1897-1961
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Texte paru dans le bulletin de l’Internat (Nancy – 1963)
Le 18 juin 1961, dans l'horrible accident
ferroviaire de Vitry-le-François, dont tout le monde
se souvient, le
Docteur Jacques GUIBAL et son épouse trouvaient ensemble une mort brutale
inattendue. La veille encore il opérait, comme tous les jours, dans sa Clinique
du Montet, infatigable et sûr de lui, aussi jeune et
passionné par son métier que 30 ans plus tôt.
Jacques GUIBAL était de vieille souche lorraine: son
lointain aïeul était le réputé sculpteur du roi Stanislas, l'auteur, entre
autres, des fontaines de la place Stanislas ; son père prit sa retraite comme
Médecin inspecteur général.
II épousa en 1924, au
Palais du Gouvernement, Mlle Madeleine PENET,
fille du Commandant du XXème Corps.
Avant
d'être médecin, la première guerre mondiale fit de lui un soldat, du reste
volontaire; son tempérament bouillant le poussa à interrompre ses études et à
s'engager à 18 ans, le 7 juillet 1915. Il fut à Verdun sur l'Aisne, en Champagne
et termina la terrible campagne comme lieutenant d'artillerie. Les plus anciens
d'entre vous se rappellent encore la croix de guerre qui ornait sa poitrine...
et la superbe paire de longues moustaches qui barrait sa figure!
Reprenant ses études à Nancy,
il fut nommé externe des Hôpitaux en 1920, aide d'anatomie, puis prosecteur en
1923, chef de clinique du Pr. MICHEL en 1925, Docteur en médecine en 1926. I1
fut major du Chirurgical des Hôpitaux en 1929, lauréat de la Faculté avec le
prix d'anatomie et d'histologie, le prix de chirurgie et d'accouchement, le
prix de l'internat et le prix de thèse. Ses travaux lui valurent le titre de
membre Associé National de l'Académie de Chirurgie en 1936.
Jacques GUIBAL a participé
à l'enseignement de l'anatomie, de la médecine opératoire, de la chirurgie au
service du Professeur MICHEL. I1
a assuré le service de consultation de chirurgie de l'Hôpital Central.
Il était chirurgien de
l'Hôpital Psychiatrique et de l’Hôpital-Hospice de
Pompey où il travailla longtemps avec son beau-frère, le Dr ZIVRE, lui-même décédé il y a un an. I1 fut
enfin chirurgien de la S.N.C.F. N'ayant pas eu la
faveur d'être nommé agrégé, après un concours fort disputé, il avait été
rappelé à une charge d'enseignement en 1955. I1 était heureux et fier de cette
reconnaissance.
Derrière le mal qu'il
soignait, il voyait toujours et d'abord l'homme anxieux et pitoyable, il savait
le comprendre, le réconforter et l'encourager par son sourire. Combien ont
apprécié sa haute qualité professionnelle bien sûr, mais aussi sa vitalité
pleine d'amour du prochain, sa grande conscience et son sens de l'humain : on
était son ami tout autant que son malade.
A 64 ans, d'une grande
résistance physique et d'une vigueur intellectuelle sans défaillance, il paraissait
invincible. A sa clinique du Montet, il tenait des
séances opératoires avec une aisance et un brio qui surprenaient ; il aimait
son équipe, il aimait ses aides et il s'amusait à voir les plus jeunes d'entre
eux accuser parfois une fatigue qu'il ne ressentait pas.
I1 avait parfaitement
réussi son métier, et aussi bien sa vie privée: ceux qui ont eu le privilège de
connaître Mme Jacques Guibal savent ses qualités
d'épouse et de mère de huit enfants. Ménage modèle, ils vécurent constamment
en complète harmonie, et affrontèrent la mort ensemble comme ils avaient
affronté la vie.
Plein
d'enthousiasme, de bonté, de simplicité, Jacques GUIBAL a marqué tous ceux qui
l'ont connu et restera une des grandes figures du corps médical lorrain.