IV - L’HOPITAL CENTRAL DE 1939 A 1983
2 - PROJETS ET REALISATIONS ENTRE 1945 ET 1954
LES TRAVAUX DE REMISE EN
ÉTAT
Des travaux de réfection
dans les divers établissements devaient être immédiatement effectués au
lendemain de la guerre pour permettre aux services de refonctionner et mettre
le maximum de lits à la disposition des malades et des pensionnaires des
Hospices.
Evacué définitivement en
Septembre 1945 par les Américains, l'Hôpital-Sanatorium Villemin après quelques
mois de travaux était réouvert au printemps 1946. Le 2 Avril 1946, le service
des contagieux, installé provisoirement pendant la guerre à la Maison
Départementale de Secours, réintégrait ses locaux de l'Hôpital Maringer.
L'Hôpital Central, quant à lui, avait récupéré depuis le 1er Février
1946, son annexe, l'Hôpital Marin, réquisitionnée à la Libération par le
Service de Santé Militaire Français. Des travaux conduits au courant de l'année
1946 permirent la réouverture du Dispensaire Haushalter le 1er
Octobre suivie de celle du Service de Neurologie au 3e étage du
Pavillon KRUG. Simultanément à l'Hospice Saint-Julien, la clinique de
propédeutique vieillards installée dans les infirmeries et qui comptait alors
90 lits, pouvait à nouveau fonctionner dès le 1er Novembre 1946.
Auparavant, le 15 Septembre 1946, les enfants assistés et orphelins reçus
depuis l'automne 1939 à l'Asile Victor Poirel à Rosières-aux-Salines, avaient
réintégré l'Hospice Saint-Stanislas après une rapide remise en état des locaux.
Dans les années qui
suivirent, les travaux d'entretien et de réaménagement se poursuivirent. Parmi
les plus importants, on peut signaler à l'Hôpital Central la réfection des
toitures des grands pavillons d'hospitalisation Collinet de la Salle et
Roger-de-Videlange en 1948-1949, l'aménagement des locaux du service de
Neuro-Chirurgie dans les greniers du Pavillon Alfred KRUG, au courant de
l'année 1949. Parallèlement, l'Administration améliorait l'équipement de
certains services généraux (cuisine centrale, buanderie située au sous-sol du
Pavillon Collinet de la Salle, morgue) et faisait renouveler les installations
téléphoniques.
En 1950-1952, était enfin
mis en place un nouveau système de chauffage destiné à desservir l'Hôpital
Central et l'Hospice Saint-Julien. Ce projet avait été envisagé dès 1943 par la
Commission Administrative mécontente des installations existantes. Le chauffage
était assuré par une multitude de chaudières dispersées à travers l'Etablissement
; outre un important travail d'entretien, elles tombaient souvent en panne et
ne donnaient pas toujours des résultats satisfaisants. Aussi, la solution d'un
système de chauffage à distance unifié apparut comme préférable. Malheureusement,
divers contretemps vinrent contrarier sa réalisation immédiate qui, en outre
exigeait un investissement financier important.
Il faut d'autre part
signaler les importants travaux de réfection et d'extension effectués au
Sanatorium de Lay-Saint-Christophe (1) entre Juillet 1949 et la fin de l'année
1951.
Dès la fin de l'année 1945,
pour répondre aux besoins les plus urgents en lits et en matériel médical, le
Ministère de la Santé proposa à la Commission Administrative de reprendre le
Séminaire de l'ASNEE. Cet Etablissement qui avait été réquisitionné pendant la
guerre par les Allemands, avait ensuite servi d'hôpital militaire aux
Américains après la Libération. Ces derniers y laissèrent, à leur départ de
Nancy, un important équipement médical qui devait être cédé aux autorités
françaises selon des conditions relativement avantageuses.
Malheureusement, cette
proposition bien que séduisante présentait des inconvénients. Le séminaire se
trouvait à 6 km des principaux établissements du Centre Hospitalier Régional de
Nancy, ce qui allait poser des problèmes de liaison à une époque où les moyens
de communication étaient encore restreints ; d'autre part, il était implanté
dans un secteur particulièrement humide et malsain, conditions contraires à
celles exigées par un établissement à vocation sanitaire. Les bâtiments enfin
n'avaient pas été conçus pour accueillir des services hospitaliers. Si on avait
pu installer à titre temporaire un hôpital militaire de 1000 lits, il n'était
pas concevable de maintenir à titre permanent et dans les mêmes conditions un
hôpital civil, mais il aurait fallu procéder au préalable à de coûteux travaux
de réaménagement. La Commission Administrative bien que consciente de la
nécessité d'accroître la capacité hospitalière de ses établissements refusa de
se charger de la gestion du Séminaire-hôpital de l'ASNEE, mais accepta d'en
racheter le matériel pour les besoins de ses propres hôpitaux. En effet, il lui
apparaissait prioritaire de rénover les structures existantes et ce fut
l'objectif sur lequel elle devait tout d'abord concentrer son effort. C'est
ainsi qu'elle fut amenée à réétudier leur utilisation.
(1) A sa réouverture en
1952 le Sanatorium tout en restant
rattaché au C.H.R. de Nancy fut soumis au Décret du 24 Mai 1948 et eut une
gestion autonome assurée par un médecin-directeur et une commission de
surveillance.
LES PROJETS DE
RÉAFFECTATION DES HOSPICES DE VIEILLARDS ET D'ENFANTS
Dès 1946-1947, constatant
une baisse marquée de l'activité de ses hospices de vieillards et d'enfants,
l'Administration Hospitalière commença à envisager une réaffectation des lits
d'hospice afin de répondre aux besoins croissants des services médicaux dont
l'activité ne cessait de se développer.
Lors de sa séance du 28
Août 1946, la Commission Administrative évoquait déjà la possibilité
d'installer à moyen terme les services de Neurologie et de Neurochirurgie dans
le Pavillon Thomas BECQUET à l'Hospice Saint-Julien et de leur adjoindre un
service de Traumatologie (1).
Devant la persistance de la
stagnation de l'activité constatée à l'Hospice Saint-Julien, un an plus tard,
lors de la séance de la Commission Administrative du 28 Juin 1947, il était
décidé un projet selon lequel seuls resteraient à la disposition des vieillards
143 lits d'infirmerie et 72 chambres pour les pensionnaires.
Le reste des bâtiments de
l'Hospice Saint-Julien devait être réaménagé pour y recevoir un service
complémentaire de médecine qui était alors installé dans les combles du
Pavillon Collinet de la Salle, un service complémentaire de Chirurgie, qui
faute de place n'avait pu encore être réouvert, le Service de Neurologie et le
service de Neurochirurgie, qui avaient été logés tant bien que mal au Pavillon
Alfred KRUG et manquaient d'espace, un service de traumatologie et enfin un
service de Radiologie.
Mais la mise en application
de ce projet supposait la réalisation de travaux d'aménagement plus ou moins
longs et onéreux qui ne purent être effectués immédiatement et entre temps
d'autres solutions furent envisagées.
Au lendemain de la guerre,
ce fut toutefois la question de l'hospice d'enfants qui retenait
particulièrement l'attention de l'Administration Hospitalière. L'achèvement
d'un nouvel orphelinat dit « Fondation Hinzelin-Lhuillier » et destiné à remplacer
l'Hospice Saint-Stanislas, apparaissait à la Commission Administrative comme
une priorité absolue. La construction qui avait été entreprise vers 1937 au
Parc de Saurupt grâce au legs d'une généreuse donatrice, avait été
prématurément interrompue avec la survenue de la guerre. Vers la fin de l'année
1945, le coût des travaux restant à réaliser était évalué à un peu moins d'une
soixantaine de millions de francs de l'époque et leur durée était estimée à
deux ou trois ans.
Ne disposant pratiquement
plus d'aucune ressource pour achever le futur orphelinat, le Centre
Hospitalier Régional de Nancy se tourna vers la Ville pour qu'elle laide à
poursuivre la construction. Celle-ci, par l'intermédiaire du maire de l'époque
DONZELOT refusa en estimant que ce n'était pas à la Ville de supporter le poids
financier des retards de construction dus en fait à l'Administration Hospitalière,
qui avait inutilement tardé à entreprendre les travaux (2).
Toutefois, le Centre
Hospitalier Régional de Nancy parvint à obtenir la promesse d'une aide de
l'Etat et la Ville accepta de donner sa garantie pour que la Commission
Administrative pût contracter l'emprunt nécessaire à financer le reste des travaux.
Le futur hospice d'enfants
devait comporter 300 lits d'enfants auxquels devaient s'ajouter 53 lits prévus
pour l'hébergement du personnel. Or, il apparut dans les années qui suivirent
la guerre que ces chiffres étaient excessifs vu la modeste fréquentation qu'on
observait à la même époque à l'Hospice Saint-Stanislas, dont les 190 lits
n'étaient remplis qu'à moitié. C'est alors que germa l'idée d'utiliser une partie
de la Fondation Hinzelin-Lhuillier pour y installer un hôpital d'enfants et y
transférer les services de médecine et de chirurgie infantiles situés à
l'Hôpital Central.
Cette solution aurait
permis d'une part, de doter les services hospitaliers d'enfants de locaux neufs
et plus vastes et conformes aux nouvelles normes hospitalières et médicales,
et d'autre part, de désencombrer l'Hôpital Central où les locaux ainsi libérés
auraient servi à faire face aux besoins de place d'autres services médicaux.
La Commission
Administrative chargea l'architecte du Centre Hospitalier Régional de Nancy de
réétudier le projet d'orphelinat avec la collaboration des chefs des services
d'enfants, en fonction de ces nouvelles perspectives. Lors de sa séance du 26
Novembre 1949, elle examinait et donnait son approbation au projet définitif
d'hôpital-orphelinat élaboré par l'architecte et dont le devis était évalué à
523 millions de F, somme considérablement plus élevée que celle primitivement
prévue pour le seul achèvement de l'orphelinat en 1945, en raison de la hausse
continuelle des prix depuis lors, mais aussi de la complexité des travaux
nécessaires pour aménager des services médicaux et non plus uniquement de
simple hébergement.
Le futur établissement
aurait dû comporter 339 lits dont 241 destinés à recueillir les enfants
accueillis jusque là à l'Hôpital Central et 98 lits réservés aux enfants
hébergés habituellement à l'Hospice Saint-Stanislas. Ces lits se décomposaient
de la manière suivante :
— 68 lits de chirurgie
infantile
— 59 lits de médecine infantile
— 48 lits de pouponnière
(enfants de moins de 2 ans)
— 48 lits de pouponnière
(enfants assistés)
— 18 lits de clinique ouverte
— 26 lits (section des
petits)
— 36 lits (section des
garçons)
— 36 lits (section des
filles)
En outre, il était prévu de
créer un service de consultations externes et un dispensaire d'hygiène
mentale.
Par lettre du 12 Février
1951, le médecin-inspecteur BENECH devait informer la Commission Administrative
que le Ministère de la Santé Publique avait donné son agrément au projet
d'hôpital d'enfants du Parc de Saurupt sous réserve du plan de son financement.
(1) La création d'un
Service de Traumatologie fut envisagée pour répondre aux instructions du
Ministère de la Santé Publique, qui souhaitait que fussent créés dans les Etablissements
Hospitaliers d'une certaine importance, des services spécialisés dans l'accueil
des urgences.
(2) Dès Mars 1930, une
convention avait été conclue entre la Municipalité de Nancy à qui avait été
fait le Legs Hinzelin-Lhuillier et les Hospices Civils de Nancy, Or, les
travaux de construction de l'orphelinat n 'avaient démarré qu 'en 1937 et entre
temps les prix de la construction avaient augmenté : ce qui explique que les
ressources primitivement prévues devaient se révéler insuffisantes.
LES PREMIERS PROJETS DE
RESTRUCTURATION GLOBALE DU CENTRE HOSPITALIER RÉGIONAL DE NANCY
Entre temps, la Commission
Administrative, faisant le constat de multiples insuffisances dans ses divers
établissements, élaborait un programme général de travaux à réaliser de façon
échelonnée sur les années à venir et avec l'aide de l'Etat, dans le cadre des
plans d'équipement nationaux, qui visaient à améliorer les structures sanitaires
françaises.
Au cours de la séance de la
Commission Administrative du 25 Octobre 1947, son vice-président le Professeur
DROUET donnait connaissance du rapport qu'il avait établi avec l'architecte
ESCHMANN et le Directeur Général, en vue d'adapter le Centre Hospitalier
Régional aux nouvelles nécessités du moment. La solution de construire un
nouveau bloc hospitalier ayant été écartée en raison de son coût et de
l'impossibilité de trouver sur place un terrain pour l'édifier, c'est vers la
refonte des établissements existants que l'on s'était orienté. Par ordre
d'urgence, le projet avait été divisé en trois tranches principales de travaux
qui étaient les suivantes :
— La lre
tranche comprenant les travaux suivants :
— La transformation de
l'Hospice HINZELIN-LHUILLIER en hôpital d'enfants,
— L'aménagement d'un centre
de traumatologie dans des bâtiments de l'Hospice Saint-Julien
— La construction d'un
laboratoire central pour y loger les services du Laboratoire Central de
Biologie et de transfusion sanguine, qui installés au pavillon
BRUILLARD-BALBATRE, fonctionnaient dans des conditions difficiles en raison de
l'exiguïté de leurs locaux.
— La 2e
tranche comportant :
— D'une part, la refonte
intérieure de certains services : après le départ des services d'enfants au
Parc de Saurupt, le pavillon Virginie MAUVAIS aurait reçu les malades
contagieux, tandis que les locaux libérés au Pavillon KRUG auraient été
aménagés pour accueillir les services de Neurologie et de Neurochirurgie. Par
ailleurs, deux pavillons de l'Hospice Saint-Julien auraient dû être
transformés pour recevoir les services complémentaires de médecine et de
chirurgie. Les locaux libérés à l'Hôpital Maringer par les services des
contagieux auraient servi à installer un service de Chirurgie de la
tuberculose, tandis que le Service d'Ophtalmologie devait pouvoir s'étendre
grâce aux locaux évacués par le Laboratoire Central.
— D'autre part, des
constructions nouvelles : les services de chirurgie ne répondant plus aux
besoins de l'époque, il s'avérait indispensable de reconstruire un bloc
chirurgical qui aurait dû comprendre deux cliniques de chirurgie générale, une
clinique de gynécologie et le Centre anti-cancéreux, et avoir une capacité de
350 lits.
— La 3e tranche prévoyant enfin :
— La refonte des services
de médecine générale et de dermatologie-vénéréologie à la faveur du départ des
services qui leur étaient accolés.
— L'organisation d'un
service de porte ou d'entrée comprenant les consultations, y compris le
service de consultations, de dépistage et de traitement de rhumatologie, le
service de garde et le service des petites urgences. Ce service aurait dû être
organisé à l'emplacement du Centre anti-cancéreux et d'une maison qui lui était
contiguë avenue de Strasbourg.
— La refonte des services
administratifs et l'extension de leurs locaux par la récupération de ceux
qu'occupaient auparavant les consultations externes de médecine et de
chirurgie générales.
— L'aménagement ou la
construction de logements pour le personnel.
Dans le cadre de ce
programme, était également prévu l'aménagement de chambres d'hospitalisation
de 1 à 4 lits, d'installations sanitaires en nombre suffisant, de salles de
jour et de réfectoires, de locaux d'enseignement, etc... Le devis global était
estimé à plus de 943 millions de F auxquels il convenait d'ajouter environ 200
millions pour l'équipement médical et hôtelier.
Ce programme devait subir
diverses modifications, mais rester centré sur le maintien et l'amélioration
des bâtiments existants avec réaffectation d'une partie de leurs locaux.
Finalement, le plan de réorganisation retenu devait prévoir un regroupement
des services en quatre centres principaux qui étaient les suivants :
— Un centre de médecine
générale et spécialisée à l'Hospice Saint-Julien reconverti en hôpital.
— Un centre de chirurgie
générale et spécialisée à l'Hôpital Central
— Un centre de pédiatrie au
Parc de Saurupt,
— Un centre de maladies
infectieuses et contagieuses dans le Groupe M.V.F.
C'est à l'instigation du
Doyen Jacques PARISOT (1) que la Commission Administrative avait décidé lors
de sa séance du 25 Février 1950, de procéder à un transfert des services de
médecine générale à l'Hospice Saint-Julien afin de pouvoir organiser un centre
chirurgical à l'Hôpital Central et un centre à orientation médicale à l'Hospice
Saint-Julien.
La réalisation de ces
projets exigeait d'importants moyens financiers. Au printemps 1951, d'après
les devis établis par Monsieur ESCHMANN, la dépense totale à prévoir était
évaluée à presque 900 millions de francs auxquels il fallait ajouter divers
autres frais (achat de terrains notamment).
Même en tenant compte de
l'aide fournie sous forme de subventions par l'Etat et la Sécurité Sociale, les
Hospices estimaient leur effort financier à une somme comprise entre 580 et
866 millions de F. Pour y parvenir, ils n'avaient d'autre recours que celui de
contracter un emprunt, mais ils avaient par ailleurs à faire face au
financement d'autres travaux d'une certaine importance et déjà engagés
(installation d'un nouveau système de chauffage à l'Hôpital Central et
l'Hospice Saint-Julien en 1950-1951, puis à l'Hôpital Marin et au Groupe
M.V.F., construction du nouveau Laboratoire Central en 1951-1952, etc...).
La Commission
Administrative se décida finalement à accorder la priorité à l'achèvement de
l'Hôpital d'enfants-orphelinat. Mais la réalisation de ce dernier allait être
contrariée par des difficultés de financement. Dans un premier temps,
l'Administration Hospitalière avait cru pouvoir échapper à un nouvel emprunt en
recourant à un amortissement annuel d'une centaine de millions de F devant se
répercuter sur le prix de journée pendant un certain nombre d'années. Mais
l'autorité de tutelle avait refusé cette formule en vertu du principe que les
constructions nouvelles devaient être obligatoirement financées au moyen
d'emprunt, seuls les travaux d'amélioration des bâtiments existants pouvant
être auto-financés grâce à la provision pour travaux prévue par la
réglementation.
Après avoir sollicité en
vain auprès du Ministère de l'agriculture, un emprunt gagé sur le domaine
forestier, l'Administration Hospitalière envisagea l'aliénation d'une partie
de celui-ci et l'utilisation du produit de l'exploitation du reste des forêts ;
mais ceci supposait auparavant le partage des forêts qui avaient été léguées
par Ch. E Collinet de la Salle et étaient détenues en indivision avec la Maison
des Orphelines. Finalement, ces divers problèmes techniques contrarièrent la
réalisation du projet.
La Commission
Administrative devait d'ailleurs finir par renoncer au programme qu'elle avait
envisagé lorsqu'elle prit conscience qu'après tout le coût de sa mise en œuvre
aurait été excessif vu les graves inconvénients que présentaient certaines
solutions. En effet, pour créer un centre de médecine à l'Hospice Saint-Julien,
il aurait fallu reconstruire un nouvel hospice de vieillards ailleurs, ce qui
aurait nécessité environ 370 millions de F. non compris le prix du terrain, qui
restait à trouver. Quant au réaménagement des bâtiments de l'hospice en
hôpital, il aurait coûté aussi cher sinon plus que de construire un
établissement neuf pour un résultat moins satisfaisant. De même, à l'Hôpital
Central, où aurait dû être aménagé le centre de chirurgie. Quant au centre de
pédiatrie du Parc de Saurupt (2) outre son coût important du fait de la
nécessité de remanier totalement le projet primitif, il présentait
l'inconvénient de l'éloignement par rapport aux installations médicales et administratives
concentrées à l'Hôpital Central.
Cet éloignement risquait de
peser lourdement sur le prix de journée en raison d'un coût de fonctionnement
plus élevé. Enfin, ces diverses solutions ne résolvaient pas les problèmes
présentés par l'implantation géographique des divers centres : insuffisance de
terrains pour une extension ultérieure, manque d'espaces verts, zone bruyante
et polluée par la proximité d'industrie, etc...
Par ailleurs, en Mai 1953,
se produisit un changement à la mairie de Nancy où le Docteur Lionel PELLERIN
était remplacé par Monsieur Raymond PINCHARD, ce qui entraîna des changements
au sein de la Commission Administrative des Hospices.
Un des Administrateurs
nouvellement désignés par le Conseil Municipal, le Professeur ROUBAULT
préconisa, vu l'ampleur des problèmes que posait la réorganisation du Centre
Hospitalier Régional d'avoir recours à des ingénieurs architectes et en
particulier à un bureau d'études dont les techniciens, ingénieurs et
architectes, organisés selon une formule à déterminer travailleraient en
permanence en collaboration avec la Commission des Travaux de la Commission
Administrative. Le Professeur ROUBAULT fut chargé d'étudier les modalités
permettant au C.H.R. de Nancy d'utiliser les services d'un Cabinet d'études
extérieur. Les démarches devaient déboucher sur la passation d'un contrat avec
le Cabinet SEVELLEC en Décembre 1953, tandis que peu auparavant, l'Architecte
ESCHMANN donnait sa démission. Aussitôt, une équipe de techniciens vint à Nancy
visiter les établissements pour dresser un bilan de la situation et faire des
propositions.
(1) Hostile à un
morcellement des cliniques médicales, le Doyen PARISOT aurait souhaité que
celles-ci constituassent de véritables Instituts médicaux ou chirurgicaux
regroupant autour d'eux des simples sections spécialisées mais non érigées en
service autonomes.
(2) Le terrain et les
constructions déjà édifiées devaient être restitués par le Centre Hospitalier
Régional de Nancy à la Ville, bénéficiaire du legs de Madame VILLARD. Celle-ci
les vendit à l'Ecole des Mines. Le produit de cette cession et le reliquat du
legs devaient ultérieurement servir à financer une partie de la construction
d'un nouveau foyer de l'enfance et d'une pouponnière pour les enfants
abandonnés.