HEPNER Henri

1934-2003

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ELOGE FUNEBRE

Notre Maître, Notre Ami, Notre Collègue, le Professeur Henri HEPNER s'est éteint le 29 octobre 2003. Né en 1934 à Nancy, Henri HEPNER entame un cursus classique : externe des Hôpitaux en 1955 puis interne en chirurgie générale en I960, il effectue un service militaire de 28 mois en Algérie comme Médecin lieutenant dans les sous-marins. C'est au cours de son internat qu'il fait la connaissance de Michèle dont il s'occupe pour une fracture de jambe et qui deviendra son épouse en 1968. Entre temps, il rencontre le Professeur Jean LEPOIRE ; l'attrait pour la neurochirurgie s'incruste définitivement en lui et il deviendra son chef de clinique en 1966.

En 1968, il opère avec Michel STRICKER le deuxième cas mondial d'hypertélorisme après Paul TESSIER et en 1970, ils rédigent ensemble le rapport de la Société de Neurochirurgie de langue Française sur les cranioplasties. Durant la même période, il fréquente régulièrement le service de neurochirurgie de l'Hôpital Foch où il apprend auprès de Gérard GUIOT les principes de la chirurgie hypophysaire qu'il importera et enseignera à Nancy.

Il est nommé Professeur Agrégé en 1973, Chef de Service de neurochirurgie B en 1985 et responsable des services de neurochirurgie regroupés en 1988 au départ en retraite de Jean LEPOIRE. Il est promu à la première classe en 1989.

Malgré la charge des 121 lits qu'il avait à gérer, il s'adonne à de multiples tâches. Il participe ainsi régulièrement aux séances de l'Académie de Chirurgie depuis son élection en 1993. Il est membre assidu de la Commission Médicale d'Etablissement durant 16 années consécutives, membre du Conseil d'Administration de la Faculté pendant 12 ans, du Conseil d'Administration de l'Hôpital pendant 4 ans et élu au Conseil National des Universités à plusieurs reprises. Jusqu'à son décès, il préside le Conseil d'Administration de l'Institut Européen des Biomatériaux et de Microchirurgie succédant au Professeur Michel MERLE et est Vice-Président de l'Institut de Recherche sur la Moelle Epinière. Il était enfin membre du Conseil d'Administration du Centre Anti-Cancéreux de Nancy.

Pourvu d'une solide formation initiale en chirurgie générale et en neurologie, Henri était devenu un neurochirurgien d'une extrême fiabilité. Doté d'une intuition clinique remarquable, ses indications opératoires étaient toujours empreintes de bon sens et de pragmatisme. Il se méfiait des prouesses techniques et privilégiait les solutions les moins mutilantes pour les patients qu'il respectait et qu'il réconfortait inlassablement. C'est lui qui avait encouragé, dans les années 1990, le développement de la chirurgie de la maladie de Parkinson et de l'épilepsie en collaboration avec nos confrères neurologues nancéens.

Comme Chef de Service, Henri était toujours sur le pont, toujours disponible, il était de la génération où on ne comptait pas ses heures de travail et encore moins de repos ; il distillait sa bonne humeur même s'il pestait parfois contre une bureaucratie envahissante qu'il se plaisait à définir comme une dictature sans dictateur. Malgré tout, il entretenait des rapports de respect réciproque avec l'administration hospitalière.

En dehors de ses occupations hospitalo-universitaires, le bridge était sa passion. I1 était, au fil des ans, devenu un surdoué et avait avec Michel STRICKER, son partenaire depuis 30 ans, atteint des sommets : il est champion de France en 1966, ils gagnent en 1984 le tournoi de Juan les Pins, l'équivalent de Wimbledon pour le bridge ; après plusieurs participations aux championnats du monde par paire, ils atteignent les demi-finales en 1986 et 1990.

Permettez-moi de vous dire quelques mots sur l'Ami qu'il était devenu. Henri était convivial par essence, il entretenait des relations dans de multiples milieux, des plus simples aux plus puissants mais il lui déplaisait d'occuper le devant de la scène. Il dissimulait ses tourments sous un humour ébouriffant, parfois au vitriol pour ceux qui le connaissaient mal. D'une immense générosité, il adorait faire plaisir par un mot, par une main tendue, par un encouragement, par une invitation à partager sa table. Il était d'ailleurs un amateur très éclairé de gastronomie.

Malgré les apparences, Henri était en réalité un homme secret. En février dernier, apprenant le mal qui l'atteignait, il a choisi, certainement par pudeur, de se faire opérer loin de Nancy. Seuls quelques proches savaient. Parfaitement lucide de la gravité de sa maladie, il gardait tout de même l'espoir de jours meilleurs et avait repris ses activités habituelles. Mais, à la fin de l'été, il fut réhospitalisé pour une réévolution précoce faite de douleurs et d'asphyxie. Il avait rassemblé toutes ses forces début octobre pour recevoir les insignes d'Officier de la Légion d'Honneur par le Président du Sénat ; il tenait tout particulièrement à cette cérémonie, heureux et ému de revoir ses amis pour une dernière fois.

Au nom de tous ceux-ci, je tiens à exprimer toute notre admiration à Michèle qui pendant ce calvaire s'est faite épouse et mère, réconfortant sans relâche, nuit et jour, celui qui comptait tant pour elle et qui s'en est allé, apaisé par elle qui comptait tant pour lui. Après trente années passées auprès d'Henri HEPNER, je voudrais dire à mes collègues les plus jeunes tous mes souhaits qu'ils cohabitent avec un Patron aussi attachant. Je voudrais enfin que ses enfants Anne, Patrick et Nicolas sachent quel homme charismatique était le Professeur Henri HEPNER. Qu'ils soient fiers de lui.

Professeur J. AUQUE

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ELOGE DE L'ACADEMIE DE CHIRURGIE

Henri Hepner avait été élu membre associé national de notre académie le 1er décembre 1993.

Nommé interne des hôpitaux de Nancy en 1960, il apprit d'abord pendant deux ans la chirurgie générale dans les services des professeurs Bodard et Chalnot. Puis il choisit son orientation définitive, la neuro-chirurgie, attachant ses pas à ceux du Pr Lepoire dont il fut longtemps l'adjoint et auquel il succéda à la tête du service de neuro-chirurgie du C.H.U de Nancy en 1988.

Depuis 1974, date à laquelle il avait été nommé maître de conférence agrégé et neurochirurgien des Hôpitaux, Henri Hepner a consacré son activité d'enseignement à la neuro-anatomie, à la neuro-radiologie, à la chirurgie maxillo-faciale, mais aussi à la microchirurgie et au diplôme d'études approfondies des biomatériaux.

Il était membre de nombreuses sociétés savantes, parmi lesquelles, évidemment, la Société de neuro-chirurgie de langue française, et la Société française de neuro-chirurgie.

L'épreuve de titres et travaux de Henri Hepner comporte près de deux cents titres consacrés pour l'essentiel à la chirurgie des artères intra-crâniennes et des malformations vasculaires intra-cérébrales, aux discopathies cervicales, à la traumatologie crânio-cérébrale, et en particulier au traitement en un seul temps des gros fracas crânio-faciaux. Il avait en outre présidé ou dirigé près d'une centaine de thèses.

Parallèlement, Henri Hepner avait consacré beaucoup de son temps à des activités administratives et à des responsabilités collectives : il avait été membre du conseil de la faculté et de la Commission Médicale d'Etablissement de Nancy de 1986 à 1994 et membre élu du Comité Consultatif des Universités dans la 46 ème section, où il avait siégé de 1970 à 1982. En outre, dans le cadre de ses activités d'intérêt général, il se voua avec beaucoup de ténacité à la conception et à la réalisation de l'hôpital neurologique du C.H.U de Nancy.

Telle fut, brièvement résumée, la belle carrière de ce collègue que ses pairs nancéens tenaient en haute estime.

Au nom de l'Académie nationale de chirurgie et de ses membres, j'ai adressé à Madame Hepner et à sa famille l'expression de nos condoléances attristées.