DESCHAMPS Jean-Pierre

 

1941

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` sommaire

 

Né à Paris en mars 1941, c’est à Epinal que je fais ma scolarité primaire et secondaire, ma famille ayant quitté Paris pour les Vosges en 1944. Au lycée d’Epinal je peux bénéficier à deux reprises d’une «  Bourse  Zellidja » ; j’étudie « La vie des paysans dans les Alpes Suisses », puis, l’année suivante « Médecins de montagne dans les Alpes Suisses ». Avec le recul, je pense que ces deux expériences n’ont pas été sans effet sur mon orientation professionnelle en médecine, et particulièrement en santé publique…

 

Eudiant en médecine à Nancy, je suis reçu au concours de l’Externat des Hôpitaux en 1961 puis à celui de l’Internat en 1963. Je décide de faire mon service militaire avant la fin du sursis légal de l’époque. Je peux être nommé à Rabat, dans le cadre de la toute jeune coopération franco-marocaine. A 23 ans je deviens médecin-chef (il n’y avais pas d’autre médecin…) de la Compagnie de Quartier Général à l’État-Major des Forces Armées Royales. C’est là, dans ce pays alors très pauvre, dans cette culture si attachante que je mesure le décalage fréquent entre notre médecine et les besoins des populations, et que je décide d’orienter ma carrière future vers la santé publique.

 

Revenu à Nancy pour accomplir mes années d’internat, j’ai la chance d’être accueilli par des maîtres merveilleux. Le Pr Pierre Lamy tout d’abord ; professeur de pneumo-phtisiologie il m’oriente vers la pédiatrie, jugeant que celle-ci sera plus utile, pour la formation en santé publique que je souhaite entreprendre, que sa propre discipline, en raison de la diminution des pneumoconioses, des infections broncho-pulmonaires et de la tuberculose. Je suis alors accueilli en pédiatrie par les Professeurs Nathan Neimann, Michel Pierson et Michel Manciaux. Je mesure encore aujourd’hui l’apport de ces trois grands maîtres, le Pr Neimann, modèle d’humanité, dans l’exemplaire fusion de la clinique et de la pédiatrie sociale, le Pr Pierson dans l’intérêt porté au développement de l’enfant, le Pr Manciaux dans l’importance de la pédiatrie sociale, véritable santé publique de l’enfant et de l’adolescent, non seulement en France, mais aussi, dans le cadre de l’association Medicus Mundi, dans les pays dits alors  « sous-développés ». Parallèlement, souhaitant me former à l’enseignement, je frappe à la porte du laboratoire de physiologie où les cours et les travaux pratiques du Pr Pierre Arnould m’avaient subjugué. J’y suis accueilli par le Pr Michel Boulangé, qui très tôt m’associe à ses travaux sur la médecine du sport et la médecine aéronautique. Je peux ainsi partager mes activités entre la clinique pédiatrique, l’enseignement de la physiologie (comme moniteur, puis assistant de travaux pratiques) et les problématiques de santé en Afrique.

 

C’est le Pr Pierson qui me fait connaître le Centre International de l’Enfance (CIE)  qu’avait créé à Paris le Pr Robert Debré après la seconde guerre mondiale. Il me permet d’y suivre en 1971 le Cours International de Pédiatrie Sociale, rassemblant pendant dix semaines 26 médecins, venant de 22 pays différents. C’est une autre vision de la santé publique qui s’ouvre pour moi, grâce aux Docteures Nathalie Masse et Anne-Marie Raimbault. Très vite je suis amené à participer aux enseignements du CIE (dont le directeur devait être peu après Michel Manciaux), à Paris mais aussi en Bulgarie, en Turquie, en Algérie. Je n’oublierai jamais ce que je dois au Pr Pierson, qui a accepté de libérer à temps partiel l’assistant des hôpitaux que j’étais, permettant ainsi ma formation et mes premières responsabilités en santé publique.

 

A Nancy le Professeur Raoul Senault, qui m’avait accueilli à l’Institut d’Hygiène, me permet en 1969 d’entrer au tout nouveau Centre de Médecine Préventive (CMP) de Vandœuvre dans le cadre d’une convention avec le CHU de Nancy, et je alors quitte, non sans regret, la clinique. Une grande partie de mes activités se déroulera alors au service d’hygiène (devenu Service de Santé Publique) de la Faculté de Médecine et au CMP, formidable outil de prévention et de recherche, dont je serai d’abord pédiatre-consultant, puis directeur scientifique avant d’être nommé, en 1986, directeur général.

 

Grâce au dynamisme et au caractère visionnaire du Dr Henri Poulizac, le CMP ressuscite la vieille Revue d’Hygiène, de Médecine Sociale et de Génie Sanitaire, pour en faire La Revue Française de la Santé publique, puis « Santé Publique », principale revue francophone de santé publique, dont je serai Rédacteur-en-chef de 1988 à 1994 et de 1997 à 2006

 

Je quitte le CMP en 1992, n’acceptant pas la décision de l’Assurance-Maladie de réduire le financement de la recherche, principale justification de l’institution. À partir de là, ma priorité sera le développement de l’enseignement de la santé publique, non seulement aux étudiants en médecine, mais en mettant en place des formations accessibles à tous les professionnels de la santé et des sciences humaines, aux responsables sociaux, politiques, administratifs, associatifs. Avec le Pr Michel Manciaux, revenu à Nancy, le Docteur Serge Briançon qui deviendra professeur quelques années plus tard, et avec le soutien bienveillant du Doyen François Streiff, nous mettons alors en place ce qui deviendra l’Ecole de Santé Publique (ESP) de Nancy, encore aujourd’hui la seule école universitaire de santé publique en France.

 

Même si la priorité est donnée par l’ESP à l’enseignement à Nancy, nous mettons en place un enseignement à distance diplômant et nous développons des programmes de coopération internationale, particulièrement tournés vers le Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie) et l’Asie du Sud-est (Vietnam et Laos).

 

Mes activités comporteront évidemment des responsabilités administratives aux niveaux local et national, en particulier la présidence du Conseil Scientifique, et la présidence du Conseil d’Administration du Comité Français d’Education pour la Santé de 1993 à 1997, ainsi que la présidence de la Fédération Nationale des Comités d’Education à la Santé de 2004 à 2008.

 

Pour ne pas oublier la médecine infantile, j’ai été aussi pendant 20 ans pédiatre-consultant d’un foyer d’accueil de très jeunes mères. Cette expérience m’a amené a publier en 1976 mon premier ouvrage, « Grossesse et maternité chez l’adolescente » (Édition du Centurion) et à développer un axe de recherche sur la santé des adolescents.

 

Partant en retraite et quittant l’Ecole de Santé Publique en 2001, à 60 ans, je garderai pendant quelques années des activités de coopération en Algérie, au Vietnam et au Laos et de formation sur la promotion de la santé et les enjeux éthiques de la santé publique.