IV - L’HOPITAL CENTRAL DE 1939 A 1983
3 - PROJETS ET REALISATIONS ENTRE 1954 ET 1960
LES PROJETS DE
RESTRUCTURATION GLOBALE VERS 1954-1955
Le Cabinet d'Etudes
SEVELLEC, au terme d'un examen approfondi des divers établissements et de leurs
conditions de fonctionnement devait établir un rapport accablant sur la
situation que connaissait encore le C.H.R. de Nancy
et tout particulièrement l'Hôpital Central vers 1954, malgré les travaux
d'amélioration menés depuis la fin de la guerre, travaux qui se chiffraient à
plusieurs centaines de millions de francs de l'époque.
Pour mettre un terme aux
difficultés multiples que connaissaient les services hospitaliers faute de
place et de locaux fonctionnels, l'équipe du Cabinet SEVELLEC proposa diverses
solutions. Sur une vingtaine de possibilités envisagées, la Commission
Administrative devait tout d'abord fixer son choix sur un projet qui prévoyait
de démolir la plus grande partie de l'Hôpital Central et de rebâtir à
l'emplacement des pavillons supprimés un bloc neuf de huit étages et offrant
une capacité de près d'un millier de lits. Ce bâtiment aurait dû accueillir 400
lits de médecine, 400 lits de chirurgie et 190 lits de clinique ouverte (1) et
en outre des services médico-techniques et de
consultations. Son implantation avait été imaginée de manière à recevoir dans
un premier temps les services du Pavillon Roger-de-Videlange
sans autre démolition que celle du Pavillon Virginie Mauvais, les services de
ce dernier devant provisoirement être transférés à l'Hospice Saint-Julien. Le
Pavillon « De Videlange » une fois évacué devait être
détruit et sa démolition aurait dû permettre dans un second temps la
construction de la deuxième tranche du bloc pour y accueillir les services du
Pavillon Collinet de la Salle dont la destruction
aurait permis l'achèvement du bloc.
Seul, le Pavillon Krug, de conception et de construction plus récentes,
aurait dû être conservé et transformé pour recevoir les services de spécialités
et des lits de médecine et de chirurgie complémentaires. Quant aux services d'enfants, ils auraient dû déménager
soit à l'Hospice Saint-Julien, soit à l'Hôpital Maringer
en attendant que fût terminé le Centre du Parc de Saurupt,
dont la réalisation n'avait encore pas été abandonnée.
Ce projet de remodelage de
l'Hôpital Central fut toutefois rapidement éliminé. La mauvaise qualité du
sous-sol aurait exigé des travaux de fondation onéreux pour le bloc hospitalier
prévu, mais bien pire, la période de construction de ce bloc aurait été
extrêmement pénible dans la mesure où les travaux se seraient déroulés dans un
établissement en fonctionnement. Malades, personnels hospitalier et médical
auraient été contraints de vivre de longs mois et même plusieurs années sur un
chantier, dans le bruit et la poussière, sans compter l'inconvénient des
multiples déménagements de services.
Le Cabinet SEVELLEC, invité
à procéder à de nouvelles études, devait finalement faire de nouvelles
propositions, parmi lesquelles devaient se dégager deux tendances. Celles-ci
se caractérisaient principalement, la première par le maintien de tous les
services hospitaliers en ville, et la seconde par l'abandon pur et simple des
structures hospitalières urbaines et la construction d'un nouvel établissement
à l'extérieur.
Deux programmes furent
élaborés parallèlement et soumis au choix des administrateurs lors de la
séance de la Commission Administrative du 5 Novembre 1954. Ils avaient tous
deux pour objectif de doter les services de structures adaptées aux nouvelles
exigences de la médecine hospitalière et d'accroître la capacité de 500 lits
supplémentaires au minimum.
Le premier programme
envisageait l'utilisation des principaux bâtiments de l'Hôpital Central et la
construction d'un établissement neuf sur un terrain situé non loin de
l'hôpital. D'une contenance d'un peu plus de 3 hectares, le terrain dit « Jardin
fleuriste Olry » était bordé par la Faculté de
Médecine, le Parc Olry et le Boulevard Lobau et
appartenait à la Ville de Nancy. Sa cession au C.H.R.
de Nancy avait été envisagée favorablement par le Conseil Municipal en Juin
1954. Toutefois, il restait à trouver un autre terrain pour y transférer les
serres de la Ville, dont il fallait envisager la reconstruction.
Sur ce terrain Olry, il était prévu de construire deux blocs d'une
capacité totale de 1500 lits environ, et devant accueillir les services
suivants (services de consultations compris) :
— Les deux cliniques
médicales
— Les deux cliniques
chirurgicales
— Les diverses cliniques
spécialisées (Ophtalmologie, O.R.L., Orthopédie, Urologie,
Gynécologie, Chirurgie Maxillo-Faciale)
— La clinique ouverte
(portée à 200 lits - les 127 lits de la Pension Bon-Secours
s'avérant insuffisants)
— Le service
d'électroradiologie
— La pharmacie
— Un service complémentaire
de médecine et un service complémentaire de chirurgie de 100 lits chacun
— Une consultation de porte
et un service médical de garde.
De même, y étaient prévus
les services administratifs généraux, un service des entrées, une cuisine, une
chapelle et une morgue.
Du côté de l'Hôpital Central,
le projet prévoyait l'aménagement du pavillon Krug
avec des adjonctions pour y installer une clinique de pédiatrie de 300 lits
avec clinique ouverte et complétée par une section de chirurgie infantile. Le
Laboratoire Central récemment construit était maintenu sans modification ainsi
que la pharmacie centrale et le Centre anticancéreux. Les autres bâtiments (les
Pavillons Collinet de la Salle, Roger-de-Videlange,
Bruillard-Balbâtre, Virginie Mauvais et les Bâtiments
de la Pension Bon-Secours et de l'Administration)
n'ayant plus d'affectation, auraient pu être isolés et éventuellement vendus.
Si cette solution
permettait de réinstaller presque tous les services médicaux et administratifs
dans des locaux neufs et mieux adaptés, en revanche elle présentait
l'inconvénient d'entraîner une hyperconcentration sur
un terrain exigu (le terrain Olry n'avait que 3
hectares) et sans possibilité d'extension ultérieure. D'autre part, elle
condamnait à l'abandon la plus grande partie de
l'Hôpital Central, qui avait l'avantage d'une situation particulièrement
intéressante par sa proximité avec l'Hospice Saint-Julien.
Aussi, une seconde variante
avait été envisagée qui prévoyait non seulement l'utilisation du terrain Olry mais aussi celle de la totalité des bâtiments de
l'Hôpital Central.
Après modernisation, les
deux grands pavillons Collinet de la Salle et Roger-de-Videlange recevraient l'un un service
complémentaire de médecine de 100 à 120 lits et l'autre un service
complémentaire de chirurgie d'une capacité équivalente. Parallèlement, les
autres bâtiments (les Pavillons Bruillard-Balbâtre et
Virginie Mauvais et les Bâtiments en façade sur l'Avenue de Strasbourg)
devaient recevoir une affectation à déterminer (maintien des services médicaux
ou installation de services administratifs ou d'exploitation et de logements
pour le personnel).
Cette variante permettait
une utilisation maximale des bâtiments anciens ou neufs et de préserver la
possibilité ultérieure d'agrandir l'Hôpital Central en n'aliénant aucune
parcelle, ni aucun bâtiment dépendant de lui. Toutefois, les perspectives
d'extension en milieu urbain s'avéraient réduites en raison du manque de terrains
disponibles et des aléas des éventuelles procédures d'expropriation sur les
rues de Strasbourg, Lionnois et Molitor.
Par ailleurs, en maintenant
à l'Hôpital Central une partie des services médicaux, on accroissait les
difficultés et les dépenses de gestion, alors qu'il apparaissait plus pratique
et moins coûteux de tout regrouper sur le terrain contigu au Parc Olry, mais comme ce dernier présentait une surface
visiblement trop limitée, une autre solution fut recherchée et fit l'objet du
second programme proposé au choix des Administrateurs et du corps médical.
Le second projet
abandonnait toute utilisation de l'Hôpital Central et préconisait son
remplacement par un nouvel établissement d'une capacité de 1800 à 2000 lits
regroupant tous les services administratifs particuliers et centraux et
d'exploitation, sur un terrain à trouver. Celui-ci, d'une capacité de 15 à 20
hectares devait permettre l'implantation du programme de constructions prévues
avec de larges possibilités d'extension ultérieure afin de préserver l'avenir.
La répartition des lits
était la suivante :
— 400 lits de médecine
générale
— 400 lits de chirurgie
générale
— 100 à 120 lits de
médecine complémentaire
— 100 à 120 lits de
chirurgie complémentaire
— 400 lits de spécialités
(Ophtalmologie, O.R.L. Urologie, etc...)
— 300 lits de pédiatrie
(médecine et chirurgie)
— 200 lits de clinique
ouverte
En outre, étaient prévus
des consultations de porte et spécialisées, un laboratoire central, une
pharmacie etc...
Le choix entre les deux
programmes s'avérait délicat. D'un côté l'amélioration et l'extension sur place
permettaient le maintien d'un contact étroit avec la Faculté de médecine et ne
gênaient d'aucune manière l'enseignement. Elles étaient également pratiques
puisqu'elles maintenaient aussi les facilités de liaison avec les autres établissements
(Hospice Saint-Julien, Hôpital Marin, Hospice Saint-Stanislas
et Groupe Maringer-Villemin-Fournier) et avec
l'Institut de réadaptation. Or, l'implantation et la mise en construction de ce
dernier par les organismes de Sécurité Sociale avaient été déterminées par la
proximité de l'Hôpital Central afin de réaliser une liaison étroite et
permanente entre les malades hospitalisés dans chacun des deux établissements.
Vis-à-vis de la clientèle hospitalière enfin, le maintien en zone urbaine présentait
un avantage car tout en offrant un éloignement acceptable du Centre de Nancy,
le quartier de l'Hôpital Central et du terrain Olry
était correctement desservi par des lignes d'autobus.
Toutefois, cette première
solution offrait aussi des inconvénients graves. L'implantation d'un dispositif
hospitalier important enserré dans un quartier très urbanisé et n'offrant plus
que des possibilités réduites d'extension, risquait de compromettre l'avenir.
A plus ou moins longue échéance, on s'exposait à connaître les mêmes problèmes
d'asphyxie que ceux que rencontrait l'Hôpital Central depuis la fin de la
guerre. En outre, le terrain Olry, traversé par le
ruisseau de Nabécor, était de mauvaise qualité et ne
se prêtait guère à l'édification de bâtiments élevés. Situé dans la partie la
plus basse de la ville à proximité du canal, il était par conséquent humide.
Enfin se trouvant au voisinage d'une zone industrielle, il était de surcroît
bordé par le Boulevard Lobau, artère soumise à une circulation particulièrement
intense de camions.
Le quartier de l'Hôpital
Central et du terrain Olry ne présentait donc plus
les conditions qui l'avaient fait choisir à la fin du XIXe
siècle pour l'édification du futur Hôpital Civil. Il avait perdu sa quiétude et
une bonne partie de ses jardins et vergers avait été grignotée peu à peu par
les habitations et les établissements industriels. Des routes à grande
circulation et des voies ferrées l'avaient transformé en zone bruyante.
Le second programme qui
préconisait la reconstruction d'un établissement à l'extérieur aurait permis
d'échapper à ces nuisances par le choix d'un terrain situé en zone
résidentielle à l'écart de toute industrie et à l'abri du bruit et des trépidations
de la circulation routière. De plus, l'acquisition de vastes terrains aurait
garanti la possibilité d'une extension hospitalière. Enfin, la concentration
géographique de tous les services était gage d'une gestion plus simple et par
conséquent plus économique. Malheureusement, cette solution avait
l'inconvénient de l'éloignement : éloignement de la Faculté de médecine, de
l'Institut de réadaptation du Centre anti-cancéreux, établissements avec
lesquels l'Hôpital Central avait d'étroites relations ; éloignement des autres
établissements faisant partie du Centre Hospitalier Régional de Nancy ;
éloignement enfin du Centre de la ville, ce qui allait gêner les malades venant
en consultations et les familles voulant rendre visite à leurs parents
hospitalisés.
Alors que le corps médical,
tant au niveau hospitalier (Commission Médicale Consultative, Assemblée des
chefs de services hospitaliers du C.H.R de Nancy
qu'au niveau universitaire (Conseil de la Faculté de Médecine) manifestait sa
préférence pour la solution urbaine et une certaine réticence sinon une
hostilité marquée, pour la construction d'un hôpital extérieur, la Commission
Administrative penchait pour cette dernière. Dès le 11 Décembre 1954, elle
décidait par une délibération l'acquisition de terrains situés sur la commune
de Villers, au sud du Boulevard des Aiguillettes et à l'est de l'avenue du
Général Leclerc pour y construire le futur hôpital.
Toutefois, quelque temps
après avoir été achetés, ces terrains devaient se révéler peu favorables à
l'édification projetée. D'une superficie de 6 hectares, ils se révélaient finalement
trop exigus pour les 2400 lits et plus prévus, en outre la médiocre qualité de
leurs sols aurait exigé des travaux de fondation trop onéreux. Maintenant
toujours sa décision de construire un hôpital suburbain où tous les services
hospitaliers du C.H.R. de Nancy auraient dû être
transférés, à l'exception des hospices, la Commission Administrative s'enquit
de trouver un nouveau terrain plus vaste (de 30 à 40 hectares de superficie).
Les administrateurs orientèrent leurs recherches vers la commune de Vandoeuvre et portèrent plus particulièrement leur choix
sur la zone comprise entre l'autoroute de contourneraient de l'agglomération
nancéienne et le Parc du Château de Brabois.
Lors d'une visite qu'il
effectua à Nancy les 6 et 7 Juillet 1955, l'Inspecteur Général DEPRUN devait
se rallier au principe de l'extériorisation du dispositif hospitalier, sous
réserve de l'avis des architectes du Ministère de la Santé et proposer un plan
de financement pour les 2500 lits à construire. En évaluant à environ huit milliards
de F de l'époque le coût de l'opération avec une participation de l'Etat de 40 %.
(1) La Clinique ouverte,
tout en restant indépendante sur le plan de sa gestion, devait être étroitement
reliée sur le plan technique et médical aux Instituts Médicaux et Chirurgicaux.
LES PROGRAMMES D'URGENCE
Mais en attendant
d'entreprendre la réalisation de cet ambitieux projet, des mesures d'urgence
devaient être prises au niveau des établissements existants. Sur les conseils
de l'Inspecteur DEPRUN, la Commission Administrative décida d'affecter les
sommes économisées depuis 1953 à un programme d'urgence de l'ordre de 350
millions de F, dont l'élaboration fut confiée au Cabinet SEVELLEC.
Après avoir pris l'avis des
différents chefs de services, ce dernier soumettait le 30 Septembre 1955 un
projet à la Commission Médicale Consultative qui l'adoptait à l'unanimité.
Adopté également par la Commission Administrative le 1er Octobre
1955, celui-ci prévoyait une extension des services les plus surchargés par la
construction de bâtiments complémentaires en annexe des pavillons existants.
Les adjonctions envisagées étaient les suivantes :
1°) à l'Hôpital Central
:
— Construction entre les
pavillons Collinet de la Salle et Roger-de-Videlange
d'une annexe d'un niveau, comprenant notamment 27 lits destinés aux besoins de
la Clinique Chirurgicale A.
— Construction entre les
pavillons Collinet de la Salle et Virginie Mauvais,
d'une annexe de 2 niveaux d'une capacité de 25 lits destinés également à la
Clinique Chirurgicale A et offrant des locaux pour le service des consultations
externes d'orthopédie.
— Construction à
l'extrémité du Pavillon Virginie Mauvais d'une annexe d'un niveau comprenant 20
lits de poupons pour le Service de Chirurgie Infantile.
— Construction entre les
Pavillons Roger-de-Videlange et Alfred Krug d'un bâtiment de 4 niveaux comportant : 40 lits de
gynécologie, 58 lits pour la Clinique Chirurgicale B, 60 lits pour le Service
de Cardiologie et 30 lits pour la Clinique Médicale B.
— Construction en annexe du
Pavillon Krug, côté rue Lionnois,
d'un bâtiment sur 3 niveaux offrant 60 lits supplémentaires à la clinique de
médecine infantile.
— Construction en annexe du
Pavillon Bruillard-Balbâtre d'un bloc opératoire pour
le Service d'Ophtalmologie.
2°) Dans le Groupe Maringer-Villemin-Fournier
— Construction de deux
annexes, l'une pour le Service de Chirurgie Thoracique et l'autre pour le
Service des Contagieux.
Ces constructions avaient
pour objectif de décongestionner les services surchargés. En effet, il n'était
pas exceptionnel de compter à cette époque 32 à 34 malades dans des salles
théoriquement prévues pour 16 à 18 malades seulement. Aussi, sur les 444 lits
dont l'aménagement était projeté, il ne fallait en compter que 69 nouveaux,
dont 49 pour le seul Hôpital Central. Les 365 lits restants étaient des lits
supplémentaires dits de « surcharge permanente », dont le chiffre atteignait
jusqu'à 400 en période de pointe, lors des épidémies saisonnières notamment.
Mais ce plan d'urgence ne
devait que recueillir une approbation partielle auprès de la Commission
Nationale de l'organisation hospitalière lors de sa séance du 15 Février 1956.
Celle-ci aurait souhaité que le projet s'appuyât sur l'utilisation à titre
définitif de l'Hospice Saint-Julien comme hôpital et était hostile à la
construction de pavillons à étages dans l'enceinte de l'Hôpital Central. En
effet, déjà au courant de l'année 1955, l'Administration accédant aux souhaits
exprimés par le corps médical, avait procédé à des travaux à l'Hospice
Saint-Julien pour y installer des lits de dégagement et désencombrer un peu
les grosses cliniques médicales et chirurgicales. En Mars 1956, on comptait
près de 130 lits, qui occupaient tout le bâtiment dit de l'Horloge. Afin de
rationaliser l'utilisation des salles de malades, la Commission Administrative
décida même le 24 Mars 1956 d'y créer un service complémentaire provisoire de
médecine sous la responsabilité d'un médecin et destiné à regrouper les malades
venus des services de médecine de l'Hôpital Central.
Le 28 Avril 1956, la
Commission Administrative acceptait un nouveau plan d'urgence, établi en
fonction des observations formulées par la Commission Nationale de
l'organisation hospitalière. Le programme définitif du plan d'urgence comportait
les aménagements suivants :
1°) A l'Hospice
Saint-Julien, l'installation après aménagement de l'aile gauche encore
inoccupée, des services de rhumatologie (78 lits), de gynécologie (40 lits), de
chirurgie infantile (76 lits) et de chroniques (94 lits) soit un total de 288
lits.
2°) A l'Hôpital Central
:
— La construction entre les
pavillons Collinet de la Salle et de Videlange, d'une annexe d'un seul niveau comprenant un bloc
opératoire et un service de consultations externes, pour les besoins du
Service de Chirurgie A.
— La construction à
l'extrémité des pavillons Collinet de La Salle et de Videlange de deux annexes reliant ces deux bâtiments au
pavillon Virginie Mauvais. La totalité du pavillon Mauvais et les deux annexes
prévues devaient servir à l'hospitalisation des traumatisés et offrir une
capacité de 152 lits.
— La construction en annexe
au bloc opératoire de la clinique chirurgicale B (située au pavillon de Videlange) de deux salles d'opérations supplémentaires.
— La construction entre les
pavillons de Videlange et Krug
d'un bâtiment construit sur 4 niveaux et devant accueillir 60 lits de
cardiologie et 30 lits destinés aux malades du Service de Médecine B.
— La construction en annexe
au pavillon Krug, côté rue Lionnois
d'un bâtiment de 3 niveaux procurant 60 lits supplémentaires à la clinique de
médecine infantile.
— La construction en annexe
du pavillon Bruillard-Balbâtre d'un bloc opératoire
et de consultations spécialisées ainsi que l'aménagement de 24 lits
supplémentaires d'ophtalmologie pour permettre la restitution à la clinique
ouverte de Bon-Secours d'un nombre de lits égal.
— La surélévation de
l'Ecole d'infirmières d'un étage afin d'en accroître la capacité (24 lits
d'élèves internes supplémentaires)
— La construction de
garages et d'ateliers pour remplacer les baraquements qui abritaient jusqu'alors
ces services.
Le montant de l'ensemble de
ces opérations avait été évalué à 507 millions de F. En priorité, la Commission
Administrative décida de réaliser les travaux d'aménagement de l'aile gauche
de l'Hospice Saint-Julien, de construction de l'annexe du Service de Médecine
Infantile et de surélévation de l'Ecole d'Infirmières. Les travaux devaient
démarrer en 1957. Toutefois, l'aménagement de l'aile gauche de l'Hospice
Saint-Julien ne fut pas mené jusqu'à son terme ; prématurément interrompu, il
ne fut poursuivi que plusieurs années plus tard. En revanche, la construction
de l'annexe de médecine infantile et la surélévation de l'Ecole d'Infirmières
furent réalisées comme prévu.
Ne pouvant pas appliquer
totalement, ni rapidement son programme d'urgence, faute de moyens financiers
et de temps, l'Administration Hospitalière décida d'exécuter un plan d'extrême
urgence pour parer au plus pressé, c'est-à-dire à l'hébergement des malades en
périodes de pointe. Sur la proposition du Directeur Général en Juillet 1956, il
fut décidé de recourir à des constructions préfabriquées. Trois pavillons dits
Prouvé du nom de leur concepteur, devaient être implantés dans l'enceinte de
l'Hôpital Central vers 1957-1958 :
— Un pavillon de 80 lits,
installé à l'emplacement de la serre, du chenil et d'une partie des garages,
derrière l'Institut Anatomique.
— Un pavillon d'une
quarantaine de lits, entre les Pavillons Collinet de
la Salle et de Videlange.
— Et un pavillon d'une
quarantaine de lits, entre les pavillons de Videlange
et Krug, parallèlement à la galerie couverte.
L'ÉVOLUTION
DU PROGRAMME DE MODERNISATION DU C.H.R. (1956 à 1960)
Tandis que l'Administration
Hospitalière tentait par des solutions de fortune de remédier aux besoins les
plus urgents, elle ne perdait pas de vue son projet d'hôpital extérieur. Par
une délibération du 28 Avril 1956, elle avait déjà sollicité de la Ville de
Nancy, la mise à sa disposition d'un terrain situé sur le plateau de Brabois et
appartenant à cette dernière, pour y construire le futur hôpital. Lors de sa
séance du 7 Décembre 1956, le Conseil Municipal donna un avis favorable à cette
demande. En revanche, le Conseil Général du Département de Meurthe-et-Moselle,
tout en approuvant la solution d'une extériorisation du dispositif hospitalier,
trouvait le terrain choisi trop excentré et avait exprimé le souhait que la
Commission Administrative examinât s'il ne serait pas possible d'implanter les
nouveaux bâtiments sur les terrains dits de Brichambeau,
plus proches de Nancy. Après que la Commission y eut fait procéder à des
sondages, ceux-ci révélèrent que le sol était impropre à la construction du
futur hôpital et durent être exclus.
Le projet d'hôpital
extérieur, quant à lui, avait évolué. Il ne s'agissait plus de tout transférer
dans de nouveaux bâtiments. En effet, à la suite d'une visite du Docteur
AUJALEU, Directeur Général de la Santé Publique et de Monsieur LE GORGEU,
président de la Commission Nationale de l'organisation hospitalière, le
Secrétaire d'Etat à la Santé Publique devait préciser par une dépêche du 24
Juin 1957, les conditions dans lesquelles il envisageait la réorganisation du
dispositif hospitalier du C.H.R. de Nancy et qui
peuvent se résumer ainsi :
— Construction sur un
terrain extérieur d'un premier bloc de 400 lits inscrit dans les toutes
premières urgences proposées pour le plan national 1958-1961 et à concurrence
d'un montant de travaux de 1 milliard 500 millions de F.
— Construction d'un second
bloc de 400 lits, dans un délai de 5 à 10 ans.
— Parallèlement,
réorganisation et modernisation de l'Hôpital Central, dont la capacité devait
toutefois être réduite à 400-500 lits en fin de programme et qui en raison de
son implantation urbaine, était destiné à développer ses services de consultations
externes et à s'orienter vers des activités d'urgence.
— Réaffectation définitive
de l'Hospice Saint-Julien à l'hébergement des vieillards, après avoir été
utilisé temporairement et partiellement comme hôpital.
— Maintien des services de
phtisiologie à l'Hôpital Villemin et rénovation et maintien des contagieux dans
les autres bâtiments du Groupe M.V.F.
— Transfert du Centre
Anticancéreux soit sur le Plateau de Brabois, soit sur un terrain situé en face
de l'Hôpital Central.
Par une dépêche du 26
Juillet 1957, le Ministère de la Santé Publique devait se prononcer en faveur
du choix du terrain de Brabois retenu par la Commission Administrative. Enfin,
par lettre-circulaire du 3 Août 1959, il notifia
l'inscription à la loi-programme des travaux d'équipement sanitaire réalisables
au cours des années 1960, 1961, et 1962, de la construction d'un bloc médico-chirurgical de 400 lits pour un montant de travaux
de 1500 millions de F. (en francs courants 1960)
Tout en appuyant la
construction d'un bloc hospitalier à l'extérieur, le Ministère souhaitait le
maintien d'un certain nombre de services hospitaliers en ville. La Commission
Administrative, qui avait envisagé à un certain moment, un transfert total des
services médicaux à l'extérieur, ne fit pas d'objection aux directives
ministérielles, en revanche le corps médical restait dans l'ensemble opposé à
la perspective d'un hôpital suburbain où, à plus ou moins long terme, allaient
être transférés les principaux services de médecine et de chirurgie générales.
Non seulement il demeurait attaché au maintien à l'Hôpital Central des
services qui y fonctionnaient déjà, mais en plus, il aurait voulu que sa
capacité fût encore accrue. Il fut encore renforcé dans son désir de
sauvegarder le fructueux voisinage qui existait entre l'Hôpital Central et la
Faculté de Médecine par la parution de l'Ordonnance du 30 Décembre 1958 portant
création des Centres Hospitaliers et Universitaires.
Celle-ci, en instituant une
superposition des fonctions d'enseignement et de soins, sous-entendait
l'existence ou l'instauration d'une articulation souple mais étroite des locaux
universitaires et hospitaliers. A Nancy, la presque contiguïté des bâtiments de
la Faculté de Médecine avec les principaux bâtiments hospitaliers (Hôpital Central,
Hôpital Marin, Centre anti-cancéreux, Hospice Saint-Julien) réalisait déjà ces
conditions depuis le début du siècle.
La construction d'un
établissement éloigné de la Faculté et devant accueillir la plupart des
services médicaux, allait compromettre cette situation privilégiée qui offrait
au corps médical hospitalo-universitaire des facilités pour remplir ses diverses
fonctions.
Le Doyen PARISOT, appelé à
siéger à la Commission Administrative du C.H.R. de
Nancy d'Octobre 1958 à Juillet 1959, au sein de laquelle il assura même la
vice-présidence, était farouchement opposé à l'éloignement des services
hospitaliers de clinique. Son objectif était le réaménagement de l'Hôpital
Central et son agrandissement par la construction dans son enceinte de
nouveaux bâtiments. Il avait même préconisé à un moment la surélévation des
pavillons, solution qui bien que séduisante s'avérait trop coûteuse et même
dangereuse sur le plan technique en raison de l'insuffisance de leurs
fondations. Mais il avait fini par accepter le principe de la construction de
lits nouveaux sur le Plateau de Brabois en raison de l'insuffisance de la
capacité des établissements hospitaliers urbains, étant bien précisé qu'il ne
s'agirait que de lits d'appoint, seules les constructions urbaines étant
considérées par lui comme faisant partie du C.H.U.
La Commission
Administrative était certes sensible aux préoccupations universitaires du
corps médical et notamment du Doyen PARISOT, mais par ailleurs, elle était très
désireuse de mettre en œuvre le plus rapidement possible une solution pour
pallier les carences des équipements existants. Elle chargea à cet effet deux
de ses membres l'inspecteur général des Ponts-et-Chaussées
VALENTIN et le Docteur VERAIN, pour qu'ils lui proposent un programme de travaux.
Ceux-ci élaborèrent un projet qui tentait de concilier les impératifs de la
Faculté et les besoins d'extension hospitaliers. Tout en maintenant en ville
un potentiel total de 1200 lits, tous les établissements urbains compris, il
préconisait la construction de 800 lits supplémentaires à l'extérieur.
Malheureusement, ce programme fut rejeté par la Commission Médicale
Consultative et la Faculté de Médecine, qui exigeaient que la capacité de
l'Hôpital Central fût portée à 1200 lits. Malgré l'hostilité manifestée par le
corps médical, la Commission Administrative se prononçait le 16 Janvier 1960
pour la construction immédiate d'un premier bloc de 400 lits sur le Plateau de
Brabois.
Le désaccord étant
apparemment total entre l'Administration Hospitalière et le corps médical,
malgré les essais réalisés pour concilier les points de vue, le Sénateur-Maire PINCHARD en appela à l'arbitrage du Ministre
de la Santé publique qui était alors Bernard CHENOT, pour tenter de débloquer
la situation.
Au cours d'une séance
extraordinaire de la Commission Administrative, qui se tint le 27 Février 1960,
le Ministre après avoir entendu un exposé des problèmes fait par le Sénateur-Maire et le point de vue du Doyen de la Faculté de
Médecine SIMONIN, confirma la position déjà manifestée par ses services en
1957 à propos des équipements hospitaliers nancéiens : maintien et
modernisation des installations intra-muros et construction simultanée d'un
bloc extérieur devant répondre aux impératifs de l'ordonnance du 30 Décembre 1958
instituant les C.H.U.
Par ailleurs, le Ministre
souligna qu'après dix années de discussion, il était temps pour la Commission
Administrative de passer à l'action et, rappelant l'inscription au plan
quinquennal d'un milliard et demi de F. en faveur de la construction du premier
bloc hospitalier, il l'invita à présenter le plus vite possible à ses services
un programme afin de ne pas perdre le bénéfice immédiat de cette subvention
par de nouveaux et inutiles atermoiements.