III - L’HOPITAL CENTRAL PENDANT L’ENTRE-DEUX-GUERRES
La paix revenue, il fallut
procéder à une réorganisation dans les différents secteurs : administratif,
financier, hospitalier et médical.
Contrairement à ce que tous
pensaient et même espéraient, la fin de la guerre ne vit pas la restauration
d'une situation comparable à celle d'avant 1914, mais il fallut s'adapter à des
conditions nouvelles.
Sur le plan financier, les
Hospices Civils de Nancy connurent des graves difficultés surtout dans les
années qui suivirent la guerre et furent contraints de retarder certains
projets d'extension, mais peu à peu ils parvinrent à un redressement et à
retrouver même une situation assez prospère.
Dans le domaine des
constructions, les années 30 virent l'aboutissement des nombreux projets
d'extension et de modernisation des établissements hospitaliers nancéiens, sous
la pression des besoins de la population et des progrès médicaux. Pour faire
face à l'accroissement de leur capacité, les Hospices durent développer leurs
structures administratives et augmenter leurs effectifs de personnel.
Les années 30 virent
également l'avènement des assurances sociales, qui devaient modifier la
clientèle hospitalière et la situation du corps médical à l'hôpital.
Enfin, la période de l'entre-deux-guerres
fut marquée par une amélioration de la situation des diverses catégories de
personnel hospitalier qui dès les années 20 bénéficia d'un barème des
traitements et salaires propre aux Hospices Civils de Nancy et inspiré de celui
octroyé au personnel municipal. Et les lois sociales vinrent améliorer les
dispositions du statut hospitalier élaboré au cours de cette époque.
BILAN DES BESOINS
HOSPITALIERS APRÈS LA PREMIÈRE GUERRE
Contrairement à la
Municipalité d'avant-guerre qui s'était montrée quelque peu réticente à
subventionner les projets d'extension de l'Hôpital Central envisagés par la
Commission Administrative à l'initiative du Vice-Président KRUG, la nouvelle
municipalité nancéienne menée par le Bâtonnier Henri MENGIN, se montra plus ouverte
aux problèmes hospitaliers.
Par l'intermédiaire du
Docteur SCHMITT, premier adjoint au maire, elle ne tarda pas à faire connaître
à la Commission des Hospices qu'elle était prête à contribuer financièrement à
l'amélioration et au développement des établissements hospitaliers car elle
avait conscience que ceux-ci étaient devenus quelque peu inadaptés et ne
répondaient plus aux besoins d'une grande ville comme Nancy (1).
Pour aider les Hospices à
procéder aux travaux de rénovation et d'extension qui s'imposaient, la
Municipalité faisait savoir qu'elle était décidée à contracter un gros emprunt
et elle demandait à la Commission de lui transmettre aussi rapidement que
possible un projet avec plans et devis.
C'est avec plaisir que le
Vice-Président KRUG qui avant-guerre avait sollicité à plusieurs reprises mais
en vain l'aide de la Ville, accueillit cette proposition de la mairie. Il
s'empressa en Novembre 1920 d'adresser au Maire un rapport détaillé dans lequel
étaient définies les priorités suivantes et évoquées les difficultés que
soulevait leur réalisation :
1°) Reconstruction du
pavillon des contagieux, qui construit en 1894-1895 était déjà bien délabré
avant-guerre, puisque un projet de reconstruction avait été élaboré vers 1910,
mais avait dû être ajourné faute de ressources.
2°) Achèvement du pavillon
des consultations gratuites en façade sur la rue de Strasbourg, dont le projet
d'édification remontait à 1912. Devant l'insuffisance des locaux primitivement
prévus pour le fonctionnement des consultations de médecine et de chirurgie
générales, ce bâtiment s'avérait indispensable et en attendant qu'il fût
construit, il avait fallu transférer les consultations dans des baraquements
situés à une extrémité de l'Hôpital. Cette solution qui ne devait être que provisoire,
fut prolongée pendant plusieurs années en raison de la guerre qui ajourna les
travaux. Ceux-ci ne purent être repris immédiatement, les ressources prévues
originellement se révélant insuffisantes.
3°) Construction d'un
nouveau pavillon destiné aux services d'O.R.L. et d'Urologie, qui étaient
installés dans de mauvaises conditions. En 1920, le Service d'O.R.L. était
toujours logé au 2e étage du Pavillon Collinet-de-la-Salle dans des
locaux mansardés et inconfortables, qui en outre se révélaient exigus en raison
du grand développement de son activité. Le service d'Urologie avait quitté le
Pavillon Collinet-de-la-Salle pendant la durée de la guerre pour l'Hôpital
Maringer. La paix revenue, il avait été transféré à l'Hôpital Marin où il
fonctionnait depuis le 12 Juin 1919 dans des conditions jugées assez
rudimentaires.
4°) Affectation de locaux
supplémentaires à la pédiatrie, le Pavillon Virginie-Mauvais ne suffisant plus
aux besoins grandissants des services d'enfants.
5°) Agrandissement de la
cuisine et de la pharmacie qui avaient été conçues pour un hôpital de 400 lits
et n'avaient pas évolué parallèlement à la capacité de l'établissement.
L'Hôpital Central manquait de locaux pour entreposer les denrées nécessaires à
la préparation des repas et faute de place, il n'était pas possible de faire
des achats en grande quantité et par conséquent d'obtenir des prix avantageux.
6°) Installation du
chauffage central dans les Pavillons Collinet-de-la-Salle et Roger-de-Videlange
pour remplacer les fourneaux devenus vétustes, qui non seulement nécessitaient
beaucoup d'entretien mais ne parvenaient même pas à chauffer correctement les
salles de malades.
7°) Amélioration du service
d'hydrothérapie, qui se bornait à quelques équipements rudimentaires installés
au sous-sol du Pavillon Roger-de-Videlange alors que d'autres établissements
français étaient dotés de services de bains luxueux, selon les termes utilisés
par A. KRUG.
8°) Création de
laboratoires spécialisés en raison du développement du nombre des analyses prescrites
par les médecins. Parallèlement, le Service de Radiologie avait grand besoin de
voir son équipement renouvelé et complété.
9°) Aménagement de
réfectoires et de salles de jour pour les malades pouvant se lever.
10°) Ouverture d'une
clinique spécialisée de gynécologie pour laquelle les Hospices avaient reçu
avant-guerre un legs important d'environ 800000 F de Madame Veuve BOULANGER,
mais qui, en raison du fort accroissement des coûts de la construction et des
équipements mobiliers et médicaux, s'avérait insuffisant.
11°) Reconstruction de la
chapelle de l'Hôpital ainsi que de la morgue, devenues toutes deux trop exiguës
pour faire face à l'évolution des besoins hospitaliers, et qui pour cette
raison faisaient l'objet de plaintes fréquentes de la part des familles. La
morgue surtout laissait à désirer puisque par manque de place, on était
contraint à exposer plusieurs corps dans le même local.
12°) Réalisation des
travaux d'entretien nécessités par les bâtiments existants, qui n'avaient pu
être menés à cause de la guerre et qui étaient d'autant plus indispensables que
les bâtiments avaient souffert durant cet intervalle.
Mis à part l'Hôpital
Central, les Hospices étaient confrontés à des besoins de travaux de réfection
ou d'agrandissement dans leurs autres établissements. A l'Hôpital Maringer, le
Service de Vénéréologie était à l'étroit, l'Hôpital Sanatorium Villemin n'était
pas totalement achevé ; à l'Hospice Saint-Julien, il aurait fallu procéder aux
travaux d'installation de l'éclairage électrique et du chauffage central,
etc...
Pour aider les Hospices
Civils à mener ces travaux, la Ville contracta un emprunt et en Août 1921, le
Conseil Municipal votait l'octroi d'une subvention de 3 millions destinée plus
particulièrement à l'amélioration de l'Hôpital Central.
(1) La population de
l'arrondissement de Nancy qui s'élevait à 182300 habitants dont 50000 pour
la commune de Nancy en 1878, était évaluée à 249000 habitants en 1922
dont 120000 pour Nancy même.
LES RÉALISATIONS DE
L'ENTRE-DEUX-GUERRES A L'HÔPITAL CENTRAL : SERVICES MÉDICAUX ET
MÉDICO-TECHNIQUES
LE PAVILLON DES
CONSULTATIONS GRATUITES ET LE NOUVEAU BON-SECOURS
Avec les fonds déjà prévus
avant-guerre, la Commission Administrative, par une délibération du 6 Mai 1919,
décida de poursuivre sans retard la construction du pavillon des consultations
gratuites (1) et du dôme central devant relier le nouveau pavillon au pavillon
de l'Administration, qui datait de l'ouverture de l'Hôpital.
La poursuite de ces travaux
se révélait urgente d'une part parce que les consultations de médecine et de
chirurgie générales ne pouvaient indéfiniment demeurer dans les baraquements
qu'on leur avait affectés, d'autre part, les travaux avaient débuté au
printemps 1914 et les années passant, ce qui avait été déjà réalisé risquait
d'être à tout jamais endommagé.
Le premier devis qui avait
été établi le 16 juillet 1912 et approuvé définitivement le 28 Février 1914
s'élevait pour la construction du pavillon proprement dit et du dôme central à
un montant de 497490 F, dont 334000 F uniquement pour la mise hors l'eau.
A la demande de la
Commission Administrative, l'architecte des Hospices BIET, présenta le 19 Août
1919 un nouveau devis tenant compte des modifications subies par les coûts de
la construction. Ce devis s'élevait pour la seule mise hors l'eau à 600000 F,
dont 429500 F pour le pavillon et 170500 F pour le dôme. A ce montant il
fallait ajouter une somme de 370000 F pour les travaux d'achèvement (menuiserie,
serrurerie, plâtrerie, peinture, vitrerie).
Malgré le fort
renchérissement constaté, la Commission Administrative décida d'entreprendre
sans plus tarder la poursuite des travaux, grâce à des ressources provenant de
la liquidation des biens des Fabriques (2) et dont le montant s'élevait à
610000 F. Cependant, les travaux engagés dès le courant de l'année 1919, ne
devaient pas être achevés avant 1924.
Durant toute leur durée,
les Hospices connurent bien des désagréments quant à leur financement. En
effet, à plusieurs reprises, des devis supplémentaires traduisant la hausse
continue des matériaux et de la main-d'œuvre, vinrent alourdir la facture.
Au devis primitif du 19
Août 1919, devaient s'ajouter un premier devis supplémentaire de 1091130 F le
2 Avril 1921, puis un second devis supplémentaire de 429171 F en Juin 1922 et
enfin un troisième devis supplémentaire de 332320 F le 27 Avril 1923, soit au
total plus de 2450000 F.
Cette somme fut financée en
majeure partie par les Hospices eux-mêmes qui outre les biens des Fabriques et
les ressources d'un legs que leur fit Madame Emile BERTRAND en souvenir de son
mari, avoué à Nancy, eurent recours à l'aliénation de plusieurs de leurs fermes
et à des ressources tirées de dommages de guerre, qu'ils avaient obtenus pour
certaines de leurs propriétés. Ils parvinrent également à obtenir une
subvention de 140000 F de l'État par l'intermédiaire du Pari Mutuel, pour
aménager le Service des Consultations Gratuites proprement dit.
Le 16 Juin 1924 ouvrait
enfin le nouveau Service des Consultations Gratuites de médecine et de chirurgie
générales, suivi en Août de la même année par ce qu'on devait appeler le
Nouveau Bon-Secours, qui occupait finalement la majeure partie du bâtiment,
contrairement aux plans élaborés primitivement.
A la veille de la guerre,
le projet prévoyait en effet que le futur pavillon comporterait au
rez-de-chaussée les services de consultations de médecine, de chirurgie
générales et d'urologie, ainsi qu'une salle pour la célébration des cérémonies
mortuaires non catholiques. Au 1er étage, devaient être installées
les consultations d'O.R.L. et d'électrothérapie plus radiographie, enfin le
second et le troisième étages devaient être réservés à la clinique dentaire,
mises à part quelques chambres destinées aux accidentés du travail. Le
bâtiment était donc destiné à regrouper tous les services de consultations à
l'exception de ceux de pédiatrie et de chirurgie infantile, d'où son
appellation de pavillon des consultations. Mais après la guerre, ce projet fut
totalement modifié au profit d'une extension des chambres de malades payants,
ce qui eut pour résultat de porter à 166 lits la capacité de la Pension
Bon-Secours (3) qui ne s'élevait qu'à 62 avant 1914.
Finalement, le pavillon
nouvellement construit se composait au sous-sol d'une lingerie-buanderie
destinée aux besoins de la Pension Bon-Secours et ouverte dès 1920 ; au
rez-de-chaussée, du logement du concierge, de la salle de garde à laquelle
attenait une petite bibliothèque pour les internes et enfin des services de
consultations de médecine et de chirurgie générales ; au premier étage du
logement du chef des services administratifs et de neuf chambres de malades
payants ; aux deuxième et troisième étages, de chambres de malades payants et
au quatrième étage, sous les toits, de dortoirs pour le personnel servant. Dans
le projet effectivement réalisé, la part occupée par les consultations avait
été réduite au minimum et la dénomination de " pavillon des consultations
" ne correspondait plus à la réalité, aussi, fit-elle place à celle du
Nouveau Bon-Secours.
(1) A droite de l'entrée
principale de l'Hôpital Central une
partie de ce, pavillon avait déjà été construite en 1898. Elle abritait
au rez-de-chaussée la loge du concierge, au 1
er étage la salle de garde des internes et aux 2 e et 3e
étages des logements pour le personnel.
(2) Conformément aux
lois de séparation
de l'Église et
de l'État qui
avaient confisqué à l'Église une partie de
ses biens, un Décret du 18
Avril 1913 avait
attribué aux Hospices
Civils de Nancy
une part des
" valeurs ' détenues
auparavant par les Fabriques des
églises de Nancy.
(3)L’ancienne Pension
Bon-Secours devait elle-même être entièrement rénovée et dotée de nouvelles
salles opératoires, au cours de
l'entre-deux-guerres.
LE SERVICE DE GYNECOLOGIE
ET LE CENTRE ANTICANCÉREUX DE LORRAINE
Au lendemain de la guerre,
la Commission réétudia le projet de création d'un dispensaire et d'un institut
de gynécologie d'une cinquantaine de lits. Ce projet remontait à quelques
années. Sur les conseils du Professeur VAUTRIN, Médecin-Chef d'un service de
chirurgie générale à l'Hôpital Civil, Madame Veuve BOULANGER avait fait un legs
important de 775000 F aux Hospices afin qu'ils créent un dispensaire et un
service d'hospitalisation de gynécologie. Sous le nom de Dispensaire et
Institut Joseph BOULANGER, ces services devaient être confiés selon la volonté
expresse de la donatrice au Professeur Alexis VAUTRIN, exécuteur testamentaire
de Madame BOULANGER. Par délibération du 28 Mars 1911, la Commission Administrative
des Hospices avait accepté cette donation et les obligations qui en
résultaient. Le 21 Août 1913, le Préfet accordait son autorisation à
l'acceptation définitive de ce legs et les Hospices entreprirent aussitôt de
réaliser le projet. Ils envisagèrent primitivement d'installer le service de
gynécologie au 90 de la rue de Strasbourg dans un immeuble contigu à l'Hôpital
Marin, qu'ils louaient à Mademoiselle EBEL, avec intention de rachat à la fin
du bail de location. Mais cette solution fut rejetée, l'immeuble ne se révélant
pas approprié. Sur ce, la guerre éclata et les projets furent temporairement
ajournés.
Avant la fin totale des
hostilités, les Hospices envisagèrent, pour créer ce nouveau service,
l'acquisition de deux immeubles situés dans le prolongement de l'Hôpital Civil,
en façade sur la rue de Strasbourg. L'achat des propriétés FLORENTIN-DERMIER et
FERLIN-MAUBON, correspondant respectivement aux 45 et 47 de la rue de
Strasbourg fut autorisé en Août 1919 par les Autorités de Tutelle. Mais ce
n'est qu'à l'automne 1920 que la Maison FERLIN-MAUBON était acquise
définitivement par les Hospices. Les travaux d'aménagement de cet immeuble,
pour y installer le service de gynécologie furent également longs et contrariés
par de multiples événements puisque le Service de Gynécologie ne devait ouvrir
qu'en Décembre 1927.
Outre le dispensaire et le
service d'hospitalisation de gynécologie, la Commission Administrative
souhaitait installer, dans les bâtiments qu'elle avait achetés, une salle pour
le culte protestant, au rez-de-chaussée et des magasins généraux dans les
sous-sols.
Le devis adressé en Octobre
1919 pour l'ensemble de ces aménagements, par l'Architecte BIET, se chiffrait à
800000 F. Or, il fallait aussi prévoir des ressources pour l'achat de linge, de
mobilier et d'équipement médical. Même en supprimant les travaux d'aménagement
du temple et des magasins généraux, le devis s'élevait encore à 672075 F
auxquels il fallait ajouter au moins 130000 F pour le mobilier et 220000 F, somme
restant à payer pour l'achat de l'immeuble FERLIN-MAUBON et pour les droits de
mutation du legs BOULANGER. Il fallait donc prévoir plus d'un million de francs
alors que les Hospices ne disposaient que de 775000 F du legs BOULANGER.
Cette somme, qui avant-guerre,
aurait largement permis de financer les travaux et l'équipement des services
envisagés, s'avérait alors avec l'érosion monétaire et l'augmentation du coût
de la vie, insuffisante pour mener à bien les projets. Les administrateurs,
lors de leur séance du 28 Octobre 1919, décidèrent d'ajourner l'exécution de
ces projets jusqu'à ce que les Hospices recouvrent une situation financière
satisfaisante qui leur permette de trouver des ressources complémentaires.
En même temps, devait se
poser aux Hospices le problème de la création d'un centre anti-cancéreux qui
allait compliquer et retarder l'ouverture du service de gynécologie. Au
lendemain de la première guerre, des actions furent entreprises pour
sensibiliser l'opinion et récolter des fonds destinés à combattre certains
fléaux menaçant la santé publique. Après la tuberculose, contre laquelle de
nombreux établissements furent érigés, le cancer devint la nouvelle cible du
corps médical. La découverte du radium et de ses applications fit naître
l'espoir de pouvoir combattre efficacement sinon vaincre une maladie contre
laquelle jusqu'ici la médecine se sentait très désarmée.
L'Office d'Hygiène Sociale
de Meurthe-et-Moselle (1) conformément à une circulaire ministérielle parue en
1922, qui souhaitait qu une action fût entreprise au niveau des différents
départements, décida de créer un centre anticancéreux.
Le Professeur VAUTRIN,
exécuteur testamentaire de Madame BOULANGER, exigea des Hospices Civils de
Nancy que le Centre Anticancéreux de Lorraine dont il devait être le
médecin-directeur fût installé dans l'immeuble FERLIN-MAUBON et avec une partie
des fonds du legs BOULANGER Il se heurta à l'hostilité du vice-président KRUG
et de la Commission des Hospices, qui estimaient que le legs BOULANGER, déjà
insuffisant, ne devait servir qu'à la création du service de gynécologie,
conformément aux volontés exprimées par la testatrice.
La Commission des Hospices,
tout en reconnaissant le grand intérêt que constituait l'ouverture d'un centre
anticancéreux ne voulait pas en faire les frais. Elle pensait que l'Office
d'Hygiène Sociale n'aurait pas de mal à obtenir une subvention départementale
et même du Pari mutuel pour parvenir à ses fins, sans qu'il fût besoin de
s'attaquer aux ressources des Hospices déjà hypothéquées pour une autre
affectation.
Toutefois, le Professeur
VAUTRIN, auquel les Hospices étaient redevables du legs BOULANGER, était pressé
de voir se concrétiser ses projets et persista dans son intention de voir
affecter les ressources de cette donation à l'installation conjointe du Service
de Gynécologie et du Centre Anticancéreux. Un conflit surgit entre lui et les
Hospices et plus particulièrement le vice-président KRUG, tout aussi ferme dans
ses positions.
Le désaccord devait être
réglé le 13 Mai 1924 lors d'une séance extraordinaire de la Commission
Administrative qui en l'absence d'Alfred KRUG, fut présidée par le Maire Henri
MENGIN, en personne et à laquelle assistaient le Doyen de la faculté de
Médecine SPILLMANN en tant que Président du Conseil d'Administration du futur
Centre Anticancéreux et le Professeur Alexis VAUTRIN, en tant que directeur du
Centre Anticancéreux.
La Commission des Hospices
accepta d'offrir provisoirement l'hospitalité au Centre Anticancéreux dans
l'immeuble FERLIN-MAUBON et de prendre à sa charge les travaux d'aménagement
nécessaires tant du service de gynécologie que du Centre Anticancéreux. En
contrepartie, les malades des Hospices bénéficieraient des soins nécessités
par leur état, des équipements médicaux et en particulier du radium que
l'O.H.S. avait reçu gratuitement de l'Etat pour le Centre Anticancéreux. Le
Professeur VAUTRIN devait coiffer les deux nouveaux services en tant que chef
de service de l'Institut de gynécologie et directeur du Centre Anticancéreux.
Un nouveau devis fut dressé
en 1924 prévoyant en sus de l'installation du dispensaire et du service de
gynécologie, celle du futur Centre Anticancéreux. L'ensemble des frais relatifs
tant aux travaux qu'à l'achat du mobilier et de l'équipement médical ainsi que
d'une partie de l'immeuble, s'élevait à 1541023 F alors que les ressources dont
disposaient les Hospices (legs BOULANGER auquel s'ajoutait une subvention
municipale de 200000 F pour l'achat de l'équipement radiothérapique) ne
s'élevaient qu'à 1121023 F. La Commission entreprit de s'adresser au Ministère
de l'Hygiène dont dépendaient alors les hôpitaux, pour obtenir du Pari Mutuel
une subvention de 420000 F qui leur fut accordée.
Les travaux d'aménagement
de l'immeuble FERLIN-MAUBON débutèrent dans le second semestre de l'année 1924.
Le Centre Anticancéreux se vit octroyer la plus grande partie du
rez-de-chaussée et le Professeur VAUTRIN obtint le sous-sol pour y installer
les locaux techniques. Au rez-de-chaussée furent également installées les
consultations de gynécologie tandis que les premier et deuxième étages étaient
réservés au service d'hospitalisation de gynécologie. Enfin, le troisième étage
servit à loger l'Ecole d'Infirmières installée jusque-là au Pavillon
Louise-Elisabeth, mais qui ne pouvait plus y demeurer. Le Centre Anticancéreux
ne disposait que de 13 lits tandis que le service de gynécologie devant
initialement en comporter 50, avait été réduit à 18 lits.
Dès l'automne 1925, les
travaux d'aménagement du Centre Anticancéreux étaient terminés et le Centre put
ouvrir dès le 1er Novembre 1925.
A l'exemple des autres
centres de ce type, le Centre Anticancéreux de Lorraine était un organisme
autonome dirigé par un directeur-médecin et un Conseil d'Administration
présidé par le Doyen de la Faculté de Médecine. Bien qu'installé dans des
bâtiments appartenant aux Hospices Civils de Nancy le Centre Anticancéreux n'en
dépendait nullement et seul son directeur-ordonnateur de la gestion tant
financière que matières en assumait la responsabilité.
Toutefois, en raison de
l'intérêt que présentait sur le plan médical, le Centre Anticancéreux, les
Hospices, par délibération du 29 Septembre 1925, proposèrent de prendre en
charge :
— le traitement de la
préposée au secrétariat du Centre,
— le salaire de son concierge,
— le chauffage et le gros
entretien de ses bâtiments.
En outre, ils se chargèrent
d'effectuer ses recettes et de payer ses dépenses. La Commission décida que le
fonctionnement des deux salles d'hospitalisation serait à la charge des
Hospices qui récupéreraient auprès des malades ou de leurs collectivités les
prix de journée. Le reste du fonctionnement devait être supporté par le Centre,
dont le déficit éventuel ne serait en aucun cas comblé par les Hospices.
Les travaux d'aménagement
du service de gynécologie ne furent achevés qu'au début de l'année 1927. Le
service devait ouvrir au courant de cette année quand survint brutalement la
mort du Professeur VAUTRIN le 4 Juin. Il fallut trouver un successeur. A la
tête du Centre Anticancéreux, ce fut le Professeur HOCHE qui fut appelé à lui
succéder tandis que le service de gynécologie était confié au Professeur BINETet ouvrait enfin ses portes le 15 Décembre 1927.
La cohabitation dans
l'immeuble FERLIN-MAUBON, de deux services et de l'École d'Infirmières ne
pouvait être longtemps possible comme l'avait justement pressenti le
vice-président KRUG. L'immeuble se révéla rapidement trop exigu aux besoins
grandissants d'extension du Centre Anticancéreux, qui dès le départ avait été
conçu de façon trop limitée. Peu à peu, un accord se réalisa entre les Hospices
et le Conseil d'Administration du Centre Anticancéreux. En raison du
développement pris par l'École d'Infirmières, la Commission Administrative
envisagea la construction d'un bâtiment qui lui serait spécialement affecté.
Pour l'aider à réaliser ce projet que l'on étudiera plus loin, le Centre
Anticancéreux proposa d'offrir aux Hospices une subvention de 700000 F. En
contre-partie, les Hospices libéraient l'ensemble des locaux de l'immeuble
FERLIN-MAUBON par le transfert de l'École d'Infirmières sur sa nouvelle école
et celui du service de gynécologie sur l'Hôpital Marin.
Par un contrat passé avec
l'O.H.S. et approuvé par un arrêté préfectoral du 7 Septembre 1931, les
Hospices Civils de Nancy avaient accepté de céder au Centre Anticancéreux
l'ensemble de l'immeuble FERLIN-MAUBON pour une durée de 60 ans en échange du
versement aux Hospices d'1 F par an et à titre de dédommagement pour les frais
occasionnés par le déplacement de la gynécologie et de l'Ecole d'Infirmières,
l'O.H.S. s'engageait à verser aux Hospices 700000 F en quatre acomptes
échelonnés sur 9 mois.
Au printemps 1934, après le
déménagement du service de gynécologie (autorisé par les héritiers de Madame
BOULANGER) et de l'École d'Infirmières, les Hospices entreprirent les travaux
de réfection nécessaires dans les locaux libérés pour les céder au Centre
Anticancéreux qui les occupera jusqu'en 1974.
(1) L'Office d'Hygiène
Sociale. Institution privée, reconnue d'utilité publique par un décret du 4
Janvier 1923, avait été créé en 1920 par le Doyen Jacques PARISOT, un des
pionniers de la médecine sociale pour poursuivre et étendre l'œuvre entreprise
par le Comité Départemental d'assistance aux militaires tuberculeux. En
coopération avec les Hospices, il créa un dispensaire antituberculeux à
l'Hôpital Villemin et un dispensaire antivénérien à l'Hôpital Fournier, par la
suite, il ouvrit également un dispensaire de consultations infantiles à
l'Hôpital Central. Désireux de lutter contre les divers fléaux tant sociaux que
sanitaires, ses membres furent ainsi conduits à envisager une action contre le
cancer et se tournèrent tout naturellement vers les Hospices Civils de Nancy.
RENOVATION ET EXTENSION DES
GROUPES OPERATOIRES
Avant 1914, la Commission
Administrative avait déjà envisagé de transformer et de moderniser les salles
opératoires du Service de Chirurgie Générale B situé au pavillon Roger-de-Videlange. Ces salles se révélaient insuffisantes et ne répondaient plus aux
progrès considérables réalisés par la chirurgie depuis qu'elles avaient été
construites.
Après la guerre, le Chef du
service de Chirurgie Générale B, Alexis VAUTRIN remit le projet sur le tapis.
Devant les lenteurs de la Commission, qui se débattait encore dans
d'inextricables difficultés financières, le Professeur VAUTRIN alla jusqu'à
menacer les administrateurs des Hospices de démissionner de ses fonctions de
Chef de Service à l'Hôpital Central plutôt que de continuer à travailler dans
de telles conditions.
En 1922, les plans dressés
par l'Architecte BIET, sur les indications du Professeur VAUTRIN prévoyaient la
création de trois salles d'opération (une salle septique, une salle aseptique
et une salle noire) dotées chacune d'une salle d'anesthésie et de préparation
des opérés, ainsi qu'une salle de conférences, une salle de radiographie, une
salle de pansements. Au rez-de-chaussée, sous les salles d'opération, devaient
être installés un petit laboratoire et le service de stérilisation, qui leur
étaient reliés par un ascenseur et un escalier. Le devis primitif fut évalué à
550000 F auxquels il fallut ajouter 150000 F pour l'agencement intérieur. Pour
le financement de ces travaux, le vice-président KRUG proposa d'utiliser une
partie de la subvention municipale de 3 millions, devant être versée aux
Hospices dans le cadre de leur programme d'extension et de rénovation.
A son tour, le Professeur
WEISS, Chef du Service de Chirurgie Générale A, sollicita de la Commission
l'amélioration de sa salle d'opération Des plans furent dressés en vue de la
remplacer par un groupe opératoire, comparable à celui prévu pour l'autre
Service de Chirurgie Générale et comportant deux nouvelles salles d'opération,
une salle de stérilisation, une salle de pansements, une salle de radiographie
; le tout était complété par une salle de cours et de conférences et un
laboratoire. Le nouveau devis établi pour les deux groupes opératoires en
Septembre 1922 s'élevait à 1176000 F, somme importante, que les Hospices
n'étaient pas en mesure d'avancer dans l'immédiat.
Ce ne devait être qu'au
courant de l'année 1924, que les travaux de construction des groupes
opératoires des Professeurs VAUTRIN et MICHEL, purent être entrepris dans la
perspective de versements d'acomptes sur la subvention de 3 millions promise
par le Pari Mutuel. Les travaux se poursuivirent activement et étaient achevés
fin 1925. En Janvier 1926, les deux groupes opératoires ultramodernes étaient
inaugurés.
Auparavant, il faut
signaler la transformation de la salle d'opération du Service de Chirurgie
Infantile du Professeur FROELICH, au courant de l'année 1919 en raison de la
transformation de sa chaire de chirurgie en chaire magistrale.
D'autre part, il faut
également mentionner le remplacement de la salle d'opération du Service
d'Ophtalmologie par un bloc opératoire répondant également aux nouveaux
critères de la chirurgie et qui fut inauguré en Mai 1927.
LA CONSTRUCTION DU PAVILLON
ALFRED KRUG
Avant 1914, il s'avérait
déjà nécessaire de constuire un nouveau pavillon d'hospitalisation dans l'enceinte
de l'Hôpital Civil pour y installer les Services d'O.R.L. et d'Urologie qui ne
disposaient que de locaux insuffisants et inadaptés au 2e étage du
Pavillon Collinet-de-la-Salle. Un projet avait été élaboré par l'architecte et
prévoyait l'emplacement de ce futur pavillon entre le pavillon
Roger-de-Videlange et la rue Lionnois.
Au lendemain de la guerre,
cette nécessité restait tout aussi aiguë avec le développement continu de
l'activité des Services d'O.R.L. et d'Urologie et les nouvelles contraintes médicales.
Aussi, la Commission Administrative donna la priorité, dans son programme
d'extension et de rénovation de l'Hôpital Central, à la construction d'un
pavillon réservé à ces deux services. Mais un autre besoin était apparu au lendemain
de la guerre, celui de trouver de nouveaux locaux pour les services d'enfants
qui se trouvaient de plus en plus à l'étroit dans les murs du Pavillon
Virginie-Mauvais.
La Commission envisagea
donc de construire un nouveau pavillon pour répondre à ces besoins. Mais par
souci de simplicité, lors de la séance de la Commission du 23 Mai 1922, il fut
arrêté en accord avec l'architecte que le pavillon d'O.R.L. et d'Urologie
serait prolongé pour pouvoir également abriter le service de Médecine Infantile
qui, situé à l'autre extrémité du bâtiment, aurait une entrée propre et serait
totalement indépendant des deux autres services.
Cette solution avait été
préférée à celle proposée par le docteur C. SCHMITT, premier adjoint au maire,
qui avait suggéré au vice-président KRUG l'idée de construire un hôpital
d'enfants à proximité de la future maternité départementale dont les travaux
allaient être incessamment entrepris sur les vastes terrains de l'Ancien Grand
Séminaire. La construction d'un hôpital d'enfants était un projet séduisant
mais onéreux. Il se révélait à l'époque également inutile en raison de la
baisse de la natalité, qui avait pour conséquence une certaine stagnation de
l'activité du service de médecine infantile. Seul progressait le nombre des
hospitalisations du service de chirurgie infantile, en raison des progrès
réalisés dans ce domaine surtout depuis la guerre, et du fait de l'attraction
régionale exercée par le service nancéien, qui bénéficiait en outre d'un
éminent praticien dans cette discipline, le Professeur FROELICH, un des
pionniers de la chirurgie infantile française.
Un premier devis fut dressé
par l'Architecte BIET et approuvé le 22 Septembre 1922 par la Commission
Administrative. Ce devis qui englobait l'ensemble des travaux d'extension et
de modernisation devant être réalisés à l'Hôpital Central (construction du
pavillon d'O.R.L. - Urologie - Médecine Infantile, des groupes opératoires des
deux services de chirurgie générale, aménagement des services de médecine
générale, du service de radiologie et rénovation du service opératoire de
l'ophtalmologie) s'élevait à 5562000 F dont 4100000 F pour la seule
construction du futur pavillon Alfred KRUG.
L'ensemble des plans et des
devis fut soumis pour approbation au Ministère de l'Hygiène et la Commission
Administrative sollicita pour la réalisation des travaux une subvention de 3
millions de la commission de répartition des Fonds du Pari Mutuel. Les 3 autres
millions devaient être fournis par la Ville, qui avait contracté tout
spécialement un emprunt de ce montant pour subventionner le programme.
Au même moment, la
Commission des Hospices se préoccupait de l'avenir du Service de Radiologie,
dont le fonctionnement laissait beaucoup à désirer en raison de l'exiguïté de
ses locaux et d'un manque de personnel. Depuis 1897, le Service
d'électrothérapie auquel avait été adjoint un équipement de radiographie en
1899, était installé au sous-sol du pavillon BRUILLARD-BALBÂTRE. A un moment,
il avait été question de le transférer dans le futur pavillon des consultations
gratuites mais le projet n'avait pas eu de suite et le service demeurait
toujours dans ses locaux primitifs.
Par une lettre datée du 31
Décembre 1923, le Doyen de la Faculté de Médecine informa les administrateurs
de son souhait de voir réorganisé le service de radiologie qui depuis la mort
de son Chef de Service, le Professeur GUILLOZ en Mars 1916, était quelque peu
laissé à l'abandon. Outre la nécessité de le doter d'un personnel suffisant et
d'un équipement nouveau le Doyen insistait sur le caractère dangereux de son
fonctionnement, qui exigeait une modification des locaux. Peu après, la Commission
Administrative décidait d'installer le Service de radiographie au sous-sol du
futur pavillon KRUG, afin de régler cette question. La durée des travaux de
construction du nouveau pavillon fut longue ; entrepris en 1924, ils ne
devaient être totalement achevés qu'en 1931. En effet, deux types de problèmes
vinrent en contrarier le cours : d'une part des problèmes financiers, d'autre
part des problèmes techniques. Si en théorie, les Hospices de Nancy s'étaient
vu octroyer les subventions nécessaires à la conduite de leur programme, en
réalité, ils ne purent pas disposer aussi rapidement qu'il l'aurait fallu des
trois millions accordés par la Commission de répartition des Fonds du Pari
Mutuel.
Cette dernière fut, au
cours de l'entre-deux-guerres, assaillie de demandes en provenance de toutes
les régions de France, en raison des grands besoins hospitaliers que
suscitaient les progrès médicaux et sociaux et l'insuffisance des établissements
existants. Elle parvenait difficilement à répondre à toutes ces sollicitations
et aussi c'est avec souvent beaucoup de retard que s'effectuaient les
mandatements des divers acomptes promis. Or, les Hospices n'étant pas en mesure
d'avancer les sommes importantes nécessaires au règlement des entrepreneurs,
durent ajourner les travaux dès l'automne 1925 et ne furent en mesure de les
reprendre qu'en 1927.
Entre temps, les prix de la
construction avaient continué à grimper au point que les devis se trouvèrent
majorés de 30 à 40 % par rapport à 1925. Il fallut à nouveau solliciter de la
Commission du Pari Mutuel des subventions complémentaires pour tenir compte des
hausses intervenues.
Par ailleurs, la
réalisation du pavillon nécessita le déplacement de divers services et la
démolition des bâtiments qui les abritaient, ce qui entraîna des dépenses supplémentaires.
En premier lieu, il fallut trouver de nouveaux locaux pour loger le service
des contagieux, dont les bâtiments occupaient l'emplacement prévu pour
construire l'aile du pavillon KRUG destinée au service de pédiatrie. Il
s'agissait heureusement de bâtiments vétustes dont on avait déjà envisagé la
démolition avant 1914, pour doter le service des contagieux d'un pavillon neuf.
Mais d'autres besoins étaient apparus plus urgents et la construction d'un
pavillon spécifique pour les contagieux trop onéreuse ne s'était finalement
pas avérée indispensable. Temporairement il fut question de transférer les
contagieux à l'Hôpital Marin après que le Service d'Urologie en eut libéré les
locaux pour s'installer dans le nouveau pavillon. En 1924, il fut
définitivement convenu que le service des contagieux serait transféré à
l'Hôpital Maringer dans les locaux occupés depuis la guerre par l'École des
Mutilés. Le départ de cette dernière eut lieu le 31 Juillet 1925 et avec l'aide
financière de la Ville, la Commission fit procéder aux travaux de réfection qui
s'imposaient. En décembre 1927, le Service des contagieux emménageait à
l'Hôpital Maringer où il devait rester jusqu'en Octobre 1975, avec une
interruption pendant la seconde guerre mondiale.
Il fallut également
transférer la basse-cour et la serre en 1926 et la salle d'autopsies en 1927
qui se trouvaient toutes les trois sur les terrains séparant l'immeuble
FERLIN-M AUBON abritant le Centre Anticancéreux et le futur pavillon Alfred
KRUG. La salle d'autopsies fut reconstruite à proximité de l'entrée actuelle de
l'hôpital donnant sur la rue Lionnois. La basse-cour et la serre furent
édifiées sur un terrain cédé gracieusement par la Ville, derrière l'Institut
d'Anatomie de la Faculté de Médecine. En outre, pour faciliter et dissimuler
aux regards le transport entre la morgue et la nouvelle salle d'autopsies des
corps d'hospitalisés décédés, une galerie souterraine fut creusée vers la même
époque. La construction du pavillon lui-même se trouva gênée par la nature
humide du terrain, un cours d'eau souterrain coulant à proximité de
l'emplacement choisi pour l'édification du bâtiment.
Enfin, le coût du projet
fut encore alourdi par diverses modifications et adjonctions. A la demande des
médecins, trois laboratoires complémentaires furent créés pour répondre aux
besoins des Services d'O.R.L. et d'Urologie. Pour le service de médecine
infantile, une galerie-terrasse fut aménagée au premier étage pour l'exposition
au soleil des enfants de la pouponnière. Devant l'insuffisance de la buanderie
déjà existante et située au sous-sol du pavillon Collinet-de-la-Salle, et en
prévision de l'accroissement des besoins qui découleraient de l'ouverture du
nouveau pavillon, la Commission décida de créer une nouvelle buanderie dans les
sous-sols de ce dernier.
Il fallut aussi procéder à
des travaux d'aménagement des abords du pavillon, réaliser des chemins
d'accès, faire des plantations. Enfin, un mur de séparation de 130 m de long
dut être édifié pour isoler ces nouvelles réalisations d'incursions étrangères.
La lenteur des travaux,
conjuguée à toutes les modifications et améliorations dans une conjoncture de
continuelle hausse des prix, explique que plusieurs devis supplémentaires
vinrent compléter le devis primitif, portant le coût de l'ensemble des travaux
d'extension et de modernisation de l'Hôpital Central de 6 millions à plus de 10
millions et demi, financés pour moitié par les subventions de la Commission du
Pari Mutuel et pour l'autre moitié par la Ville (pour un montant de 3 millions)
et par les Hospices eux-mêmes (grâce à l'aide des produits de legs (1) et des
forêts). Conçu par l'architecte BIET, le pavillon devait être construit sous la
direction du nouvel architecte des Hospices, LE BOURGEOIS.
C'est en novembre 1929 que
devait être ouverte la pouponnière (2) dans le nouveau pavillon. En janvier
1930, avait lieu le transfert du service de médecine infantile dans ses
nouveaux locaux. En Mai 1930, ce fut au tour des services d'O.R.L. et
d'Urologie, suivis du service de radiologie centrale, d'emménager dans le
pavillon nouvellement construit, qui reçut en 1934 le nom d'Alfred KRUG.
(1) En particulier les Hospices Civils reçurent en 1926 un
legs important de Monsieur GÉRARDIN.
(2) Après le transfert
des poupons dans leurs nouveaux locaux, l'ancien pavillon abritant la
pouponnière mais aussi des consultations
de pédiatrie, devait être transformé en 1933 en dispensaire d'hygiène sociale
et de protection de l'enfance sous la dénomination de " Dispensaire Haushalter
" aux frais partagés des Hospices et de l'O.H.S. Il devait être agrandi
vers 1938.
LA CREATION DU SERVICE DES
AGITES
En Novembre 1921, un détenu
nommé Bischoff avait profité d'une brève hospitalisation à l'Hôpital Central
pour s'évader. A la suite de cet incident, la Préfecture avait adressé aux
Hospices copie d'une circulaire du Ministère de la Justice d'après laquelle les
Hôpitaux, qui étaient de toute façon tenus d'accepter les détenus des prisons
qui leur étaient adressés, étaient responsables en cas d'évasion et étaient
donc obligés de prendre les dispositions qui convenaient
Devant la responsabilité
qui lui incombait dans ce domaine, la Commission fut conduite à envisager la
création d'un secteur d'observation spécialement réservé à cette catégorie de
malades et permettant une surveillance, difficile à exercer dans les services
d'hospitalisation classiques. En outre, ce secteur pouvait également servir à
des malades, dont l'état exigeait un isolement, tels les suicidaires ou les
déments, dans l'attente d'un transfert dans un établissement spécialisé. Mais
il fallut plusieurs années avant que le projet fût réalisé.
Vers 1927, il resurgit lors
de la parution d'une nouvelle circulaire rappelant les obligations des hôpitaux
vis-à-vis des détenus et la Commission Administrative envisagea tout d'abord
d'installer le service des agités dans le futur pavillon KRUG dont la
construction était en cours. Plans et devis furent établis dans cette
perspective, mais cette solution fut rejetée, car la Commission la jugea trop
coûteuse. Lors de sa séance du 21 Août 1928, la Commission trouva une autre
idée plus avantageuse Le service des agités et détenus devait être logé au
sous-sol du pavillon Roger-de-Videlange, sous la salle 8, et où se trouvaient
alors les ateliers de menuiserie, de plomberie et d'électricité. Ceux-ci durent
préalablement être déplacés et transférés au fond de l'Hôpital Central entre le
garage auto et le dépôt de bois, pour une somme de 16000 F.
Les plans d'aménagement du
service des agités, qui prévoyaient la création de 12 chambres à un lit (6 pour
les hommes, 6 pour les femmes), de deux chambres de surveillants, d'un office,
de toilettes, etc... furent soumis au corps médical qui les accepta, puis
soumis à l'approbation préfectorale, qui fut accordée le 18 Janvier 1929. Les
travaux entrepris peu après en Mars 1929 devaient être achevés au courant de
l'année 1930 et financés par les Hospices eux-mêmes, avec notamment le produit
de la vente des chablis de leurs forêts vosgiennes. Leur coût devait s'élever à
85000 F auxquels il fallut ajouter environ 20000 F pour le mobilier.
L'affectation du service
avait été préalablement définie de la manière suivante par une délibération de
la Commission Administrative du 13 Novembre 1928 : " Ce service sera
réservé aux malades atteints d'agitation ou de troubles mentaux. Deux chambres
y seront affectées aux prisonniers malades amenés à l'Hôpital conformément aux
instructions de Monsieur le Ministre de la Justice en date du 26 Juin 1916 et
du 1er Juillet 1927, quand les soins urgents dont ils ont besoin ne
peuvent absolument pas leur être donnés à l'infirmerie de la prison ".
Il n'y avait pas de médecin
spécialement attaché à ce nouveau service, mais chaque chef de service
conservait la charge de ses malades qui y étaient hospitalisés à l'exemple du
système qui existait auparavant dans le service des contagieux.
LE LABORATOIRE CENTRAL
Les examens de laboratoire
prirent une place croissante surtout après la Première Guerre Mondiale. Leur
apport, tant pour la recherche que pour la pratique médicale se révélant de
plus en plus indispensable, des laboratoires furent créés au niveau des
différents services hospitaliers. Toutefois, cette formule se révélait
insuffisante et la nécessité de créer un véritable laboratoire central devait
apparaître rapidement. Le Doyen de la Faculté de Médecine en Mars 1931, proposa
d'installer ce laboratoire, qui devait desservir une douzaine de services
d'hospitalisation, dans les locaux libérés au sous-sol du pavillon
BRUILLARD-BALBÂTRE par le transfert du service de radiographie dans le pavillon
A. KRUG.
Mais les Hospices n’y
étaient pas très favorables estimant que cela faisait double emploi avec les
multiples laboratoires fonctionnant dans les différents services hospitaliers.
En Août 1932, la Commission
Administrative finit par accepter le principe d'un Laboratoire Central et
proposa au Professeur VERAIN de lui céder les locaux occupés par la clinique
dentaire, qui était sur le point de déménager. Après le départ de cette
dernière, le 1er Mars 1933 pour ses nouveaux locaux rue Heydenreich,
les travaux d'aménagement furent entrepris aux frais de la Faculté de
Médecine.
LA PHARMACIE CENTRALE
L'agrandissement de la
pharmacie était déjà évoqué en 1920 dans le rapport établi par le
vice-président KRUG à l'intention du Conseil Municipal, mais ce n'est que vers
1934 qu'il devait être sérieusement envisagé. Après avoir été provisoirement
ajournés en raison d'autres chantiers en cours, les travaux de construction de
la nouvelle pharmacie devaient débuter au cours de l'année 1936 et se
poursuivre jusqu'en 1938. Le coût total de la
nouvelle pharmacie était estimé à 1289798 F le 18 Avril 1939.
LES REALISATIONS DE
L'ENTRE-DEUX-GUERRES A L'HÔPITAL CENTRAL :
SERVICES GÉNÉRAUX ET DIVERS
Parallèlement à la
rénovation et à l'extension des services médicaux et médico-techniques, la
Commission Administrative souhaitait procéder à des travaux d agrandissement
de certains services généraux de l'Hôpital Central, devenus inadaptés en raison
de l'envergure prise par cet établissement. Dès 1925, profitant de la nomination
par le Conseil Municipal de Maître HOUOT, Adjoint au Maire, comme Administrateur
des Hospices, le vice-président rappelait les divers projets, dont la réalisation
lui tenait à cœur et parmi ceux-ci, il signalait l'agrandissement de la
chapelle et du dépôt mortuaire ainsi que la construction d'une nouvelle
cuisine.
LA CONSTRUCTION D'UNE
NOUVELLE CUISINE
La cuisine de l'Hôpital
Central, installée au rez-de-chaussée du pavillon situé à gauche de la
chapelle, avait été conçue pour un établissement de 400 lits et ne répondait
plus aux besoins nouveaux. En 1930, l'architecte dressa les plans d'une cuisine
théoriquement prévue pour un établissement de 1.200 personnes (malades et
personnels), en se conformant aux indications fournies par la Commission Administrative,
l'économe GAUGUERY et la Sœur supérieure de l'Hôpital Central.
Les plans et devis ayant
reçu une approbation préfectorale le 2 Mars 1931, les travaux de terrassement
étaient aussitôt entrepris en Mai. L'ensemble de la construction était achevé
en 1932 et la cuisine put être inaugurée le 15 Juillet 1932.
L'AGRANDISSEMENT DE LA
CHAPELLE ET DU DÉPÔT MORTUAIRE
Dès que la nouvelle cuisine
fut terminée, la Commission Administrative s'attela à un nouveau projet, celui
de l'agrandissement de la chapelle et de la morgue. Au lendemain de la première
guerre, le vice-président KRUG avait envisagé la construction d'une nouvelle
chapelle au-delà du pavillon de la Communauté des Sœurs et qui aurait eu un
chemin d'accès sur la rue Lionnois, mais finalement ce projet trop ambitieux
avait été abandonné au profit de constructions plus urgentes. Il fallut se
contenter d'agrandir la chapelle existant déjà et au printemps 1934 avait lieu
l'adjudication des travaux.
En Mai 1934, alors que les
travaux venaient à peine de commencer, la Commission Administrative décida
brusquement de modifier les plans. Sur la proposition de l’architecte THOMAS,
il fut arrêté que l'agrandissement, au lieu de se faire vers l'avant, se ferait
vers l'arrière, afin de préserver l'esthétique de la chapelle et par souci de
simplicité, les travaux s'en trouvant facilités. Le seul problème que soulevait
cette modification du projet, résidait dans la nécessité de déplacer de 4 m 50
la salle de jour, qui se trouvait juste à l'arrière de la chapelle. Celle-ci
devait être entièrement démolie et reconstruite légèrement plus loin pour
permettre l'extension du dépôt mortuaire. Le nouveau projet qui permettait un
gain de place plus important, ne devait toutefois pas alourdir le devis
primitif, les frais de déplacement de la salle de jour mis à part. Ces
derniers, qui s'élevaient à 152426 F furent pris en charge par les Hospices
eux-mêmes, tandis que les frais d agrandissement proprement dits tir la
chapelle et de la morgue étaient partagés entre la Commission de répartition
des fonds du Pari Mutuel et les Hospices. L'ensemble
des travaux était réalisé au cours de l'année 1936 et évalué le 5 Août 1936 à
744856 F, le mobilier étant compris.
L'AMELIORATION DU SERVICE
DES BAINS
Le Vice-Président KRUG
aurait aimé doter l'Hôpital Central d'un service d'hydrothérapie et de bains
sinon luxueux du moins convenable. Mais ce ne fut que quelques années après sa
mort que les Hospices purent enfin envisager une simple amélioration du service
de bains existant. Installé au sous-sol du pavillon Roger-de-Videlange, ce
service était vétuste et son équipement semble avoir été soumis à de nombreuses
dégradations du fait de la négligence du personnel et des malades. En Mai et
Juin 1936, la Commission Administrative repoussa à plusieurs reprises les
projets de transformation que lui proposait l'architecte THOMAS, les jugeant
trop coûteux. Les travaux menés entre la fin de l'année 1936 et le milieu de 1937
devaient finalement entraîner une dépense de presque 400000 F.
LA NOUVELLE ECOLE
D'INFIRMIERES
Après avoir été
provisoirement installée dans le pavillon Louise-Elisabeth, nouvellement
construit à l'Hospice Saint-Julien, l'École d'Infirmières fut transférée dans
l'immeuble FERLIN-MAUBON aux 2e et 3e étages. Elle devait
s'y trouver rapidement à l'étroit, aussi, après la fermeture de la section de
maternité de la Pension Bon-Secours le 1er Janvier 1929, le 3e
étage du pavillon BRUILLARD-BALBÂTRE lui fut également affecté.
En Mars 1930, Madame
LAMASSE, mère d'une ancienne élève-infirmière, remit à la directrice de l'Ecole
Sœur Louise BARROT, en mémoire de sa fille décédée, une somme de 150000 F en
vue exclusivement d'aménager une salle de détente et de réunions pour les
élèves-infirmières internes.
Pour permettre au Centre
anticancéreux de s'étendre dans l'immeuble FERLIN-MAUBON et pour doter enfin
l'École d'Infirmières de locaux conformes à ses besoins, la Commission des
Hospices décida de construire un bâtiment. Le devis dressé par l'architecte et
présenté au cours de la séance de la Commission Administrative du 9 Septembre
1930 s'élevait à 2600000 F, somme qui devait être financée de la manière
suivante :
— 700000 F de subvention
versés par l'O.H.S. pour dédommager les Hospices de leur cession au Centre
anticancéreux, de l'immeuble FERLIN-MAUBON.
— 150000 F provenant du don
de M. et Mme LAMASSE.
— 300000 F de subvention,
accordés par le département (l'École devant servir à former des infirmières
pour tout le département, sinon la région).
— 200000 F de subvention,
versés par la Ville de Nancy.
Le complément, soit 1300000
F, devait faire l'objet d'une demande de subvention auprès du Ministère de
l'Hygiène.
L'emplacement de la future
école souleva quelques difficultés. Primitivement, il avait été question de
l'implanter entre le pavillon BRUILLARD-BALBÂTRE et l'immeuble FERLIN-MAUBON
Mais cette solution était peu satisfaisante, vu le manque d'espace. Les
administrateurs étudièrent diverses autres possibilités, mais le choix
s'avérait limité. Avec la construction du pavillon abritant l'O.R.L.,
l'Urologie, la Pédiatrie et la Radiologie, il ne restait plus beaucoup de
terrains suffisamment vastes. Finalement, l'Ecole put être construite rue
Lionnois, sur un terrain cédé gratuitement par la Ville. Toutefois, auparavant
il fallut déplacer d'une vingtaine de mètres la salle d'autopsies qui ne datait
que de 1927, pour permettre l'édification de l'École.
Dès le mois de Décembre
1931, la salle d'autopsies devait être reconstruite à proximité de l'Institut
Anatomique de la Faculté de Médecine, au débouché de la galerie souterraine qui
la reliait à la morgue, sur un terrain cédé également à titre gracieux par la
Municipalité.
Les travaux de construction
de l'École d'Infirmières furent entrepris en 1932. Celle-ci comprenait au
rez-de-chaussée les services généraux (bureaux, bibliothèque, salles de cours)
auxquels étaient adjoints une salle de fêtes, Financée grâce au don de M. et
Mme LAMASSE, et un réfectoire. Elle avait trois étages abritant un ensemble de
63 chambres. Le coût total de sa construction devait finalement dépasser 3
millions de francs. La moitié fut subventionnée par des fonds provenant de
l'Equipement National (pour 1321000 F) et de la Caisse des cercles et des jeux
(pour 220000 F). Les 50 % restants furent pris en charge sur le plan local, par
l'O.H.S., le Département, la Municipalité de Nancy et les Hospices eux-mêmes.
Dès le printemps 1934, les élèves-infirmières prenaient possession de leur
nouvelle école.
RAPIDE EVOCATION DES
TRAVAUX MENES DANS LES AUTRES ÉTABLISSEMENTS HOSPITALIERS
Alors que s'effectuaient à
l'Hôpital Central même de nombreux travaux d'entretien et de construction dont
les plus importants viennent d'être évoqués, la Commission Administrative ne
négligeait pas pour autant ses autres établissements pour lesquels il faut
signaler les principales réalisations (1).
Déjà avant la Première guerre
mondiale, avait débuté un mouvement d'expansion hospitalière hors de l'Hôpital
Civil lui-même. Dès 1909, les Hospices avaient loué la Maison MARIN pour y
installer un service de convalescents, provenant des services de l'Hôpital
Civil. Après l'achat de la propriété des Dames du Sacré-Cœur, quai de la
Bataille, par la Ville qui en fit don aux Hospices, la Commission avait
entrepris dans les bâtiments existants les travaux nécessaires à l'organisation
d'un nouvel établissement hospitalier, l'Hôpital Hippolyte MARINGER, qui ouvert
au printemps 1914 recueillit le service des convalescents, jusque-là installé à
l'Hôpital MARIN, ainsi que le Service de Dermatologie-Vénérologie, qui
fonctionnait auparavant à la Maison Départementale de Secours.
En Octobre 1911 la
construction de l'Hôpital Sanatorium Villemin débutait sur les vastes terrains
de la propriété des Dames du Sacré-Cœur, afin de doter enfin les Hospices de
services réservés aux tuberculeux, que faute de place on continuait à
accueillir à l'Hôpital Civil au mépris de toutes les règles d'hygiène. La
guerre ne permit pas l'achèvement total des travaux qui étaient déjà bien
avancés, puisque l'hôpital put être utilisé entre 1914 et 1918.
Dès le printemps 1919, la
Commission Administrative ordonna la reprise des travaux de l'Hôpital
Villemin. Le service hommes put fonctionner à la fin de l'année, mais ce n'est
qu'au printemps 1920 que l'établissement fut totalement ouvert.
Outre deux services
d'hospitalisation de 100 lits chacun et d'une pension de 28 lits pour malades
payants, le nouvel établissement était complété d'un dispensaire, dont le
fonctionnement dépendait de l'Office d'Hygiène Sociale.
D'autre part, par une
lettre datée du 9 Octobre 1919, Louis SPILLMANN, Président de l'Œuvre Lorraine
des tuberculeux, offrait à la Commission des Hospices de reprendre le
Sanatorium de Lay-Saint-Christophe ouvert en 1902 à l'initiative de son père.
Fortement endommagé pendant la guerre, cet établissement ne disposait plus de
moyens financiers suffisant à son fonctionnement. Par délibération du 16
Décembre 1919, la Commission accepta de prendre en charge le Sanatorium. Avec
l'aide financière du Département et du Pari Mutuel, elle fit procéder à
d'importants travaux entre 1922 et 1924, qui portèrent de 50 à 130 lits la
capacité de ce dernier.
Pour agrandir et isoler la
Clinique de Dermatologie et de Syphiligraphie, installée à l'Hôpital Maringer
dès 1922, la Commission des Hospices mit à l'étude de nouveaux travaux. Grâce
à des subventions de la Ville de Nancy et du Pari Mutuel, ainsi qu'à un legs,
les Hospices aménagèrent entre Juillet 1923 et Septembre 1925, l'Hôpital
Alfred FOURNIER. D'une capacité de 124 lits, dont 16 réservés à des malades
payants en chambre individuelle et ayant le libre choix de leur médecin, le
nouvel établissement était complété par un dispensaire rattaché à l'O.H.S. de
Meurthe-et-Moselle et assurant les consultations.
L'Hôpital MARINGER lui-même
devait faire l'objet à plusieurs reprises de travaux de réaménagement. Pendant
la première guerre, une partie de ses locaux furent transformés et agrandis
pour y loger une école destinée à rééduquer les mutilés de guerre et à
faciliter ainsi leur réinsertion sociale et professionnelle. Ouverte le 1er
Novembre 1915, cette école devait fonctionner jusqu'en Juillet 1925. Après son
départ, de nouveaux travaux furent réalisés pour installer le service des
contagieux, dont le pavillon situé à l'Hôpital Central devait être démoli pour
laisser place au futur pavillon Alfred KRUG. En Décembre 1927, les contagieux
étaient transférés à l'Hôpital Maringer où fut ouvert également un important
service de chirurgie générale hors clinique. L'établissement offrait une
capacité totale de 161 lits.
Le groupe des Hôpitaux
Maringer-Villemin-Fournier d'une capacité globale de 513 lits était en outre
doté d'une pharmacie, d'un service de radiologie et d'un laboratoire.
En 1931, les Hospices
Civils de Nancy allaient encore accroître leur potentiel hospitalier par
l'acquisition pour 210000 F de La Ronchère, propriété appartenant à Madame
LULLIN et située à Houdemont, près de Nancy. Ce nouvel établissement était
destiné à accueillir les convalescents des services de médecine et de
chirurgie. L'achat en fut réglé grâce au bénéfice réalisé par les Hospices sur
la vente de l'immeuble du Mont-de-Piété. Avec l'aide d'une subvention du Pari
Mutuel, d'importants travaux furent effectués et à l'automne 1933, La Ronchère
avec ses 60 lits pouvait être ouverte.
(1) Toutefois, ont été exclus
de cette évocation, les Hospices Saint-Julien et Saint-Stanislas qui n’avaient
qu’un rôle d’hébergement et ne présentaient pas un intérêt particulier dans le
cadre de cette étude centrée sur l’évolution des établissements nancéiens à
vocation médicale.
L'EVOLUTION DES SERVICES
HOSPITALIERS PENDANT L'ENTRE-DEUX-GUERRES
Les nombreux travaux
réalisés, tant à l'Hôpital Central que dans les autres établissements des
Hospices Civils de Nancy permirent l'ouverture de nouveaux services et
l'accroissement du nombre des lits.
Au niveau même de l'Hôpital
Central et de son annexe, l'Hôpital Marin, la période de 1'entre-deux-guerres a
été marquée par un développement de la capacité des services, qui existaient
déjà avant 1914, par la création de trois nouveaux services d'hospitalisation
(mais aussi la disparition du service des contagieux) et enfin par le
perfectionnement et l'extension des services médico-techniques (pharmacie, laboratoire,
radiologie). Le tableau reproduit ci-après montre quels étaient les services
qui composaient l'Hôpital Central à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Si
les grandes cliniques de médecine et de chirurgie générale ont conservé le même
nombre de lits, en revanche on peut remarquer que les services spécialisés
(O.R.L., urologie, médecine et chirurgie infantiles, ophtalmologie) ont vu
leur capacité s'accroître nettement par rapport à la période antérieure à la
guerre. La Pension Bon-Secours, qui accueillait essentiellement des malades
relevant des disciplines chirurgicales a également connu une forte progression
à la suite des travaux d'extension et L'Hôpital Civil, qui à la veille de la
guerre de 1914-1918 avait une capacité d'environ 530 à 540 lits, passa en
l'espace de moins de 20 ans à une capacité de 870 lits.
En tenant compte de leurs
différents hôpitaux, les Hospices Civils de Nancy avaient vers 1938 la capacité
suivante :
Hôpital Central + Pension
Bon-Secours + Hôpital Marin ......... 914
lits
Hôpitaux
Maringer-Villemin-Fournier ........................... 513 lits
Sanatorium de
Lay-Saint-Christophe ............................. 130 lits
La Ronchère
................................................ 60
lits
Total 1617 lits
Par rapport à 1914, il y a
eu un triplement de la capacité hospitalière.
Cet important accroissement
a été nécessité par le développement du nombre des hospitalisations favorisé
par la législation sociale (Aide Médicale Gratuite datant déjà de 1893, puis
institution des assurances sociales en 1930| et l'évolution médicale. Il a été
rendu possible grâce à l'octroi plus large de subventions publiques. Par
l'affectation d'une partie du produit des bénéfices réalisés par le Pari
Mutuel, aux constructions hospitalières, l'Etat a permis aux établissements
français de mieux répondre aux besoins d'hospitalisation de la population, en
construisant de nouveaux services ou en agrandissant et en équipant ceux qui
existaient déjà. Toutefois, cette aide n'était que partielle, l'État
n'acceptant de fournir que la moitié des ressources nécessaires au financement
des réalisations prévues et le reste devant être trouvé localement (ressources
propres aux Établissements Hospitaliers eux-mêmes et/ou octroyées par les
collectivités locales).
Mises à part quelques
difficultés passagères, les Hospices Civils de Nancy, aidés par des subventions
de la Ville et accessoirement du département, purent faire face à cet effort
d'investissement et réaliser tous leurs projets.
LISTE DES SERVICES MÉDICAUX
ABRITÉS A L'HÔPITAL CENTRAL A LA VEILLE DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE
— 2 services de médecine
générale de 84 Lits chacun .................
168 lits
— 2 services de chirurgie
générale de 84 lits chacun ..................
168 lits
— 1 service de médecine infantile
Pouponnière (enfants de
moins de 2 ans) ............. 42 lits
Enfants de + de 2 ans
.........................................
40 lits
— 1 service de chirurgie infantile
................................. 52 lits
— 1 service d'ophtalmologie (46 lits d'adultes
et 11 lits d'enfants) ......57 lits
— 1 service d'urologie .......................................... 62
lits
— 1 service d'O.R.L.
............................................ 74
lits
— 1 service complémentaire de médecine générale
(hors clinique) (créé vers
1930) .................................
29 lits
— 1 service d'isolement
pour agités ou détenus (créé vers 1930) .........12 lits
— 1 service de radiologie
centrale
— 1 laboratoire central
— 1 pharmacie centrale
Total 704 lits
Pension Bon-Secours (hors clinique)
— 131 chambres pour malades
payants en chambre avec libre choix
du médecin
................................................ 166
lits
Hôpital Marin (annexe de l'Hôpital Central)
— 1 service clinique de
gynécologie (créé en 1927) .................... 18
lits
— 1 service complémentaire
de médecine générale annexe du service
complémentaire de médecine
de l'Hôpital Central .................
26 lits
Total
44lits
PLAN DE
L’HOPITAL EN 1938
0 Entrée principale 1 et 2
Administration et Ancien Bon-Secours
3 Économat 3 bis Nouvelle
cuisine
4 Chapelle et morgue 4 bis Extension
de la chapelle et de la morgue
5 Nouvelle salle d'autopsie
6 Pavillon Collinet-de-la-Salle
(Services de Médecine et Chirurgie Générales)
6 bis Extension du bloc chirurgical A
7 Pavillon Roger-de-Videlange
(Service de Médecine et chirurgie Générales)
7 bis Extension du bloc chirurgical B
8 Cour d'honneur 9 et 10 Cour des
hospitalisés
11 Pavillon Krug :
— O.R.L. et Urologie — Radiologie — Pédiatrie
12 Pavillon Bruillard-Balbâtre :
— Ophtalmologie — Laboratoire Central
12
bis Extension du pavillon
Bruillard-Balbâtre
13 Pavillon Virginie-Mauvais
(modernisation du bloc chirurgical de Chirurgie Infantile)
14 Nouveau Bon-Secours 15 Pavillon
des Sœurs
16 Salle de jour
17 Pavillon Haushalter (Service de
consultations de pédiatrie)
18 Garages et nouveaux ateliers 19 Ecole
Régionale d'Infirmières
20 Galerie couverte 21 Pharmacie
Centrale
22 Centre Anti-Cancéreux 23 et 24 Serres et chenil