BICHAT Henry

 

1877-1930

 

Texte écrit par Geneviève MANCIAUX  et Luc BICHAT

Extrait de l’article “La famille Bichat, une lignée de médecins”, paru dans La Lettre du Musée (no 109, automne 2014), condensé par B. Legras

 

Henry Bichat est le fils d'Ernest Bichat (1845-1905) dont les parents étaient de modestes maraîchers de Lunéville. Est-ce à l'école de Flainval où il était confié à ses grands-parents, ou plus tard à l'école mutuelle de Lunéville qu'on découvrit des poux dans la tête de l'enfant ? Furieuse, sa mère le fit entrer au collège de Lunéville. Ernest Bichat racontait volontiers que cette affaire de poux l'avait conduit à l'Université !Ses professeurs reconnurent l'intelligence de l'enfant et le poussèrent à faire des études. Il est admis en 1868 à l'École normale supérieure, il choisit la voie de la physique et épouse la fille de son maître, Augustin Bertin-Mourot, un très proche ami de Louis Pasteur. La chaire de physique de la faculté des sciences de Nancy lui est proposée en 1876. Il n'a que quelques élèves,  la physique est alors surtout bonne à divertir les salons. Ernest Bichat va développer son enseignement avant d'être élu doyen. Il portera la robe professorale de Pasteur. Persuadé de la nécessité de créer des liens entre la science et l'agriculture et l'industrie en Lorraine, soutenu par l'université, le conseil municipal de Nancy et le conseil général (dont il est membre), et les industriels (Solvay), il se fait bâtisseur pour créer toutes ces grandes écoles, qui feront de Nancy la plus importante faculté des sciences après celle de Paris.

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       Ernest Bichat                    Henry Bichat  (interne en 1900)

 

Henry Bichat (1877-1930), sans doute influencé par ce qu'il entend dans sa famille sur les travaux de Pasteur, choisit la médecine et s'installe en 1904 comme chirurgien à Lunéville. Il n'a pas accès à l'hôpital et doit parfois opérer un patient chez lui sur sa table de cuisine. Une donation importante du grand-père de sa femme (Paul Erard, minotier à Jolivet) pour construire un nouveau bloc opératoire, puis une salle de radiologie, lui ouvre les portes de l'hôpital, et il en sera chirurgien-chef jusqu'à sa mort. Il est de la nouvelle génération des chirurgiens issue des découvertes de Pasteur sur l'origine des états infectieux. Ses séjours en qualité d'interne dans certains services hospitaliers de Nancy lui ont donné des compétences en ophtalmologie et en ORL. Il avait une adresse particulière pour réduire les fractures sans les possibilités de la radiologie actuelle. C'était aussi un accoucheur fort expert. Et on l'appelait en consultation jusque dans les Vosges. Rappelé pendant la guerre de 1914-1918, il a longtemps trouvé qu'il était sous-employé dans les postes il était nommé autour de Lunéville. Et il faillit passer en conseil de guerre pour refus d'obéissance à des instructions données  par le médecin général Delorme, qu'il jugeait  antédiluviennes et même dangereuses pour les blessés.Devenu maire de Lunéville, il favorise l'installation sur la colline de Méhon d'un préventorium, dans la ville d'un dispensaire qui portera son nom tout comme la nouvelle extension de l'hôpital. Il meurt subitement en janvier 1930, alors qu'il est convalescent, d'une septicémie contractée au cours d'une intervention chirurgicale. Sa plus grande peine a été de ne pas avoir pu guérir sa femme morte en 1919 de tuberculose ; une de ses plus grandes joies : savoir que son fils Jean lui succéderait. 

Jean Bichat  (1909-2003) sera médecin généraliste, maire de Lunéville (1965-1971), député (1967-1978). Sa fille Geneviève, née en 1940, épousera le Professeur de pédiatrie Michel MANCIAUX. Leur fille Marie-Agnès (1950-2002) développera la gérontologie au CHU de Nancy. Luc Bichat, fils de Jean, né en 1948, après l’internat, succédera à son père dans le même cabinet en 1978 et prend sa retraite en 2016. Jean-Baptiste, né en 1983, est, en 2024, PH au CHU en tant que médecin urgentiste.

Quelle passion pour la médecine dans cette remarquable famille !