1882-1976
La pose d'une attelle de jambe ( le Dr. Legris est à droite avec une moustache "à l'impériale" - photo du Dr. Claude Marie Gendre-Legris)
Consultation et démonstration au pied du lit (le Dr Legris pèse le nourrisson - photo du Dr. Claude Marie Gendre-Legris)
ELOGE FUNEBRE
Alfred LEGRIS,
né en 1882, fit ses études secondaires au Séminaire de Pont-à-Mousson, dans
l'ancien couvent des Prémontrés, remarquable par la qualité du corps
enseignant... et l'inconfort des dortoirs. Le jeune Alfred, brillant élève,
prit goût aux études littéraires et changea d'orientation après le baccalauréat
en plein accord avec sa famille.
Il vint à Nancy s'inscrire à notre
Faculté, continua sur la lancée et fut reçu Interne au Concours de 1907 (en
2ème place, en compagnie de HEULLY, BOECKEL, HAMANT, FRITSCH et PILLOT).
Son Maître préféré fut le Professeur Paul
SPILLMANN, à l'enseignement clair et précis, essentiellement pratique, puisqu'alors laboratoire et radiologie n'étaient que de
faibles auxiliaires pour le clinicien.
C'était alors
l'époque du colloque singulier, où l'hospitalisé - presque toujours un
malheureux - ne pouvait guère compter que sur l'intelligence, le flair... et le
coeur du médecin qui était fier de le soigner gracieusement.
Vieil interne,
puis Chef de Clinique en 1910, Alfred LEGRIS apprenait la médecine à ses
cadets, avec son bon sens, son dévouement et sa modestie. Docteur en Médecine
en 1912, il s'installe à Nancy en 1914 ; quelques mois après, la guerre
commence. Médecin auxiliaire au 2ème Bataillon du 26ème R.I.,
il voit à ses côtés Maurice BONNET, simple 2ème Classe d'abord, bientôt lui
aussi médecin auxiliaire. Et c'est la bataille du Grand Couronné, avec ses
points chauds : la crête de Léomont, le village de Vitrimont, seul endroit où l'on pouvait sous les
bombardements d'artillerie, soigner un blessé. Toute la 11ème D.I. était massée dans ce secteur avec de nombreux
Nancéiens : JOB (promotion 1901), RICHARD (1905), MUTEL (1908), WATRIN (1909),
CHABEAUX (1910).
Les routes
autour de Vitrimont étaient sous la vue de l'ennemi :
aussi les évacuations ne pouvaient-elles se faire que de nuit ; le jour, les
blessés étaient entassés dans les caves. Deux obus traversèrent le P.S. du jardin à la rue, pour éclater plus loin, et le
billard du café servait de table à pansement.
Cet enfer prit
fin avec la relève de la 2ème D.I. par d'autres
unités, mais les héros de tels combats étaient marqués à tout jamais si bien
qu'ils en vinrent à oublier peu à peu les quatre années de souffrance ultérieure.
En 1919,
démobilisé, Alfred LEGRIS reprit sa clientèle, se maria, eut la joie d'avoir
neuf enfants à son foyer dont l'un Paul reprit la place de son père et ses
belles traditions de droiture.
Peu atteint par l'âge, il vieillit paisiblement malheureusement privé de son épouse et participait régulièrement à la vie de son quartier et de sa paroisse, respecté de tous, aimé de ses clients et de ses confrères.
Le résumé de sa vie tient en
une phrase de son vieux camarade Maurice BONNET :
« Si Alfred LEGRIS ne suivit pas la carrière ecclésiastique, la
façon dont il exerça la médecine lui permit d'en faire un véritable sacerdoce
».
Note : Le
docteur Legris est le père de Marie Antoinette. Moreau, femme du dentiste Jean Moreau et tante du Pr.
Bernard Legras.
Cet éloge
funèbre est paru dans la revue de l'Internat