1951-2024
François MARCHAL nous a quitté le 27 mars 2024 . S'il était né en 1951 à Nancy, il avait passé une large partie de son enfance dans l'ouest Mosellan où son père, exerçait la profession de chirurgien dans les Hôpitaux Miniers (sa mère était anesthésiste). Il gardait de cette enfance Mosellane l'habitude d'utiliser un certain nombre de terminologies inhabituelles à Nancy comme « un Schneck » ou « je suis Schlass » ce qui, il faut l'avouer facilitait la communication entre lui et moi.
François MARCHAL a été étudiant à la Faculté de Médecine de Nancy en 1971, puis interne des Hôpitaux en 1976. Il a débuté sa carrière professionnelle en médecine néonatale, activité en pleine émergence à cette époque. Pour mémoire, le service de Paul Vert à la Maternité Régionale avait été ouvert en 1975. Fortement intéressé par la recherche dès cette période, il a été aiguillé vers la physiologie par Paul Vert qui avait lui-même été assistant au département de Physiologie. C'est dans cette forte dynamique hospitalo-universitaire de la néonatologie à Nancy des années 70-80, qu'il a quitté notre établissement pour un Fellowship à l'Université Vanderbilt de Nashville Tennessee entre 1979 et 1981. Pionnier en pédiatrie avec quelques autres élèves du Pr Vert de la pratique des mobilités internationales, il fut professionnellement profondément marqué par ce Fellowhip auprès du Pr Mildred Stahlman, elle-même pionnière de la néonatalogie aux Etats Unis et avec laquelle il a toujours gardé des rapports d'amitié de maître à élève. Profondément marqué par cet esprit Universitaire Nord-Américain qui veut qu'un mentor universitaire soit plus fier des personnes qu'il a formées que de son propre travail, il a eu à cœur durant toute sa carrière la formation et la promotion des plus jeunes. Il avait aussi accessoirement gardé de son séjour à Nashville, l'habitude de ne jamais quitter le territoire américain sans acheter au Duty Free une bouteille de Whisky américain du Tennessee, autrement dit de Jack Daniels.
De retour de Nashville, il a ensuite été Chef de Clinique en Médecine Néonatale avant d'intégrer le département de Physiologie du Professeur Michel Boulangé comme Assistant Hospitalo-Universitaire en 1983. C'est alors pour lui le début d'un cursus académique en Physiologie où il sera MCU-PH en 1987 puis PU-PH en 1990. Du point de vue de la pratique hospitalière, il a été de 1983 à sa retraite en 2018, un spécialiste reconnu de la physiologie respiratoire au cours du développement et un expert internationalement reconnu de l'Exploration Fonctionnelle Pédiatrique. Responsable de l'Exploration Fonctionnelle Pédiatrique au CHRU, il a fortement contribué à la mise au point des appareils de mesure des Résistances Thoraco-Pulmonaires par Oscillations Forcées. Participant depuis sa création à l'ERS, dans la dynamique de l'U14 de Paul Sadoul, il était une voix reconnue dans les groupes internationaux. Doté d'une grande expertise de l'expérimentation animale qu'il a pratiquée depuis les bureaux médicaux du 2 ème étage de la néonatalogie, jusqu'à la nouvelle animalerie centrale, François MARCHAL a ainsi contribué à plusieurs unités de recherche : l'U14, l'U272, la JE2164 et l'EA3450. Dans ces unités, il a toujours défendu la logique d'une recherche translationnelle (comme on dit aujourd'hui), permettant de répondre à des questions cliniques par des protocoles expérimentaux et d'utiliser les données de science fondamentale pour alimenter une recherche clinique. Auteur ou co-auteur d'une centaine de publications, il a toujours défendu l'existence d'une recherche locale, à l'Université de Lorraine ou au CHRU de Nancy, privilégiant toujours la qualité des publications à la quantité.
Dans les faits profondément timides, il était beaucoup plus à l'aise devant un groupe d'analyse d'article ou quelques étudiants hospitaliers que lors des cours de PACES qui étaient pour lui une épreuve. Il était cependant doté d'une grande force de caractère et d'une forte détermination, qui lui permettait exceptionnellement d'exploser. Il laisse le sentiment d'une personne taiseuse qui gagnait à être connue dans des discussions, seul à seul, devant une tasse de café le matin ou lors de l'attente entre 2 avions dans un aéroport.
Habitant dans la maison de son grand père, marié à Françoise depuis 50 ans, père de famille et grand père attentif, il était à la ville comme au travail une personne dont vous saviez qu'il vous accorderait un soutien indéfectible. Privilégiant la qualité de la relation à la quantité, il n'était pas accoutumé aux mondanités et avait plutôt cela en horreur. Nous sommes quelques-uns à avoir croisé sa route et à savoir que cette rencontre a été pour nous le point de départ de notre cursus académique. Jamais calculateur, car toujours fidèle à ses idées, il était parfois naïf sur la vraie nature de certaines personnes, et en a fortement souffert lorsque, après les avoir soutenus, elles ont proféré à son encontre des contre-vérités. J'ai eu la chance de faire partie de ses élèves et en cela je me permets de me faire leur porte-parole. Je peux dire que dans le domaine académique il m'a tout appris, prenant toujours le temps nécessaire à le faire, relisant, récrivant 20 ou 30 fois le même texte si nécessaire. Malgré toutes ces années à travailler ensemble, je n'ai jamais pu le tutoyer, trop respectueux de l'immense cadeau de l'avoir comme tuteur. Présent quasi quotidiennement par la pensée, même depuis son départ en retraite, Il laissera à tous ceux qui le connaissaient et l'appréciaient le souvenir d'un mentor indéfectible et un immense vide.
Professeur C. SCHWEITZER
PS : Le Pr Jean-Claude Marchal, neurochirugien, est le frère ainé de François Marchal qui était le deuxième dans une famille de six enfants.