1886-1977
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Texte extrait de " Médecine légale, médecine du travail et réadaptation " par L. PIERQUIN, G. de REN, C. PERNOT - Numéro Spécial du Centenaire de la Revue (1874-1974) Annales Médicales de Nancy
Né en 1886, Interne des Hôpitaux de Nancy en 1908, Mutel fut tout d'abord agrégé d'Anatomie avant de se consacrer à l'enseignement de la Médecine Légale, tâche qu'il partagea avec ses collaborateurs, MM. Lecoannet, Pierquin et de Ren.
En sa qualité de Chirurgien-Orthopédiste, il devait s'intéresser, entre autres, aux problèmes médico-légaux posés par les traumatismes fermés de rachis et, dans un travail qu'il fit en collaboration avec Michel et Rousseaux, il s'attacha à l'étude du syndrome de Kummel-Verneuil ou spondylite traumatique dont la longue phase de latence initiale rend délicat le diagnostic étiologique rétrospectif. Il y envisageait également le problème complexe d'un traumatisme rachidien sur une colonne antérieurement lésée, soit du fait d'une anomalie congénitale, soit du fait d'un processus arthrosique antérieur à l'accident mais susceptible néanmoins d'être aggravé par ce dernier.
Devenu Président du Conseil Départemental de l'Ordre, Mutel était amené à suivre de près l'évolution de la médecine, profondément modifiée par l'Ordonnance de 1945 portant création de la Sécurité Sociale. A l'occasion d'une thèse de Droit, soutenue par Jost en 1951, envisageant l'éventualité d'une nationalisation de la médecine en France comparable au Service National de Santé anglais, il devait réagir de façon violente retenant comme dogme le principe, pour la France, du maintien d'une médecine libérale. Son irritation devait se traduire de façon matérielle : à partir de cette date, les cours de Médecine Légale dispensés aux juristes dans le cadre du Diplôme de Criminologie qui, jusqu'alors et depuis Tourdes, s'étaient déroulés dans l'enceinte de la Faculté de Droit, devaient se poursuivre à l'Amphithéâtre de l'Institut de Médecine Légale.
Nous ne pouvons ignorer l'intérêt qu'il porta également aux méthodes de dosages de l'alcool dans le sang envisageant avec Lecoannet l'avantage respectif de la macrométhode classique de Nicloux et celui de la microméthode de Widmark. Dans leur étude, Mutel et Lecoannet appelaient de leurs voeux le vote d'une loi rendant obligatoire la prise de sang systématique en cas d'accident de la circulation ainsi que cela était déjà de règle dans quelques pays européens. Le principe, amélioré par la suite, devait être admis et leur souhait se trouver réalisé par l'introduction, quelques temps après, de la loi du 15 avril 1954.
En 1956, le Professeur François Heully, né en 1912, Interne des Hôpitaux de Nancy en 1936, agrégé de Médecine en 1946 et Médecin des Hôpitaux en 1951, succédait à Mutel.
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Doyen d'âge des professeurs honoraires de la Faculté de Médecine de Nancy, le Professeur Maurice MUTEL nous a quittés le 30 juillet 1977, à l'âge de 91 ans, après une carrière universitaire et une pratique chirurgicale particulièrement longues et brillantes.
Né à Nancy, le 3 juillet 1886, Maurice MUTEL poursuivit ses études secondaires au Lycée Henri-Poincaré, où son père était professeur.
Étudiant à la Faculté de Médecine, il se fait tout de suite remarquer par ses qualité exceptionnellement brillantes.
Dès 1907, il se dirige vers l'anatomie dans le laboratoire de laquelle il est nommé aide, puis, l'année suivante, prosecteur. En même temps, il gravit avec succès les différents échelons des concours hospitaliers : en 1908, il est reçu major au concours de l'internat des hôpitaux. Il devient ainsi l'élève et le collaborateur du Professeur FROELICH, au service de clinique chirurgicale infantile et d'orthopédie.
Durant la guerre de 1914-18, comme médecin de corps de troupe, il accomplit son devoir avec bravoure et dévouement, il en revient avec la Croix de Guerre et la Légion d'Honneur.
De retour à la faculté, il lui faut opter entre le laboratoire et la clinique, car alors la double Fonction universitaire et hospitalière n'existait pas.
Il se dirige vers l'anatomie tout en exerçant l'orthopédie en clientèle. Nommé chef de travaux en 1920, il est reçu premier au concours national d'agrégation d'anatomie en 1923, après avoir publié une remarquable monographie sur le rhi-lencéphale, qui fait toujours autorité en la mat:ière. Membre très écouté de la Société Française
d'Orthopédie, il est chargé à plusieurs reprises de présenter le rapport scientifique annuel devant cette assemblée.
Du fait des circonstances, il sera amené à changer d'orientation. Atteint par la limite d'âge en 1929, le Professeur Pierre PARISOT, père du doyen Jacques PARISOT, laisse vacante la charge de l'enseignement de la médecine légale. C'est là une mission très délicate qui nécessite un jugement très sûr et une grande expérience. Le Professeur MUTEL est désigné par le Conseil pour remplir cette tâche, il deviendra titulaire de la chaire de médecine légale en 1938, emploi qu'il occupera jusqu'à sa retraite en 1956.
Précieux auxiliaire de la justice, ses avis ont toujours été très appréciés et écoutés. Enseignant de talent, le Professeur MUTEL a laissé une profonde impression sur les nombreuses générations de médecins, de denstistes et d'infirmières qui furent ses élèves.
Rompant avec la tradition austère et souvent monotone des cours magistraux, son enseignement était original, très direct et très imagé, rendant attrayants les sujets les plus difficiles.
Plein d'humour, souvent avec une pointe de malice, son contact était particulièrement agréable et enrichissant, aussi comptait-il de nombreux amis, parmi ceux qui furent ses condisciples et ses élèves.
Jusqu'à ses derniers jours, il avait gardé une présence intellectuelle et une activité physique remarquables, qu'il attribuait à la pratique régulière du sport, et en particulier du tennis qu'il n'abandonna que très tard.
Mme BRAUN B.