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III - L’HOPITAL CENTRAL PENDANT L’ENTRE-DEUX-GUERRES

 

La paix revenue, il fallut procéder à une réorganisation dans les différents secteurs : administratif, financier, hospitalier et médical.

Contrairement à ce que tous pensaient et même espéraient, la fin de la guerre ne vit pas la restauration d'une situation comparable à celle d'avant 1914, mais il fallut s'adapter à des conditions nouvelles.

Sur le plan financier, les Hospices Civils de Nancy connurent des graves difficultés surtout dans les années qui suivirent la guerre et furent contraints de retarder certains projets d'extension, mais peu à peu ils parvinrent à un redressement et à retrouver même une situation assez prospère.

Dans le domaine des constructions, les années 30 virent l'aboutissement des nombreux projets d'extension et de modernisation des établissements hospitaliers nancéiens, sous la pression des besoins de la population et des progrès médicaux. Pour faire face à l'accroissement de leur capacité, les Hospices durent développer leurs structures administratives et augmenter leurs effectifs de personnel.

Les années 30 virent également l'avènement des assurances sociales, qui devaient modifier la clientèle hospitalière et la situation du corps médical à l'hôpital.

Enfin, la période de l'entre-deux-guerres fut marquée par une amélioration de la situation des diverses catégories de personnel hospitalier qui dès les années 20 bénéficia d'un barème des traitements et salaires propre aux Hospices Civils de Nancy et inspiré de celui octroyé au personnel municipal. Et les lois sociales vinrent améliorer les dispositions du statut hospitalier élaboré au cours de cette époque.

 

BILAN DES BESOINS HOSPITALIERS APRÈS LA PREMIÈRE GUERRE

 

Contrairement à la Municipalité d'avant-guerre qui s'était montrée quelque peu réticente à subventionner les projets d'extension de l'Hôpital Central envisagés par la Commission Administrative à l'initiative du Vice-Président KRUG, la nouvelle municipalité nancéienne menée par le Bâtonnier Henri MENGIN, se montra plus ouverte aux problèmes hospitaliers.

Par l'intermédiaire du Docteur SCHMITT, premier adjoint au maire, elle ne tarda pas à faire connaître à la Commission des Hospices qu'elle était prête à contribuer financièrement à l'amélioration et au développement des établissements hospitaliers car elle avait conscience que ceux-ci étaient devenus quelque peu inadaptés et ne répondaient plus aux besoins d'une grande ville comme Nancy (1).

Pour aider les Hospices à procéder aux travaux de rénovation et d'extension qui s'imposaient, la Municipalité faisait savoir qu'elle était décidée à contracter un gros emprunt et elle demandait à la Commission de lui transmettre aussi rapidement que possible un projet avec plans et devis.

C'est avec plaisir que le Vice-Président KRUG qui avant-guerre avait sollicité à plusieurs reprises mais en vain l'aide de la Ville, accueillit cette proposition de la mairie. Il s'empressa en Novembre 1920 d'adresser au Maire un rapport détaillé dans lequel étaient définies les priorités suivantes et évoquées les difficultés que soulevait leur réalisation :

1°) Reconstruction du pavillon des contagieux, qui construit en 1894-1895 était déjà bien délabré avant-guerre, puisque un projet de reconstruction avait été élaboré vers 1910, mais avait dû être ajourné faute de ressources.

2°) Achèvement du pavillon des consultations gratuites en façade sur la rue de Strasbourg, dont le projet d'édification remontait à 1912. Devant l'insuffisance des locaux primitivement prévus pour le fonctionnement des consultations de médecine et de chirurgie générales, ce bâtiment s'avérait indispensable et en attendant qu'il fût construit, il avait fallu transférer les consultations dans des baraquements situés à une extrémité de l'Hôpital. Cette solution qui ne devait être que provisoire, fut prolongée pendant plusieurs années en raison de la guerre qui ajourna les travaux. Ceux-ci ne purent être repris immédiatement, les ressources prévues originellement se révélant insuffisantes.

3°) Construction d'un nouveau pavillon destiné aux services d'O.R.L. et d'Urologie, qui étaient installés dans de mauvaises conditions. En 1920, le Service d'O.R.L. était toujours logé au 2e étage du Pavillon Collinet-de-la-Salle dans des locaux mansardés et inconfortables, qui en outre se révélaient exigus en raison du grand développement de son activité. Le service d'Urologie avait quitté le Pavillon Collinet-de-la-Salle pendant la durée de la guerre pour l'Hôpital Maringer. La paix revenue, il avait été transféré à l'Hôpital Marin où il fonctionnait depuis le 12 Juin 1919 dans des conditions jugées assez rudimentaires.

4°) Affectation de locaux supplémentaires à la pédiatrie, le Pavillon Virginie-Mauvais ne suffisant plus aux besoins grandissants des services d'enfants.

5°) Agrandissement de la cuisine et de la pharmacie qui avaient été conçues pour un hôpital de 400 lits et n'avaient pas évolué parallèlement à la capacité de l'établissement. L'Hôpital Central manquait de locaux pour entreposer les denrées nécessaires à la préparation des repas et faute de place, il n'était pas possible de faire des achats en grande quantité et par conséquent d'obtenir des prix avantageux.

6°) Installation du chauffage central dans les Pavillons Collinet-de-la-Salle et Roger-de-Videlange pour remplacer les fourneaux devenus vétustes, qui non seulement nécessitaient beaucoup d'entretien mais ne parvenaient même pas à chauffer correctement les salles de malades.

7°) Amélioration du service d'hydrothérapie, qui se bornait à quelques équipements rudimentaires installés au sous-sol du Pavillon Roger-de-Videlange alors que d'autres établissements français étaient dotés de services de bains luxueux, selon les termes utilisés par A. KRUG.

8°) Création de laboratoires spécialisés en raison du développement du nombre des analyses prescrites par les médecins. Parallèlement, le Service de Radiologie avait grand besoin de voir son équipement renouvelé et complété.

9°) Aménagement de réfectoires et de salles de jour pour les malades pouvant se lever.

10°) Ouverture d'une clinique spécialisée de gynécologie pour laquelle les Hospices avaient reçu avant-guerre un legs important d'environ 800000 F de Madame Veuve BOULANGER, mais qui, en raison du fort accroissement des coûts de la construction et des équipements mobiliers et médicaux, s'avérait insuffisant.

11°) Reconstruction de la chapelle de l'Hôpital ainsi que de la morgue, devenues toutes deux trop exiguës pour faire face à l'évolution des besoins hospitaliers, et qui pour cette raison faisaient l'objet de plaintes fréquentes de la part des familles. La morgue surtout laissait à désirer puisque par manque de place, on était contraint à exposer plusieurs corps dans le même local.

12°) Réalisation des travaux d'entretien nécessités par les bâtiments existants, qui n'avaient pu être menés à cause de la guerre et qui étaient d'autant plus indispensables que les bâtiments avaient souffert durant cet intervalle.

Mis à part l'Hôpital Central, les Hospices étaient confrontés à des besoins de travaux de réfection ou d'agrandissement dans leurs autres établissements. A l'Hôpital Maringer, le Service de Vénéréologie était à l'étroit, l'Hôpital Sanatorium Villemin n'était pas totalement achevé ; à l'Hospice Saint-Julien, il aurait fallu procéder aux travaux d'installation de l'éclairage électrique et du chauffage central, etc...

Pour aider les Hospices Civils à mener ces travaux, la Ville contracta un emprunt et en Août 1921, le Conseil Municipal votait l'octroi d'une subvention de 3 millions destinée plus particulièrement à l'amélioration de l'Hôpital Central.

 

(1) La population de l'arrondissement de Nancy qui s'élevait à 182300 habitants dont 50000  pour  la commune de Nancy en 1878, était évaluée à 249000 habitants en 1922 dont 120000 pour Nancy même.

 

LES RÉALISATIONS DE L'ENTRE-DEUX-GUERRES A L'HÔPITAL CENTRAL : SERVICES MÉDICAUX ET MÉDICO-TECHNIQUES

 

LE PAVILLON DES CONSULTATIONS GRATUITES ET LE NOUVEAU BON-SECOURS

 

Avec les fonds déjà prévus avant-guerre, la Commission Administrative, par une délibération du 6 Mai 1919, décida de poursuivre sans retard la construction du pavillon des consultations gratuites (1) et du dôme central devant relier le nouveau pavillon au pavillon de l'Administration, qui datait de l'ouverture de l'Hôpital.

La poursuite de ces travaux se révélait urgente d'une part parce que les consultations de médecine et de chirurgie générales ne pouvaient indéfiniment demeurer dans les baraquements qu'on leur avait affectés, d'autre part, les travaux avaient débuté au printemps 1914 et les années passant, ce qui avait été déjà réalisé risquait d'être à tout jamais endommagé.

Le premier devis qui avait été établi le 16 juillet 1912 et approuvé définitivement le 28 Février 1914 s'élevait pour la construction du pavillon proprement dit et du dôme central à un montant de 497490 F, dont 334000 F uniquement pour la mise hors l'eau.

A la demande de la Commission Administrative, l'architecte des Hospices BIET, présenta le 19 Août 1919 un nouveau devis tenant compte des modifications subies par les coûts de la construction. Ce devis s'élevait pour la seule mise hors l'eau à 600000 F, dont 429500 F pour le pavillon et 170500 F pour le dôme. A ce montant il fallait ajouter une somme de 370000 F pour les travaux d'achèvement (menuiserie, serrurerie, plâtrerie, peinture, vitrerie).

Malgré le fort renchérissement constaté, la Commission Administrative décida d'entreprendre sans plus tarder la poursuite des travaux, grâce à des ressources provenant de la liquidation des biens des Fabriques (2) et dont le montant s'élevait à 610000 F. Cependant, les travaux engagés dès le courant de l'année 1919, ne devaient pas être achevés avant 1924.

Durant toute leur durée, les Hospices connurent bien des désagréments quant à leur financement. En effet, à plusieurs reprises, des devis supplémentaires traduisant la hausse continue des matériaux et de la main-d'œuvre, vinrent alourdir la facture.

Au devis primitif du 19 Août 1919, devaient s'ajouter un premier devis supplémentaire de 1091130 F le 2 Avril 1921, puis un second devis supplémentaire de 429171 F en Juin 1922 et enfin un troisième devis supplémentaire de 332320 F le 27 Avril 1923, soit au total plus de 2450000 F.

Cette somme fut financée en majeure partie par les Hospices eux-mêmes qui outre les biens des Fabriques et les ressources d'un legs que leur fit Madame Emile BERTRAND en souvenir de son mari, avoué à Nancy, eurent recours à l'aliénation de plusieurs de leurs fermes et à des ressources tirées de dommages de guerre, qu'ils avaient obtenus pour certaines de leurs propriétés. Ils parvinrent également à obtenir une subvention de 140000 F de l'État par l'intermédiaire du Pari Mutuel, pour aménager le Service des Consultations Gratuites proprement dit.

Le 16 Juin 1924 ouvrait enfin le nouveau Service des Consultations Gratuites de médecine et de chirurgie générales, suivi en Août de la même année par ce qu'on devait appeler le Nouveau Bon-Secours, qui occupait finalement la majeure partie du bâtiment, contrairement aux plans élaborés primitivement.

A la veille de la guerre, le projet prévoyait en effet que le futur pavillon comporterait au rez-de-chaussée les services de consultations de médecine, de chirurgie générales et d'urologie, ainsi qu'une salle pour la célébration des cérémonies mortuaires non catholiques. Au 1er étage, devaient être installées les consultations d'O.R.L. et d'électrothérapie plus radiographie, enfin le second et le troisième étages devaient être réservés à la clinique dentaire, mises à part quelques chambres destinées aux accidentés du travail. Le bâtiment était donc destiné à regrouper tous les services de consultations à l'exception de ceux de pédiatrie et de chirurgie infantile, d'où son appellation de pavillon des consultations. Mais après la guerre, ce projet fut totalement modifié au profit d'une extension des chambres de malades payants, ce qui eut pour résultat de porter à 166 lits la capacité de la Pension Bon-Secours (3) qui ne s'élevait qu'à 62 avant 1914.

Finalement, le pavillon nouvellement construit se composait au sous-sol d'une lingerie-buanderie destinée aux besoins de la Pension Bon-Secours et ouverte dès 1920 ; au rez-de-chaussée, du logement du concierge, de la salle de garde à laquelle attenait une petite bibliothèque pour les internes et enfin des services de consultations de médecine et de chirurgie générales ; au premier étage du logement du chef des services administratifs et de neuf chambres de malades payants ; aux deuxième et troisième étages, de chambres de malades payants et au quatrième étage, sous les toits, de dortoirs pour le personnel servant. Dans le projet effectivement réalisé, la part occupée par les consultations avait été réduite au minimum et la dénomination de " pavillon des consultations " ne correspondait plus à la réalité, aussi, fit-elle place à celle du Nouveau Bon-Secours.

 

(1) A droite de l'entrée principale de l'Hôpital Central   une partie de ce, pavillon avait déjà été construite en 1898. Elle abritait au rez-de-chaussée la loge du concierge,  au  1 er étage la salle de garde des internes et aux 2 e et 3e étages des logements pour le personnel.

 (2) Conformément   aux   lois   de   séparation   de   l'Église   et   de   l'État   qui   avaient   confisqué   à l'Église une partie  de  ses   biens, un  Décret du   18  Avril   1913  avait   attribué   aux   Hospices   Civils  de   Nancy   une   part   des   " valeurs  '  détenues  auparavant par les Fabriques des églises de Nancy.

(3)L’ancienne Pension Bon-Secours devait elle-même être entièrement rénovée et dotée de nouvelles salles opératoires,  au cours de l'entre-deux-guerres.

 

LE SERVICE DE GYNECOLOGIE ET LE CENTRE ANTICANCÉREUX DE LORRAINE

 

Au lendemain de la guerre, la Commission réétudia le projet de création d'un dispensaire et d'un institut de gynécologie d'une cinquantaine de lits. Ce projet remontait à quelques années. Sur les conseils du Professeur VAUTRIN, Médecin-Chef d'un service de chirurgie générale à l'Hôpital Civil, Madame Veuve BOULANGER avait fait un legs important de 775000 F aux Hospices afin qu'ils créent un dispensaire et un service d'hospitalisation de gynécologie. Sous le nom de Dispensaire et Institut Joseph BOULANGER, ces services devaient être confiés selon la volonté expresse de la donatrice au Professeur Alexis VAUTRIN, exécuteur testamentaire de Madame BOULANGER. Par délibération du 28 Mars 1911, la Commission Administrative des Hospices avait accepté cette donation et les obligations qui en résultaient. Le 21 Août 1913, le Préfet accordait son autorisation à l'acceptation définitive de ce legs et les Hospices entreprirent aussitôt de réaliser le projet. Ils envisagèrent primitivement d'installer le service de gynécologie au 90 de la rue de Strasbourg dans un immeuble contigu à l'Hôpital Marin, qu'ils louaient à Mademoiselle EBEL, avec intention de rachat à la fin du bail de location. Mais cette solution fut rejetée, l'immeuble ne se révélant pas approprié. Sur ce, la guerre éclata et les projets furent temporairement ajournés.

Avant la fin totale des hostilités, les Hospices envisagèrent, pour créer ce nouveau service, l'acquisition de deux immeubles situés dans le prolongement de l'Hôpital Civil, en façade sur la rue de Strasbourg. L'achat des propriétés FLORENTIN-DERMIER et FERLIN-MAUBON, correspondant respectivement aux 45 et 47 de la rue de Strasbourg fut autorisé en Août 1919 par les Autorités de Tutelle. Mais ce n'est qu'à l'automne 1920 que la Maison FERLIN-MAUBON était acquise définitivement par les Hospices. Les travaux d'aménagement de cet immeuble, pour y installer le service de gynécologie furent également longs et contrariés par de multiples événements puisque le Service de Gynécologie ne devait ouvrir qu'en Décembre 1927.

Outre le dispensaire et le service d'hospitalisation de gynécologie, la Commission Administrative souhaitait installer, dans les bâtiments qu'elle avait achetés, une salle pour le culte protestant, au rez-de-chaussée et des magasins généraux dans les sous-sols.

Le devis adressé en Octobre 1919 pour l'ensemble de ces aménagements, par l'Architecte BIET, se chiffrait à 800000 F. Or, il fallait aussi prévoir des ressources pour l'achat de linge, de mobilier et d'équipement médical. Même en supprimant les travaux d'aménagement du temple et des magasins généraux, le devis s'élevait encore à 672075 F auxquels il fallait ajouter au moins 130000 F pour le mobilier et 220000 F, somme restant à payer pour l'achat de l'immeuble FERLIN-MAUBON et pour les droits de mutation du legs BOULANGER. Il fallait donc prévoir plus d'un million de francs alors que les Hospices ne disposaient que de 775000 F du legs BOULANGER.

Cette somme, qui avant-guerre, aurait largement permis de financer les travaux et l'équipement des services envisagés, s'avérait alors avec l'érosion monétaire et l'augmentation du coût de la vie, insuffisante pour mener à bien les projets. Les administrateurs, lors de leur séance du 28 Octobre 1919, décidèrent d'ajourner l'exécution de ces projets jusqu'à ce que les Hospices recouvrent une situation financière satisfaisante qui leur permette de trouver des ressources complémentaires.

En même temps, devait se poser aux Hospices le problème de la création d'un centre anti-cancéreux qui allait compliquer et retarder l'ouverture du service de gynécologie. Au lendemain de la première guerre, des actions furent entreprises pour sensibiliser l'opinion et récolter des fonds destinés à combattre certains fléaux menaçant la santé publique. Après la tuberculose, contre laquelle de nombreux établissements furent érigés, le cancer devint la nouvelle cible du corps médical. La découverte du radium et de ses applications fit naître l'espoir de pouvoir combattre efficacement sinon vaincre une maladie contre laquelle jusqu'ici la médecine se sentait très désarmée.

L'Office d'Hygiène Sociale de Meurthe-et-Moselle (1) conformément à une circulaire ministérielle parue en 1922, qui souhaitait qu une action fût entreprise au niveau des différents départements, décida de créer un centre anticancéreux.

Le Professeur VAUTRIN, exécuteur testamentaire de Madame BOULANGER, exigea des Hospices Civils de Nancy que le Centre Anticancéreux de Lorraine dont il devait être le médecin-directeur fût installé dans l'immeuble FERLIN-MAUBON et avec une partie des fonds du legs BOULANGER Il se heurta à l'hostilité du vice-président KRUG et de la Commission des Hospices, qui estimaient que le legs BOULANGER, déjà insuffisant, ne devait servir qu'à la création du service de gynécologie, conformément aux volontés exprimées par la testatrice.

La Commission des Hospices, tout en reconnaissant le grand intérêt que constituait l'ouverture d'un centre anticancéreux ne voulait pas en faire les frais. Elle pensait que l'Office d'Hygiène Sociale n'aurait pas de mal à obtenir une subvention départementale et même du Pari mutuel pour parvenir à ses fins, sans qu'il fût besoin de s'attaquer aux ressources des Hospices déjà hypothéquées pour une autre affectation.

Toutefois, le Professeur VAUTRIN, auquel les Hospices étaient redevables du legs BOULANGER, était pressé de voir se concrétiser ses projets et persista dans son intention de voir affecter les ressources de cette donation à l'installation conjointe du Service de Gynécologie et du Centre Anticancéreux. Un conflit surgit entre lui et les Hospices et plus particulièrement le vice-président KRUG, tout aussi ferme dans ses positions.

Le désaccord devait être réglé le 13 Mai 1924 lors d'une séance extraordinaire de la Commission Administrative qui en l'absence d'Alfred KRUG, fut présidée par le Maire Henri MENGIN, en personne et à laquelle assistaient le Doyen de la faculté de Médecine SPILLMANN en tant que Président du Conseil d'Administration du futur Centre Anticancéreux et le Professeur Alexis VAUTRIN, en tant que directeur du Centre Anticancéreux.

La Commission des Hospices accepta d'offrir provisoirement l'hospitalité au Centre Anticancéreux dans l'immeuble FERLIN-MAUBON et de prendre à sa charge les travaux d'aménagement nécessaires tant du service de gynécologie que du Centre Anticancéreux. En contrepartie, les malades des Hospices bénéficieraient des soins nécessités par leur état, des équipements médicaux et en particulier du radium que l'O.H.S. avait reçu gratuitement de l'Etat pour le Centre Anticancéreux. Le Professeur VAUTRIN devait coiffer les deux nouveaux services en tant que chef de service de l'Institut de gynécologie et directeur du Centre Anticancéreux.

Un nouveau devis fut dressé en 1924 prévoyant en sus de l'installation du dispensaire et du service de gynécologie, celle du futur Centre Anticancéreux. L'ensemble des frais relatifs tant aux travaux qu'à l'achat du mobilier et de l'équipement médical ainsi que d'une partie de l'immeuble, s'élevait à 1541023 F alors que les ressources dont disposaient les Hospices (legs BOULANGER auquel s'ajoutait une subvention municipale de 200000 F pour l'achat de l'équipement radiothérapique) ne s'élevaient qu'à 1121023 F. La Commission entreprit de s'adresser au Ministère de l'Hygiène dont dépendaient alors les hôpitaux, pour obtenir du Pari Mutuel une subvention de 420000 F qui leur fut accordée.

Les travaux d'aménagement de l'immeuble FERLIN-MAUBON débutèrent dans le second semestre de l'année 1924. Le Centre Anticancéreux se vit octroyer la plus grande partie du rez-de-chaussée et le Professeur VAUTRIN obtint le sous-sol pour y installer les locaux techniques. Au rez-de-chaussée furent également installées les consultations de gynécologie tandis que les premier et deuxième étages étaient réservés au service d'hospitalisation de gynécologie. Enfin, le troisième étage servit à loger l'Ecole d'Infirmières installée jusque-là au Pavillon Louise-Elisabeth, mais qui ne pouvait plus y demeurer. Le Centre Anticancéreux ne disposait que de 13 lits tandis que le service de gynécologie devant initialement en comporter 50, avait été réduit à 18 lits.

Dès l'automne 1925, les travaux d'aménagement du Centre Anticancéreux étaient terminés et le Centre put ouvrir dès le 1er Novembre 1925.

A l'exemple des autres centres de ce type, le Centre Anticancéreux de Lorraine était un organisme autonome dirigé par un directeur-médecin et un Conseil d'Administration présidé par le Doyen de la Faculté de Médecine. Bien qu'installé dans des bâtiments appartenant aux Hospices Civils de Nancy le Centre Anticancéreux n'en dépendait nullement et seul son directeur-ordonnateur de la gestion tant financière que matières en assumait la responsabilité.

Toutefois, en raison de l'intérêt que présentait sur le plan médical, le Centre Anticancéreux, les Hospices, par délibération du 29 Septembre 1925, proposèrent de prendre en charge :

— le traitement de la préposée au secrétariat du Centre,

— le salaire de son concierge,

— le chauffage et le gros entretien de ses bâtiments.

En outre, ils se chargèrent d'effectuer ses recettes et de payer ses dépenses. La Commission décida que le fonctionnement des deux salles d'hospitalisation serait à la charge des Hospices qui récupéreraient auprès des malades ou de leurs collectivités les prix de journée. Le reste du fonctionnement devait être supporté par le Centre, dont le déficit éventuel ne serait en aucun cas comblé par les Hospices.

Les travaux d'aménagement du service de gynécologie ne furent achevés qu'au début de l'année 1927. Le service devait ouvrir au courant de cette année quand survint brutalement la mort du Professeur VAUTRIN le 4 Juin. Il fallut trouver un successeur. A la tête du Centre Anticancéreux, ce fut le Professeur HOCHE qui fut appelé à lui succéder tandis que le service de gynécologie était confié au Professeur BINETet ouvrait enfin ses portes le 15 Décembre 1927.

La cohabitation dans l'immeuble FERLIN-MAUBON, de deux services et de l'École d'Infirmières ne pouvait être longtemps possible comme l'avait justement pressenti le vice-président KRUG. L'immeuble se révéla rapidement trop exigu aux besoins grandissants d'extension du Centre Anticancéreux, qui dès le départ avait été conçu de façon trop limitée. Peu à peu, un accord se réalisa entre les Hospices et le Conseil d'Administration du Centre Anticancéreux. En raison du développement pris par l'École d'Infirmières, la Commission Administrative envisagea la construction d'un bâtiment qui lui serait spécialement affecté. Pour l'aider à réaliser ce projet que l'on étudiera plus loin, le Centre Anticancéreux proposa d'offrir aux Hospices une subvention de 700000 F. En contre-partie, les Hospices libéraient l'ensemble des locaux de l'immeuble FERLIN-MAUBON par le transfert de l'École d'Infirmières sur sa nouvelle école et celui du service de gynécologie sur l'Hôpital Marin.

Par un contrat passé avec l'O.H.S. et approuvé par un arrêté préfectoral du 7 Septembre 1931, les Hospices Civils de Nancy avaient accepté de céder au Centre Anticancéreux l'ensemble de l'immeuble FERLIN-MAUBON pour une durée de 60 ans en échange du versement aux Hospices d'1 F par an et à titre de dédommagement pour les frais occasionnés par le déplacement de la gynécologie et de l'Ecole d'Infirmières, l'O.H.S. s'engageait à verser aux Hospices 700000 F en quatre acomptes échelonnés sur 9 mois.

Au printemps 1934, après le déménagement du service de gynécologie (autorisé par les héritiers de Madame BOULANGER) et de l'École d'Infirmières, les Hospices entreprirent les travaux de réfection nécessaires dans les locaux libérés pour les céder au Centre Anticancéreux qui les occupera jusqu'en 1974.

 

(1) L'Office d'Hygiène Sociale. Institution privée, reconnue d'utilité publique par un décret du 4 Janvier 1923, avait été créé en 1920 par le Doyen Jacques PARISOT, un des pionniers de la médecine sociale pour poursuivre et étendre l'œuvre entreprise par le Comité Départemental d'assistance aux militaires tuberculeux. En coopération avec les Hospices, il créa un dispensaire antituberculeux à l'Hôpital Villemin et un dispensaire antivénérien à l'Hôpital Fournier, par la suite, il ouvrit également un dispensaire de consultations infantiles à l'Hôpital Central. Désireux de lutter contre les divers fléaux tant sociaux que sanitaires, ses membres furent ainsi conduits à envisager une action contre le cancer et se tournèrent tout naturellement vers les Hospices Civils de Nancy.

 

RENOVATION ET EXTENSION DES GROUPES OPERATOIRES

 

Avant 1914, la Commission Administrative avait déjà envisagé de transformer et de moderniser les salles opératoires du Service de Chirurgie Générale B situé au pavillon Roger-de-Videlange. Ces salles se révélaient insuffisantes et ne répondaient plus aux progrès considérables réalisés par la chirurgie depuis qu'elles avaient été construites.

Après la guerre, le Chef du service de Chirurgie Générale B, Alexis VAUTRIN remit le projet sur le tapis. Devant les lenteurs de la Commission, qui se débattait encore dans d'inextricables difficultés financières, le Professeur VAUTRIN alla jusqu'à menacer les administrateurs des Hospices de démissionner de ses fonctions de Chef de Service à l'Hôpital Central plutôt que de continuer à travailler dans de telles conditions.

En 1922, les plans dressés par l'Architecte BIET, sur les indications du Professeur VAUTRIN prévoyaient la création de trois salles d'opération (une salle septique, une salle aseptique et une salle noire) dotées chacune d'une salle d'anesthésie et de préparation des opérés, ainsi qu'une salle de conférences, une salle de radiographie, une salle de pansements. Au rez-de-chaussée, sous les salles d'opération, devaient être installés un petit laboratoire et le service de stérilisation, qui leur étaient reliés par un ascenseur et un escalier. Le devis primitif fut évalué à 550000 F auxquels il fallut ajouter 150000 F pour l'agencement intérieur. Pour le financement de ces travaux, le vice-président KRUG proposa d'utiliser une partie de la subvention municipale de 3 millions, devant être versée aux Hospices dans le cadre de leur programme d'extension et de rénovation.

A son tour, le Professeur WEISS, Chef du Service de Chirurgie Générale A, sollicita de la Commission l'amélioration de sa salle d'opération Des plans furent dressés en vue de la remplacer par un groupe opératoire, comparable à celui prévu pour l'autre Service de Chirurgie Générale et comportant deux nouvelles salles d'opération, une salle de stérilisation, une salle de pansements, une salle de radiographie ; le tout était complété par une salle de cours et de conférences et un laboratoire. Le nouveau devis établi pour les deux groupes opératoires en Septembre 1922 s'élevait à 1176000 F, somme importante, que les Hospices n'étaient pas en mesure d'avancer dans l'immédiat.

Ce ne devait être qu'au courant de l'année 1924, que les travaux de construction des groupes opératoires des Professeurs VAUTRIN et MICHEL, purent être entrepris dans la perspective de versements d'acomptes sur la subvention de 3 millions promise par le Pari Mutuel. Les travaux se poursuivirent activement et étaient achevés fin 1925. En Janvier 1926, les deux groupes opératoires ultramodernes étaient inaugurés.

Auparavant, il faut signaler la transformation de la salle d'opération du Service de Chirurgie Infantile du Professeur FROELICH, au courant de l'année 1919 en raison de la transformation de sa chaire de chirurgie en chaire magistrale.

D'autre part, il faut également mentionner le remplacement de la salle d'opération du Service d'Ophtalmologie par un bloc opératoire répondant également aux nouveaux critères de la chirurgie et qui fut inauguré en Mai 1927.

 

LA CONSTRUCTION DU PAVILLON ALFRED KRUG

 (photos)

 

Avant 1914, il s'avérait déjà nécessaire de constuire un nouveau pavillon d'hospitalisation dans l'enceinte de l'Hôpital Civil pour y installer les Services d'O.R.L. et d'Urologie qui ne disposaient que de locaux insuffisants et inadaptés au 2e étage du Pavillon Collinet-de-la-Salle. Un projet avait été élaboré par l'architecte et prévoyait l'emplacement de ce futur pavillon entre le pavillon Roger-de-Videlange et la rue Lionnois.

Au lendemain de la guerre, cette nécessité restait tout aussi aiguë avec le développement continu de l'activité des Services d'O.R.L. et d'Urologie et les nouvelles contraintes médicales. Aussi, la Commission Administrative donna la priorité, dans son programme d'extension et de rénovation de l'Hôpital Central, à la construction d'un pavillon réservé à ces deux services. Mais un autre besoin était apparu au lendemain de la guerre, celui de trouver de nouveaux locaux pour les services d'enfants qui se trouvaient de plus en plus à l'étroit dans les murs du Pavillon Virginie-Mauvais.

La Commission envisagea donc de construire un nouveau pavillon pour répondre à ces besoins. Mais par souci de simplicité, lors de la séance de la Commission du 23 Mai 1922, il fut arrêté en accord avec l'architecte que le pavillon d'O.R.L. et d'Urologie serait prolongé pour pouvoir également abriter le service de Médecine Infantile qui, situé à l'autre extrémité du bâtiment, aurait une entrée propre et serait totalement indépendant des deux autres services.

Cette solution avait été préférée à celle proposée par le docteur C. SCHMITT, premier adjoint au maire, qui avait suggéré au vice-président KRUG l'idée de construire un hôpital d'enfants à proximité de la future maternité départementale dont les travaux allaient être incessamment entrepris sur les vastes terrains de l'Ancien Grand Séminaire. La construction d'un hôpital d'enfants était un projet séduisant mais onéreux. Il se révélait à l'époque également inutile en raison de la baisse de la natalité, qui avait pour conséquence une certaine stagnation de l'activité du service de médecine infantile. Seul progressait le nombre des hospitalisations du service de chirurgie infantile, en raison des progrès réalisés dans ce domaine surtout depuis la guerre, et du fait de l'attraction régionale exercée par le service nancéien, qui bénéficiait en outre d'un éminent praticien dans cette discipline, le Professeur FROELICH, un des pionniers de la chirurgie infantile française.

Un premier devis fut dressé par l'Architecte BIET et approuvé le 22 Septembre 1922 par la Commission Administrative. Ce devis qui englobait l'ensemble des travaux d'extension et de modernisation devant être réalisés à l'Hôpital Central (construction du pavillon d'O.R.L. - Urologie - Médecine Infantile, des groupes opératoires des deux services de chirurgie générale, aménagement des services de médecine générale, du service de radiologie et rénovation du service opératoire de l'ophtalmologie) s'élevait à 5562000 F dont 4100000 F pour la seule construction du futur pavillon Alfred KRUG.

L'ensemble des plans et des devis fut soumis pour approbation au Ministère de l'Hygiène et la Commission Administrative sollicita pour la réalisation des travaux une subvention de 3 millions de la commission de répartition des Fonds du Pari Mutuel. Les 3 autres millions devaient être fournis par la Ville, qui avait contracté tout spécialement un emprunt de ce montant pour subventionner le programme.

Au même moment, la Commission des Hospices se préoccupait de l'avenir du Service de Radiologie, dont le fonctionnement laissait beaucoup à désirer en raison de l'exiguïté de ses locaux et d'un manque de personnel. Depuis 1897, le Service d'électrothérapie auquel avait été adjoint un équipement de radiographie en 1899, était installé au sous-sol du pavillon BRUILLARD-BALBÂTRE. A un moment, il avait été question de le transférer dans le futur pavillon des consultations gratuites mais le projet n'avait pas eu de suite et le service demeurait toujours dans ses locaux primitifs.

Par une lettre datée du 31 Décembre 1923, le Doyen de la Faculté de Médecine informa les administrateurs de son souhait de voir réorganisé le service de radiologie qui depuis la mort de son Chef de Service, le Professeur GUILLOZ en Mars 1916, était quelque peu laissé à l'abandon. Outre la nécessité de le doter d'un personnel suffisant et d'un équipement nouveau le Doyen insistait sur le caractère dangereux de son fonctionnement, qui exigeait une modification des locaux. Peu après, la Commission Administrative décidait d'installer le Service de radiographie au sous-sol du futur pavillon KRUG, afin de régler cette question. La durée des travaux de construction du nouveau pavillon fut longue ; entrepris en 1924, ils ne devaient être totalement achevés qu'en 1931. En effet, deux types de problèmes vinrent en contrarier le cours : d'une part des problèmes financiers, d'autre part des problèmes techniques. Si en théorie, les Hospices de Nancy s'étaient vu octroyer les subventions nécessaires à la conduite de leur programme, en réalité, ils ne purent pas disposer aussi rapidement qu'il l'aurait fallu des trois millions accordés par la Commission de répartition des Fonds du Pari Mutuel.

Cette dernière fut, au cours de l'entre-deux-guerres, assaillie de demandes en provenance de toutes les régions de France, en raison des grands besoins hospitaliers que suscitaient les progrès médicaux et sociaux et l'insuffisance des établissements existants. Elle parvenait difficilement à répondre à toutes ces sollicitations et aussi c'est avec souvent beaucoup de retard que s'effectuaient les mandatements des divers acomptes promis. Or, les Hospices n'étant pas en mesure d'avancer les sommes importantes nécessaires au règlement des entrepreneurs, durent ajourner les travaux dès l'automne 1925 et ne furent en mesure de les reprendre qu'en 1927.

Entre temps, les prix de la construction avaient continué à grimper au point que les devis se trouvèrent majorés de 30 à 40 % par rapport à 1925. Il fallut à nouveau solliciter de la Commission du Pari Mutuel des subventions complémentaires pour tenir compte des hausses intervenues.

Par ailleurs, la réalisation du pavillon nécessita le déplacement de divers services et la démolition des bâtiments qui les abritaient, ce qui entraîna des dépenses supplémentaires. En premier lieu, il fallut trouver de nouveaux locaux pour loger le service des contagieux, dont les bâtiments occupaient l'emplacement prévu pour construire l'aile du pavillon KRUG destinée au service de pédiatrie. Il s'agissait heureusement de bâtiments vétustes dont on avait déjà envisagé la démolition avant 1914, pour doter le service des contagieux d'un pavillon neuf. Mais d'autres besoins étaient apparus plus urgents et la construction d'un pavillon spécifique pour les contagieux trop onéreuse ne s'était finalement pas avérée indispensable. Temporairement il fut question de transférer les contagieux à l'Hôpital Marin après que le Service d'Urologie en eut libéré les locaux pour s'installer dans le nouveau pavillon. En 1924, il fut définitivement convenu que le service des contagieux serait transféré à l'Hôpital Maringer dans les locaux occupés depuis la guerre par l'École des Mutilés. Le départ de cette dernière eut lieu le 31 Juillet 1925 et avec l'aide financière de la Ville, la Commission fit procéder aux travaux de réfection qui s'imposaient. En décembre 1927, le Service des contagieux emménageait à l'Hôpital Maringer où il devait rester jusqu'en Octobre 1975, avec une interruption pendant la seconde guerre mondiale.

Il fallut également transférer la basse-cour et la serre en 1926 et la salle d'autopsies en 1927 qui se trouvaient toutes les trois sur les terrains séparant l'immeuble FERLIN-M AUBON abritant le Centre Anticancéreux et le futur pavillon Alfred KRUG. La salle d'autopsies fut reconstruite à proximité de l'entrée actuelle de l'hôpital donnant sur la rue Lionnois. La basse-cour et la serre furent édifiées sur un terrain cédé gracieusement par la Ville, derrière l'Institut d'Anatomie de la Faculté de Médecine. En outre, pour faciliter et dissimuler aux regards le transport entre la morgue et la nouvelle salle d'autopsies des corps d'hospitalisés décédés, une galerie souterraine fut creusée vers la même époque. La construction du pavillon lui-même se trouva gênée par la nature humide du terrain, un cours d'eau souterrain coulant à proximité de l'emplacement choisi pour l'édification du bâtiment.

Enfin, le coût du projet fut encore alourdi par diverses modifications et adjonctions. A la demande des médecins, trois laboratoires complémentaires furent créés pour répondre aux besoins des Services d'O.R.L. et d'Urologie. Pour le service de médecine infantile, une galerie-terrasse fut aménagée au premier étage pour l'exposition au soleil des enfants de la pouponnière. Devant l'insuffisance de la buanderie déjà existante et située au sous-sol du pavillon Collinet-de-la-Salle, et en prévision de l'accroissement des besoins qui découleraient de l'ouverture du nouveau pavillon, la Commission décida de créer une nouvelle buanderie dans les sous-sols de ce dernier.

Il fallut aussi procéder à des travaux d'aménagement des abords du pavillon, réaliser des chemins d'accès, faire des plantations. Enfin, un mur de séparation de 130 m de long dut être édifié pour isoler ces nouvelles réalisations d'incursions étrangères.

La lenteur des travaux, conjuguée à toutes les modifications et améliorations dans une conjoncture de continuelle hausse des prix, explique que plusieurs devis supplémentaires vinrent compléter le devis primitif, portant le coût de l'ensemble des travaux d'extension et de modernisation de l'Hôpital Central de 6 millions à plus de 10 millions et demi, financés pour moitié par les subventions de la Commission du Pari Mutuel et pour l'autre moitié par la Ville (pour un montant de 3 millions) et par les Hospices eux-mêmes (grâce à l'aide des produits de legs (1) et des forêts). Conçu par l'architecte BIET, le pavillon devait être construit sous la direction du nouvel architecte des Hospices, LE BOURGEOIS.

C'est en novembre 1929 que devait être ouverte la pouponnière (2) dans le nouveau pavillon. En janvier 1930, avait lieu le transfert du service de médecine infantile dans ses nouveaux locaux. En Mai 1930, ce fut au tour des services d'O.R.L. et d'Urologie, suivis du service de radiologie centrale, d'emménager dans le pavillon nouvellement construit, qui reçut en 1934 le nom d'Alfred KRUG.

 

(1) En particulier les Hospices Civils reçurent en 1926 un legs important de Monsieur GÉRARDIN.

(2) Après le transfert des poupons dans leurs nouveaux locaux, l'ancien pavillon abritant la pouponnière  mais aussi des consultations de pédiatrie, devait être transformé en 1933 en dispensaire d'hygiène sociale et de protection de l'enfance sous la dénomination de  " Dispensaire Haushalter " aux frais partagés des Hospices et de l'O.H.S. Il devait être agrandi vers 1938.

 

LA CREATION DU SERVICE DES AGITES

 

En Novembre 1921, un détenu nommé Bischoff avait profité d'une brève hospitalisation à l'Hôpital Central pour s'évader. A la suite de cet incident, la Préfecture avait adressé aux Hospices copie d'une circulaire du Ministère de la Justice d'après laquelle les Hôpitaux, qui étaient de toute façon tenus d'accepter les détenus des prisons qui leur étaient adressés, étaient responsables en cas d'évasion et étaient donc obligés de prendre les dispositions qui convenaient

Devant la responsabilité qui lui incombait dans ce domaine, la Commission fut conduite à envisager la création d'un secteur d'observation spécialement réservé à cette catégorie de malades et permettant une surveillance, difficile à exercer dans les services d'hospitalisation classiques. En outre, ce secteur pouvait également servir à des malades, dont l'état exigeait un isolement, tels les suicidaires ou les déments, dans l'attente d'un transfert dans un établissement spécialisé. Mais il fallut plusieurs années avant que le projet fût réalisé.

Vers 1927, il resurgit lors de la parution d'une nouvelle circulaire rappelant les obligations des hôpitaux vis-à-vis des détenus et la Commission Administrative envisagea tout d'abord d'installer le service des agités dans le futur pavillon KRUG dont la construction était en cours. Plans et devis furent établis dans cette perspective, mais cette solution fut rejetée, car la Commission la jugea trop coûteuse. Lors de sa séance du 21 Août 1928, la Commission trouva une autre idée plus avantageuse Le service des agités et détenus devait être logé au sous-sol du pavillon Roger-de-Videlange, sous la salle 8, et où se trouvaient alors les ateliers de menuiserie, de plomberie et d'électricité. Ceux-ci durent préalablement être déplacés et transférés au fond de l'Hôpital Central entre le garage auto et le dépôt de bois, pour une somme de 16000 F.

Les plans d'aménagement du service des agités, qui prévoyaient la création de 12 chambres à un lit (6 pour les hommes, 6 pour les femmes), de deux chambres de surveillants, d'un office, de toilettes, etc... furent soumis au corps médical qui les accepta, puis soumis à l'approbation préfectorale, qui fut accordée le 18 Janvier 1929. Les travaux entrepris peu après en Mars 1929 devaient être achevés au courant de l'année 1930 et financés par les Hospices eux-mêmes, avec notamment le produit de la vente des chablis de leurs forêts vosgiennes. Leur coût devait s'élever à 85000 F auxquels il fallut ajouter environ 20000 F pour le mobilier.

L'affectation du service avait été préalablement définie de la manière suivante par une délibération de la Commission Administrative du 13 Novembre 1928 : " Ce service sera réservé aux malades atteints d'agitation ou de troubles mentaux. Deux chambres y seront affectées aux prisonniers malades amenés à l'Hôpital conformément aux instructions de Monsieur le Ministre de la Justice en date du 26 Juin 1916 et du 1er Juillet 1927, quand les soins urgents dont ils ont besoin ne peuvent absolument pas leur être donnés à l'infirmerie de la prison ".

Il n'y avait pas de médecin spécialement attaché à ce nouveau service, mais chaque chef de service conservait la charge de ses malades qui y étaient hospitalisés à l'exemple du système qui existait auparavant dans le service des contagieux.

 

LE LABORATOIRE CENTRAL

 

Les examens de laboratoire prirent une place croissante surtout après la Première Guerre Mondiale. Leur apport, tant pour la recherche que pour la pratique médicale se révélant de plus en plus indispensable, des laboratoires furent créés au niveau des différents services hospitaliers. Toutefois, cette formule se révélait insuffisante et la nécessité de créer un véritable laboratoire central devait apparaître rapidement. Le Doyen de la Faculté de Médecine en Mars 1931, proposa d'installer ce laboratoire, qui devait desservir une douzaine de services d'hospitalisation, dans les locaux libérés au sous-sol du pavillon BRUILLARD-BALBÂTRE par le transfert du service de radiographie dans le pavillon A. KRUG.

Mais les Hospices n’y étaient pas très favorables estimant que cela faisait double emploi avec les multiples laboratoires fonctionnant dans les différents services hospitaliers.

En Août 1932, la Commission Administrative finit par accepter le principe d'un Laboratoire Central et proposa au Professeur VERAIN de lui céder les locaux occupés par la clinique dentaire, qui était sur le point de déménager. Après le départ de cette dernière, le 1er Mars 1933 pour ses nouveaux locaux rue Heydenreich, les travaux d'aménagement furent entrepris aux frais de la Faculté de Médecine.

 

LA PHARMACIE CENTRALE

 

L'agrandissement de la pharmacie était déjà évoqué en 1920 dans le rapport établi par le vice-président KRUG à l'intention du Conseil Municipal, mais ce n'est que vers 1934 qu'il devait être sérieusement envisagé. Après avoir été provisoirement ajournés en raison d'autres chantiers en cours, les travaux de construction de la nouvelle pharmacie devaient débuter au cours de l'année 1936 et se poursuivre jusqu'en 1938. Le coût total de la nouvelle pharmacie était estimé à 1289798 F le 18 Avril 1939.

 

LES REALISATIONS DE L'ENTRE-DEUX-GUERRES A L'HÔPITAL CENTRAL : SERVICES GÉNÉRAUX ET DIVERS

 

Parallèlement à la rénovation et à l'extension des services médicaux et médico-techniques, la Commission Administrative souhaitait procéder à des travaux d agrandissement de certains services généraux de l'Hôpital Central, devenus inadaptés en raison de l'envergure prise par cet établissement. Dès 1925, profitant de la nomination par le Conseil Municipal de Maître HOUOT, Adjoint au Maire, comme Administrateur des Hospices, le vice-président rappelait les divers projets, dont la réalisation lui tenait à cœur et parmi ceux-ci, il signalait l'agrandissement de la chapelle et du dépôt mortuaire ainsi que la construction d'une nouvelle cuisine.

 

LA CONSTRUCTION D'UNE NOUVELLE CUISINE

 

La cuisine de l'Hôpital Central, installée au rez-de-chaussée du pavillon situé à gauche de la chapelle, avait été conçue pour un établissement de 400 lits et ne répondait plus aux besoins nouveaux. En 1930, l'architecte dressa les plans d'une cuisine théoriquement prévue pour un établissement de 1.200 personnes (malades et personnels), en se conformant aux indications fournies par la Commission Administrative, l'économe GAUGUERY et la Sœur supérieure de l'Hôpital Central.

Les plans et devis ayant reçu une approbation préfectorale le 2 Mars 1931, les travaux de terrassement étaient aussitôt entrepris en Mai. L'ensemble de la construction était achevé en 1932 et la cuisine put être inaugurée le 15 Juillet 1932.

 

L'AGRANDISSEMENT DE LA CHAPELLE ET DU DÉPÔT MORTUAIRE

 

Dès que la nouvelle cuisine fut terminée, la Commission Administrative s'attela à un nouveau projet, celui de l'agrandissement de la chapelle et de la morgue. Au lendemain de la première guerre, le vice-président KRUG avait envisagé la construction d'une nouvelle chapelle au-delà du pavillon de la Communauté des Sœurs et qui aurait eu un chemin d'accès sur la rue Lionnois, mais finalement ce projet trop ambitieux avait été abandonné au profit de constructions plus urgentes. Il fallut se contenter d'agrandir la chapelle existant déjà et au printemps 1934 avait lieu l'adjudication des travaux.

En Mai 1934, alors que les travaux venaient à peine de commencer, la Commission Administrative décida brusquement de modifier les plans. Sur la proposition de l’architecte THOMAS, il fut arrêté que l'agrandissement, au lieu de se faire vers l'avant, se ferait vers l'arrière, afin de préserver l'esthétique de la chapelle et par souci de simplicité, les travaux s'en trouvant facilités. Le seul problème que soulevait cette modification du projet, résidait dans la nécessité de déplacer de 4 m 50 la salle de jour, qui se trouvait juste à l'arrière de la chapelle. Celle-ci devait être entièrement démolie et reconstruite légèrement plus loin pour permettre l'extension du dépôt mortuaire. Le nouveau projet qui permettait un gain de place plus important, ne devait toutefois pas alourdir le devis primitif, les frais de déplacement de la salle de jour mis à part. Ces derniers, qui s'élevaient à 152426 F furent pris en charge par les Hospices eux-mêmes, tandis que les frais d agrandissement proprement dits tir la chapelle et de la morgue étaient partagés entre la Commission de répartition des fonds du Pari Mutuel et les Hospices. L'ensemble des travaux était réalisé au cours de l'année 1936 et évalué le 5 Août 1936 à 744856 F, le mobilier étant compris.

 

L'AMELIORATION DU SERVICE DES BAINS

 

Le Vice-Président KRUG aurait aimé doter l'Hôpital Central d'un service d'hydrothérapie et de bains sinon luxueux du moins convenable. Mais ce ne fut que quelques années après sa mort que les Hospices purent enfin envisager une simple amélioration du service de bains existant. Installé au sous-sol du pavillon Roger-de-Videlange, ce service était vétuste et son équipement semble avoir été soumis à de nombreuses dégradations du fait de la négligence du personnel et des malades. En Mai et Juin 1936, la Commission Administrative repoussa à plusieurs reprises les projets de transformation que lui proposait l'architecte THOMAS, les jugeant trop coûteux. Les travaux menés entre la fin de l'année 1936 et le milieu de 1937 devaient finalement entraîner une dépense de presque 400000 F.

 

LA NOUVELLE ECOLE D'INFIRMIERES

 

Après avoir été provisoirement installée dans le pavillon Louise-Elisabeth, nouvellement construit à l'Hospice Saint-Julien, l'École d'Infirmières fut transférée dans l'immeuble FERLIN-MAUBON aux 2e et 3e étages. Elle devait s'y trouver rapidement à l'étroit, aussi, après la fermeture de la section de maternité de la Pension Bon-Secours le 1er Janvier 1929, le 3e étage du pavillon BRUILLARD-BALBÂTRE lui fut également affecté.

En Mars 1930, Madame LAMASSE, mère d'une ancienne élève-infirmière, remit à la directrice de l'Ecole Sœur Louise BARROT, en mémoire de sa fille décédée, une somme de 150000 F en vue exclusivement d'aménager une salle de détente et de réunions pour les élèves-infirmières internes.

Pour permettre au Centre anticancéreux de s'étendre dans l'immeuble FERLIN-MAUBON et pour doter enfin l'École d'Infirmières de locaux conformes à ses besoins, la Commission des Hospices décida de construire un bâtiment. Le devis dressé par l'architecte et présenté au cours de la séance de la Commission Administrative du 9 Septembre 1930 s'élevait à 2600000 F, somme qui devait être financée de la manière suivante :

— 700000 F de subvention versés par l'O.H.S. pour dédommager les Hospices de leur cession au Centre anticancéreux, de l'immeuble FERLIN-MAUBON.

— 150000 F provenant du don de M. et Mme LAMASSE.

— 300000 F de subvention, accordés par le département (l'École devant servir à former des infirmières pour tout le département, sinon la région).

— 200000 F de subvention, versés par la Ville de Nancy.

Le complément, soit 1300000 F, devait faire l'objet d'une demande de subvention auprès du Ministère de l'Hygiène.

L'emplacement de la future école souleva quelques difficultés. Primitivement, il avait été question de l'implanter entre le pavillon BRUILLARD-BALBÂTRE et l'immeuble FERLIN-MAUBON Mais cette solution était peu satisfaisante, vu le manque d'espace. Les administrateurs étudièrent diverses autres possibilités, mais le choix s'avérait limité. Avec la construction du pavillon abritant l'O.R.L., l'Urologie, la Pédiatrie et la Radiologie, il ne restait plus beaucoup de terrains suffisamment vastes. Finalement, l'Ecole put être construite rue Lionnois, sur un terrain cédé gratuitement par la Ville. Toutefois, auparavant il fallut déplacer d'une vingtaine de mètres la salle d'autopsies qui ne datait que de 1927, pour permettre l'édification de l'École.

Dès le mois de Décembre 1931, la salle d'autopsies devait être reconstruite à proximité de l'Institut Anatomique de la Faculté de Médecine, au débouché de la galerie souterraine qui la reliait à la morgue, sur un terrain cédé également à titre gracieux par la Municipalité.

Les travaux de construction de l'École d'Infirmières furent entrepris en 1932. Celle-ci comprenait au rez-de-chaussée les services généraux (bureaux, bibliothèque, salles de cours) auxquels étaient adjoints une salle de fêtes, Financée grâce au don de M. et Mme LAMASSE, et un réfectoire. Elle avait trois étages abritant un ensemble de 63 chambres. Le coût total de sa construction devait finalement dépasser 3 millions de francs. La moitié fut subventionnée par des fonds provenant de l'Equipement National (pour 1321000 F) et de la Caisse des cercles et des jeux (pour 220000 F). Les 50 % restants furent pris en charge sur le plan local, par l'O.H.S., le Département, la Municipalité de Nancy et les Hospices eux-mêmes. Dès le printemps 1934, les élèves-infirmières prenaient possession de leur nouvelle école.

 

RAPIDE EVOCATION DES TRAVAUX MENES DANS LES AUTRES ÉTABLISSEMENTS HOSPITALIERS

 

Alors que s'effectuaient à l'Hôpital Central même de nombreux travaux d'entretien et de construction dont les plus importants viennent d'être évoqués, la Commission Administrative ne négligeait pas pour autant ses autres établissements pour lesquels il faut signaler les principales réalisations (1).

Déjà avant la Première guerre mondiale, avait débuté un mouvement d'expansion hospitalière hors de l'Hôpital Civil lui-même. Dès 1909, les Hospices avaient loué la Maison MARIN pour y installer un service de convalescents, provenant des services de l'Hôpital Civil. Après l'achat de la propriété des Dames du Sacré-Cœur, quai de la Bataille, par la Ville qui en fit don aux Hospices, la Commission avait entrepris dans les bâtiments existants les travaux nécessaires à l'organisation d'un nouvel établissement hospitalier, l'Hôpital Hippolyte MARINGER, qui ouvert au printemps 1914 recueillit le service des convalescents, jusque-là installé à l'Hôpital MARIN, ainsi que le Service de Dermatologie-Vénérologie, qui fonctionnait auparavant à la Maison Départementale de Secours.

En Octobre 1911 la construction de l'Hôpital Sanatorium Villemin débutait sur les vastes terrains de la propriété des Dames du Sacré-Cœur, afin de doter enfin les Hospices de services réservés aux tuberculeux, que faute de place on continuait à accueillir à l'Hôpital Civil au mépris de toutes les règles d'hygiène. La guerre ne permit pas l'achèvement total des travaux qui étaient déjà bien avancés, puisque l'hôpital put être utilisé entre 1914 et 1918.

Dès le printemps 1919, la Commission Administrative ordonna la reprise des travaux de l'Hôpital Villemin. Le service hommes put fonctionner à la fin de l'année, mais ce n'est qu'au printemps 1920 que l'établissement fut totalement ouvert.

Outre deux services d'hospitalisation de 100 lits chacun et d'une pension de 28 lits pour malades payants, le nouvel établissement était complété d'un dispensaire, dont le fonctionnement dépendait de l'Office d'Hygiène Sociale.

D'autre part, par une lettre datée du 9 Octobre 1919, Louis SPILLMANN, Président de l'Œuvre Lorraine des tuberculeux, offrait à la Commission des Hospices de reprendre le Sanatorium de Lay-Saint-Christophe ouvert en 1902 à l'initiative de son père. Fortement endommagé pendant la guerre, cet établissement ne disposait plus de moyens financiers suffisant à son fonctionnement. Par délibération du 16 Décembre 1919, la Commission accepta de prendre en charge le Sanatorium. Avec l'aide financière du Département et du Pari Mutuel, elle fit procéder à d'importants travaux entre 1922 et 1924, qui portèrent de 50 à 130 lits la capacité de ce dernier.

Pour agrandir et isoler la Clinique de Dermatologie et de Syphiligraphie, installée à l'Hôpital Maringer dès 1922, la Commission des Hospices mit à l'étude de nouveaux travaux. Grâce à des subventions de la Ville de Nancy et du Pari Mutuel, ainsi qu'à un legs, les Hospices aménagèrent entre Juillet 1923 et Septembre 1925, l'Hôpital Alfred FOURNIER. D'une capacité de 124 lits, dont 16 réservés à des malades payants en chambre individuelle et ayant le libre choix de leur médecin, le nouvel établissement était complété par un dispensaire rattaché à l'O.H.S. de Meurthe-et-Moselle et assurant les consultations.

L'Hôpital MARINGER lui-même devait faire l'objet à plusieurs reprises de travaux de réaménagement. Pendant la première guerre, une partie de ses locaux furent transformés et agrandis pour y loger une école destinée à rééduquer les mutilés de guerre et à faciliter ainsi leur réinsertion sociale et professionnelle. Ouverte le 1er Novembre 1915, cette école devait fonctionner jusqu'en Juillet 1925. Après son départ, de nouveaux travaux furent réalisés pour installer le service des contagieux, dont le pavillon situé à l'Hôpital Central devait être démoli pour laisser place au futur pavillon Alfred KRUG. En Décembre 1927, les contagieux étaient transférés à l'Hôpital Maringer où fut ouvert également un important service de chirurgie générale hors clinique. L'établissement offrait une capacité totale de 161 lits.

Le groupe des Hôpitaux Maringer-Villemin-Fournier d'une capacité globale de 513 lits était en outre doté d'une pharmacie, d'un service de radiologie et d'un laboratoire.

En 1931, les Hospices Civils de Nancy allaient encore accroître leur potentiel hospitalier par l'acquisition pour 210000 F de La Ronchère, propriété appartenant à Madame LULLIN et située à Houdemont, près de Nancy. Ce nouvel établissement était destiné à accueillir les convalescents des services de médecine et de chirurgie. L'achat en fut réglé grâce au bénéfice réalisé par les Hospices sur la vente de l'immeuble du Mont-de-Piété. Avec l'aide d'une subvention du Pari Mutuel, d'importants travaux furent effectués et à l'automne 1933, La Ronchère avec ses 60 lits pouvait être ouverte.

 

(1) Toutefois, ont été exclus de cette évocation, les Hospices Saint-Julien et Saint-Stanislas qui n’avaient qu’un rôle d’hébergement et ne présentaient pas un intérêt particulier dans le cadre de cette étude centrée sur l’évolution des établissements nancéiens à vocation médicale.

 

L'EVOLUTION DES SERVICES HOSPITALIERS PENDANT L'ENTRE-DEUX-GUERRES

 

Les nombreux travaux réalisés, tant à l'Hôpital Central que dans les autres établissements des Hospices Civils de Nancy permirent l'ouverture de nouveaux services et l'accroissement du nombre des lits.

Au niveau même de l'Hôpital Central et de son annexe, l'Hôpital Marin, la période de 1'entre-deux-guerres a été marquée par un développement de la capacité des services, qui existaient déjà avant 1914, par la création de trois nouveaux services d'hospitalisation (mais aussi la disparition du service des contagieux) et enfin par le perfectionnement et l'extension des services médico-techniques (pharmacie, laboratoire, radiologie). Le tableau reproduit ci-après montre quels étaient les services qui composaient l'Hôpital Central à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Si les grandes cliniques de médecine et de chirurgie générale ont conservé le même nombre de lits, en revanche on peut remarquer que les services spécialisés (O.R.L., urologie, médecine et chirurgie infantiles, ophtalmologie) ont vu leur capacité s'accroître nettement par rapport à la période antérieure à la guerre. La Pension Bon-Secours, qui accueillait essentiellement des malades relevant des disciplines chirurgicales a également connu une forte progression à la suite des travaux d'extension et L'Hôpital Civil, qui à la veille de la guerre de 1914-1918 avait une capacité d'environ 530 à 540 lits, passa en l'espace de moins de 20 ans à une capacité de 870 lits.

En tenant compte de leurs différents hôpitaux, les Hospices Civils de Nancy avaient vers 1938 la capacité suivante :

Hôpital Central + Pension Bon-Secours + Hôpital Marin .........           914 lits

Hôpitaux Maringer-Villemin-Fournier ...........................                      513 lits

Sanatorium de Lay-Saint-Christophe .............................                    130 lits

La Ronchère ................................................                                      60 lits

Total    1617 lits

 

Par rapport à 1914, il y a eu un triplement de la capacité hospitalière.

Cet important accroissement a été nécessité par le développement du nombre des hospitalisations favorisé par la législation sociale (Aide Médicale Gratuite datant déjà de 1893, puis institution des assurances sociales en 1930| et l'évolution médicale. Il a été rendu possible grâce à l'octroi plus large de subventions publiques. Par l'affectation d'une partie du produit des bénéfices réalisés par le Pari Mutuel, aux constructions hospitalières, l'Etat a permis aux établissements français de mieux répondre aux besoins d'hospitalisation de la population, en construisant de nouveaux services ou en agrandissant et en équipant ceux qui existaient déjà. Toutefois, cette aide n'était que partielle, l'État n'acceptant de fournir que la moitié des ressources nécessaires au financement des réalisations prévues et le reste devant être trouvé localement (ressources propres aux Établissements Hospitaliers eux-mêmes et/ou octroyées par les collectivités locales).

Mises à part quelques difficultés passagères, les Hospices Civils de Nancy, aidés par des subventions de la Ville et accessoirement du département, purent faire face à cet effort d'investissement et réaliser tous leurs projets.

 

LISTE DES SERVICES MÉDICAUX ABRITÉS A L'HÔPITAL CENTRAL A LA VEILLE DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE

 

— 2 services de médecine générale de 84 Lits chacun .................       168 lits

— 2 services de chirurgie générale de 84 lits chacun ..................         168 lits

   1 service de médecine infantile

Pouponnière (enfants de moins de 2 ans) .............                                42 lits

Enfants de + de 2 ans .........................................                                 40 lits

   1 service de chirurgie infantile .................................                     52 lits

   1 service d'ophtalmologie (46 lits d'adultes et 11 lits d'enfants) ......57 lits

   1 service d'urologie ..........................................                            62 lits

   1 service d'O.R.L. ............................................                          74 lits

  1 service complémentaire de médecine générale

(hors clinique) (créé vers 1930) .................................                          29 lits

— 1 service d'isolement pour agités ou détenus (créé vers 1930) .........12 lits

— 1 service de radiologie centrale

— 1 laboratoire central

— 1 pharmacie centrale

Total    704 lits

Pension Bon-Secours (hors clinique)

— 131 chambres pour malades payants en chambre avec libre choix

du médecin ................................................                                       166 lits

Hôpital Marin (annexe de l'Hôpital Central)

— 1 service clinique de gynécologie (créé en 1927) ....................       18 lits

— 1 service complémentaire de médecine générale annexe du service

complémentaire de médecine de l'Hôpital Central .................             26 lits

Total    44lits

 

PLAN DE L’HOPITAL EN 1938

 

 

0              Entrée principale                                 1 et 2    Administration et Ancien Bon-Secours

3              Économat                                             3 bis      Nouvelle cuisine

4              Chapelle et morgue                             4 bis      Extension de la chapelle et de la morgue

5              Nouvelle salle d'autopsie                 

6              Pavillon Collinet-de-la-Salle (Services de Médecine et Chirurgie Générales)

6 bis     Extension du bloc chirurgical A

7              Pavillon Roger-de-Videlange (Service de Médecine et chirurgie Générales)

7 bis     Extension du bloc chirurgical B

8              Cour d'honneur                                   9 et 10  Cour des hospitalisés

11            Pavillon Krug :

— O.R.L. et Urologie                          — Radiologie                       — Pédiatrie

12            Pavillon Bruillard-Balbâtre :

— Ophtalmologie                               — Laboratoire Central

12 bis    Extension du pavillon Bruillard-Balbâtre

13            Pavillon Virginie-Mauvais (modernisation du bloc chirurgical de Chirurgie Infantile)

14            Nouveau Bon-Secours                      15            Pavillon des Sœurs

16            Salle de jour

17            Pavillon Haushalter (Service de consultations de pédiatrie)

18            Garages et nouveaux ateliers            19            Ecole Régionale d'Infirmières

20            Galerie couverte                                  21            Pharmacie Centrale

22            Centre Anti-Cancéreux                      23 et 24   Serres et chenil