La Maternité de Nancy est ouverte depuis 1929. Elle est l'œuvre du Conseil général de Meurthe-et-Moselle. Conçue dès avant la guerre par le préfet Bonnet, le professeur A. Herrgott, l'architecte Bourgon, elle n'a pu être réalisée que bien après par l'architecte Charbonnier. Elle a coûté 14 millions de francs environ.
Cet établissement, placé sous l'invocation du professeur Pinard, a mis en œuvre la doctrine du Maître. Il est exclusivement dédié à la fonction maternelle dont il favorise l'accomplissement intégral dans toutes les classes sociales sans exception et dont il assuma l'enseignement vis-à-vis des médecins et des sages-femmes.
La formule de son fonctionnement est à la fois originale et
complexe, réalisant un groupement de services, rarement achevé sous un même
toit et sous une même direction. Celle-ci est exercée par le médecin-chef
assisté d'un administrateur. L'établissement est autonome, vivant avec son
budget propre (plus de 2 millions par an, avec un léger excédent de
recettes), sauf en ce qui concerne une catégorie de femmes, les mères «
délaissées », hospitalisées gratuitement et pouvant l'être ainsi anonymement,
grâce à la libéralité et au libéralisme du département de Meurthe-et-Moselle.
L'établissement essentiellement développé en surface, avec un seul étage, comprend ;
I. — Un bâtiment de façade, tout en longueur, parcouru par un spacieux couloir et sur lequel se greffent de part et d'autre 8 travées. Il abrite les services de :
A — Rez-de-chaussée :
Administration ; consultation (C. C'.) ; réception (R. R'.) ; salles d' accouchements (A.) et d'opérations, (O.) ; dortoirs de femmes enceintes (D.); gynécologie (salle opérations, G.O. et hospitalisation, G.) ; hospitalisation des tuberculeuses (T.) ; pharmacie (P.), stérilisation (S.); enseignement (E.), logement du personnel ; bibliothèque-archives ; amphithéâtre ;
B. — Premier étage :
Hospitalisation des accouchées indigentes, (aile droite) : grandes salles, petites salles, chambres à 1 ou 2 lits ; chambre d'incubation ; hospitalisation des accouchées pensionnaires en chambres privées ; (aile gauche) de 2ème classe, (soignées par le service général) ; de 1ère classe, hors classe : soignées par le médecin de leur choix, avec une salle d'accouchements et d'opérations autonome (S. O.).
C. — Sous-sol :
Bains-douches, vestiaire général, vestiaire des étudiants, laboratoires, photographie, collections, salle de mannequins, atelier.
II — Un bâtiment d’arrière-plan, symétrique au premier, mais dépourvu de travées et relié par un couloir chauffé. Il abrite dans son :
Aile gauche (Rez-de-chaussée, 1er étage) : L'école des sages-femmes, avec :
Ses salles d'études, son amphithéâtre, son réfectoire, ses dortoirs avec boxes, ses annexes, bains-douches, préau, cour, jardin.
Aile droite : La maison maternelle, avec :
Au Rez-de-chaussée les services d'hébergement pour femmes enceintes « délaissées » ;
Au 1er étage le service des mères-nourrices avec leurs nourrissons, par petits dortoirs de 5 à 6 (une trentaine au total).
III. — Les dépendances se composent de :
Un service d'isolement (rez-de-chaussée) autonome et relié avec la salle d'opérations et d'accouchements, ses boxes, sa stérilisation.
Une morgue, organisée pour les autopsies et les services mortuaires, dérobée avec sortie indépendante.
IV. — Les services généraux se composant de :
Cuisine, avec chambre froide et machine à glace; lingerie; buanderie (manutention de 2000 à 2500 pièces par jour); désinfection (étuve Ernest Herscher) ; chaufferie (chauffage à la vapeur).
FONCTIONNEMENT. – Personnel.
Le directeur général de la maternité est le professeur de
clinique obstétricale de la Faculté. Il est aussi directeur de l'école de sages-femmes
dont les élèves servent d'infirmières et assurent les soins des mères et de
leurs nourrissons. Il est assisté : 1° d'un directeur des services
administratifs économiques et financiers ; 2° d'un professeur sans chaire,
chargé de la maison maternelle et d'un enseignement à l'école de sages-femmes ;
3° d'un agrégé en exercice, assistant de consultation et professeur suppléant à
l'école de sages-femmes; 4° d'une sage- femme en chef doublée d'une sage-femme
répétitrice, de deux sages-femmes en premier, de dix sages-femmes auxiliaires
des sœurs de Saint-Vincent de Paul sous la direction d'une supérieure assure le
fonctionnement économique de la maison (alimentation, lingerie, etc.).
Clientèle hospitalière — Le nombre annuel d'entrées varie entre 2500 et 2600 hospitalisations ; le nombre de naissances entre 2200 et 2300. Il n'est pas une femme en état de gestation ou en instance d'accouchement, quelles que soient ses ressources ou son indigence, quelle que soit sa situation sociale, qui ne puisse trouver accueil à la maternité. Les petites bourses peuvent accoucher en chambre particulière, y être soignées par le service général à prix forfaitaire. Les personnes plus fortunées sont libres de choisir leur médecin traitant, tout en profitant de l'installation matérielle et du personnel de l'établissement. Toute entrante est mise en possession d'une brochure imprimée qui lui apprend : les consignes à observer par elle et par sa famille à l'occasion de son hospitalisation ; les règles élémentaires de la puériculture naturelle au cours de la 1ère année ; les lois et règlements qui régissent l'assistance des femmes en couches assurées sociales ou non.
Lits d’hospitalisation : 190. L'hospitalisation est de 11 jours en moyenne. Le prix de journée minimum est de 35 francs. Aucune femme n'est autorisée à rentrer chez elle à -pied, tous les départs se font en automobile.
On n'admet comme contre-indications à l'allaitement maternel que les contre-indications médicales. On lutte systématiquement contre l'abandon. Un service social très actif fonctionne par les soins d'une infirmière spécialisée. Chaque semaine l'état civil délègue un de ses employés pour recueillir les déclarations de reconnaissance d'enfants.
Consultations. — Il existe :
1° des locaux où fonctionnent chaque jour en permanence une consultation prénatale à caractère à la fois médical et social ; 2° des locaux à destination polyvalente où fonctionnent, suivant les jours : tantôt une consultation de nourrissons, tantôt une consultation de prophylaxie hérédo-syphilitique, tantôt une consultation de gynécologie purement obstétricale, exclusivement afférente à la fonction de reproduction (avec diathermie et électrocoagulation) ; traitement de la stérilité ; contrôle des femmes six semaines après l'accouchement ; traitement des éclopées de la maternité (rétroversion, métrites, etc…).
Enseignement. — 1° des étudiants : une soixantaine d'étudiants traverse annuellement le service ; le stage est d'un semestre. Il comporte, des leçons quotidiennes, la participation aux accouchements, aux consultations, aux travaux pratiques, au fonctionnement de la maison maternelle.
2° Des élèves sages-femmes. — L'école comprend 60 élèves réparties en 2 années sous le régime de l'internat. Elles reçoivent un enseignement autonome, réglementaire. En plus, elles ont le grand avantage : de participer activement aux soins donnés, de pouvoir suivre intégralement l'enseignement clinique des étudiants ; de participer : à la consultation prénatale, à la consultation de prophylaxie syphilitique, à la consultation de nourrissons ; de faire des stages : au service d'isolement, à la maison maternelle où elles apprennent de loisir le service; social et la pratique de l'allaitement maternel des trois premiers mois ; au service de vaccination municipale.
Maison maternelle. — Celle-ci est incorporée à la maternité même. Elle recueille toute femme enceinte en état de détresse quels que soient son origine, sa nationalité, son domicile de secours, l'âge de sa grossesse. L'admission est provisoire ou définitive suivant les circonstances, provisoire quand le service social trouve une solution aux difficultés (placement, recours à la famille, recours au père, etc… ), définitif à partir du 6ème ou du 7ème mois. Aucune femme en état de gestation n'est abandonnée à la condition qu'elle même n'abandonne pas son enfant. Les femme hébergées dans la section pré-natale sont occupées à des travaux (lingerie, couture...) appropriés à leur état et reçoivent de ce fait un pécule. Après avoir accouché à la maternité même, elles reviennent à la maison maternelle où elles sont gardées trois mois tout en allaitant leur enfant. Le service social, en liaison avec des œuvres privées s'emploie à assurer le placement des mères avec leur enfant au moment de leur sortie. Les abandons d'enfant ont diminue de moitié depuis l'institution de ce service. Le budget de la maison maternelle est garanti par le Conseil général du Département.
En résumé : La Maternité de Nancy est un établissement qui répond à toutes les exigences de la fonction maternelle dans toutes les classes de la société. Elle accueille toutes les mères, avec ou sans leur médecin. Elle les assiste médicalement, matériellement: et socialement. Elle est à ce point de vue une œuvre complète. Elle est aussi une œuvre homogène, ne servant exclusivement que la fonction maternelle, tantôt pour la préparer, tantôt pour l'aider, tantôt pour la réparer. Elle est enfin un organisme achevé d'enseignement pour les étudiants mais surtout pour les élèves sages-femmes, qui y trouvent à pied d’œuvre des ressources rarement aussi heureusement groupées (enseignement mixte, accouchements nombreux, service social, prophylaxie syphilitique, allaitement maternel des premiers mois.