1920-2014
Notre collègue et ami Jacques Lacoste aurait atteint sa quatre-vingt quatorzième année le 12 octobre 2014 mais s'est éteint au mois de juillet, comme m'en a averti son épouse. Nous étions très liés d'une vieille amitié, étant issus de la même promotion de concours d'agrégation de l'année 1961. Nous nous étions côtoyés tant par la proximité de nos disciplines, la physiologie humaine et la médecine expérimentale que par le partage de missions marocaines et ultérieurement de lieux de vacances situés sur le rivage atlantique.
Jacques Lacoste a eu une carrière universitaire brillante mais tardive. Né à Dax en 1920, il était un Béarnais d'expression et de faconde, et avait effectué ses études médicales à Bordeaux avant de parcourir, en tant que patient d'abord, puis de médecin, le cheminement parallèle des étudiants affectés dès le début de leurs études, en une période de conflit et de restrictions alimentaires, par une tuberculose pulmonaire traitée notamment par pneumothorax. Son épouse Camille devait suivre un cheminement identique, ce qui ne devait pas empêcher leur couple de donner naissance à six enfants.
Il devait donc accomplir une première carrière de médecin phtisiologue des services publics, après son succès en 1949 au concours national, à Aubure (en Alsace) tout d'abord puis surtout à Clairvivre (en Dordogne) jusqu'en 1958, date à laquelle il avait été remarqué par le Professeur Paul Sadoul en raison de sa créativité et de ses compétences techniques dans le domaine de l'exploration fonctionnelle respiratoire. Il avait en effet soutenu un thèse de sciences naturelles cette même année devant l'Université parisienne, aboutissement de recherches méthodologiques et technologiques faisant intervenir mécanique et électronique, fluidique, hygrométrie, viscosimétrie, manométrie, ce qui devait le conduire à mettre au point divers capteurs ultra-sensibles. Je me souviens de son capteur infra-rouge permettant d'apprécier l'anhydride carbonique respiratoire, ce qui m'avait conforté dans mon appréciation de l'origine anthropique du réchauffement climatique de notre atmosphère, à l'époque où celui-ci était encore contesté par certains milieux scientifiques.
Son premier poste nancéien universitaire, occupé en 1959, avait été celui d'assistant de médecine expérimentale, préalable à son inscription en 1960 sur la liste d'aptitude de chef de travaux, avant d'être délégué dans les fonctions de maître de conférences de médecine expérimentale puis titularisé dans cette fonction après son succès au concours d'agrégation de 1961. Ce cursus intervenant au moment de la mise en place de la réforme hospitalo-universitaire préconisée par le Professeur Robert Debré, ses activités hospitalières durent attendre trois ans sa nomination en tant que biologiste des hôpitaux, avant de devenir chef de service d'explorations fonctionnelles respiratoires après ouverture du laboratoire correspondant au niveau du nouvel hôpital de Brabois, après avoir exercé ses talents dans les locaux plus rustiques du rez-de-chaussée de l'Hôpital Maringer.
Nous fûmes à partir de ce moment, voisins et très proches, et je devins admiratif de l'organisation de son laboratoire, et de sa connaissance précoce et remarquable des processus informatiques. La pré-programmation de ses réponses à ses correspondants médicaux lui adressant des patients m'avait impressionné, en lui permettant de confier au malade, lorsque cela était éthiquement possible, la lettre explicitant ses résultats et son état, au moment de le quitter.
Il avait un véritable talent de conteur et dessinait à merveille. Ses traits à la plume savaient saisir l'événement et notamment lors de ses séjours pédagogiques au Maroc, que nous avons aussi partagés. J'ai déjà eu la possibilité d'évoquer ces aspects très plaisants de sa personnalité lors de l'hommage rendu l'an passé au Docteur Benhima, responsable avec le Doyen Antoine Beau de l'intense collaboration de notre faculté avec les autorités médicales chérifiennes. Au-delà des tâches assumées avec ses collègues, Jacques Lacoste avait organisé au bénéfice des étudiants nancéiens des séjours d'exercice pratique tant dans les hôpitaux marocains que dans le bled auprès de praticiens généralistes. Ces jeunes - qui atteignent aujourd'hui l'âge de la retraite – gardent de cette formation sur le terrain le meilleur souvenir.
Nous gardons un souvenir affectueux de ce collègue et ami et adressons à son épouse et à ses enfants l'expression de notre profonde sympathie.
Pr M. BOULANGE
- Thèse de Médecine : 1947 à
Bordeaux
- Phtisiologue des Services
Publics (Concours national 1949, Paris)
- Thèse ès-Sciences
(Physiologie) : 1958, Paris (Sorbonne)
- Agrégation (Médecine
Expérimentale) : 1961
- Chef de Service
- Professeur titulaire de Chaire
I - SPECIALITES
- hospitalières : Physiopathologie respiratoire
Examens de la Fonction
Respiratoire, Consultations informatisées (clinique 6500 cons./an
en 1990 et laboratoire : 24h/24, toute l'année), Scintigraphie fonctionnelle
originale des échanges pulmonaires (Xénon) en coll. avec le Service de Médecine
Nucléaire du CHU Brabois, etc.
- universitaires : Enseignement de Physio-pathologie
Générale (Nancy, Rabat etc.) Participation aux enseignements de Pneumologie, d'Anesthésie-réanimation chirurgicale, etc.
II - RECHERCHE
- Expérimentation appareillage spiro-circulatoire
(modèles, animal, homme),
- Viscosité des fluides non-newtoniens,
- Respirateurs pour adulte, nourrisson,...
- Génie bio-médical (conception, réalisation
matériel médical piloté par ordinateur),...
III - PASSE-TEMPS FAVORIS
Dessin, peinture, aquarelle
(Université d'Aix-Marseille).
Photo, Electronique,
Informatique, Musique classique.
Lecture, rédaction, Voyages