1909-2002
Extrait de " Les
sciences physiologiques et physico-chimiques " par P. ARNOULD
Depuis 1934, l'agrégé de
chimie était le Docteur René Wolff, qui ne put
accéder au Professorat qu'en 1945. Sous son impulsion, le laboratoire reprit
rapidement une activité scientifique importante, malgré les difficultés nées
de la guerre. Il fut aidé pour l'enseignement par le Professeur agrégé Louis Desgrez (de 1946 à 1950).
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ELOGE DE L'ACADEMIE DE MEDECINE par E. BAULIEU
Pierre Desgrez
était programmé pour le beau parcours de sa vie. Fièrement modeste, c'était un
excellent chimiste au service de la médecine - du soin des autres, un homme qui
savait aimer et était aimé.
Son père, Alexandre Desgrez illustra l'aspect chimique, moléculaire de la
physiopathologie dans la chaire de Chimie de la Faculté de médecine de Paris.
Epris lui aussi du souci de précision, qualitative et quantitative, Pierre Desgrez fut d'abord pharmacien, avant d'entreprendre des
études de médecine et d'être agrégé de biochimie en 1950 auprès du Professeur
Michel Polonovski. Celui-ci offrit à l'enseignement
médical de notre pays les concepts et les applications du foisonnement
incroyable de découvertes des années 30 et 40, expliquant les métabolismes
organiques, leurs enzymes, les « cycles », les régulations. Pierre Desgrez était émerveillé de cette transition scientifique,
dynamisant les descriptions analytiques antérieures. Il y contribua de
plusieurs façons que l'on retrouvera en particulier dans l'exposé fait à notre
Académie sur l'AMP cyclique.
Quand, à la suite de
l'horrible accident de 1954, Max-Fernand Jayle succéda à Michel Polonovski,
Pierre Desgrez devint son indispensable associé,
l'aida considérablement à gérer la lourde responsabilité de la Chaire de
Biochimie, et s'intéressa au domaine des hormones dont mon Maître était le
leader incontesté. Il fut passionné par les effets de ces molécules
informatives dont les très faibles quantités influencent fondamentalement
toutes les réactions de l'organisme. Nous voisinions, en grande et amicale
intimité, au 45 de la rue des Saints-Pères, le patron
nous ayant défini à chacun un champ d'action préférentiel, pour Pierre Desgrez celui des corticoïdes. Celui-ci mit au point des
dosages et des épreuves fonctionnelles - en particulier radio-immunologiques,
qui portaient la double marque de sa rigueur et de son élégance.
Quand l'enseignement fut
réparti dans plusieurs facultés, Pierre Desgrez, chef
de service à La Salpêtrière continua dans le même domaine avec J.C. Legrand en particulier, et il s'intéressa plus
particulièrement à l'aldostérone, sa biosynthèse, son métabolisme et la
pathologie qui y réfère.
Pierre Desgrez
fut un homme droit et équilibré, qui contribua à l'importante influence de
notre Académie aux questions de santé, en s'impliquant dans la gestion
scientifique du thermalisme français. Sa réelle et très naturelle bonté lui
permettait un jugement sûr, une sorte de moralité scientifique heureuse dont
son entourage reconnaissant pouvait profiter. On peut lire sur son visage cette
grande qualité, que l'on retrouve physiquement et mentalement chez les plus
proches de sa famille, à qui l'Académie de Médecine peut être fière d'avoir été
associée plusieurs fois.