MACE Eugène

1856-1938

` sommaire

Texte extrait de" Evolution des chaires d'Histoire naturelle et d'Hygiène à Nancy " par G. PERCEBOIS - Numéro Spécial du Centenaire de la Revue (1874-1974) Annales Médicales de Nancy

Macé, Professeur d'Histoire naturelle et Botanique médicale depuis 1889, succède à Poincaré à la Chaire d'Hygiène. En 1893, alors que les premiers services qui occuperont l'Institut anatomique préparent leurs malles, Macé songe à profiter de la circonstance pour agrandir son Laboratoire. Satisfaction lui sera donnée, mais par une tout autre voie.

Contre la diphtérie, maladie grave et fréquente à l'époque, Roux de l'Institut Pasteur oppose une arme efficace : l'antitoxine. Sa préparation coûte cher ; afin de protéger toute la France, des sommes sont collectées. Le Conseil municipal de Nancy vote 1000 F, celui de Pont-à-Mousson, 200 F P. Parisot, dans la Revue médicale de l'Est (1894, 26, 641-642) lance l'idée d'une souscription publique. Dès le numéro suivant, il annonce à ses lecteurs (962-963) une solution nouvelle. Primitivement, la Municipalité de Nancy ne voulait qu'ouvrir un dépôt de sérum au Bureau municipal d'Hygiène ; secondairement, on pense à créer un Institut sérothérapique pour l'Est. Le Monnier, Professeur à la Faculté des Sciences, adjoint au Maire, Macé et Sogniès, Directeur du Bureau d'Hygiène, vont à Paris trouver Roux. Alors que Macé s'initie auprès du Maître, Le Monnier revenu à Nancy fait une conférence et constitue un Comité d'Organisation. Dès lors, la souscription est destinée à cet Institut sérothérapique. Les dons ne se font pas attendre ; la Société de Médecine (séance du 14 novembre 1894) vote 200 F. Surtout, M. Osiris apporte 40000 F. L'Institut est construit à l'angle de la rue Lionnois et de la rue de Bitche ; il sera inauguré, en même temps que l'Institut anatomique, le 28 juin 1896.

Macé a alors un pied place Carnot où reste l'Hygiène et l'autre rue Lionnois. Quand on décide de transférer toute la Faculté près de l'Institut anatomique, des locaux sont prévus pour l'Hygiène sur les plans de l'architecte Jasson. Mais, une fois encore, un événement fortuit intervint. Le recteur, par une lettre du 18 janvier 1899, prévint le Doyen que Le Monnier, Président du Conseil d'administration de la Société privée de l'Institut sérothérapique de l'Est avait, par acte notarié, fait cession à l'Université de ses biens meubles et immeubles, à charge pour elle de fabriquer et distribuer le sérum antidiphtérique. La Faculté de Médecine accepte ce cadeau ; on efface le Service d'Hygiène des plans de la future Faculté, ce qui ramène le devis de 600000 à 500000 F, par contre, on construira une aile supplémentaire à l'Institut sérothérapique. Ainsi, Macé aura sous un même toit son Institut et son Service.

G. Thiry, jusqu'alors préparateur en histoire naturelle, arrive en Hygiène le 16 décembre 1895 où il remplace Pillon comme préparateur. Il y fera les analyses bactériologiques. Ultérieurement, il sera nommé Sous-Directeur de l'Institut, Chef des Travaux de Bactériologie chargé, en outre, des analyses bactériologiques des Cliniques.

Les préparateurs qui se succèdent, en Hygiène ou à l'Institut, sont alors Henry, Grosjean, Roussel, Dupont, Kerassotis. L'Institut sérothérapique répondit aussitôt à ce que l'on attendait de lui. Dès le 18 novembre 1894, de la toxine donnée par Roux est inoculée aux chevaux. Ils sont deux, tout d'abord. Marquis et Hardi, placés dans une petite écurie louée rue Saint-Lambert ; un troisième sera acquis plus tard.

Le sérum antidiphtérique, réparti en tubes de 10 ml, est distribué aux hôpitaux, des dépôts sont constitués et renouvelés régulièrement chez des pharmaciens, dans certaines mairies. En outre, des analyses de produits suspects de diphtérie, puis bientôt d'autre nature sont effectuées. La mortalité due à la diphtérie, à Nancy, passe de 55 % en 1893 à 21 % dès 1895 grâce à l'emploi du sérum.

L'Institut comprend, en 1900, une grande salle de conférences et de collections au rez-de-chaussée, un grand laboratoire de recherches, un second laboratoire moins vaste et le Cabinet du Directeur, au premier étage. L'écurie est dans un bâtiment voisin. Des agrandissements sont prévus pour accueillir l'Hygiène. Très rapidement, l'Institut devient un laboratoire régional de Bactériologie appliquée, doublé d'un Centre d'Enseignement ouvert à des travailleurs d'horizons divers. Les places sont très recherchées, souvent retenues d'avance. Le Service d'Hygiène, réuni à l'Institut, s'attacha plus particulièrement aux analyses des eaux et des aliments suspects.

Le Conseil de la Faculté, dans sa séance du 8 mars 1901, attribue à Macé un crédit spécial d'installation pour un laboratoire de travaux facultatifs et de recherches en Bactériologie, ouvert aux Etudiants et aux Docteurs français et étrangers. Un certificat d'études bactériologiques est délivré après un an de stage. Dans ce laboratoire, ouvert à tous, s'opèrent des travaux souvent originaux ; une étude de Zilgien, de la fin du siècle dernier, connaît aujourd'hui un regain d'intérêt : l'évaporation considérée comme agent de dissémination des germes morbides dans l'atmosphère.

En 1901, Macé préside la Section d'Hygiène du 39e Congrès des Sociétés savantes qui se tient à Nancy (9-13 avril) et auquel participent activement G. Thiry, Jirou, Legrain alors médecin-militaire en Algérie. Lorsqu'est créé, à la Faculté des Sciences, un enseignement agronomique colonial, Macé est désigné pour y enseigner l'Hygiène coloniale.

C'est alors, qu'en 1902, G. Thiry quitte le laboratoire d'Hygiène et revient au laboratoire d'Histoire naturelle et Parasitologie. Les vides, causés par son départ, sont immédiatement comblés. Ch. Garnier, Chef de Clinique médicale, le remplace comme Sous-Directeur de l'Institut ; Kerassotis, préparateur, est délégué dans les fonctions de Chef des Travaux de Bactériologie ; Amselle occupe son poste de préparateur en hygiène. L'année suivante, Kerassotis démissionne et son emploi revient à Ch. Garnier. Le poste de préparateur à l'Institut sérothérapique est occupé successivement par Dupont, Vaillant, Bisot ; ce dernier occupera, en outre, le poste de préparateur d'Hygiène délaissé par Amselle en 1905.

Jusqu'en 1908, l'Institut dirigé par Macé, aura pour Sous-Directeur Ch. Garnier, Chef des Travaux d'Hygiène et de Bactériologie appliquée ; Bisot sera, à la fois, préparateur à l'Institut et en Hygiène. Cette année, alors, quelques changements surviennent : Jacquot, fils du vétérinaire attaché à l'Institut depuis les tout débuts, devient préparateur en Sérothérapie. Gournet sera préparateur en Hygiène ; il sera remplacé par Jacquot, en 1912, lui-même cédant sa place à Ferry. Le 1er février 1909, Jirou, Docteur en Médecine, est délégué dans les fonctions de Chef des Travaux de Bactériologie ; il remplace Garnier, délégué lui-même dans les fonctions d'agrégé d'Anatomie.

Macé poursuit sa carrière. En 1906, il est nommé membre du Conseil supérieur d'Hygiène publique de France. Il est un des délégués de la France au XIVe Congrès international d'Hygiène et de Démographie à Berlin, le 23 septembre 1907. Il est aussi Directeur des Services d'Hygiène du Département. Dans la période qui suit la Grande Guerre, Macé aura pour collaborateurs : Zuber, Chef des Travaux d'Hygiène et de Bactériologie et Gadol, préparateur en Hygiène. Ce dernier sera remplacé, en 1926, par Mme Gruel. De plus, une place d'agrégé étant déclarée vacante en Hygiène, le concours de 1923 se termine par la proposition de Paulin de Vezeaux de Lavergne, un nouveau venu, qui entre en fonction le 1er novembre 1923. Il est de ceux qui, en 1924, reçoivent un groupe de médecins polonais venant de Wilna, pour la plupart ; il leur fait deux conférences : l'une sur le bactériophage de d'Hérelle, l'autre sur les virus des ectodermoses.

En 1923, Macé obtient la création à Nancy d'un diplôme d'Hygiène et de Bactériologie. Cependant, il arrive en fin de carrière. Il est admis à faire valoir ses droits à la retraite à compter du 1er octobre 1926. Il cesse ses fonctions le 31 octobre. Malgré sa renommée de Bactériologiste et d'Hygiéniste qui dépassait nos frontières, il ne fut admis dans l'ordre de la Légion d'Honneur qu'en 1921. Son « Traité pratique de Bactériologie » connut un succès considérable. Premier ouvrage du genre, il fut présenté à l'Académie de Médecine par Pasteur lui-même qui adressa, d'ailleurs, une lettre de félicitations à l'auteur. Ce traité eut huit éditions successives, fut complété par un « Atlas de Bactériologie » et resta pendant longtemps en usage en France et à l'étranger.

L'un des premiers Inspecteurs d'Hygiène de France, membre du Conseil supérieur d'Hygiène publique de France, il devint et resta jusqu'à sa mort Vice-Président du Conseil d'Hygiène de Meurthe-et-Moselle. Créateur de l'oeuvre du « Bon lait », secrétaire général de l'Office d'Hygiène de Meurthe-et-Moselle, il entama, après la guerre, la lutte contre la tuberculose et fonda le premier dispensaire du département.

Il mourut le 23 août 1938, après de dures épreuves ; il était né en 1856, le 21 septembre, à Château-Salins. Son départ à la retraite devait déclencher une série de transformations des Chaires d'Histoire naturelle et d'Hygiène.