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BREVE HISTOIRE DE LA MEDECINE A NANCY

1572

Le pape Grégoire XIII signe la bulle "Supereminenti" qui crée l'Université de Pont-à-Mousson dont l'organisation est confiée à la Compagnie de Jésus. L'enseignement de la Médecine commence seulement en 1592 lorsque Toussaint Fournier reçoit l'autorisation de donner des leçons à son domicile. C'est l'illustre Charles Le Pois qui est nommé premier professeur et premier Doyen de la jeune Faculté en 1598. Très vite l'Université Lorraine et sa Faculté de Médecine, grâce au rayonnement de Charles Le Pois, acquièrent une grande renommée et attirent de nombreux étudiants. Cette période heureuse est interrompue par l'épidémie de peste et les combats de la guerre de 30 ans. L'Université ouvre à nouveau en 1641 sans toutefois retrouver entièrement son lustre passé. La Faculté de Médecine éprouve quelques difficultés passagères, notamment, pour reconstituer le corps de ses professeurs mais reprend peu à peu ses activités. On sait relativement peu de choses sur l'organisation des études dont la durée était de trois années sanctionnées successivement par le baccalauréat, la licence et le Doctorat en Médecine. 

1752

Le roi Stanislas cédant à la demande pressante des médecins de Nancy et notamment du docteur Charles Bagard - bien aidé par le médecin personnel de la famille ducale, le suédois Casten Rönnov, crée le Collège Royal de Médecine, d'abord installé rue Sainte Catherine puis dans le pavillon ouest de la place Stanislas (actuel Musée des Beaux-Arts) et doté d'un jardin botanique proche (rue Sainte Catherine). Le Collège a plusieurs missions : veiller au bon déroulement de l'exercice de la Médecine selon des règles strictes, organiser des réunions scientifiques médicales, assurer une tâche d'enseignement, mettre en place des consultations gratuites pour les défavorisés… etc. Ch. Bagard est un président qui jouit d'une grande autorité et exerce une influence considérable. Comme on pouvait s'y attendre, les conflits avec la Faculté ne manquèrent pas de surgir. L'arrêté de Stanislas de 1753 portant association du Collège et de la Faculté n'améliore guère cette situation conflictuelle.

1768

Après la mort de Stanislas et le rattachement de la Lorraine ducal à la France, les jésuites sont chassés et près de deux siècles après sa création, la Faculté de Pont-à-Mousson est transférée à Nancy. Ce transfert met fin à une longue période de demandes exprimées par les Nancéiens et à une vigoureuse résistance des Mussipontains qui vont subir, sur le plan économique, les conséquences du départ de leurs professeurs et surtout de leur population estudiantine.  La Faculté est bien accueillie par le Collège dans son pavillon de la place Royale avant de s'installer dans ses propres locaux place de Grève (actuelle Bibliothèque Municipale), mais les tensions restent vives entre eux. Nicolas Joseph Jadelot publie, en 1773, le célèbre traité d'Anatomie : "Cours complet d'anatomie peint et gravé en couleurs". Pendant ce temps, le Collège Royal continue à contrôler l'activité médicale. 

1770

La création du Collège Royal de Chirurgie par Louis XV tend à mettre fin à d'innombrables querelles entre médecins et chirurgiens et surtout donne de nouvelles règles à l'exercice de ces derniers. Nancy possède alors trois établissements d'enseignement médical tandis qu'à Metz a été créée en 1773 l'école de Santé Militaire qui sera fermée en 1856 pour des raisons politiques. Au cours de ses 118 années d'existence cette école eut une excellente réputation et compta nombre de professeurs de grande notoriété

1793

La cohabitation des établissements prend fin en 1793, année où, par décret de la Convention "… les Facultés de Médecine… sont supprimées sur toute la surface de la République…" 

1796

Quelques membres des anciens Collèges créent l'éphémère Société de Santé qui a, entre autres objectifs, celui de dispenser un enseignement de la médecine tandis que se met en place un véritable enseignement privé, notamment par J.B. Simonin, A. de Haldat… Chacun des professeurs est lié par contrat à ses élèves auxquels il s'engage à apprendre l'art de soigner. Cette véritable "école libre" de médecine formera le "noyau" de l'école secondaire de Médecine de Nancy créée en 1822.

1822

Avec deux ans de retard par rapport à une vingtaine d'autres villes est donc créée l'école secondaire qui devient en 1843 école préparatoire de Médecine et de Pharmacie, transférée en 1862 dans le palais de l'Académie, place Carnot. Ainsi se trouve mise en place une structure officielle d'enseignement mais celle –ci ne forme que des officiers de santé. Trois facultés de médecine existent alors en France, Paris, Montpellier et Strasbourg. Elle annonce toutefois les structures actuelles d'enseignement, placée sous tutelle du pouvoir central, préfigurant les écoles et facultés à venir et formant des Docteurs en Médecine et des Officiers de Santé. On voit peu à peu se mettre en place des structures qui annoncent celles de nos actuelles Facultés

1872

Au lendemain de la guerre de 1870, Strasbourg n'est plus en territoire Français. Sa Faculté de Médecine avec l'Ecole Supérieure de Pharmacie est, après bien des péripéties, transférée à Nancy avec une grande partie de son corps professoral assemblé derrière le Doyen Stoltz. La nouvelle Faculté est inaugurée le 19 novembre 1872 soit six semaines seulement après que  A. Thiers ait signé le décret du "transfèrement". Elle est installée dans les locaux de l'Ecole Préparatoire de Médecine vite trop exigus, puis transférée dans les nouvelles constructions de la rue Lionnois : l'Institut Anatomique inauguré en 1893, puis dans l'Institut dit de Physiologie. Parallèlement est édifié l'Hôpital Central qui augmente notablement les ressources hospitalières nancéiennes, représentées alors essentiellement par l'Hôpital Saint-Charles et l'Hôpital Saint-Léon aménagé hâtivement à partir du dépôt de mendicité en 1873. Nancy est située à quelques kilomètres seulement du front des hostilités, lors de la bataille du "Grand couronné" en 1914. Faculté et Hôpitaux adaptent leur fonctionnement aux nécessités du moment. Le 16 avril 1920 une citation à l'ordre du pays vient reconnaître: "la Faculté de Médecine a donné l'exemple de l'énergie constante, du courage tranquille et du devoir quotidien modestement accompli".

1940-1945

La Faculté, en partie réquisitionnée par les Allemands, dispense régulièrement son enseignement. Certains de ses membres, étudiants et professeurs, participent activement à des réseaux de Résistance; plusieurs d'entre eux sont déporté (notamment le doyen de l'époque, Maurice Lucien, Paul-Louis Drouet, Jacques Parisot, Joseph Helluy ).

1945-1947

Après la fin de la dernière guerre l'émergence rapide de nouvelles disciplines modifie peu à peu et profondément les structures hospitalières et de l'enseignement. Le nombre des étudiants augmente. Il faut procéder à de nouvelles constructions. L'ordonnance Debré du 30 novembre 1958 crée les Centres hospitalo-universitaires (C.H.U.) et induit une véritable mutation dans l'organisation de la Faculté et des Hôpitaux et dans leurs rapports respectifs. L'Hôpital de Brabois est inaugurée en 1973. La Faculté quitte la rue Lionnois pour le plateau de Brabois en 1975.   Les étudiants sont répartis dans les Hôpitaux de la région Lorraine. Le stage chez le praticien est institué. Depuis presque trente ans, conscience est prise de la nécessité de créer une formation médicale continue. Ainsi va naître l'Institut Lorrain de Formation Médicale Continue dirigé, à parité, par des Universitaires et des Praticiens, et dont l'organisation a fréquemment été donnée comme exemplaire. Ainsi s'est tissée, au plan de l'enseignement, une étroite collaboration entre tous les membres de la communauté médicale lorraine.

 

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Charles LEPOIS (1563-1635)          Charles Bagard (169-1772)          Jean-Baptiste Simonin (1750-1836)   Joseph Stoltz (1803-1896)   Grand sceau de la Faculté de Pont-à-Mousson

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Les grandes figures de la médecine à Nancy

Professeurs décédés

Il est difficile de dégager les figures de proue des professeurs de la Faculté de médecine de Nancy depuis son origine en 1872. On peut distinguer un peu systématiquement les écoles consacrées à une discipline, ou à un groupe de disciplines proches et complémentaires, qui ont marqué à Nancy et qui furent largement reconnues à l'échelon national et même international.

La plus connue, bien qu'éphémère, dénommée «  Ecole de Nancy  », à tel point qu'elle est parfois confondue avec l'école artistique de Nancy… est l'école hypnologique de Nancy créée par le Professeur de Clinique Médicale Hippolyte Bernheim à la suite des travaux du médecin nancéien Liébeault. S'élevant contre les conceptions de l'école de la Salpêtrière de Charcot, Bernheim qui était par ailleurs un excellent médecin interniste, en particulier dans les domaines actuels de la cardiologie et de la neurologie, est vraiment le maître de la psychosomatique, de l'hypnose et de la suggestion. Il groupe autour de lui des médecins (dont le physiologiste Henri Beaunis), et reçoit la visite de Freud encore inconnu.

Une autre école, également connue sous le nom d'Ecole de Nancy et qui durera plus d'un siècle, est l'école morphologique. Elle associe anatomistes et histologistes sous l'impulsion initiale de Charles Morel. Elle regroupe en anatomie Adolphe Nicolas, Paul Ancel, Maurice Lucien et en histologie Auguste Prenant, Pol Bouin, Remy Collin. Leurs recherches ont porté sur les glandes endocrines : parathyroïdes, hypophyse, glandes sexuelles (corps jaune de l'ovaire, glande interstitielle du testicule), le système nerveux, l'appareil pulmonaire. Ils ont créé l'Association des anatomistes et la Fédération internationale des anatomistes à Nancy à partir de 1899. Nicolas et Prenant seront nommés à Paris, en 1907et Ancel et Bouin iront à Strasbourg pour fonder la nouvelle faculté de cette ville en 1919.

Elle sera complétée et enrichie par l'école endocrinologique clinique qui regroupe, outre les morphologistes déjà nommés, les physiologistes, Paul Jeandelize futur ophtalmologiste, puis Daniel Santenoise et les cliniciens Jacques Parisot et Paul-Louis Drouet.

L'école obstétricale, héritière de la tradition strasbourgeoise ( Joseph Stoltz, François-Joseph Herrgott et Alphonse Herrgott, son fils) va s'affirmer sous la direction d'Albert Fruhinsholz qui créera la maternité Adolphe-Pinard la plus moderne d'Europe à l'époque, en 1929. Il réalisera une importante œuvre obstétricale et sociale que continueront ses élèves Vermelin, Hartemann, Richon.

Les écoles chirurgicales furent marquées par de fortes ersonnalités : Albert Heydenreich, Théodore Weiss et Aimé Hamant, auteurs de mémorables travaux sur la plaie de guerre, le doyen Frédéric Gross et Louis Sencert, ce dernier pionnier de la chirurgie gastro-œsophagienne et vasculaire, Gaston Michel intéressé par les traumatismes du rachis, Alexis Vautrin orienté surtout vers la chirurgie gynécologique et précurseur de la lutte anti-cancéreuse, Paul André créateur de la spécialité d'urologie à Nancy, René Froelich et Paul Bodart pour la chirurgie infantile. Mais il faut surtout retenir les maîtres plus récents : René Rousseaux et son élève Jean Lepoire, créateurs de la discipline neurochirurgicale, Pierre Chalnot créateur à Nancy de la chirurgie thoracique et cardiaque, Jacques Michon qui autonomisera la chirurgie de la main, Maurice Gosserez fondateur de l'école de chirurgie maxillo-faciale.

Une autre école est celle de la médecine sociale. Parmi ces précurseurs, on retrouve Emile Poincaré (père d'Henri Poincaré) qui s'intéressa parmi les premiers à la médecine professionnelle industrielle, Eugène Mace grand bactériologiste, Paul Spillmann spécialiste de la tuberculose pulmonaire mais surtout Jacques Parisot futur représentant de la France à la SDN et à l'OMS qui groupera autour de l'Office d'hygiène sociale Louis Spillmann (dermato-vénérologie), Pierre Simonin (tuberculose), ...

L'école pédiatrique fondée par Paul Haushalter qui décrivit l'acrodynie, se poursuivit par les travaux de Louis Caussade et surtout de Nathan Neimann, véritable animateur de l'école pédiatrique moderne au sein de laquelle s'individualiseront toutes les spécialités pédiatriques.

Dans les sciences fondamentales, il faut évoquer le souvenir d'Augustin Charpentier en physique, inventeur de plusieurs appareils d'ophtalmologie, d'Eugène Ritter et de René Wolff (travaux sur la vitamine B12) en chimie… l'école de physiologie du sport et de physiologie aéronautique de Louis Merklen, René Grandpierre et Claude Franck, le nom de Victor Feltz associé souvent au chimiste Ritter et surtout celui de Jean-Paul Vuillemin, exceptionnel spécialiste d'histoire naturelle et de botanique. Jean Martin sera le pionnier de l'informatique médicale.

En médecine, il existe bien entendu au sein des cliniques médicales, ainsi que dans différents services des cliniciens avertis comme Charles Demange (gériatrie), Georges Etienne et son élève Paul-Louis Drouet, Paul Michon initiateur de la transfusion, Lucien Cornil et Pierre Kissel en neurologie, Paulin de Lavergne pour les maladies infectieuses. Il existait d'ailleurs une tradition de maladies infectieuses et de bactériologie avec Coze et Feltz, Macé et l'épidémiologie sera continuée par Pierre Melnotte. Louis Mathieu sera le premier cardiologue nancéien, relayé par Gabriel Faivre, François Heully le créateur de la gastro-entérologie et Pierre Louyot celui de la rhumatologie.

Parmi les spécialités parachirurgicales , il convient de rappeler Paul Jacques créateur de la discipline oto-rhino-laryngologique à Nancy et Charles Thomas qui sera le père de l'ophtalmologie moderne à Nancy. Théodore Guilloz, fut un pionnier de la radiologie de guerre.

Enfin, parmi les grandes personnalités décédées plus ou moins récemment, citons René Herbeuval pour la gériatrie et l'hématologie, Paul Sadoul pour la physiopathologie respiratoire, Alain Larcan (seul grand-croix de la Légion d'honneur avec Jacques Parisot) pour la médecine d'urgence, Adrien Duprez pour la biologie moléculaire et Michel Manciaux en santé publique. Fin 2014 est décédée Augusta Tréheux, première femme chef de service au CHU de Nancy (radiologie).

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DOYENS

STOLTZ JOSEPH 1872-1879 ; TOURDES GABRIEL 1879-1888 ; HEYDENREICH ALBERT 1888-1898 ; GROSS FREDERIC 1898-1913 ; MEYER EDOUARD 1913-1923 : SPILLMANN LOUIS 1923-1940 ; LUCIEN MAURICE 1940-1946 ; MERKLEN LOUIS 1946-1949 ; PARISOT JACQUES 1949-1955 ; SIMONIN PIERRE 1955-1960 ; BEAU ANTOINE 1960-1971 ; DUPREZ ADRIEN 1971-1976 (Faculté A - Central) ; DUREUX JEAN-BERNARD 1971-1976 (Faculté B - Brabois) ; GRIGNON GEORGES 1976-1989 (Faculté B) ; STREIFF FRANCOIS 1976-1993 (Faculté A 1976-89) ; ROLAND JACQUES 1993-2003 ; NETTER PATRICK 2003-2008; COUDANE HENRI 2008-2015 ; BRAUN MARC 2015-

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UNE RUE A LEUR NOM

BERNHEIM HIPPOLYTE (rue à Nancy) ; BLONDLOT NICOLAS (rue à Nancy) ; CHALNOT PIERRE (rue à Nancy) ; COLLIN REMY (rue à Frouard) ; DE LAVERGNE PAULIN (rue à Confolens - Charente – lieu de naissance) ; HEYDENREICH ALBERT (rue à Nancy) ; MONTAUT JACQUES (rue à Lay-Saint-Christophe) ; PARISOT JACQUES (rue à Vandœuvre) ; SENCERT LOUIS (rue à Viterne – lieu de naissance)