` sommaire

Evolution des chaires d'Histoire naturelle médical et d'Hygiène

par G. PERCEBOIS

Numéro Spécial du Centenaire de la Revue (1874-1974)

Annales Médicales de Nancy

(édité en avril 1975)

Par le décret du 1et octobre 1872, Nancy, petite ville d'un État vaincu et d'un Pays amputé, Nancy encore occupée recueille la quasi-totalité du personnel enseignant de la Faculté de Médecine de Strasbourg, l'une des trois seules Facultés de Médecine de France. L'ancienne Ecole préparatoire de Médecine et de Pharmacie de Nancy, qui coulait des jours sans faste mais paisibles et honnêtes, est absorbée, supprimée ; seuls quelques uns de ses membres trouveront leur place dans les structures nouvelles.

La Chaire de Physique médicale et Hygiène était occupée par le Professeur Rameaux ; la Chaire de Botanique et Histoire naturelle médicale le sera par le Professeur Engel. Tous deux venaient de Strasbourg.

Le Palais de l'Académie ne peut contenir cet afflux que nous vaut la défaite ; à la Faculté des Sciences, le personnel a doublé ; aux Facultés de Lettres et de Droit, des cours nouveaux ont été créés. Les salles de l'ancienne École de Médecine sont insuffisantes. Force est donc de loger la Faculté de Médecine et l'École de Pharmacie qui lui est associée dans une bâtisse voisine, ancienne École supérieure municipale ; enfin, sans attendre, on envisage de construire un édifice propre à la Faculté de Médecine.

Le transfert, malgré la gêne qu'il entraîne, est une faveur faite à la Lorraine. Elle ne l'obtint pas sans quelques difficultés : les Strasbourgeois auraient préféré une ville plus importante, des installations plus en rapport avec ce qu'ils avaient perdu. Néanmoins, les cours sont donnés dès les premiers jours de novembre 1872.

Et cependant, malgré les efforts du Gouvernement, du Conseil général, de la Ville, bien des choses manquent encore. En particulier, le Professeur d'Hygiène n'a pas de local, quant à celui d'Histoire naturelle il n'a guère de moyens didactiques pour assurer sa mission. Professeur de Botanique, il est chargé d'apprendre aux Élèves les caractères de toutes les plantes indigènes et exotiques qui entrent dans la pratique médicale ; professeur d'Histoire naturelle, il doit leur montrer des échantillons de tout ce qui, appartenant aux trois règnes de la Nature, est employé en médecine. Pour ce faire, il réclame un

Jardin botanique où, comme à Strasbourg, on cultiverait au moins un exemplaire de chaque plante médicinale, il rêve à des collections placées dans des vitrines disposées sur le passage des Étudiants et leur facilitant ainsi l'acquisition des connaissances utiles.

Le 16 novembre 1875, soit trois ans après l'inauguration de la Faculté de Médecine de Nancy, les Autorités quittent le Palais de l'Académie où vient de s'achever la séance solennelle de Rentrée des Facultés et se rendent dans les bâtiments voisins de la Nouvelle Faculté de Médecine à peine terminée mais déjà occupée. Les visiteurs s'extasient devant les microscopes : chaque Laboratoire et bientôt chaque étudiant (il y a  alors 65 étudiants en 1re année, 44 en 2e année, 46 en 3e année et 34 en 4e année) en sera pourvu. Il en aura coûté 8000 F à la Faculté. Les projets du Pr Engel commencent à prendre corps ; une grande salle de 24 mètres sur 9, située dans l'édifice principal du côté du Palais académique s'étendant de la Place de l'Académie à la cour de la Faculté, est destinée à héberger des collections d'Anatomie et d'Histoire naturelle.

Par ailleurs, la modification des examens décidée par décret le 20 juin 1878, aura pour conséquence heureuse de développer les Laboratoires d'Hygiène et d'Histoire naturelle et de créer un Jardin botanique à la Faculté de Médecine. Les séances de Travaux pratiques deviennent obligatoires pour huit disciplines ; c'était déjà le régime appliqué à Nancy à sept d'entre elles, mais pour la huitième : l'Histoire naturelle, il faut créer un Laboratoire. Autre mesure intéressante : l'attribution d'emplois de Chef des Travaux et de Préparateur.

Mais, déjà, il faut transformer les locaux. Les arcades d'une galerie bordant la cour sont obturées et dans l'aire ainsi gagnée on aménage des Laboratoires. L'espace compris entre les trois arcades placées sur le côté Est de la cour constitua, en 1879, le Laboratoire d'Histoire naturelle médicale ; trois autres arcades, les trois dernières, reçurent l'année suivante le Laboratoire d'Hygiène. La cour de la Faculté devait elle-même disparaître, transformée en un jardin de plantes médicinales.

Ce ne fut pas le Pr Engel qui élabora ce jardin car le 16 février 1880, à l'âge de 58 ans, il mourut, épuisé par la maladie qui le minait depuis quatre ans.

Il était arrivé au Professorat par une voie détournée et après bien des difficultés. Né à Strasbourg, le 21 avril 1821, Louis Charles Engel manifesta au cours de ses études médicales une propension aux Sciences naturelles. Il devint après concours, en 1841, Aide de Botanique à la Faculté de Médecine de Strasbourg, mais dès sa réception au Doctorat en Médecine, en 1843, il s'installa, poussé par la nécessité, dans les environs de sa ville natale. Plus tard, il exerça pendant quatre ans comme médecin cantonal dans une commune, avant d'occuper un poste similaire à Strasbourg même. Il eut alors la possibilité de se préparer à l'agrégation tout en continuant la pratique médicale. Échouant en 1853, reçu en 1860, il fut nommé Bibliothécaire-adjoint à la Faculté de Médecine de Strasbourg. Parallèlement, il prit ses grades scientifiques ; licencié, il devint Docteur auprès de la Faculté des Sciences de Paris en 1872. Le décret d'organisation du 1er octobre 1872 en fit un Professeur porté à la Chaire de Botanique et Histoire naturelle médicale.

Sa vie fut courte, sa carrière hérissée de difficultés, mais il eut la joie de voir grandir son Laboratoire et naître son jardin botanique. Surtout, il eut la suprême satisfaction d'assister aux succès universitaires de son fils, Rodolphe, auteur de la première thèse de médecine soutenue devant la Faculté de Nancy, agrégé des Facultés de Médecine, à Nancy, puis professeur à Montpellier.

La mort du Professeur Engel prend la Faculté au dépourvu. N'ayant pour collaborateur qu'un Aide (successivement Lemaire, Millet, Simon) il avait demandé et obtenu un poste d'agrégé pour le concours de 1878, mais personne ne fut nommé. Il en fut de même au concours ouvert l'année de sa mort.

La Faculté charge, alors, Le Monnier, Professeur de Botanique à la Faculté des Sciences, de la suppléance du cours de Botanique médicale. Il assurera le Cours pendant quatre années universitaires et commencera par tracer les plans du Jardin botanique. Grâce à lui, dès 1880-1881, les plantations seront faites et les étiquettes posées.

Depuis 1880, un Laboratoire de recherches a été annexé à la Chaire d'Histoire naturelle. Le chef des Travaux, Macé, avait suivi l'enseignement de l'École supérieure de Pharmacie avant de se destiner à la Médecine.

Il prépare fébrilement ses grades : Licencié es Sciences, il sera reçu Docteur en Médecine le 11 février 1881. Le poste d'agrégé d'Histoire naturelle n'a pas encore été occupé depuis sa création. Quand survient le concours de 1883, Macé et Lemaire se présentent concurremment ; Macé réussit. Il est, alors, chargé du cours de Botanique et Histoire naturelle médicale. Il a auprès de lui, depuis le 1er mars 1880, un jeune préparateur : Vuillemin, sur lequel Le Monnier exerce une grande influence. Vuillemin concourt pour l'emploi de Chef des Travaux que Macé abandonne. Il réussit en 1884 ; lui-même est remplacé comme préparateur par Prenant. Le 31 juillet de cette même année, Vuillemin est reçu Docteur en Médecine avec une thèse purement botanique. Après s'être libéré de ses obligations militaires, il reprend sa place au Laboratoire où chacun travaille dans un domaine différent, Macé s'orientant vers les recherches bactériologiques, Vuillemin passant de la Botanique à la Mycologie.

En 1887, le samedi 26 février à 11 heures du soir, le Professeur Heydenreich et sa femme virent, en rentrant chez eux, une lueur rouge à la Faculté et bientôt de grandes flammes éclairèrent toute la Place de l'Académie. Vingt minutes plus tard, la toiture s'effondrait. La Bibliothèque n'était pas directement menacée ; néanmoins, on fit la chaîne pour mettre les livres à l'abri de l'eau des sauveteurs. A minuit et demie, les pompiers étaient maîtres du sinistre.

Le feu s'était déclaré chez Macé. Son cabinet ainsi que le Laboratoire du Pr Coze furent détruits, les vitrines du Musée d'Histoire naturelle éclatèrent. Macé avait quitté les lieux à 18 heures après avoir placé des cultures microbiennes dans une étuve à gaz ; une veilleuse avait pu s'éteindre, une fuite du circuit existait peut-être ?

Quoiqu'il en soit, il n'abandonne pas pour autant ses études sur les Bactéries. Il ouvre en 1887-1888 des Conférences spéciales suivies par les Médecins militaires. La Direction médicale du Corps d'Armée l'avait chargé, à cette époque, de l'analyse bactériologique des eaux de Châlons, Vouziers, Stenay où avaient été observé des cas de fièvre typhoïde dans les corps de troupe. Il travaille beaucoup à réaliser ce qui sera son œuvre maîtresse, le « Traité pratique de Bactériologie » dont la première édition paraît chez J.B. Baillière en 1888. La seconde édition, complétée et surtout beaucoup plus .illustrée, sera publiée en 1891 en même temps qu'un autre ouvrage : « Les substances alimentaires étudiées au microscope ».

Il aura pour préparateurs, successivement, Legrain, Forgeât, Mouginet, Pillon ; Prenant ayant quitté le Laboratoire pour devenir Chef des Travaux d'Histologie.

Le 9 mars 1899, la Chaire d'Histoire naturelle est enfin déclarée vacante. La Faculté présente : en première ligne Macé, en seconde ligne Beauvisage de Lyon. Macé est nommé Professeur (décret du 22 juin 1889) ; mais l'acrotère auquel il accède est, depuis quelques années, soumis à des coups qui l'effritent. Il est vrai que l'enseignement de l'Histoire naturelle dans les Facultés de Médecine est mal adapté à la formation du praticien et cela malgré la réforme des études instituée par le décret de juin 1878. C'est pourquoi, une commission composée de Tourdes, Chrétien et Coze, rapporteur, préconise « la fusion de l'enseignement de la Physique, de la Chimie et de l'Histoire naturelle avec les parties de l'enseignement médical auxquelles ces sciences correspondent ». Ces conclusions sont adoptées par le Conseil de Faculté (séance du 19 mai 1886) qui propose un cours et des travaux pratiques d'Histoire naturelle « pathologique » pour la 3e année d'études. Ainsi, le premier examen sur les sciences dites accessoires serait supprimé. Des interrogations seraient faites sur l'application de ces sciences à l'occasion des examens sur les branches de la médecine auxquelles elles participent.

Le précédent rapport, soumis au Ministre, est resté sans réponse quand le 10 juin 1887, Spuller, alors Ministre de l'Instruction publique demande aux Conseils des Facultés d'étudier le problème de l'enseignement des Sciences physiques, chimiques et naturelles au niveau de la première année et suggère que cet enseignement soit confié aux Facultés des Sciences chaque fois que l'une de ces Chaires deviendrait vacante dans une Faculté de Médecine. Réuni en séance le 25 juin 1887, le Conseil des Facultés est unanime pour demander que les Chaires des Sciences physiques, chimiques et naturelles appliquées à la médecine soient maintenues dans les Facultés de Médecine. Ces disciplines ne seront, toutefois, plus enseignées en 1re année mais à une époque ultérieure « pour que les Élèves puissent comprendre l'importance des applications physiologiques et pathologiques de ces Sciences ». Le baccalauréat es sciences restreint ne sera plus exigé des Élèves ; il sera remplacé par un Certificat d'études scientifiques délivré par les Facultés des Sciences.

Vuillemin, essentiellement botaniste, défend sa discipline. Bien que d'accord sur la nécessité d'une adaptation de l'enseignement de l'Histoire naturelle médicale, il craint que la formation scientifique des esprits, la culture générale, soient sacrifiées à la pratique médicale ; il rappelle que dans « un établissement d'enseignement supérieur, il faut songer à l'avancement de la Science en même temps qu à l'éducation professionnelle ».

Macé, moins concerné sentimentalement, profite d'une vacance de la Chaire d'Hygiène pour changer de cadre sinon d'orientation. Il succède à Poincaré, décédé en 1892, et poursuit ses travaux bactériologiques à la tête de la Chaire d'Hygiène.

Vuillemin, au temps où il était Chef des Travaux de Macé, a beaucoup œuvré ; outre des publications de Botanique, de Mycologie, de Phytopathologie, il fait paraître chez J.-B. Baillière, à 27 ans, un volume de 380 pages, « La Biologie végétale » ; licencié es Sciences en 1889, il soutient sa thèse de Doctorat devant la Faculté des Sciences de Paris en mai 1892.

Chargé du Cours d'Histoire naturelle, sa situation n'en est pas moins inconfortable. Par le décret du 31 juillet 1893 sur le régime des études, la Botanique cède le pas à la Parasitologie animale et végétale. L'intérêt de sa discipline pour les études médicales est controversé. Peut-être ira-t-on jusqu'à supprimer la Chaire. Faut-il dans ce cas se présenter à l'agrégation de 1895 ? Ne pas le faire et voir le poste pris par un autre ; le faire et risquer de n'être en fonction que pendant neuf ans. Tel est le dilemme.

Vuillemin se présente et réussit brillamment ; presqu'aussitôt la Chaire est déclarée vacante (A.M. 29 juillet 1895). Mieux, Vuillemin, nommé agrégé le 1er novembre, est titularisé professeur le 22 du même mois.

Néanmoins, l'avenir reste sombre pour la Botanique ; le nouveau programme des études entraîne la suppression de l'emploi de Chef des Travaux ; de même, est supprimé le Prix des Sciences physiques, chimiques et naturelles (une médaille d'argent et cent francs de livres) attribué aux élèves de 1ère année, ancien régime.

Vuillemin avait alors comme Chef des Travaux, Boyé, esprit curieux de tout, qui sera Licencié es Sciences, Docteur es Lettres (avec une thèse remarquée sur « le Roi-Duc Stanislas Leszczynski et sa cour ») et aussi Docteur en Droit ! Son préparateur était Thiry ; il passera en Hygiène en décembre 1895 ; il sera remplacé successivement par Melcion, Guericolas, Potron, Maire.

En 1893, si l'on se rend encore Place de l'Académie, certains commencent à coloniser le quartier Saint-Pierre où a été construit un Institut anatomique, au voisinage de l'Hôpital civil ouvert en 1883. La division ne durera que quelques années, notre Faculté manifestant une remarquable propension à la cohésion. En effet, dès 1896, on se plaint de la distance qui sépare les deux parties de la Faculté ; les Etudiants peuvent difficilement suivre les cours de Physique, Chimie et Histoire naturelle donnés Place de l'Académie, et ceux d'Anatomie et de Physiologie de la rue Lionnois. La réunion de tous les Services dans le quartier Saint-Pierre s'impose.

Un terrain, jouxtant l'Institut anatomique, ferait l'affaire. Malheureusement, il appartient à la Congrégation des Sœurs de Saint-Charles dont la Supérieure n'est pas disposée à faire des cadeaux au Doyen Gross. Adjurations, supplications, visites à l'Évêché, interventions de l'Hôtel de Ville, bientôt suivies de menaces d’expropriation, aboutirent à un accord et rendirent possible la construction de la Faculté, rue Lionnois.

Avec la naissance de notre siècle, la Chaire d'Histoire naturelle et Parasitologie retrouva son emploi de Chef des Travaux (A.M. 15 mars 1901), mais le traitement y afférent était tombé de 1500 à 1000 F par an. Vuillemin pensa faire appel à son ancien préparateur Thiry passé en Hygiène ; ne pouvant réaliser son projet il confia cette charge à Potron dont le poste de préparateur fut occupé par Joyeux puis par Apfel.

Le 13 novembre 1902, à la séance de Rentrée des Facultés, Vuillemin, chargé de prononcer le discours d'usage, traite de « l'association pour la Vie », allant à rencontre du dogme alors à la mode de lutte pour l'existence ; il défend ainsi la conception d'équilibre biologique qui lui était chère. A cette date, toute la Faculté est réunie de part et d'autre de la rue Lionnois. L'Histoire naturelle a pris la place, à l'Institut anatomique, du Service de Physiologie qui s'est installé dans les nouveaux bâtiments.

L'autorité de Vuillemin en Botanique et en Mycologie est alors bien établie ; les marques d'estime et de respect qui lui sont faites croissent avec les années 1900.

Le 22 décembre 1902, l'Académie des Sciences, aux travaux de laquelle il participe activement depuis quinze ans, lui décerne le Prix MONTAGNE.

Il est nommé membre de la Commission de Nomenclature des Plantes cellulaires par le Congrès international de Botanique de Vienne (1905).

Dans sa séance du 27 décembre 1907, l'Académie royale d'Agriculture de Turin l'élit membre correspondant étranger pour ses travaux de phytopathologie.

En 1909, il collabore aux délibérations de la Commission internationale de Nomenclature Cryptogamique du Congrès de Botanique de Bruxelles ; il est chargé de présenter, au Congrès de Londres, une liste de nomina generum conservanda ; la Section de Botanique de l'Académie des Sciences le présente, en seconde ligne, au titre de correspondant de l'Institut ; l'Académie des Sciences de Naples se l'attache comme membre honoraire.

En 1912, il est porté par les Facultés et Écoles de Médecine des Départements au Conseil supérieur de l'Instruction publique.

Le 17 février 1913, il a alors 52 ans, il est choisi par 39 voix sur 40 votants, dès le premier tour, pour succéder à Strasburger comme membre correspondant de l'Académie des Sciences, Section Botanique.

Sa participation dans les réunions scientifiques tenues à Nancy est également notable : en octobre 1905, a lieu à Nancy et dans les Vosges, une session de la Société mycologique de France ; elle fait de Vuillemin son Vice-Président pour 1906. Après cette réunion, il organise avec Maire, de la Faculté des Sciences, une exposition mycologique où l'on remarque une belle collection d'aquarelles reproduisant les principales variétés de champignons.

En 1908, c'est la Société Botanique de France qui tient une session extraordinaire à Nancy et dans les Vosges. Elle est reçue, le samedi 25 juillet, dans le grand amphithéâtre de la Faculté de Médecine par la Société des Sciences de Nancy et Vuillemin (président de cette Société en 1909, comme il l'avait été en 1899).

Lors de l'Exposition de l'Est de la France (1909) à laquelle participe l'Université, Vuillemin expose une série de vingt bocaux contenant des plantes atteintes de lésions de diverses origines, ainsi que onze dessins illustrant les réactions des végétaux au cours du parasitisme.

Sans pour autant le négliger, Vuillemin ne se rend plus qu'irrégulièrement à son Laboratoire depuis qu'il a été transféré rue Lionnois. Il élabore ses travaux chez lui, à Malzéville, au 16 de la rue d'Amance (actuellement rue Maurice Barrés).

G. Thiry revient officiellement dans ce Laboratoire qu'il a quitté sept ans plus tôt. L'emploi de « Chef des Travaux de Bactériologie chargé en outre des analyses bactériologiques des Cliniques » qu'il occupait est supprimé (délibération du Conseil de l'Université du 22 juin 1902, approuvée par arrêté ministériel du 2 juillet 1902).

Il est créé : un emploi de Chef des Travaux de Bactériologie, ainsi qu'un emploi de Chef de Laboratoire de Bactérioloqie des Cliniques. G. Thiry est nommé à ce dernier ; il est nommé aussi Chef des Travaux d'Histoire naturelle, remplaçant Potron qui démissionne. Joyeux, dont l'année de service militaire est terminée, reprend sa place de préparateur. Il restera en fonction jusqu'en 1906, successivement remplacé alors par Gruyor, par Jannin, puis par Simonin qui, un jour, sera Doyen de la Faculté.

Tour à tour, de nombreux élèves fréquentent le Laboratoire ; l'un d'entre eux, Feyerstein, arrivé à la fin de ses études préparait une thèse sur la filaire Loa, quand il mourut, âgé de vingt-cinq ans, après une courte maladie, le 22 février 1910.

Le 26 mai 1913, s'ouvre le Concours d'Agrégation pour la Section Parasitologie et Sciences naturelles appliquées ci la Médecine. Un poste existe pour Nancy. Thiry se présente. Agrégé, il est attaché à la Faculté de Nancy à dater du 1er novembre 1913.

La Grande Tourmente survient et, pendant quatre années, bouscule les Idées et les Etres. Certains en sortiront marqués ; d'autres, plus jeunes, profitant des vides entreront en lice.

G. Thiry est parti en 1914 avec un groupe de brancardiers ; pendant toute la guerre, il sera à Toul, au Service de Santé de la Région et de l'Armée, chargé de nombreuses missions. Quand la campagne se termine, il est auprès de l'Armée américaine.

Vuillemin, en novembre 1918, est renversé devant l'Hôpital central par une voiture militaire qui le happe au moment où il allait prendre son tramway. Dès lors, sa santé ne fera que s'altérer.

En 1920, G. Etienne, rédacteur en chef de la Revue médicale de l’Est, consacre le premier numéro de l'année aux mycoses et mycétomes, en hommage à Vuillemin et à son Ecole, mais aussi pour honorer la mémoire de Robert Jolly, biologiste et médecin, collaborateur de G. Etienne à la Clinique médicale avant de s'illustrer à l'Armée d'Orient, mort foudroyé par la grippe à Paris, le 12 février 1919, alors qu'il se rendait à l'Institut Pasteur, après une permission de détente, avant de rejoindre l'Armée à Constantinople.

La Revanche est prise, mais la France victorieuse est vidée de ses forces. A Strasbourg recouvrée, la Faculté doit être reconstituée et Nancy y contribue. Un mouvement inverse de celui de 1872 s'amorce ; mais ne va-t-il pas entraîner la mort de Nancy ? Certains le craignent ; d'autres, avec complaisance, en répandent le bruit né on ne sait où.

Thiry, agrégé, est Chef des Travaux pratiques ; il sera nommé Agrégé sans limite d'âge en 1924, puis Professeur sans Chaire. Il aura, à ses côtés Ph. Lasseur, Docteur es Sciences, comme préparateur jusqu'en 1924, puis Dombray, reçu Interne des Hôpitaux le 23 octobre 1922.

Le 27 décembre 1922, la France commémore le Centenaire de Pasteur. La Lorraine s'enorgueillit des séjours que fit le grand savant au cours des années 1873-74-75 aux Brasseries Tourtel, à Tantonville, où séjournait également Calmette.

Le 31 janvier 1923, lors de la première séance de la Société de Biologie survenant après cet anniversaire, les Sociétés scientifiques de Nancy sont réunies dans le Grand amphithéâtre de la Faculté de Médecine. Trois conférences, rapportées dans la Revue médicale de l'Est, font la synthèse de l'œuvre pastorienne : Macé présente « Pasteur et la Bactériologie médicale » ; le Doyen Petit, de la Faculté des Sciences, évoque « Pasteur et les Fermentations » ; Vuillemin disserte de « Pasteur et la Biologie générale ».

Vuillemin approchait de la retraite et il paraissait à beaucoup anormal, voire scandaleux, que « l'un des naturalistes les plus réputés, le plus ancien correspondant français de la Section Botanique de l'Académie des Sciences » n'ait pas encore été admis au sein de la Légion d'Honneur. Il fut nommé chevalier, promotion Pasteur, et ce fut l'occasion pour ses collègues, ses amis et ses élèves de se réunir, le samedi 19 juillet 1924, afin de lui offrir, avec leur respect et leur affection, son portrait réalisé par le Maître Friant.

Vuillemin qui voyait approcher la fin de sa carrière sinon de sa vie, tire de la somme de ses connaissances la matière de deux livres publiés coup sur coup : « Les Animaux infectieux », « Les Champignons parasites et les Mycoses de l'Homme», l'un en 1929, l'autre en 1931.

Atteint par l'inexorable limite d'âge, il cesse ses fonctions le 30 septembre 1931. Le 29 juin 1932, après une longue et douloureuse maladie, Paul Vuillemin s'éteint. Le Recteur Bruntz, dépêché par le Ministre, vient déposer sur le cercueil les insignes d'Officier de la Légion d'Honneur décernés à titre posthume.

Vuillemin avait donné peu d'articles à la Revue médicale de l'Est ; l'un des derniers lui fut toutefois destiné : « inframicrobes et symbioplasmes » en 1931, et quelques jours avant sa mort, il se faisait porter à sa table de travail pour rédiger une étude sur la demande du Professeur Étienne.

Profitant de la vacance de la Chaire d'Histoire naturelle, le Conseil de la Faculté demande la création d'une Chaire de Bactériologie. Elle est confiée au Professeur P. de Vezeaux de Lavergne, nommé titulaire à la date du 1er octobre 1931 (décret du 28 mai 1931). En conséquence, on aménage un nouveau Laboratoire à l'Institut anatomique, dans les locaux de Médecine opératoire, laquelle sera transférée en face, dans une ancienne salle de travail située au-dessus de l'amphithéâtre du Cours de Chimie.

Thiry garde le Laboratoire de Vuillemin et y installe les collections de Parasitologie ; le Laboratoire des Travaux pratiques devant être commun aux deux disciplines.

Les difficultés économiques et politiques que traverse la France entraînent, en 1934, des mesures de compression. A la Faculté de Médecine, un Professeur titulaire, Dufour en Physique, un Professeur sans Chaire, Thiry, un garçon d'Anatomie, sont mis à la retraite avant l'âge ; enfin, un poste d'agrégé est supprimé (Physique). Ces mêmes décrets-lois font cinq victimes dont deux Professeurs à la Faculté des Sciences. A la Faculté de Pharmacie, un Professeur demande spontanément sa mise à la retraite anticipée.

G. Thiry, profondément blessé, survivra peu à cette mesure vexatoire autant qu'inefficace. Il devait mourir deux ans après, le 10 juillet 1936. Né à Nancy le 31 août 1870, il avait consacré sa vie au Laboratoire. Passionné et désintéressé, il avait rendu les plus grands services à de nombreux médecins, pharmaciens, vétérinaires qui ne sollicitèrent jamais son aide en vain.

Pour assurer l'enseignement des disciplines touchées par ces départs forcés, on fait appel aux Chefs des Travaux ; Dombray, Docteur en Médecine, Docteur es Sciences, Assistant, est chargé du Cours de Parasitologie rattaché à la Chaire du Pr. de Vezeaux de Lavergne.

Pour parer à la carence de l'État, sur l'initiative du Doyen Spillmann, on applique une solution envisagée quelques années auparavant : la création d'une « Caisse lorraine de Recherche scientifique » qui, avec l'aide d'industriels, spécialement des Fonderies de Pont-à-Mousson, des Soudières de Dombasle, distribue dès le 1er novembre 1934 des bourses aux chercheurs des Laboratoires et des Cliniques de la Faculté de Médecine. MM. Kissel, Simonin, Weil et Couillault du Laboratoire de Bactériologie sont parmi les premiers bénéficiaires. M. Kissel, étudiant en 5e année puis Chef de Clinique médicale, est depuis 1931 préparateur temporaire au Laboratoire du Pr. V. de Lavergne.

Autre transformation survenue au cours de cette période : la Chaire de Bactériologie prend le nom de Chaire de Bactériologie et Parasitologie médicale le 4 janvier 1935.

Le Professeur de Vezeaux de Lavergne qui succède à Vuillemin en 1931 est un médecin-militaire, agrégé du Val-de-Grâce. Agrégé des Facultés de Médecine en 1923, attaché alors à la Chaire d'Hygiène, il est aussi chargé de la Direction du Service des Contagieux et du Laboratoire de Bactériologie à l'Hôpital militaire Sédillot. En 1925, la Faculté lui avait confié, également, la charge du Cours de Clinique des maladies contagieuses.

Peu après son arrivée à Nancy paraît son « Traité d'Epidémiologie » puis, deux ans plus tard, un volume consacré à la fièvre typhoïde, constituant le fascicule 3 du « Traité de Médecine et Thérapeutique » de A. Gilbert et P. Carnot, qu'il a rédigé avec Paul Ribierre.

Paulin de Vezeaux de Lavergne apporte à la Chaire de Bactériologie ses qualités de pastorien et son expérience acquise auprès de Sacquépée, au Val-de-Grâce puis au Laboratoire de la 4e Armée, ainsi qu'auprès de Dopter. Orienté par sa formation première et suivant son tempérament, il s'appliquera à démêler des énigmes pathogéniques plus qu'à la recherche pure. Ses contacts quotidiens avec les « contagieux » civils et militaires dont il a la charge, accentueront encore cette tendance. Aussi lui doit-on, outre des recherches faites avec Sacquépée sur l'étiologie de la gangrène gazeuse, avec Besson sur les toxi-infections à bacille de Morgan, des travaux originaux sur la pathogénie de la fièvre typhoïde, celle des paralysies du voile du palais au cours de la diphtérie, l'infection par association fusospirillaire, la spirochétose ictéro-hémorragique, les accidents sériques, la scarlatine puerpérale, l'infection ourlienne, la méningite herpétique, le tétanos, les phénomènes d'allergie au cours de la tularémie.

Il est secondé par une petite équipe enthousiaste : MM. Kissel, agrégé de médecine, Accoyer, médecin-capitaine, Chahidi, puis plus tard, Helluy, Faivre, etc.

Il organise un Diplôme de Médecin sérologiste au Laboratoire régional de Sérologie de l'Hôpital Fournier. L’enseignement, théorique et pratique, est donné par le Professeur de Lavergne et le Pr. Watrin, le Professeur agrégé Helluy, le Docteur Verain, Biologiste des Hôpitaux, le Docteur Harmand et le Docteur Colson, Assistants de Biologie des Hôpitaux, M. Cauchois, Chef des Travaux pratiques, diplômé de l'École de Sérologie de Paris. De même, il assurera la préparation au Diplôme de Sérologie appliquée au Diagnostic des Maladies vénériennes, institué par  l’arrêté du 16 novembre 1948.

En plus de ses qualités techniques, V. de Lavergne met au service de sa Chaire ses talents d'orateur, d'écrivain et d'enseignant. Son testament scientifique : « La Maladie infectieuse», paru chez Masson en 1951 est le reflet de ses dons. Et ceux qui suivirent ses leçons se souviendront toujours, non sans émotion, de l'ambiance qui y régnait.

L'auditoire est attentif mais détendu, voire amusé. Phrases et gestes, ensemble ou alternant, concourent à incarner la Bactérie : est-elle banale, commune, le Maître traverse l'estrade genoux ployés, bras tombants ; est-elle plus rare, plus exigeante, l'estrade est parcourue majestueusement, l'index simulant un nez aquilin. Il n'est pas jusqu'aux lunettes, placées malicieusement sur le pupitre et rattrapées à l'extrême fin de leur glissade, qui n'aient leur rôle dans cette complicité qui s'établit. Puis l'anecdote vient agrémenter l'exposé technique ; les grands moments de l'ère pastorienne sont racontés comme au coin du feu ; la voix se fait familière, les cous se tendent, les yeux s'écarquillent, les bouches s'entrouvrent. Les Etudiants sont redevenus des Enfants.

La Bonté qu'on découvrait du pied de l'estrade s'épanouissait lors du dialogue, au chevet du malade ou même lors des examens oraux. La règle menaçante, les grands gestes que déclenchait une mauvaise réponse, ne parvenaient pas à masquer le fin sourire et le plissement des yeux.

Le Professeur de Vezeaux de Lavergne était un sage, préférant la fréquentation de Chopin, de Weber, de Beethoven, de Tolstoï, de Balzac ou de Victor Hugo, aux honneurs. Ces derniers vinrent naturellement à lui : membre titulaire de la Médicale des Hôpitaux de Paris, Officier de la Légion d'Honneur, Correspondant national de l'Académie de Médecine, Médecin-Général, médaille d'or du Service de Santé militaire pour ses recherches scientifiques, il reçut le Grand Prix de l'Académie de Stanislas pour ses éminents travaux consacrés aux maladies infectieuses.

Né le 8 novembre 1884, il prit sa retraite en 1954. Il mourut peu après (1957) non sans avoir eu le bonheur d'assister aux succès de son fils, à l'agrégation de Bactériologie tout d'abord, puis quelques mois plus tard, au concours de Biologiste des Hôpitaux.

Contrastant avec l'impulsion donnée à la Bactériologie, la Parasitologie, réduite à un cours complémentaire, s'étiole. Cependant Dombray, auteur en 1926 d'une thèse es Sciences remarquée, remplit sa tâche avec conscience ; mais, atteint d'un mal implacable et malgré une force de caractère peu commune, il ne peut qu'assurer son enseignement jusqu'à sa mort survenue prématurément. La Parasitologie, déjà fort ébranlée, semble alors recevoir le dernier coup ; la braise se recouvre de cendres.

Dès 1938 et pendant six ans, Robert Lienhart, Chef de Travaux à la Faculté des Sciences, assurera la charge du cours complémentaire de Parasitologie.

Au moment où la Faculté s'installe à Nancy, l'Hygiène est assez mal lotie. C'est une discipline qui n'a guère d'attrait si l'on en juge par quelques écrits de l'époque. C'est ainsi qu'on peut lire dans la préface du « Précis d'Hygiène privée et sociale» de A. Lacassagne, paru en 1876 : « l'Hygiène est de toutes les branches de l'Art médical celle qui est la moins étudiée par les élèves ». Ou encore, selon un correspondant du « Progrès médical » : « le bruit a couru qu'une Chaire d'Hygiène avait été demandée or il est permis de douter qu'un cours d'Hygiène, fut-il le plus intéressant, attire seulement un étudiant de plus à Nancy ».

Le Professeur Rameaux est alors titulaire de la Chaire mixte de Physique médicale et Hygiène ; l'enseignement de cette dernière est confié en 1874 au Dr Poincaré, jusque-là Professeur adjoint de Physiologie. Il entraîne ses étudiants dans des fabriques de drap, de chapeaux de paille, des manufactures de coton, où il les initie à la pathologie professionnelle, à l'hygiène du travail, observations relatées dans la Revue médicale de l'Est des années 1875-76-77.

Le Pr. Rameaux devait mourir subitement à l’âge de 72 ans, un dimanche après-midi, le 5 mai 1878, au cours d'un concert publique. Alors, la Chaire de Physique médicale et Hygiène est déclarée vacante, très vite, le 18 du même mois. Pourtant, après avoir entendu le rapport sur les titres et travaux des candidats, la Faculté propose au Ministre de prolonger la vacance d'une année. Auparavant, la scission de la Chaire avait été sollicitée.

Par décision du 24 mai 1879, le Ministre fait une demande de présentation pour la Chaire de Physique médicale et Hygiène. Dans sa séance du 27 juin 1879, la Faculté propose M. Charpentier. Le Conseil académique, ne respectant pas cette décision, avance deux noms : Charpentier en première ligne, Poincaré en deuxième.

Charpentier est nommé par décret du 30 octobre 1879, mais le 31 décembre de la même année sa Chaire est transformée : il est créé une Chaire d'Hygiène à la tête de laquelle est nommé Emile Léon Poincaré. Charpentier étant titulaire de la Chaire de Physique.

En 1878, Poincaré s'était rendu à Turin, au 3e Congrès international d'Hygiène. Il avait participé aux discussions sur le meilleur mode d'organisation d'un Service national d'Hygiène (encore inexistant en France), sur l'opportunité de créer, sinon un Ministère de la Santé publique, solution jugée « prétentieuse », au moins un Centre de Directives de la Santé publique, autonome. Il était intervenu dans le débat sur l'enseignement de l'Hygiène qui, en France, prenait tout juste son essor ; parti de Montpellier, le mouvement avait gagné Bordeaux, Nancy, alors qu'à l'Étranger chaque Université avait, au moins, un Laboratoire d'Hygiène. Il avait collaboré aux travaux de Parasitologie : parasites des viandes de boucherie, rapports entre Ankylostome et anémie des ouvriers occupés à percer le Saint-Gothard.

Le Laboratoire d'Hygiène fonctionne pour la première fois au cours de l'année scolaire 1880-81 ; en même temps, une place de préparateur est créée ; Vallois, qui l'occupe après Saunier, en sera longtemps titulaire.

D'emblée, un matériel didactique important est réuni : collections de substances alimentaires altérées ou falsifiées, préparations anatomiques et microscopiques de pathologie professionnelle, appareils divers utilisés couramment pour le chauffage, l'éclairage ; des travaux sont menés sur les méfaits des produits d'épuration du gaz d'éclairage, des parfums artificiels, de l'huile de pétrole, des poussières de meunerie, de l'aniline. Très rapidement, des thèses rendent compte de l'activité de ce Laboratoire.

La Bactériologie retient également Poincaré : en 1883, il étudie le bacille que vient de découvrir Koch ; un peu plus tard, il fait l'analyse microbiologique des eaux de Nancy.

Il multiplie les visites d'établissements industriels avec ses élèves : fabrique d'allumettes chimiques, de noir animal, de papiers peints, usine à gaz, mines de Maxéville, mines de sel gemme, manufacture de tabac, meunerie, verrerie, etc.

Il est bientôt secondé par un Chef des Travaux : Vallois pendant trois ans, mais aussi Ganzinotty, Friot. L'année scolaire 1887-1888 voit l'agrandissement de son Service par l'installation dans une salle attenante, d'un Musée d'Hygiène où les étudiants peuvent se familiariser avec du matériel de désinfection, de ventilation, etc.

Il publie, chez Masson, un « Traité d'Hygiène industrielle » (1886), deux ans à peine après avoir fait éditer « Prophylaxie et Géographie médicale ».

L'Association française pour l'Avancement des Sciences tient son Congrès à Nancy, en 1886. Poincaré, vice-président de la section d'Hygiène, présente ses observations sur les effets des poussières de nettoyage du blé, ainsi que le résultat de ses recherches sur l'influence du travail sur le rythme respiratoire et la circulation.

L'année suivante, il est nommé membre du Comité français au Congrès d'Hygiène et de Démographie de Vienne. Il y sera porté à la Vice-Présidence de la Section d'Hygiène scolaire et industrielle.

Le 26 juillet 1887 il est élu, par 35 voix sur 49 votants, au premier tour, correspondant national de l'Académie de Médecine.

Sa carrière et sa vie devaient être brisées le 15 septembre 1892. Une chute malencontreuse, quelques jours de maladie, eurent raison de sa vigueur.

Emile Léon Poincaré était né le 16 août 1828 à Nancy où son père tenait une officine, Grande Rue (actuellement, la plus ancienne pharmacie de Nancy). D'abord attiré par le Service de Santé des Armées, il fut chirurgien-élève à Metz de 1848 à 1850, à l'Hôpital militaire d'Instruction (sur l'actuel quai Richepanse). Il termina sa médecine à Paris en soutenant, en 1852, une thèse sur l'ophtalmie purulente du nouveau-né. Revenu à Nancy, il fut attaché à l'École préparatoire de Médecine et de Pharmacie, d'abord comme Chef de Clinique, puis comme Chef des Travaux anatomiques. En 1858, il est nommé Professeur adjoint d'Anatomie et de Physiologie. La Faculté de Médecine de 1872 en fait un Professeur adjoint de Physiologie avant de lui confier l'Hygiène. Il était le père d'Henri et l'oncle de Raymond Poincaré.

Macé, Professeur d'Histoire naturelle et Botanique médicale depuis 1889, succède à Poincaré à la Chaire d'Hygiène.

En 1893, alors que les premiers services qui occuperont l'Institut anatomique préparent leurs malles, Macé songe à profiter de la circonstance pour agrandir son Laboratoire. Satisfaction lui sera donnée, mais par une tout autre voie.

Contre la diphtérie, maladie grave et fréquente à l'époque, Roux de l'Institut Pasteur oppose une arme efficace : l'antitoxine. Sa préparation coûte cher ; afin de protéger toute la France, des sommes sont collectées. Le Conseil municipal de Nancy vote 1000 F, celui de Pont-à-Mousson, 200 F P. Parisot, dans la Revue médicale de l'Est (1894, 26, 641-642) lance l'idée d'une souscription publique. Dès le numéro suivant, il annonce à ses lecteurs (962-963) une solution nouvelle. Primitivement, la Municipalité de Nancy ne voulait qu'ouvrir un dépôt de sérum au Bureau municipal d'Hygiène ; secondairement, on pense à créer un Institut sérothérapique pour l'Est. Le Monnier, Professeur à la Faculté des Sciences, adjoint au Maire, Macé et Sogniès, Directeur du Bureau d'Hygiène, vont à Paris trouver Roux. Alors que Macé s'initie auprès du Maître, Le Monnier revenu à Nancy fait une conférence et constitue un Comité d'Organisation. Dès lors, la souscription est destinée à cet Institut sérothérapique. Les dons ne se font pas attendre ; la Société de Médecine (séance du 14 novembre 1894) vote 200 F. Surtout, M. Osiris apporte 40000 F. L'Institut est construit à l'angle de la rue Lionnois et de la rue de Bitche ; il sera inauguré, en même temps que l'Institut anatomique, le 28 juin 1896.

Macé a alors un pied place Carnot où reste l'Hygiène et l'autre rue Lionnois. Quand on décide de transférer toute la Faculté près de l'Institut anatomique, des locaux sont prévus pour l'Hygiène sur les plans de l'architecte Jasson. Mais, une fois encore, un événement fortuit intervint. Le recteur, par une lettre du 18 janvier 1899, prévint le Doyen que Le Monnier, Président du Conseil d'administration de la Société privée de l'Institut sérothérapique de l'Est avait, par acte notarié, fait cession à l'Université de ses biens meubles et immeubles, à charge pour elle de fabriquer et distribuer le sérum antidiphtérique. La Faculté de Médecine accepte ce cadeau ; on efface le Service d'Hygiène des plans de la future Faculté, ce qui ramène le devis de 600000 à 500000 F, par contre, on construira une aile supplémentaire à l'Institut sérothérapique. Ainsi, Macé aura sous un même toit son Institut et son Service.

G. Thiry, jusqu'alors préparateur en histoire naturelle, arrive en Hygiène le 16 décembre 1895 où il remplace Pillon comme préparateur. Il y fera les analyses bactériologiques. Ultérieurement, il sera nommé Sous-Directeur de l'Institut, Chef des Travaux de Bactériologie chargé, en outre, des analyses bactériologiques des Cliniques.

Les préparateurs qui se succèdent, en Hygiène ou à l'Institut, sont alors Henry, Grosjean, Roussel, Dupont, Kerassotis.

L'Institut sérothérapique répondit aussitôt à ce que l'on attendait de lui. Dès le 18 novembre 1894, de la toxine donnée par Roux est inoculée aux chevaux. Ils sont deux, tout d'abord. Marquis et Hardi, placés dans une petite écurie louée rue Saint-Lambert ; un troisième sera acquis plus tard.

Le sérum antidiphtérique, réparti en tubes de 10 ml, est distribué aux hôpitaux, des dépôts sont constitués et renouvelés régulièrement chez des pharmaciens, dans certaines mairies. En outre, des analyses de produits suspects de diphtérie, puis bientôt d'autre nature sont effectuées. La mortalité due à la diphtérie, à Nancy, passe de 55 % en 1893 à 21 % dès 1895 grâce à l'emploi du sérum.

L'Institut comprend, en 1900, une grande salle de conférences et de collections au rez-de-chaussée, un grand laboratoire de recherches, un second laboratoire moins vaste et le Cabinet du Directeur, au premier étage. L'écurie est dans un bâtiment voisin. Des agrandissements sont prévus pour accueillir l'Hygiène.

Très rapidement, l'Institut devient un laboratoire régional de Bactériologie appliquée, doublé d'un Centre d'Enseignement ouvert à des travailleurs d'horizons divers. Les places sont très recherchées, souvent retenues d'avance. Le Service d'Hygiène, réuni à l'Institut, s'attacha plus particulièrement aux analyses des eaux et des aliments suspects.

Le Conseil de la Faculté, dans sa séance du 8 mars 1901, attribue à Macé un crédit spécial d'installation pour un laboratoire de travaux facultatifs et de recherches en Bactériologie, ouvert aux Etudiants et aux Docteurs français et étrangers. Un certificat d'études bactériologiques est délivré après un an de stage.

Dans ce laboratoire, ouvert à tous, s'opèrent des travaux souvent originaux ; une étude de Zilgien, de la fin du siècle dernier, connaît aujourd'hui un regain d'intérêt : l'évaporation considérée comme agent de dissémination des germes morbides dans l'atmosphère.

En 1901, Macé préside la Section d'Hygiène du 39e Congrès des Sociétés savantes qui se tient à Nancy (9-13 avril) et auquel participent activement G. Thiry, Jirou, Legrain alors médecin-militaire en Algérie.

Lorsqu'est créé, à la Faculté des Sciences, un enseignement agronomique colonial, Macé est désigné pour y enseigner l'Hygiène coloniale.

C'est alors, qu'en 1902, G. Thiry quitte le laboratoire d'Hygiène et revient au laboratoire d'Histoire naturelle et Parasitologie. Les vides, causés par son départ, sont immédiatement comblés. Ch. Garnier, Chef de Clinique médicale, le remplace comme Sous-Directeur de l'Institut ; Kerassotis, préparateur, est délégué dans les fonctions de Chef des Travaux de Bactériologie ; Amselle occupe son poste de préparateur en hygiène.

L'année suivante, Kerassotis démissionne et son emploi revient à Ch. Garnier. Le poste de préparateur à l'Institut sérothérapique est occupé successivement par Dupont, Vaillant, Bisot ; ce dernier occupera, en outre, le poste de préparateur d'Hygiène délaissé par Amselle en 1905.

Jusqu'en 1908, l'Institut dirigé par Macé, aura pour Sous-Directeur Ch. Garnier, Chef des Travaux d'Hygiène et de Bactériologie appliquée ; Bisot sera, à la fois, préparateur à l'Institut et en Hygiène. Cette année, alors, quelques changements surviennent : Jacquot, fils du vétérinaire attaché à l'Institut depuis les tout débuts, devient préparateur en Sérothérapie. Gournet sera préparateur en Hygiène ; il sera remplacé par Jacquot, en 1912, lui-même cédant sa place à Ferry.

Le 1er février 1909, Jirou, Docteur en Médecine, est délégué dans les fonctions de Chef des Travaux de Bactériologie ; il remplace Garnier, délégué lui-même dans les fonctions d'agrégé d'Anatomie.

Macé poursuit sa carrière. En 1906, il est nommé membre du Conseil supérieur d'Hygiène publique de France. Il est un des délégués de la France au XIVe Congrès international d'Hygiène et de Démographie à Berlin, le 23 septembre 1907. Il est aussi Directeur des Services d'Hygiène du Département.

Dans la période qui suit la Grande Guerre, Macé aura pour collaborateurs : Zuber, Chef des Travaux d'Hygiène et de Bactériologie et Gadol, préparateur en Hygiène. Ce dernier sera remplacé, en 1926, par Mme Gruel. De plus, une place d'agrégé étant déclarée vacante en Hygiène, le concours de 1923 se termine par la proposition de Paulin de Vezeaux de Lavergne, un nouveau venu, qui entre en fonction le 1er novembre 1923. Il est de ceux qui, en 1924, reçoivent un groupe de médecins polonais venant de Wilna, pour la plupart ; il leur fait deux conférences : l'une sur le bactériophage de d'Hérelle, l'autre sur les virus des ectodermoses.

En 1923, Macé obtient la création à Nancy d'un diplôme d'Hygiène et de Bactériologie. Cependant, il arrive en fin de carrière. Il est admis à faire valoir ses droits à la retraite à compter du 1er octobre 1926. Il cesse ses fonctions le 31 octobre.

Malgré sa renommée de Bactériologiste et d'Hygiéniste qui dépassait nos frontières, il ne fut admis dans l'ordre de la Légion d'Honneur qu'en 1921. Son « Traité pratique de Bactériologie » connut un succès considérable. Premier ouvrage du genre, il fut présenté à l'Académie de Médecine par Pasteur lui-même qui adressa, d'ailleurs, une lettre de félicitations à l'auteur. Ce traité eut huit éditions successives, fut complété par un « Atlas de Bactériologie » et resta pendant longtemps en usage en France et à l'étranger.

L'un des premiers Inspecteurs d'Hygiène de France, membre du Conseil supérieure d'Hygiène publique de France, il devint et resta jusqu'à sa mort Vice-Président du Conseil d'Hygiène de Meurthe-et-Moselle. Créateur de l'œuvre du « Bon lait », secrétaire général de l'Office d'Hygiène de Meurthe-et-Moselle, il entama, après la guerre, la lutte contre la tuberculose et fonda le premier dispensaire du département.

Il mourut le 23 août 1938, après de dures épreuves ; il était né en 1856, le 21 septembre, à Château-Salin. Son départ à la retraite devait déclencher une série de transformations des Chaires d'Histoire naturelle et d'Hygiène.

En 1927, la place libérée par le départ de Macé est occupée par Jacques Parisot, agrégé de médecine depuis 1913, chargé après la guerre de l'enseignement de la Pathologie générale expérimentale, Professeur sans Chaire depuis 1923.

Fils, petit-fils et neveu de Professeurs qui s'illustrèrent dans notre Faculté, J. Parisot, né à Nancy le 15 juillet 1882, entra dans la carrière universitaire à vingt ans comme aide-préparateur puis préparateur au laboratoire de Physiologie ; il n'en poursuivit pas moins brillamment ses études, remportant le prix de Physiologie en 1902, celui de Médecine en 1905, le prix Bénit en 1906, le prix de Thèse en 1907. Il mena, parallèlement, activité de laboratoire et carrière clinique : Chef de clinique en 1906, admissible à l'agrégation de médecine en 1910, il est reçu en 1913. Il a alors à son exposé de travaux 175 publications concernant surtout l'endocrinologie.

Après avoir remarquablement servi durant la Grande Guerre, ce qui lui vaudra d'être décoré de la Croix de Guerre avec quatre citations, d'être fait Chevalier de la Légion d'Honneur en 1916, puis promu Officier en 1920, il créera, en 1923, avec G. Richard et M. Lucien, la Revue française d'Endocrinologie et fera paraître un Traité d'Endocrinologie.

Lorsqu'il succède à Macé, sa carrière change radicalement de direction, il abandonne les travaux de laboratoire et se lance dans des réalisations de médecine préventive et sociale.

Par décret du 4 janvier 1928, la Chaire d'Hygiène et de Bactériologie de la Faculté est transformée en Chaire d'Hygiène et de Médecine préventive. Des transformations s'opèrent également dans les bâtiments de l'Institut d'Hygiène. De même, les équipes se modifient quelque peu : en Hygiène, J. Parisot est secondé par P. de Vezeaux de Lavergne, agrégé ; Zuber est Chef des Travaux ; Fernier est préparateur des travaux, Robert Levy et Kaiser sont préparateurs des cours. A l'Institut, J. Parisot est assisté de Zuber.

J. Parisot visite l'Allemagne, l'Autriche, la Pologne, la Hongrie, la Yougoslavie, au titre de la Commission d'Hygiène de la Société des Nations. Il reçoit en 1930 dix-huit de ses collègues de cette même Commission ; président de l'Office d'Hygiène sociale de Meurthe-et-Moselle, il leur présente ses réalisations. L'année suivante, le Pr. Pèle de Prague envoie à Nancy des étudiants du Cours d'Hygiène de l'Institut national tchécoslovaque pour un séjour d'information.

P. de Vezeaux de Lavergne ayant succédé à Vuillemin, le poste d'agrégé est vacant en Hygiène. M. Pierre Eugène Marie Melnotte, agrégé au concours de 1933, est nommé à compter du 1er janvier 1934. Il remplacera également V. de Lavergne comme Sous-Directeur de l'Institut sérothérapique.

Cette même année, J. Parisot, membre du Conseil supérieur d'Hygiène publique de France est désigné pour remplacer au Comité d'Hygiène de la Société des Nations le Pr. Léon Bernard dont il était l'adjoint depuis 1929.

Le 6 avril 1934, la Chaire d'Hygiène et de Médecine préventive est transformée en Chaire d'Hygiène et de médecine sociale.

En 1937, Jacques Parisot est élu à la présidence du Comité d'Hygiène de la Société des Nations, succédant au Dr. Madsen, Directeur de l'Institut sérologique de l'Etat danois à Copenhague. C'est à ce titre qu'à la veille de la Seconde Guerre mondiale, il pose la première pierre de l'Institut de Médecine sociale de l'Université de Bruxelles.

En 1940, refusant la défaite, il s'engage dans la Résistance où, là aussi, des charges importantes l'attendent. Choisi pour assurer les responsabilités de Commissaire de la République à Nancy, il est dénoncé, arrêté par la Gestapo, mené au camp de Royallieu, puis au camp de concentration de Neuengamme et enfin à la forteresse de Térézine. Il oppose, aux tracasseries de ses geôliers, hauteur et dignité.

Avec la Libération, J. Parisot retrouve sa place sur la scène internationale et de nouvelles charges locales

En juin 1946, il est membre puis président de la Délégation française à la Conférence mondiale de la Santé des Nations Unies, à New York ou il signe, au nom de la France, l'acte de naissance de l'Organisation Mondiale de la Santé. Il est, aussi, président du Comité technique d'Assistance sanitaire et sociale

Dès 1948, i! est chef de la Délégation française à l'Assemblée Mondiale de la Santé; à partir de 1949, il est chef de la Délégation française au Comité de Santé publique du Pacte de Bruxelles ; il est membre, puis président élu en juin 1951 du Conseil exécutif de l'O.M.S.

En 1949, il est élu Doyen de la Faculté de Médecine de Nancy et pendant six ans il la mènera « d'une main ferme, voire un peu forte, par affection et pour son bien ».

Commandeur de la Légion d'Honneur depuis 1930, Grand Officier du 10 août 1945, il est élevé à la dignité de Grand Croix en 1953.

L'année suivante, il se voit décerner le prix Léon Bernard, « la plus haute distinction que puisse recevoir une carrière vouée à la santé publique et au progrès social » ; il est également nommé Compagnon honoraire du « Royal Sanitary Institute » de Grande-Bretagne.

Mais les années s'écoulent et si le temps n'a guère marqué sa silhouette, ni altéré ses capacités intellectuelles, il n'en est pas moins arrivé à l’âge fixé par les textes pour prendre sa retraite universitaire. Le 24 juin 1955, le Doyen Parisot cesse ses fonctions à la Faculté, mais là seulement.

L'année suivante, il est à la fois, promu au grade de Commandeur dans l'Ordre des Palmes académiques, élu président de la 9e Assemblée mondiale de la Santé, à Genève et il reçoit, à Munich où se tient la Conférence internationale d'Action sociale, le prix René Sand décerné pour la première fois.

Le 2   mars   1957,  la   Faculté  est   réunie  pour  rendre hommage au Doyen honoraire Jacques Parisot   La cérémonie a lieu dans le Grand amphithéâtre qu'il fit  construire et qui porte son nom ainsi, qu'à  son fronton,  ses traits gravés par Crouzat.

Cette méme année, il exerce la présidence du Conseil d'administration de l'Institut national d'Hygiène.

Il mourut, à 85 ans passés, le 7 octobre 1967. Il avait assuré de multiples fonctions au titre de la santé publique, présidant de nombreux Conseils, Comités et Commissions émanant des Ministères de l'Education nationale, de la Santé publique et de la Population, du Travail et de la Sécurité sociale, de l'Agriculture, des Affaires étrangères. Sur le plan international, outre ses fonctions dans les organisations d’ordre gouvernemental, il fut Président d'Honneur de l'Association internationale de Médecine préventive, Président d'Honneur de l'Association internationale d'Education sanitaire, démographique et sociale, etc.

Sa mémoire fut honorée, le 14 février 1968, au cours d'une cérémonie qui se déroula dans le Grand Amphi théâtre de la Sorbonne.

Pour épauler le Doyen J. Parisot lors de cette carrière internationale, il avait à Nancy une équipe de fidèles collaborateurs.

M. Melnotte, agrégé, Sous-Directeur de l'Institut, fut longtemps chargé d'un cours complémentaire d'Hygiène et d'Epidémiologie coloniale ; il sera, en outre, chargé de l'enseignement de l'Hygiène à la Faculté dès l'année 1938-1939. Nommé Professeur à titre personnel en 1953, il sera, deux ans plus tard, nommé titulaire de la Chaire d'Hygiène et de Médecine sociale. Membre du Conseil supérieur d'Hygiène publique de France en 1953, puis Vice-Président de la Section d'Epidémiologie de ce Conseil en 1957, M. Melnotte atteint par la limite d âge devait être admis à la retraite en 1961. Médecin militaire, il avait mené une carrière mixte ; Médecin des Hôpitaux militaires, il fut Médecin-Général Inspecteur de la 1re Armée lors de la Seconde Guerre mondiale.

Autres collaborateurs : Zuber, Chef de Travaux de Bactériologie, déjà en place sous Macé, sera appelé à la retraite en 1945 avec le titre de Maître de Conférences honoraire.

Fernier, Assistant des Travaux, puis chargé des fonctions de Chef des Travaux à l'Institut en 1945, il sera chargé des fonctions d'agrégé en 1946, afin d'assurer le service de M. Melnotte alors en congé.

Il faut citer encore : Rober Levy, préparateur, chargé d'un cours libre à l'intention des Etudiants du Diplôme d'Hygiène, avant la guerre.

André Thomas, pharmacien, étudiant en 5° année de médecine en 1937-1938 quand il est chargé des analyses à l'Institut d'Hygiène. Il sera Assistant à la veille de la guerre.

Midon, pharmacien, délégué Assistant en Hygiène en 1946-1947.

Le 13 avril 1942, le Diplôme d'Hygiène est transformé en Diplôme d'Hygiène et de Médecine sociale ; il est créé, en outre, un Diplôme d'Hygiène industrielle et de Médecine du Travail. Le Docteur Pierquin devait être chargé d'un cours complémentaire d'Hygiène et de Médecine du Travail.

Mais déjà nous n'évoquons plus le passé ; ce sont nos contemporains qui apparaissent.

Le Laboratoire de Bactériologie et Parasitologie a déménagé une nouvelle fois. Sous l'impulsion du Doyen Parisot, on a construit, à la place de locaux industriels achetés par la Faculté, des salles pour les réunions de Sociétés savantes, un foyer décoré de fresques d'Hilaire destiné aux réceptions de la Faculté, et surtout un grand amphithéâtre autour duquel on a disposé des laboratoires : celui de Bactériologie et Parasitologie, mais aussi ceux de Médecine expérimentale. Chirurgie expérimentale. Radio-isotopes, Microscopie électronique.

M. J.R. Helluy, Docteur en Médecine en 1935, licencié ès-Sciences, Chef de Travaux pratiques de Bactériologie et Parasitologie de 1941 à 1950, délégué agrégé de Parasitologie de 1943 à 1946, institué en 1946, Maître de Conférences agrégé en 1949, Professeur sans Chaire en 1952, succède au Professeur V. de Lavergne en 1955.

A cette date, M. Emile de Lavergne vient de réussir à l'agrégation de Bactériologie ; il est Maître de Conférences agrégé après avoir été délégué Chef de Travaux de Bactériologie depuis 1950.

Au laboratoire d'Hygiène, on a construit une vaste annexe. M. Senault, après avoir été pendant cinq ans Assistant des Travaux, est nommé Maître de Conférences agrégé en 1955. Il succède à M. Melnotte, à la tête de la Chaire et à la Direction de l'Institut régional d'Hygiène, en 1961. L'agrégation de 1958 voit le succès de M. G. Debry, Assistant à l'Institut. Il choisira, plus tard, une autre orientation.

En 1963, M. Foliguet est nommé Maître de Conférences agrégé après avcir été Attaché à l'Institut régional d'Hygiène (1958), puis délégué Maître de Conférences d'Hygiène et Médecine sociale (1962).

Cependant, la Faculté de Médecine de Nancy, comme toute l'Université de France, est malade. Malade de son trop grand nombre d'étudiants, de ses locaux étriqués ; malade aussi de la situation qui est faite aux Assistants, Chefs de Clinique, Chefs de Travaux, Agrégés même, véritables subalternes de l'Enseignement ; nombreux, mais sans pouvoir, qui n'ont même pas voix consultative en ce qui concerne les problèmes pédagogiques qu'ils connaissent bien pourtant, par leurs contacts étroits et quotidiens avec la masse estudiantine

Des efforts sont faits ; des postes nouveaux sont créés (la Parasitologie se voit ainsi attribuer un emploi de Chef de Travaux en octobre 1960), on aménage de vieux locaux, on occupe les jardins, les cours, une chapelle même pour y recevoir les Etudiants qui se font de plus en plus nombreux. Et puis un jour de mai 1968, tout vole en éclats.

La Faculté ne put atteindre la date de son Centenaire sous sa forme traditionnelle; le 3 décembre 1970, le Doyen Beau réunit son Conseil pour la dernière fois. En effet, la loi du 12 novembre 1968 avait entériné le renversement des anciennes structures. Les Assemblées constituantes paritaires, qui siégèrent en 1969 et 1970, furent favorables à la création de deux Unités d'Enseignement et de Recherches des Sciences médicales assurant chacune le curriculum des études.

Ces U.E.R. fonctionnèrent dès janvier 1971, sans qu'il y ait une séparation territoriale. Ultérieurement, on a adopté, pour l'enseignement du 2e cycle, la forme « modulaire », ou enseignement intégré de la Pathologie sous forme de certificats consacrés à un appareil ou un organe : par exemple, « certificat des maladies infectieuses et microbiologie appliquée », « certificat Santé publique et pratique générale », réalisant ainsi un vœu qu'émettait la Faculté en mai... 1886 !

Durant ces années, il y eut quelques nominations et promotions : en Hygiène, M. Foliguet devint Professeur sans Chaire en 1971 ; en Bactériologie et Parasitologie, M. Burdin, Chef de Laboratoire et délégué dans les fonctions de Chef de Travaux de 1955 à 1960, Chef de Travaux de Bactériologie de 1960 à 1962, Maître de Conférences agrégé en 1963, fut nommé Professeur sans Chaire en 1973 ; Percebois, Chef de Laboratoire (1959), délégué Assistant (1960) puis Assistant (1961), délégué Chef de Travaux (1962) puis Chef de Travaux de Bactériologie et Parasitologie (1963), admissible à l'agrégation (1965) fut définitivement admis Maître de Conférences agrégé de Parasitologie, en 1970, après qu'un poste fût créé à Nancy.

Des emplois d'Assistants et de Moniteurs apparurent et par le nombre du personnel - encore insuffisant malheureusement - les laboratoires prirent une physionomie nouvelle.

Assurant séparément le curriculum des études, sans pour autant s'ignorer, les deux Facultés (ainsi rebaptisées récemment) s'unissent pour assurer l'enseignement au niveau des Certificats d'Etudes Spéciales dont les programmes et les noms sont modifiés. On parle maintenant des C.E.S. d'« Hygiène et Action sanitaire et sociale », de « Bactériologie et Virologie cliniques » (l'enseignement effectif d'un C.E.S. de Bactériologie remonte à 1965), d'« Immunologie générale » (qui remplace le Diplôme de sérologie), bientôt, de « Diagnostic biologique des maladies parasitaires ». Aux Facultés de Médecine vient, parfois, s'associer la Faculté de Pharmacie.

Un Cycle d'Etudes et de Recherches en Biologie Humaine (C.E.R.B.H.) a été mis en place en 1968 ; il a été créé, en particulier, un certificat de « Bactériologie et Virologie systématique » dans ce cadre.

C'est donc sous une forme binaire que notre Faculté entame son deuxième siècle d'existence après avoir, une fois de plus, surmonté une crise.

A la faculté « A », l'Hygiène et Médecine sociale est confiée au Pr. Senault ; le Pr. Helluy, Professeur de Bactériologie et Parasitologie, est chargé de la Parasitologie (il assure, en outre, la Présidence de l'Université I) ; le Pr. Burdin est responsable de la Bactériologie-Virologie.

A la Faculté « B » ou Bernheim, le service d'Hygiène et Médecine sociale est dirigé par le Pr Foliguet ; le Pr Emile de Lavergne assure l'enseignement de Bactériologie-Virologie-Immunologie ; enfin, le Pr agrégé Percebois est responsable de la Parasitologie-Mycologie.

Les travaux des laboratoires d'Histoire naturelle et d'Hygiène ont, de tout temps, été destinés de préférence à des revues spécialisées. Toutefois, certains d'entre eux furent présentés à la Société de Médecine et publiés dans la Revue médicale de l'Est dès son origine.

Ainsi, Engel dont les recherches furent surtout présentées devant la Société des Sciences de Strasbourg puis de Nancy, collabora en 1874 à la Revue médicale en y résumant les découvertes sur la biologie, l'anatomie et la classification des vers nematoïdes.

Legrain, préparateur de Macé au laboratoire d'Histoire naturelle, participe au diagnostic biologique de cas présentés par Schmitt par Bernheim, par Heydenreich, en 1887-1888. Cette dernière année, il publie ses observations sur une septicémie gangreneuse des Grenouilles, sur les caractères d'un Streptocoque vaginal, sur le diagnostic du Gonocoque sur le bacille rouge de Globig. En 1889, avec Simon, il rapporte un cas d'erythème infectieux, puis il étudie une levure du mucus vaginal.

Potron, alors ancien Chef des Travaux, fait part de ses recherches personnelles par l’intermédiaire de la Revue : en 1904,l'intoxication par les champignons, en 1911, un cas de mycose (observé avec Noisette) et une adénite à E. albicans, en 1913, une pyodermomycose par Nocardia étudiée avec Thiry et un cas de Saccharomycose pulmonaire.

Gruyer présente, avec Spillmann, une sporotrichose à la Société de Médecine. Jannin publie, en 1912 avec J. Parisot, un cas de dysenterie à Lamblia, en 1913, une note sur Mycoderma pulmoneum ; il présente à la Société de Médecine un deuxième cas de lambliase (avec Hanns) et une mycose trichophytoïde (avec L. Spillmann) en 1913.

Ph. Lasseur publie, avec Thiry, en 1913, « la Doctrine des Anticorps », avec Servet, en 1922, sur quelques agents de blastomycose. Il fera encore le diagnostic biologique de la publication de Watrin et coll. en 1946 : « Blastomycose de Gilchrist ».

Vuillemin avait remis quelques articles à la Revue : radiations et maladies, en 1894, l'espèce et la détermination des parasites, en 1902, recherche des organismes étrangers dans l'urine, en 1903, le Lauréat du Prix Nobel de Physiologie et de Médecine, en 1908, la situation des Agrégés des Facultés de Médecine, en 1914, spirochètes et spirochètoses, en 1919, remarques sur les mycétomes, en 1920, Pasteur et la Biologie, en 1923, que sont devenus les Helminthes?, en 1925, l'agent de la scarlatine, en 1928, enfin, inframicrobes et symbioplasmes en 1931.

De 1897 à 1924, le nom de G. Thiry apparaît fréquemment dans les pages de la Revue médicale de l'Est, soit comme auteur, soit comme responsable de diagnostics biologiques.

Ainsi, en 1897, il isole un pneumocoque d'une infection purpérale rapportée par Schuhl, en 1898, il décèle une actinomycose, puis en 1899, une septicémie strepto-diphtérique avec Braun. On le retrouve à l'origine de la découverte d'actinomycoses en 1900, 1901, 1902, avec André, en 1901, avec Vilhelm et Jacques. De même, en 1903, il est l'auteur de plusieurs diagnostics biologiques et il traite du « diagnostic de quelques microorganismes chromogènes rouges ». En 1904, il signe avec Février une note sur des « urines filantes et gélatineuses par hydatide » et participe au diagnostic d'une psittacose rapportée par Vilhelm. En 1906, avec Savoff, il identifie l'agent fongique d'une langue noire, rapportée par Perrin, et Blum. Il fait la bactériologie de lésions des membranes de l'œuf présentées par Fruhinsholz à la Société de Médecine en 1907 ; il décèle le Bacille d'Eberth, le Pneumocoque, de cas présentés à la Société en 1908. En 1909, il est l'auteur de plusieurs diagnostics biologiques dont un cas de Sporotrichose publié par Hadot. En 1910, il pratique la séro-agglutination du bacille d'Eberth pour J. Parisot et Hanns. Il diagnostique des cas de sporotrichose pour Gross et Heully, pour Michel également, en 1911,   un  cas de  pseudo-parasitisme,  avec  Perrin,  en 1912.

En 1913, il traite dans la Revue des Ankylostomoses au Brésil, des règles d'hygiène dans une usine d'incinération des ordures, du rapport diphtérie aviaire-diphtérie humaine (avec Perrin), de la doctrine des anticorps (avec Lasseur), il présente à la Société de Médecine : un cas « d'acremoniose potronii » avec Michel, un rapport sur la fréquence des kystes hydatiques en Lorraine avec Etienne, d'autres avec Perrin sur la fréquence des helminthiases dans les mines de fer en Lorraine, sur l'anguillulose stercorale dans ces mines, sur les moyens de défendre la Lorraine contre les parasites exotiques, sur le traitement des oxyures, et avec Jeandelize, sur un abcès à Staphylocoque de la cornée.

Après la guerre, sa participation se fit rare ; en 1922, il présente à la Société de Médecine un cas de paludisme autochtone à P. falciparum avec Perrin, il détermine les parasites dans 29 cas de paludisme autochtone présentés par Etienne ; en 1924, il fait le diagnostic biologique de deux cas de Nocardiose oculaire publiés par Verniet et Bretagne.

De même, le Professeur de Vezeaux de Lavergne, bien qu'ayant fait paraître la majeure partie de son œuvre ailleurs, a réservé un certain nombre d'observations et d'expérimentations pour la Société de Médecine et la Revue médicale de Nancy : en 1924, avec le Médecin-Inspecteur Merlat, une épidémie de méningococcie dans des garnisons lorraines ; en 1925, avec Florentin, une fusospirochétose à localisation rectale ; avec Perrier, la spirochétose hémorragique, avec Michel et Abel, l'étiologie de l'appendicite gangreneuse. En 1926, à la Société de Médecine, avec Mathieu, un cas de gangrène à B. sporogenes ; avec Simon l'amibiase hépatique et l'émétine. En 1928, avec Michel et Kissel la méningite ourlienne primitive.

En 1934, il est l'auteur du diagnostic biologique d'une publication de Richon, Kissel et Lepoire sur les septicémies mortelles à B. fragilis.

Il publie encore, en 1937, avec Helluy et Accoyer, trois cas de spirochétose méningée ; en 1938, avec Helluy, le traitement de la méningite à méningocoque ; en 1939, méningite tuberculeuse et oreillons ; en 1946, avec Helluy et d'autres, la spirochétose méningée, le botulisme.

En 1947, il fait part de considérations spéculatives sur les circonstances d'apparition de la poliomyélite. En 1949, avec Helluy, du traitement des brucelloses ; avec Helluy, Pierquin, Beurey, Pierson, du diagnostic biologique de la tularémie, ainsi qu'un rapport sur l'épidémie lorraine de tularémie, en 1950 ; avec Michel et les précédents, sur l'histologie et la cytologie du ganglion tularé-mique, en 1951.

Lienhart publia avec P. Michon, en 1946, une observation de lésions dermatologiques déterminées par les piqûres de la Simulie ornée.

M. Helluy, outre les travaux publiés en collaboration avec P. de Vezeaux de Lavergne, rapporte dans trois articles, parus dans la Revue en 1946 et 1947, les observations biologiques et cliniques de 170 cas de Typhus exanthématique au camp de Neckargerach, bagne allemand dépendant de Natzviller où il fut déporté. En 1949, il décrit une épidémie autochtone d'amibiase en Meurthe-et-Moselle avec J. Bassot ; en 1950. avec Schwartz, sept cas de Giardiase ; en 1963, avec quelques collaborateurs, un aspergillome déterminé par AspergilIus nidulans.

M.E. de Lavergne rapporte, en 1953, une septicémie à Faecalis alcaligenes étudiée avec J.B. Dureux et J.C. Burdin ; avec ce dernier, il démontre, la même année, l'apparition de Proteus dans les selles de sujets soumis aux antibiotiques. En 1955, avec Schmitt et Burdin, il rapporte l'observation de deux types différents de Staphylocoque chez un même malade. Avec Boulangé, Burdin et d'autres, il applique le test de Coombs à la recherche des anticorps incomplets dans la brucellose, en 1956 ; cette même année, il étudie les colibacilles des gastroentérites infantiles avec N. Neimann, M. Pierson et J.C. Burdin. Il présente, avec divers collaborateurs, l'épidémie de poliomyélite en 1957, quatre cas de néo-rickettsiose, en 1959, les résultats de la vaccination anti-poliomyélitique en 1960, il fait le bilan des virus isolés dans son laboratoire de 1958 à 1962 (publié en 1962) puis de 1962 à 1964 (publié en 1966). Il publie une épidémie de méningites à Coxsackie B 5, en 1963, sur les anticorps du L.C.R. au cours des oreillons, avec Burdin en 1964, sur le virus de la rubéole dans la population lorraine (1969), sur les mycobactéries atypiques, avec Burdin (1968) et un cas de tuberculose pulmonaire à M. kansasii (1970). En 1971, il est l'auteur avec Foliguet et d’autres d’un travail sur la réaction de fixation du complément dans la brucellose, il étudie l'activité de la Rifampicine sur 42 souches de Mycobactéries atypiques, enfin, il présente les aspects biologiques de l'infection tuberculeuse. La standardisation du séro-diagnostic de Wright (avec Foliguet et Burdin) fait l'objet d'un article en 1972 ; le rôle de Mycoplasma hominis type I est présenté en 1973 ; enfin, terizidone et cyclosérine sont testées sur les mycobactéries, en 1974. A signaler encore un article consacré à Charles Nicolle, à l'occasion du centième anniversaire de sa naissance, en 1966.

J.C. Burdin, en plus des communications publiées avec E. de Lavergne, étudie avec divers collaborateurs l'action du « Furoxant » sur des entérobactéries et le Pyocyanique (1964), une pneumopathie à Serratia marcescens (1965), une épidémie hospitalière à Salmonella panama (1968), un cas de méningite à B. pumilus (1969); en 1971, l'intérêt d'une préparation nouvelle pour la désinfection des mains, en 1972, un nouveau cas d'endocardite à Bacille du Rouget du Porc, la standardisation du sérodiagnostic de Wright (avec Foliguet et de Lavergne), la sensibilité du pyocyanique à la Carbenicilline.

G. Percebois a publié avec différents collaborateurs dans les Annales de Nancy : en 1963, sur un état septicémique à C. albicans puis à Klebsiel/a, sur un aspergillome à A. nidulans ; en 1964, avec Burdin, sur le « Furoxane», sur l'activité comparée de 23 antibiotiques antistaphylococciques, sur l'antigène de Reiter. En 1966, il détermine la sensibilité de 100 souches de C. albicans à un nouvel antifongique : la Pimaricine ; il expose, en 1968, le pouvoir pathogène de Toxocara canis ; il essaie d'évaluer le rôle de Giardia Intestinalis en 1969; en 1970, il décrit diverses levures du genre Candida isolées par hémocultures et il participe à l'expérimentation d'une suspension d'Amphotéricine B ; il expose, en 1971, quelques faits récents de Parasitologie, ainsi que le rôle des Acariens en allergologie ; en 1972, il rapporte successivement, l'isolement de Dernialophagoides pteronyssinus, l'existence de dermatophytes dans les piscines ; il publie sur T. mentagrophytes, sur M. gypseum et en 1973 et 1974, sur des cas de cryptococcose, sur C. albicans, sur la toxoplasmose en Afrique noire ; il a fait paraître également deux articles touchant à l'Histoire de la Faculté de Médecine : « le Professeur Vuillemin », en 1972, « les Bulgares et la Faculté au XIXe siècle », en 1974.

Poincaré, dans une longue lettre adressée au Rédacteur de la Revue médicale de l'Est, relate, en 1878, les travaux du 3e Congrès international d'Hygiène ; parmi d'autres participations, il faut citer ses très intéressants articles consacrés à la fièvre typhoïde en 1882 et, en 1891, le très complet historique des fièvres typhoïdes observées dans l'Est de la France depuis 1815.

Les préparateurs de Macé, plus que Macé lui-même, collaborèrent à la Revue. Bisot rapporte, avec L. Richon, une septicémie à streptocoque à la Société de Médecine en 1907. Jacquot, avec Haushalter, présente des membranes diphtériques devant la Société de Médecine, en 1912 ; il est l'auteur du diagnostic biologique de deux septicémies après otite publiées par Coulet et Guillemin la même année ; en 1913, il présente, avec Simon, cinq cas de méningite à méningocoque à la Société de Médecine.

Jacques Parisot publiera avec quelques collaborateurs, en particulier avec Robert Levy, dans la Revue des années 1931-1932 les résultats obtenus par l'emploi de la réaction de Verne à la résorcine ; il exposera devant la Société de Médecine en 1932 et aussi en 1935, son expérience de la brucellose en Lorraine.

On doit, à M. Melnotte, en 1935, la présentation à la Société de Médecine d'un ictère grave spirochétosique (avec Accoyer), d'un cas de paludisme secondaire (avec Tabellion). Il publie en 1938, un cas curieux d'ascaridiose ; en 1939, avec Thomas, la chimiothérapie antibactérienne ; en 1949, avec Chalnot et Lochard cinq observations d'amibiase hépatique. En 1950, il attire l'attention dans la Revue, sur les méfaits du séro-diagnostic de Widal classique, sur le traitement de l'amibiase, sur les abcès amibiens du foie (avec Bonnet). Il relate en 1951, un cas de typhus historique ; il écrit, en 1954, sur l'hépatite à virus. En 1955, avec Fernier, il expose l'amibiase des rapatriés et rapporte un cas de méningite à pneumocoque. En 1957, il publie un cas de fièvre Q et le premier cas lorrain de fièvre boutonneuse ; il est préoccupé, également, par l'épidémie de poliomyélite. En 1958, il présente, avec Nivierre et Debry, de nouveaux cas de fièvre Q ; enfin, en 1964, avec Foliguet et Canton, il donne un texte sur les méningococcies.

De Zuber, la Revue médicale de l’Est avait rapporté, en 1919, les observations concernant le méningite cérébrospinale ; en 1920, un cas probable de tuberculose équine transmise à l'homme; en 1923, une observation de dysenterie amibienne (avec Perrin et Rémy).

Robert Levy rapportera, à la Société de Médecine en 1934, 1935, 1937, des cas de brucellose avec N. Neimann, avec G. Levy, avec Arnoux.

M. Senault rapporte ses résultats de détermination de la résistance du bacille de Koch à la streptomycine, en 1951 ; avec M. Melnotte, il expose la réaction de Middlebrook-Dubos, en 1953 ; il publie avec M Melnotte et Mourey en 1954, sur l'histoplasmose de Darling, et, en 1955, sur l'indice histoplasrnique chez des Nord-Africains. La même année, il expose, avec M Melnotte et Der Katchadourian, le dépistage de l'infection brucelli que des laits en Meurthe-et-Moselle.

M. Foliguet relate deux observations de paludisme viscéral à PI. vivux chez des rapatriés d'Afrique du Nord en 1963 la biologie des méningococcies, avec M. Melnotte, en 1964. Il expose le diagnostic de la brucellose par réaction de fixation du complément (avec E de Lavergne et d'autres) en 1971, la standardisation du séro-diagnostic de Wright (avec E de Lavergne et Burdin) et deux épidémies de virus Echo 9 et Coxsackie B 2, en 1972.

Cette énumération témoigne de l'effort de solidarité manifesté au sein de la Société de Médecine de Nancy par tous ses membres ; elle montre aussi la collaboration constante des cliniciens et des biologistes au cours du premier siècle d'existence de la Revue médicale de l'Est, puis Revue médicale de Nancy, devenue les Annales médicales de Nancy Pour ces raisons, elle méritait d'être établie, bien que n'étant qu'un reflet partiel de l'activité des laboratoires.

On ne peut évoquer l'Histoire des Chaires à vocation microbiologique sans être amené à rappeler l'origine et le développement des Laboratoires de Microbiologie des Hôpitaux de Nancy.

Les cliniciens du XIXe siècle ressentirent la nécessité de créer des laboratoires dans les hôpitaux, et bientôt, le législateur répondit à leur désir.

Un arrêté ministériel du 14 mars 1873 institue des laboratoires dans les hôpitaux ou la faculté pratique un enseignement clinique... mais ce texte n’a en vue que Paris. Immédiatement, les Facultés de Province réagissent ; à Nancy, les Chefs de Service transférés allèguent qu'à Strasbourg un tel laboratoire existait, dirigé par Hepp. Montpellier joint ses protestations à celles de Nancy, et comme son Doyen est aussi membre de l'Assemblée nationale, il obtient plus facilement l'application du même régime à toutes les Facultés.

Une victoire aussi rapide embarasse Nancy, où les Hospices ne disposent pas d'un local vacant. Comme à cette époque, on n'envisageait que les analyses physico-chimiques et chimiques, le laboratoire des Cliniques est annexé, provisoirement, au laboratoire de Chimie physiologique et pathologique de la Faculté, dirigé alors par Ritter.

Cependant, la Bactériologie, en plein développement, retient l'attention de certains cliniciens. Ainsi, Paul Spillmann, dès 1882, recherche le bacille que vient de découvrir Koch. Cinq ans plus tard, il charge son Chef de Clinique, Haushalter de créer un laboratoire dans son service. De 1887 à 1892, Haushalter organisera et animera ce laboratoire de Bactériologie clinique. Il fera connaître le fruit de son expérience clans une Conférence annuelle de « Bactériologie appliquée à la Clinique » dont, agrégé, il sera chargé pendant plusieurs années. Il sera secondé, à partir de 1893-1894 par G. Etienne. Ce dernier, mettant à profit une épidémie de Fièvre typhoïde, expérimentera le séro-diagnostic de Widal, utilisant une souche de bacille d'Eberth, remise par Widal lui-même.

La Revue médicale de l'Est témoigne de l'activité fébrile déployée, dans ce domaine, par Spillmann, Haushalter et Etienne en cette fin du XIXe siècle.

Un laboratoire de Bactériologie des Cliniques, pendant du laboratoire de Chimie des Cliniques, est demandé. Il sera créé en 1886, mais à la Faculté de Médecine. Or, depuis 1883, on a ouvert le Nouvel Hôpital et il n'est guère commode d'avoir à transporter les prélèvements des cliniques à la Faculté située à deux kilomètres de là. C'est, d'ailleurs, en arguant de cet inconvénient que l'on obtint, au même moment, le transfert du laboratoire de Chimie des Cliniques de la Faculté à l'Hôpital ! Mais cette solution devait être impossible à réaliser pour la Bactériologie.

On installe donc, étuves, stérilisateurs, microscopes, dans un local de la Chaire d’Histoire naturelle. Legrain, sous la direction de Macé, sera le principal artisan de ce laboratoire qui fonctionne d'emblée. Et pourtant, officiellement, personne n'est chargé des analyses, personne n'en assure la direction. Dès 1892, et pendant de nombreuses années, la Faculté demandera la création d'un emploi de Directeur du Laboratoire de Bactériologie des Cliniques, comme il existait un emploi similaire pour le Laboratoire de Chimie des Cliniques.

En 1894, le laboratoire de Bactériologie se rapproche de l'hôpital grâce à l'ouverture de l'Institut anatomique où il s'installe.

L'année suivante, la Faculté demande, cette fois, la création d'un emploi de Directeur du Laboratoire d'Anatomie pathologique des Cliniques. En effet, le Chef des Travaux d'Anatomie pathologique est surchargé ; il doit assurer ses fonctions d'enseignant mais aussi pratiquer les autopsies et faire les examens d'anatomie et d'histologie pathologiques pour les besoins cliniques. On suggère de le soulager en chargeant un Directeur du Laboratoire d'Anatomie pathologique, des autopsies, des analyses anatomiques et histologiques et aussi de la bactériologie. Un crédit de 1500 F se trouve d'ailleurs disponible : celui de l'emploi de Chef des Travaux d'Histoire naturelle supprimé par la réforme des études médicales.

En 1899 seulement, la Faculté obtient le traitement pour un Directeur du Laboratoire d'Anatomie pathologique et Bactériologie, non de l'Etat mais du Conseil des Facultés (Fondation d'Université). D'autre part, les Hospices ne peuvent accorder un local pour ce Laboratoire tant désiré ; quant à la Faculté, elle ne dispose pas de crédits suffisants pour installer et faire fonctionner un tel laboratoire. On a recours, alors, à la solution des délégations provisoires, renouvelables, en faisant appel à Hoche, Chef des Travaux d'Anatomie pathologique, pour assurer les analyses de sa spécialité, et à Thiry, préparateur en Hygiène, qui sera chargé des analyses bactériologiques.

En 1902, le titre de Directeur de Laboratoire des cliniques n'a plus cours. A cette date, Thiry est nommé Chef de Laboratoire de Bactériologie des Cliniques. Il le restera pendant de nombreuses années.

Pendant ce temps, certains équipent leur Service pour effectuer eux-mêmes des analyses. Etienne, suivant l'exemple de ses Maîtres, est un des premiers à avoir un laboratoire de biologie attaché à son Service, où il peut faire des recherches physiques, chimiques, bactériologiques, sérologiques. On l'y trouvait « l'œil rivé à son microscope au milieu d'un magnifique désordre créé par l'entassement des pièces anatomiques et des animaux d'expérience ».

En 1908, un petit laboratoire d'histologie et de bactériologie courantes est adjoint à la Clinique d'Orthopédie et de Chirurgie infantile par Froelich, agrégé, chargé de clinique.

Après la Première Guerre mondiale, on assiste à une multiplication des emplois de Chef de Laboratoire des Cliniques. A côté de Thiry, toujours Chef de Laboratoire de Bactériologie, on trouve en 1921, un élève de G. Etienne, Marcel Verain, Chef de Laboratoire de Clinique médicale, Hirtzmann, Chef de Laboratoire de la seconde Clinique médicale, Abel, Laboratoire des maladies de l'enfance, Aubriot, O.R.L.

En 1923, leur nombre s’accroît de deux : un poste de Chef de Laboratoire est créé en Urologie (Colson) et un autre en Ophtalmologie (Bretagne). La Faculté assure le traitement de l’un, l'Université prend l'autre en charge.

En 1926, il y a neuf Chefs de Laboratoires ; en outre, il existe à l'Hôpital Fournier un Laboratoire régional de Sérologie (V. de Lavergne).

En 1934, le Doyen Spillmann, en accord avec l'Administration des Hospices, tout en maintenant les Laboratoires des Services, met sur pied un Laboratoire central des Cliniques, plus étoffé, dirigé par le Docteur Verain. En outre, travaillent dans ce laboratoire, M. Harmand, interne, un ingénieur-chimiste (alors Chilouet) et deux internes en Pharmacie.

A la même époque, M. Kissel a remplacé Thiry, M. Grimaud est Chef de Laboratoire en O.R.L. (depuis 1932), M. Créhange est Chef de Laboratoire en Dermatologie (1935), etc. Certaines de ces fonctions sont attribuées sur fond d'Etat d'autres sur fond d'Université, d'autres en partie sur fond d'Université et en partie par des subventions des Hospices.

Le Laboratoire Central des Cliniques, par vocation et sous l'impulsion du Dr. Verain. prend une ampleur considérable. Il est bientôt le seul, ou presque à assurer toutes les analyses du Centre hospitalier. En 1942, deux laboratoires sont officiellement conservés : le Laboratoire central et celui des « voies urinaires ».

Le Professeur Michon succède au Dr. Verain en 1954, avant d'accéder à la Clinique médicale et d'être remplacé par le Professeur E. de Lavergne, en 1956.

Installé dans un bâtiment réalisé par le Docteur Verain peu avant son départ et qui semblait, alors, trop vaste, le personnel du Laboratoire central croît rapidement par suite de l'augmentation importante et régulière des demandes d'analyses.

La spécialisation des Laboratoires des Cliniques s'impose. Successivement, l'Anatomie pathologique, la Chimie puis l'Hématologie s'individualisent. En 1968, il ne reste, groupées sous la direction du Pr. de Lavergne, que les seules disciplines appartenant à la Microbiologie. Le laboratoire prend le nom de Laboratoire central de Microbiologie.

En avril 1970, avec l'ouverture de l'ancien hôpital américain Jeanne-d'Arc à Dommartin-lès-Toul, partie intégrante du Centre Hospitalier de Nancy, il est créé, à la fois, un second laboratoire de Microbiologie et un emploi de Chef de Service pour ce laboratoire (Pr. Burdin).

L'extension du Centre Hospitalier au plateau de Brabois s'accompagne de l'ouverture d'un Laboratoire de Microbiologie spécialisé en Virologie, Immunologie et Myco-bactéries, dirigé par le Pr. de Lavergne, et de la création d'un Laboratoire d'Hygiène hospitalière dont le Chef de Service est le Pr. Foliguet. Les anciens locaux occupés il y a vingt ans environ par le Laboratoire central des Cliniques sont réservés, alors, au seul Laboratoire de Bactériologie des Cliniques (Pr. Burdin), un troisième Laboratoire de Microbiologie persistant à l'Hôpital Jeanne-d'Arc.

L'objectif que visaient nos Anciens se trouve aujourd'hui atteint pleinement. Sciences fondamentales et pratique médicale sont intégrées dans la plupart des cas ; la Faculté et l'Hôpital s'interpénétrent.

Demain, la Chaire de Bactériologie et Parasitologie ainsi que la Chaire d'Hygiène et Médecine sociale, comme l'ensemble des Facultés de Médecine de Nancy, rejoindront sur le plateau de Brabois les établissements de médecine préventive et de médecine curative sans lesquels elles ne sauraient exister.