L'offre
de soin en pédopsychiatrie publique repose sur la sectorisation, qui regroupe
l'essentiel du dispositif public, s'appuie sur des établissements publics ou
privés participant au service public (en Meurthe-et-Moselle, ceci a été le cas
pour l'institution Jean-Baptiste THIERY) et établit des liens avec les
pédopsychiatres du secteur privé. La circulaire du 16 mars 1972 définit la
notion d'intersecteur de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent, aire
géographique, correspondant à une population d'environ 200000 habitants, c'est
à dire à la population de trois secteurs de psychiatrie de l'adulte. La
circulaire du 11 décembre 1992 précise les orientations de la politique de
santé mentale en faveur des enfants et des adolescents. En conformité à ce
cadre législatif, le département de Meurthe-et-Moselle a été découpé en quatre
secteurs de psychiatrie infanto-juvénile (SPIJ) :
Le 1er SPIJ couvre Laxou, Nancy, Pont-à-Mousson, Saint-Max, Tomblaine, Vandoeuvre, a été successivement sous la responsabilité des Dr. J.R. COHEN, B. LEROY et Ph. MORET.
Le 2ème SPIJ a été créé en 1983, couvre Lunéville, Baccarat, Bayon, Blâmont, Jarville, Nancy et a été sous la responsabilité de Mme le Pr. C. VIDAILHET jusqu'en 1993, puis sous celle du Pr. SIBERTIN-BLANC.
Le 4ème SPIJ couvre Nancy, Neuves-Maisons, Pompey, Frouard, Champigneulles, Liverdun, Toul, il a d'abord été confié à l'Institution J.B. THIERY et rattaché en 1990 au Centre Psychothérapique de Nancy. Il a été successivement sous la responsabilité du Pr. P. TRIDON jusqu'en 1993, puis sous celle de Mme le Pr. C. VIDAILHET. Depuis le 1er septembre 2004, il est sous la responsabilité du Dr. B. KABUTH.
Avant la sectorisation, peu de pédopsychiatres travaillaient hors l'hôpital, les soins psychologiques étaient assurés par des psychologues de l'Office d'Hygiène Sociale (OHS) détachées dans les dispensaires.
Ces trois secteurs de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent sont actuellement administrativement rattachés au Centre Psychothérapique de Nancy (CPN), le deuxième et quatrième SPIJ sont des secteurs universitaires placés sous la responsabilité et la coordination du Pr. SIBERTIN-BLANC.
Le troisième SPIJ du département de Meurthe-et-Moselle est rattaché à l'hôpital de Briey et placé sous la responsabilité de Mme le Dr. J. BERTEL.
Les missions de prévention, de dépistage et de soins de la pédopsychiatrie ont été dévolues à une équipe pluridisciplinaire, sous la responsabilité d'un pédopsychiatre. Cette équipe comprend pédopsychiatres, psychologues, infirmiers, éducateurs, orthophonistes, psychomotriciens, assistants sociaux, et selon les secteurs, d'autres professionnels, enseignants spécialisés, art-thérapeutes, musicothérapeutes, ergothérapeutes, professeurs d'activités physiques adaptées, etc.
Le secteur de psychiatrie infanto-juvénile participe au secteur unifié de l'enfance défini par les instructions ministérielles de 1969 et de 1972, visant à établir des liens avec l'ensemble des personnes et des structures s'occupant d'enfants et d'adolescents.
C'est ainsi qu'en Meurthe-et-Moselle, la pédopsychiatrie a développé un important travail de prévention et de partenariat avec la pédiatrie et l'école, mais aussi avec la Protection Maternelle et Infantile (PMI) qui sont intégrées aux acteurs du réseau de prise en charge des enfants et des adolescents. La pédopsychiatrie coordonne des actions préventives et thérapeutiques dans le cadre d'un travail en réseau avec les services sociaux, les institutions médico-éducatives, les Centres Médico Psycho Pédagogiques (CMPP), les Centres d'Action Médico Sociale Précoce (CAMSP), l'Aide Sociale à l'Enfance, les services de la brigade des mineurs, les services de justice et en particulier les juges pour enfants et les juges aux affaires familiales, la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ) et les secteurs de psychiatrie de l'adulte.
C'est dans cet esprit de sectorisation, de prévention, de coordination, que depuis 1972 la pédopsychiatrie nancéienne est sortie des murs de l'hôpital psychiatrique, a ouvert hôpitaux de jour, unités du soir, Centres d'Accueil Thérapeutique à Temps Partiel (CATTP), consultations médico psychologiques dans les services de pédiatrie, dans les dispensaires (Centres Médico Sociaux), a créé des Centres Médico Psychologiques (CMP) qui constituent le pivot de la prise en charge en pédopsychiatrie, (centres de soins et de prévention). Elle a développé dans les services de médecine et de chirurgie infantiles du CHU et de certains hôpitaux périphériques, dans les services d'urgences pédiatriques du CHU, à la maternité régionale de Nancy et dans certaines maternités périphériques, un travail de psychiatrie de liaison, afin de répondre aux besoins et demandes de la population de 0 à 18 ans.
Progressivement, de nouvelles demandes ont émergé pour des populations particulières : nourrissons et jeunes enfants, adolescents, enfants adoptés, enfants en situation de grande précarité, et pour des pathologies particulières : troubles du comportement alimentaire, comportements suicidaires, comportements d'addiction, comportements violents et délinquants, autisme, troubles complexes du langage et des apprentissages…
La pédopsychiatrie de Nancy et de ses environs doit ces avancées extraordinaires dans les soins psychiatriques aux enfants à trois structures aux liens étroits et évolutifs : le Centre Psychothérapique de Nancy à Laxou, l'Institution Jean-Baptiste THIERY à Maxéville, le CHU, en particulier l'hôpital d'enfants de Nancy-Brabois à Vandoeuvre.
Le premier grand pas vers la reconnaissance de la spécificité de la pathologie et des soins de l'enfant a été la création, au CPN, en 1969, sous la responsabilité du Dr. COHEN, de petites unités d'hospitalisation de 10 lits, spécialisées pour enfants et d'unités de jour en 1976. Quelques années plus tard, en 1974, l'Institution Jean-Baptiste THIERY ouvre un service universitaire d'hospitalisation temps plein en pédopsychiatrie. Cette création avait été précédée de quelques années par l'ouverture d'une consultation spécialisée en pédopsychiatrie. L'Institution Jean-Baptiste THIERY est une institution privée participant au service public, dirigée par des religieuses de la Congrégation de Saint-Charles, créée en 1900 grâce au legs de Monsieur THIERY, pour accueillir des enfants porteurs de maladies chroniques et handicaps. En 1937, la construction d'une clinique médicale de 200 lits pour enfants souffrant de maladies chroniques sera dirigée successivement par les Pr. et Dr. HAUSALTER, CAUSSADE, MEIGNANT, GOEPFERT, NEIMANN, Mme le Dr. STEHLIN… S'y adjoindront en 1957 un Institut Médico-Pédagogique et un Institut Médico-Professionnel pour enfants et adolescents déficients mentaux en 1970. Le Dr. MEIGNANT, neuropsychiatre chargé de l'hygiène mentale dans le département de Meurthe-et-Moselle, organise l'ensemble des activités médicales et paramédicales pour les enfants déficients mentaux et ouvre les premières consultations de pédopsychiatrie à la Clinique Pédiatrique Universitaire et à la maternité. A sa mort, en 1960, le Pr. TRIDON prend la relève. Mme le Pr. C. VIDAILHET travaille avec le Pr. TRIDON de 1970 à 1983, date à laquelle est créé le 2ème secteur de psychiatrie infanto-juvénile à Lunéville dont elle prend la responsabilité. A l'Institution Jean-Baptiste THIERY, la pédiatrie, la neuropsychiatrie infantile, la médecine de rééducation fonctionnelle avec Mme le Dr. BESSOT, puis Mme le Dr. BELTRAMO, travaillent en étroite coordination. En 1976, les religieuses se déchargent de la direction de l'Institution J.B. THIERY à laquelle Mère HORTENSE avait donné une forte impulsion et quittent définitivement en 1982. Il est important de connaître cette histoire et ce contexte de l'Institution Jean-Baptiste THIERY pour comprendre que la pédopsychiatrie à l'Institution Jean-Baptiste THIERY a développé, depuis plus de 35 ans, une pédopsychiatrie de liaison, mode d'exercice de la pédopsychiatrie qui était à l'époque en avant-garde sur son temps. Les 1er et 2ème SPIJ ont également développé plus récemment la psychiatrie de liaison sur les hôpitaux de Pont-à-Mousson et Lunéville. Ce travail de pédopsychiatrie de liaison s'est développé dans les services de pédiatrie, chirurgie et neurochirurgie infantiles du CHU, à l'Hôpital Central et à l'Hôpital d'Enfants (Pr. NEIMANN, PIERSON, MANCIAUX, PREVOT, LEPOIRE, MARCHAL, LASCOMBES, SCHMITT, SOMMELET, MONIN, VIDAILHET), en particulier pour les enfants victimes de sévices, les enfants brûlés, les enfants victimes de traumatisme crânien, les enfants atteints de maladies graves ou chroniques. Cette pédopsychiatrie de liaison constitue actuellement un point fort de la pédopsychiatrie universitaire à l'hôpital d'enfants. Le 4ème SPIJ, sous la responsabilité du Pr. TRIDON, puis de Mme le Pr. C. VIDAILHET et, depuis le 1er septembre 2004 du Dr. B. KABUTH, assure l'ensemble de la pédopsychiatrie de liaison dans tous les services de l'Hôpital d'Enfants et aux urgences. Le Pr. SIBERTIN-BLANC et son équipe sont particulièrement impliqués dans le travail de psychiatrie de liaison dans le service d'Oncologie Pédiatrique du Pr. BORDIGONI qui a succédé à Mme le Pr. D. SOMMELET. Le Pr. SIBERTIN-BLANC fait partie du réseau Oncolor. Le 4ème SPIJ est intégré au Centre de Ressources et de Compétences pour la Mucoviscidose (C.R.C.M.) et au Centre Régional de Référence pour les pathologies neuro-musculaires placé successivement sous la direction des Dr. BELTRAMO et RUMEAU.
Le Diplôme Universitaire (DU) de psychopathologie de l'enfant et de l'adolescent « Conséquences psychologiques et psychopathologiques sur l'enfant, l'adolescent et sa famille des maladies graves et handicaps », créé par les Pr. TRIDON et C. VIDAILHET et coordonné actuellement par le Pr. SIBERTIN-BLANC et le Dr. KABUTH permet de former psychiatres, psychologues et professions associées à la pédopsychiatrie de liaison.
Malgré l'ouverture remarquable de la pédopsychiatrie sur le milieu environnant de l'enfant, les pédopsychiatres nancéiens, la direction du CPN et la direction du CHU ont compris la nécessité de maintenir des lits d'hospitalisation conventionnelle pour répondre à certaines pathologies ou situations de crise. C'est ainsi qu'actuellement la Meurthe-et-Moselle reçoit enfants et adolescents des départements voisins qui ne disposent pas de lits d'hospitalisation. En 1984, une unité d'hospitalisation temps plein est créée rue de Viray à Nancy, spécialisée pour les adolescents, prodiguant des soins à visée de socialisation et réinsertion. Cette unité ferme en 1995, le relais ayant été pris par une structure identique qui s'est ouverte rue des Glacis, en 1990, permettant d'accueillir à temps complet et en hôpital de jour des adolescents ne pouvant être maintenus en milieu familial, mais pouvant bénéficier d'une scolarisation au sein de l'hôpital mais aussi dans les collèges ou lycées de la ville. En 1994, le 1er SPIJ ouvre un service d'hospitalisation temps plein spécifique aux adolescents, dans le cadre du centre psychothérapique de Nancy, permettant l'accueil 24 heures sur 24, des adolescents présentant des pathologies aiguës, des troubles majeurs du comportement ou en situation de crise, éventuellement placés par les juges sur ordonnance de placement provisoire.
Le rattachement au CPN du 4e secteur de psychiatrie infanto-juvénile dirigé par le Pr. TRIDON, initialement rattaché à l'Institution Jean-Baptiste THIERY, a permis la création en 1994 du service d'hospitalisation pour enfants et adolescents à l'Hôpital d'Enfants. Cette création doit beaucoup à l'appui sans faille du Pr. PIERSON et du Pr. DUPREZ, Président de la CME du CHU. En pratique, ce service de 10 lits accueille tous les enfants et adolescents pour lesquels il y a indication d'hospitalisation, répond aux pathologies actuelles avec l'accueil et la prise en charge des enfants et adolescents ayant fait une tentative de suicide (une centaine par an) et des adolescents et adolescentes ayant des troubles du comportement alimentaire, en particulier anorexie mentale (40 hospitalisés par an et le double suivi en ambulatoire). Pour les adolescents ayant fait une tentative de suicide ou en état de crise, les liens sont importants entre les urgences pédiatriques, la pédopsychiatrie de l'Hôpital d'Enfants et le service des urgences psychiatriques de l'Hôpital Central placé sous la responsabilité de Mme le Dr. PICHENE. Pour les enfants et adolescents ayant des troubles du comportement alimentaire, les liens sont importants avec les services de pédiatrie, et en particulier les Pr. M. VIDAILHET et FEILLET. Un nombre croissant d'enfants et d'adolescents victimes de sévices physiques et de violences sexuelles (presque 200 par an) sont accueillis aux urgences de l'Hôpital d'Enfants et pris en charge par une équipe médico psycho sociale à laquelle la pédopsychiatrie donne une large contribution.
Les pédiatres et pédopsychiatres ont le souci de maintenir, malgré la maladie, la scolarisation des enfants et adolescents hospitalisés. Ceux-ci bénéficient de l'école de l'Hôpital d'Enfants pour les plus petits (une directrice et cinq enseignants) et de l'AISCOBAM (aide scolaire bénévole aux adolescents malades) pour les plus grands.
En 1975-1976, tant au CPN qu'à l'Institution Jean-Baptiste THIERY, s'ouvrent des hôpitaux de jour permettant d'accueillir, à la journée, des enfants gravement perturbés dans leur développement et leur comportement, en particulier des enfants autistiques. Le travail en équipe pluridisciplinaire permet un travail intensif avec l'enfant et sa famille. C'est un changement dans les mentalités, l'hospitalisation à temps plein n'est donc plus le seul mode de réponse et de soins. La famille devient partie prenante du traitement. D'autres hôpitaux de jour s'ouvrent tant pour le 1er SPIJ que pour le 4ème SPIJ à Toul en 1991 et pour le 2ème SPIJ à Lunéville en 1984.
Ces hôpitaux de jour vont évoluer progressivement vers des prises en charge à temps partiel, laissant place, pour les enfants qui le peuvent, à la scolarisation et à la vie de famille. Cette évolution aboutit à la création plus récente de Centres d'Accueil Thérapeutique à Temps Partiel (CATTP) permettant une prise en charge intensive de quelques heures à quelques jours par semaine.
Certains de ces CATTP se spécialisent pour les nourrissons et jeunes enfants alternant travail au centre et visites à domicile, comme pour le CATTP de Maxéville du 4ème SPIJ, ou privilégiant l'hospitalisation à domicile comme le DISPPAD, (dispositif de soins psychothérapiques précoces à domicile), rattaché au 1er SPIJ et créé en 2002. Ces dispositifs spécialisés pour les enfants de 0 à 3 ans font partie du réseau Petite Enfance permettant un travail de partenariat avec la pédiatrie, le secteur médico-social, la psychiatrie générale, la maternité régionale, la PMI, etc. Le 2ème SPIJ a développé depuis plus de 10 ans une importante activité de liaison à la maternité de Lunéville mais aussi à la maternité régionale, détachant pédopsychiatres, psychologues, psychomotriciennes, et développant un réseau autour de la psychiatrie périnatale. Ce travail en réseau dans le domaine de la petite enfance, en lien également avec le Centre d'Action Médico Sociale Précoce (CAMSP) coordonné par le Pr. VERT, permet un travail de dépistage et de prévention précoce. Le 2ème SPIJ a récemment ouvert à Lunéville une consultation spécialisée mère-enfant pour nourrissons et très jeunes enfants.
D'autres CATTP se spécialisent pour les adolescents, l'un, intersectoriel, placé sous la responsabilité du Dr. MORET, en plein centre ville à Nancy, est intégré au Centre Médico Psychologique pour adolescents créé en 1997. L'autre, créé en 1999 à Lunéville, intègre également un centre de consultations spécialisées pour adolescents.
Pour les trois secteurs de psychiatrie infanto-juvénile, le Centre Médico Psychologique constitue le pivot du secteur. Une équipe pluridisciplinaire permet de répondre au plus près de la population et de travailler avec l'ensemble des partenaires, éducation nationale, PMI, pédiatrie, justice… et avec la famille. Les prises en charge sont très variées, orthophonie, psychomotricité, chimiothérapie, psychothérapies, ateliers thérapeutiques, etc.
Certains Centres Médico Psychologiques partagent les locaux avec la psychiatrie de l'adulte, par exemple à Pompey pour le 4ème SPIJ et prochainement pour le 1er SPIJ à Essey-les-Nancy. Cette implantation permet de maintenir des liens avec la psychiatrie de l'adulte, pour des familles gravement perturbées sur le plan psychiatrique, et facilite le passage de la psychiatrie de l'enfant à la psychiatrie de l'adulte quand nécessaire. A noter que le 2ème SPIJ et le service G03 de psychiatrie générale du Dr. DEMOGEOT ont développé une unité de prévention et de promotion de la santé mentale sur le lunévillois, permettant de répondre aux situations d'urgence et de crise, de collaborer autour de situations complexes, et d'assurer un point écoute téléphonique dans le cadre du programme régional de Prévention et de prise en charge des tentatives de suicide des enfants et adolescents.
Un nombre important de CMP permet un accès aux soins pour la population de Laxou, Nancy, Pont-à-Mousson, Saint-Max, Tomblaine, Vandoeuvre, la banlieue Est de Nancy (pour le 1er SPIJ), Lunéville, Saint-Nicolas-de-Port, Baccarat, Bayon, Blâmont, Jarville, Nancy, Vézelise (pour le 2e SPIJ), Jarville dans le cadre d'une création commune entre les 1er et 2ème SPIJ, et sur Neuves-Maisons, Champ-le-Bœuf, Nancy centre, Maxéville, Pompey, Frouard, Liverdun, Champigneulles, Haut-du-Lièvre, Toul pour le 4ème SPIJ.
Pour répondre à l'ensemble des besoins et pour diversifier les modes de réponse afin de mieux les adapter, les 1er et 4ème SPIJ ont créé en 1995 l'Accueil Familial Thérapeutique Enfants (AFTE) permettant de travailler avec des assistantes maternelles formées et personnels spécialisés : pédopsychiatres, assistantes sociales, psychologues, infirmiers, cadres… Plus récemment et pour répondre aux directives ministérielles se sont créées des unités fonctionnelles et des centres de référence permettant de répondre à des pathologies très spécifiques. Une consultation spécialisée pédiatrique et pédopsychiatrique s'est ouverte en 2004 à la demande des familles adoptantes, permettant de recevoir sur l'Hôpital d'Enfants nourrissons, enfants et adolescents adoptés. Une consultation pluridisciplinaire (pédiatres, diététiciennes, pédopsychiatres, psychologues) reçoit en pédiatrie et/ou pédopsychiatrie les enfants et adolescents ayant des troubles du comportement alimentaire.
Un centre de référence pour l'autisme s'est créé en 2004 sous la responsabilité du Pr. SIBERTIN-BLANC.
Un centre de référence pour les troubles complexes du langage et des apprentissages a été créé en 2003, attribué à la pédiatrie universitaire, coordonné par Mme le Pr. VIDAILHET jusqu'en septembre 2004 puis par le Pr. MONIN. Cette création a permis de recruter neuropédiatre, psychologues à orientation neuropsychologique, orthophoniste, secrétaire à l'Hôpital d'Enfants. Un temps de neuropédiatre est détaché du service de pédiatrie du Pr. MONIN et un temps de pédopsychiatre est détaché du service de pédopsychiatrie du Dr. KABUTH. Ce centre permet d'établir un travail en réseau avec d'autres structures qui reçoivent des enfants ayant des troubles du langage, en particulier les centres médico psychologiques, les orthophonistes du secteur privé, les services d'otorhinolaryngologie et en particulier le service d'ORL du CHU à Central, les médecins scolaires, le centre de réadaptation de Flavigny sous la responsabilité de Madame le Dr. VIEHL. Ce centre de langage permet un bilan pluridisciplinaire, une évaluation de l'évolution des enfants suivis et a une vocation d'information, de formation et de recherche.
Une unité d'accueil et de prise en charge des enfants et adolescents victimes de sévices physiques, psychologiques et sexuels, a été créée sous l’impulsion de Mme le Dr. SIBIRIL dans le service de pédopsychiatrie de l'Hôpital d'Enfants, concrétisant le travail réalisé depuis plus de 30 ans à ce sujet en pédiatrie, sous la responsabilité du Pr. NEIMANN et en pédopsychiatrie sous la responsabilité du Pr. TRIDON puis de Mme le Pr. VIDAILHET. Cette unité travaille en partenariat étroit avec les pédiatres, le service social de l'hôpital d'enfants, les médecins urgentistes du service des urgences de l'Hôpital d'Enfants, en particulier Mme le Dr. VIGNERON-CAVARE (placé sous la responsabilité du Pr. SCHMITT). Ce travail médico-psycho-social régulier permet une cohérence dans le repérage diagnostique, le suivi, le travail avec les familles et le signalement. Un important travail de partenariat se fait également, pour ces enfants et ces adolescents, avec l'Aide Sociale à l'Enfance, la justice, la maternité départementale (pôle régional d'accueil des victimes sous la responsabilité de Mme le Dr. GUILLET-MAY). Des liens sont établis également avec l'unité médico-judiciaire (Pr. COUDANE, Dr. PETON).
Le 4ème secteur de pédopsychiatrie détache une infirmière à temps plein au niveau de la Cité Judiciaire pour faciliter les liens avec les juges des enfants et les juges aux affaires familiales, ainsi qu'avec le Procureur de la République et le Substitut des Mineurs près du Procureur.
Dans le cadre de la maltraitance, un groupe de paroles avec support d'expressions artistiques (peinture – sculpture) a été créé en avril 2003 par le 4ème secteur de pédopsychiatrie, permettant d'accueillir enfants et adolescents victimes d'abus sexuels. Cet atelier implanté au centre ville, rue Saint-Nicolas, est animé par un art-thérapeute et supervisé par psychologue et pédopsychiatre. L'unité d'accueil et de prise en charge des enfants victimes de violence, l'atelier d'art-thérapie ont fait l'objet, à la demande de la préfecture, d'une rencontre avec Mme Claire BRISSET, Défenseure du Droit des Enfants, lors de sa visite à Nancy, en mai 2003.
Une unité spécialisée d'accueil et de prise en charge des adolescents toxicomanes a été récemment ouverte dans le cadre de l'UFATT au CHU (Unité Fonctionnelle d'Accueil et de Traitement des Toxicomanes).
Le 4ème SPIJ a développé depuis l'année 2000 un travail de pédopsychiatrie en prison (pédopsychiatre, psychologue, éducatrice spécialisée) pour permettre la restauration des liens parents-enfants quand les parents sont en prison. Le suivi de ces enfants et des familles est également assuré par cette équipe.
Au total plus de 7000 enfants et adolescents ont été examinés et suivis par l'ensemble des trois secteurs de pédopsychiatrie en 2003.
Malgré les progrès considérables réalisés par la pédopsychiatrie dans le travail de dépistage, de prise en charge précoce, et de soins, la pédopsychiatrie est actuellement, à Nancy comme sur l'ensemble de la France, en difficulté pour répondre aux demandes et aux besoins. Il est vrai qu'il y a près de 15 ans, les pouvoirs publics ont confié aux psychiatres, en complément de la mission traditionnelle de traiter les maladies mentales, celle de promouvoir la santé mentale. Cette promotion de la santé mentale occupe une part croissante de l'activité de la pédopsychiatrie. Ainsi le pédopsychiatre n'est-il plus sollicité uniquement pour répondre aux maladies mentales et aux graves troubles psychiatriques, mais aussi à de multiples formes de souffrance psychique ayant en commun un mal-être. Il est de plus en plus souvent demandé à la pédopsychiatrie de répondre au malheur, à l'échec, à la violence, aux difficultés éducatives de toutes sortes dans une sorte de médicalisation des rapports sociaux et des comportements humains. La famille et la société offrent de moins en moins de repères et de limites structurantes aux enfants. La pédopsychiatrie est en difficulté pour faire face à l'ensemble des demandes, les délais d'attente dans les centres médico psychologiques s'allongent, tous les enfants ne bénéficient pas actuellement de la qualité des soins à laquelle ils pourraient prétendre.
Remerciements pour leur
contribution aux Pr. TRIDON et SIBERTIN-BLANC, aux Dr. MORET et KABUTH.