GRILLIAT Jean-Pierre

 

1924-2007

 

` sommaire

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La Faculté de Médecine de Nancy dans la tourmente de 1914

Les fondations hospitalières à Nancy

Une congrégation hospitalière lorraine : Les soeurs de Saint-Charles

LE DOCTEUR PIERRE-HYACINTHE BENIT CRÉATEUR DU PRIX BÉNIT 

La candidature et l'accueil de Nancy

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ELOGE

Le Professeur Jean-Pierre Grilliat, membre correspondant de notre Académie est décédé le jeudi 26 avril 2007. C'était un Collègue de la faculté avec lequel j'entretenais des liens amicaux depuis de longues années. Sa disparition m'a donc particulièrement touché. Pour tous ceux qui l'ont connu et pour ceux qui le connaissaient moins, je voudrais rappeler quel éminent Professeur il fut et quel homme juste et droit il a été.

Après des études secondaires à Nancy pendant les sombres années de la guerre et de l'occupation il avait commencé des études de médecine en 1944. Il avait, comme on dit, la vocation et le désir de soulager la souffrance humaine. Ses études médicales prirent très vite la direction d'une brillante carrière universitaire : Interne des Hôpitaux, puis chef de clinique et assistant du Professeur Simonin, grande figure de la pneumologie nancéienne, il avait été reçu du premier coup à ce qui était alors le difficile concours du Médicat des Hôpitaux. Le temps plein hospitalier ayant été institué entre temps par la loi Debré, il fut intégré comme agrégé de médecine quelques années plus tard.

Il avait choisi la spécialité pneumologique par goût personnel mais sans doute aussi par admiration pour un Maître prestigieux, le Professeur Girard, pneumologue lui aussi, dont tous ceux qui l'ont connu se souviennent avec émotion. Disparu malheureusement très prématurément, le Professeur Girard avait eu malgré tout le temps de reconnaître les immenses qualités professionnelles et humaines de Jean-Pierre Grilliat et avait soutenu avec beaucoup de détermination la carrière médicale d'un élève qu'il considérait comme un des meilleurs de sa génération.

Nommé chef de Service à l'Hôpital Saint-Julien, Jean-Pierre Grilliat a vite compris que la grande époque de la pneumologie était terminée : La streptomycine venait d'avoir raison de la tuberculose qui avait fait tant de victimes au XIXème siècle et jusqu'à la deuxième guerre mondiale. Il eut alors l'intuition qu'il devait changer de direction et se consacrer à une autre discipline, alors dans l'enfance, mais dont il avait pressenti qu'elle était destinée à un grand avenir l'allergologie. Ce fut là le grand tournant de sa carrière professionnelle.

Un des premiers en France, il orienta ses recherches en ce sens et forma des élèves, auxquels il inspira des travaux qui font toujours date dans l'histoire de la discipline. Le plus remarquable fut sans doute celui qu'il consacra à « La maladie des travailleurs du coton », maladie allergisante par excellence qui avait été décrite mais non approfondie sur le plan scientifique par Léon Poincaré, médecin moins connu que son illustre cousin Raymond.

Il m'est malheureusement impossible de rappeler ici l'ampleur, le nombre et la qualité des travaux de celui qui fut un Professeur infatigable et particulièrement fécond mais des centaines de publications scientifiques témoignent encore de ce que fut son inlassable activité médicale. Je me contenterai de rappeler que les mérites de cette vie consacrée au travail et à la recherche ont été récompensés par la médaille d'Officier dans l'ordre des Palmes Académiques et par celle de Chevalier dans l'ordre national du mérite.

Au fil des années, l'Ecole nancéienne d'allergologie, créée par Jean-Pierre Grilliat s'est développée et elle est aujourd'hui reconnue et admirée aussi bien nationalement qu'internationalement. On peut donc affirmer sans crainte que Jean-Pierre Grilliat a appartenu à ce petit nombre des pionniers qui furent à l'origine des énormes progrès engrangés par cette discipline depuis un demi- siècle.

Il fut toute sa vie un travailleur acharné, passionné par un métier, qu'il considérait comme un sacerdoce. Son dévouement était inlassable et il avait des qualités humaines qui complétaient admirablement son sens du devoir et de l'action, notamment un sens naturel de la relation et de l'empathie, qualités primordiales chez un médecin en contact quotidien avec des malades.

Permettez-moi de terminer ce rappel malheureusement trop bref d'une vie aussi riche et aussi diverse par l'évocation de souvenirs plus personnels. Nos chemins se sont réellement croisés lorsque Claude Grilliat, la fidèle compagne de toute une vie, médecin elle aussi, décida de se consacrer au Conseil conjugal et à la psychanalyse. Elle devint alors une collaboratrice régulière et appréciée du Service de Psychologie Médicale, dont j'avais alors la charge au sein du CHU. Pendant des années, nous avons conduit ensemble des séminaires d'enseignement pour les étudiants du CES de psychiatrie puis nous avons créé un groupe de réflexion psychanalytique avec trois collègues psychiatres. Les réunions avaient lieu dans le bel appartement de la rue Saint-Dizier, où Jean-Pierre nous accueillait avec une grande affabilité, parfois d'un soupçon d'ironie amusée car, lui qui était un médecin organiciste, était à la fois intrigué et un peu décontenancé par des discussions psychanalytiques qui devaient lui paraître un peu étranges.

C'est cependant au fil de ces rencontres que j'ai pu apprécier l'élégance de son discours et l'égalité d'humeur dont il faisait preuve en toutes circonstances.

Après sa retraite, J.-P. Grilliat avait repris un intérêt passionné pour un domaine qui lui avait toujours tenu à cœur mais que l'importance de ses fonctions ne lui avait pas permis de défricher autant qu'il l'aurait souhaité. Ce domaine, c'était l'histoire de la Lorraine, plus particulièrement celui de son histoire médicale, sur laquelle il écrivit des articles de haute qualité, parfaitement documentés. C'est entre autre à ce titre qu'il avait été sollicité pour devenir membre correspondant de l'Académie de Stanislas. Je sais qu'il avait été très heureux de cette distinction et qu'il se réjouissait de participer à nos réunions bimensuelles. Sa santé déjà chancelante ne lui aura pas permis, hélas, de réaliser tout ce que sa grande culture nous promettait en fait de conférences passionnantes.

Cher Jean-Pierre, en mon nom, au nom de notre longue amitié et au nom de tous tes Collègues de l'Académie, j'ai la douleur de te dire un dernier adieu. Je ne chercherai pas à cacher l'émotion qui m'étreint à t'assurer une dernière fois, de toute l'amitié et de toute l'admiration que je nourrissais pour toi. Chacun peut comprendre ici ce que signifie la perte d'un ami, avec lequel on s'est senti pendant tant d'années tant d'affinités, tant de sympathie et tant de connivences intellectuelles et affectives.

J'adresse mes condoléances à Claude, à laquelle me lient les souvenirs de tant de discussions psychanalytiques passionnantes et passionnées, à tes fils et à tes filles, qui t'ont soutenu et entouré jusqu'à la dernière minute. Je me permettrai pour finir une mention particulière pour Anne, devenue Anne Danion, parce que, comme moi, elle a été séduite par la carrière psychiatrique et qu'elle est devenue Professeur de Pédopsychiatrie au CHU de Strasbourg. Je continue ainsi à la rencontrer dans nos amicales réunions de la Psychiatrie de l'Est, où elle n'oublie jamais d'inviter le retraité que je suis. Je veux ici la remercier et lui dire que, court-circuitant les générations, l'amitié que j'avais pour son père s'est tout naturellement transmise à elle, qui fait preuve aujourd'hui des mêmes qualités de cœur et d'esprit qui étaient celles de son père autrefois. C'est pourquoi je me permettrai de conclure par ces simples mots : Où que tu sois, Jean-Pierre, sois sûr d'une chose : Ce que tu as mis tant d'amour et de passion à créer, dans ton métier et dans ta vie, cela au moins te survivra.

Professeur M. LAXENAIRE

Eloge prononcé à l'Académie de Stanislas, le 4 mai 2007

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fiche écrite par M. GRILLIAT

 

I - CARRIERE

Etudes à la Faculté de Médecine de Nancy

Interne des Hôpitaux (1947)

Chef de Service de Médecine Interne et Allergologie au Centre Hospitalier de Nancy (1956-90)

Professeur à la Faculté (1963-93) puis Professeur Emérite.

 

II - FONCTIONS DIVERSES

Président du Centre Catholique des Médecins Français (1967-70)

Président de l'institut Médical Lorrain (1972-88)

Secrétaire du groupe universitaire pour l'élaboration du troisième cycle de Médecine Générale et pour la formation médicale continue (1983-93)

 

III - PUBLICATIONS PRINCIPALES

L'emphysème bronchique (thèse 1952)

Les bronches distales de la tuberculose pulmonaire (1957)

Allergie alimentaire (article de l'Encyclopédie médico-chirurgicale (en coll. 1981)

Urgences du Médecin Généraliste (en coll. 1991 )

Vers la Formation Médicale continue (in Principes d'éthique médicale en coll. 1999)

Histoire de la Médecine en Lorraine (en coll. in Encyclopédie Lorraine)

La faculté de médecine à la fin du 19ème siècle (en coll. in sciences et techniques en Lorraine à l'époque de l'école de Nancy)