PLAN et PREFACE
PARTIE I
: LA GUERRE
I-1 :
NANCY PENDANT LES PREMIERS MOIS DE LA GUERRE
I-2 :
LA GUERRE EN LORRAINE
I-3 :
LA VIE A NANCY
I-4 :
LES BOMBARDEMENTS DE NANCY
I-5 :
LES ÉVACUATIONS
PARTIE II
: LES HÔPITAUX ET LA FACULTÉ DE MÉDECINE.
II-1 :
L’HÔPITAL ET LA FACULTÉ À LA VEILLE
DE LA GUERRE
1) L’hôpital civil
A) L'avant-projet Tourdes
B) L'évolution de l'hôpital
2) Les autres hôpitaux de la ville
A) L’Institut d’anatomie
B) La Faculté, rue Lionnois
4) L’enseignement
A) Les études
B) Le corps enseignant
II-2 :
L’ADAPTATION À LA SITUATION DE GUERRE
1) Les hôpitaux
A) L’hôpital militaire Sédillot
B) Les hôpitaux d’origine civile
du temps de guerre
C) L’hôpital civil
D) Les autres hôpitaux civils
E) Les formations sanitaires annexes
2) Le personnel hospitalier
A) Le corps médical et enseignant, ses grades, ses affectations
B) Le personnel soignant
3) La mise à l’épreuve
II-3 :
L’ÉTAT DE GUERRE
1) Les hôpitaux militaires
A) Les centres de spécialité
B) La convention entre les Hospices civils et le Service de santé militaire
3) Les soins aux populations
civiles et militaires
A) La fermeture de l’hôpital Sédillot
B) Les épidémies
4) L’Ecole de rééducation
5) Les autorités et les Hospices
II-4 :
L’ENSEIGNEMENT MÉDICAL
1) La Faculté «civile»
2) La Faculté «militaire»
3) Le cursus médical
4) La population étudiante
5) L’activité de la Société de Médecine de
Nancy
A) Les origines
B) La Revue médicale de l’Est
6) Les travaux de la Société de Médecine pendant la guerre
A) Les enseignements de la guerre
B) L’émergence de nouvelles
disciplines
7) Les publications générées par
le conflit
8) Les thèses de doctorat en
médecine
II-5 :
LA FIN DU CONFLIT
1) La reprise des enseignements
2) Les thèses soutenues en 1919
3) La question des agrégés
4) Le retour à l’activité de
paix
PARTIE III
: L’ÉCOLE SUPÉRIEURE DE
PHARMACIE
III-1 :
DE STRASBOURG A NANCY
1) L’Ecole supérieure de Pharmacie de
Strasbourg et le drame de 1870
2) L’Ecole supérieure de Pharmacie jusqu’en
1914
A) La situation de 1872 à 1914
C) Le laboratoire de pharmacie industrielle
D) L’enseignement pharmaceutique durant l’année scolaire 1913-1914
III-2 :
LA MOBILISATION
1) La mobilisation du personnel
enseignant
2) La mobilisation des étudiants
III-3 :
LES ANNÉES DE GUERRE
1) L’enseignement durant la guerre
A) Les enseignants
B) Les élèves
2) L’Ecole et l’Armée
A) La participation à l’effort de guerre
B) Les travaux au profit de la défense nationale
C) Les collations des grades et les associations
3) La collaboration scientifique
entre Médecine et Pharmacie de 1914 à 1918
IV-1 :
LA FACULTÉ DE MÉDECINE APRÈS LA GUERRE
1) La reconnaissance de la
Nation
A) Le personnel médical victime de son devoir
B) Les honneurs individuels
C) Les honneurs à la Faculté et aux Hospices
D) Le bas-relief du sculpteur Jules Carl et la commémoration du souvenir
2) La nouvelle Faculté de
Strasbourg et le départ d’enseignants nancéiens
IV-2 :
L’ÉCOLE DE PHARMACIE APRÈS LA GUERRE
1) La reconnaissance de la
Nation
2) Nancy ou Strasbourg ?
3) L’érection des Ecoles de
Pharmacie au rang de Facultés
CONCLUSION
ANNEXES
ANNEXE I : L’article du
professeur Favrel sur l’emploi des gaz par les Allemands
ANNEXE II : La célèbre
canne, dite «anglaise», bien qu’ayant été présentée à Nancy...
ANNEXE III : Discours du
docteur Georges à propos des internes de Nancy morts au combat
ANNEXE IV : Marcel Royer et
son carnet de guerre
ANNEXE V : «L’épineuse»
question de la reconstitution de l’Ecole supérieure de Pharmacie de Strasbourg
ANNEXE VI : Le masque à gaz
français M2
PREFACE du Pr. Jacques ROLAND
Ancien Doyen de la Faculté de Médecine de Nancy
Au cœur des manifestations et des publications qui
commémorent la Grande Guerre, Pierre Labrude, Bernard
Legras, Laetizia Mezzaroba et Christophe Richard se sont penchés sur le rôle
des services de santé nancéiens, pendant ce cruel conflit. Leur ouvrage prend
une place particulière et originale dans le flot des témoignages, des bilans,
des enseignements qui traitent de ce conflit majeur et pour plusieurs
importantes raisons.
Place particulière d’abord parce que «l’action» se
passe à Nancy. Cette cité, ancienne capitale des ducs de la Lorraine régnants
sur un état indépendant, a un passé
brillant, mais l’annexion française au XVIIIe siècle la réduisit à une ville de
moyenne importance. C’est paradoxalement une défaite française, celle de 1870,
qui lui rendit une partie de sa grandeur ancienne. Elle était devenue un
avant-poste face à la nouvelle frontière avec l’Allemagne, située à une
trentaine de kilomètres. Il y eut donc militarisation, plusieurs régiments y
furent affectés. Mais surtout elle a bénéficié de l’arrivée de nombreux Alsaciens,
et pas n’importe lesquels : c’étaient ceux, patriotes français, et
industrieux qui avaient eu le courage de fuir l’occupation allemande. Parmi eux
il y avait de nombreux ouvriers, artisans, industriels, enseignants, artistes
qui apportèrent leur énergie et leur détermination. Tous ces facteurs
engendrèrent un essor industriel, intellectuel et artistique de la région de
Nancy. La fameuse école de Nancy et l’Art Nouveau en sont le reflet, toute
l’Europe en fut alors imprégnée jusqu’à la Russie.
Cet ouvrage a
aussi une place particulière du fait de ses acteurs, les professionnels de
santé, spécialement les médecins et les pharmaciens. Plus encore que le reste
de la population nancéienne, leur sociologie avait été bouleversée par les
conséquences de la guerre de 1870. C’est ainsi que la Faculté de médecine de
Strasbourg avait été transférée à Nancy, grâce à Adolphe Thiers, qui rendait
ainsi à la ville ducale une Faculté que la Révolution avait supprimée. Pour
bien faire comprendre l’état d’esprit des médecins strasbourgeois en 1870,
c’est 21 de leurs professeurs sur 22 qui avaient, en effet, décidé de quitter
l’Alsace pour ne pas devenir allemands. Ils avaient été accueillis avec l’appui
unanime des enseignants de l’École médicale de Nancy, école qui pourtant
disparaissait de ce fait. Ses enseignants devenaient intégrés à la nouvelle
faculté sous l’autorité du doyen Stolz ancien doyen
de Strasbourg. De la même façon s’était adjointe l’Ecole supérieure de Pharmacie
de Strasbourg qui s’individualisa en 1876. On conçoit l’état d’esprit qui
régnait dans les deux établissements avec des enseignants qui portaient encore
le deuil de la province perdue…
Nancy était
apparue aux Allemands comme une proie facile, quelques kilomètres à franchir…
et dès l’ouverture des hostilités, en présence du Kronprinz, ils déclenchèrent
une offensive pour la prendre. La bataille du Grand Couronné, conduite du côté
français par le général de Castelnau, permit de les repousser, malgré leur
supériorité numérique. Découragés, ils renoncèrent pendant toute la guerre à
réitérer une attaque dans cette zone. Mais Nancy est restée pendant la durée du
conflit très proche du front, devenant un avant-poste civil et militaire. Elle
se mit à la disposition d’une part de la population, restée là malgré
l’angoisse, les risques et les difficultés et d’autre part des soldats qui y
trouvaient des bases d’aviation, des établissements de repos, de soins, de
détente. Nancy partageait tout avec les combattants, le harcèlement des
bombardements, qu’ils soient le fait des bombardiers, des dirigeables ou des
canons lourds, et puis chaque jour la crainte d’une attaque surprise, d’une
percée de l’armée allemande. Cela dura jusqu’en 1918 qui paradoxalement fut
l’année des pires menaces. Celles-ci amenèrent à la fermeture des
établissements universitaires, dont seuls restèrent en place et en fonction les
acteurs de santé. Il faut mettre au crédit des auteurs la peinture de
l’ambiance de guerre, vécue par la trentaine de milliers de Nancéiens restés
dans leur foyer, ambiance parfaitement rendue dans la première partie de
l’ouvrage. Cela permet de saisir combien fut exemplaire le dévouement des
professionnels demeurés en poste.
L’ouvrage fait
ensuite une description minutieuse des établissements d’enseignement et de
soins, à l’orée de la guerre, qu’ils relèvent de la médecine ou de la
pharmacie. Et l’on comprend combien leur bonne organisation, leurs équipements
récents ont été précieux en ce début du conflit pour affronter les afflux de
blessés de la bataille du Grand Couronné, mais aussi leur insuffisance aux
pires moments devant le nombre des blessés, parfois amenés du champ de bataille
en charrettes à bras et qui étaient alignés pour un tri sur les pelouses de
l’Hôpital Central… L’horreur de la guerre était là, nécessitant le dévouement
permanent des individus et l’adaptation difficile des structures. Postes de
secours d’urgence, hôpitaux auxiliaires ou complémentaires se sont multipliés,
les hôpitaux civils ont consacré une part largement prédominante aux victimes
de guerre. Des associations ont pris une part importante dans les soins aux
blessés, avec parfois des zizanies qui n’ont d’égales que les dévouements de
chacune. Les congrégations religieuses n’étaient pas en reste. La triste
constatation que les conflits sont des sources de progrès techniques
indiscutables trouve une nouvelle preuve aussi à Nancy et dans la
médecine : la chirurgie de guerre, l’orthopédie, la lutte anti-infectieuse
font l’objet d’études et même de publications intéressantes. La radiologie
prend son essor. Dans ce domaine il est intéressant de citer l’exemple du professeur
Guilloz, pionnier à Nancy de la radiologie, dont les
talents de médecin et de physicien lui ont permis de mettre au point des
méthodes pour repérer et extraire des éclats d’obus, mais aussi, en patriote
qu’il était, d’inventer une méthode de repérage des avions pour aider à la
défense contre les bombardiers allemands… Il devait mourir avant la fin de la
guerre des effets des rayons X.
Les auteurs
démontrent aussi combien les effets du conflit pour la formation médicale ou
pharmaceutique sont dévastateurs. Les enseignants sont dispersés, les
professeurs titulaires sont restés en poste, mais les agrégés sont souvent
affectés à distance ce qui rejaillit sur les enseignements dirigés. Les
étudiants eux-mêmes sont mobilisés et servent comme infirmiers dans les unités
combattantes, mais leur nombre a beaucoup diminué. Une
sorte de Faculté militaire est même organisée à une quinzaine de kilomètres de Nancy,
mobilisant une partie des enseignants de Nancy, faculté où devraient se rendre
les étudiants mobilisés et les médecins affectés en corps de troupe pour leur
formation continue. Les activités strictes d’enseignement sont donc limitées
dans la Faculté, et c’est dans les hôpitaux que les enseignants continuent
efficacement à professer. Dans ce contexte on peut s’étonner de constater que
la Société de Médecine, société
savante datant de 1844, continue de façon très soutenue ses réunions, dont le
rythme est même doublé en 1915 ! C’est aussi dans la Faculté, pendant le
conflit, que l’on voit les débuts de la médecine aéronautique et de la médecine
sociale qui sont restées deux matières phares de l’établissement jusqu’à notre
époque.
Les pharmaciens
rencontrent les mêmes énormes difficultés que les médecins en ce qui concerne
l’enseignement et la mobilisation de leurs enseignants et de leurs étudiants.
Ils ajouteront à tout cela une catastrophe qui frappe leur école : les
effets d’un bombardement qui dévaste en 1918 leurs locaux. Ils joueront tout au
long du conflit un rôle important au sein des armées, tant dans les domaines de
l’hygiène, la bactériologie, la confection des matériels de pansement, la
détection et la protection contre les gaz. Ainsi dans un domaine plus discret
que celui des soignants, ils ont, aux côtés de leurs camarades médecins, exercé
un rôle indispensable et précieux au service des militaires et des civils.
Nous pouvons,
au nom de tous ceux qui sont issus de la Faculté de médecine de Nancy, de celle
de Strasbourg, de la Faculté de Pharmacie de Nancy, être reconnaissants aux
auteurs de ce livre. Reconnaissants de nous avoir rappelé non seulement le
sacrifice de la vie de beaucoup de nos anciens, mais aussi leur ténacité devant
les épreuves, et reconnaissants d’avoir fait ce rappel dans un ouvrage très
documenté, bien illustré, à l’écriture agréable. Ils ont fait revivre cette
période où l’héroïsme tranquille, quotidien, de chacun de ces étudiants, de ces
enseignants, de ces médecins, de ces pharmaciens, dans les privations, sous les
bombardements, a permis de donner à la population civile et aux soldats les
soins et la chaleur humaine dont ils avaient tant besoin.
La République a
compris cette vertu collective et la Faculté de Médecine est, à ce jour, la
seule Faculté citée à l’ordre de la Nation. La Légion d’honneur qu’elle ne
pouvait recevoir, n’ayant pas la personnalité morale, a été conférée à
l’Université de Nancy, et ce pour
reconnaître en fait les médecins et pharmaciens dont le mérite avait
porté si haut son prestige.