1899-1964
Le 27 mars
1964, le Médecin-Général Raymond CARILLON s'éteignait en cet Hôpital
Militaire du Val-de-Grâce où ses activités l'avaient retenu durant la plus
grande partie de sa carrière.
Né le 21
novembre 1899 à Douaumont, où son père était instituteur, il avait fait ses
études au Collège de Verdun, puis aux Lycées de Bar-le-Duc et de Dijon. Orienté
vers les carrières scientifiques, il préparait les concours d'entrée des
grandes écoles lorsqu'à l'âge de 18 ans, abandonnant tous ses projets
immédiats, il s'engagea. Après son stage à l'Ecole d'Artillerie de
Fontainebleau, il fut nommé Aspirant au 108ème Régiment d'Artillerie. Une
citation acquise sur le front lui valait la Croix de Guerre. A la fin de la
guerre, il était Sous-Lieutenant.
C’est
alors qu'il participait aux hostilités que naquit sa vocation médicale. Admis
en 1922 à l'Ecole du Service de Santé à Lyon, il est détaché à Nancy où
il est successivement nommé Externe, puis reçu major de sa promotion
d'Internat en 1924. Parmi ses camarades de cette époque, il a laissé le
souvenir d'un Interne brillant, à l'esprit clair, attirant les sympathies,
joyeux boute-en-train à ses heures... et excellent caricaturiste. I1 fut l'un
des fondateurs de la tradition des cahiers de thèse du « Lunéville ». C'est à
l'école du Professeur VAUTRIN que
débuta sa formation chirurgicale.
Assistant
au Va1-de-Grâce en 1929, Chirurgien des Hôpitaux Militaires en 1932, Agrégé du Va1-de-Grâce
en 1933, il est nommé un an plus tard an service d’Urologie. C est dans cette
spécialité qu'il a trouvé sa voie et, pendant plus de
vingt ans, sa carrière se confondra, en quelque sorte, avec la vie de ce
service qu'il a marqué de sa forte personnalité.
Durant la
seconde guerre, chirurgien-chef de l'ambulance
chirurgicale légère 232, il est cité, le 18 juin 1940, pour avoir refusé de se
replier, et continué à assurer les soins aux intransportables sous le
bombardement de l'ennemi. C'est alors qu'il est fait prisonnier.
En 1946,
une chaire de chirurgie réparatrice de guerre est créée à l'Ecole d'Application
du Service de Santé, au Va1-de-Grâce : il en est le premier titulaire. I1
occupera cette chaire jusqu'en janvier 1951, époque à laquelle il est nommé Médecin-Chef du Va1-de-Grâce. I1 reçoit les étoiles de Médecin-Général en 1952, et quitte alors Paris pour se
consacrer à la direction du Service de Santé de la 3ème Région Militaire. Deux
ans plus tard, il demande son admission anticipée dans le cadre de réserve.
C’était un
enseigneur né, et de nombreuses générations de Médecins Militaires se
souviennent de la clarté de ses exposés et de ses schémas. Anatomiste avant
d'être chirurgien, il avait publié, en collaboration avec J. SARROSTE, un précis de médecine opératoire
« Exercices chirurgicaux » ( 1938) qui devait, par la suite, à la faveur
de plusieurs rééditions, devenir un ouvrage complet de technique opératoire
élémentaire. I1 publia également : « Anatomie et Physiologie à l'usage des
infirmières » et « Anatomie et Kinesiologie ».
Dans le
cadre de sa spécialité, son nom est attaché à l'étude des complications urinaires
des traumatisés médullaires; il introduisit en France le « tidal drainage »,
préconisé par les auteurs américains en cas de rétention urinaire chronique ;
il fut l'instigateur de la création du Service des Paraplégiques qui fonctionne
aux Invalides.
I1 était
membre de plusieurs Sociétés chirurgicales, ainsi que de l'Union rationaliste.
C’est en
1959 qu'il ressentit les premières atteintes du mal qui devait l'emporter,
malgré une intervention chirurgicale qui lui donna, pendant plus de trois ans,
l'illusion de la guérison. Il avait tenu à être mis au courant du diagnostic,
qu'il avait lui-même fait avec lucidité.
C'est au
cours de cette rémission qu'il est venu présider la réunion annuelle des
Internes et Anciens Internes des Hôpitaux de Nancy, en juin 1961, et prendre contact une dernière fois
avec ses anciens camarades nancéiens.
J-M. CARILLON
(Neveu – interne en 1958 - urologue à Nancy)