` sommaire

L’hôpital-sanatorium Villemin : des origines aux années 1980 

Extraits de la thèse de docteur en médecine de Arielle AZENCOT-BRUNNER

 

DE LA DIRECTIVE DU MINISTERE DE LA SANTE A LA CONSTRUCTION DE L'HOPITAL

 Depuis la notion de contagion de la tuberculose, la nécessité de séparer les phtisiques des sujets sains s'était progressivement imposée.

Une première discussion de la Société de Médecine à ce sujet avait eu lieu en juin 1902. Elle avait donné lieu à l'envoi d'un rapport aux autorités locales qui ne purent toutefois donner une solution à ce problème.

Le 15 janvier 1904, une circulaire émanant du ministre de l'Intérieur était adressée aux différentes villes de France. Elle envisageait les mesures et moyens pratiques à prendre dans les établissements hospitaliers pour combattre la propagation de la tuberculose.

Elle se basait sur le rapport du Docteur Armaingaud, chargé d'étudier la situation des hôpitaux. Il reconnaissait que : « bien que la tuberculose soit reconnue comme contagieuse, les tuberculeux, dans la plupart des hôpitaux, sont confondus avec les autres malades, sans séparation d’aucune sorte, et pouvant sans cesse infecter les organismes affaiblis à leur voisinage. De plus, les personnels soignants ne peuvent prendre aucune mesure de protection, par le fait même qu'ils travaillent dans un service commun ».

Enfin, la tuberculose ne peut être soignée qu'en assurant aux patients « un air pur, constamment et méthodiquement renouvelé de jour et de nuit, en y ajoutant, avec une bonne nourriture le repos et un sommeil calme ».

Aussi, pour remédier à cette situation, la Commission permanente de la Tuberculose avait, dans sa séance du 19 décembre 1903, voté les résolutions suivantes :

- dans tous les hôpitaux publics, interdiction de toute relation directe ou indirecte entre malades tuberculeux et non tuberculeux ;

- les tuberculeux doivent être soignés dans des hôpitaux distincts ou, à défaut, dans des quartiers qui leur seront exclusivement réservés ;

- de même, les personnels soignants devront s'occuper exclusivement des tuberculeux afin de ne pas provoquer de contagion.

C'est pour cela qu'en 1883 la Commission Administrative des Hospices Civils décidait de construire l'Hôpital Central.

Et lorsqu'en 1904, le Docteur Armaingaud envoya sa circulaire, la Commission Administrative des Hospices Civils de Nancy n'hésita pas à envisager la création d'un hôpital sanatorium à Nancy. Elle décida, lors de sa séance de délibération du 22 mars 1904, devant l'inexistence d'établissement spécial ou de local spécial à affecter aux tuberculeux, la création d'un établissement spécifique en dehors de l'hôpital.

PRELIMINAIRES ET DEBUT DE LA CONSTRUCTION

ACQUISITION DU TERRAIN

La Commission Administrative des Hospices Civils a voté le projet de la création d'un établissement spécial pour tuberculeux.

Survient alors une occasion inespérée : au milieu d'un parc de 4 hectares situé quai de la Bataille, se libère un immeuble, pensionnat de jeunes filles et tenu par les Sœurs du Sacré Cœur. Comme ce local semble convenir, une proposition est à l'étude, votée lors de la séance du 7 juin 1904, avec l'aval du Conseil Municipal pour le financement.

Le prix de vente de cet immeuble est de 200000 F payables immédiatement. Ni la Ville, ni les Hospices ne peuvent les fournir aussi vite. Aussi Monsieur Giron, ancien adjoint au maire, s'en rend acquéreur le 8 avril 1904, pour le mettre ensuite à la disposition de l'administration aux mêmes conditions (acquisition auprès de Maître Angillis).

Le 1er février 1905, lors de la délibération du Conseil Municipal :

— une subvention est accordée aux Hospices Civils pour l'acquisition de la propriété du Sacré Cœur. La vente aux Hospices de cette propriété sera effectuée le  26 avril 1905 ;

— la Commission Administrative est invitée à solliciter la déclaration d'utilité publique, (celle-ci permet le remboursement des frais des deux achats successifs du 8 avril 1904 et 26 avril 1905)

 PROGRAMME

 Il allait falloir maintenant modifier l'ancien pensionnat de jeunes filles en un hôpital pour tuberculeux.

Afin de mieux cerner les besoins du nouvel hôpital, un programme de desiderata est émis le 28 mai 1905 par la Faculté de Médecine. Ce programme a été élaboré par l'un des professeurs de chirurgie de l'hôpital civil : le professeur Théodore Weiss (Clinique Chirurgicale A) ou le professeur Frédéric Gross (Clinique Chirurgicale B).

a) Locaux de malades

Ces locaux doivent être distincts pour les hommes et les femmes, pour les malades de chirurgie et de médecine. Chaque malade doit posséder un volume d'air d'environ 30 m3.

Les malades des services de chirurgie, souvent atteints de maladies infectieuses seront installés au rez-de-chaussée, tandis que les malades des services de médecine seront affectés aux étages.

« Les salles doivent être largement munies de fenêtres se faisant face et ouvrant à plusieurs expositions ». Elles doivent contenir dix lits au maximum, avec séparation des malades atteints aux différents stades de tuberculose. Elles doivent aussi alterner avec des salles vides pour pouvoir effectuer un nettoyage complet des locaux.

D'autre part, il faut des chambres individuelles, à deux, trois ou quatre lits en fonction des pathologies (infections, délire, ...).

A côté des salles, se trouveront les vestiaires des malades et les lavabos.

Aux étages, se trouveront à côté des salles tenant lieu de réfectoire, des salles de détente pour les malades pouvant se lever.

La galerie couverte du rez-de-chaussée de l'ancien pensionnat sera affectée à la cure d'air, ainsi que le terrain du premier étage si cela est réalisable.

b) Services généraux

Le personnel infirmier ne pourra coucher dans la salle des malades. Il est donc nécessaire de créer une chambre pour les infirmiers de garde avec une sonnette et des carreaux transparents.

Il y a aussi lieu de créer une autre chambre, éloignée de celle des malades pour qu'ils puissent y déposer leurs affaires, et dans laquelle ils pourront dormir en dehors de leur tour de garde.

Ils auront un réfectoire particulier.

Concernant les médecins :

— chaque médecin attaché à l'hôpital doit posséder un cabinet et un bureau ;

— l'interne doit avoir une chambre à coucher et une salle de garde ;

— les externes et étudiants doivent posséder un vestiaire.

D'autre part, il est nécessaire de créer :

— un laboratoire pour recherches spéciales et un local pour animaux ;

— un chauffage calorifère à vapeur à basse pression ;

— un éclairage électrique (plus hygiénique) ;

— une salle de bains et d'hydrothérapie ;

— une buanderie avec une séparation pour le linge sale, un séchoir ;

— un local pour la réfection des matelas ;

— une étuve à désinfection pour les couchages, les vêtements, les crachoirs ;

— une stérilisation des crachoirs dans un local spécifique situé aux étages inférieurs mais relié aux autres étages par un monte-charge ;

— une salle des morts et une salle d'autopsie à son voisinage avec une entrée bien distincte et discrète ;

— des abris pour la cure d'air dans la partie bien exposée du parc ;

— une conservation éventuelle de la ferme qui pourra fournir du lait frais et pur.

DECISION DE LA CONSTRUCTION D'UN NOUVEL HOPITAL

 Lors de la délibération de la Commission Administrative des Hospices Civils du 16 janvier 1906, les hospices civils de Nancy sollicitent une subvention de la ville de 265000 francs pour les travaux d'aménagement d'un hôpital de tuberculeux dans l'ancien immeuble du Sacré Cœur. Celle-ci est accordée le 23 janvier 1906 lors d'une délibération du Conseil Municipal.

Au vu de l'importance du projet à réaliser, des sommes à investir et afin d'obtenir les meilleurs résultats possibles, par lettre datée du 19 mars 1906, le maire Ludovic Beauchet exprime le souhait de la municipalité de créer un concours pour la réalisation de l'hôpital de tuberculeux.

Différents avant-projets furent alors établis et le 29 janvier 1907, le jury réuni dans la galerie nord de la salle Poirel a rendu le jugement suivant :

- aucune récompense n'est attribuée ;

- malgré tout, par 5 voix sur 6, le jury décide de donner une indemnité de 500 francs à trois projets anonymes, qui se différencient par un sigle ou logo : « - air et lumière » ; « - solAerque » ; « - trois croissants dans une circonférence ».

Le jury est composé de :

- Monsieur le Docteur Chrétien, adjoint au Maire

- Monsieur Margot, vice-président de la Commission des Hospices

- Monsieur Guisset, membre de la Commission des Hospices

- Monsieur Couty de Sedon, architecte diplômé par le gouvernement, ancien président de la Société des Architectes de l'Est,

- Monsieur Blavette (Paris), architecte du gouvernement, ancien pensionnaire de l'Académie de Rome, président de la Société des Architectes diplômés par le gouvernement.

- Monsieur Roussi, architecte de la ville de Paris, vice-président de la Société centrale des Architectes Français.

Lors de ce concours, les architectes des trois projets retenus ont admis le principe de démolition de la presque totalité de l'immeuble existant puis une reconstruction à neuf.

Mais le résultat fut jugé insuffisant et devant les nombreuses discussions entre Commission Administrative, services d'Hygiène et autorité supérieure qui s'éternisèrent, il fut décidé de transformer les locaux existants en locaux d'hospitalisation simple et de construire un hôpital neuf pour tuberculeux.

Le projet est alors repris par Monsieur Jasson, architecte de la ville qui fit un plan complet pour cent lits au prix de 700000 francs.

Par lettre du 18 mai 1909, la Commission Administrative des Hospices Civils apprend que la municipalité a décidé d'adjoindre sans concours Monsieur Biet à Monsieur Jasson. Lors de la délibération du 9 novembre 1909, la Commission Administrative des Hospices Civils adopte le projet du 20 octobre 1909 de Messieurs Jasson et Biet et sollicite sur le fonds du Pari Mutuel une subvention aussi large que possible. Le Conseil Municipal approuve ces demandes.

L'examen des différents avant-projets et des conditions d'implantation du nouvel établissement souleva à nouveau entre la Commission Administrative, les services d'Hygiène et l'autorité supérieure des discussions interminables qui retardèrent pendant trois années la réalisation du projet.

Le 12 septembre 1911, les travaux sont mis en adjudication et un mois plus tard la construction est commencée. Malheureusement, du fait de la guerre, les travaux furent interrompus dès août 1914, et ne purent être repris qu'au printemps 1919.

LES ARCHITECTES

 Albert-François Jasson naît le 2 août 1849 à Bordeaux. Fils d'un compagnon tailleur de pierre, Jasson s'initie aux « premiers éléments d'architecture » chez un architecte.

Après sa participation à la guerre contre la Prusse, Jasson est admis à l'Ecole des beaux-arts en 1873 et choisit un des ateliers les plus prestigieux, celui de Jules André.

Tout en remportant de nombreuses récompenses, Jasson accumule une expérience des grands travaux. De plus et à la différence de la plupart des autres étudiants des Beaux-Arts, Jasson obtient en 1880 le diplôme d'Architecte.

La Ville de Nancy et son maire Adrien Volland sont à la recherche d'un Architecte municipal, « artiste de mérite » qui devrait prendre la succession de Prosper Morey, grand Prix de Rome.

Par son expérience, son diplôme et les chaudes recommandations de Jules André et surtout celles d'Alfred Mezieres, Jasson est nommé Architecte de la Ville de Nancy en avril 1881.

Il quittera le service municipal d'architecture en 1911. Jasson a été l'Architecte de l'Institut de Physique et de Mathématiques, du Gymnase Municipal Boulevard Charles V et surtout celui de la Salle Poirel.

Il fut souvent décrié, notamment par Emile Jacquemin dans la revue « l'Immeuble et la Construction dans l'Est » qui lui reprochait entre autres son style « pierres et briques ».

En 1906, Biet et Vallin innovèrent encore en signant la première maison de Nancy en ciment armé, le restaurant Jacob - Chapellu, à l'angle des rues Mazagran et Faubourg Saint-Jean, aujourd'hui disparu. Architecte des Hospices de la ville de 1909 à 1923, Georges Biet est aussi connu pour ses maisons particulières (rue Pasteur, rue des Tiercelins, rue Charles III).

LA PREMIERE GUERRE MONDIALE

ENTREE EN GUERRE

 A la veille de la première guerre mondiale, l'hôpital Villemin est en pleine construction. En vue de la guerre annoncée, la Commission Administrative des Hospices Civils prend diverses mesures :

— la construction de l'hôpital est arrêtée (durant la guerre, la plupart des entrepreneurs seront mobilisés et demanderont à être désistés de leurs fonctions) ;

— les malades civils dont l'état le permet sont renvoyés à domicile ;

— constitution de stocks alimentaires ;

— installation de lits militaires dans divers hôpitaux et hospices. Aussi, de rapides travaux sont effectués à l'hôpital Villemin, dès le 1er août 1914, pour une utilisation éventuelle.

Le 3 août 1914, l'Allemagne déclare la guerre à la France. Le Directeur de Santé Militaire, s'inquiétant de ne pas avoir d'hôpital de contagieux, se voit proposer par Monsieur Krug (vice-président de la Commission Administrative des Hospices Civils) l'hôpital Villemin, avec mise à disposition de 150 lits militaires complets. Les travaux sont alors rapidement achevés.

AU PLAN MEDICAL

 Durant la guerre, le professeur Paul Haushalter assura la direction médicale de l'établissement aidé du professeur agrégé Fairise. Il sera ensuite secondé par Messieurs les Docteurs Rueff et Marchand.

Sœur Victoire Bourquin eut pendant plusieurs mois la fonction de Supérieure de l'établissement, puis fut relayée par Sœur Laurence Duval.

De nombreuses pathologies furent soignées à l'hôpital Villemin durant toute la guerre. Pendant le premier hiver 1914-1915 survinrent des épidémies de grippe, rougeole, scarlatine, dysenterie, typhoïde : 390 à 420 patients furent traités.

Durant toute la guerre, 775 tuberculeux furent soignés mais dans un pavillon séparé.

Enfin furent traités à Villemin : angines, érysipèles, oreillons, fièvres éruptives (rougeole, rubéole, scarlatine, varicelle, variole), diarrhées diverses, maladies diverses (affections broncho-pulmonaires, rhumatismes, néphrites, appendicites, ...)

Au total, furent pris en charge 3951 militaires ainsi que d'autres patients ne pouvant être reçus ailleurs.

En décembre 1917, le service des contagieux de l'Hôpital Civil est transféré dans les sous-sols de l'hôpital Villemin où il restera jusqu'en mai 1919.

En février 1918, devant les risques importants de bombardements, les malades sont dirigés ailleurs. Mais l'hôpital Villemin sera tout de même réouvert de septembre 1918 à novembre 1918 pour faire face à une épidémie de grippe particulièrement importante.

A cette même période, le professeur Haushalter, atteint de « grippe espagnole », dut abandonner la direction de l'hôpital. Il est remplacé par Mademoiselle Marthe Laurent, première femme interne à Nancy. Après la guerre, elle entreprendra une brillante carrière de pédiatre.

Voici donc quels furent les débuts de la carrière hospitalière de l'hôpital Villemin. Après la guerre, une école de réadaptation pour mutilés de guerre est aménagée dans les sous-sols de l'hôpital. Elle fonctionnera jusqu'en 1915 puis sera transférée à l'Hôpital Maringer.

BOMBES SUR L'HOPITAL

 Le 16 octobre 1917, une bombe touche l'hôpital Villemin au pied du pavillon gauche d'entrée ne causant que des dégâts matériels peu importants.

Le 19 août 1918, l'hôpital Villemin reçoit les éclats d'une bombe tombée dans une propriété voisine causant, elle, de sérieux dégâts.

Le 31 août 1918, Nancy subit son dernier bombardement et l'hôpital Villemin est à nouveau touché par une bombe sur une terrasse du pavillon des « femmes ».

L'ENTRE-DEUX GUERRE

ACHEVEMENT DES TRAVAUX

 L'Armistice est signé en novembre 1918.

Dès le printemps 1919, sont effectués à l'hôpital Villemin des travaux de remise en état ainsi que les derniers travaux restants (par délibération la Commission Administrative des Hospices Civils approuve le 16 novembre 1919 un devis supplémentaire de 207844 francs secondaire à la hausse survenue sur toutes les matières premières et sur les salaires).

C'est sur proposition du professeur Bernheim que le nom de Villemin aurait été donné à l'hôpital-sanatorium.

Enfin, le 1er janvier 1920 s'ouvre une partie de l'hôpital Villemin : le pavillon des hommes. Mais, faute de moyens, le pavillon ne pourra être ouvert totalement. Il s'ouvre donc partiellement avec 100 lits d'indigents, 15 lits de pensionnaires mais avec le fonctionnement de tous les services généraux.

Au printemps 1920, s'ouvrent en même temps le pavillon des femmes et un dispensaire externe antituberculeux devant fonctionner suivant les règles édictées par le professeur Calmette.

Ce dispensaire a été créé pour répondre à la récente législation en vigueur de lutte contre la tuberculose. Les patients qui pourront en bénéficier seront ceux disposant de peu de moyens et qui ne pourront donc pas subvenir aux frais de la consultation (ce projet est réalisé à l'aide d'une subvention de l'état, du département, et de la ville de 20 000 francs).

L'hôpital Villemin est un des tous premiers hôpital-sanatoriums construits en France, il peut désormais fonctionner pleinement. Une commission extra-municipale est chargée de visiter l'hôpital. Elle est composée de :

• Professeurs Parisot, Perrin, Spillmann

• Docteur Schmitt, 1er adjoint

• Docteur Bruntz, adjoint

• Messieurs André, Dorg, docteur Lambert, membres du Conseil Municipal.

Le 11 février 1920, dans son rapport, cette commission décrit le nouvel hôpital. Il se compose de :

> à l'entrée deux petits pavillons :

— à droite : la conciergerie est au rez-de-chaussée ; les chambres pour le personnel se trouvent au premier étage ;

— à gauche : le dispensaire au rez-de-chaussée et des chambres de personnel au premier étage. Quelques mois après son ouverture, le professeur J. Parisot demande que le dispensaire soit agrandi au niveau du rez-de-chaussée : plus d'un millier de patients est suivi et inscrit ; les locaux existants sont donc nettement insuffisants. Cette proposition est acceptée lors de la délibération de la Commission Administrative des Hospices Civils du 28 avril 1922.

> un grand bâtiment avec :

— un pavillon central contenant au rez-de-chaussée le personnel administratif pour les bureaux, au premier et deuxième étages la communauté des Sœurs ;

— un pavillon à droite pour les tuberculeux hommes ;

— un pavillon à gauche pour les tuberculeux femmes ;

• Chaque pavillon comporte un rez-de-chaussée, un premier et un deuxième étages de 28 lits chacun réservés aux indigents et aux patients possédant peu de moyens, ainsi qu'un ascenseur et un monte-charge ;

• Le rez-de-chaussée et les deux premiers étages sont édifiés sur le même plan : un couloir desservant :

° du côté sud : une salle de réunion, cinq grandes salles et deux petites salles où dorment les malades, un réfectoire.

° du côté nord : des salles de service, (office, cabinet, lavabo, salles de bain, gardien).

° Les services communs sont regroupés aux extrémités.

• A l'étage supérieur : quatorze chambres particulières, un salon, une salle de bain, une galerie de cure. Ces petites chambres du troisième étage sont réservées aux pensionnaires pouvant payer un peu plus cher et correspondent à l'installation d'une clinique payante, ouverte à une clientèle aisée pouvant choisir son médecin.

• Dans les sous-sols, se trouvent une lingerie avec une salle de raccommodage et repassage, des laboratoires médicaux, une pharmacie. De plus par la déclivité du terrain, ces services sont ouverts côté rue de Nabécor, et les circulations se font par un couloir qui longe tout le bâtiment côté jardin.

— Entre les deux pavillons s'étendent, à chaque étage, des galeries de cure, orientées plein sud, bien abritées latéralement.

> une cuisine édifiée en bordure du Quai de la Bataille. Elle comprend au rez-de-chaussée la cuisine proprement dite ; au premier étage les magasins et les chambres du personnel ; au sous-sol une boucherie, une fruiterie, une éplucherie, une cave à vins et à conserve. La communication avec l'hôpital se fait par une galerie couverte extérieure qui rejoint le pavillon des femmes. L'affectation des réserves situées au sous-sol nous renseigne sur les régimes alimentaires de l'époque : une cave à vin « confortable » et un espace « pommes de terre » largement proportionné.

> une chapelle à l'angle du quai de la Bataille et de la rue de Nabécor qui permet la sortie discrète des cortèges funéraires et une salle des morts attenante.

> une buanderie édifiée en bordure de la rue de Nabécor et qui se trouve à proximité de la lingerie. Par souci d'hygiène, ces locaux sont totalement séparés du reste de l'hôpital.

Si la commission chargée de visiter l'hôpital n'aborde pas la description des façades, il nous faut tout de même en dire un mot.

Côté Nabécor, l'étude de la volumétrie du bâtiment fait découvrir des avant-corps marqués qui renferment les escaliers et les espaces sanitaires communs. Ils sont au nombre de deux par pavillon. Ils se prolongent côté jardin, mais d'une façon moins marquée. Le bâtiment des Sœurs est central.

La division horizontale est très classique :

— un socle de pierres meulières,

— un corps principal lui-même subdivisé en un rez-de-chaussée et deux étages supérieurs,

— un dernier niveau comprenant la corniche, l'encadrement et la toiture proprement dite.

Mais l'élément architectural le plus remarquable de cet ensemble est certainement la construction métallique des Galeries de Cure. Par cette architecture, on retrouve l’intérêt que porte G. Biet, Architecte et Ingénieur, au métal (Il avait déjà démontré son savoir-faire en 1902, avec la guingette-restaurant « le Trianon »).

La finesse de l'ensemble, sa portée, sa transparence et son orientation sont en parfaite adéquation avec la fonction thérapeutique recherchée. Elle est la matérialisation du traitement possible de la tuberculose, une application du principe de Galien : « l'air que l'on respire est plus important que les médicaments que l'on absorbe. »

Par rapport à l'Hôpital Central, conçu par Prosper Morey et terminé en 1883, l'architecture de l'hôpital Villemin est radicalement différente.

La dispersion des différents services, l'absence de décoration, l'utilisation de briques apparentes et d'une architecture métallique, entre autres, démontrent de la part des concepteurs une volonté de privilégier le fonctionnement par rapport au décor ou à l'image.

Comme l'était la volonté de créer cet Hôpital spécialisé, son architecture est donc une réelle manifestation du fonctionnalisme, donc de la Modernité.

BILAN FINANCIER

 Les dépenses pour créer l'hôpital Villemin se sont élevées à : 2320000 francs, soit : 222000 F financés par la Ville, 1049000 F financés par les hospices civils, 1049000 F financés par la commission de répartition des fonds du pari mutuel. Les Hospices Civils ont financé cet hôpital avec leurs ressources propres mais aussi grâce aux dons de généreux bienfaiteurs.

FONCTIONNEMENT DE L'HOPITAL

a) L'organisation interne

Au bout de quelques mois, une organisation tout à fait satisfaisante s'est instaurée, permettant une prise en charge optimale des patients tuberculeux.

Avec l'apparition de nouvelles techniques, les locaux de l'hôpital se sont adaptés aux besoins.

Ainsi, à l'approche de la seconde guerre mondiale, l'hôpital comporte :

> dans chaque bâtiment d'hospitalisation, des salles de deux types :

— les plus grandes à 6 lits pour les malades en traitement mais en bon état général ;

— les plus petites à 2 lits pour les grands malades ou les malades chirurgicaux.

> Au sous-sol, les locaux techniques avec :

— une salle de radiographie/radioscopie et tomographies (stratigraphie) ;

— une salle d'opérations pour thoracoplastie, section de brides ;

— une salle d'autopsie et un laboratoire de photographies ;

— un laboratoire d'analyses bactériologiques uniquement destiné aux recherches scientifiques (les analyses des patients sont effectuées par le laboratoire central des cliniques à l'hôpital central).

> Chaque étage a une fonction particulière :

— au premier : entrée, triage et « étiquetage » du malade (diagnostic clinique, bactériologique, radiologique) puis orientation vers le rez-de-chaussée ou le deuxième étage.

— au rez-de-chaussée se trouvent les malades chroniques avec simple cure médicale (parfois longue).

— au deuxième étage se trouvent les malades nécessitant un traitement chirurgical ou une cure sanatoriale rapide. A cet étage, se trouve aussi « la salle des négatifs » réservée aux malades aigus ou chroniques non tuberculeux, ainsi qu'aux tuberculeux viscéraux non contagieux.

b) L'admission des malades - rôle du dispensaire

En 1940, environ un tiers des patients est adressé par le biais du dispensaire. Les deux tiers restants sont adressés directement à l'hôpital.

Le Dispensaire est le pivot de la lutte antituberculeuse. Il est équipé pour reconnaître la maladie, surveiller le malade et sa famille, apporter aide sociale et assistance matérielle, avoir un rôle éducatif.

En fait, il a deux grands rôles. Le premier est de faire le tri parmi les patients et de les orienter en fonction de la pathologie présentée (avec possibilité d'établir un diagnostic au sein du dispensaire). Ainsi il écarte les patients sains et permet de diagnostiquer ou de mettre en observation les patients tuberculeux ou atteints d’autres affections pulmonaires chroniques, tout cela en liaison avec le médecin de famille. Le second rôle est un rôle social : le dispensaire emploie des assistantes sociales qui veillent à l'application des lois sociales aux malades et à leur famille ainsi qu'à la recherche de meilleures conditions d'hygiène à domicile. Elles participent au rôle prophylactique du dispensaire.

En effet, si l'infection tuberculeuse naît de l'intervention du bacille de Koch, il faut souvent l'adjonction d'autres facteurs pour favoriser l'extension de la maladie : tares héréditaires ou acquises, infections, intoxications chroniques, logements et ateliers insalubres. C'est pourquoi, lutter contre la tuberculose, c'est aussi lutter pour une hygiène meilleure.

Les assistantes sociales (avant 1933 appelées infirmières d'hygiène sociale) sont formées au dispensaire Villemin : elles y reçoivent l'enseignement concernant la tuberculose et y effectuent leur stage pratique.

c) L'Administration hospitalière entre les deux guerres

L'hôpital Villemin appartient aux Hospices Civils de Nancy. Il dépend de la même structure administrative que les autres bâtiments hospitaliers nancéiens.

Entre les deux guerres, la Commission Administrative des Hospices Civils comporte neuf membres y compris le maire.

A partir de 1920, la Commission Administrative crée le poste de chef des services administratifs, occupé par Marcel Gauguery qui dirige tous les services administratifs sous contrôle de celle-ci. En 1936, Monsieur Gauguery propose plusieurs modifications de la structure administrative :

— création de deux économats au lieu d'un seul (l'un des deux sera affecté à M.V.F., Lay-Saint-Christophe, l'hospice Saint-Stanislas, ...) ;

— création d'une chefferie de travaux ;

— création d'un secrétariat général dont il occupe le poste, et qui gère l'ensemble des services administratifs.

Les deux économats et la chefferie des travaux gèrent leur service respectif mais doivent rendre des comptes au secrétaire général.

d) Le fonctionnement médical

Depuis 1889, les services hospitaliers sont tous affectés à l'enseignement. Les Chefs de Service sont donc des professeurs de la Faculté de Médecine qu'elle nomme et rétribue. Les médecins doivent se conformer aux règlements et décisions de l'administration pour le fonctionnement intérieur de l'établissement, mais ils sont responsables de leur service, du traitement et du régime alimentaire des malades, de l'hygiène, du service infirmier. Ils doivent soigner gratuitement les malades (sauf ceux inscrits en clinique payante).

Les médecins doivent passer une visite obligatoire chaque jour après 8 heures et avant 11 heures 30. Ils doivent assurer la continuité du service médical pendant les périodes de congés.

La répartition des services entre professeur et praticien des hôpitaux s'effectue selon un règlement précis. Des services de médecine et chirurgie complémentaires sous la direction des praticiens des hôpitaux, sont créés et sont destinés à décharger les services encombrés de l'hôpital. C'est à l'hôpital Maringer que se trouvent, pendant cette période, les deux services complémentaires de chirurgie. Ceux-ci peuvent accueillir directement un nombre limité de malades, les autres patients sont transférés de l'hôpital central.

Dans chaque service sont affectés des internes et des externes. Les internes doivent suivre la visite, passer la contre visite, appliquer les consignes de traitement et tenir le cahier de visite (y sont notés les prescriptions et le régime), assurer les gardes, accueillir les urgences. Les externes font les pansements et secondent les internes dans la tenue du cahier de visite.

ROLE DE L'HOPITAL

L'hôpital sanatorium double et renforce le sanatorium : « de capacité plus vaste, il représente, non seulement l'établissement d'isolement, mais aussi d'éducation, de traitement pour tous les tuberculeux : sa construction et la répartition de ses locaux pour les diverses formes et atteintes de la maladie doivent s'adapter à ces rôles multiples ; il ne doit pas être un hôpital seulement, mais posséder les qualités d'hygiène, les caractéristiques (galeries de cure, orientation, etc...) d'un sanatorium. Il garde tous les malades qui ne paraissent pas strictement sanatoriables, ceux pour lesquels, avant la cure sanatoriale, une observation ou une amélioration préalable s'impose. En liaison directe avec le sanatorium, il reçoit à son tour de celui-ci tous les malades qui peuvent s'y aggraver, lui conservant ainsi, en dernière analyse, son caractère d'établissement où l'on guérit, mais où on ne meurt pas.. ».

L'hôpital Villemin doit donc accueillir les malades à tous les degrés de tuberculose et doit exercer vis à vis d'eux un triple rôle : traitement, éducation hygiénique et prophylaxie.

Le traitement : il est fonction de l'atteinte tuberculeuse du patient.

> Si le patient est trop gravement atteint (incurable) le dispensaire local doit le diriger vers un hôpital communal.

> Les autres tuberculeux sont dirigés (par l'intermédiaire du dispensaire Villemin) soit vers l'hôpital sanatorium (curables à longue échéance ou sanatoriables avec observation préalable), soit vers le sanatorium de Lay-Saint-Christophe (curables à courte échéance).

> Lorsque les patients sont admis à l'hôpital Villemin, selon le contexte clinique, ils peuvent ou non relever d'un traitement par collapsothérapie. Les indications en sont extrêmement précises et limitées : tuberculose pulmonaire grave fibrocaséeuse ou ulcérocaséeuse ayant atteint un seul poumon. Lorsque l'indication est posée, le patient est insufflé à l'aide d'un appareil de Kuss. Le service possède plusieurs appareils : l'un attaché au deuxième étage et qui sert surtout aux insufflations et réinsufflations de pneumothorax, l'autre attaché au premier étage pour la salle des épanchements pleuraux (insufflation d'air après ponction de liquide). L'insufflation se fait directement au lit du malade, et on doit réinsuffler souvent le malade, une à deux fois par semaine pendant plusieurs mois, jusqu'à l'obtention de la guérison.

En cas de contre indication à la collapsothérapie, la chirurgie a toute sa place. Parlons d'abord de la section de brides : elle permet de lever l'adhérence pleurale qui empêche la pratique du pneumothorax. Ensuite la thoracoplastie (section plus ou moins complète de quatre à sept côtes) permet un affaissement du poumon, le pneumothorax extrapleural décolle chirurgicalement la plèvre symphysée ; citons enfin l'apicolyse, la phrénicectomie.

L'éducation hygiénique et la prophylaxie se font grâce aux assistantes sociales qui se déplacent à domicile, dans les écoles, sur les lieux de travail. De plus, elles veillent à l'application des lois sociales aux malades.

 En fait l'hôpital sanatorium a de nouveaux buts à la veille de la seconde guerre mondiale.

De centre de traitement pour tuberculeux, il devient un centre de diagnostic de la tuberculose, puis par extension un centre de diagnostic et de traitement de toutes les affections pulmonaires ainsi qu'un centre de contrôle des patients tuberculeux.

LA DEUXIEME GUERRE MONDIALE : L'HOPITAL VILLEMIN OCCUPE PAR LES ALLEMANDS

L'hôpital Villemin, spacieux et bien aménagé, est tout de suite convoité par les allemands et réquisitionné.

Deux cent blessés français arrivent mais il n'est pas question pour l'hôpital Villemin de les accueillir, aussi sont-ils orientés vers les hôpitaux Maringer et Fournier.

En février 1941, les Allemands ordonnent l'évacuation du pavillon hommes et celle de la communauté. Elles vont s'effectuer en 48 heures. Les hommes sont envoyés à l'hôpital Fournier ou à Lay-Saint-Christophe. Les sœurs s'installent à l'hôpital Maringer.

L'hôpital Villemin est alors totalement occupé par les Allemands qui privent Nancy de plus de 200 précieux lits d'hospitalisation.

A partir de mars 1941, l'administration put disposer du service des contagieux de l'hôpital Maringer (transféré à la Maison de Secours).

En juillet 1944, les Allemands ne se sentent plus en sécurité dans l'établissement, trop proche de la voie ferrée. Ils le quittent pour aller s'installer à l'hôpital de Maréville jusqu'à la libération de Nancy. En partant de l'hôpital Villemin, ils emportent le mobilier, le matériel (même celui qui était fixé) y compris les boutons de porte. Les locaux ne seront officiellement rendus que le 10 août 1944.

Mais en septembre 1944 après la libération de la ville, les Américains prennent possession à leur tour de l'hôpital Villemin et l'évacuent définitivement en septembre 1945.

Une remise en état s'impose. Après quelques mois de travaux, la réouverture de l'hôpital a lieu au printemps 1946.

DE L’APRES-GUERRE AUX ANNEES 1980

LA REVOLUTION THERAPEUTIQUE

Durant la première moitié du XXe siècle, les médecins ont tenté de guérir les patients tuberculeux à l'aide des moyens thérapeutiques qu'ils possédaient : pneumothorax, chirurgie, envoi en sanatorium. Cela aboutissait parfois à la guérison des patients ; néanmoins, dans de nombreux cas, aucun traitement n'était efficace et la mort devenait alors inéluctable.

C'est après la seconde guerre mondiale que s'effectue un changement majeur dans la prise en charge de la tuberculose, grâce essentiellement à deux éléments : le B.C.G. qui a permis de protéger les sujets non atteints, et la découverte des antibiotiques qui a permis la guérison des tuberculeux.

LES TRANSFORMATIONS DES LOCAUX

Après la seconde guerre mondiale et les travaux de remise en état, l'hôpital Villemin fonctionne avec un service d'hommes à gauche, un service de femmes à droite.

La chirurgie occupe les rez-de-chaussée des deux bâtiments depuis 1951 (en 1950, la Commission Administrative du Centre Hospitalier Régional accepte la création d'un service de chirurgie thoracique à l'hôpital Villemin par nécessité d'opérer les malades contagieux à l'intérieur du bâtiment, sans les transporter dans un autre service). On opérait déjà avant cette date à l'hôpital Villemin, mais le service de chirurgie était sous la dépendance du service de chirurgie de l'hôpital central : à l'époque celui du professeur Chalnot.

La médecine occupe les premiers et deuxièmes étages. Au troisième étage, se trouve la clinique payante.

Pendant une vingtaine d'années, l'hôpital Villemin fonctionne en utilisant les thérapeutiques en cours, pratiquant les interventions nécessaires, s'adaptant aux progrès de la médecine.

Aux alentours des années 1965, apparaissent les premiers problèmes de locaux. En effet, tous les chefs de service du groupement M.V.F. se plaignent, dans une lettre datée de juin 1966 et adressée à la Commission Administrative du Centre Hospitalier Régional de Nancy, des conditions dans lesquelles ils doivent travailler. A cette époque, sont à l'Hôpital Villemin les professeurs Lamy, De Ren et Lochard.

Concernant les chefs de service de l'hôpital Villemin, les doléances sont : une absence ou insuffisance notoire de locaux d'isolement dans les services où sont soignés des malades contagieux ou des malades fragiles vis à vis d'infections hospitalières, une absence de laboratoire de biologie pour le groupe (pas de bactériologie ni de chimie biologique sur place) et un manque de personnel pour faire fonctionner la radiologie.

Le professeur De Ren se plaint du fait que certaines chambres du troisième étage sont réservées à des aides-soignantes de l'hôpital.

Le professeur Lochard parle de conditions de travail dangereuses : dans son service les patients infectés et les patients non infectés ne sont pas séparés, ainsi que les tuberculeux et les non tuberculeux.

Enfin, les médecins réclament un directeur résident à M.V.F.

a) Aménagement du service de chirurgie thoracique

Devant le fonctionnement du service de chirurgie thoracique, la Commission Administrative du Centre Hospitalier Régional de Nancy décide le 15 avril 1969 de réaménager le secteur d'intervention et le secteur d'hospitalisation de ce service. Ainsi le service pourra fonctionner dans des conditions minimales de sécurité qui n'étaient plus réunies. Et dans le cadre de l'adaptation à l'exercice de « plein temps », le professeur Lochard pourrait accepter son intégration effective.

Le projet dressé par un cabinet d'architecture parisien, consiste en :

— la création d'un secteur d'intervention aseptique à l'entresol avec une salle d'opération aseptique à air conditionné ainsi qu'une salle de lavage et une salle de stérilisation ;

— un secteur d'hospitalisation aseptique postopératoire et de réanimation, au rez-de-chaussée près de l'ascenseur, contenant trois chambres individuelles de soins intensifs, un poste de surveillance et dispatching (un poste central de surveillance, un côté sec, un côté humide). La salle de réanimation existante de quatre lits est conservée ;

— un secteur d'hospitalisation septique, au rez-de-chaussée, à l'autre extrémité du bâtiment contenant : une petite salle d'intervention et de pansement septique, deux chambres individuelles (la chambre existante de quatre lits est conservée). Ce secteur sera nettement séparé du secteur aseptique par une porte hermétique.

Les travaux débutent le 15 septembre 1970 et seront terminés en octobre 1972. Le Chef de service ayant refusé son intégration avant la fin définitive des travaux, la subvention de l'Etat ne peut être attribuée. Ils sont donc financés par la Commission Administrative du Centre Hospitalier Régional de Nancy (voté lors de la séance du 6 septembre 1969).

b) Réaménagement du service de radiologie

Toujours dans le cadre du programme d'adaptation au plein temps des services du Centre Hospitalier Régional de Nancy, un projet a été dressé par le même cabinet d'architecture parisien pour réaménager le service d'électroradiologie du groupe M.V.F. qui comportait 544 lits en 1970.

Le chef de service en sera le professeur Bernadac auquel sera adjoint un poste d'assistant à plein temps.

Le service de radiologie se trouve au sous-sol de l'aile Est de l'hôpital Villemin. Le projet prévoit un remodelage de l'ensemble du service portant sur la création de locaux d'accueil, de bureaux médicaux, de locaux de service, avec redistribution des surfaces de salles de radiologie et des locaux de développement.

Sont prévues : une salle d'urographie et radiologie gynécologique, une de radiologie digestive, une pour les tomographies, une de radiologie pulmonaire et une salle de radiologie vasculaire.

Ce projet est accepté le 1er décembre 1970 par la Commission Administrative du Centre Hospitalier Régional de Nancy avec pour plan de financement : 35% par l'Etat, 30% par la Sécurité Sociale, 35% par le Centre Hospitalier Régional de Nancy.

Le dossier d'exécution est accepté le 23 septembre 1971 par la Commission Administrative, ainsi que le plan de financement. Les travaux peuvent commencer. La réception définitive a lieu le 9 décembre 1975.

c) Réaménagement du secteur technique et de consultation

Enfin, en 1978 dans le cadre de l'opération de modernisation des hôpitaux urbains, est créé un secteur technique et de consultation.

L'aménagement de ce service est alors indispensable eu égard à l'évolution qu'a connu la pneumo-phtisiologie.

La libération des locaux occupés par le service de chirurgie thoracique au sous-sol hommes (transféré à l'hôpital central) permet une réorganisation des locaux avec création d'un secteur technique et de consultation.

Le secteur technique comporte :

— une salle de radiographie   avec   examens   couplés :   bronchoscopie, broncho-photographie, fibroscopie, fibrophotographie, bronchographie, cathétérisme intracardiaque,....

— une salle d'examens spécialisés : pleuroscopie, examen ORL, électrocardiographie, fibroscopie,...

— un secrétariat réservé au secteur technique et de consultation situé dans une position centrale entre les deux parties de ce plateau.

Le secteur consultation comporte :

— une grande salle de consultation comportant un mur de lumière original permettant   l'affichage de  dix-huit  clichés  et  un  archivage de la consultation ;

— une salle d'attente ;

— une salle d'accueil et de préparation des consultants (prélèvements, observations, techniques allergologiques, ...) ;

— un grand secrétariat réservé à  l'hospitalisation  avec un système d'archivage moderne.

La réalisation de ce projet a été effectuée avec un financement sur les ressources propres du Centre Hospitalier Régional.

LE PERSONNEL SOIGNANT

LES SŒURS DE SAINT-CHARLES

Le 3 mai 1916, le président R. Poincaré émet un décret : « la congrégation des Sœurs de Saint-Charles est autorisée à fonder à Nancy pour le service des Hôpitaux Maringer et Villemin (deux annexes de l'hôpital civil) un établissement de 19 religieuses de son ordre, sous réserve que l'établissement sera exclusivement affecté au service des deux hôpitaux.

Les religieuses devront être de nationalité française et justifier d'une résidence ininterrompue en France ou dans les colonies françaises pendant les dix années qui précèdent leur entrée dans l'établissement ».

Ainsi, dès l'ouverture de l'hôpital Villemin, des Sœurs sont affectées au fonctionnement des différents services. Elles sont sous la responsabilité d'une supérieure, commune aux trois établissements du groupe M.V.F., qui se charge seule du recrutement et de la direction du personnel congrégationniste. Seules les religieuses assurent les fonctions de surveillante des services de soins.

C'est seulement après la seconde guerre mondiale qu'apparaissent dans les services, des infirmières et des surveillantes laïques. Et, au fil des ans, le personnel laïque est devenue majoritaire, le personnel congrégationniste s'amenuisant (baisse du recrutement par baisse de la vocation religieuse).

A l'hôpital Villemin, comme dans les autres hôpitaux, les Sœurs de Saint-Charles ont toujours fait preuve de dévouement, de disponibilité, passant beaucoup de leur temps auprès des patients, essayant de soulager leurs souffrances. Certains ont dit d'elles qu'elles étaient l'âme de l'hôpital.

Voici la liste des supérieures ayant exercé à l'hôpital Villemin :

• Sœur Marie-Rosé Prieur (lere supérieure) :

• Sœur Virginie Gantzer de 1950 à 1960 ;

• Sœur André Guerin de 1960 à 1963 ;

• Sœur Marie-Madeline Gousset de 1963 à 1968 ;

• Sœur Joachim Jeanjean de 1968 à 1987.

LES MEDECINS ET CHIRURGIENS

Lors de l'ouverture de l'hôpital Villemin, deux cliniques de maladies tuberculeuses sont créées. Ce sont les premières en France ; elles sont confiées à des professeurs agrégés de la Faculté et un enseignement clinique y est donné aux étudiants. Une des cliniques est affectée aux hommes, l'autre aux femmes.

a) Clinique des maladies tuberculeuses - hommes

Le premier chef de service fut Jacques Parisot, professeur agrégé de médecine qui resta en fonction de 1920 à 1930. En 1922, il créa l'Office d'Hygiène Sociale de Meurtrie et Moselle et, à partir de cette période, se consacra beaucoup aux problèmes d'hygiène et de médecine sociale en général. Il fut nommé professeur de la chaire d'Hygiène en 1927 et doyen de la Faculté de Médecine en 1949.

Travailleur et déterminé, son œuvre a été importante tant sur le plan médical qu'universitaire : il s'est d'abord battu pour la mise en place de la lutte antituberculeuse en Meurtrie et Moselle, développant la vaccination par le B.C.G., ainsi que le dépistage systématique. En tant que doyen, il s'est attaché à moderniser les locaux, les adapter aux réformes techniques et technologiques. Il s'est toujours battu pour ce en quoi il croyait.

Après le professeur Parisot, le professeur P. Simonin est nommé à son tour. Il restera à la tête du service de 1930 à 1960.

En 1944, il devient professeur de pathologie générale, médecine expérimentale et clinique de la tuberculose. De formation biologique de départ, il a beaucoup travaillé sur les antibiotiques et en particulier sur la streptomycine.

« Le Doyen Simonin a marqué de son empreinte la clinique de pneumo-phtisiologie et on ne saurait trop souligner ses qualités profondes, son humanisme, son talent de clinicien, averti et prudent, réservé devant les affirmations trop rapides, mais sachant encourager toutes les initiatives ». (1)

(1) « La pneumo-phtisiologie » P. Lamy, Annales médicales de Nancy, p 217 à 221, 1975

Puis, le professeur Pierre Lamy prend la succession du Doyen Simonin à la tête du service hommes. Professeur Agrégé en 1958, il devient chef de service en 1960. Médecin intéressé et formé à tous les aspects de la médecine interne, il veut faire de son service un service de médecine orienté vers la pneumologie. Ainsi le professeur Lamy fait transformer en 1962 le nom de sa chaire : de clinique de phtisiologie elle devient clinique de pneumo-phtisiologie. Elle est, avec 150 lits, la plus importante de l'hôpital.

Profondément humain, s'attachant à tous les aspects de la pneumologie, s'adaptant sans cesse aux progrès scientifiques, le professeur Lamy a créé un service performant, où le patient était pris en charge en globalité et non pas uniquement sur le plan de la spécialité. Il restera à la tête de ce service jusqu'en 1989.

b) Clinique des maladies tuberculeuses - femmes

En 1920, le premier chef de ce service est le professeur Maurice Perrin. Agrégé en 1910 (déjà titulaire d'une licence de philosophie obtenue à l'âge de 19 ans), il est alors affecté à la clinique de la tuberculose, poste qu'il occupera jusqu'en 1936. Il est ensuite nommé à la tête du service de Clinique Médicale B. S'intéressant à tous les sujets, il a effectué un nombre considérable de publications sur des sujets très divers.

« Bon pour ses malades, ne se départissant pas de son sourire, de son abord serviable, le professeur Perrin donne l'exemple d'un homme de bien et d'un travailleur laborieux ». (2)

(2) « Les cliniques médicales » P. Louyot, p. 147 à 179, Annales médicales de Nancy, 1975

En 1936, le professeur Emile Abel est nommé. D'abord orienté vers la médecine militaire puis affecté à Nancy au sortir du Val de Grâce, il est confronté à la guerre en 1914. En 1921, il quitte le service de santé militaire. Agrégé en 1930, il sera chargé en 1936 du service de phtisiologie femmes, poste qu’il occupera jusqu'en 1942. Extrêmement consciencieux, très attentif aux malades, il poursuivra ensuite son action en Clinique médicale A.

C'est le professeur Jean Girard qui prend la succession d'Emile Abel à la tête du service. Agrégé en 1946, les circonstances le conduisent à la Chaire de Phtisiologie même s'il est avant tout un généraliste.

Disparu prématurément en 1955, le doyen Simonin dit du professeur Girard :

« Ses derniers travaux, et tout spécialement ses études sur la spirométrie, la densitométrie pulmonaire, la bronchographie lipiodolée, le dépistage et l'appréciation des pneumoconioses attirèrent l'attention, parfois étonnée, sur l'activité de l'école nancéienne, et suscitèrent un vif intérêt en ces nombreux congrès et colloques, où le conduisait certes son humeur voyageuse, mais où l'accompagnait toujours, et parfois fort loin, le souci du renom de notre faculté ».

Homme cultivé, travailleur, sa carrière a été brillante mais trop courte.

Après le décès de Girard, les docteurs Grilliat et Briquel assurèrent son remplacement jusqu'à la nomination du professeur Gérard De Ren.

Le professeur J-P. Grilliat obtiendra la chaire de médecine interne orientée vers l'allergologie en 1956. Il mènera de nombreuses recherches sur différents aspects pneumologiques, et plus particulièrement sur l'asthme et l’immunopathologie. Le docteur Briquel sera attaché au service des tuberculeux chroniques à l'hôpital Maringer.

En 1956, le professeur de Ren est nommé à la tête du service de pneumo-phtisiologie femmes mais il détient la chaire de médecine légale. Endocrinologue de formation, De Ren arrive un peu par hasard dans ce service. Très grand travailleur, humaniste et homme de qualité, il prend à cœur ses nouvelles fonctions et s'investit alors dans la pneumologie. Il restera Chef de ce service jusqu'en 1987.

Enfin, le dernier chef de service de la pneumo-phtisiologie femmes est le professeur Gérard Vaillant. Nommé professeur en 1973, le professeur Vaillant avait auparavant obtenu un diplôme de radiologie et effectué un assistanat dans le service du professeur Bernadac. Spécialisé dans la radiologie à orientation pulmonaire, ses cours à la Faculté sur la radiographie pulmonaire attiraient tous les étudiants. Toujours humain, sans jamais perdre le sens de l'humour, d'une grande gentillesse, et d'une grande compétence professionnelle, le professeur Vaillant a toujours fait preuve d'un dynamisme communicatif au sein de son service.

c) Les chirurgiens

Associé à ces cliniques médicales, se trouve à l'hôpital Villemin un service de chirurgie thoracique. Cette discipline a d'abord débuté à l'hôpital Maringer avec le professeur André Guillemin.

Puis c'est le professeur Chalnot, titulaire intérimaire entre 1937 et 1943 de la chaire de chirurgie A à l'hôpital central, qui vient opérer au sous-sol de l'hôpital Villemin.

Il était l'un des pionniers en France et le premier à Nancy à pratiquer la chirurgie thoracique et cardiaque. Chirurgien d'avant-garde, il n'a cessé de développer ces spécialités.

Travaillant avec lui, le professeur agrégé Jean Lochard arrive en juin 1947 à l'Hôpital Villemin. En 1954, ce dernier est nommé chirurgien des hôpitaux à la tête du service de chirurgie de l'hôpital Villemin. Celui-ci prend alors officiellement le nom de service de chirurgie thoracique car jusque là il constituait une annexe du service de chirurgie A de l'hôpital central.

En même temps, le professeur Lochard était assistant chez le Professeur Chalnot et cumulait donc plusieurs fonctions. Il a participé grandement à l'évolution de la chirurgie thoracique dans ses différentes indications.

De plus, fortement sensibilisé aux problèmes d'infections nosocomiales, il fut un précurseur dans ce domaine en France. En 1960, il publie « Infections acquises en milieu hospitalier et chirurgical ».

Nommé professeur, il restera en activité à l'hôpital Villemin jusqu'en 1975, date où son service est transféré à l'hôpital central (avec son adjoint Borrely). Néanmoins, jusqu'en 1980, il continue à opérer les tuberculeux à l'hôpital Villemin.

 

EPILOGUE

 A la fin des années 1980, la pneumo-phtisiologie finit par se retrouver à l'égal d'une autre spécialité médicale.

Dans un but de rapprochement géographique des différents services orientés vers la pneumologie, une centralisation à l'hôpital de Brabois parut préférable.

Dès 1990, les services de pneumologie de l'hôpital Villemin sont transférés en partie dans les locaux du service de Médecine D, lui-même transporté à l'Hôpital Central. Ce transfert s'achèvera définitivement en 1994.

La communauté des Sœurs de Saint-Charles du groupement M.V.F. a quitté les lieux en 1995.

Le Dispensaire antituberculeux a fermé ses portes en 1984. Actuellement il est occupé par le Planning Familial.

Le pavillon des hommes est totalement fermé ; le service de dermatologie occupe toujours le rez-de-chaussée du pavillon des femmes ; les autres étages du pavillon des femmes sont affectés temporairement à certains services (en 1999 : la Médecine L se trouve à l'hôpital Villemin).

La Cuisine ne fonctionne plus.

La Chapelle, fermée pendant plusieurs années, vient d'être attribuée au rite Orthodoxe.

Concernant l'avenir, la destination de cet hôpital n'est pas totalement définie. Vraisemblablement, alors que Nancy comprendra deux pôles médicaux l'hôpital Central et l'hôpital de Brabois, les derniers services du groupement M.V.F. seront affectés à l'un de ces deux établissements. Les trois hôpitaux de ce groupe seront alors totalement désaffectés.

 

Témoin d'une époque, témoin d'une maladie, l'hôpital Villemin a été, en son temps, un établissement nécessaire à la prise en charge des patients tuberculeux.

L'évolution de la médecine a élargi son champ d'activité pulmonaire. Cependant, à l'ère de la haute technologie médicale, ses locaux se sont révélés inadaptés à la poursuite d'un exercice médical de qualité.

Hôpital du XXe siècle, ses murs nous rappellent cette période si particulière où la médecine a plus progressé en cinquante ans qu'en deux mille ans d'existence.

 

Plan de l’Hôpital Maringer-Villemin-Fournier
 
 
Soeurs de St-Charles aux cuisines
 

  

Entrée de l’hôpital                                                          Entrée du dispensaire

 

  

    Les 2 pavillons séparés par la galerie de cure       Encore utilisé aujourd’hui, le pavillon des femmes

 

  

La galerie de cure                                                          Détail d’un poteau

 

       

Façade côté Nabécor                                                             La Chapelle