Homme et la théorie du "dessein intelligent" en s’appuyant sur des
notions statistiques qu’il a tant utilisé dans sa vie professionnelle.
Daniel
Oth, dans la deuxième partie traitant des miracles, nous entraîne dans un sujet
apparemment moins complexe dans son principe que celui traité par Bernard
Legras, mais en fait plus difficile à analyser scientifiquement. Nous sommes là
sur le terrain de la Foi, de la subjectivité, de la conviction. La science y
est très mal à l’aise.
L’épisode
de Fatima en 1917 que l’auteur décrit en premier est évocateur de la difficulté
d’interprétation, voilà des enfants qui ont une vision de la Vierge. Elle leur
annonce qu’un miracle aurait lieu trois mois après à Fatima. Les enfants
préviennent leurs parents, la rumeur se répand, une foule se rassemble,
attendant un miracle, sous un soleil ardent… que s’est-il réellement
passé ? toutes les hypothèses restent ouvertes… Tant d’autres épisodes
étonnants se sont déroulés à propos des cultes, le miracle de Lanciano bien
décrit par l’auteur, la liquéfaction du sang de Saint Janvier à Naples,
certains restés inexpliqués, d’autres dus à des supercheries, la tentation de
renforcer la foi des fidèles étant forte pour un clergé pauvre et peu instruit.
La discussion sur le groupe sanguin de Jésus est intéressante, spécialement à
l’occasion des études sur le saint Suaire, mais rien ne permet de ce fait
d’authentifier un miracle.
D’une
autre importance sont la relation de miracles avec effets sur le corps humain
vivant. Le phénomène des stigmates est
bien sûr troublant tant il tend à supposer l’influence corticale cérébrale sur
des cibles de l’enveloppe cutanée. Et que dire des guérisons miraculeuses à
Lourdes ou ailleurs ? Certes nous connaissons en médecine des guérisons
inattendues de cancers apparemment gravissimes, mais des observations de patients
guéris à Lourdes sont troublantes. Il reste qu’il s’agit le plus souvent de
troubles fonctionnels, et que l’on n’a jamais vu repousser un membre amputé…
Bernard
Legras dans les annexes donne une intéressante étude sur le linceul de Turin.
Mais surtout il consacre un chapitre à la résurrection de Jésus, qu’il qualifie
avec pertinence de "miracle par excellence". Avec objectivité il
rappelle toutes les hypothèses possibles mais on connait sa conclusion :
le christianisme est né de cette résurrection, sens et espoir persistant de
l’ensemble de la chrétienté.
Merci
à Bernard Legras et Daniel Oth d’avoir écrit ce traité passionnant, pédagogique
et bien argumenté, qui nous fait réfléchir, entre la religion et la science, à
notre sort d’être humain. Merci de l’avoir rédigé avec tant d’objectivité et
d’avoir ainsi rendu leurs convictions si accessibles.