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Leçon inaugurale de la Chaire de Physio-pathologie Respiratoire

 

Par le Professeur SADOUL (1962)

 

La tradition de la leçon inaugurale était, dans notre Faculté, depuis douze ans en sommeil et le privilège de la faire revivre m'échoit aujourd'hui, vous venez Monsieur le Doyen de le rappeler. Respectueux des traditions, vous avez, il y a quelques mois, clos le premier Conseil que vous dirigiez en souhaitant que la coutume soit rétablie. Votre sens du devoir vous a conduit à prendre, il y a peu de temps, une charge particulièrement lourde, en cette période où l'enseignement médical universitaire est bouleversé, vous nous donnez ainsi une belle leçon de courage.

Votre sympathie pour ceux qui, comme vous, ont l'amour de notre province vous avait conduit à m'accueillir en première année avec une très aimable indulgence. Elle était nécessaire, vous vous en êtes bien vite aperçu, car l'anatomie descriptive me semblait fort ingrate ; heureusement les longues séances de dissection pendant lesquelles vous vous attardiez volontiers à notre table venaient nous apporter le plaisir de discussion sur d'innombrables sujets. En vain, nous faisions le pari de vous coller sur quelques thèmes sans aucun rapport avec la médecine, votre érudition avait raison de nos plus récentes lectures.

 

Monsieur le Recteur IMBS,

Une réunion ministérielle imprévue nous prive de votre présence. Au mois de septembre, en acceptant mon invitation aux entretiens de physio-pathologie respiratoire, vous vous étonniez de voir consacrer une Chaire à un domaine aussi spécialisé et vous m'indiquiez ainsi le thème de cette leçon. Quelques semaines plus tard, à la rentrée solennelle des Facultés, vous saviez nous montrer qu'un bilan précis n'excluait pas l'élégance du verbe et vous rendiez ainsi redoutable la charge de ceux qui, en de plus modestes fonctions, devaient, après vous, renouer une tradition oubliée.

 

Monsieur le Doyen PARISOT,

Vous avez été à l'origine de la physio-pathologie respiratoire puisque dès 1920, avec vos amis les Doyens HERMANN et SIMONIN, vous recherchiez les conséquences du collapsus pulmonaire sur la ventilation. Quelques 30 ans plus tard, vous encouragiez nos efforts dans le même domaine. Cet appui reflétait peut être votre fidélité à un thème de recherche, mais surtout il correspondait à votre habitude d'encourager les initiatives créatrices. Alors que tant d'hommes ne pensent qu'aux jeux destructifs et aux intérêts personnels, inlassablement vous précisez les directions à prendre. Vous savez que l'effort des hommes est vite brisé par l'obstacle, vous l'encouragez toujours et lorsqu'il vous semble persévérant, vous l'appuyez efficacement. C'est ainsi qu'il y a 40 ans, vous aidiez mon père à développer les Dispensaires d'Hygiène Sociale des Vosges et je ne puis oublier la dernière visite que vous lui avec rendue, non plus comme conseiller mais comme médecin.

Après avoir obtenu pour moi une bourse d'étude aux États-Unis, vous nous fournissiez, à la Faculté, locaux et moyens de recherches. Sans votre appui constant, j'aurais certainement mené avec moins d'enthousiasme mon travail. Laissez-moi vous redire ma profonde reconnaissance.

 

Monsieur le Doyen SIMONIN,

C'est le 15 mai 1948, en sortant d'une séance du Xe Congrès de la Tuberculose, que vous avez décidé de mon avenir. Vous exposiez au Professeur GIRARD et à moi la nécessité de créer un laboratoire d'Exploration Fonctionnelle Pulmonaire. Un voyage en Suède fait un an plus tôt m'avait montré les difficultés d'une telle entreprise, il fallut toute l'affectueuse insistance de mon Maître GIRARD pour me rallier à votre projet. Avec votre clairvoyance, vous aviez pressenti, dès cette époque, quelle importance avaient acquis ces problèmes ; vous alliez pendant de longues années nous encourager et nous aider dans nos efforts. Avec une charmante ironie, vous moquiez nos besoins d'argent et mes multiples voyages d'étude, mais vous les régliez avec indulgence. Souvent vous tempériez nos imprudentes ardeurs évitant ainsi publications ou démarches hâtives, mais surtout vous saviez, en corrigeant un plan de travail, une thèse ou un projet de rapport, dégager les idées neuves, les concepts essentiels; la sûreté et la clarté de votre jugement rendaient simple et facile ce qui, sans vous, serait resté inextricable.
Avec quelle gentillesse vous avez accueilli les collaborateurs que les besoins du Laboratoire nous faisaient recruter loin de Nancy, DRUTEL, GAREBAGNI, FROEB, LACOSTE et d'autres peuvent en témoigner.

 

Monsieur le Professeur COURNAND,

La physiopathologie respiratoire n'aurait pas le même aspect, ni surtout le même développement si, depuis 25 ans, vous ne lui aviez consacré tous vos efforts. Votre préoccupation constante de disposer de moyens d'investigation plus précis et de procédés d'analyse plus fins, Votre recherche incessante enthousiaste et passionnée ont conduit à la mise au point de conceptions nouvelles que venait couronner il y a quelques années le prix Nobel.

Certains déclarent qu'aux États-Unis, il est aisé pour les chercheurs de mener à bien des travaux difficiles car ils disposent de facilités considérables. Mais nous savons que votre réussite fut un long combat, mené dans des conditions matérielles souvent difficiles.

Il y a dix ans, vous m'avez accueilli dans votre laboratoire de l'Hôpital Bellevue avec une charmante cordialité. Aujourd'hui vous avez bien voulu bousculer vos plans de voyage pour assister à cette leçon ; revenant ainsi pour la troisième fois à Nancy en moins de trois ans, j'en suis profondément touché et ne sais comment vous en exprimer ma gratitude.

 

Monsieur le Professeur DAUTREBANDE,

Vous aimez rappeler que le Congrès de Médecine de Nancy en 1925 fut pour vous l'occasion d'exposer un de vos premiers rapports. C’est peut être ce souvenir qui vous fit remarquer nos premiers travaux et qui ensuite vous conduisit à reprendre le chemin de Nancy. En 1956, les Entretiens cherchaient encore leur climat, ils le trouvèrent rapidement sous votre impulsion. Qualité des mesures, précision des termes, discussion courtoise, mais très vigoureuse, des opinions émises furent bientôt admises comme les conditions indispensables de l'enrichissement scientifique que cherchaient à apporter ces réunions.

Vous savez quelle tristesse est la nôtre de vous voir revenir seul.

 

Messieurs les Membres du Comité Consultatif,

Il y a un an, une convocation vous avisait que moins d'une semaine tard, vous auriez à désigner le titulaire d'une nouvelle Chaire de pathologie Respiratoire. Ce court délai fut pour moi à consacré à rédiger un exposé de Titres que seul le dévouement de toute l'équipe du laboratoire permit d'envoyer à temps. Quoique je fusse incapable de faire une seule des traditionnelles visites, votre vote fut extrêmement favorable. Je vous en remercie vivement et laissez moi remercier tout particulièrement Monsieur le Professeur GERNEZ-RIEUX, qui nous a fait l'honneur d'être ici ce soir.

Les interventions de Monsieur le Doyen HERMANN et de Monsieur le Professeur Etienne BERNARD eurent une influence déterminante. Le premier fut pour moi un juge plein d'indulgence ; depuis 1954 son appui bienveillant et efficace ne m'a jamais manqué ; sans lui cette Chaire n'aurait pas été créée. Ses fonctions décanales le retiennent aujourd'hui loin de cette ville où il fut étudiant puis Agrégé, mais qu'il soit assuré que je ferai l'impossible pour être digne de la confiance qu'il m'a témoignée.

Monsieur le Professeur BERNARD a manifesté à de nombreuses reprises l'intérêt qu'il portait à nos recherches, tout récemment il me confiait un rapport à la prochaine conférence internationale de la Tuberculose. Je regrette qu'un prochain voyage l'ait empêché d'être ici ce soir, j'aurais aimé lui redire ma reconnaissance que ses élèves venus ce soir voudront bien lui transmettre.

 

Messieurs les Professeurs,

Vous avez bien voulu approuver sans réserve la création de cette Chaire que proposait la Direction de l'Enseignement Supérieur. Ce nouveau témoignage de votre bienveillance m'a beaucoup touché et je tiens à vous redire ma gratitude. La dimension même de notre Faculté permet une collaboration étroite entre Maîtres et élèves. Dès les premières années d'étude, je l'ai compris par l'accueil si personnel et si simple que vous accordez dans vos services et vos laboratoires à chacun des étudiants. Ensuite vous avez bien voulu encourager mes essais et témoigner l'intérêt que vous y portiez. En nous adressant des malades, tous les services hospitaliers ont contribué au développement de ce Centre d'Exploration Fonctionnelle devenu aujourd'hui Chaire de Physio-Pathologie respiratoire. Nous aidant à résoudre telle ou telle question délicate, chacun des fondamentalistes nous a apporté son appui. Vous me pardonnerez donc de ne remercier nominalement aucun de vous, car tous vous devriez être cités puisque tous vous m'avez aidé et je vous en suis très reconnaissant.

 

Avant de commencer son enseignement et après avoir remercié ses Maîtres, le nouveau titulaire doit, selon la tradition, exposer une fois encore son curriculum vitae. Certains semblent y prendre grand plaisir, puisque seules les dernières minutes de leur leçon inaugurale sont consacrées à exposer ce que sera leur enseignement. Quelques-uns de nos collègues parisiens retracent dans un style aussi brillant que remarquable leur enfance et leurs cheminements à travers les concours. Vous me pardonnerez d'être plus bref puisque je ne saurais être aussi élégant. Je retiendrai seulement ce qui peut faire mieux comprendre comment naquit cette Chaire, bannissant les souvenirs familiaux les plus proches car ils sont les plus difficiles à dire. Les lorrains préfèrent garder au fond de leur cœur ce que d'autres exposent volontiers, c'est en cela seulement qu'ils ne sont pas « partageux ».

Quoique le nom de SADOUL soit cévenol et que mon arrière grand-père soit arrivé d'Alsace en Lorraine, il n'y a guère plus de cent ans, notre famille s'y est enracinée. Enraciné ne veut pas dire enfermé, et dans mon enfance la maison familiale accueillait souvent compatriotes ou non venus pour parler lorrain. La vie fort remplie de mon père lui laissait cependant le temps de longues conversations écrites ou verbales, de promenades à pieds ou de collections innombrables. L'activité très grande n'excluait pas chez lui l'art des loisirs, que même en province, nous ne savons plus aujourd'hui cultiver.

Quelques semaines après la mort de mon père, j'avouais à ma mère que, depuis deux ans, déjà, ma décision de devenir Médecin était bien arrêtée. Cette vocation me paraissait curieusement une trahison alors qu'elle ne faisait que rétablir l'équilibre familial du choix des carrières. Mon grand-père avait été élève à l'École de Santé Militaire de Strasbourg avant 1870  et la branche alsacienne de la famille comptait beaucoup plus de médecins que de magistrats. Deux docteurs Sadoul veillèrent durant 8o ans sur la santé des habitants de Woerth/Sauer et seul le patriotisme conduisit le troisième à quitter l'Alsace pour faire sa médecine à Nancy. Nos cousins COZE avaient montré un attachement fort durable à la Médecine et à l'Université puisque depuis la Révolution jusqu'à son transfert à Nancy la Faculté de Strasbourg avait compté trois Doyens Coze.

 

Mes études médicales furent coupées par la guerre et c'est sous l’uniforme que j'appris dans un Hôpital de Beyrouth à mieux palper foie et rate. Revenu à Nancy, je terminais ma scolarité avant qu'un concours d'Internat ne m'ait été administrativement accessible, c'est alors que l'indulgence du Professeur GIRARD me valut d'être près d'un an son Chef de Clinique en Phtisiologie. Jean GIRARD était le plus généreux des patrons; malmené par la vie, il était sorti de ses épreuves sans aucune amertume, mais au contraire toujours prêt à rendre service. Un peu désabusé, il pensait que les Morticoles de DAUDET restaient plein d'actualité, mais il nous préparait aux concours avec toutes les ressources de son érudition. Trop souvent les modestes sont pris pour des faibles et peu de nancéiens comprirent que la mort de Jean GIRARD privait la Faculté d'une force qu'elle ne pourrait remplacer.

L'Internat ne me fut ouvert qu'en 1946, dans ces concours d'après guerre où le nombre et l'âge des impétrants différaient peu de ceux des Internes en place. Parmi eux, Jacques SIMONIN avait été pour moi le meilleur des conférenciers. Notre solide amitié était née à la fin des années de lycées et s'était affirmée dans les entreprises hardies d'un clan routier. Ensemble nous amorcions nos premières recherches expérimentales, il savait en souriant tirer la leçon de nos échecs. Il était le conseiller perspicace qui tempérait mes impatiences. Les principales étapes de la vie nous avaient singulièrement rapprochés, je perdis en lui le meilleur des amis.

 

Pendant la fin de mon Internat, je consacrais une part importante de mon activité à la bronchologie qui prenait alors le développement que l'on sait. C'est dans votre service de l'Hôpital Foch, Monsieur le Professeur KOURILSKY que j'appris à passer sondes et tubes. Dès ce moment, j'admirais votre dynamisme et la largeur de vos conceptions. Vous en donniez la preuve, quelques années plus tard, en montrant dans votre leçon inaugurale ce que devait être la physiopathologie et la recherche clinique. Alors que vous preniez possession d'une Chaire de Clinique Médicale, vous saviez affirmer publiquement « Je prends mes fonctions en un temps difficile pour la Médecine Française. A l'extérieur, elle est en perte de vitesse, en France elle est en crise... » et vous ajoutiez : « Comment imaginer que nous puissions laisser la clinique en l'état au moment que toutes les sciences sont en plein bouleversement. » Votre présence m'honore vivement et je vous en remercie.

L'Internat fini, je revenais à la Phtisiologie et développais le Centre d'Exploration Fonctionnelle Pulmonaire naissant. Maurice CARA était Chef de Travaux à Nancy et ses conseils nous évitèrent de longs tâtonnements. Depuis plusieurs années, il avait abordé d'une façon originale de multiples problèmes de physiopathologie respiratoire ; avec sa générosité coutumière, il nous fit largement bénéficier de ses conceptions et de sa vaste culture scientifique.

 

Tout me paraissait simple et la spirographie capable de résoudre la plupart des problèmes. Un stage de près d'un an aux États-Unis me montra que les choses étaient infiniment plus complexes que je ne le pensais. La physiologie respiratoire m'apparut, comme l'Amérique, insolite ou plutôt déroutante. L'Ecole physiologique de Rochester, où je séjournais tout d'abord, était à son apogée. Sous la remarquable direction du Professeur FENN, 30 chercheurs y travaillaient sur la respiration dans des locaux que le Doyen WHIPPLE avait voulu vastes mais austères. Les briques et les plafonds de béton n'étaient pas habillés de plâtre, la céramique et les planchers étaient un luxe déplacé et l'on promenait de coûteux instruments de mesures sur les squelettes rouillés de vieilles voitures d'enfant. J'y entendis le célèbre WHIPPLE, à qui ses travaux d'hématologie avait valu le prix Nobel, proclamer qu'en donnant le goût des investigations biologiques trop systématiques la Mayo Clinic avait porté à la médecine contemporaine le plus grave des préjudices.

Au retour, l'amitié des médecins préoccupés des mêmes problèmes nous aida à préciser les techniques et les conceptions. Les longues et fréquentes discussions et la mise en commun des expériences techni­ques avec Maurice CARA, Denise BRILLE, Henri DENOLIN nous conduisirent les uns et les autres à éviter des erreurs et à progresser plus rapidement. Les travaux de TIFFENEAU nous fournirent des tests pharmacodynamiques précieux. GALY vint ensuite nous apporter le résultat des confrontations anatomiques élargissant ainsi l'intérêt des résultats fonctionnels obtenus.

Réunions et colloques, visites et échanges de stagiaires permirent à un groupe d'abord très restreint, puis sans cesse élargi d'édifier une pensée commune. A Nancy, en 1950,  puis à Paris en 1953  et à nouveau Nancy à quatre reprises nous confrontions nos recherches et nos expériences sans complications protocolaires. Comme le soulignait le Doyen SIMONIN en ouvrant une telle réunion : « Il est ici des Maîtres dont chacun connaît la valeur et le renom, des élèves dont nous savons les mérites et le dévouement, des collègues qui s'intéressent à nos travaux comme nous nous intéressons aux leurs - en somme une réunion d’Amis chez qui domine cet esprit d'équipe qui anime et qui féconde. »

Ainsi peu à peu s'élabore une spécialité que permettent de préciser articles et publications. Jugeant qu'elle a son rôle à jouer en médecine du Travail, le Professeur Camille SIMONIN voulut bien le premier me confier un rapport à un Congrès et je tiens à lui dire ici combien j'ai été touché de sa confiance.

Puis estimant que dix ans après l'exposé de TULOU, il est nécessaire de discuter à nouveau les perturbations fonctionnelles dans la tuberculose pulmonaire, le Professeur BARIETY nous charge d'exposer cette question au 12ème Congrès de la Tuberculose ; ses élèves qui sont aussi des Maîtres voudront bien lui redire ma gratitude.

 

Le hasard fait que la première leçon inaugurale d'une Chaire de Physiopathologie Respiratoire est donnée ici à Nancy ; il paraît indispensable de préciser ce qu'est cette nouvelle discipline.

Le terme même de physiopathologie est relativement nouveau et justifie quelques explications. Littré ne le mentionne pas, tandis que le classique petit Larousse le définit comme l'étude du fonctionnement de l'organisme pendant la maladie. Jusqu'à une époque récente, cette physiologie pathologique n'avait qu'une place assez mince dans les préoccupations des médecins. LEGRAIN rappelait au récent colloque de Royaumont qu'elle n'occupait que « les petits caractères de nos traités ». Plus ou moins confondue avec la pathogénie, elle était, comme elle souvent plus spéculative que fondée sur des données sûres. Il y a vingt ans, les conférenciers d'Internat expliquaient très simplement aux candidats que dans presque toutes les «  questions », ce chapitre était consacré à l'exposé de deux ou trois théories plus ou moins opposées qu'il convenait d'exposer brièvement en concluant que beaucoup d'inconnues substituaient et qu'une théorie électrique combinant celles actuellement en présence était probablement la bonne.

Certes, les observations faites chez l'animal permettaient aux expérimentateurs d'opposer à ce scepticisme de solides données ; mais les faits restaient souvent incomplètement reliés entre eux et surtout, il était pratiquement impossible d'analyser chez le malade, chez l'homme vivant, d'une façon sûre et exempte de danger, les anomalies de fonctions complexes. Les informations restaient fragmentaires ou ne fournissaient qu'un aspect synthétique assez grossier, souvent incapable de conduire à une conclusion thérapeutique utile.

Aujourd'hui encore certains systèmes du corps humain se prêtent assez mal aux investigations. Les fonctions métaboliques du foie par exemple sont, du fait des transformations chimiques complexes qu'elles impliquent, difficiles à suivre avec précision chez le malade. Au contraire les fonctions respiratoires peuvent être analysées dans la plupart de leurs rouages grâce à des procédés d'investigation précis et inoffensifs. Aussi semble-t-il légitime que parmi les chaires de physio-pathologie récemment créées en France, trois d'entre elles soient des chaires de physio-pathologie respiratoire.

Peu de fonctions sont aussi accessibles aux investigations du médecin que la fonction respiratoire. La première, elle a bénéficié de l'auscultation et depuis 20 ans, nos moyens d'étude ont progressé à une allure telle que seules les équipes de spécialistes peuvent en suivre le développement. J'ai eu la chance d'être l'élève de L. DAUTREBANDE, A. COURNAND et W.O. FENN qui, avec leurs collaborateurs, ont très largement contribué à cet essor ; c'est pourquoi je voudrais évoquer brièvement cette évolution. Si je ne connaissais l'amicale indulgence de ceux d'entre eux qui sont dans cet amphithéâtre, je n'oserais tenter cette rapide revue.

La physiologie respiratoire née avec LAVOISIER se développe au cours du XIXe siècle grâce à quelques pionniers : HUTCHINSON, GRE­HANT et Paul BERT, dont on ne sait pourquoi la carrière d'homme d'Etat fit oublier en France les découvertes scientifiques. Les travaux de HALDANE, PRIESTLEY, KROGH, avant la première guerre mondiale, vont préparer les applications à la clinique et l'essor des connaissances en physiologie respiratoire auxquelles on assiste entre les deux guerres.

A partir de 1945, aux mesures des volumes gazeux pulmonaires, seules techniques utilisées chez le malade depuis le siècle précédent, s'ajoutent l'étude courante des échanges gazeux et celle de la circulation pulmonaire.

Certes BOOTHBY pratiquait déjà aux alentours des années 1920, les analyses de gaz chez les malades et DAUTREBANDE, dans son rapport sur l'acidose en 1925, faisait état de mesures chez des emphysémateux ou des tuberculeux ; cependant il s'agissait de cas privilégiés et il s'est écoulé plusieurs lustres avant que ses études soient de pratique courante.

Le cathétérisme du cœur droit, codifié par COURNAND rend possible les prélèvements de sang veineux mêlé et la mesure des pressions dans la petite circulation, et partant il va permettre de comprendre les mécanismes de la défaillance du cœur droit chez les malades pulmonaires chroniques.

Après la deuxième guerre mondiale, la physiologie respiratoire connaît une expansion considérable et un véritable bouleversement. Cette rapide évolution née des besoins de la médecine aéronautique est plus particulièrement l'œuvre du groupe de Rochester (New York) C. FENN, RAHN et OTIS. Le diagramme alvéolaire de ces trois auteurs va permettre toute une série d'études théoriques et expérimentales précieuses. COURNAND et RILEY proposent des schémas applicables malades. La mécanique ventilatoire avec DUBOIS et J. MEAD semble d'abord être réservée aux seules études physiologiques et n'avoir qu'un intérêt pratique réduit ; mais, peu à peu, elle vient à son tour apporter des éléments importants pour expliquer la gêne respiratoires des malades.

Entre les années 195o et 1960, le nombre des réunions spécialisées de physiologie et de physiopathologie respiratoire ne cesse de croître, Les publications consacrées au même sujet se multiplient, occupant une part importante du journal of Clinical Investigation et plus encore du journal of Applied Physiology. Si dans ce domaine les États-Unis arrivent en tête, les efforts de l'Europe et en particulier de la France sont loin d'être négligeables. Comme de l'autre côté de l'Atlantique, les physiopathologistes respiratoires se connaissent, restent en liaison étroite. Leurs réunions et leurs échanges sont favorisés sur le plan international par la Haute Autorité de la Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier, qui considère que les travaux de ces chercheurs pourront bénéficier à la santé des travailleurs des six pays.

Les discussions deviennent souvent ardues, difficiles à suivre pour celui qui n'a pas acquis une réelle spécialisation. Une récente réunion tenue dans cet amphithéâtre montrait que si l'obstacle des langues est facile à surmonter, ceux des conceptions et des techniques sont souvent plus difficiles à franchir.

Cette complexité ne surprend pas puisque le physiopathologiste s'efforce d'analyser chez le malade chacune des fonctions élémentaires de la respiration. Il ne se contente plus, par exemple, d'étudier comment l'air inspiré vient renouveler le gaz resté dans les poumons, mais il mesure le volume d'air qui, par minute, ventile la nappe sanguine intra­pulmonaire et réussit à le distinguer de celui qui passe dans des alvéoles non irrigués. La circulation pulmonaire est étudiée chez le malade au repos, à l'effort, ou lors de l'exclusion momentanée d'un poumon. Ce ne sont plus là des examens d'un caractère exceptionnel puisque dans le seul centre nancéien, le premier a été effectué plus de 3000 fois au cours des cinq dernières années.

Ces investigations spécialisées exigent des techniques très précises et un appareillage parfait. Mais dans les laboratoires trop jeunes ou dans les centres éloignés de tous guides universitaires, certains font l'erreur de penser que l'instrumentation est l'essentiel, que l'équipement matériel suffit. Les marchands trouvent en eux les meilleurs des clients et obtiennent parfois des commandes avant que les futurs utilisateurs n'aient compris ce que cet élégant appareil mesurait.

Le matériel est quelquefois acheté à la hâte sous la pression d'une administration qui réglemente si étroitement l'utilisation des crédits que leur judicieux emploi est impossible. Des fonds précieux, quoique trop maigres sont ainsi gaspillés et des appareils inutiles vont vieillir dans les placards avant d’avoir réellement servi. De telles erreurs ne sont pas imputables aux maladresses du contrôle administratif et à un certain snobisme ; la complexité des analyseurs de gaz ou des analyseurs de pression est souvent inaccessible au médecin que la préparation des concours ou la pratique quotidienne ont éloigné de la physique et de la métrologie durant ses premières années d’université.

Le physiopathologiste respiratoire ne peut quant à lui faire fi des techniques de base ; même si dans la discipline il désire être simplement un praticien et qu’il  renonce à la recherche scientifique, il doit être à chaque instant, capable de dépister l’erreur de mesure. Sinon, les résultats obtenus ne feront qu’égarer au lieu d'éclairer et il méritera ce sévère jugement de CHAPTAL : « C’est votre seule ignorance qui fait de vos opérations un tâtonnement continuel et une décourageante alternative de succès et de revers ». Les spirographies faites hâtivement et les mesures dues à des techniciens que l'incompétence d'un médecin ne permet pas de corriger sont évidemment du temps perdu, mais surtout elles représentent, comme  tout acte médical mal fait, un danger pour le malade.

Lorsqu'il s’agit de recherche, la part des techniques devient plus grande encore et notre maitre le Professeur FLEISCH écrit fort justement : Le, progrès des Sciences biologiques sont en grande partie liées à la perfection et à la précision des moyens d’investigation. » Les connaissances techniques ne suffisent pas  et le chercheur doit revenir à des livres de physique ou de mathématiques pour étudier les intégrales ou le calcul matriciel.

Chercheur ou praticien, le physiopathologiste doit évidemment posséder de très solides bases physiologiques. La physiologie, dans qu'elle a de plus classique, est parfois incomprise de médecins ou chirurgiens qui lui dénient toute utilité ; à leurs yeux, seules les physiologies appliquées seraient utiles. Mais comment imaginer une science qui se résumerait à des applications pratiques? Privée de ses sources, elle ne pourrait progresser, elle ne serait qu'une technique sans vie. Il est indispensable que les chercheurs poursuivent dans le calme de leurs laboratoires de patients travaux sur des sujets bien limités et indépendants de tout but clinique. Il est toujours titi;.z que le physiopathologiste y fasse un long stage et s'y familiarise avec l'expérimentation sur l'animal. Plus libredes investigations à mettre en œuvre qu'il ne l'est chez le malade, maître de chacune des variantes de son expérience, il apprend alors à bannir les hypothèses hasardeuses, contre lesquelles PAVLOV mettait en garde ses élèves : « N'essayez pas de camoufler les lacunes de votre savoir par des hypothèses. Quelque attrayant que vous semble l'aspect chatoyant de cette bulle de savon, elle éclatera et ne vous laissera que confusion. »

Messieurs les Professeurs FRANCKet GRANDPIERRE voulurent bien enseigner au clinicien que je suis, les éléments de cette rigoureuse physiologie classique, je les en remercie très vivement.

Cette formation physiologique doit nécessairement compléter une très solide formation pneumologique sans laquelle on ne peut concevoir un physiopathologiste respiratoire. Puisant aux sources de l'admirable Laënnec, cette pneumologie aura été enrichie par des confrontations anatomo-cliniques nombreuses. Bénéficiant des multiples moyens d'investigations que les techniques modernes lui ont apportés elle sait recueillir sur le vivant d'innombrables renseignements morphologiques. Le médecin, qui est incapable de tirer de l'examen clinique, de la bronchoscopie, de la radiologie ou de l'anatomie pathologique tout ce que ces sciences et techniques apportent à la pathologie pulmonaire, ne peut devenir un physiopathologiste respiratoire, car celui-ci doit confronter pour chacun des malades qu'il examine, leurs données et celles des examens fonctionnels. Pneumologue, il se gardera de l'être exclusivement puisque la fonction respiratoire intéresse tout l'organisme, existe au niveau de chacune des cellules. Il ne peut ignorer la cardiologie, les fonctions rénales ou les échanges ioniques.

La physiopathologie respiratoire ne se dresse donc pas comme une tour, isolée des autres édifices de la médecine. OPPENHEIMER dit que « les disciplines spécialisées sont comme les doigts de la main, unies dans leur origine mais sans contact ensuite ». Le paraphrasant, nous souhaiterons que ces doigts se retrouvent souvent et s'unissent pour construire. En liaison avec la phtisiologie, la cardiologie, la néphrologie ou d'autres branches de la médecine, la physiopathologie respiratoire peut conduire à une meilleure connaissance de syndromes morbides qui, jusqu'ici, restaient mal explorés. Je voudrais donner rapidement quelques exemples de ces apports de la physiopathologie respiratoire.

Durant ces dernières années, le diagnostic et le traitement des insuffisances respiratoires aiguës ont été totalement transformés. Les épisodes asphyxiques liés aux paralysies respiratoires étaient autrefois exclusivement traités par des appareils dérivés du poumon d'acier. La terrible épidémie de poliomyélite qui sévit à Copenhague en 1952, conduisit LASSEN et son équipe à substituer l'insufflation directe de l'air par une canule trachéale au traitement classique trop souvent insuffisant. La proportion très importante de succès obtenus est, certes, due au dévouement de tout le personnel; mais on ne peut oublier que LASSEN avait lui-même poursuivi de fort belles recherches sur la ventilation avec COURNAND et RICHARDS quinze ans plus tôt et qu'il était entouré d'anesthésistes depuis longtemps familiers des problèmes de physiologie respiratoire. Ce nouveau mode de traitement conduisit à des guérisons dans la mesure où ceux qui l'appliquaient avaient acquis une formation comparable. Les succès remportés par la dynamique équipe de l'Hôpital Claude Bernard l'ont bien montré.

Mais l'observation journalière très attentive des résultats apportés par ces ventilations artificielles est riche d'enseignement. Elle a permis à GARA et à son Ecole de préciser le syndrome clinique de l'hypercapnie aiguë, aujourd'hui classique. Certes, nous savons que ces signes parfois si bruyants peuvent manquer et dans ces cas les contrôles des gaz du sang et les analyses rapides d'air expiré viennent nous aider à adopter la conduite logique. Il est stérile d'opposer alors signes cliniques et signes biologiques ; les uns et les autres se complètent, nous permettent un bilan plus précis d'une situation grave. Ce qui importe c'est de connaître avec exactitude la nature des perturbations. La clinique a été enrichie par les résultats obtenus au laboratoire, comme elle l'avait été précédemment, dans d'autres domaines de la pathologie respiratoire, par les confrontations avec les données radiologiques ou avec les faits anatomiques.

A d'autres disciplines médicales, la physiopathologie respiratoire apporte des données peut être moins spectaculaires, mais cependant essentielles. Il est souvent nécessaire de juger la capacité de travail d'un malade atteint d'une affection pulmonaire chronique. Qu'il s'agisse de compenser une maladie professionnelle ou d'autoriser une reprise de travail chez un ancien tuberculeux, une telle évaluation est indispensable. En dehors de son intérêt social ou médico-légal elle a des conséquences thérapeutiques ; de plus elle fournit souvent des précisions utiles sur le mécanisme des insuffisances cardio-respiratoires. Nous pensions par exemple il y a dix ans que la gêne respiratoire des silicotiques présentant des lésions radiologiquement discrètes était souvent exagérée par les intéressés ; si elle était authentique nous la supposions liée à une bronchite chronique indépendante de la maladie professionnelle. Des mesures multiples des propriétés mécaniques du poumon, des échanges gazeux alvéolaires ou de la circulation pulmonaire ont montré que les perturbations pouvaient être importantes dans des cas où les signes cliniques étaient inexistants et lorsqu’ils  apparaissent, il est souvent trop tard pour mettre en œuvre un traitement efficace.

Les remarquables travaux de Monsieur le Professeur POLICARD nous avalent préparé à interpréter les documents anatomiques ; l’histo-physiologie pulmonaire est une de ses préoccupations essentielles et il a su nous en révéler les multiples aspects. Les  recherches systématiques démontrèrent que les lésions secondaires à la maladie professionnelle expliquaient de telles perturbations.

On pourrait multiplier les exemples et montrer comment les investigations spécialisées permettent de prendre à temps les mesures qui s’imposent pour éviter une décompensation cardiaque ou un surmenage qui conduirait à un réveil de la tuberculose.        

 

Messieurs les Etudiants,

Vous vous demandez peut être quelle sera la place de la physio-pathologie respiratoire dans l'enseignement ? Depuis de longues années, une partie des conférences et des Travaux Pratiques de Médecine Expérimentale était dévolue aux éléments de   physiopathologie respiratoire indispensables à tout médecin, elle continuera à l’être. Mais un enseignement détaillé de cette discipline est réservé aux médecins ayant terminé leurs étude. Nous le tentons actuellement, dans des sessions bi-annuelles de quinze jours, auxquelles assistent des pneumologues intéressés par les investigations spécialisées. Ces sessions d'enseignement intensif compléteront utilement les stages prolongés faits par les médecins désireux d’acquérir une réelle spécialisation. Ceux qui, durant ces dernières années, se sont ainsi succédés sont devenus des Amis, ils ont fait durant des mois partie de l'équipe du  laboratoire.

Depuis 12 ans, cette équine s'est maintenue toujours aussi dynamique, aussi unie quoique incessamment renouvelée. Médecins, secrétaires, techniciens, étudiants vous formez un groupe très amical. Votre amitié s'est soudée durant des recherches menées en commun et faut-il l'avouer durant ces coups de colliers de dernière heure, ces charrettes, pour reprendre le terme des architectes, que votre patron vous imposa et que très gentiment vous avez acceptés. Votre amitié, votre affection me sont infiniment précieuses ; sans votre collaboration les plus solides travaux du laboratoire n'auraient pu être réalisés.

J'ai évoqué tout à l'heure les connaissances que devait acquérir le physiopathologiste respiratoire et l'énumération d'aussi nombreuses disciplines a pu faire sourire certains. Cependant la recherche demande dans ces divers domaines de très solides connaissances et une incessante mise au courant, c'est dire qu'elle ne peut être l'œuvre d'un seul, qu'elle doit être celle d'une équipe. Certes, un chercheur isolé ou un très petit groupe peuvent apporter des éléments essentiels pour résoudre tel ou tel problème. A juste titre RAMON comme Louis de BROGLIE insistaient récemment sur la valeur de cette recherche individuelle, de cette réflexion libre.

Mais il est utile pour trouver des solutions neuves que des groupes de travail rassemblent des hommes venus d'horizons variés, ayant une formation différente et si possible complémentaire. Pour mener une telle équipe, trouver les fonds nécessaires à l'achat des appareils, obtenir les allocations de recherche, le Chef de groupe est souvent obligé de multiplier les rapports et les demandes, les séances de commission. Il s'éloigne du travail qu'il souhaitait poursuivre dans la ­tranquillité. Volontiers, il ferait sienne cette exclamation de BARRES : «  Je crève de choses à dire et de ne pouvoir les dire faute de temps. »

Il y a plus de quarante ans, au lendemain de la première guerre mondiale, le même Barrès réclamait que soit mis en place des instituts de recherche, cellules de taille variable « rassemblant des installations appropriées et un personnel spécialisé... facilitant cette coordination d'efforts que rend nécessaire, à notre époque, la production scientifique». C'est dans cet esprit, pour libérer les groupes de travail de ce souci du lendemain et leur fournir une stabilité dont ils sont actuellement dépourvus, qu'ont été créées depuis peu des Unités de Recherche. Si actuellement leurs dotations sont parfois bien minces, le principe n'en est pas moins excellent.

L'Institut National d'Hygiène a bien voulu choisir le Centre nancéien comme Unité de Recherche de Physiopathologie respiratoire. J'aurais aimé pouvoir dire publiquement à son Directeur, Monsieur le Professeur BUGNARD, toute ma reconnaissance ; il a ainsi manifesté une fois de plus sa confiance à notre équipe, nous nous efforcerons d'en être dignes.

Le choix des chercheurs et leur formation soulèvent évidemment pour le Directeur d'Unité de délicats problèmes. Recruter des collaborateurs de valeur est difficile. On peut craindre qu'une séparation plus précoce entre clinicien et fondamentalistes rende le recrutement des collaborateurs plus difficile pour ceux qui poursuivent leurs recherches dans un domaine qui n'est pas exclusivement celui des sciences fondamentales. Nous avons besoin en physiopathologie respiratoire de cliniciens, mais aussi de physiologistes, de physiciens ou de chimistes ; souhaitons que la réforme en cours n'écarte pas les étudiants ayant terminé leur scolarité de nos centres. Certes, nous savons qu'un tel résultat serait absolument opposé aux idées du promoteur de la réforme qui désire voir l'enseignement, la recherche et les soins aux malades progresser de concert. Mais ne nous arrêtons pas à ces considérations, vous nous avez montré le chemin, Monsieur le Professeur KOURILSKY, en des termes imagés « Le vieux château est en ruine et son agencement est d'un autre âge », alors qu'à des améliorations partielles, on préfère une construction nouvelle, ne cherchons pas les points faibles d'une réforme qui est en train de se faire.

Rappelons-nous plutôt la phrase d'ALAIN : « Attendre et craindre sont les deux péchés, oser et travailler voilà la vertu. »