` sommaire

Médecins avec une rue à leur nom à Nancy

Extraits du DICTIONNAIRE DES RUES DE NANCY

( Ed. Jean-Marie Cuny – Jean de Cousance Editeur)

MEDECINS PROFESSEURS

Docteur Bernheim (rue du)

De l'avenue de la Garenne à l'avenue du Général Leclerc.

Comme pour l'art et l'architecture, il y eut une « Ecole de Nancy » pour la médecine, traitant de psycho-physiologie. Ce courant fut fondé par le docteur Bernheim.

Hippolyte Bernheim (1840-1919) était professeur agrégé de médecine à la Faculté de Strasbourg au moment de la Guerre de 1870. Il se réfugie à Nancy, où la Faculté de M édecine s'était repliée. En 1878, il occupe la chaire de Clinique médicale, où il devait briller dans sa tâche d'enseignant et de thérapeute. Il s'intéresse particulièrement au travail du docteur Liébeault, médecin généraliste de quartier, alors très contesté dans le milieu médical car adepte du magnétisme, de l'hypnose et de la suggestion dans un but thérapeutique. Sur les bases des résultats de Liébeault, Bernheim établit un dossier scientifique sur la psychothérapie naissante et donne plusieurs ouvrages sur le sujet. En 1886, il publie De la suggestion et de ses applications à la thérapeutique et en 1851, Hypnotisme, suggestion, psychothérapie. De passage à Nancy afin de connaître ce que l'on nommait « l'Ecole de Nancy », en opposition à celle de la Salpêtrière, influencée par le docteur Charcot (1825-1893), Freud devait reconnaître Bernheim comme le père de la médecine psychosomatique.

En 1934, on donna à cette rue particulière du quartier de la Garenne, le nom au docteur Bernheim.

Pierre Chalnot (rue)

De la rue Gabriel Mouilleron à la rue de la Commanderie.

Professeur de médecine, Pierre Chalnot (1903-1982) fut en France l'un des pionniers de la chirurgie thoracique et cardiaque. Il soutient sa thèse de doctorat en médecine à Besançon en 1931 et passe l'agrégation en chirurgie en 1933. Il arrive à Nancy en 1937, où il effectuera toute sa carrière. Chirurgien de grande réputation, il pratique la chirurgie intra-thoracique et oesophagienne, la chirurgie cardiaque à cœur ouvert dès 1950, la chirurgie vasculaire, la chirurgie du cancer. Le professeur Chalnot était également un enseignant compétent, discutant volontiers avec ses étudiants. Lorsqu'il prit sa retraite en 1974, Pierre Chalnot avait pratiqué cinquante mille interventions chirurgicales.

La rue a été dénommée le 7 mars 1988.

Docteur Heydenreich (avenue du)

De l'avenue de Lattre de Tassigny à la Maternité Régionale.

Edmond-Albert Heydenreich (1849-1898), né à Strasbourg, fait ses études de médecine dans sa ville et opte pour la France, lors de l'annexion au Reich allemand en 1871. Il reprend alors ses études à Paris pour devenir chirurgien, et obtient un poste à Nancy en 1879. Le docteur Heydenreich devient titulaire de la chaire de pathologie externe et de chirurgie, gravit différents échelons et sera élu doyen de la Faculté de Médecine durant trois mandats successifs. Ce chirurgien consciencieux fut, à quarante-huit ans, contaminé par un patient atteint de maladie infectieuse. Il devait s'effondrer en 1898, victime du devoir professionnel. Il publia des Mélanges de clinique chirurgicale (1881) et un ouvrage sur la Thérapeutique chirurgicale contemporaine (1888). Se sachant condamné, il continua pourtant à travailler jusqu'à la limite de ses forces.

Cette avenue, menant à la Maternité regionale Adolphe Pinard, fut ouverte dans la propriété des Missions Royales fondées par Stanislas, et dont le bâtiment principal se situe à l'angle de l'avenue de Lattre de Tassigny.

MEDECINS NON PROFESSEURS

Docteur Achille Lévy (rue du)

De l'avenue de Strasbourg à la place Provençal.

Achille Lévy (1868-1943) est né à Faulquemont. Sa famille quitte la Lorraine annexée en 1871. Le jeune Lévy est étudiant à la Faculté de Médecine de Nancy, où il passe son doctorat. Installé dans le quartier de Bonsecours, son dévouement auprès des malades sera sans bornes. Il accepte le poste de médecin de l'Assistance Publique, et connaît alors les situations difficiles des plus démunis. Il s'occupe de médecine infantile puis étend son action à la médecine du travail, auprès des ouvriers des usines de tissages et filatures du secteur de Bonsecours. Médecin des pauvres, attaché à son quartier et à ses habitants, surnommé par eux « le bon docteur Lévy », il décède en 1943 dans sa maison du 175, avenue de Strasbourg.

On a donné le nom du docteur Lévy à la rue en 1946.

Docteur Bleicher (rue du)

De la rue Albin Haller à l'avenue de la Libération.

Gustave Bleicher (1838-1901), né à Colmar, fit ses études de médecine et de pharmacie à l'hôpital du Val-de-Grâce à Paris. En 1876, il est nommé médecin-major de première classe au service de Santé militaire. Outre son métier, il se passionne alors pour la nature et devient herboriste éminent. Il publia le Guide du géologue en Lorraine (1887) et le Guide pour les recherches archéologiques de l'Est de la France (1896). Ayant quitté l'armée, il est nommé, à Nancy, professeur d'Histoire naturelle à l'Ecole supérieure de pharmacie dont il deviendra le directeur. En 1900, il est placé à la tête du Conseil Supérieur de l'Instruction Publique. Considéré par tous comme un parfait honnête homme, bienveillant, digne et charitable, à l'esprit curieux, toujours en éveil, Gustave Bleicher devait pourtant connaître une fin tragique. Alors qu'il occupe son bureau à l'Ecole supérieure de pharmacie, il est assassiné par un individu exalté, et meurt sous les coups répétés du fou-furieux.

Son nom a été donné à cette rue en 1929, clans le lotissement créé à l'intérieur du parc du château de Monbois. Au dix-huitième siècle, cette propriété appartenait à François Thibault, procureur général de Lorraine et jurisconsulte.

Docteur Friot (rue du)

De l'avenue de Boufflers à la rue Léonard Bourier.

Albert Friot (1854-1905) est né à Nancy. Après ses études au lycée Henri Poincaré, il passe sa licence es sciences naturelles puis s'oriente vers la médecine. Médecin réputé à Nancy, le docteur Friot se lance dans la politique. Il est élu conseiller municipal en 1896, puis premier adjoint au maire en 1900, occupant le poste de délégué des services de la police municipale et de l'hygiène publique. Médecin du bureau de bienfaisance et de la Commission des logements insalubres, Albert Friot s'intéresse particulièrement aux questions humanitaires et devient un mutualiste actif et convaincu. Mais cette figure nancéienne de la charité se passionne aussi pour l'histoire lorraine, puisqu'il sera président de l'Académie de Stanislas en 1904 et 1905. Il publie d'ailleurs dans les Mémoires de l'Académie, une étude historique sur la Mutualité à Nancy (1902-1903). Victime d'une attaque cérébrale, il meurt à l'âge de cinquante et un ans.

On donna son nom en 1929 à une rue créée dans le lotissement de Viray, construit sur l'ancien domaine de Buthemémont.

Docteur Grandjean (rue du)

De la rue Oberlin à la rue Mac-Mahon.

Né à Amance, le docteur Eugène Grandjean (1810-1878) a exercé la médecine avec dévouement à Nancy, où il était également conseiller municipal. Il est considéré comme un bienfaiteur de la ville en raison de son inépuisable charité et de son indéfectible dévouement en tant que président de la Société de Prévoyance. Dès la mort de ce médecin des pauvres, en 1878, les habitants ont demandé avec insistance que son nom soit donné à une rue de Nancy.

On donna le nom du docteur Grandjean en 1900 à cette rue spécifique du quartier dit des Cités Agricoles, où chaque logement possédait son propre jardin.

Docteur Liébeault (rue du)

De la rue de l'abbé Grégoire à la rue de Nabécor.

Ambroise-Auguste Liébeault (1823-1904) naquit à Favières. Dès le début de ses études de médecine, Liébeault s'intéressa aux phénomènes d'hypnotisme, qui connaissaient alors une grande vogue à Paris dans

les milieux scientifiques. Après avoir exercé pendant une dizaine d'années à Pont-Saint-Vincent, Ambroise Liébeault installe son cabinet à Nancy où il exerce avec succès la pratique des passes magnétiques, l'hypnose et la suggestion. Il ne tarda pas à taire d'importantes découvertes, qui le mirent en contradiction avec l'Ecole de la Salpêtrière. Mais le bien-fondé de ses théories fut reconnu officiellement après de nombreuses oppositions. Améliorant sans cesse ses connaissances, Liébeault appliqua de plus en plus la suggestion à la thérapeutique. Sigmund Freud se préoccupa des méthodes du docteur-guérisseur et de ses disciples formant alors ce que l'on appelait « l'Ecole de Nancy », qui regroupait les pionniers de la médecine psychosomatique. Parmi les œuvres foncières du Dr Liébeault, il faut citer Du sommeil et des états analogues (1866), Ebauche de psychologie (1874), Le sommeil provoqué et les états analogues (1889) et Thérapeutique suggestive (1891). Malgré ses succès, il resta toujours tin médecin modeste, peu enclin à rechercher les honneurs officiels.

On donna le nom du Docteur Liébeault à l'ancien chemin de Bellevue, où il résidait au numéro 4.

Docteur Lionel-Pellerin (place du)

Au carrefour du boulevard d'Haussonville et de la rue du Cardinal Mathieu.

Jean-Marie Lionel-Pellerin (1901-1954) est né à Nancy d'une vieille famille lorraine, originaire du Toulois. Après ses études, il pratique quelque temps le métier de chirurgien-dentiste, puis se tourne vers la médecine. En 1939, il est mobilisé comme médecin-chef dans la Marine. Après l'armistice, il prend contact avec le général de Gaulle à Londres. Muté à l'Amirauté française, il a accès à des renseignements militaires confidentiels et devient alors l'informateur des Services Secrets de Londres. Avec le général Frère (1891-1944) et le colonel Raynal, il constitue un réseau secret d'information et de résistance. A la Libération, Lionel-Pellerin entame une brillante carrière politique. Il devient responsable du Rassemblement du Peuple français pour la Meurthe-et-Moselle et en 1947, à une forte majorité, il est élu maire de Nancy, puis sénateur de Meurthe-et-Moselle. Sous son mandat, il reçoit le général de Gaulle (1948), sir Winston Churchill (1950), et Otto de Lorraine-Habsbourg, qui choisit la ville ducale pour son mariage avec la princesse Regina de Saxe-Meiningen (10 mai 1951). Jean-Marie Lionel-Pellerin devait décéder subitement à son domicile en 1954.

En 1955, la ville de Nancy donne son nom à la placette créée en 1922 à l'emplacement du marché d'Haussonville, dans le quartier de la Chiennerie.

Docteur Louis Michel (rue du)

De la place Provençal au square Frédéric Schertzer.

Ce sont les habitants qui ont demandé à ce que l'on donne le nom du docteur Michel à une rue de leur quartier Saint-Pierre. Tout comme Achille Lévy, Louis Michel (1876-1964) était un médecin dévoué et un bienfaiteur pour les pauvres gens. Né à Limoges, ce fils d'officier arrive à Nancy en 1885 et entreprend alors des études à la Faculté de médecine. Grâce à ses résultats brillants, Louis Michel pouvait envisager un poste important en milieu hospitalier et dans l'enseignement universitaire, mais il préféra se consacrer à la médecine générale et s'installer dans le quartier Saint-Pierre. Il conçoit son métier comme un sacerdoce, apportant son aide aux plus démunis, aux Petites Sœurs des Pauvres implantées dans sa rue, aux congrégations religieuses et aux nombreux vieillards sans ressources. Apprécié pour sa douceur, sa parfaite honnêteté et sa charité, il mourut comme il avait vécu, discrètement, à son domicile au n° 232 de l'avenue de Strasbourg.

En 1970, on donna son nom à la ruelle de la Madeleine.

Docteur Schmitt (rue du)

De la rue Saint-Nicolas à la rue Saint-Didier.

François-Camille Antoine Schmitt (1876-1957) est né à Sarreguemines. Après l'annexion, sa famille vient s'installer à Nancy. Il fait ses études au lycée Poincaré, à la Faculté de médecine et, en 1902, se lance dans la profession médicale. Lors de la Première Guerre mondiale, Schmitt est engagé avec le grade de capitaine et combat notamment au Chemin des Dames. De retour à Nancy, il est élu premier adjoint en 1919 et réélu dans cette fonction en 1925, charge qu'il assume sans abandonner pour autant la médecine. Elu maire en 1933, il est toujours en poste lors de la déclaration de guerre, alors même que Nancy se retrouve ville occupée en zone interdite. Maintenu officiellement maire, il remplit ses fonctions en s'efforçant de sauvegarder les intérêts de ses concitoyens. Grâce à son intervention énergique auprès des autorités d'occupation, il a pu sauver la vie de quatre jeunes gens condamnés à mort pour faits de résistance. A la Libération, la municipalité est remplacée par un comité provisoire de gestion présidé par Jean Prouvé (1945-1946). Camille Schmitt, réélu conseiller municipal en 1953, décède à Nancy.

Son nom fut donné à une nouvelle rue, ouverte en 1958.