1867-1945
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Texte extrait de "Un siècle de chirurgie à NANCY (1874-1974)" par A. BEAU - Numéro Spécial du Centenaire de la Revue (1874-1974) Annales Médicales de Nancy
René Froelich était né à Drulingen dans le Bas-Rhin le 2 janvier 1867, l'annexion de son pays natal le contraignit à venir faire ses études à Nancy dont il devint rapidement un des meilleurs élèves. Aide d'anatomie en 1888, il est reçu à l'internat l'année suivante, il devient l'année d'après chef de clinique chirurgicale (1890). En 1891, il soutient sa thèse de doctorat en médecine sur « la destruction totale de l'urètre chez la femme ».
Nommé agrégé des facultés de médecine (section de chirurgie et accouchement) en 1895, il est d'abord chargé des conférences de bandages et appareils puis du cours de pathologie externe, suppléant de la chaire de médecine opératoire en 1896 et de la chaire de clinique chirurgicale A en 1898 et 1899. Mais, c'est vers l'orthopédie et la chirurgie infantile qu'il va très précocement s'orienter. Il va apprendre cette discipline à Wurzburg en Allemagne, auprès du Professeur Lorenz qui était le maître incontesté de l'époque dans cette discipline.
L'occasion va bientôt s'offrir à Froelich de créer un service de chirurgie infantile à l'hôpital de Nancy. En effet, en 1890, une bienfaitrice de la ville de Nancy, Mademoiselle Virginie Mauvais, laissait une partie de sa fortune pour construire un pavillon destiné aux enfants malades. Le bâtiment, terminé en 1894, abrita tout d'abord au rez-de-chaussée, la clinique médicale infantile dirigée par le Professeur Haushalter. En 1897, Froelich installe dans le sous-sol de ce pavillon une consultation d'orthopédie avec une salle de traitement munie de tous les appareils les plus perfectionnés de l'époque. Devant le succès remporté par cette consultation (plus de 300 consultants par an), l'administration des hospices décida d'ouvrir au premier étage du pavillon, des salles spécialement réservés aux enfants atteints d'affection chirurgicale qui, auparavant, étaient admis dans les services de clinique chirurgicale générale (1906).
Devant l'activité chirurgicale de ce service, la commission des hospices décide de construire un pavillon opératoire spécial, en arrière du bâtiment, comportant une salle d'opération, une salle de pansement et une salle de radiographie (1909-1910). L'installation du service fut terminée en 1931, au départ de la clinique médicale infantile qui occupait le rez-de-chaussée du pavillon et qui émigra à cette époque dans les nouveaux locaux du pavillon Krug.
Le conseil de la faculté consacra l'enseignement de la chirurgie infantile et de l'orthopédie par la création d'une charge de cours complémentaire (1901) qui fut transformée en charge d'état en 1913. Cependant, ce n'est que le 28 mai 1919 que fut créée une chaire magistrale de clinique chirurgicale infantile et d'orthopédie, par transformation de la chaire de médecine opératoire. Le Professeur Froelich devait l'occuper jusqu'à sa retraite survenue en 1937.
L'oeuvre scientifique du Professeur Froelich fut considérable et il n'est de sujet d'orthopédie et de chirurgie infantile qui n'ait fait l'objet de travaux et de publications de sa part. En 1905, il publiait ses « études de chirurgie infantile » qui apportaient des vues nouvelles et personnelles sur nombre de sujets. En 1900, au congrès de médecine, il est rapporteur sur le traitement de la luxation congénitale de la hanche. Il insiste beaucoup sur le dépistage précoce de cette affection et sur le traitement prophylactique par la mise en abduction des membres inférieurs. Cette méthode, dont il est le créateur, reste toujours appliquée.
Président d'honneur du congrès de Toulouse en 1910, il fait un rapport sur le mégacolon congénital. Président d'honneur du congrès de Rome en 1912, il présente un rapport sur la coxalgie. Rapporteur en 1930 avec Leriche au congrès français de Chirurgie, il présente un important travail sur la spondylite traumatique (maladie de Kummel-Verneuil). Membre fondateur de la société d'orthopédie et de chirurgie, il reste jusqu'à sa mort, survenue en 1945, membre du comité directeur de cette société. Sa renommée avait largement dépassé nos frontières et de très nombreuses sociétés étrangères l'avaient admis parmi leurs membres d'honneur.
Ses élèves, très nombreux, avaient toujours su apprécier son enseignement clair, éloigné des hypothèses hasardeuses et des traitements risqués. Une expérience consommée lui permettait de conseiller des thérapeutiques simples mais efficaces. Nombre de thèses de la faculté ont été inspirées par lui et embrassent les sujets les plus variés de la chirurgie infantile. Foncièrement bon et généreux, le professeur Froelich a toujours donné l'exemple d'un travail fécond et d'une haute conscience professionnelle.