HAUSHALTER Paul

1860-1925

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Haushalter et la Grosse Catherine par H. SICARD-LENATTIER

ELOGE FUNEBRE

Ce numéro de la Revue Médicale de l'Est est en deuil. Il a été combiné par le professeur P. Haushalter avec la collaboration de ses assistants immédiats. Et brusquement, alors que les mémoires étaient réunis, le professeur Haushalter vient de succomber en pleine activité, en service commandé, alors qu'il rentrait de Paris, le 2 juin, où il avait siégé au jury du concours d'agrégation. Foudroyé dans son wagon, le train dut stopper à Meaux pour le descendre. Et après avoir partagé 41 ans de sa vie entre sa famille et l'hôpital, le professeur Haushalter succombe loin des siens, mais dans un hôpital.

Professeur et maître ! il le fut jusqu'aux moelles, tout de suite, et comment ! et il le fut, sans le chercher, par une action de présence, pourrait-on dire. Lorsque le jeune chef de la Clinique médicale de 1887 commença son service à la Clinique de son maître, le professeur P. Spillmann, les contre-visites du soir devinrent immédiatement le rendez-vous de tous les jeunes qui voulaient travailler ; et jamais à Nancy clinique magistrale ne vit autant d'étudiants que ses consultations de l'Hôpital civil, alors que son esprit clinique débrouillait au vol la nuée des malades venu de toute la région. Et déjà se révélaient les éminentes qualités qui devaient bientôt lui créer dans le personnel enseignant une place si personnelle. Chargé du cours de clinique médicale infantile en 1893, et quand la création de la chaire en 1906 vint lui donner la consécration officielle, quel enseignement ! Enseignement d'une portée d'autant plus grande qu'il ne professait pas ; les étudiants apprenaient tout, simplement en l'écoutant causer et en le regardant faire, et en s'ingéniant à faire comme lui. Parce qu'il adorait les enfants, il avait acquis dans l'art si difficile de déchiffrer leurs maladies une incomparable maîtrise. Rapidement, le diagnostic et le pronostic luisaient à ses yeux, et l'expression d'une physionomie extraordinairement expressive, d'un froncement du nez et des yeux, on était fixé. Qui n'a vu le professeur Haushalter tournant et retournant au bout de ses longs bras le minuscule maillot d'un athrepsique ne sait ce que c'est qu'un médecin d'enfants aimant les enfants.

Sous sa direction, la clinique prit un grand essor ; elle essaima dans une pouponnière, puis dans l'Hospice J.-B. Thiéry, où en pleine campagne, à Maxéville, dans un cadre admirablement aménagé, tous les chroniques, tous les déchets de l'enfance, recueillis parfois de très loin, constituent un rare foyer d'études. Là, dans ses visites du mercredi, dans les cliniques où plusieurs fois l'année il réunissait ses élèves, il était bien chez lui, presque dans son domaine de prédilection ; et son esprit si remarquablement synthétique se donnait libre cours dans la vivante interprétation des faits livrés à l'observation dans d'invraisemblables défilés, à faire rêver les antiques graveurs lorrains.

Et bientôt, la clinique médicale infantile, actuellement conjuguée dans un pavillon avec la clinique chirurgicale du professeur Froelich, allait émigrer dans un nouveau pavillon, aménagé selon ses directives, dont il devait dans le prochain numéro, consacré par la Revue Médicale de l'Est au XVIIIe Congrès français de Médecine nous donner la description qu'il n'a pu écrire lui-même.

L'esprit clinique si avisé chez lui avait ses racines profondes dans une pathologie très personnelle. Quels souvenirs assaillent, quelle émotion profonde étreint en ce moment celui qui vécut prés de lui, avec lui, l'évolution de la médecine contemporaine ! Ce fut d'abord toute la pathologie des infections, passant, à mesure de son évolution, au crible de son esprit critique, qui élaguait le touffu des vues de l'esprit, condensant en idées claires et précises, les acquisitions contrôlées. Le laboratoire était créé à la clinique du Professeur P. Spillmann, et ce fut bientôt la description des infections non spécifiques, de leurs associations, l'étude de la fièvre typhoïde, de la tuberculose, des pneumococcies ; la recherche des causes, le rôle des infections dans le rachitisme; et l'expérimentation bactériologique. Bientôt toutes  les  données   fermes   se  condensaient dans ces admirables conférences de 1892, sur les applications de la bactériologie à la clinique, recueillies par Prautois, autographiées, qu'il ne publia pas parce que sa modestie croyait connu de tous ce que seul alors il avait su  synthétiser, et dont l'analogue ne fut publié que longtemps après par un futur doyen de la Faculté de médecine de Paris.

Puis la neurologie, créée par l'esprit analytique de Charcot, continuée par ses élèves, fut, elle aussi, laminée par l'enseignement de Haushalter. Et ce furent les études définitives sur la rigidité spasmodique de l'enfance et la maladie de Little, sur les microgyries, l'hydrocéphalie, les myopathies. Et l'un des derniers numéros (avril 1925) de la Revue Neurologique renfermait la description du syndrome si curieux qu'il avait isolé, caractérisé chez l'enfant par des altérations psychiques et par des troubles neuro-végétatifs, qui constituera certainement le « syndrome d'Haushalter ». Et à mesure que se soulevaient les grandes questions de médecine générale et de pathogénie, et leurs applications, aussitôt la lucidité de son esprit démêlait le vrai, le définitif, dans quelques pages simples, claires, lumineuses. Dès sa thèse inaugurale, il donnait sur le coeur sénile une étude définitive, à laquelle rien n'a jamais été ajouté, et qui contient déjà le germe de toute la question des insuffisances ventriculaires gauches. Au IIIe Congrès français de Médecine de Nancy, de 1896, son rapport sur l'application de la sérothérapie livrait en quelques traits tout ce que l'on savait sur la question. Qu'on relise dans la Revue médicale de l'Est ses quelques pages sur les avitaminoses et les maladies par carences, et tout apparaît très simple. Partout se  retrouvaient les  caractéristiques de son esprit où s'unissaient l'analyse et la synthèse, jusque dans ces amusantes silhouettes qui illustrèrent autrefois les agendas de la salle de garde ou qui se retrouvaient à sa place après les séances d'examens ou les soutenances de thèses.

Ces qualités qui faisaient de lui un des maîtres incontestés de la pédiatrie mondiale, avaient une étrange portée sur les étudiants, ses élèves, et c'est vers lui qu'allait, entière, toute leur confiante affection. Nul ne saura jamais, mieux que lui, leur faire aimer la médecine infantile, et toute la Médecine. Et quelle place dans la population nancéienne ! En ville comme à l'hôpital, les mères soignées par lui dans leur enfance lui ramenaient leurs enfants. Nul ne fut jamais plus populaire, et il ne s'en douta jamais, lui qui jamais n'eut l'allure facile qui porte sur les populations. Et lorsque, le matin, fut connue la terrible nouvelle, quel singulier aspect que celui des quartiers ouvriers autour du Marché, où à tous les coins de rue, les femmes, le journal à la main et les larmes aux yeux, commentaient l'événement. A son enterrement, la foule fut énorme.

Et parce que, avant tout, il était un grand modeste, jamais il ne soupçonna la place qu'il tenait dans la ville. La belle vie en exemple aux générations d'étudiants, que celle de ce maître dont la mort met la science en deuil et plonge la cité dans la consternation ! Les funérailles de Haushalter sont l'honneur d'une Université. La Revue médicale de l'Est, dont il fut toujours un soutiens des plus actifs, le collaborateur le plus dévoué, gardera toujours de sa collaboration le souvenir ému, et elle adresse à Mme Haushalter et à ses  fils, qui suivent la carrière paternelle l'expression de sa très profonde sympathie.

Professeur G. ETIENNE

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Extrait de « Les disciplines pédiatriques » par N. NEIMANN

Numéro Spécial du Centenaire de la Revue (1874-1974) Annales Médicales de Nancy

La personnalité attachante et prestigieuse du Professeur Paul HAUSHALTER a dominé l'histoire de la pédiatrie nancéienne au cours de la fin du 18ème et du début du 19ème siècle. Paul HAUSHALTER est né en 1860. Son père a soutenu, en 1853, sa thèse de doctorat à la Faculté de Médecine de Strasbourg. Il exerça à Sierck où son souvenir resta vénéré et où naquit notre collègue. Chassé de sa ville natale par l'annexion de l'Alsace-Lorraine, Paul HAUSHALTER fit à Nancy ses études secondaires et médicales. Doué d'une remarquable facilité et capacité de travail, il fut nommé externe des Hôpitaux en 1882, interne des Hôpitaux et aide de clinique en 1884, docteur en médecine en 1886, chef de clinique au service de médecine du Professeur Paul SPILLMANN en 1887. Il accéda à l'agrégation de médecine en 1892. Deux fois lauréat de la Faculté, en 1881 et 1886, il obtint, au surplus, le prix de l'internat et le prix de thèse en 1886. Tout en achevant sa formation clinique auprès de ses maîtres d'internat et de clinicat, il s'intéressa aux travaux de laboratoire. Il fut chargé du laboratoire de bactériologie des cliniques de 1887 à 1892 et de l'enseignement d'anatomie pathologique en 1892-1893. Cette solide formation lui permettra de mener de pair, dans ses travaux, les constatations cliniques et les études bactériologiques et anatomiques. En 1894, il fut chargé de la direction du Service de Pédiatrie qui venait d'ouvrir au pavillon Virginie-Mauvais et d'un cours complémentaire de maladies des enfants. Ce fut là une innovation : auparavant, il n'y avait ni service autonome, ni enseignement de pédiatrie. Cette discipline était enseignée, au hasard des circonstances, par des accoucheurs ou des médecins-généralistes. Notre faculté fut l'une des premières, après Paris, à reconnaître l'autonomie de la pédiatrie. La renommée de cet enseignement dépassa rapidement le cadre de Nancy ; de nombreux étudiants et médecins se pressaient aux leçons cliniques du jeune agrégé. Reconnaissant ses mérites, la Faculté le nomma, en 1906, Professeur titulaire de Clinique médicale infantile. Simultanément, Paul HAUSHALTER s'est vu confier la direction médicale du nouvel Hôpital J.-B. Thiery et de l'hospice des Enfants assistés Saint-Stanislas, dont les ressources en malades lui ont permis d'étoffer son enseignement.

Survint la guerre de 1914. Sans rien abandonner de ses activités pédiatriques, il assuma bénévolement deux charges supplémentaires : celle d'un service hospitalier de la Société de Secours aux blessés et, surtout, celle de médecin de l'Hôpital Villemin, qui, à peine achevé, fut affecté aux militaires atteints de maladies contagieuses. L'activité bienfaisante et patriotique déployée par le Professeur HAUSHALTER a trouvé sa consécration par l'attribution de la Croix de la Légion d'honneur, à titre militaire.

Après la fin des hostilités, il amplifia son activité dans le domaine de la pédiatrie. Chef de service ponctuel et méticuleux, Paul HAUSHALTER attacha une grande importance au problème de l'hospitalisation des enfants. A ses débuts, la Clinique de Médecine Infantile disposait seulement du rez-de-chaussée du pavillon Virginie-Mauvais dont le premier étage était occupé par la Clinique de Chirurgie Infantile du Professeur Froelich.

Les locaux attribués à la Pédiatrie étaient notoirement insuffisants. L'entassement et la promiscuité étaient particulièrement néfastes aux nourrissons qui étaient hospitalisés au milieu des grands enfants, sans possibilité d'isolement des contagieux. De ce fait, l'infection nosocomiale y faisait des ravages : la mortalité des hospitalisés atteignait 74%. Après bien des démarches, notre collègue a obtenu, en 1901, la possibilité d'hospitaliser les nourrissons dans un local situé au premier étage de l'actuel dispensaire Haushalter. Huit berceaux étaient disposés dans une salle commune. Une autre salle pouvait accueillir 6-8 enfants atteints de maladies contagieuses. Grâce à ces dispositions, la mortalité avait baissé à 48 %.

L'afflux croissant de malades rendit, peu à peu, ces locaux insuffisants. La Commission administrative a donc prévu le transfert du Service de pédiatrie dans le pavillon Krug. HAUSHALTER avait suivi de près l'édification de ce service qui ne fut achevé qu'après sa mort, en 1931. Il avait rapidement compris que l'activité d'un professeur de Pédiatrie ne saurait se cantonner dans le cadre hospitalier; l'amélioration de l'état sanitaire des enfants nécessite une action préventive, vigoureuse et planifiée. Aussi, tout en veillant à l'amélioration des soins dispensés à l'hôpital J.-B.-Thiery et à l'hospice Saint-Stanislas, a-t-il imprimé une impulsion vigoureuse aux oeuvres vouées à la prévention : oeuvre des crèches et oeuvre du bon lait.

L'oeuvre scientifique du Professeur HAUSHALTER fut considérable. Elle comporte 301 titres dont la plupart ont été présentés à la Société de Médecine de Nancy et publiés dans la Revue Médicale de l'Est et dans nos bulletins de la Société de Biologie.

Au début de sa carrière, il a étudié certains problèmes de l'adulte et du vieillard. Sa thèse inaugurale fut consacrée au coeur sénile. Ce travail fut élaboré suivant la méthode qui avait fait la renommée de la Clinique française : il comportait une description clinique minutieuse de 132 vieillards atteints de troubles cardiaques, confrontée avec de nombreuses études anatomo-pathologiques et histologiques. Avec une prescience admirable, l'auteur a mis en évidence le rôle primordial des lésions coronariennes à l'origine de la déchéance du coeur des personnes âgées. La même méthode fut appliquée aux autres travaux de médecine d'adultes qui ont porté sur l'anévrysme de l'aorte, la thrombose de la veine cave inférieure, les calcifications de la vésicule, les cancers de l'estomac et du poumon, etc. Sa formation de bactériologiste lui a permis d'élaborer des travaux consacrés aux maladies infectieuses observées durant son clinicat et chez les militaires soignés durant la guerre à l'hôpital Villemin : études sur la fièvre typhoïde et son sérodiagnostic, sur la diphtérie, la variole, la morve, les streptococcies. Avec P. SPILLMANN, il a rédigé un Manuel de diagnostic médical ; avec P. et L SPILLMANN, un précis de diagnostic et, avec G. ETIENNE, L. SPILLMANN et Ch. Thiry les remarquables Cliniques médicales iconographiques.

L'accession à la Chaire de Pédiatrie a permis à HAUSHALTER de donner toute sa mesure. Ses connaissances encyclopédiques, sa compétence en matière d'anatomie pathologique et de bactériologie, sa puissance de travail, ses dons d'observation, son goût pour la besogne bien faite, sa curiosité scientifique lui ont permis d'édifier une oeuvre scientifique considérable qui a embrassé tous les aspects de la pédiatrie.

La tâche était d'autant plus passionnante que dans cette jeune discipline, tout était à découvrir. Durant 33 ans, HAUSHALTER fut le fondateur et l'animateur de la pédiatrie nancéienne. Dans le cadre de la neurologie infantile, il a rédigé d'importantes études consacrées à la maladie de Little, à la paralysie générale infantile, à l'hydrocéphalie, à la thrombose des sinus, à l'hystérie infantile, à la myopathie, à la maladie de Werdnig-Hoffmann, à la méningite tuberculeuse, à l'encéphalite léthargique. D'autres travaux, cliniques et expérimentaux, ont été consacrés à la pathologie infectieuse : fièvre typhoïde de l'enfant, infections staphylococciques, diphtérie humaine et aviaire, altération de la moelle osseuse au cours des infections et intoxications des jeunes animaux et de l'enfant, tétanos. La tuberculose, un des principaux fléaux sociaux du début du 20ème siècle, occupe une place de choix parmi les travaux du Maître nancéien : citons les études sur sa fréquence et ses manifestations cliniques, ses portes d'entrée, la granulie, l'adénopathie trachéo-bronchique, la tuberculose intestinale et cérébrale. Signalons, également, les études sur la syphilis congénitale, la leucémie aiguë, les nombreux travaux consacrés au myxcedème, à l'achondroplasie, aux différents nanismes, aux malformations cardiaques et urinaires.

Une place de choix doit être réservée aux travaux consacrés à l'acrodynie infantile. Dans tous les manuels, la parenté de cette maladie est attribuée à l'auteur australien, Swift, qui en a rapporté, en 1914, 14 observations. Les premières observations européennes sont attribuées à Parkes Weber en 1921 et, surtout, à Feer entre 1922-1925. En fait, la découverte de cette singulière maladie peut être revendiquée par HAUSHALTER . Celui-ci en a observé le premier cas en 1911. Il avait estimé d'emblée, qu'il s'agissait d'une maladie nouvelle. Par prudence, il avait attendu d'en recueillir d'autres exemples avant de les publier. Ainsi, en 1925 il pouvait faire état de neuf observations personnelles, relatées dans la thèse de Hoechstetter et dans un important mémoire paru dans la Revue Neurologique et intitulé : « Sur un syndrome constitué par des altérations du psychisme et du système neuro-végétatif chez l'enfant». Il a fourni de cette maladie une description pittoresque et précise à laquelle, maintenant, il n'y a rien à ajouter. Il a eu, surtout le mérite d'insister sur l'importance des troubles du comportement et sur la constance, des altérations vaso-motrices et sudorales qui prédominent aux extrémités. Il a clairement indiqué que la maladie avait une tendance spontanée à la guérison sans séquelles qui survient en cinq à huit mois. Il expliqua sa symptomatologie déroutante par une atteinte des centres neuro-végétatifs, conception qui fut confirmée par la suite. Dans deux observations, il a signalé la prise de vermifuge à base de Calomel. On sait que, par la suite, Warkany devait démontrer que la maladie était due à l'intolérance à l'égard des produits mercuriels, parmi lesquels le Calomel joue le rôle principal. La suppression des vermifuges et des poudres dentaires à base de Calomel a été rapidement suivie de la disparition de l'acrodynie.

La fragilité du petit enfant et l'importance de la mortalité des tout-petits, avait, de tout temps, désolé HAUSHALTER . D'emblée, il avait compris que le fléau devait être combattu par des mesures préventives ayant pour but l'amélioration de l'hygiène et de la diététique. Aussi, tout en imprimant aux oeuvres de pédiatrie préventive une impulsion vigoureuse, a-t-il consacré de nombreuses publications aux problèmes démographiques et médico-sociaux. Citons les travaux sur la mortalité infantile, sur les oeuvres de protection maternelle et infantile, sur la natalité, sur la puériculture.

La clarté d'esprit du Maître nancéien, son goût pour les conceptions simples, basées sur une observation rigoureuse des faits et débouchant sur des indications thérapeutiques efficaces apparaissent à.la lecture de son dernier travail, paru le 1er juillet 1925 dans la Revue Médicale de l'Est et intitulé « Réflexions à propos des affections digestives du nourrisson et de leur classement ». Ce travail, qui résume la vaste expérience de l'auteur, pourrait, à quelques détails près, paraître dans une revue pédiatrique contemporaine. L'auteur trace de cette maladie une description claire et concise. Il affirme la multiplicité des facteurs étiologiques. Parmi ceux-ci, à côté de l'infection intestinale, on doit retenir le rôle nocif des aliments altérés ou inappropriés aux capacités digestives du nourrisson. Le traitement doit débuter par la mise au repos du tube digestif, suivie par une réalimentation progressive.

P. HAUSHALTER a inspiré 45 thèses parmi lesquelles on peut signaler celles de L. RICHON sur la paralysie diphtérique, de L. SPILLMANN sur le rachitisme, de Ch. Thiry sur la paralysie générale infantile, de P. JEANDELIZE sur l'insuffisance thyroïdienne, de R. Goepfert sur la protection et l'assistance de la première enfance.

Travailleur acharné, Paul HAUSHALTER ne se bornait pas à se tenir au courant du mouvement pédiatrique de notre pays. Il lisait, aussi, les principales revues étrangères, (ce qui était inhabituel à son époque) et il avait effectué plusieurs voyages d'études en Angleterre et en Allemagne. Sa notoriété fut consacrée par l'élection au sein de nombreuses sociétés savantes : Société de Médecine et Réunion Biologique de Nancy, Société Française de Dermatologie, Société de Pédiatrie et Société de Neurologie de Paris, Société Médicale des Hôpitaux de Lyon. Peu de temps avant sa mort, il fut élu membre correspondant à l'Académie de Médecine.

Paul HAUSHALTER a dispensé, à de nombreuses générations d'étudiants, un enseignement dont la renommée a dépassé le cadre de notre Faculté. Il fut un admirable représentant de l'enseignement clinique français, basé sur la confrontation des constatations tirées de l'examen du malade avec les notions fournies par l'anatomie pathologique et la bactériologie. Ennemi des discours ampoulés, il affectionnait l'enseignement au lit du malade. Il excellait à tirer le maximum de renseignements de la si pauvre séméiologie pédiatrique. Le spectacle de cet homme scrutant le visage du nourrisson malade, le tournant au bout de ses longs bras et finissant par formuler un diagnostic péremptoire émerveillait l'assistance.

Qu'il me soit permis d'évoquer, à ce propos, un souvenir personnel. Etudiant de première année, j'ai assisté, un jour, parmi bien d'autres, à une leçon clinique d' HAUSHALTER . Je l'entends encore dire, au terme d'un examen minutieux : « auscultez ce nourrisson, vous n'entendrez rien d'anormal et, pourtant, j'affirme qu'il a une bronchopneumonie ». Cette sûreté du diagnostic, malgré la pauvreté de la séméiologie, nous a paru miraculeuse... C'était le fait d'un grand pédiatre.

HAUSHALTER avait du Maître à l'ancienne mode la prestance, la distinction naturelle, la clarté de l'exposé et le goût pour l'enseignement. Son apparence était quelque peu austère. Mais ses familiers savaient que cet aspect imposant cachait mal une gaieté et une bonté naturelle qui se manifestait avec efficacité à l'égard des membres de sa famille, de ses collaborateurs, de ses malades et de leurs parents.

Les mères ne s'y trompaient pas et lui manifestaient une confiance totale. Lors de la fatale matinée du 2 juin 1925, quand se répandit la nouvelle de l'accident cardiaque qui l'a terrassé dans le train qui le ramenait de Paris où il siégeait au Jury d'Agrégation, ce fut la consternation dans les quartiers populaires de notre cité. Dans l'allocution prononcée à son enterrement, le Doyen SPILLMANN décrivit le spectacle des femmes qui, le journal à la main et les larmes aux yeux, commentaient l'événement. Une foule immense est venue rendre le dernier hommage à ce grand ami des enfants malades.