1921-2006
Le Professeur Marcel RIBON vient de nous quitter dans la quatre-vingt cinquième année de sa vie. Vie particulièrement riche et active : Médecin-Accoucheur, Professeur, Chef d'Ecole, Erudit Historien ; homme de conviction, il a mis la même passion dans toutes ses entreprises.
Comment évoquer son œuvre sans commencer par l'Obstétrique et la Maternité de Nancy. Il y était arrivé en 1942, à l'âge de 21 ans, en tant qu'externe du Professeur FRUHINSHOLZ. Il ne la quittera qu'en 1989.
Au cours de ces 47 années, le Professeur RIBON a marqué très profondément de sa personnalité la Maternité: il lui a beaucoup apporté, et ses initiatives ont grandement contribué à la faire évoluer vers l'établissement moderne qu'elle est aujourd'hui.
Ainsi qu'il l'écrivait lui-même : « L'inclination que j'ai ressentie pour l'Art des Accouchements n'a assurément jamais faibli ; bien au contraire, désireux d'assurer cette discipline sur des bases plus modernes et plus scientifiques, j'estimais qu'elle ne pouvait rester contenue entre d'étroites frontières.»
C'est bien cette ligne directrice qui a guidé la carrière du Professeur RIBON, l'amenant à consacrer toute son énergie à l'Obstétrique et aussi à la Biologie, à la Néonatalogie, à la Gynécologie.
Les premières années qu'il passe à la Maternité lui permettent d'acquérir, auprès de son Maître, le Professeur VERMELIN, finesse du diagnostic et technicité dans les manœuvres obstétricales qu'il enseigne à son tour magistralement. Il est alors Chef de Clinique puis Chef de Travaux d'Obstétrique.
Ayant d'emblée choisi d'exercer à temps plein en milieu hospitalier, il se présente dès l'âge de 28 ans au concours d'Agrégation, mais sans succès. Sachant qu'il faudrait attendre neuf ans pour le concours suivant, beaucoup se seraient découragés. Pas lui. Avec l'opiniâtreté et la détermination qui étaient les siennes, il transforme cet échec en avantage et, parallèlement à son activité obstétricale, entreprend des études de biologie endocrinienne à la Faculté des Sciences, études qui le menèrent jusqu'à un Doctorat d'Etat.
Il met immédiatement ses recherches en application et crée, puis dirige, un Laboratoire de Biologie Sexuelle à la Maternité.
Après cette première étape , il se tourne vers les nouveau-nés et les prématurés pour leur assurer les meilleurs soins : ce sera le passage de la puériculture à la néonatalogie ; il prend dès 1961 la responsabilité du Centre de Prématurés et le fait évoluer vers un service hospitalo-universitaire de Néonatalogie, dix ans avant que la réglementation le recommande.
Il organise la collaboration entre accoucheurs et pédiatres, qui se concrétise en particulier par la fondation de l'Association Obstétrico-Pédiatrique de Médecine Périnatale dont il sera l'un des premiers présidents.
C'est avec la même vision prospective qu'il joue un rôle moteur dans la promotion des techniques de surveillance du fœtus in utero, pressentant bien que l'Obstétrique moderne passerait par la Médecine Fœtale
Mais le visionnaire était également un pragmatique et le Professeur RIBON est toujours resté un défenseur acharné du respect de la physiologie. Pour lui, les techniques innovantes ne devaient servir qu'à corriger les déviations pathologiques et à rétablir les conditions du naturel.
Son célèbre combat en faveur de l'allaitement maternel en est une illustration. La promotion inconditionnelle qu'il en faisait, dans les années soixante, se heurtait dans toutes les réunions scientifiques au scepticisme général qui faisait, à cette époque, préférer les laits artificiels. A tort, nous le savons bien maintenant, mais il était le seul à le dire, et à le dire haut et fort comme il savait le faire. Il avait, là encore, bien des années d'avance …
Il eut aussi un rôle pionnier dans le domaine de ce qu'il appelait volontiers l'Obstétricie Sociale. Il participe ainsi aux activités de l'Office d'Hygiène Sociale dans les domaines, alors encore bien souvent ignorés, de l'épidémiologie et de la prévention.
Après ces réalisations, le Professeur RIBON se consacre à l'implantation d'un Service de Gynécologie à la Maternité, avec ses deux composantes, médicale et chirurgicale. Cela impliquait de s'ouvrir à de nouvelles disciplines telles que l'Endocrinologie Gynécologique, la Planification et l'Education Familiale, la Sexologie… - Il le fit - et également de trouver les moyens de ramener dans l'établissement les activités de Chirurgie Gynécologique qui, au fil des années, s'étaient développées dans d'autres secteurs du CHU. Il y parvint. Ainsi était rétablie sur le plan hospitalier l'unité de la Gynécologie-Obstétrique. Elle le sera plus tard sur le plan universitaire lors de sa nomination dans la chaire de Gynécologie-Obstétrique recréée à son intention.
L'enseignement fut une autre de ses passions. Je me souviens de ses cours à la Faculté de Médecine, de sa voix impétueuse, de ses gestes éloquents, cours dont on sortait en sachant, cours qu'il n'était nul besoin de retravailler tant ils étaient vivants et imagés.
Il aimait autant enseigner au lit des patientes que traiter les sujets en cours magistraux. Il accorda aussi toujours beaucoup d'importance à la formation des étudiantes Sages-Femmes et à la Direction de leur Ecole. Il était aussi attentif à leur profession dont il présida le Conseil de l'Ordre Départemental.
On ne saurait mieux qualifier la qualité de son enseignement que le fit le Recteur d'Académie lors de sa leçon inaugurale: « Vous possédez entièrement l'art difficile de plaire et d'instruire à la fois ».
La curiosité intellectuelle du Professeur RIBON était sans relâche. Il aimait se confronter aux questions mal-résolues, débattre, réfléchir, élaborer des théories, discuter leur cohérence... Ce n'est sans doute pas par hasard qu'il avait consacré son travail de thèse de Médecine aux « Syndromes rénaux au cours de la gestation » dont on parlait alors comme de la maladie des hypothèses. De nombreux travaux portant sur la physiopathologie obstétricale et néonatale témoignent de son intense activité scientifique. Il ne rédige ainsi pas moins de 176 pages dans l'Encyclopédie Médico-Chirurgicale.
La Fédération des Sociétés de Gynécologie et d'Obstétrique de Langue Française lui confie l'organisation de son XIX ème congrès en 1961 et la présidence de son XXX ème congrès en 1984.
Homme de grande culture , le Professeur RIBON est également l'auteur de nombreux articles historiques, rédigés dans un français châtié et avec le sens de la formule qui était le sien. L'Histoire Lorraine n'avait pas de secret pour lui, mais il rappelait volontiers que, Lorrain puisqu'il avait passé sa jeunesse près de Lunéville, c'était à Malo-les-Bains qu'il était né et que les Flandres étaient chères à son cœur. Ainsi consacra t'il de nombreux travaux aux relations entre ces deux états.
Ses qualités d'historien furent reconnues par l'Académie d'Alsace qui l'accueillit dès 1957 et par l'Académie de Stanislas qu'il présida en 1967-1968. Au sein de celle-ci, il contribua à la fondation du prix Jean Hartemann, son oncle et prédécesseur dans la chaire d'Obstétrique, et se vit confier le rapport des prix scientifiques.
Homme de tradition, homme de conviction, homme de passion, tel était le Professeur RIBON.
Fidèle en amitié – et ses premiers compagnons, accoucheurs, anciens élèves de l'Ecole de Nancy, sont là pour en témoigner. Il aimait manier l'ironie et plaisantait volontiers. « Il faut bien voir le côté comique des choses », disait-il, un verre de bière et une boyard maïs à la main. Mais il pouvait aussi faire preuve d'une ténacité sans faille, quitte à faire passer en force ses convictions. Il aimait mener des combats et les mener jusqu'au bout, quelles qu'en soient les conséquences.
Il nous disait que le maître qu'il admirait, le Professeur VERMELIN, se définissait, en langage héraldique, comme « cœur d'or sur fond de gueules ». Cette formule s'appliquait également très bien à sa personnalité contrastée. Certains de ses collaborateurs diront sans doute que le fond de gueules souvent l'emportait, mais comment rester insensible à la dynamique qu'il créait, à la vie qu'il générait, à l'enthousiasme qu'il suscitait ?
Professeur M. SCHWEITZER
A - Faculté de Médecine de
Nancy
- Docteur en Médecine (1947)
- Chef de Clinique Obstétricale
(1946)
- Agrégé d'Obstétrique (1958)
- Professeur sans Chaire (1965)
- Diplômes et Certificats
complémentaires :
Hygiène et Médecine (1945)
Hygiène Industrielle et Médecine
du Travail (1945)
Inspection Médicale des Ecoles
et Contrôle de l'Education Physique (1945)
Médecine Légale et Psychiatrie
(1948)
Attestation d'Etudes spéciales
de Génétique Médicale (1948).
Diplôme de Sérologie (1951)
B - Faculté des Sciences de
Nancy
- Docteur es
Sciences Naturelles (1958-Doctorat
d'Etat).
- Licencié es Sciences (1953)
Avec les certificats :
Evolution des êtres organisés
(1949), Chimie biologique (1951), Physiologie générale (1953).
- Externe des Hôpitaux (1941)
- Délégué dans les fonctions
d'Interne à la Maternité de Nancy (1944)
- Chef de Clinique obstétricale
(1946)
- Directeur du Laboratoire de
Biologie sexuelle de la Maternité de Nancy (1951).
- Chef de Travaux d'Obstétrique
: Délégué (1949), Stagiaire (1952), Titulaire (1954)
- Agrégé pérennisé, Maître de
Conférences.
- Intégré en qualité de Maître
de Conférences Agrégé de Gynécologie Obstétrique - Gynécologue Accoucheur des
Hôpitaux non chef de service (1962). Intégration effective (1963).
- Nommé Chef du Service
post-natal et de Gynécologie au CHU de Nancy (1966).
- Installé dans les fonctions de
Chef du Service ci-dessus désigné à la Maternité A. Pinard de Nancy (1966).
- Professeur suppléant à l'Ecole
Départementale d'Accouchements (1946).
- Chargé de Consultations
Médicales Prénatales de l'Office d'Hygiène Sociale de Meurthe-et-Moselle
(1946-51).
- Médecin Conventionné, Chef du
Service de Maternité de l'Hôpital Sédillot (1947-58)
- Gynécologue Consultant de
l'Hôpital Psychiatrique de Ravenel (Vosges) (1955)
- Directeur technique de la
Section de Protection Maternelle de l'Office d'Hygiène Sociale de Meurthe-et-Moselle
(1965).
- Membre de la Commission no 13
de l'Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (1967)
- Conseiller régional
d'Obstétrique (1971)
- Chargé de mission en
Obstétrique (1972)
- Directeur du Centre de
Planification et d'Education familiale de la Maternité de Nancy (1975)
- Membre de la Société de
Gynécologie et d'Obstétrique de Nancy, Secrétaire général de la Société
(1955-61).
- Membre du Conseil d'Administration de la Société Nationale de
Gynécologie et d'Obstétrique de France, Président du Groupement de
Nancy (1961-63).
- Secrétaire Général du XIXe Congrès de la Fédération des Sociétés de Gynécologie
et d'Obstétrique de Langue française, Nancy (mai 1961)
- Membre du Comité Permanent de
la Fédération depuis 1961.
- Membre de la Société Nationale
pour l'Etude de la Stérilité et de la Fécondité.
- Membre fondateur et Vice-Président de l'Association Obstétrico-Pédiatrique
de Médecine Périnatale (fondée à Nancy en 1970)
- Membre d'honneur de la Société
Française de Médecine Périnatale (1971)
- Membre du Collège National des
Gynécologues et Obstétriciens Français
- Chevalier de l'ordre des
Palmes Académiques (1962)
- Chevalier de l'ordre de la
Santé Publique (1963)
- Membre titulaire de l'Académie
d'Alsace (Colmar-1957)
- Art-Sciences-Lettres
- Médaille d'Or (Paris-1960)
- Membre titulaire de l'Académie
de Stanislas (Nancy-1965), Président (1967-68)
Médecin Capitaine de réserve
1. ENCYCLOPEDIE MEDICO-CHIRURGICALE
Obstétrique (172 pages - grand format)
- Fascicules sur :
les Jumeaux (1949), le Travail et les dyscinésies (1950), le
Siège (1952), l'Accouchement en général (1955), les Sommets (1955), la Face
(1958), le Front et le Bregma (1958), la Délivrance (1959), l'Epaule (1960),
les Interventions (1961)
2. COURS POLYCOPIE (Edité par
Coopérative de l'A.G.E.N. Nancy-716 pages)
Enseignement aux étudiants de 3°
et 4° années à partir de 1961 :
- Physio-pathologie
de la grossesse (4 tomes-280 pages)
- L'Accouchement
- les Présentations (199 pages) - les
Interventions (40 planches)
- Le Nouveau-né et le Prématuré
(197 pages)
1. A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE
NANCY
Les syndromes rénaux au cours de
la gestation. Etude clinique et pathogénique. Nancy-1947 - Imp. Thomas (348
pages)
2. A LA FACULTÉ DES SCIENCES DE
NANCY
- Physiologie expérimentale de la gonadotrophine chorioniquc. Application à l'étude des fonctions hormonales
de l'antéhypophyse. Nancy-1958 - Dact. (310 pages)
- Métabolisme des protéïnes dans
la maturation et la dormance des
graines et des fruits. Nancy-1958 - Dact. (40 pages)