L’Institut Régional de Médecine
physique et de Réadaptation
par J-M. ANDRE
Créé en 1953, « l’Institut
de réhabilitation des diminués physiques » (devenu aujourd’hui l’Institut Régional
de médecine physique et de Réadaptation : IRR), a pour mission
« d’établir et de mettre en œuvre une politique générale de réadaptation
en fédérant les moyens apportés par chacune des parties liées par la convention
tripartite initiale : la faculté de médecine et le centre hospitalier
régional et la sécurité sociale, chargée d’en assurer la gestion. Des
conventions complémentaires ont étendu l’implantation dans différents
établissements de santé de la région.
L’IRR
comporte d’une part des services de médecine physique et de réadaptation
implantés dans les hôpitaux, principalement le CHU de Nancy, et d’autre part
des centres spécifiquement dédiés à la Médecine Physique et Réadaptation (MPR),
gérés actuellement par l’Union pour la Gestion des Etablissements des Caisses
d’Assurance Maladie (UGECAM ) du nord-est.
LES SERVICES HOSPITALIERS DE
MEDECINE PHYSIQUE ET READAPTATION
Des plateaux techniques
rassemblent les moyens humains et matériels pour la rééducation initiale et
sont dimensionnés et adaptés pour répondre aux activités médico-chirurgicales
de l’établissement sanitaire d’implantation
• En février 1954, s’ouvrent
simultanément le centre de Gondreville et le premier
service hospitalier de rééducation. Jusqu’en 1953, la rééducation au centre
hospitalier régional de Nancy se limite à l’exercice de quelques masseurs-kinésithérapeutes qui se déplacent dans les salles
d’hospitalisation. Le centre hospitalier met alors à disposition de l’Institut
des locaux à l’hôpital central au sous-sol du pavillon Virginie Mauvais où
étaient assurés jusque-là la gymnastique et le traitement physique des
scolioses infantiles. Des antennes, modestes, sont implantées simultanément
dans les Hôpitaux Maringer et Villemin et au
sanatorium de Lay-Saint-Christophe. Deux bureaux
médicaux et une salle de traitement, sans lumière du jour, permettent de suivre
les patients. Un secrétariat assure la liaison avec les services administratifs
du Centre Hospitalier et de l’Institut. Fin 1956, 70 patients traumatisés du
membre supérieur ou hémiplégiques, ont été traités et 1000 séances réalisées en
six mois à l’Hôpital central ; les patients traités étaient initialement
des traumatisés du travail et de la route, de la chirurgie secondaire, ainsi
que plus rarement des paraplégiques traumatiques pour lesquels, en « salle L et
M », une unité a été créée au sein de l’hôpital Saint-Julien.
En 1956 et 1957 à l’occasion des
épidémies de poliomyélitiques, la
rééducation s’impose : des locaux sont alors mis à disposition à l’Hôpital
Maringer : avec leur caractère vétuste et leur
équipement désuet, ils sont mal adaptés. Les patients chroniques sont
hospitalisés dans un dortoir peu accessible, au deuxième étage sans ascenseur ;
il faut traverser le service des tuberculeux contagieux pour se rendre au
service de rééducation…
A partir de 1961, les services
hospitaliers sont organisés en deux unités : une section hospitalière
regroupent les services pour adultes et une autre les services pour enfants. De
nouvelles unités sont constituées : au centre Paul Spillmann
à Lay-Saint-Christophe en 1960, à l’Hôpital de
Saint-Nicolas-de-Port en 1962, au Centre Psychothérapique de Laxou en 1977, à
la Maison hospitalière Saint-Charles en 1977.
• En 1969 un « pavillon de
rééducation » provisoire de 280 m2 est construit à l’arrière de
l’hôpital Maringer permettant l’installation d’un
véritable plateau technique : salles de kinésithérapie, d’ergothérapie et
d’appareillage, balnéothérapie, bureaux de consultation. Simultanément un autre
bâtiment préfabriqué est implanté à l’hôpital central pour relayer les locaux
initiaux devenus inadaptés voire insalubres du pavillon Virginie Mauvais.
Obsolète, plus de 25 ans après il est toujours en activité, faute de mise à
disposition de locaux adaptés…
En 1968, quand les services de
neurologie et de neurochirurgie sont transférés à l’hôpital Saint-Julien, des
locaux au sous-sol, accessibles par le souterrain de liaison sont dédiés à la
rééducation neurologique. Ils fonctionneront jusqu’à l’ouverture du bâtiment
neurologique en 1998.
• En avril 1970, l’Hôpital Jeanne
d’Arc est rattaché au CHU : un service de réadaptation est immédiatement
créé. Son fonctionnement est original : hybride, il procède à la fois de
celui des autres sections hospitalières et de celui d’un centre de
réadaptation ; les patients pouvant rester hospitalisés pour leur rééducation.
Les locaux, vastes (1880 m2), associent des espaces de traitement,
des salles de sports, des ateliers d’ergothérapie et des lieux d’activités à
l’extérieur bien adaptés à la rééducation de la main et des patients
cardiaques.
• Le 3 mars 1974, l’Hôpital de
Brabois pour adultes (1300 lits) et le centre Alexis Vautrin sont ouverts : des
locaux au premier sous-sol, à côté du service de radiologie, sont dédiés à la
réadaptation. En 1994 le service est transféré dans un espace spécialement
aménagé.
• En 1982, dès l’ouverture de l’Hôpital
d’enfants, une surface de 730 m2 a été mise à la disposition de l’IRR par le CHU au rez-de-chaussée pour l’aménagement d’un
service de rééducation.
LE CENTRE DE READAPTATION DE
GONDREVILLE
En 1947, pour établir « une maison de repos pour hommes », la Caisse de Sécurité sociale achète le château de Gondreville. Après de multiples péripéties le premier centre de l’IRR y est implanté en 1954 ; dédié au réentraînement à l’effort et à la réadaptation professionnelle puis aussi à l’appareillage prothétique, son activité s’est poursuivie jusqu’au transfert de ses activités à Nancy, dans le centre Louis Pierquin en 2007. Sa capacité était alors de 96 lits et 44 places d’hospitalisation de jour.
Le château-hôpital
de Gondreville
Emmanuel Maurice de Lorraine, prince d’Elbeuf, qui avait reçu en 1715 du Duc Léopold la seigneurerie de Gondreville, se fit construire sur les bords de la Moselle, un château dans le style du XVIIIe siècle. Préoccupé par la misère et les maladies qui accablaient la prévôté, il obtint la création d’un hôpital « afin d’apporter les soins nécessaires aux populations de la campagne ne pouvant y accéder, soit par manque de médecins, soit par manque de ressources pour faire venir des médecins et des chirurgiens chez eux ». Il fut confié aux religieux hospitaliers de l’ordre de Saint-Jean-de-Dieu et de la charité. Ceux-ci, après s’être établis dans l’ancien château, construisirent l’Hôpital Saint-Léopold en contre bas du nouveau château, au bord de la Moselle. Quand le prince d’Elbeuf abandonne son château en 1750, les cinq frères de la Charité s’y installent jusqu’en 1780. L’établissement est alors fermé par Stanislas et les frères « redéployés » à l’hôpital de Nancy. Le château sert d’hôpital aux troupes de passage pendant la révolution. Il est vendu avec son domaine comme bien national.
Du « château » au centre de
réadaptation de Gondreville : polémiques
La caisse régionale de sécurité sociale, qui a acquit le « château » en 1947, entreprend des travaux d’aménagement l’année suivante : réfection de la toiture et construction d’une nouvelle aile en remplacement de l’aile des communs. Celle-ci à la suite d’un glissement de terrain, déstabilise le bâtiment qui s’effondre partiellement et doit être démoli en 1951. Il en résulte une très violente polémique conduite par le député de Nancy P. André, par presse interposée, contre le conseil d’administration de la caisse régionale de sécurité sociale, accusé de « dépenses inconsidérées » et d’avoir « saccagé et sauvagement rasé le château ». Le ministre du travail et de la sécurité sociale justifie, le 10 juillet 1950, l’autorisation d’acquisition donnée, « la solidité du bâtiment ayant été certifiée par un architecte expert près des tribunaux » et l’autorisation de destruction. » De nouveaux projets sont élaborés : maison de convalescence de 136 lits, ouverte à tous les assurés sociaux (1951), puis centre de réadaptation des infirmes, doublé d’un centre de formation professionnelle pour les accidentés du travail. Les apprentissages seront orientés vers les besoins de l’industrie régionale, la transformation des métaux et du bois. De nouveaux travaux débutent en avril 1952. La décision de créer un Institut de réhabilitation des diminués physiques entraîne une réorientation du projet sans nouveaux plans. L’ouverture, primitivement prévue en novembre 1953 est retardée en raison de l’effondrement de la façade. « Par mesure d’économies, les pierres du château sont réutilisées ». Seules les fondations auront pu être conservées.
Le centre de réentraînement au
travail
Le centre reçoit finalement ses
premiers patients le 1er mars 1954, inauguré par le préfet Samama le 7 avril 1954
qui stigmatise dans son discours « l’attitude des sceptiques, des
esprits critiques qui voient d’un œil
malsain les entreprises de la Sécurité sociale, et souligne le «
ridicule de ces jugements : la Sécurité
sociale n’est pas uniquement une banque, mais a une mission à remplir : améliorer
la santé des citoyens, qu’il s’agisse de
prévention ou de réadaptation ».
Le corps principal du bâtiment, bien que neuf n’a pas été conçu pour la destination retenue. Le rez-de-chaussée abrite l’administration, le foyer et la salle à manger, les ateliers de poterie. Le premier étage abrite l’appareillage puis les activités d’ergothérapie, la kinésithérapie. Le second étage est destiné aux bureaux médicaux, à l’orientation professionnelle, aux réunions. Les deux étages supérieurs comportent les chambres à deux lits qui s’ouvrent sur la façade par un balcon qui servira à leur agrandissement en 1980. L’achat de terrains voisins permet en juin 1955 la construction des ateliers, absents du projet primitif, puis d’un gymnase conçu par Henri Prouvé, qui est ouvert en juin 1958. Aux ateliers de menuiserie et de poterie initiaux sont ajoutés des ateliers de mécanique générale et de travaux extérieurs (terrassement et maçonnerie). A l’extérieur sont aménagés des sols variés reproduisant les espaces professionnels rencontrés ainsi qu’une tour-échafaudage pour les travailleurs du bâtiment.
Le centre d’appareillage
L’appareillage prothétique et orthétique, intégré dès l’origine au centre de Gondreville, devenu un fleuron de l’IRR voit ses besoins croissants doublés de difficultés retardant certaines prises en charges. La création d’un « centre autonome d’appareillage » sollicitée en janvier 1972 est autorisée le 2 mars 1973. Il a pour mission la fabrication des appareils de rééducation, de l’appareillage provisoire, atypique et expérimental. Elevé sur deux niveaux, le bâtiment est réuni par une passerelle au centre de réadaptation réalisant une « unité de l’appareillage prothétique » imbriquant totalement les démarches techniques et rééducatives.
Centre de Gondreville – vue
aérienne (1960)
LE CENTRE DE NANCY DE LA RUE
LIONNOIS
L’autorisation de la création du
centre de réadaptation de Nancy est donnée en 1951, conditionnée par la
création « de locaux d’ergothérapie, de kinésithérapie, de mécanothérapie,
une salle de plâtre ainsi que des salles de repos pour les patients internes et
externes ainsi que des vestiaires et salles de repos pour le personnel ». A
l’issue d’un concours très ouvert, un jury réuni en février 1952, retient Roger
Lamoise pour la construction du centre. Il est édifié
sur un terrain de 50 mètres sur 30, ayant appartenu à la congrégation des
soeurs de Saint-Charles, à l’angle des rues Lionnois
et de Bitche jouxtant le centre hospitalier du centre de Nancy. La construction
est confiée à l’architecte Jean Bourgon (1895-1959), Roger Lamoise
devant effectuer son service militaire. Le permis de construire est accordé le
26 août 1952. Les travaux commencés le 1er décembre 1953 sont
achevés à la fin de l’année 1957. Ceci n’empêche pas l’ouverture en janvier
1957. Une partie de l’équipe soignante vient du centre de Gondreville.
Lors de l’inauguration du centre, le 15 novembre 1954, P. Lambert,
médecin-chef, fait du centre la présentation suivante : « Il était
nécessaire qu’un tel établissement fut situé en ville et à proximité du centre
hospitalier régional, pour permettre le traitement de nombreux malades
externes, d’une part, et utiliser commodément les services médicaux et
chirurgicaux. En raison de la superficie restreinte du terrain, le centre
comporte cinq étages, deux terrasses utilisables à des activités thérapeutiques,
et un terrain de jeux et de rééducation. L’aile principale du bâtiment
parallèle à la rue Lionnois est complétée par un
ensemble perpendiculaire possédant un seul étage. La première comprend les
locaux thérapeutiques au rez-de-chaussée et au premier étage, les chambres
d’hospitalisation dans les deuxième, troisième et quatrième étages. Et enfin,
au cinquième étage, la cuisine, les salles à manger, les salles de jeux et de
lecture. Le corps de bâtiment complémentaire, parallèle à la rue de Bitche, est
réservé aux différents bureaux administratifs et techniques, une salle de
conférence. Le rez-de-chaussée est occupé par les bureaux administratifs et
techniques, et comprend une salle de conférence pour enseignement des
techniques de réadaptation et de rééducation motrice aux étudiants en médecine
et aux élèves kinésithérapeutes et ergothérapeutes. Elle peut devenir à
d’autres moments une salle de cinéma pour les malades ».
Les malades répartis en groupe
d’après la localisation de leurs séquelles, sont soumis, au cours de la
journée, à quatre séances d’activités de chacune une heure et demie. Ils passent
soit dans le service de kinésithérapie, soit dans le service d’ergothérapie. La
kinésithérapie est individuelle ou collective. Les exercices, actifs ou passifs,
peuvent se faire dans l’eau grâce à une installation de balnéothérapie. Ils
sont complétés par des séances de relaxation, de massage et par l’application
de certains agents physiques. En ergothérapie, les locaux sont divisés en
différents ateliers : petits travaux, menuiserie, travail de la terre, tissage.
A proximité de l’infirmerie au 3e étage, les locaux de la lingerie
traite les bleus de travail fournis aux patients, « blanchis et
chaussés ».
L’afflux de patients à mobilité
très réduite encombre rapidement les locaux qui sont vite devenus insuffisants.
Le 19 décembre 1959 une commande de faisabilité est passée à M. R. Lamoise en vue de la construction d’un 6e étage
destiné à des locaux administratifs et à un service documentation ainsi que
l’aménagement du cuvelage du sous-sol pour un vestiaire et des archives :
il ne verra jamais le jour.
La décision de l’extension du
service de kinésithérapie est prise le 2 juillet 1971. Sur le terrain
d’activités extérieures sont construites à partir d’octobre 1972 des salles de
kinésithérapie, ce qui permet le doublement des locaux d’ergothérapie au
premier étage. En 1974, les coursives de la façade sont supprimées pour
agrandir les chambres des malades. A cette époque, quatre lits occupaient
chaque chambre et chacune d’entre elles disposait de deux lavabos.
De nombreux travaux ne permettant plus d’assurer le confort et l’espace nécessaire aux traitements de patients dont la gravité et la dépendance n’avaient pas été envisagées primitivement, exclus de tout espoir de réintégration sociale, tout comme l’impossibilité de toute extension suffisante imposa l’idée dès le début des années 1980 d’une construction en un autre lieu.
Centre de
Réadaptation de Nancy Centre de Réadaptation de Nancy
Au fond, à droite,
l’Hôpital Central Entrée
LE CENTRE DE READAPTATION POUR
ENFANTS DE FLAVIGNY
Ouvert en 1957, le centre de
réadaptation pour enfants (CRE) cogérés par la CRAM et l’OHS
comportait 184 lits et 43 places d’hospitalisation de jour en 1997 quand fut
décidés la scission en un établissement sanitaire (85 lits et 30 places de
jour) et une structure médico-sociale (75 lits, 25 places de jour et 10 places de
Service d'Education Spécialisée
et de Soins à Domicile -SESSAD). Des travaux doivent être entrepris
en 2008 pour en permettre le bon fonctionnement.
A la suite des épidémies de
poliomyélite survenues en 1956 et 1957, l’Hôpital Maringer
est surchargé. La création d’un centre pour enfants est annoncée lors de
l’inauguration du centre de Nancy. Des divers sites pressentis, institution
Jean-Baptiste Thiéry, ancienne Chartreuse de Bosserville, c’est le préventorium de Flavigny-sur-Moselle
appartenant à l’OHS qui est retenu. Le Centre de
réadaptation de l’enfance (CRE) de Flavigny-sur-Moselle,
créé en juillet 1957, est installé dans « Bloc médical -
Quarantaine », situé entre la ferme et le bâtiment des services
administratifs. Sans attendre les aménagements du bâtiment de trois étages sans
ascenseur, terminés fin décembre, (une salle à manger, une salle
d’ergothérapie, une salle de classe), onze enfants sont transférés de l’Hôpital
Maringer dans le lazaret du préventorium le 6
novembre. Des agencements sont complétés les années suivantes et cent lits sont
ouverts en 1959.
Dans un rapport de la direction
régionale de la Sécurité sociale de Nancy, M. Geoffroy, inspecteur, en donne
alors la description suivante : « Larges couloirs de plain pied facilitant la
circulation des chariots, portes d’un maniement aisé, sols carrelés ou revêtus
de matière plastique, systématique recours à l’espace, à la lumière et aux
couleurs claires caractérisent les locaux du Centre. Au rez-de-chaussée (partie
centrale) un couloir menant au préau-salle de jeu, en
coupant à 90° un autre couloir de circulation, divise en deux parties les
locaux. À gauche, les boxes de kinésithérapie et la salle d’hydrothérapie,
équipée d’une piscine de mosaïque bleue et de deux « tanks » tréflés, d’acier
inoxydable (ainsi que des baignoires, douches, WC, séchoirs, etc.). A noter
l’originale installation d’évacuation des vapeurs par le plafond vitré, système
qui permet une rapide régulation de la température de la pièce et évite la
condensation d’eau sur les murs. A droite, le service d’ergothérapie, le bloc WC-lavabos (WC normaux et couchés, lavabos normaux, « bébés
» et « poupons ») et la salle d’électrothérapie. (…) Le rez-de-chaussée
comprend également l’office, la salle à manger très agréablement revêtue de
couleurs vives, mais dont les dimensions relativement modestes entraînent
l’obligation de deux services, ainsi que deux salles de classe. La situation de
plain-pied de ces différents locaux par les remarquables facilités qu’elle
procure, doit être soulignée. »
L’accès aux étages est possible
par escalier et un ascenseur… Les deux
étages sont occupés par les chambres d’enfants. Les petits occupent des boxes à
deux lits, les grands (à partir de 10-12 ans) des chambres à trois ou quatre
lits, où ils sont groupés par affinités psychologiques. Le Centre, en optant
pour cette formule de répartition, s’est inspiré de la structure familiale.
Ajoutons qu’il a su créer une véritable ambiance familiale en choisissant des
revêtements de sol aux teintes vives, en dotant les 26 lits bas de couvre-lits
aux dessins plaisants, en peignant les murs de couleurs claires, en laissant
les enfants orner leur chambre à leur goût, (les grands ont pu choisir leur
couvre-lits).
Les soins de réadaptation et
l’enseignement scolaires sont dispensés à égalité. L’enfant suit, en moyenne,
trois heures de classe par jour. La réadaptation comprend, à peu près, trois
tranches d’une heure un quart chaque, consacrée à la kinésithérapie, à
l’ergothérapie et aux activités diverses (gymnastique générale,
électrothérapie, hydrothérapie). Afin de maintenir l’efficacité du rythme de la
réadaptation, les jours fériés de semaine ont été supprimés, et les vacances scolaires
réduites d’environ 50%. Seuls les cas graves sont admis compte tenu du manque
de place. La plupart des enfants sont âgés de moins de huit ans. Fréquemment
frappés d’un déficit de la « musculature statique », ils doivent alors rester allongés constamment et séjourner à Flavigny-sur-Moselle entre 6 mois et 2 ans…
Des aménagements successifs
améliorent la disposition initiale réalisée dans l’urgence et surtout répondent
aux besoins nouveaux correspondant aux nouvelles déficiences traitées : bloc
technique (salles de kinésithérapie, d’ergothérapie, bureaux, piscine) en 1958,
bâtiment des classes et bureaux pour le psychologue, l’assistante sociale et le
conseiller du travail en 1958, appartement du médecin-chef en 1959, bâtiment B2
(2 classes, 6 dortoirs, 6 salles de kinésithérapie et d’ergothérapie, salle à
manger en 1960, bâtiment des petits de 0 à 6 ans. en 1963).
En 1962, se pose la question d’un
agrandissement tant la diversification des indications (infimités motrices
cérébrales, déviations vertébrales, pathologies neuromusculaires…) et le
territoire géographique du recrutement se sont étendus. A partir de 1963, le
traitement des déformations rachidiennes s’étend aux scolioses idiopathiques.
De très important travaux sont
réalisés en 1979 : la construction du bâtiment dit B3 (hospitalisation et
bloc technique) permet de reconvertir le bâtiment dit B2 en classes (collège)
et en section technique d’orthopédie. L’ouverture du nouveau pavillon A qui comporte des espaces de balnéothérapie avec une grande
piscine, accueille les moyens du bâtiment dit D qui devient le service des
demi-pensionnaires. L’hospitalisation est organisée dans des appartements
rappelant la maison familiale.
En 1981 est aménagé le chemin
d’accès pour véhicules du bâtiment B. En 1992, la construction d’une quatrième
aile au pavillon C permet le regroupement des petits, pensionnaires ou non.
L’ECOLE
NATIONALE DE PEFECTIONNEMENT PUIS L’ETABLISSEMENT
REGIONAL ADAPTE
En 1961, un projet de
l’Inspection académique vise à créer à Flavigny-sur-Moselle
une Ecole Nationale de Perfectionnement (ENP) comportant plusieurs classes Un
programme pédagogique est établi pour 200 élèves : 180 handicapés moteurs et « 20
enfants normaux de Flavigny-sur-Moselle et de ses
environs », utiles pour la socialisation des enfants handicapés. L’ENP est
destinée à recevoir, après leur séjour éventuel dans un centre de traumatologie
ou de réadaptation fonctionnelle, des enfants et des adolescents atteints
d’infirmité de la motricité qui, en raison de cette infirmité doivent être
admis en internat pour pouvoir poursuivre leur scolarité. L’établissement
comprendra 4 classes primaires élémentaires et de transition pour 60 enfants
« débiles moteurs » dont une classe de perfectionnement, 2 classes
d’observation et de 1er cycle (C.E.G.) pour 60
enfants, 3 sections de formation professionnelle pour 45 enfants. Il ouvre en
1968, construit sur un terrain de 2 hectares 57 est cédé par l’OHS.
En août 1966, un cahier des
charges d’un pavillon de rééducation est transmis au doyen Jacques Parisot : il comporte un secteur de rééducation avec
piscine et gymnase et un dispensaire de réadaptation. Un pavillon de 350 m2
sur deux niveaux, élaboré par M. Bentz, architecte,
ouvrira le 1er septembre 1973, sans piscine et sans gymnase.
Un terrain de 2 hectares 57 est
cédé par l’OHS à l’état.
En attendant l’ouverture en 1971
d’un pavillon de rééducation, des locaux sont mis à disposition par l’éducation
nationale.
En 1995, à la suite de la
circulaire du 1er juin, l’ENP est transformée en Etablissement régional adapté
(EREA).
LE CENTRE DE LAY-SAINT-CHRISTOPHE
Dès 1962 les structures
architecturales du centre de Nancy n’apparaissent plus adaptées aux besoins de
la prise en charge des blessés et patients les plus gravement atteints :
blessés médullaires, traumatisés crâniens. La commission de l’Institut exprime
la « nécessité de création d’un centre spécialisé pour la réadaptation des
infirmités neurologiques, en particulier des paraplégiques… qui doivent être
adressés à Berk ou à Fontainebleau, éloignement qui est à lui seul un obstacle
à une rééducation complète ». En 1967, dans la perspective de l’implantation
d’un nouvel hôpital à Brabois, il est demandé à la direction du centre
hospitalier de prévoir un service de rééducation des paraplégiques inscrit au 4e
plan : « Cela est absolument nécessaire, car le centre de Nancy ne peut avoir
plus de 6 à 8 paraplégiques, qu’une minorité est envoyée à Garches et à
Fontainebleau et que la majorité est renvoyée chez eux pour mourir ».
En 1971, un groupe de travail
constitué pour la création d’un centre de réadaptation pour paraplégiques
estime les besoins de 60 à 80 lits. En 1973, l’installation envisagée dans les
locaux du sanatorium Paul Spillmann à Lay Saint
Christophe en chute d’activité déclenche une forte opposition des pneumologues
du CHU. En 1974, il est envisagé d’acquérir un terrain cédé par le CHU à l’Hôpital
Jeanne d’Arc. L’accord d’achat donné par le préfet n’est pas concrétisé :
l’éloignement paraît inacceptable pour les patients et leur famille.
En 1975, se crée la « Fédération
CRAM du Nord-Est-CPAM de Nancy pour la création d’un
centre pour grands handicapés ». La CPAM dispose de fonds résultant de la vente
d’établissements pour enfants après la fermeture de 520 lits à Saint-Brévin et à Saint-Raphaël qui participeront au
financement du centre. Mais les effets bénéfiques transitoires générés par les
modifications du Code de la route récemment intervenues remettent en cause le
bien-fondé du projet. En 1976, l’implantation est envisagée sur le plateau de
Brabois à proximité du tout nouvel hôpital : le prix, l’exiguïté et les nuisances
sonores prévisibles en raison de la proximité de l’autoroute conduisent à
chercher un autre site. En 1976, dans le contexte de crise sidérurgique qui
frappe la région, un terrain à Lay-Saint-Christophe,
en contrebas du Centre Spillmann, est présenté par la
municipalité à l’initiative de Jacques Montaut,
professeur de neurochirurgie et conseiller municipal et est acquis par la
fédération. En 1977, la capacité du centre est fixée à 110 lits ; le
projet architectural est confié à Henri Prouvé : à l’image des centres
étrangers accueillant les blessés médullaires il est doté de salles de
chirurgie, d’un héliport, d’un gymnase, doté d’une grande rampe centrale
hélicoïdale au milieu d’un jardin d’hiver permettant l’accessibilité totale en
fauteuil roulant, Le projet est jugé trop ambitieux Il entre en
compétition avec un projet interrégional et transfrontalier beaucoup plus
ambitieux porté par les Alsaciens et les Luxembourgeois à Holchestagen
qui finalement ne verra jamais le jour.
En 1978, un nouveau cahier des
charges est établi réduisant le nombre de lits à 90, supprimant notamment le
bloc opératoire et de réanimation, le gymnase, des locaux de conférence et
d’enseignements, le système de communication intérieure par rampe inclinée,
l’aire d’héliportage.
En 1980 les interventions
politiques multipliées pour obtenir une révision de la décision aboutissent à
l’annulation la décision antérieure et autorise enfin la création.
En 1982, la CPAM d’Épinal entre
dans la fédération : son projet de création d’un centre de réadaptation vosgien
pourtant autorisé n’a pas abouti et les fonds disponibles sont affectés au
projet de Lay-Saint-Christophe dont la vocation est
régionale. L’ouverture est prévue en mai 1986. Les travaux débutent en
décembre. Le budget est de 40 millions de francs. Le bâtiment de 3000 m2
au sol comporte 8700 m2 de plancher sur trois niveaux. Le parc
s’étend sur 4 hectares. L’argile sablonneuse exposant à des glissements du sol
conduit à couler 115 pieux de 22 mètres de profondeur. En 1985, le chantier est
terminé et les équipements installés. Faute d’autorisation d’engagement du
personnel soignant, l’ouverture est différée. Pendant trois ans, le bâtiment,
illuminé jour et nuit, reste placé sous la surveillance de chiens de garde.
En 1986 le centre ouvre enfin et
les premiers patients sont admis. Il comporte trois niveaux. Au rez-de-chaussée
est dédié à l’administration, à l’accueil, au restaurant, aux archives. Le
premier étage est constitué par les plateaux techniques de kinésithérapie, de
balnéothérapie, d’ergothérapie et d’une unité d’hospitalisation de 30 lits (10
chambres à un lit, 20 chambres à 2 lits). Le second étage abrite les bureaux
médicaux, les salles d’explorations urodynamiques et
neurophysiologiques, la radiologie, la stérilisation puis l’hospitalisation de
jour, la neuropsychologie et une unité d’hospitalisation de 30 lits. Des
terrasses permettent des activités extérieures par beau temps, d’ergothérapie
en particulier. Un bâtiment autonome, initialement prévu pour héberger le directeur
administratif, sert d’appartement thérapeutique.
Le gymnase initialement projeté
est réalisé secondairement. Après un premier concours ayant abouti à un projet
trop onéreux en 1990, un nouveau projet est lancé en décembre 1993 pour un
montant de 9 millions de francs. Le cabinet d’architecture Haffner,
Plun, Valduga est retenu.
La première pierre est posée le 17 décembre 1999 ; l’inauguration a lieu le 20
octobre 2000. Il abrite toutes les activités de gymnastique, initialement
implantées au premier étage.
A l’origine isolé, le centre est
progressivement entouré de battisses industrielles et commerciales et son
environnement originel quelque peu dénaturé.
LE CENTRE LOUIS PIERQUIN
Louis Pierquin (1910-2006)
L’exiguïté et la dispersion
géographique des structures de l’IRR sont apparues
rapidement constituer une limite à son efficacité. Malgré de nombreuses
adaptations, dès les années 1980, il s’avérait nécessaire d’envisager une
solution radicale de délocalisation. La modernisation et l’humanisation des
locaux d’hébergement ne permettant plus de régler les problèmes posés, de nombreux
sites furent envisagés (Hôpital Sédillot, Hôpital
Maringer, Gondreville, Vandœuvre…) firent perdre beaucoup de temps. En fait la
proximité de l’hôpital central et de son plateau technique s’imposa d’autant
qu’un projet d’hôpital de l’appareil locomoteur ou orthopédique était inscrit
dans le projet d’établissement du CHU. Un terrain appartenant à la communauté
urbaine étant disponible boulevard Lobau des études furent entreprises. Il fut
alors avancé que la superficie était insuffisante. Une parcelle étant
disponible également de l’autre coté du canal de nouvelles études furent
entreprises. Les deux parcelles finalement acquises un cahier des charges médico-technique fut établi en 1990, une étude d’urbanisme
lancée en 1993 et un programmiste désigné en 1995.
De nombreuses difficultés surgirent : contrairement à l’avis de la CROSS,
l’agence régionale de l’hospitalisation donna un premier avis défavorable. La
reprise du dossier par l’UGECAM - nouveau
gestionnaire de l’IRR -, des changements à la tête de
l’ARH, quelques révisions, la détermination du
personnel, le soutien des édiles ont permis d’obtenir
l’autorisation du lancement de l’opération. Un concours d’architecture fut gagné
par l’agence parisienne d’architecture Brunet-Saunier
associée au cabinet nancéien atelier d'architecture du parc (AAPA). La première
pierre est posée le 5 février 2004 par Mme Marie-Thérèse Boisseau,
secrétaire d’état aux Personnes handicapées. Le centre reçoit ses premiers
patients le 15 janvier 2007. Dédié à la mémoire du professeur Louis Pierquin, le centre est inauguré le 12 mars 2007 par
Philippe Bas, ministre délégué aux personnes âgées et handicapées, à la
sécurité sociale et à la famille.
D’une superficie de 22500 m2 (212 m de long sur 117 m de large), le centre, est constitué de deux bâtiments implantés de part et d’autre du canal de la Marne au Rhin, respectivement 75, boulevard Lobau, quai Florentin et 3, rue des Sables entre deux ponts Collignon et comportant respectivement 4 et 3 niveaux et réunis par un pont habité de 72 m entre les deux niveaux supérieurs. Il abrite au rez-de-chaussée l’accueil, les consultations externes, et direction administrative, la pharmacie et la logistique et les archives, à l’entresol la direction médicale, les services de documentation et informatiques et les locaux d’enseignement. Le premier étage est occupé tout entier par le plateau technique ceint d’une façade tramée en panneaux vitrés ou plein en inox plié brillant et occultés pour les faces exposées par des ventelles mobiles extérieures. Il est constitué des différents départements de rééducation, de réadaptation avec l’unité de balnéothérapie, professionnel d’appareillage, d’exploration fonctionnelle et l’hospitalisation de jour (68 places). Le niveau supérieur est constitué de trois pavillons d’hébergement de 30 lits adaptés respectivement aux patients très (coté est), moyennement (coté sud) ou peu dépendants (coté ouest) dans le bâtiment Lobau, à l’UEROS, au centre de préorientation et au restaurant dans le bâtiment Florentin. L’intérieur, rythmé par des places, des rues et des passages, comporte de nombreux balcons et terrasses recouvertes de platelages en bois ou végétalisés et s’ouvre sur de multiple points de vues sur Nancy et le canal.
Centre Louis
Pierquin (Nancy) Centre Louis Pierquin (Nancy)
Entrée place Loritz
Vue Ouest