1897-1960
Né en 1897, à Chalonnes-sur-Loire, fils d'un médecin, Paul MEIGNANT fit ses études au Lycée d'Angers.
Mobilisé en 1914, à 17 ans, il fut emprisonné en Allemagne où il connut la cellule et les camps avec le
Doyen CRESSOT et d'autres étudiants.
Puis il fut interné en Suisse en 1916, c'est pourquoi il commença le PCN
helvétique à Lausanne et la première année d'une scolarité orientée
vers la neurologie et la psychiatrie, à
Genève.
De retour à Paris, il poursuivit ses
études de Médecine sous la direction de Maitres tels que COYON,
COURCOUX, Clovis VINCENT et HEUYER.
Il prépara et obtint successivement l'Internat des Hôpitaux de Paris et le Clinicat des maladies mentales chez
le Professeur CLAUDE, puis il fut reçu premier au médicat des Hôpitaux psychiatriques.
C'est en 1927, qu'il passa sa thèse à Paris, thèse de neurologie sur « Le réflexe de flexion
dorsale directe du pied », en
hommage à son père et à son Maitre Henri CLAUDE, Professeur de Clinique
de maladie mentale et médecin de l'Asile
Sainte-Anne. Jusqu'en 1930, il fut, pendant sept années, le collaborateur du Professeur NOBECOURT,
pédiatre, dans l'atmosphère de
l'Ecole Normale Supérieure de la rue d'Ulm.
En 1930, il partit pour Nancy, où il n'entama pas de carrière universitaire, bien qu'il fut chargé de cours à la Faculté.
Pour résumer cette formation, Paul MEIGNANT, qui sera plus tard avec LAFON de Montpellier, KOHLER de Lyon, un des chefs
de file de la neuropsychiatrie infantile d'après-guerre, a bien caractérisé l'image de la neuropsychiatrie infantile selon HEUYER qui écrivit : « Dans ce domaine scientifique d'un vaste
avenir, notre pays a gardé un rôle
d'initiative et il est nécessaire que la neuropsychiatrie infantile ne s'égare pas dans la considération verbale et théorique. Elle doit garder un contact
étroit avec la pédiatrie, branche de
la médecine générale, et avec la psychiatrie,
épanouissement de la médecine. »
PAUL MEIGNANT A NANCY
Installé en 1930, comme premier psychiatre de l'adulte et de l'enfant en pratique privée, il fut consultant
de neuropsychiatrie à la maternité
départementale et à la SNCF, mais son
action ne s'arrêta pas là comme en témoigne son éloge funéraire par LAFON : « Je suis une force qui va »...rien ne
peut mieux décrire l'Homme et son
œuvre pris dans un même dynamisme. Ainsi était MEIGNANT, exemple d'action
fondée sur le labeur et l'amitié.
Interne
des Hôpitaux de Paris, il passa sa thèse en 1927, devint Chef de Clinique à la Faculté de Médecine
de Paris, Médecin des Hôpitaux
psychiatriques, rapporteur au Congrès des
aliénistes et neurologistes des pays de langue française, directeur
technique de la section d'hygiène mentale de l'Office d'Hygiène Sociale de Meurthe et Moselle, Médecin de l'Hôpital-Hospice d'enfants J. B. Thiéry
à Maxéville consultant de neuro-psychiatrie à
la SNCF, chargé de cours à la Faculté de Médecine de Nancy.
Ces quelques titres ou fonctions
marquent les activités et la valeur de Paul MEIGNANT ; il aurait pu se
consacrer entièrement à ces dernières et y trouver de nombreuses satisfactions.
Mais il avait eu, parmi ses maîtres éminents, le professeur HEUYER, et avait
ressenti comme lui la détresse de la jeunesse déficiente et en danger moral. La
région de Nancy où il exerçait allait lui donner un vaste champ d’actions
à la mesure de ses moyens et lui permettre d’y laisser s’épanouir toute sa
personnalité.
Le 2 juin 1944, il fonda
l’Association lorraine pour la Défense de l’enfance et de l’adolescence, l’ALSEA.
Il en resta, depuis et pour toujours, le
président vénéré. Dès lors, il n’y eut se bon travail régional, national et
international pour la sauvegarde de l’enfance et de l’adolescence, où MEIGNANT
ne fut un participant écouté et admiré, envié, car il sut très tôt trouver
l’équipe de direction, stimuler les énergies et faire de la Lorraine une région
pilote et modèle pour la sauvegarde de l’enfance.
Les adjectifs ne manquent pas
pour qualifier l’homme : modeste, discret, cultivé, d’une grande finesse
d’esprit, acceptant le travail difficile et pénible, sage, diplomate… « une force qui va », un grand pionnier.
Chargé de consultations à l’hygiène mental à Nancy par la conseil général, il accumula une expérience de neuro-psychiatre à l’institut J.B. Thierry, dès 1932, sous la direction du professeur CAUSSADE, puis du professeur NEIMANN. De l’Institut J.B. Thierrry, au départ maison d’accueil pour teigneux, galeux, arriérés, le docteur MEIGNANT avec le professeur CAUSSADE, grand pédiatre, universitaire, hospitalier et homme social, fit une maison pour maladies pédiatriques de longue durée, surtout en créant une clinique de 200 lits en 1937.
Mais à lui, et à lui seul, revient le mérite de l'évolution psychiatrique et médico-pédagogique de l'Institut J.B. Thiéry, qui devint une maison pour polyhandicapés - ce qu'elle n'est plus actuellement -.
Cette charge de consultant d'hygiène mentale, il la dut à une
grande activité en faveur de l'enfance inadaptée qu'il inscrivit au sein de l'admirable organisation de la médecine collective de l'Office d'Hygiène Sociale (DHS),
créée par le Professeur PARISOT en 1920, à Nancy, grâce à la mise en place du Dispensaire d'Hygiène Mentale en 1935 (DHM),
réalisation pilote qui, vingt ans plus tard,
restait encore essentielle.
En 1953 en effet, dans la revue Sauvegarde, MEIGNANT n'hésita pas à dire « Ce DHM est la seule solution viable. Les consultations privées ou celles des Associations Régionales de Sauvegarde de l'Enfance et de l'Adolescence (ARSEA) ont vécu, car la DHM est au service de tous parents, œuvres de sauvegarde, services de justice, examens et inspection scolaire. Le ministère de la Santé Publique et de la Population lui donnent raison en admettant que ces consultations, dans la mesure où elles n'existaient pas encore, annexées à des cliniques ou des services d'hôpitaux, devaient être intégrées dans les DHS... »
Sa fonction de psychiatre social, MEIGNANT la vécut en deux époques
l'une, prolongement de l'enseignement du Professeur HEUYER avec pour centre d'intérêt la délinquance juvénile,
l'autre, plus avant-gardiste avec des créations expérimentales - DHM en 1935,
Comité Nancéien de Protection de
l'Enfance (CNPE) en 1936, Centre
observation Louis SADOUL en 1943 et
Association Lorraine de Sauvegarde de l'Enfance et de l'Adolescence (ALSEA)
en 1943 - toujours en avance sur les textes
de création ministériels.
D'ailleurs, les vingt dernières années de sa vie, Paul MEIGNANT fut au sommet de son œuvre, grâce à la
création en 1943 avec M. ROUSSELET
de l'ALSEA dont il assuma la
présidence jusqu'à sa mort survenue en 1960. Pour cette œuvre, il se
dépensa sans compter, surveillant constamment le
fonctionnement des organismes qui en émanaient - et ils sont nombreux - intervenant sans cesse auprès des ministères pour
rendre compte des subventions, etc..., stimulant l'énergie de ses
collaborateurs et notant avec joie, les créations nouvelles et les progrès accomplis.
Après avoir mis en place les
premières expertises nécessitant une collaboration psychiatres-juristes et
après avoir été un Directeur Technique du DHM,
un médecin responsable de l'Hôpital J. B. Thiéry,
un gestionnaire promoteur (créateur d'un Centre médico-pédagogique,
d'une ébauche de psychiatrie de liaison,
d'un système polyvalent de l'ALSEA), il participa avec M. VOIRIN, instituteur directeur du Centre Louis SADOUL (jusqu'en 1956), inspecteur
de l'Education Surveillée, puis Directeur
de l'École des Éducateurs de Savigny sur Orge à la médicalisation de l'échec
scolaire.
Plus tard, en 1950, il participa à l'amélioration de la situation des vrais arriérés, déficients ou
retardés scolaires alors que
jusque-là, on avait visé seulement à améliorer celle de la condition des enfants relevant de la justice.
En 1957, il organisa une journée nationale de psychiatrie de l'enfant à la demande du groupement français
d'Étude de Neuro-Psychopathologie Infantile. Au sommaire de cette journée du 2 juin 1957, qui a été rapportée dans
les n°3-4 de mars avril 1958 de la
Revue de Neuropsychiatrie Infantile (patronnée
par un Comité auquel appartenait MEIGNANT) « les réactions d'opposition chez l'enfant et l'adolescent ».
L'architecte, malheureusement, ne voit pas toujours son œuvre achevée et, à sa mort en 1960, celle-ci fut
poursuivie par ses fidèles
collaborateurs :
le
Professeur P. TRIDON, pédopsychiatre qui lui succéda en 1960 à J. B. Thiry
M. ROUSSELET, Président
successeur à l'ALSEA.